Thèmes A B Ca-Ch Ci-Cy D E F G H IJK La-Li Lo-Ly Ma-Mi Mo-My

N O PA-PI PL-PY Q R S T U V-Z

 

 

 

 

 

 

 

 

 

     
Mocade
  T. n.f. Etoffe de laine sur fil, & qui est travaillée comme le velours. La mocade se fait en Flandre, & est diversifiée de couleurs en rayures ou fleurons. On l'appelle dans plusieurs endroits Moquette. La mocade sert a faire des ameublemens. Il y a à Abbeville une manufacture de mocades & tripes rayées. La chaîne est de lin. La trame est de laine de toutes couleurs par les figures qui se forment de la tirée.
   
Moche
  T. n.f. Soies en moche. Ce sont des soies non encore teintes, & qui n'ont point eu tous leurs appréts. On les nomme Moches de la forme qu'ont leurs paquets.
Moche. Il se dit aussi dans le commerce des fils, de certains écheveaux de fil en paquets du poids de dix livres chacun. Ils se tirent de Rennes en Bretagne, & ne sont point tords.
   
Modiste
  T. adj. Qui affecte les modes, qui s'attache à suivre les modes. C'est un terme factice, & formé sur l'analogie de Thomiste, Scotiste, Janséniste, Quiétiste ; mais il n'est pas usité.
     
Moellon (ou moilon)
  T. n.m. Blocage, pierre à bâtir, qui se tire des carrières en médiocres morceaux moindres que les pierres de taille. On bâtit les maisons bourgeoises de moellon & de plâtre. On fait les fondemens de gros moellon : on en garnit les gros murs.
     
Moellonier
  T. n.m. Outil de Carrier. C'est le plus petit & le dernier des six sortes de coins dont les Carriers se servent pour couper la pierre.
     
Moire
  T. n.f. Etoffe toute de soie, tant en chaîne qu'en trême, qui se fait à Paris, & qui a le grain fort serré, & est de même fabrique que le gros de Tours, mais elle est plus mince quand elle est unie, & alors on l'appelle Moire lice. La moire doit être toute de soie cuite, en chaîne, poil, trême, ou broche, & on ne doit point mettre de la crue avec de la cuite. On en fait de quatre sortes de largeurs, dont la moindre est de trois octaves. Il s'en fait a deux, trois & quatre bouts de grain.
   
Moisissure
  T. n.f. Corruption de ce qui est moisi, petite barbe blanche ou verte, qui vient sur les corps qui se gâtent, qui se corrompent par quelque humidité. C'est une chose curieuse de voir par le microscope la moisissure. C'est une espèce de pré qui pousse des herbes & des fleurs, les unes en boutons, les autres épanouies, & les autres passées, chacune ayant sa racine & sa tige ronde, longue & transparente, dont la substance ressemble à celle des champignons.
     
Moison
  T. n.f. Espèce de bail à ferme, ou de traité qu'on fait avec un Laboureur Métayer ; par lequel il s'oblige à labourer, fumer & ensemencer une terre pour en partager les fruits avec le propriétaire, ou lui en donner certaine portion. Il y a des pays où les moisons sont à la moitié, & d'autres au tiers. On trouve mieux son compte à donner ses terres à moison, qu'à l'argent. On dit aussi moison de grains. Droit de moison, ou moisson est une certaine quantité de grains qui est dûe au Roi, ou au Seigneur.
Nicod dit que ce mot vient de muisson, parce que la moison consiste en une redevance d'une certaine quantité de muids de grain. Il y a plus d'apparence qu'il vient de moitié, parce qu'elle se fait plus souvent à moitié de fruits, & qu'on a dit quelquefois moiser ; pour dire, partager par moitié.
     
Moisonier
  T. n.m. Qui doit au roi la moison
     
Moissine
  T. n.f. Pampre de vigne où les grapes sont attachées, qu'on pend au plancher pour conserver quelque temps du raisin après les vendanges.
     
Moissonner
  T. v. Recueillir les grains, & les serrer. Les blés se moissonnent avec la faucille, les aveines avec la faux. Il a cent arpens de terre à moissonner. On dit aussi que les blés sont moissonnés, quand ils ont été ruinés par quelque accident, par guerre, ou par grêle. Il ne faut pas laisser passer le temps de moissonner.
     
Môle
  T. n.m. Massif de maçonnerie, ou jettées de grosses pierres dans la mer en forme de digue, qu'on fait à dessein de fermer un port pour y mettre des vaisseaux à couvert de l'impétuosité des vagues, ou pour en empêcher l'entrée aux vaisseaux étrangers. Moles. Le môle du port de Marseille. On s'est servi quelquefois du mot de môle pour signifier le port même.
     
Molets
  T. n.mpl. C'est le nom qu'on donne en Poitou & aux environs à de certains gouffres de terre dans lesquels un homme & son cheval seroient engloutis s'ils n'étoient secourus promptement. Il faut bien prendre garde de passer par-dessus les molets. On connoît les molets à ce que la terre est un peu plus élevée dans ces endroits-là qu'ailleurs, parce qu'un peu d'eau qui en sort & qu'on voit bouillonner sur ce bourbier le souléve un peu. C'est la même chose que les tartes Bourbonnoises que l'on trouve dans le Bourbonnois.
     
Molière
  T. n.f. Carrière de pierre dure, d'où l'on tire les meules de moulin
     
Moline
  T. n.f. Sorte de laines que les marchands de Bayonne tirent d'Espagne. C'est la même chose que laine molienne.
     
Molle
  T. n.f. C'est ainsi qu'on appelle les bottes d'osier dont se servent les Vanniers & les Tonneliers.
On le dit aussi des paquets ou bottes de cerceaux propres au métier des Tonneliers.
   
Momerie
  T. n.f. Mascarade, boufonnerie, déguisément de gens masqués pour aller danser, jouer, ou se réjouir.
   
Monarque
  T. n.m. Roi qui a un commandement absolu & despotique sur un pays, dans un Royaume. Dieu est par excellence le Monarque du ciel & de la terre : tous les autres Monarques ne sont rien devant lui. Il est le Monarque de tout le monde, de tous les temps, de tous les siècles, dont le Royaume n'aura jamais de fin.
     
Monastère
  T. n.m. Maison bâtie pour y loger des Religieux ou Religieuses, soit Abbaye, Prieuré, ou autre sorte de Couvent. Monastère d'hommes, Monastère de filles. Il ne se dit proprement que des Maisons de Moines, ou de Religieux mendians, ou des Maisons de Religieuses.
     
Monastériens
  T. n.mpl . Hérétiques qui dans le seiziéme siécle prirent le parti de Jean Bokeldi, surnommé Jean de Leyden, parce qu'il étoit de Leyden, ville de Hollande. Il étoit Tailleur de profession, & s'étant joint à Jean Matthieu, qui étoit Boulanger, il fut comme lui Chef des Anabaptistes. Ses sectateurs furent appellés Monastériens, du mot Latin Monasterium, qui veut dire Munster, à cause que s'étant rendu maîtres de cette ville-là, ils y commirent des profanations abominables. Jean de Leyden, qui après la mort de Jean Matthieu, fut mis en sa place, prenoit le nom de Roi de Justice & d'Israël, mais enfin il tomba entre les mains de l'Evêque de Munster, qui le fit mourir en 1535. avec ses principaux Ministres qui le secondoient dans sa fureur.
   
Monaut
  T. n.m. Qui n'a qu'une oreille.
     
Moncayar
  T. n.m. C'est une serge, ou étoffe de laine croisée & fort déliée, dont on fait des habits longs.
   
Mondain
  T. n.m. Qui suit les maximes, qui a l'air, qui court après les plaisirs du monde. Dieu se moque de la politique des mondains. Les mondains n'envisagent que de la tristesse & de l'ennui dans la paisible tranquillité de la vie privée.
Confirmer les mondains dans leurs fausses maximes.
Mondain, aine. Est aussi adject. On ne sait que trop combien l'austérité du jeûne est redoutable à la délicatesse des hommes mondains. Fl. Cette dévote a l'esprit trop mondain. Il faut quitter toutes les affections mondaines, pour vivre selon l'Évangile. Les plaisirs mondains, les hommes mondains ne sont que vanité. Mondain est souvent opposé à religieux, à celui qui a quitté le monde ; mais en ce sens il se prend toujours en mauvaise part : un homme mondain n'est pas simplement un séculier, un homme qui vit dans le monde, mais un homme qui est entêté de l'amour des biens du monde, &c.
     
Monial
  T. n.m. Religieux ou Religieuse qui vit en retraite & en solitude. monial n'est point usité au masc. & on ne s'en sert qu'au fém. . Les Moniales d'un tel lieu. Les Monastères des Moniales sont sujets à la visite des Évêques, quant à la clôture. Du Bois. Un Couvent de Moniales ; pour dire, de Religieuses. On les nomme ainsi dans le Droit Canon.
     
Monition
  T. n.f. Avertissement par autorité Ecclésiastique à un Clerc de corriger ses moeurs qui portent scandale. Il faut que trois monitions ou avertissemens précèdent la sentence qui prive un Ecclésiastique de son Bénéfice. Les excommunications, suivant le droit, sont précédées de monitions, parce qu'on n'excommunie que ceux qui désobéissent avec contumace.
     
Monitoire
  T. adj. Lettres qui s'obtiennent du Juge de l'Église, & qu'on publie au prône des Paroisses, pour obliger les Fidèles de venir déposer ce qu'ils savent des faits qui y sont contenus, sous peine d'excommunication ; c'est pour découvrir les crimes cachés. Selon la Jurisprudence de France, les monitoires ne s'obtiennent qu'en vertu de permissions des Juges Laïques, quand on ne peut pas avoir preuve autrement des faits contenus en une accusation. Ils ne doivent contenir que les faits compris dans la sentence qui a permis de les obtenir, à peine de nullité. Il est enjoint aux Officiaux, à peine de saisie de leur temporel, d'accorder les monitoires que le Juge a permis d'obtenir. Les monitoires ne doivent nommer ni désigner personne, & se publient contre des quidams, nomine dempto : autrement il y a abus. On oblige aussi les Curés de publier des monitoires par saisie de leur temporel. Les Arrêts ont défendu les monitoires obtenus à sainte Genéviève, quoiqu'ils soient fort redoutés en Bretagne. La preuve par voie de monitoire, & de censures Ecclésiastiques, s'est d'abord pratiquée dans les Officialités. Les Évêques & les Officiaux en peuvent encore décerner dans les causes qui sont de leur compétence, & les faire expédier & publier. Le Chapitre, quoiqu'il représente l'Évêque, ne peut éxercer la Jurisdiction, ni accorder des monitoires.
     
Monopole
  T. n.m. Trafic illicite & odieux, qui se fait par celui qui se rend tout seul le maître d'une marchandise, ensorte que tous ceux qui en ont besoin, sont obligés nécessairement à passer par ses mains, & lui en payer le prix qu'il veut y mettre. Le monopole se fait en deux façons ; l'une, quand un Marchand achette, par exemple, tous les blés d'une province pour les vendre chèrement au peuple ; & l'autre, quand on surprend quelques lettres du Prince, qui portent défenses à toutes sortes de personnes de vendre une sorte de marchandise, à la réserve d'un seul, qui en obtient la permission.
     
Monopoleur
  T. n.m. Celui qui est seul à faire le commerce de quelque chose, particulièrement de ce qui est nécessaire à la vie.
Le peuple a rendu encore ce nom plus odieux ; car il l'étend à ceux qui sont éxacteurs des impôts & des maltôtes.
     
Monseigneur
  T. n.m. Titre d'honneur & de respect dont on use lorsqu'on écrit, ou qu'on parle à des personnes fort qualifiées, & d'un rang supérieur. On traite les Ducs & Pairs, les Archevêques & Évêques, les Présidens au Mortier, de Monseigneur. On dit dans les Requêtes qu'on présente aux Cours Souveraines, A Nosseigneurs du Parlement, de la Chambre des Comptes, &c.
   
Mont-joie
  T. n.m. Mont-Joie ne signifioit ordinairement autre chose qu'un petit mont, une petite élévation de terre ; souvent cette élévation de terre étoit artificielle, comme lorsqu'il mouroit un Général, ou un Chef de guerre à l'armée, chaque soldat apportoit une pelletée de terre pour recouvrir la fosse, ce qui formoit une éminence plus ou moins haute, à proportion du nombre des soldats. On ornoit ces petits monts à proportion de la distinction de celui qui étoit enseveli dessous, par des mausolées, des inscriptions, &c. Souvent on n'y mettoit que des monceaux de pierres. On y mettoit aussi souvent des tombes. Ainsi on mit quelque monument sur le tombeau de Saint Denys, qu'on a appellé depuis, Mont-joie St Denys, pour signifier l'endroit où l'on voit le tombeau de St Denys : ce qui les a fait appeller tombes ; mais avant que de se servir du nom de tombes, on les appelloit indifféremment mont-joie, terme qui a toûjours signifié en vieux François une élévation, qui sert à marquer un lieu qu'on veut reconnoître. Comme on a mis sur ces élévations des croix, ou des guides pour reconnoître les chemins, on a appellé ces croix, ou ces guides, ou enseignes, des Mont-joies ; ainsi dites à cause qu'elles étoient sur de petits monts, ou élévations de terre.
   
Monnoie
  T. n.f. Matière, ou pièce de métal marquée au coin & aux armes d'un Prince, ou d'un État, qui lui donnent cours & autorité, pour servir de prix commun aux choses d'inégale valeur, & faciliter la commodité du commerce. Le droit de battre monnoie est attaché à la souveraineté. M. le Blanc a fait un Traité Historique des Monnoies de France, depuis le commencement de la Monarchie jusqu'à présent. Il a rassemblé toutes les monnoies qui ont été battues en France pendant la durée de la Monarchie, & a montré la suite de ses Rois par celles des monnoies frappées sous chacun d'eux. On a ramassé en France des monnoies qui justifient, depuis 1200 ans, la suite non interrompue des trois Races, & la succession des Rois : ce que n'ont point les autres Monarchies. En Amérique, les amandes de cacao servent de menue monnoie. Aux Maldives & dans toute l'Inde, on se sert de petites coquilles pour le même effet, & on en charge des vaisseaux entiers. Après la prise du Roi Jean, on fut obligé de faire courir dans le Royaume de la monnoie de cuir.
Avant l'invention de la monnoie, on se servoit de trocs & d'échanges. L'inégalité du prix des denrées a fait voir l'utilité de la monnoie pour faire des achats. Il y a des monnoies d'or, d'argent, de cuivre, de billon, &c. Les monnoies ont leur valeur, suivant le titre, carat, ou denier des métaux dont on les fabrique, & suivant le prix pour lequel il plaît au Prince qui les fait battre, qu'elles ayent cours.

La monnoie se divise en monnoie réelle ou effective, & en imaginaire, ou de compte. La réelle, ou effective comprend toutes les espèces d'or, d'argent, de billon, & de cuivre, qui ont cours dans le Royaume. L'imaginaire ou de compte a été inventée pour la facilité du commerce, comme étoit la manière ancienne de compter par parisis ou tournois, ou par écus d'or sol, ou bien celle qui a été observée depuis l'Ordonnance de l'année 1667 de compter par deniers, sols & livres. Cette monnoie de compte est composée de certain nombre d'espèces, qui peuvent changer dans leur substance, mais qui sont toujours les mêmes dans leur quantité. Par éxemple, la somme de 50 livres est composée de 50 pièces appellées livres, qui ne sont pas réelles, pouvant être payées en Louis d'or, ou Louis d'argent, ou autres espèces ayant cours, sans que pour cela la quantité de 50 liv. soit changée. La monnoie imaginaire est un nom collectif qui comprend sous soi un certain nombre de monnoies réelles. Cette monnoie de compte n'est pas sujette au changement ; mais pour la composer, il faut certain nombre d'espèces, qui changent, suivant le temps & les lieux. Ainsi la livre numéraire ne change jamais de valeur ; & depuis le temps de Charlemagne, que l'on s'en sert en France, elle a toujours valu 20 sols, & le sol 12 deniers. On a appellé autrefois en France la monnoie forte, ou monnoie parisis, celle qui étoit plus forte en alloi, ou en titre que celle qu'on appelloit tournois, qui étoit plus foible d'un quart : ce qui fait que les rentes contenues dans de vieux titres, sont stipulées payables en monnoie forte, qui a été réglée de tout temps à un quart plus que la monnoie commune. La monnoie forte étoit appellée alors monnoie Royale ; pour la distinguer de la monnoie de billon, que les Archevêques & principaux Barons avoient alors droit de battre dans leurs terres, qu'on appelloit noire ; au lieu qu'il n'y avoit que le Roi qui en pût faire battre d'or & d'argent à plus haut prix que d'un denier : & parce que c'étoit à Tours qu'on faisoit battre la plus grande quantité de cette menue monnoie, elle fut appellée Tournoise ; au lieu qu'on appelloit la Royale Parisis, celle qui étoit plus forte d'un quart.

   
Monnoyage
  T. n.m. Action de faire de la monnoie, & le droit qu'on prend pour la façon sur la fonte de la monnoie. Le Prince prend le droit de Seigneuriage & de monnoyage. Il y a eu aussi un droit de monnoyage qu'on payoit autrefois au Duc de Normandie, de trois ans en trois ans, de douze deniers pour feu, afin qu'il ne changeât point la monnoie courante. On appelle aussi en termes de Monnoyeurs, denier de monnoyage, une simple espèce de quelque valeur, de quelque poids, ou matière que ce soit. Le sol de monnoyage en vaut douze espèces ; & la livre de monnoyage vaut vingt sols de ces espèces ; c'est-à-dire, 240 deniers, ou espèces.
   
Monocule
  T. n.m. Lunette à un seul verre, qui ne sert que pour un oeil, & qui est plus connue sous les noms de Loupe, & de Lorgnette, A la Cour un Savant qui avoit la vue basse, se servant d'un monocule, en moins de rien non seulement toute la Cour, mais aussi toute la ville & toute la Campagne furent remplies de monocules.... Toute lunette, quelle qu'elle soit, à l'usage de laquelle on n'emploie qu'un oeil, est appellée Monocle dans la nouvelle édition du Dictionnaire des Arts.
     
Monogame
  T. n. m. Qui n'a été marié qu'une fois
   
Monsieur
  T. n.m. Titre de civilité qu'on donne à celui à qui on parle, ou de qui on parle, quand il est de condition égale, ou peu inférieure. Vaugelas a observé que rien ne choque plus que de trouver après le Monsieur, que l'on met par honneur au haut d'une lettre, une autre Monsieur dès le premier mot. Ménage soutient que c'est être dégoûté plustôt que délicat ; car le premier Monsieur n'est que pour la cérémonie. Il vaut mieux pourtant éviter cette répétition.
   
Mont de Piété
  T. n.m. Lieu où l'on prête de l'argent sur gages ; mais ce n'est que dans les pays étrangers que cela est reçû & dans quelques Provinces du pays conquis, comme Arras : en France on a toûjours condamné ceux qui ont entrepris d'introduire un si dangereux commerce. Il est vrai que par l'Edit de création des Offices de Commissaires aux Saisies réelles vérifié au Parlement le 6 Mars 1626 il y a eu un établissement de mont de piété, sous certaines limitations, que l'on croyoit devoir apporter quelque sorte d'utilité ; mais l'effet s'étant trouvé contraire à ce que l'on en attendoit, cet établissement n'a pas subsisté : l'Edit a été révoqué par une Déclaration du 24 Mars 1627 & par un Arrêt du Conseil d'Etat, du dernier Juillet suivant.
     
Montre
  T. n.f. Ce qui est exposé aux yeux, & qui paroît à découvert. La nature nous fait montre en tous lieux de son trésor, de ses richesses. Montre, se dit aussi parmi les Marchands, de l'exposition de leur marchandise, l'une après l'autre, aux acheteurs. Un Marchand n'est point chiche de faire des montres, il dit qu'il n'en coutera rien pour la montre. L'acheteur le prie qu'il ne lui fasle point de montre, qu'il lui donne d'abord du plus beau. On dit aussi qu'on a acheté du blé sur la montre, sur un échantillon ou une poignée qu'on en a porté au marché.
Montre, se dit aussi des étoffes ou des marques que les Marchands mettent au-devant de leurs boutiques, pour enseigner aux passans les choses dont ils font trafic. Ces rubans, ces brocards ne sont plus à la mode, ils ne sont bons que pour mettre sur la boutique, & faire des montres. Les Couteliers, les Orfévres, ont des boëtes sur leurs boutiques, où il y a des couteaux, des bijoux & des ouvrages de leur métier, qu'ils appellent leur montre. Les Merciers, les Épiciers ont des montres attachées à leurs auvens, de leurs drogues, ou merceries. Les Pâtissiers ont de gros vases d'étain sur leurs boutiques, qui leur servent de montres.
     
Moquette
  T. n.f. Étoffe de laine, qui se travaille à la manière du velours. On fait les emmeublemens communs de moquette, des siéges, des tapis de moquette, des perroquets de moquette. La moquette est moindre que la tripe, & est une espèce de petite tripe qui est façonnée, & de différentes couleurs ; elle se fait en Flandres.
Le petit peuple de Paris se sert quelquefois du mot de moquette, pour dire, moquerie.
   
Moquoiseau
 

T. n.m. C'est une sorte de cerise, qui a été ainsi appellée, parce qu'elle ne rougit point, & que les oiseaux la voyant blanche, croient qu'elle n'est pas mûre ; & dans cette créance, ils ne la mangent point. C'est un mot d'Anjou.

     
Morailles
  T. n.fpl. Quelques uns disent mourailles. Espèce de tenailles, outil de Maréchal, qui sert à serrer le nez du cheval pour empêcher qu'il ne se tourmente, lorsqu'il est vicieux, ou qu'on lui fait quelque opération violente & douloureuse. Ce sont deux branches de fer jointes par une charnière à l'un des bouts, & que de l'autre côté on serre ou on lâche tant qu'on veut. Donner les morailles à un cheval.
   
Morbide
  T. adj Terme de Peinture. Il se dit particulièrement de la chair grasse, & vivement exprimée.
   
Mordache
  T. n.f. Tenaille propre à remuer le gros bois dans le feu
     
Mordache
  T. n.m. Terme de quelques Couvens. C'est un gros morceau de bois en forme de baillon, que par pénitence on fait emboucher à un novice l'espace d'une demi-heure dans le Réfectoire, pour avoir parlé sans nécessité.
   
Morgue
  T. n.f. Le second guichet où l'on tient quelque temps ceux qui entrent en prison, afin que les Guichetiers les regardent fixement, & s'impriment si bien l'idée de leur visage dans leur imagination, qu'ils ne puissent manquer de les reconnoître. Tenir un prisonnier à la morgue.
On appelle aussi morgue, un endroit au Châtelet, où les corps morts dont la Justice se saisit, sont exposés à la vue du public, afin qu'on les puisse reconnoître. On les y laisse plusieurs jours et les Religieuses de l'hôpital de Ste Catherine sont obligées de faire enterrer les corps morts trouvés & qui ont été exposés dans un lieu nommé la morgue.
Morgue, se dit figurément d'un regard fixe & sévère, par lequel il semble qu'on veuille braver quelqu'un, ou bien qui témoigne de l'orgueil, de la présomption.
   
Morguer
  T.v. Regarder fixement un prisonnier afin de le reconnaître. Le guichetier tenant le guichet de la morgue s'appelant morgueur. Dans les grandes prisons il y en a au moins deux.
     
Morillon
  T. n.m. Raisin doux & fort noir, qui fait de bon vin, & qui est le meilleur plant de vignes. A Orléans on l'appelle Auvergnas, & en Bourgogne Pineau.
   
Mormons
  Appellation courante pour "Eglise des Saints des Derniers Jours". Propose à ses fidèles le baptême a posteriori de leurs ancêtres, d'où l'importance fondamentale de la généalogie pour les Mormons. Ils microfilment les archives dans le monde entier.
     
Mortaillable
  T. adj. Terme de Coutumes, qui se dit des personnes de condition servile dont le Seigneur hérite. On l'appelle autrement de main-morte, ou de morte-main.
     
Mortaille
  T. n.f. Terme de coutumes. Succession qui vient à un Seigneur, son serf étant décédé dans parens communs. On appelle mortaillers, les Juges, Procureurs, & Receveurs que les Seigneurs établissement pour recevoir la succession des mortaillables.
     
Mortain
  T. n.m. Sorte de laine de très-basse qualité. Les Réglemens de la Sayetterie d'Amiens de 1666 défendent aux Maîtres Houppiers de se servir de pelures procédant de mortain.
   
Mortalité
  T. n.f. État, condition, ou nature des choses mortelles. La mortalité a été une punition du péché du premier homme. La mortalité est une condition attachée à la nature humaine. L'homme sent d'un côté sa mortalité, & de l'autre, la grandeur & l'éternité de Dieu.
   
Mortalité infantile
  Mortalité des enfants de 1 mois à 1 an
   
Mortalité juvénile
  Mortalité des enfants de 1 à 15 ans
   
Mortalité néo-natale
  Mortalité des enfants de moins d’un mois
   
Morte-charge
  T. n.f. Terme de commerce de mer. Un vaisseau à morte-charge est un vaisseau qui n'a point sa charge entiére. Le droit de fret, ou de cinquante sols par tonneau que payent les navires étrangers qui entrent dans les ports du Royaume de France, se paye à morte-charge, c'est-à-dire, tant pleins que vuides pour toute sa continence.
     
Mortier
  T. n.m. En termes de Palais, est une marque de dignité que portent les grands Présidens du Parlement. Ils le portoient autrefois sur la tête, & ils le font encore aux grandes cérémonies, comme à l'entrée du Roi. A l'ordinaire ils le portent à la main. Le Mortier est la marque de la Justice Souveraine, & c'est pour cela que le Chancelier & les grands Présidens le portent. Le Mortier du Chancelier est de toile d'or, bordé & rebrassé d'hermines. Celui du premier Président est de velours noir, bordé de deux galons d'or, celui des Présidens au Mortier n'a qu'un seul galon. Il y a maintenant à Paris dix Présidens au Mortier. C'est ainsi qu'il faut dire ; & non pas Président à Mortier.
   
Mortuaire
  Dans un établissement hospitalier, rôle des personnes décédées
   
Morvan
  T. n.m. Contrée de France contiguë au Nivernois & sur les confins du Duché de Bourgogne.
     
Mouet
  T. n.m. Mesure d'usage dans les salines, qui tient dix carteaux.
     
Moulant
  T. n.m. Le Garçon du Meûnier, qui est attaché à faire moudre le grain. Ce Meûnier a un bon moulant, qui fait moudre, tandis qu'il va chercher les mounées.
   
Moulin
  T. n.m. Forte machine qui fait tourner les meules. On le dit premièrement de ceux qui servent à moudre du blé, & autres grains, pour en faire de la farine. Le droit de bâtir un moulin est un droit féodal. Les Moulins à vent sont ceux qui tournent par la force du vent, qu'on recueille dans des toiles, ou volans. Moulins à eau, sont ceux qu'une rivière, ou une chute d'eau fait tourner. On les appelle Moulins à volets, lorsque l'eau vient par-dessous, & moulins à auges, lorsqu'elle vient par-dessus. Il y a aussi des moulins à bras portatifs pour l'armée, qui se tournent à force de bras, ou par le moyen d'un cheval. Il y a aussi de petits moulins pour broyer le poivre, des grains de moutarde, du caffé, & qui se tournent à la main avec une simple manivelle. Il y a des moulins verticaux, d'autres horizontaux, &c.
     
Moulinage
 

Terme de Négoce. Façon qu'on donne aux soies en les faisant passer par le moulin. Le moulinage de la soie est ce qu'on doit particulièrement considérer dans la fabrique des étoffes.

     
Moulinage
  T. n.m. Terme de Négoce. Façon qu'on donne aux soies en les faisant passer par le moulin. Le moulinage de la soie est ce qu'on doit particulièrement considérer dans la fabrique des étoffes.
   
Moulinet
  T. n.m. Moulinet à faire du chocolate, c'est un petit bâton qui sert à remuer le chocolate.
Moulinet de machine ; c'est un instrument propre pour élever ou pour traîner des fardeaux, comme l'on voit dans les charrettes, pour charger les muids de vin & autres charges, ce sont des leviers passés en croix, qui entrent dans le treuil, c'est-à-dire, dans le pivot que le moulinet fait rouler pour tirer ou lâcher la corde qui tient le fardeau.

Moulinet, terme de Bourreau & d'Éxécuteur. C'est un instrument, qui, avec la tourtouse, étrangle celui qu'on roue, & qui n'est point condamné à expirer sur la roue. On dit apprêter le moulinet.
   
Moulinier
  T. n.m. Terme de Marchands. C'est un ouvrier à qui on donne la soie pour la filer, après qu'elle a été dévidée sur les bobines, ou rochets.
     
Mounée
  T. n.f. Mouture. Se dit des Meûniers qui n'ont pas un moulin bannal, & qui vont chercher deçà & delà leurs mounées. Ce Meûnier a un bon Moulant, qui fait moudre, tandis qu'il va chercher les mounées.
     
Mousseline
 

T. n.f. Toile de coton fort claire, fort fine & fort déliée, qui n'est pas unie, mais qui fait de petits bouillons comme de la mousse. On fait des cravates de deuil, des mouchoirs de mousseline. La mousseline généralement parlant est une toile de coton.

     
Mouture
  T. n.f. Peine du Meunier qui fait moudre le blé, & la façon ou action de le moudre. Il y a des moulins qui font une meilleure & une plus prompte mouture que les autres. Les Meûniers ont des mesures pour se faire payer de leurs moutures.
Mouture, est aussi un mélange de grains, ou de farine de plusieurs sortes de grains, tels qu'on les mout au moulin. Les moulins s'afferment à tant de setiers de blé, d'orge & de mouture.

Terme usité dans les vivres. C'est le droit qui appartient au Meûnier pour sa peine de moudre les grains dans son moulin. Les Gardes-magasins des vivres mettent toûjours dans leurs comptes un article pour le droit de mouture, qu'ils payent aux Meûniers, sur le pied de huit ou dix sols par sac de grains.

     
Muid
  T. n.m. Le D ne se prononce point ; & plusieurs écrivent mui. Grande mesure des choses liquides. Le muid de vin de Paris contient 280 pintes, selon le Réglement de Louis XIII. & suivant les Ordonnances de Henri IV 300 pintes. On jauge tous les vaisseaux pour payer le droit d'entrée, & on les rapporte au muid, qui doit avoir 36 setiers, & 8 pintes par setier.
Ailleurs on l'appelle diversement ; en Champagne Queue, en Bourgogne feuillette, en Touraine Poinçon, en Berri Tonneau, en Poitou Pipe, en Lyonnois Anée, ou Botte, à Bourdeaux Barique, dont les quatre font ce qu'ils appellent aussi le Tonneau.
Muid, est aussi une grande mesure de grains, qui n'est pas un vaisseau qui serve de mesure, mais une estimation de plusieurs setiers & minots, différente selon les lieux. Le muid de blé à Paris est de douze setiers, & chaque setier de quatre minots. Il doit peser, suivant l'Ordonnance 2640 livres en blé. Le muid de plâtre est de 36 sacs de quatre boisseaux chacun, & le sac pèse à peu près 172 livres. Le muid de charbon de bois est de vingt mines, & d'un tiers plus grand que celui d'aveine ; il se mesure comble, & on ne le rase pas. Le muid de blé en Berri n'est que de 21 boisseaux, dont il y en a 16 au septier. Le muid de sel est de 12 setiers.
Muid, est aussi une mesure de terre qui contient la semaille d'un muid de grain. Chaque setier de terre se rapporte environ à l'arpent de Paris.
Muid, signifie aussi la futaille de même mesure, qui contient le vin, ou autre liqueur. J'ai deux douzaines de muids vuides & défoncés. Il a percé un muid de vin à notre arrivée. Ce muid est aviné, le vin s'y portera bien. Le mot de muid pris dans ce sens ne signifie pas toujours une mesure certaine & déterminée, car il y a des muids plus grands les uns que les autres.
   
Muire
  T. n.f. Terme des Salines de Salins en Franche-Comté. C'est l'eau salée qu'on tire des puits, pour en faire le sel. Les muires ne peuvent servir grandement, sans être cuites, & tellement réduites, que le potable & doux étant évaporé & consommé, le sel tout seul réside.
   
Munitionnaire
  T. n.m. Traitant qui est obligé de fournir le pain ou les munitions nécessaires à une armée, à une place. Il y a aussi des Munitionnaires sur les vaisseaux, qui fournissent l'équipage de vivres. Il y a un Munitionnaire général pour les vaisseaux du Roi.
   
Musette
  T. n.f. Instrument à vent & à anche, portatif, qui sert à faire une musique champêtre. La musette a les mêmes parties que la cornemuse, mais son bourdon est fort différent ; car il porte quatre anches sur un cylindre, dont on ouvre, & on ferme les trous, ou raynures par des morceaux de bois, ou d'ivoire, qui se nomment layettes. On enferme les quatre anches dans une boëte, avant que de les enfoncer dans la peau de la musette, afin qu'elles ne s'altèrent point en heurtant contre elles. Son chalumeau a onze trous, dont il y en a quelques-uns qu'on bouche avec une clef mobile, comme celle des autres flûtes. Le bourdon de la musette a cinq trous différens, avec lesquels il fait toutes les parties.
     
Mutations (état de)
  Source complémentaire au cadastre. Ils sont établis pour vérifier les rôles du 20e et se présentent sour la forme de tableaux donnant les noms des anciens et des nouveaux propriétaires.