Thèmes A B Ca-Ch Ci-Cy D E F G H IJK La-Li Lo-Ly Ma-Mi Mo-My

N O PA-PI PL-PY Q R S T U V-Z

 

 

 

 

 

 

 

 

 

     
Pacage
  T. n.m. Droit d'envoyer son bétail paître dans certains pâturages. Par l'article 143. de la Coûtume d'Orléans, il est permis de pâcager en terres vaines entre Paroissiens, pourvû que le bétail soit de leur crû, & pour leur usage. Par celle de la Marche, article 354, il est permis de pâcager dès S. Martin d'hyver jusqu'à Notre Dame de Mars.
     
Pacage
  T. n.m. Lieu où l'herbe est abondante, où l'on mène paître les bestiaux. La Hollande est un pays de pâcages, où l'on fait de grandes nourritures de bestiaux.
On appelle Droit de pâcage, le droit d'envoyer son bétail paître dans certains pâturages.
     
Pacotille
  T. n.f. Terme de commerce de mer, qui signifie un certain poids, volume ou quantité de marchandises qu'il est permis aux Officiers, Matelots & gens de l'équipage, d'embarquer, pour en faire commerce pour leur compte : On l'appelle aussi Portée. La Pacotille ne paie aucun frais, ni pour l'aller ni pour le retour....
   
Pacte
  T. n.m. Traité, accord, promesse, convention. Ce mot est consacré aux sortilèges, & se dit des consentemens qu'on donne aux impostures de ceux qui prétendent faire des choses merveilleuses par la puissance ou le ministère du diable ; & en ce cas on distingue un pacte exprès, quand on donne un consentement formel à ces impostures ; & un pacte tacite, quand on pratique leurs enseignemens ou cérémonies, sans faire une renonciation expresse à tout commerce avec les puissances infernales. On dit que les Sorciers font pacte avec le diable.
     
Padouan
  T. n.m. ou padoence. Pâturage, terre vaine & vague, bois, ou lande commune de plusieurs ou d'une Paroisse. Padouir étant mettre des bêtes en pâturages communes, ou landes.
     
Padouantage
  T. n.m. Droit d'envoyer ses troupeaux dans un padouan.
   
Page
  T. n.m. Enfant d'honneur qu'on met auprès des Princes & des Grands Seigneurs pour les servir avec leurs livrées, & en même temps y avoir une honnête éducation, & y apprendre leurs éxercices. Le Roi a des Pages de la chambre, de la grande & de la petite écurie, & de la musique. Les Pages se distinguoient ci-devant des autres gens de livrée, en ce qu'ils portoient des culottes ou des hauts-de-chausses troussés, & des manches doublées de velours.
     
Pagée
  T. adj. Terme de Coutumes. Dans la Coutume de Béarn, les homi-pagées, sont des roturiers.
     
Pagésie
  T. n.f. Terme de Droit. Pagésie dans la Coutume d'Auvergne est une solidité que l'on éxerce sur les Censitiares appellés Copagenaires. Cette espèce de tenure se trouve spécifiée ès Terriers de plusieurs Seigneuries, ès pays de Velay, Forêts & Bourbonnois, & est de même effet que tenir en frarêche ès pays d'Anjou, Touraine & le Maine ; ou que les Masures en Normandie, c'est-à-dire, que chacun des détenteurs du fonds, est tenu solidairement aux cens & redevances, sans que le Seigneur soit tenu de diviser, ni de s'adresser à tous les détenteurs, si bon ne lui semble.
     
Paillasson
  T. n.m. Grosse couverture de paille soutenue par des bâtons, & entrelacée avec des cordes, du plion, ou de l'osier, dont se servent les Jardiniers pour garantir leurs couches & leurs espaliers des injures de l'air. Les paillassons & les cloches ont sauvé cette année les melons des Jardiniers.
   
Paillasson
  T. n.m. Nattes qu'on met au-devant des fenêtres pendant l'été. On les baisse autant qu'on veut avec des cordes, & l'on se garantit ainsi des ardeurs du soleil.
     
Paille
  T. n.f. Le tuyau de l'épi des gros & menus blés. La paille de sègle est longue, & sert à lier les gerbes. La paille de blé sert de fourrage aux bestiaux. La paille d'aveine est douce & délicate. Les Verriers s'en servent pour faire le transport de leurs verres. On fait des nattes, des chaises, des cordons, des chapeaux & des capelines de paille, même des lits & des broderies. On oblige les Fermiers à conserver les pailles & les pailliers dans les métairies. On dit un brin de paille, ou une botte de paille, & une cabane couverte de paille. On menace un prisonnier mutin de lui faire fouler la paille pour dire, qu'on le mettra au cachot.
On appelle menue paille, la bale des grains, qui est la pellicule qui environne le grain immédiatement, qu'on en sépare, quand il est battu, par le moyen d'un van, ou d'un crible. Les menues pailles sont bonnes pour nourrir les chevaux & les vaches.
     
Paille
  T. n.f. On dit en termes de Guerre, Faire aller les soldats à la paille, pour dire, permettre aux soldats d'un bataillon d'aller aux nécessités de nature, à la charge de venir, au premier signal, reprendre leurs armes qu'ils ont laissées sur le terrein pour marquer leur poste.
     
Paillet
  T. adj. Qui n'est en usage qu'au masculin, & qui signifie, qui est de couleur de paille. C'est une épithète qu'on donne particulièrement au vin, & aux liqueurs qui devroient être rouges, & qui sont néanmoins pâles & claires. Les uns aiment le vin rosé de Baune, les autres le vin paillet de Chablis.
   

Pailleu

  Prélevé sur les habitants dont la récolte a produit assez de paille pour permettre de faire un "pailler", petit fagot assez léger qu'un homme doit être capable d'emporter seul.
   
Pailleur
  T. n.m. (L'Académie dit Pailleux.) Homme qui vend & porte de la paille dans les maisons où il y a équipage.
     
Paillier
  T. n.m. Paille fourragée par les moutons, ou autres bestiaux qui ont mangé l'épi & le grain qui étoit resté dedans, ensorte qu'elle ne vaut plus rien que pour faire de la litière, & pour être pourrie ou convertie en fumier.
Paillier, signifie aussi la basse-cour d'une métairie où l'on nourrit des bestiaux, & où l'on porte les pailles & fourrages dont on fait des meulons pour les conserver, jusqu'à ce qu'on en ait besoin pour faire de la litière & du fumier. Les chapons de paillier engraissés dans la basse-cour, sont meilleurs que ceux du Mans qu'on engraisse par artifice. Un Fermier ne doit pas vendre ni divertir les pailles & pailliers.
     
Paisseau
  T. n.m. Ce mot n'est pas dans le Dictionnaire de l'Académie. Aussi ne le dit-on que dans quelques provinces comme en Berry ou en Touraine. A Paris on dit échalas. C'est une manière de bâton carré d'un pouce d'épaisseur, & de cinq ou six piés de longueur. On s'en sert dans les vignes pour y attacher les seps. Il a fallu tant de paisseaux pour rétablir ces vignes qui étoient en friche. On se sert aussi de paisseaux ou d'échalas dans les jardins, pour faire des espaliers ; mais alors on les fait ordinairement plus longs.
     
Paisselure
  T. n.f. Menu chanvre employé par les Vignerons pour lier aux paisseaux les bourgeons des vignes, après les avoir taillées. C'est un terme familier aux Vignerons & autres gens de la campagne.
     
Paisson
  T. n.m. Ce que les bestiaux mangent dans les forêts & à la campagne ; & se dit plus particulièrement de la glandée & autres fruits sauvages pour les porcs. Ce Seigneur a vendu cette année la paisson de gland dans sa forêt cent écus. Les habitans ont droit de paisson, d'envoyer paître leurs bestiaux dans une forêt. On appelle aussi ce droit Panage.
Les herbes qui croissent dans les forêts se nomment Paissons.
     
Paix
  T. n.m. Droit qui est dû en certains lieux pour la paix. C'est une hémine de vin qui se paye tous les ans par chaque chef de famille.
   
Palanche
  T. n.f. On appelle de ce nom dans quelques provinces un instrument de bois, long d'environ trois pieds, un peu concave dans le milieu, au bout duquel il y a deux entaillures, pour y accrocher deux seaux d'eau ; qu'on porte ainsi sur l'épaule. En d'autres endroits on appelle ces instrumens Chambalon, mot qui, selon les apparences, dérive de celui de Chambriére, pour la raison qu'il sert aux Chambriéres à porter l'eau, & qu'il les soulage en cela.
   
Palatine
  T. n.f. Fourrure que les femmes mettent sur leur cou en hyver pour couvrir leur gorge, & la tenir chaudement. On a vû acheter une palatine quarante pistoles. Ces palatines sont ordinairement de martes, ou de fouines bien passées, doublées de taffetas, & taillées en forme de mouchoir de cou ; mais il y en a d'une infinité d'espéces... On appelle Palatines à la Reine, celles qui se nouent par-derriére, & dont les pendans naissent des deux côtés du cou, & laissent voir un collier de même que la palatine. On porte de ces colliers sans pendans qui se nouent par dessous le menton, en forme de petits noeuds de cravate, & qu'on appelle les Solitaires.
   
Paléage
  T. n.m. Terme de Marine, qui se dit de l'obligation qu'ont les matelots de décharger & mettre hors le vaisseau, les grains, les sels, & autres marchandises qui se remuent avec la pêle. Les matelots n'ont point de salaire pour le paléage & le manéage.
   
Palefrenier
  T. n.m. Valet qui pense les chevaux chez les Écuyers & grands Seigneurs. Car dans les Hôtelleries & à la campagne, on les appelle Valets d'écurie.
Ce mot vient du vieux mot, palefroi, qui signifioit autrefois un cheval. Ç'a été autrefois un nom honorable qui se disoit de tous ceux qui avoient soin des chevaux ; & on appelloit autrefois le grand Écuyer, grand Palefrenier du Roi, celui qui commandoit à son écurie.
   
Paléographie
  Science qui étudie les écritures anciennes sur toutes sortes de supports comme les inscriptions, les sceaux, les monnaies, les parchemins, les papiers et de toutes époques
     
Palis
  T. n.m. Petit pal pointu dont on fait des clôtures, quand on en arrange plusieurs ensemble, comme sont ceux dont on fait les parcs des Bergers, ou des séparations dans des bois, des cours & des jardins. Le loup est entré dans ce parc, à cause qu'il a trouvé un palis rompu. On ferme de palis l'espace où l'on a coupé des bois dans quelque triage, pour le mettre en défense contre les bêtes.
   
Palissade
  T. n.f. Terme de Fortification. Clôture faite avec des pieux fichés en terre, gros de huit à neuf pouces, longs de neuf piés, enfoncés en terre de trois. Elle sert à fortifier les avenues des postes ouverts, des gorges, des demi-lunes, le fond du fossé, & le parapet du chemin couvert. Sur le talud des remparts, sur le sommet des dehors, il y a des palissades à plomb ; d'autres qui sont inclinées sur le terrein, afin que les cordes qu'on y jette pour les arracher, coulent & n'ayent point de prise. On les assemble aussi avec des traversiers.
     
Pallage
  T. n.m. Droit dû à quelques Seigneurs pour chaque bateau qui aborde en leur Seigneurie. En quelques endroits on dit pellage.
   
Palonneau
  T. n.m. Terme de Charron. C'est la pièce du train d'un carosse, qui est jointe au train de devant ou à la volée, par un anneau de fer, ou par une chaînette de cuir, & sur laquelle les traits des chevaux sont attachés.
   
Palot
  T. n.m. Homme grossier & rustique, de la lie du peuple, comme le Paysan, le Batelier, le Crocheteur, &c. Cet homme marche en gros palot. Il est venu crotté comme un palot, & a tout sali ma chambre.
   
Paltoquet
  T. n.m. Homme qui a l'air & les manières grossières, paysannes, qui marche, qui est vêtu, & qui agit grossièrement & en paysan. Ce mot vient de paletot, jaquette de paysan.
   
Paludier
  T. n.m. Homme qui travaille aux salines
   
Panade
  T. n.f. Espèce de soupe ou de potage fait de pain cuit, & imbibé dans le jus de viande, qu'on donne aux malades qui ne peuvent pas encore digérer la viande, & aux personnes délicates, qui en prennent le matin en guise de bouillon pour s'engraisser.
     
Panage
  T. n.m. Droit de paisson. C'est un droit qui appartient au Seigneur, ou au propriétaire d'une forêt, pour souffrir que les porcs y viennent paître le gland, la faine, &c. La pluspart des aveux & dénombremens font mention du droit de panage.
On appelle Arrière-panage, le temps qu'on laisse les bestiaux dans les forêts après le temps du panage expiré.
     
Pancarte
  T. n.f. Affiche qu'on met à la porte des Bureaux des Douanes, & autres lieux, où on leve des impositions sur diverses marchandises, qui contient la taxe qui en est faite, & qu'on doit payer. Ceux qui prétendent droit de Péage, doivent faire mettre en un lieu éminent, public & accessible, un tableau, ou pancarte.
     
Pancarte
  Droit d'octroi particulièrement impopulaire qui fut instauré dans le royaume entre 1596 à 1602. Perçu à l'entrée des villes où se tenait un marché ou une foire, Il portait sur les marchandises entrantes et fut ainsi appelé du nom du barème affiché aux portes des villes.
La taxe était levée sur les vins, viandes, suif & chandelle, huile & cires, poissons, droguerie et épicerie, toiles & merceries, draps, cuirs, métaux... seules certaines matières premières étaient exemptes (chanvre, laine...) et les produits de première nécessité comme les grains, légumes, foin, bois, volailles, oeufs...)
Les plaintes furent si nombreuses qu'elles obligèrent le roi à la supprimer et à la remplacer par une augmentation de droits anciens.
   
Panetière
  T. n.f. Espèce de grande poche ou de petit sac de cuir, de toile, &c. qui sert aux Bergers & aux Bergères pour mettre leur pain, & autres choses pour vivre, & ce qu'ils portent quand ils vont garder leurs brebis dans la campagne. Elle est faite comme une fronde, ils la portent en écharpe. Le mot de panetière se trouve dans les Églogues & dans les Romans qu'on nomme Bergeries. Il est aussi en usage en diverses provinces ; mais les Bergers d'autour de Paris se servent de celui de Gibecière.
   
Pantalon
  T. n.m. Bouffon, ou mascarade qui fait des danses par haut, & des postures irrégulières & extravagantes.
Pantalon, se dit aussi de l'habit que portent d'ordinaire ces bouffons ou masques, qui est fait justement sur la forme de leurs corps, & tout d'une pièce, depuis la tête jusqu'aux piés. On appelle les pantalons de Venise, ceux qui portent des habits ainsi serrés sous leurs robes.
Pantalon, se dit aussi d'un caleçon, qui est tout d'une pièce avec les chaussettes, ou d'un haut-de-chausses étroit qui tient avec les bas. Un pantalon de chamois, de toile, &c.
     
Pantière
  T. n.f. Espèce de filet qu'on tend à des arbres pour prendre de certains oiseaux. Tendre une pantière pour prendre des bécasses.
   
Papegai
  T. n.m. Le Papegai ou gros perroquet est l'un des plus remarquables de tous les oiseaux ; il ne s'en trouve point qui lui soient semblables pour la diversité, & la vivacité de ses couleurs ; en un mot cet oiseau est très-rare & très-parfait ; il prononce distinctement les paroles comme l'homme, & principalement lorsqu'il est enseigné de quelque perroquet qui parle bien ; il chante des chansons, & apprend facilement à contrefaire toutes sortes d'animaux ; il appelle les personnes qui passent par les rues, & les trompe en contrefaisant le sifflet naturel. Peu de personnes nourrissent de ces oiseaux, parce qu'ils sont de grand prix : on les apporte des Indes où il y en a grande quantité de plusieurs espèces différentes.

Papegai ignifie aussi un oiseau de carte ou de bois qu'on met au bout d'une perche pour servir de but à ceux qui tirent de l'arc & de l'arquebuse, qui donnent un prix à celui de leur compagnie qui l'abat. On l'appelle en quelques endroits le Papegault.

     
Papegai
  Dans certaines villes notamment à Laon et en Bretagne, celui qui parmi les arquebusiers avait lors d'un concours annuel, abattu l'oiseau appelé "papegai" 3 années de suite avait pour toute sa vie durant et sa veuve après lui, une franchise d'impôts et taxes (tailles, logement de gens de guerre, ...)
   
Papéterie
  T. n.f. Lieu où l'on fait le papier. Les papéteries d'Ambert en Auvergne, sont les plus belles de France, à cause de la clarté & de l'abondance des eaux. Se prend aussi pour le négoce qui se fait du papier, le papetier étant celui qui fait ou qui vend le papier.
Un papetier-forain est un marchand qui fait faire son papier hors de Paris, qui l'y amène et le vend aux autres marchands & merciers de la ville.
Un papetier couleur est l'artisan qui fait le carton & que l'on appelle cartonnier. Entre eux, les cartonniers s'appellent papetiers couleurs.
     
Papier timbré
  Etabli au 17e siècle, la taxe sur le papier timbré s'appliquait au papier ou parchemin utilisé pour l'expédition des actes judiciaires, notariés, mais aussi les registres universitaires, des corps de métiers, les affiches et placards, registres paroissiaux....
En plus d'être une mesure fiscale, il s'agissait également de contrôler et garantir l'authenticité des documents. La taxe, aussi appelée "droit de formule" était perçue par un "fermier de la formule".
Le papier timbré a suscité une vivre opposition aussi bien des parlements que des populations.
Les provinces de Flandre, Hainaut, Cambrésis, Franche-Comté et Artois furent dispensées de papier timbré.
     
Papiste
  T. adj. Terme odieux dont les protestans se servent pour désigner les catholiques. Papolâtre est un autre terme injurieux pour dire la même chose.
   
Paquage
  T. n.m. Terme de Négoce de saline, qui se dit de l'arrangement qui se fait du poisson salé dans les gonnes, hambourgs, barils & autres futailles, en les y foulant & pressant bien fort, pour y en faire entrer le plus qu'il est possible. Le paquage d'un tel lieu est le meilleur.
   

Paqueage

 

Droit que l’on payait au seigneur pour le pâturage des bêtes de labour

     
Parafe
  T. n.m. (Quelques-uns écrivent PARAPHE.) Marque & caractère particulier composé de plusieurs traits de plume, mêlés ensemble, que chacun s'est habitué de faire toujours de la même manière, pour mettre au bout de son nom, & empêcher qu'on ne contrefasse sa signature. Les Notaires font mettre des paraphes à tous les renvois, les apostilles & les ratures d'un contrat. Ceux qui ne savent point faire de parafe, y mettent les premières lettres de leur nom. Le parafe du Roi est une grille, que les Sécretaires du Roi mettent avant le leur en toutes les lettres qu'ils expédient.
     
Paraphernaux
  T. adj. pl. Terme de jurisprudence qui ne se dit qu'en cette phrase, Biens paraphernaux : ce sont les biens apportés par la femme, que le mari a reçus au-delà de la dot, & que la femme retient, ensorte que le mari même n'en a pas la jouissance, à moins qu'il n'y ait une paction contraire dans le contrat.
La Coutume de Normandie, art. 39. donne à ce mot un sens bien différent. Elle appelle biens paraphernaux les meubles & linge, & autres hardes à l'usage de la femme, & qu'on lui adjuge au préjudice des créanciers, lorsqu'elle renonce à la succession de son mari.
   
Parasol
  T. n.m. Petit meuble portatif, ou couverture ronde qu'on porte à la main pour défendre sa tête des grandes ardeurs du soleil. On le fait d'un rond de cuir, de tafetas, de toile cirée, de bourracan, &c. Il est suspendu au bout d'un bâton. On le plie, ou on l'étend par le moyen de quelques côtes de baleme qui le soutiennent. Tous les Indiens ou Orientaux ne marchent point sans parasols. Ils servent aussi pour défendre de la pluie ; alors ils ne sont faits communément que de toile cirée, & on les appelle Parapluies.
   
Paravent
  T. n.m. Grand volet de bois qu'on met en dehors des fenêtres aux maisons de campagne, pour défendre les vitres des orages & des vents, & pour servir de défense contre les voleurs. On l'accroche en dedans au bois de la croisée.
Paravent, se dit aussi des grands chassis de bois couverts de quelque étoffe ; qui sont attachés ensemble & mobiles. On les met dans les chambres auprès des portes, auprès du feu ; autour des lits, pour se couvrir & défendre contre le vent. Chaque chassis s'appelle une Feuille de paravent. Il y a aussi de petits paravents à hauteur du genou, qu'on met autour d'une table quand on étudie, pour n'avoir pas si froid aux piés. On donne souvent des Comédies où les Acteurs sortent de derrière un paravent, qui fait toute la décoration du théatre.
     
Parâtre
  T. n. m. Beau-père. Ce mot s'est dit quelquefois pour signifier un beau-père maltraitant les enfans que sa femme avoit d'un premier lit, de même qu'on appelle Marâtre, la belle-mère qui maltraite les enfans que son mari a d'une première femme. Ce mot est dans plusieurs Coutumes, mais à présent il est de peu d'usage.
   
Parc
  T. n.m. Parc, en terme de Marine, se dit des pêcheries construites sur les grèves de la mer.
Parc, se dit encore dans un vaisseau, d'un lieu fait de planches entre deux ponts, pour enfermer les bestiaux, que les Officiers font embarquer pour leur provision. L'Ordonnance dit parcs & cages de moutons, volailles & bestiaux. Aubin.
     
Parc
  T. n.m. Pallissade mobile qu'on fait dans les champs pour enfermer les moutons qu'on mène paître en été dans les lieux éloignés, où ils passent la nuit. Les Bergers changent leur parc de temps en temps pour fumer les terres l'une après l'autre. Les loups n'attaquent pas les moutons dans leur parc, à cause des chiens qui le gardent.
Parc, se dit aussi d'un très-ample filet qu'on tend sur le bord de la mer, lequel n'a qu'une ouverture du côté de terre, qui demeure à sec après le reflus ; de sorte que le poisson qui est entré dedans, ne se peut sauver.
Parc, se dit aussi de ces amples pâturages fermés de fossés, où l'on met les boeufs à l'engrais.
Parc, se dit par extension des grandes enceintes de murailles qu'on fait pour enfermer les bêtes fauves. On tient que le parc de Chambor a sept lieues de tour. Il est allé chasser, se promener dans le parc.
   
Parcage
  T. n.m. C'est en quelques lieux un droit dû au Seigneur par ceux de ses habitans qui ont un parc, où ils mettent leurs troupeaux.
   
Parcellaire
  Registre cadastral qui recense toutes les parcelles d'une communauté, le plus souvent par ordre topographique.
   
Parchemin
  T. n.m. Peau préparée pour écrire, qui sert aussi à quelques autres usages. Il est fait de mouton, ou de belier, quelquefois de chèvre, quand la peau est raturée & bien raclée avec des fers propres, & après avoir été passée en chaux.
Ce mot vient du Latin Pergaminum, qui se trouve dans saint Jérôme, à cause que l'usage du parchemin a été inventé par les Rois de Pergame, n'ayant pas l'usage du papier en ce temps-là, comme écrit Isidore.
Le parchemin vierge, est fait de la peau d'un agneau ou d'un chevreau mort-né. Quelques superstitieux disent qu'il est fait de la coëffe que quelques enfans ont dans le ventre de leur mère.
Parchemin en cosse, est la peau telle qu'elle sort des mains du Mégissier, & telle qu'on la met sur la herse du parcheminier.
Parchemin timbré, est celui dont on se sert dans toutes les expéditions de Justice, qui est marqué d'une marque particulière en chaque Généralité. On dit, écrire en parchemin, ou mettre en peau. On appelle les Clercs & Copistes, des grateurs de parchemin.
   
Parcheminier
  T. n.m. Marchand qui vend ou qui prépare le parchemin. La parcheminerie étant le lieu où se vend du parchemin & l'art de le préparer. La rue de la parcheminerie.
     
Parchonnier
  T. adj. Qui se dit des personnes & des choses qui ont quelque chose de commun. Héritage parchonnier, terres parchonnières, moulin parchonnier. On dit aussi parçonnier ; parchonier étoit la prononciation de quelques provinces.
     
Parcière
  T. n.m. Qui partage quelque chose avec un autre. Un métayer parcière est celui qui partage les fruits d'une terre avec le maître.
   

Parcours

 

Droit réglé par la coutume qui permet aux communautés d'envoyer paître leurs bêtes sur les terres des communautés voisines au moment de la vaîne pâture.

     
Paréatis
  T. adj Terme Latin usité en Chancellerie & en Pratique. Un paréatis est une lettre de Chancellerie qui s'obtient pour faire éxécuter un contrat ou un jugement hors du ressort de la Justice où il a été rendu. Le paréatis du grand sceau est éxécutoire par toute la France. Il faut donner une requête au Juge des lieux, pour avoir une ordonnance de paréatis, ou une permission de faire éxécuter dans son ressort une sentence donnée par un autre Juge. Les Édits & Déclarations portent une clause dans leur commission, qui donne pouvoir de les mettre par-tout à éxécution, sans demander placet, visa, ni paréatis.
   
Pareaux
  T. n.mpl. En termes de Pêcheurs, de gros cailloux ronds, pesans, & percés par le milieu, qu'ils attachent de distance en distance le long de la coulure d'enbas du filet qu'ils appellent une Seine, afin de la parer, quand ils l'ont jettée à l'eau, c'est-à-dire, pour en arreter le bas au fond, tandis que le haut flotte, à cause des liéges qui le soûtiennent.
     
Parée
  T. n.f. Terme de Coutume. C'est la même chose que par cours. Droit de parée, est celui par lequel les Seigneurs voisins peuvent suivre en la terre l'un de l'autre leurs sujets & hommes serfs, sans qu'ils se prétendent être affranchis, pour être sortis de la terre de leur Seigneur.
     
Parentage
  T. n. m. Nom collectif, qui se dit de tous les parens ensemble. Le parentage étoit assemblé à la cérémonie de ses noces. Il signifie quelquefois seulement l'origine. Cet homme est de haut parentage. Il vieillit.
   
Parenté
  T. n. f. La parenté est le lien qui se trouve entre les personnes qui descendent d'une même souche. La parenté en ligne directe est celle des ascendans & des descendans. Les enfans, les petits-enfans, les arrière-petits-enfans sont parens en ligne directe de leurs ascendans, c'est-à-dire, du père, de l'aïeul, & du bisaïeul, comme ceux-là sont parens en ligne directe de leurs descendans. La parenté en ligne collatérale est celle des frères, de l'oncle, du neveu, de la nièce, de la tante, & des cousins. Les éloignemens de parenté s'appellent Degrés. Pour trouver en quel degré de parenté l'on est, selon notre Droit François conforme au Canonique, il faut compter en ligne directe autant de degrés qu'il y a de générations, en remontant jusqu'à la souche commune, que l'on ne compte point : de sorte, par éxemple, que le petit-fils est parent de son aïeul ou grand-père, & de son aïeule ou grand-mère au second degré. Le fils est par conséquent parent de son père & de sa mère au premier degré. Pour trouver les degrés en ligne collatérale, on ne monte que par l'une ou par l'autre des deux colonnes ; & il y a autant de degrés qu'il y a de générations, sans compter non plus la souche commune, Par éxemple,
PIERRE.
PAUL 1. JACQUES 1.
MARIE 2. FRANÇOISE 2.
JULIEN 3. CHRISTOPHE 3.
CÉSAR. 4. MAGDELÈNE 4.

Pierre est la souche commune d'où descendent de générations en génération César & Magdelène ; ces deux derniers, suivant la computation canonique observée en France, sont parens au 4e degré ; suivant le Droit Romain, ils le seroient au 8e degré.

     
Parfumer
 

T.v. En termes de Marine. Parfumer un vaisseau, c'est faire brûler du goudron & du genièvre, & jetter du vinaigre entre les ponts d'un vaisseau. Vaporare. Les bâtimens & les hommes seront parfumés.

     
Parger
  T. v. Dans les Coutumes locales d'Auvergne, parger héritages, c'est les fumer & les engraisser, en enfermant dessus des bêtes à-laine dans un parc
     
Pargie
  T. n.f. En Bassigny c'est un droit général dû au Seigneur pour toutes les amendes qui pourroient être adjugées à cause du dommage fait par des bestiaux aux héritages des particuliers.
   
Paris
  T. n.m. Nom propre de la ville capitale du Royaume de France. Elle est située dans l'île de France, sur la Seine. Paris est une des plus célèbres villes de l'Europe, par son antiquité, parsa grandeur, par la magnificence de ses bâtimens, par le nombre de ses habitans, par ses richesses, par son commerce, par les Arts & par les Sciences, qui y fleurissent plus que nulle part ailleurs. Elle est divisée en quatre parties, qui sont, la Cité, ou l'île du Palais, qui est l'ancienne ville ; l'île Notre-Dame, la Ville, & l'Université. Outre ces quatre parties, qui font le corps de la ville, il y a encore onze ou douze grands Fauxbourgs. On y compte dix-sept portes, vingt-cinq places, douze ponts, sept cents vingt rues, cinquante mille maisons, une centaine de couvents de Religieux ou de Religieuses, quarante-quatre Églises Paroissiales, trente autres, quatre-vingts Abbayes, trente Hôpitaux, soixante Hôtels, ou magnifiques Palais, & l'on croit qu'elle contient deux millions d'ames. Le Roi Louis XV pendant les premières années de son règne y a fait son séjour, dans le Palais du Tuilleries, qui joint celui du Louvre, du côté du couchant ; ce sont deux superbes Palais, qui n'en font plus qu'un. Paris est aussi le séjour des Princes du sang, & de la pluspart des Grands Seigneurs de France. Elle est ornée d'un Parlement, qui est le plus ancien & le plus illustre du Royaume. Il a sous soi plusieurs Justices subalternes, & au-dessus de soi plusieurs Conseils du Roi. Il y a à Paris une citadelle, qu'on nomme la Bastille, plus célèbre pour être la prison des criminels d'État, que pour la force. Il y a un Arsenal des mieux pourvus de France, un Archevêché qui a titre de Duché-Pairie, une Cour des Monnoies, une Université, avec soixante Collèges, dont celui de la Sorbonne est le plus célèbre ; cinq Académies. L'Académie Françoise, l'Académie des Belles Lettres & des Inscriptions, l'Académie des Sciences, l'Académie de Peinture, & l'Académie d'Architecture. On y trouve aussi plusieurs belles Bibliothèques. Les environs de Paris sont si peuplés, qu'on assure qu'à dix lieues à la ronde, il y a plus de dix mille bourgs, villages, ou châteaux.
   
Parisis
  T. n.m. Territoire d'auprès de Paris. Parisis, se dit aussi par opposition à tournois, du prix de la monnoie qui valoit un quart davantage à Paris, qu'à Tours. Ainsi le sol parisis vaut 15 deniers, & le sol tournois n'en vaut que 12. Quatre-vingt livres parisis font cent livres tournois. Quand on prend des meubles sur le pié de la prisée d'un inventaire, on est obligé d'y joindre le parisis, qu'on appelle autrement la crue. Quand les meubles ne sont plus en nature, on les estime sur la prisée & le parisis. Le parisis chez les Financiers s'appelle le Quart en sus.
     
Parnage
  T. n.m. Termes d'Eaux & Forêts, & de Coutumes. C'est un droit Seigneurial dû au propriétaire d'une forêt pour la glandée & paisson des porcs ou autre bétail. On dit aussi Pânage.
   
Paroir
  T. n.m. L'instrument avec lequel un Maréchal pare le pié du cheval. On l'appelle autrement boutoir.
   
Paroisse
  T. n.m Église desservie par un Curé, & par ses Vicaires, où s'assemble un certain nombre d'habitans pour assister au service Divin, recevoir les Sacremens, & s'acquitter des devoirs de la Religion. Cette Paroisse est bien desservie, il y a de bons Prêtres & un bon Curé. On est obligé d'assister au Prône & à la Messe de Paroisse, qui est une Messe publique que le Curé doit à ses Paroissiens. On prétend que dans la primitive Église, le mot de paroisse signifioit une seule Église, ou un troupeau renfermé dans une seule Église. Mais dans la suite l'on étendit la signification de ce terme, & l'on entendoit par-là un Diocèse composé de plusieurs Églises. Il n'y avoit d'abord qu'une seule maison dans chaque grande ville où tout le peuple s'assembloit, & cela s'appelloit la Paroisse. Mais depuis, une Paroisse étoit un petit Diocèse. Les Paroisses de la campagne n'ont commencé qu'au quatrième siècle, mais celles des villes sont plus anciennes. Du Cange dit que ce nom s'est donné autrefois à tout le territoire & ressort d'un Évêque, & que ce mot vient de voisinage, à cause que les premiers Chrétiens n'osant pas s'assembler dans les villes, étoient obligés de le faire secretement dans les maisons proches & voisines.
Paroisse, se dit aussi du territoire, soit à la ville, soit à la campagne, sur lequel s'étend la jurisdiction spirituelle du Curé. Cette Paroisse est de si grande étendue, qu'il a fallu lui bâtir une aide, un secours. La France se divise en Généralités, en Élections, & en Paroisses. Il y a 400 Paroisses dans l'Archevêché de Paris. 1400 dans celui de Rouen, & 1800 dans celui de Chartres. Quand on élit domicile, il faut cotter la rue & la Paroisse. On appelle Seigneur de Paroisse, celui qui a la Haute-Justice dans une Paroisse, ou du moins sur les environs de l'Église.
Paroisse, est aussi un nom collectif qui signifie tous les habitans de ce territoire. Toute la Paroisse a député vers l'Intendant pour avoir modération de la taille.
   
Parpaillot
  T. n.m. Nom injurieux qu'on a donné en quelques endroits de la France à ceux de la Religion Prétendue Réformée. On dit qu'au siége de Clérac, ils firent une sortie couverts de chemises blanches, en un temps où l'on voyoit beaucoup de papillons, que les Gascons appellent parpaillols & que de-là ce nom leur est demeuré. Borel dit que c'est à cause qu'ils courroient au danger sans crainte, & alloient chercher leur mort, comme font les papillons qui se vont brûler à la chandelle.
   
Parpain
  T. adj. ou parpaing(ne). Terme de Maçonnerie. On appelle pierre parpaigne, une pierre de taille qui traverse toute l'épaisseur d'un mur, en telle sorte qu'elle ait deux paremens ; l'un en dedans, l'autre en dehors. On appelle cette pierre parpaigne, & on dit qu'elle fait parpain, quand elle fait face des deux côtés ; comme celle des parapets, des ponts, & des quais. La Coutume de Paris & du Bourbonnois on oblige les Bourgeois à mettre des jambes parpaignes sous les poutres qu'ils veulent faire porter à un mur mitoyen.
   
Parpirolle
  T. n.m. Petite monnoie de Savoye, fabriquée à Chambery. Elle est de billon, c'est-à-dire, de cuivre tenant deux tiers d'argent. C'est une espéce de sol. Il y a d'autres parpiroles qu'on nomme, A la petite croix : celles-ci sont frappées à Gex, & n'ont qu'un denier dix grains de fin.
     
Parquet
  T. n.m. L'espace qui est entre les siéges des Juges & le barreau des Avocats. On dit que les Procureurs y sont à genoux. Il falloit dire qu'autrefois ils étoient à genoux ; car il y a longtemps qu'ils ont leur place dans un barreau derriére celui des Avocats. Au Parlement de Rouen, à l'audience du vendredi après midi, où préside le second Président, qu'on appelle l'Audience des Pauvres, les Parties étoient aussi à genoux dans le parquet, pendant qu'on plaidoit leurs causes ; mais depuis que ces seconds Présidens se sont mis à accorder leurs audiences indistinctement aux riches comme aux pauvres, on a dispensé les Parties de se mettre à genoux dans le parquet.
   
Parrain
 

T. n. m. Celui qui tient & lève un enfant sur les fonts de Batême, qui lui impose le nom. On ne batise personne en cérémonie sans un parrain & une marraine. Le parrain contracte une alliance spirituelle avec les père & mère de l'enfant. On a aussi des parrains & marraines en la Confirmation. Le nombre des parrains a été réduit à deux ; car autrefois on en prenoit tant qu'on vouloit. En France on en prenoit trois, deux parrains & une marraine pour un garçon, un parrain & deux marraines pour une fille. Les cloches qu'on batise ont aussi des parrains & marraines.
Ce sont les persécutions des premiers siècles, qui donnèrent occasion à l'institution des parrains, que l'on prit comme des témoins du batême. Le ministre du batême au sortir de l'eau, donnoit le nouveau batisé à ses parrains, qui lui faisoient goûter un peu de miel.

     
Parsonnier
  T. adj Associé avec d'autres pour tenir un ménage. Il signifie aussi Cohéritier. Il se prend encore pour complice : c'est dans ce sens qu'il faut entendre le vers 7088 du Roman de la Rose.
   
Partement
  T. n.m. Action par laquelle on part, & on quitte un lieu pour aller en un autre. Je remets de huit jours mon partement. Voit. Il faut que j'aille dire adieu à mon frère qui est sur son partement pour l'armée. Il ne se dit plus. Il faut dire, qui est sur son départ.
On dit pourtant, Un beau partement de fusées, quand dans un feu d'artifice il y a plusieurs fusées qui s'élancent en l'air en même temps.
     
Partiaire
  T. adj. Qui n'est guère en usage qu'en cette phrase : Fermier partiaire : c'est un Métayer qui prend les terres à labourer, à la charge d'en rendre au Maître la moitié, ou autre partie des fruits.
     
Particulaire
  T. n.m. Nom d'un Officier des anciens Monastères. Le Particulaire étoit celui qui distribuoit les portions aux Moines.
     
Passarille
  T. n.f. On nomme ainsi à Frontignan, ville de Languedoc, les raisins secs qui s'y font, & qui avec ses excellens vins muscats, sont le plus grand objet de son commerce.
     
Passe-avant
 

T. n.m. Terme de Finances. C'est un billet que donnent les Commis aux recettes des bureaux des douannes, ou des entrées, pour donner permission ou liberté aux Marchands & Voituriers de mener leurs marchandises plus loin, soit après avoir payé les droits, ou pour marquer qu'il les faut payer en un autre bureau, ou qu'elles ne doivent rien, quand il n'y a qu'un simple passage sans commerce.

     
Passée
  T. n.f. Se dit en Normandie, d'un chemin, d'un passage qu'on fait autour d'un champ, & qui a des arbres des deux côtés ; une allée.
   
Passée
  T. n.f. Cette province a eu tant de passées de Gens de guerre, qu'elle en a été fort incommodée. Les passées de gens de guerre enrichissent quelques personnes, & en ruinent une infinité d'autres.
     
Passe-méteil
  T. n.m. On appelle ainsi le bled dans lequel il y a deux tiers de froment contre un tiers de seigle.
   
Passeport
  T. n.m. Lettre ou brevet d'un Prince, ou d'un Commandant, pour donner liberté, sureté & saufconduit à quelque personne pour voyager, entrer & sortir librement sur ses terres. Le passeport se donne aux amis, & le saufconduit aux ennemis. Pasquier croit qu'on a dit passeport, au lieu de passepartout.
Passeport, se dit aussi figurément des qualités, privilèges, ou caractères des personnes, qui les font passer ou recevoir en plusieurs lieux. Cet homme est galant, agréable, il a son passeport, il passe par-tout. Ceux qui portent les livrées du Roi ne payent rien sur les ponts, ils ont leur passeport
     
Passer debout
  T.v. En termes de commerce. C'est transporter des marchandises à travers un état, d'une province, d'une ville ou par quelque bureau, sans les y arrêter, décharger, ni déballer pour y être visitées ou pour en payer les droits.
     
Passeries
  T. n.fpl. On nomme ainsi une espéce de Traité ou de convention de commerce, qui s'observe même en temps de guerre entre les frontaliers François & Espagnols, c'est-à-dire, entre les sujets des deux Couronnes qui en habitent les frontiéres du côté des Pyrénées, à qui il est permis en tout temps de commercer ensemble par les portes ou passages de ces montagnes, exprimés dans la convention.
   
Passeur
  T. n.m. Qui conduit un bateau, un bac pour passer la rivière aux hommes & aux bestiaux. Les Bateliers qui sont aux ports de Paris, sont reçus Maîtres passeurs à l'Hôtel de Ville. A Lyon ce sont des femmes qui sont Batelières, les Passeuses d'eau.
   
Passevolant
  T. n.m. Faux soldat & non enrollé, qu'un Capitaine fait passer aux revues pour montrer que sa compagnie est complette, ou pour en tirer la paye à son profit. Les passevolans sont condamnés à être marqués d'une fleur de lis à la joue par un réglement de l'an 1668.
     
Pastel
  T. n.m. Qu'on nomme autrement guesde. Est une plante dont il y a deux espèces, le cultivé, ou le domestique, & le sauvage. Ce mot vient de pastellus parce qu'après avoir pilé cette plante, on la réduit en tablettes ou en boules. Le pastel vient d'une graine qu'on sème au commencement du printemps, & dont on fait quatre récoltes par an, & quelquefois cinq ou six. Il est d'un grand usage dans les teintures pour préparer les étoffes à recevoir toutes les autres couleurs, & en augmenter le lustre & la durée. Il leur donne d'abord la teinture bleue. Il en croît beaucoup en Languedoc. Le meilleur a la feuille unie & sans poil ; & le mauvais qu'on appelle bâtard, a la feuille velue. Le petit pastel est celui de la quatrième ou cinquième récolte. Le pastel de la dernière récolte s'appelle Marouchin. Le plus vieux pastel est le meilleur. On laisse quelque temps flétrir sa feuille, puis on le met sous la roue pour le piler ; après on en fait de petits pains, qu'on appelle Coq, ou cocaignes, qu'on fait sécher à l'ombre sur des claies, jusqu'à ce qu'on le veuille mettre en poudre ; ce qu'on fait avec des masses de bois. On le laisse tremper pendant quatre mois dans de l'eau fort croupie, où on le remue environ quarante fois, & puis il est en état d'être emballé & employé. Plusieurs le confondent avec le pastel d'Inde, ou l'indigo, qui est bien de différente valeur & vertu. Une forte couleur de pastel est quasi noire, & est la base de tant de sortes de couleurs, que les Teinturiers ont une certaine échelle ou nombre d'étages, avec laquelle ils comptent la clarté & la profondeur de cette couleur.
     
Pastoral
  T. n.m. Livre où sont contenues les prières, les cérémonies, les devoirs & les fonctions d'un Évêque, & particulièrement celles qui sont extraordinaires, & qui se font avec plus de solemnité.
   
Pât
  T. n.m. Repas. Il y a des Hôteliers qui traitent à pât, des auberges où l'on vit à pât, c'est-à-dire, où l'on paye tant pour chaque repas où l'on se trouve.
   
Patac
  T. n.m. Monnoie d'Avignon qui vaut un double. Ce mot est commun dans la Provence & le Dauphiné.
   
Patache
  T. n.f. Vaisseau rond, & de haut bord, qui sert à la guerre à faire des courses. Modicus gaulus. Il est aussi destiné pour le service des grands vaisseaux. Il sert encore de première garde pour arrêter les vaisseaux qui veulent entrer dans le port, où elle est entretenue pour faire payer quelques droits.
   
Patatra monsieur de Nevers
  T. n.m. C'est une exclamation ironique qu'on fait quand on voit tomber quelqu'un. Ce proverbe vient de ce que François de Gonzague Duc de Nevers, courant la poste de Paris à Nevers, son cheval s'abattit dans la ville de Pouilli : sur quoi une vieille lui cria, Patatra, Monsieur de Nevers : ce qui le mit tellement en colère, qu'il y envoya des soldats qui désolèrent toute la ville. D'où vient qu'encore à présent, un passant n'oseroit dire patatra dans la ville de Pouilli, sans se mettre en danger d'être fort maltraité.
   
Patenôtrier
  T. n.m. Artisan qui fait des chapelets, qui tourne du bois pour des boutons. Il y a eu à Paris trois Corps de ce métier. Patenôtrier en bois, Patenôtrier en verre, & Patenôtrier en émail.
   
Paterniser
  T. v. Ressembler à son père, en avoir les traits & les manières. Ordinairement les filles paternisent plus que les garçons.
   
Patibulaire
  T. adj. Qui appartient au gibet. Les Seigneurs Hauts-Justiciers mettent des fourches patibulaires dans l'étendue de leur terre. On élève différent nombre de piliers pour faire des fourches patibulaires, selon la qualité de la Seigneurie. Il y a seize piliers à Montfaucon, qui sont les fourches patibulaires de Paris, où l'on portoit autrefois les corps des éxécutés à mort pour être exposés à la vue des passans.
On dit qu'un homme a une mine patibulaire, quand il a quelque chose de sinistre dans le visage qui marque de méchantes moeurs, qui menace d'une triste fin. On appelle une rue Patibulaire, celle où il y a eu quelques gens suppliciés.
     
Patin
  T. n.m. Soulier de femme qui a des semelles fort hautes, & pleines de liège, afin de paroître de plus belle taille. Cette femme en quittant ses patins perd une bonne partie de sa taille.
     
Pâtis
  T. n.m. Grands herbages où l'on mène paître des bestiaux, où on les met à l'engrais. Cette métairie consiste en bois & en pâtis.
   
Pâtisserie
  T. n.f. Préparation de pâte avec plusieurs assaisonnemens friands de viande, de beure, de sucre, de fruits, comme sont les pâtés, tourtes, tartres, biscuits, brioches, &c. On ne doit point s'accoûtumer à l'usage des pâtisseries, non seulement parce qu'elles sont presque toutes pesantes sur l'estomac & difficiles à digérer, mais encore parce qu'il faut toûjours préférer autant qu'on le peut les alimens les plus simples aux composés.
     
Pâtre
  T. n.m. Celui qui garde des bestiaux à la campagne, qui les méne paître. Il se dit ordinairement de ceux qui sont les moins considérables d'entre les Bergers, des petits garçons qui conduisent de petits troupeaux
     
Patronage
  T. n.m. Droit qui appartient au fondateur d'une Église, ou d'un Bénéfice. Ce droit consiste à avoir la nomination, ou présentation au Bénéfice par lui fondé, ou doté, à avoir les droits honorifiques dans l'Église, à être enterré dans le chancel, à avoir des litres & ceintures funèbres, &c. Il y a des Patronages laïques, d'autres Ecclésiastiques. Le Patronage laïque est un droit attaché à la personne, soit comme fondateur, soit comme héritier des fondateurs, soit comme possédant un fief auquel le Patronage est annexé. Le Patronage Ecclésiastique est celui qu'on possède à cause d'un Bénéfice dont on est pourvu. Si un Ecclésiastique avoit un droit de Patronage de son chef, & non en vertu de son Bénéfice, ce seroit un Patronage laïque. Le Patronage laïque est réel, ou personnel. Le Patronage réel, est celui qui est attaché à la glèbe, & à un certain héritage. Le Patronage personnel est celui qui appartient directement au fondateur de l'Église, & qui est transmissible à ses enfans & à sa famille, sans être annexé à aucun fonds.
     
Pâturage
  T. n.m. Droit de pâturer qu'on a sur certaines terres. Les Communes d'un tel village ont droit de pâturage dans ces varennes ; il ne leur coute rien pour le pâturage de leurs bestiaux. Dans quelques Coutumes on les appelle Padouens, & padouentages. On disoit autrefois padouire ; pour dire, paître.
     
Pâtureau
  T. n.m. Terme de Coutumes. En Berri & en Nivernois, c'est un pré destiné à faire pacager les boeufs pendant le temps qu'il n'y a plus de bien dans les granges. En Nivernois, on tient les boeufs aux pâtureaux jusqu'à la S. Martin.
   
Patriligne
  Quand la filiation est unilatérale et que la parenté est transmise aux enfants que par le père
     
Patrimonial
  T. adj. Qui vient de succession de père, mère, ayeul, &c. On ne peut disposer par testament des biens patrimoniaux, mais seulement de ses meubles & acquêts. C'est ce que nos Coutumes appellent autrement biens propres. Cet héritage est patrimonial, celui-là vient d'acquisition.
   
Patronymique
 

T. adj. Les Grammairiens appellent noms patronymiques, des noms que les Grecs donnoient à une race, & lesquels étoient formés de celui qui en étoit le chef. Par éxemple, on appelloit Héraclides, les descendans d'Hercule. Les Romains appelloient ces noms gentilitia. Cela revient aux surnoms. Ainsi on appelle Bourbons, tous ceux de la branche Royale qui règnent aujourd'hui. 

   
Patureur
  T. n.m. Ce mot qui n'est d'usage qu'à la guerre, se dit des Cavaliers & des valets qui ménent les chevaux à l'herbe. On dit donner une escorte aux Patureurs.
     
Pau
  T. n.m. En plusieurs endroits les laboureurs, vignerons, & autres gens de campagne disent pau, au lieu de pieu
     
Paulette
  T. n.f. Droit que les Officiers de Judicature & de Finances payent aux Parties-casuelles du Roi au commencement de l'année, afin de conserver leur charge à leur veuve & à leurs héritiers, sans quoi elle seroit vacante au profit du Roi, en cas de mort ; & pour jouir de la dispense des quarante jours qu'ils étoient obligés de survivre à leur résignation, avant l'Édit qu'on appelle l'Edit de Paulet en 1604. La paulette a été d'abord taxée sur le pié du soixantième denier de l'évaluation des Offices faite en 1605. lors de son établissement, & du quart en sus. Depuis on a fait des baux de Paulette, qui durent neuf ans, où l'on n'est admis qu'en faisant un prêt au Roi. On n'est plus reçu à la Paulette après un certain temps réglé par la Déclaration du Roi. La Paulette s'ouvre au mois de Décembre, & se ferme le 15 Janvier. La Paulette est opposée à hérédité. Les Sécretaires du Roi sont créés en hérédité ; ils ne payent point de Paulette.
Ce nom vient de Charles Paulet, Sécretaire de la Chambre du Roi, qui a été le premier inventeur & le premier fermier de ce droit, établi par Édit de 1604.
Payer la paulette s'appelle pauletter.
     
Paulier
  T. n.m. Ce mot se dit en quelques endroits, de celui qui lève les gerbes pour la dixme, à cause du pau, c'est-à-dire, du pieu ou bâton ferré qu'il porte ordinairement. Le vrai mot François est Dismeur.
   
Paume
  T. n.m. Jeu où l'on pousse & repousse plusieurs fois une balle avec certaines règles. On joue à la paume avec des raquettes, des battoirs, des petis bâtons, & avec un panier, &c. La longue paume se dit, quand on joue à ce jeu dans une grande place ou campagne qui n'est point fermée. La courte paume, ou la paume absolument est un jeu fermé & borné de murailles, qui est tantôt couvert, tantôt découvert. Il y a des jeux de paume carrés, & des jeux de dedans. Ce mot vient du Latin palma, parce qu'autrefois on poussoit la balle avec la main. La paume est un exercice honnête & permis par les loix, dont les différens se peuvent régler en Justice.
   
Paumier
  T. n.m. Maître qui a droit de tenir un jeu de paume, qui fait des balles & des raquettes. Il y a à Paris un corps de Maîtres Paumiers Raquettiers. La pluspart des Marqueurs sont de pauvres Paumiers.
     
Paumillon
  T. n.m. Terme d'Agriculture. Paumillon de charrue. Partie de la charrue qui tient l'épars, où sont ordinairement attachés les traits des chevaux, ou des boeufs qui tirent la charrue.
     
Pavage
  T. n.m. On appelle en quelques provinces de France, particuliérement en Bretagne, droit de pavage, un droit qui se léve sur certaines marchandises à l'entrée des villes, pour la réfection du pavé.
   
Pavesade
  T. n.f. Grande bande, ou lé de toile, de frise ou de drap, qu'on étend le long du platbord d'un vaisseau, quand on se prépare au combat, qui est soutenue par des pontilles, afin de cacher aux ennemis ce qui se fait sur le pont, & que les soldats puissent combattre comme derrière un parapet. On l'appelle autrement Paviers, Pavois & bastingue.
La pavesade étoit autrefois une palissade de plusieurs boucliers appellés pavois & c'est de là que ce nom s'est formé. On appelloit aussi pavesades de grandes claies portatives de derrière lesquelles les archers tiroient. Elles étoient en usage longtemps avant Philippe-Auguste.
Les pavessiers ou pavescheurs étoient ceux employés à soûtenir la pavesade tant aux sièges des villes que dans les vaisseaux.
   
Paveur
  T. n.m. Ouvrier qui emploie le pavé, qui en couvre les chemins, les cours, &c.
   
Pavier
  T. v. Terme de Marine. Mettre un tour de drap rouge, ou de toile large d'une aune, pour entourer le bord du vaisseau, & pour cacher les soldats : on en met de même autour des hunes, pour empêcher qu'on ne voie ceux qui travaillent aux voiles. On s'en sert les jours de réjouissance & de combat. Dans les grands vaisseaux on les fait de frise, d'écarlate. On appelle quelquefois Paviers, les bords du vaisseau, qui servent comme de péribole, ou gardefou.
   
Pavois
  T. n.m. Arme défensive que les Anciens portoient à la guerre. C'étoit le plus grand des boucliers. Dans les élections militaires, les soldats élevoient sur leurs pavois leurs Chefs, & les proclamoient Empereurs. Il faut pourtant remarquer que le vrai pavois étoit un bouclier courbé des deux côtés comme un toit, ou un mantelet, & qui étoit différent de la targe. En quelques lieux on l'a appellé aussi Taillevas.
   
Payelles
  T. n.fpl. Grandes chaudiéres dont on se sert en Flandres pour le raffinage du sel.
   
Payeur
  T. n.m. Qui paye. Quand on est en réputation d'être bon payeur, on trouve toujours crédit. Les Nobles passent pour de mauvais payeurs.
   
Pays
  T. n.m. C'est ainsi qu'il faut écrire, & qu'écrivent en effet un très-grand nombre d'habiles gens ; ce mot a deux syllabes. La première a le son d'ai, comme dans aimer, aider, plaider, ou d'un e. La seconde a le son de l'i, comme dans benis, Paris, courlis, &c. Il faut donc deux ii, c'est-à-dire, un y dans ce mot. Sans cela l'a n'aura point le son de ai. Il faut cependant convenir que plusieurs Auteurs, ou les Imprimeurs de leurs ouvrages, écrivent païs, mettant deux points sur l'i ; mais ces deux points ne doublent point l'i, & n'apprennent point quel son doit avoir l'a ; ainsi l'on prononcera pa is, comme pa ïen, la ïque, &c.
Se dit des diverses régions, provinces & contrées de l'Univers. On dit, Tirer pays, pour dire, s'enfuir, s'évader. Il est populaire.
   
Paysannerie
  Si la paysannerie de l'ancien régime était particulièrement défavorisée en quelques provinces (Marche, Auvergne, Forez...) dans d'autres elle accusait une prospérité de plus en plus marquée (d'ailleurs, la propriété rurale progresse considérablement au XVIIIe siècle). L'agriculture se développe, les marécages sont drainés un peu partout, le rendement agricole augmente, l'élevage bovin progresse, et certaines provinces s'enrichissent grâce à leur agriculture, comme la Provence qui exporte son huile d'olive.
Certes, la différence entre le notable du village et le journalier demeure mais l'on trouve de plus en plus de petits propriétaires, même si les revenus de ces quelques parcelles ne les dispense souvent pas d'également travailler la terre d'autrui pour faire vivre leur famille.
     
Paysan
  T. n.m. Roturier qui habite dans les villages, qui cultive la terre, & qui sert à tous les ménages de campagne. Les paysans sont ceux qui supportent les charges de l'État, qui payent la taille, qui font les corvées, &c. Les paysans qui sont riches, sont fort malins & insolens.
Ce mot vient du Latin paganus. On les a appellés dans la basse Latinité, paganenses, pagani & pagenses. Servius dit que les paysans logeoient auprès des fontaines : d'où vient que les villages ont été appellés pagi, d'où ils ont été appellés pagani.
   

Péage

 

Droit seigneuriaux apparentés aux octrois que l'on payait pour emprunter un chemin ou passer un pont. En principe, ce droit s'accompagnait d'un devoir d'entretien du seigneur péager, mais dans les faits cette contrepartie était souvent négligée ou insuffisante.
En 1567, sur la Loire, entre Nantes et Nevers, on recense quelque 120 péages différents.
A partir du 17e siècle la monarchie s'en inquiète et tente de prendre le contrôle de ces droits par l'intermédiaire des maîtres des Eaux et Forêts ou des intendants et au 18e siècle par la création d'une "Commission des péages" issue du Conseil d'Etat. Beaucoup furent supprimés mais à la veille de la révolution il en restait encore environ 600 sur le territoire français.

     
Péager
  T. n.m. Fermier de péage qui éxige & fait payer ce droit. Les Péagers doivent mettre des billettes, des tableaux & pancartes en lieu éminent, pour faire connoître les droits qui sont dûs.
Le Seigneur qui fait lever le péage, & à qui il appartient, est aussi appellé Seigneur Péager
Péagier
se dit du chemin où on lève un péage.
   
Peaussier
  T. n.m. Marchand qui vend, ou qui prépare des peaux. Les Peaussiers vendent & préparent des peaux pour faire divers ouvrages, comme des gants, des reliûres de livres ; & différent des Fourreurs, des Mégissiers, Corroyeurs, Tanneurs, qui en font de différentes préparations. On les a appellez autrefois Pellissiers
   
Peautre
  T. n.m. Le gouvernail d'un vaisseau. Ce mot n'est plus en usage qu'en quelques Provinces, pour signifier le gouvernail des bateaux qui vont sur les rivières. On dit proverbialement à des importuns qu'on veut chasser loin de soi, Allez au peautre. Ce mot vient du langage Celtique ou Bas-Breton, où l'on appelle peautres, les mauvaises filles, ou autres mauvaises gens, tels que sont les Bateliers qui gouvernent les bateaux.
Peautre (n.f.) est un vieux mot pour dire barque, chaloupe.
   
Pecais
  T. n.m. Nom propre d'un bourg avec un bon fort. Il est dans le bas Languedoc, sur l'embouchure occidentale du Rhône, & il est considérable par la grande quantité du sel qu'on y fait
     
Péculat
  T. n.m. Larcin, ou vol des deniers publics par celui qui en est l'ordonnateur, le dépositaire, ou le receveur, ou par ceux qui en ont le maniement : malversation dans l'administration des finances. Le Péculat se dit en Droit de tout larcin fait d'une chose sacrée, religieuse, publique ou fiscale. Un Financier ne peut être accusé de péculat, qu'après avoir rendu ses comptes, quand il y a des omissions, ou des dépenses frauduleuses. Le péculat se poursuit contre les héritiers de celui qui l'a commis. Le péculat par l'Ordonnance de François I. de l'an 1541. se punit de mort, quand des Officiers en sont convaincus ; & de bannissement, quand ce sont d'autres personnes. Depuis cette Ordonnance l'on a érigé diverses Chambres de Justice pour la recherche & la punition des Financiers, & de ceux qui avoient manié les deniers Royaux ; mais aucun n'a été châtié selon la rigueur de l'Ordonnance, & ils en ont été quittes pour des taxes.
   
Pécule
  T. n.m. C'est l'argent que les esclaves épargnent pour eux. Une partie appartient au Maître, & l'autre appartient à l'esclave.
   
Pédagogue
  T. n.m. Régent ; maître à qui on donne le soin d'instruire & de gouverner un écolier ; de lui apprendre la Grammaire, & de veiller sur sa conduite. Ce garçon est assez âgé pour n'avoir plus besoin de Pédagogue, il se peut conduire lui-même.
     
Pédanée
  T. adj. Il se dit d'un Juge de village, qui n'a point de Siege pour tenir la Justice ; qui juge debout & sans tribunal. Les Juges superieurs traitent les Juges subalternes de Juges Pédanées, ou de Juges sous l'orme.
Ce mot vient de stans in pedibus, parce que ces Juges n'ont aucune marque d'honneur, & sont assis sur de simples siéges. Il se dit par opposition aux Magistrats, qui à Rome étoient sur des chariots, in sella curuli, ou qui avoient un tribunal, ou un siége élevé.
   
Pédant
  T. n.m. En parlant d'une femme il faut dire pédante. Regent ; Maître d'École ; homme de Collége qui a soin d'instruire & de gouverner la jeunesse ; d'enseigner les Humanités & les Arts. On les appelle aussi Regens, & quelques-uns sont simples Répétiteurs. Les écoliers sont sous la ferule & la discipline de leurs Pédans.
Se dit aussi d'un Savant mal poli, grossier, opiniâtre ; qui fait un mauvais usage des Sciences ; qui les tourne mal, qui fait de méchantes critiques & observations, comme font la plûpart des gens de Collége. Un Pédant est un homme qui a plus de lecture que de bon sens. Les Pédans sont gens toujours armés de pointes & de syllogismes, qui ne respirent que la dispute & la chicane, & qui poursuivent une proposition jusqu'aux dernières bornes de la Logique.
     
Pédon
  T. n.m. Terme qui est en usage à Avignon. C'est le nom qu'on y donne à un Courier, ou plutôt à un Messager à pied qui porte les lettres pour Rome. Le pédon d'Avignon porte les lettres pour Rome jusqu'à Gennes, où il trouve le pédon de Rome, à qui il les donne, & de qui il reçoit celles de Rome.
     
Peicheras
  T. n.mpl. Dans la coutume du Béarn, ce sont des lieux destinés à faire paître des troupeaux.
   
Peigne
  T. n.m. Petit instrument qui sert à décrasser & à nettoyer la tête, à arranger les cheveux, & à les tenir proprement. Il est fait d'un morceau de bois, d'ivoire, de corne, ou d'écaille de tortue, divise en plusieurs dents, ou petites ouvertures qui donnent passage aux cheveux : les peignes font la principale garniture d'une toilette, d'une trousse. Un étui, une brosse à peignes. Les Dames se coëffent avec les peignes. Les Courtisans fanfarons ont toujours un peigne à la main. Les Tyrans ont eu aussi des peignes de fer pour tourmenter les Martyrs, en leur déchirant la peau. Les grosses dents d'un peigne s'appellent les oreilles.
   
Peigneur
  T. n.m. Qui peigne. Peigneur d'étaim, ou Tireur d'étaim. Peigneur de chanvre, de l'in, c'est l'ouvrier qui peigne le chanvre, qui le démêle, pour séparer le plus fin du plus grossier.
Peigneur de laine. Ouvrier qui démêle la laine. C'est une des qualités des Maîtres Cardeurs de Paris.
Le peignier est le marchand ou l'artisan qui vend ou fait des peignes.
   
Peignures
  T. n.fpl. Cheveux qui tombent quand on se peigne. Les perruques ne se faisoient autrefois que de peignures.
   
Peilles
  T. n.fpl. Vieux chiffons ou morceaux de toile de chanvre & de lin qui s'emploient dans la fabrique du papier.
Le peillier est celui qui ramasse des peilles ou chiffons. On le nomme plus communément chiffonnier.
   
Pelisse
  T. n.f. Robe fourrée de peau. Dans le Nord & dans le Levant on se sert beaucoup de pelisses.
   
Pelisson
  T. n.m. Juppe faite de peaux fourrées, que portent les vieilles femmes. On l'a dit aussi des robes de chambres fourrées qu'on portoit autrefois.
     
Pellage
  T. n.m. Terme de Coutumes. Droit seigneurial, dont il est parlé dans la Coutume de Mante. Le Pellage, dans le Bailliage de Mante & Meulant, est un droit particulier aux Seigneurs qui ont des terres & des ports le long de la rivière de Seine. Ce droit consiste en quelques deniers que ces Seigneurs levent sur chaque muid de vin chargé ou déchargé en leurs ports.
   
Pelleron
  T. n.m. Petite pelle de bois dont les Boulangers de Paris se servent pour enfourner le petit pain.
   
Pelleterie
  T. n.f. Marchandises de peaux servant aux fourrures. La Pelleterie étoit le plus ancien & le premier des six Corps des Marchands, mais il a vendu sa primogéniture aux Drapiers. Le pelletier est le marchand-fourreur qui vend & prépare des peaux fourrées.
   
Pellissier
  T. n.m. Qui prépare & vend des peaux pour différens usages, qui différent de celles que préparent les Fourreurs & Mégissiers. Pellissier est ce qu'on appelle aujourd'hui Peaucier.
   
Pelote
  T. n.f. Nom d'un jeu, ou de l'instrument avec lequel on y joue. C'est un balon rempli de sable, & bien graissé & frotté d'huile par dehors, afin qu'il soit glissant. On jette cette pelote à l'aventure, & celui qui l'attrape, tâche de l'emporter ; on fait tout ce que l'on peut pour la lui arracher ; s'il la lâche, on en fait autant à celui qui la lui a prise, & ainsi des autres jusqu'à ce que celui qui en est saisi, ait passe dans une autre paroisse que celle où le jeu a commencé. Les Seigneurs de paroisse proposent un prix pour la pelote. En Basse-Normandie ce jeu s'appelle la Pelote, & en Basse-Bretagne la Soule.
   
Pelote
  T. n.f. Masse qu'on fait en forme de boules de diverses choses. Les écoliers se battent avec des pelotes de neige. Cette armée se grossit comme une pelote de neige qui tombe des montagnes. En Orient on nourrit les chevaux avec des pelotes de pâte, ou de beurre. Les Pêcheurs font des pelotes pour servir d'amorce aux poissons. On fait de grosses pelotes de fil, de laine, de coton.
   
Penderie
  T. n.m. Pendaison. Action de pendre au gibet. Il y a eu aujourd'hui grande penderie à la Grève.
   
Pendule
  T. n.m. Poids attaché à une corde, ou à une verge de fer, lequel étant agité une fois, fait plusieurs vibrations, jusqu'à ce qu'il se soit remis en repos.
n.f. Horloge de nouvelle invention qu'on fait avec un pendule qui en régle le mouvement égal par le moyen d'une ligne cycloïde, qu'on dit être inventée par M. Huyghens, qui a fait un très-beau Volume De Horologio oscillatorio, imprimé à Paris en 1673.
   
Pénides
  T. n.fpl. Terme de Pharmacie. C'est du sucre cuit avec une décoction d'orge jusqu'à ce qu'il soit cassant : quand il est ainsi cuit, on le jette sur un marbre oint d'huile d'amande douce, puis on le malaxe comme une pâte avec les mains ; & pendant qu'il est encore chaud, on le met en bâtons entortillés en forme de corde. Les pénides sont fort bonnes pour le rhume, pour adoucir les âcretés de la poitrine, pour faciliter les crachats. Le peuple dit du sucre d'orge.
   
Pennonage
  T. n.m. C'est le nom qu'on donne à Lyon aux quartiers de Milice bourgeoise. On compte trente-cinq pennonages ; chaque pennonage est d'environ 500 hommes.
   
Pensum
  T. n.m. (On prononce Pinson) Mot latin que l'usage a francisé. surcroit de travail qu'on exige d'un Écolier pour le punir. On donne pour pensum de la version ou des vers à faire ou quelque chose à apprendre par coeur.
     
Pente
  T. n.f. Mettre le tabac à la pente. C'est le pendre par la queue sur des cordes ou sur des perches, après que les feuilles ont été enficelées.
     
Pentière
  T. n.f. Espéce de grand filet fait de mailles quarrées & à losanges, propre à prendre des becasses & autre gibier. Il n'est pas de ces oiseaux qu'on prénd à la pentière. Ceci est dit figurément d'un homme fin & rusé.
   
Penture
  T. n.f. Prononcez Panture ; quelques-uns même l'écrivent ainsi. Plaque de fer qu'on cloue à une porte, ou à une fenêtre, qui a une ouverture pour y faire entrer un gond sur lequel elle se meut comme sur un pivot pour s'ouvrir & se fermer. Les portes cochères doivent avoir trois fortes pentures.
   
Pénurie
  T. n.f. Ce terme est usité dans les Gabelles & dans quelques autres affaires de Finance. Il signifie Besoin, faute de quelque chose, manque de fourniture ou de provision. Quand on ne fournit point de sel dans les greniers, ou de tabac dans les magasins, & que la fourniture manque, on dit, Le grenier est en pénurie, les magasins tombent en pénurie.
   
Perche
  T. n.m. Nom propre d'une province de France. Elle est bornée au levant par la Beauce, au nord par la Normandie, au couchant par le Maine, & au midi par le Vendômois & par le Blaisois. La figure de ce pays approche de celle d'un triangle, qui a dix-huit lieues du couchant au levant, & treize du nord au sud. Il est fort fertile en bled & en pâturages, & on le divise en deux parties générales : le haut ou le grand Perche est au nord ; ses lieux principaux sont Nogent-le-Rotrou capitale, Mortaigne, Bellême & Chateau-neuf en Timérais. Le bas Perche ou le Perche-Gouet est vers le midi ; son étendue est fort petite, il ne contient que ces cinq anciennes Baronies, Auton, Montmirail, Alluie, Bazoche, & Brou. Le Perche avoit autrefois ses Comtes particuliers.
Ce mot vient de Perticus, nom d'une ancienne forêt, qui étoit aux environs de Nogent, & qui appartenoit aux Comtes du Perche.
Autrefois, le Pergois était un homme du pays du Perche. Aujourd'hui on dit Percheron.
     
Perchis
  T. n.m. Terme de Jardinier. Clôture qui se fait avec des perches. On ne peut entrer dans un endroit où l'on a fait un bon perchis.
   
Périgord
  T. n.m. Nom propre d'une province du Gouvernement général de la Guienne en France. Elle est bornée au nord par l'Angoumois, & au midi par l'Agénois ; la Saintonge & la Guienne propre la confinent du côté du couchant ; & le Querci avec le Limousin de celui du levant. Ce pays traverse par la Dordogne & par la Île, peut avoir vingt-deux lieues du levant au couchant, & dix-huit du nord au sud. Le Périgord a eu ses Comtes particuliers. Le Roi Henri IV à qui il appartenoit, le réunit à la Couronne. C'est un pays montagneux, où l'on trouve plusieurs mines de fer & d'acier, & plusieurs fontaines minérales. Sa plus grande fertilité consiste en châtaignes, dont les habitans engraissent leurs bestiaux, & se nourrissent eux-mêmes une partie de l'année. On le divise en Haut & Bas Périgord. Le Haut, ou le Blanc Périgord est vers le nord ; Perigueux en est capitale. Le Bas, ou Noir Périgord est vers le midi ; Sarlat & Bergerac en sont les villes principales. Il y a cinq ou six cens ans qu'on disoit Pierregort, & Pérégort ; d'où est venu Périgord. Le Haut Périgord s'appelle Blanc, parce qu'il est plus couvert de montagnes. Le Bas s'appelle Noir, parce qu'il y a plus de bois.
     
Permissionnaire
  T. n.m. On appelle ainsi à Paris celui qui a permission du Chantre de Notre-Dame de tenir de petits Pensionnaires, & de leur enseigner la Grammaire & les Humanités. C'est un Permissionnaire.
   

Pérot

  T. n.m. Terme des Eaux & Forêts, est un chêne, ou autre arbre qui a les deux âges de la coupe du bois. Il y a de trois sortes de bailliveaux, les étalons, les pérots & les tayons.
   
Perrau
  T. n.m. Sorte de grand chauderon de cuivre étamé, étroit, rond & profond, dont les Marchands Epiciers-Ciriers se servent pour faire chauffer l'eau dans laquelle ils font amollir la cire qu'ils emploient dans la fabrique des cierges à la main.
   
Perrière
  T. n.f. Carrière. Il se dit particulièrement des carrières d'Angers d'où l'on tire l'ardoise.
   
Perruque
  T. n.f. Se disoit autrefois d'une longue chevelure, & particulièrement de celle qu'on a soin d'ajuster. Se dit maintenant des cheveux postiches, qu'on appelloit autrefois fausse perruque. L'usage les a autorisés & rendus communs. Ce sont des cheveux frisés, bouclés, & attachés ensemble, qui représentent la chevelure naturelle. On se fait raser la tête quand on prend la perruque. On fait des perruques de cheveux vifs, de cheveux frises qui imitent bien les naturels. Les vieillards cachent leurs cheveux gris d'une perruque blonde. On dit qu'un homme porte bien la perruque pour dire, qu'il a toujours de belles perruques, & qui viennent bien à l'air de son visage, On fait aussi des perruques à calote pour les Ecclésiastiques, des perruques à plaque, où il paroît une tonsure.
On peut dire que l'année 1629 est l'époque des longues en France. Pour les Ecclésiastiques on prétend qu'ils ne l'ont point portée que depuis l'année 1660 & que cette coutume n'est point encore bien autorisée. Le Cardinal Grimaldi en 1684 & l'Évêque de Lavaur en 1688 ont fait défenses à tous Prêtres de porter la perruque sans dispense & sans nécessité. M. Thiers a fait un traité exprès, pour montrer que cette parure mondaine est indécente dans un Ecclésiastique, & qu'une perruque frisée, bouclée & poudrée est directement contre les decrets & les canons des Conciles. La tête d'un Prêtre embellie d'une chevelure artificielle, & ajustée avec beaucoup de curiosité, lui paroît un monstre dans l'Église ; & il ne trouve rien de plus scandaleux qu'un Abbé avec un visage fleuri, & relevé d'une jolie perruque.
   
Perruquier
  T. n.m. Celui ou celle qui fait des perruques, des coins de cheveux, & autres choses qui servent à coeffer les hommes & les femmes. On a établi en Corps de métier les Perruquiers, sous le titre de Maîtres Barbiers, Perruquiers & Etuvistes, qui sont distingués des autres Barbiers, parce que leurs enseignes sont des bassins de fer blanc.
   
Perse
 

T. n.f Nom propre d'un des plus considérables États de l'Asie. Il s'étend depuis la Turquie, en Asie, qu'il a au couchant, jusqu'à l'Empire du Grand Mogol, qui le borne au levant. Il confine au nord avec le Mawaralnahra, la mer Caspie, & la Géorgie ; & il est baigné au midi par les golfes de Balsora, & d'Ormus, & par la mer de Perse. Sanson dans sa grande carte de l'Asie, met la Perse entre le 25e & le 42e dégré de latitude, & entre le 79e & le 108e de longitude. A prendre sur cette même carte la longueur de la Perse droit du couchant au levant, elle n'excéde pas quatre cens vingt lieues, & sa largeur du nord au sud n'est que de trois cens lieues vers la Turquie, & beaucoup moindre par-tout ailleurs. Le mont Taurus traverse toute la Perse du couchant au levant ; les provinces qu'il laisse au nord ont un air fort temperé, & on y voit par-tout des forêts de mûriers ; mais les provinces qui sont au midi du Taurus, sont fort chaudes. Le terroir y produit toutes sortes de légumes & de grains, à la réserve de l'avoine & du seigle. Le coton y croît par-tout en grande abondance ; & entre les animaux domestiques, les chameaux & les buffles y sont en grand nombre, mais principalement les chevaux, dont on voit des haras de cinq à six mille, entretenus par le Roi pour la remonte de ses Gardes. On y trouve plusieurs sources de naphtes, & des mines d'or, d'argent, de fer, de turquoises & de sel ; mais on ne travaille point aux deux premières, à cause de la disette du bois. On tire de la Perse du coton, des toiles de coton, quelques perles, mais principalement de la soie, des étoffes de soie, & de beaux tapis. On peut diviser ce Royaume en quatorze provinces ; le Scirvan, l'Adirbutzan & l'Irvan sont au couchant de la mer Caspie ; le Kisan, le Tabarestan, ou Masanderan & le Chorasan confinent avec cette même mer, & avec la rivière de Jehun, du côté du midi. On trouve ces cinq le long du golfe de la mer de Perse, en avançant du couchant au levant, le Chusistan, le Fars, le Kirman, le Makeran & le Send. Les trois autres sont dans les terres ; l'Yérach Agemi, vers le couchant, le Sitsistan & le Sablustan, vers le levant. La ville capitale de tout ce pays est Hispahan ; le Royaume de Perse est heréditaire, & il passe non-seulement aux enfans légitimes des Rois, mais même à leurs enfans naturels, préferablement à leurs autres parens. Ces Rois portent le titre de Sophi ; ils dominent si despotiquement, que leur volonté est la souveraine loi de leur Royaume. Les Perses sont les plus traitables & les plus honnêtes envers les étrangers, de tous les peuples de l'Asie. Ils sont Mahométans de la secte d'Ali, opposes aux Turcs qui suivent celle d'Omar. Il y a pourtant encore quelques contrées où l'on adore le soleil, la lune & le feu : ce qui étoit anciennement la religion de toute la Perse. Il y a aussi dans la Perse quantité d'Arméniens, & quelque peu de Catholiques Romains, que les Missionnaires ont arrachés aux Arméniens. Maty.
Le Royaume de Perse s'étend du nord au sud-ouest, depuis la moitié des bords de la mer Caspienne jusqu'au golfe de Perse ; & du levant au couchant, depuis l'Euphrate jusqu'à la ville de Condahao, & au fleuve Indus. Sa longueur est de sept cens cinquante lieues de France ; sa largeur de 450. Ce vaste pays est coupé du levant au couchant par une chaîne de montagnes, comme l'Italie par l'Apennin. La partie qui est au midi de ces montagnes, souffre des chaleurs excessives, celle qui est au nord est plus tempérée. Le mauvais air de quelques cantons, & la disette d'eau font que ce pays n'est pas par-tout également habité. Les principales provinces de la Perse sont l'Eomenik, ou la grande Arménie ; la Mésopotamie, ou le Diarbek ; l'Assyrie, ou le Curdistai ; la Chaldée, ou l'Hiérak Arasi ; la Parthie, ou l'Hiérak Agemi ; la Médie, ou le Kirvan ; l'Hircanie, qui comprend le Guilan & le Mezanderan ; la Margiane, qu'ils appellent l'Estarabad ; une partie de la Bactriane, qu'ils nomment Lesusbeks ; le reste de la Bactriane, la Sogdiane, & l'Arie font le Corassan ; le Paropamise est le Sablestan ; la Drangiane, ou le Sigistan, l'Aracosie pays désert, & la Gédrosie composent le Makran ; la Carmanie, en leur langue Kerman, & la Perse propre, qu'ils appellent Farsitan. En 1042. Tragolipax premier Sultan des Turcs, qui jusques-là avoient été tributaires des Sarrazins, se révolta, & leur enleva la Perse. Elle fut plus de 500 ans sous la domination des Turcs. En 1499. le fameux Ismaël, qui se prétendoit issu des anciens Caliphes Sarrazins, vint la revendiquer, & rétablit sous le nom de Sophi, l'ancien Empire des Perses.

     
Pertuisage
  T. n.m. Tribut dû aux Seigneurs, pour avoir d'eux la permission de percer un tonneau, & de vendre ensuite le vin qui est dedans
   
Pertuisane
  T. n.f. Arme d'hast, qui est une espèce de hallebarde qui a un fer plus long, plus large & plus tranchant que les autres. Les Gardes qui sont proches de la personne du Roi, portent des pertuisanes. Le pertuisanier est l'homme de guerre armé d'une pertuisane.
   
Pèse-liqueur
  T. n.m. Instrument par lequel on découvre de combien un corps liquide est plus pesant qu'un autre. C'est une phiole de verre à demi pleine de vif-argent, sur le col de laquelle sont plusieurs divisions qui marquent, quand on la plonge dans les corps liquides, selon qu'elle enfonce plus ou moins, leurs différens dégrés de pesanteur.
   
Pessaire
  T. n.m. Terme de Médecine. C'est un reméde solide de la longueur & de la grosseur du doigt, mais de figure pyramidale, qu'on introduit dans les parties naturelles des femmes pour provoquer les menstrues, ou pour les arrêter, ou pour empêcher la descente de la matrice, ou pour guérir d'autres maux qui leur peuvent arriver. On l'attache par un bout à un petit ruban, afin de le pouvoir retirer quand on veut. On le fait avec du liége, ou avec du bois leger, ou avec un petit fourreau de linge ou de taffetas bien délié, rempli de poudres incorporées dans de la cire, de l'huile & du coton, le tout bien pressé dans le fourreau, afin qu'il ait assez de solidité pour pouvoir être introduit.
   
Persicot
  T. n.m. Liqueur spiritueuse qui se vend chez les Limonadiers, dont la base est de l'esprit de vin avec un extrait de persil, du sucre & autres ingrédiens. Le persicot est très-fort, & des liqueurs ordinaires, c'est une des plus spiritueuses.
     
Personnat
  T. n.m. Bénéfice qui donne quelque prérogative, ou prééminence dans une Église, ou dans un Chapitre ; mais sans jurisdiction, qui a seulement une place distinguée. Personatus. Les personnats n'emportent qu'un peu d'honneur pour la personne, sans aucun pouvoir, comme le Chantre en plusieurs Églises. Le personnat n'est point une dignité, comme soutient Oldrade, à moins qu'on n'étende beaucoup la signification du mot. Les personnats sont fréquens dans les Églises d'Aquitaine. Le Sous-Chantre de Limoges est un personnat. Quelques-uns donnent aussi ce nom à quelques Archidiacres & Archiprêtres dans des Cathédrales. Les Docteurs en parlent diversement, & quelques-uns le donnent généralement à tous ceux qui ont quelque prérogative dans le Choeur ou dans le Chapitre au-dessus des autres Chanoines, soit dans les processions, soit dans les options, soit dans les suffrages ; & confondent ce nom avec dignité. D'autres donnent ce nom à de simples Curés, & d'autres à des Curés primitifs.
   
Peste
  T. n.m. Maladie contagieuse, & ordinairement mortelle. La peste est appellée par Galien bête sauvage, ennemie mortelle de la vie des hommes, des animaux, & même des plantes & des arbres. On l'appelle épidémie, quand la corruption vient de l'air, qui fait mourir en peu de temps une grande quantité de peuple. La peste est accompagnée de fièvre, bubons, charbons, pourpre, flux de ventre, délire, frénésie, douleur mordicante d'estomac, palpitation de coeur, pesanteur de membres, & de tant d'autres accidens, qu'à peine peut-on voir deux malades qui aient les mêmes symptômes : ce qui lui a fait donner divers noms, comme fiévre pestilente, caguesangue, coqueluche, sueur Angloise, troussegaland, bosse, charbon, pourpre, &c. La peste, suivant l'opinion de Willis, est un venin qui se répand en l'air, qui s'attaquant aux esprits, au sang, au suc nerveux, & aux parties solides, les remplit de pourriture, de taches, de pustules, de bubons & de charbons. M. le Duc Mèdecin François, pour se garantir de la peste, s'appliquoit quatre crapaux sèchés sur les aînes & sous les aisselles, qui lui servoient de vésicatoires. Le vrai remède contre la peste, c'est de fuir de bonne heure, & de revenir tard. La peste, la guerre & la famine, sont les trois fléaux de Dieu.
     
Pétricherie
  T. n.f. Terme de Marine, qui se dit de tout l'appareil qui se fait pour la pêche des morues, comme chaloupes, hameçons, couteaux, lignes & autres ustensiles dont ont besoin les Basques & Terreneuviers qui vont à cette pêche.
   

Petun

  T. n.m. Herbe nommée Nicotiane, tabac, ou herbe à la Reine, qui desséche le cerveau. On la prend en fumée, en poudre, & en machicatoire. C'est un nom originaire que les Peuples de la Floride ont donné à cette plante, d'où elle a été apportée en Portugal, & de là en France par Jean Nicod, d'où vient qu'on l'a appellée aussi Nicotiane. Voyez Tabac. Prendre du tabac s'appelle pétuner. Il ne se dit que de celui qu'on prend en fumée avec une pipe.
   
Peule
  T. n.m. Le pays de Peule. Petit pays de la Châtellenie de Lille en Flandres. Il est entre le Bailliage de Douai, le Tournesis & le Melantois. Il n'y a que des villages, dont Mons en Peule est le principal. On dit aussi Puelle.
     
Peyre
  T. n.f. Dans la coutume de Navarre, borne.
   
Peyrée
  T. n.m. Qui se trouve dans la Coutume de Bearn, Ouvrier qui travaille à la pierre, Maçon
   
Pézenas
 

Ville du bas Languedoc en France. Elle est au confluant de la Peyne & de l'Éraut, à dix lieues de Montpellier, du côté du couchant. Pézenas n'est pas une grande ville, mais elle est jolie, & ses habitans sont fort civils. Le Duc de Montmorency, & le Prince de Conti, Gouverneur du Languedoc, y ont fait souvent leur séjour.

   
Phaéton
  T. n.m. Chaise roulante fort propre, qui n'est ordinairement que pour une personne, qui est tirée par un cheval, & qui va fort vîte. On l'appelle ainsi par allusion à Phaëton qui voulut conduire le char du Soleil, parce que ce sont ordinairement de jeunes gens, ou des petits-maîtres qui se servent de ces sortes de voitures, qui les menent eux-mêmes, & qui courent souvent grand risque.
   
Philtre
  T. n.m. Espèce de drogue par le moyen de laquelle on prétend donner de l'amour. On distingue les philtres en faux & en véritables. Les faux sont ceux que donnent quelquefois les vieilles femmes, ou les femmes débauchées. Ceux-là, dit-on, sont ridicules, magiques & contre la nature, plus capables d'inspirer la folie, que l'amour, à ceux qui s'en servent. Les véritables philtres sont ceux qui peuvent concilier une inclination mutuelle entre deux personnes par l'interposition de quelque moyen naturel & magnétique qui transplante l'affection. Il y a des Auteurs, entre lequels est Van Helmont, qui veulent qu'il y ait des philtres de cette nature ; ils rapportent divers faits pour confirmer leur sentiment. Van Helmont dit qu'ayant tenu une certaine herbe dans sa main durant quelque temps, & pris ensuite le pied d'un petit chien de la même main, cet animal le suivit partout, & quitta son premier maître.
   
Piastre
  T. n.m. C'est un nom qu'on a donné à une monnoie d'argent, qui vaut un écu, comme les réaux, richedales, patagons, ducatons, louis blancs, &c
   
Pica
  T. n.m. Appétit dépravé qui fait désirer des choses absurdes & incapables de nourrir, comme des charbons, des cendres, du plâtre, du sel, de la chaux, de la craie, du vinaigre, du poivre, & infinité d'autres semblables. Le pica est fort ordinaire aux filles, & sur-tout aux femmes grosses. Les hommes y sont plus rarement sujets. Il vient, suivant la pluspart des Médecins, des mauvais levains de l'estomac qui dépravent l'appétit : à quoi on peut ajouter le déréglement de l'imagination causé par de mauvais exemples, ou par des préjugés ridicules.
   
Picardie
  T. n.f. Nom propre de l'un des douze Gouvernemens de France. Elle est bornée au levant par la Champagne, au midi par l'Île de France ; au couchant par la Normandie, & par la mer de Bretagne. Elle a au nord la même mer & les Pays-Bas. On lui donne quarante-quatre lieues du levant au couchant, & trente-quatre du sud au nord ; mais elle n'a pas la moitié de l'étendue que ses mesures semblent promettre, parce qu'elle est faite en forme d'équerre, dont une branche s'etend vers le nord, & l'autre vers le levant, le milieu étant rempli par les Pays-Bas. Les principales rivières de cette Province sont l'Oise, la Somme, l'Authie, & la Canche. Le terroir y est fertile en bled, en fruits & en pâturages ; mais il ne produit pas de vin, à cause de la froideur du Climat. On la divise en huit contrées, qu'on trouve dans cet ordre, en commençant par le nord ; le Pays reconquis, le Boulenois, le Ponthieu, le Vimeu, l'Amiénois, le Santerre, le Vermandois & la Tiérache. Elle renfermoit encore le Beauvaisis, le Noyonnois, le Laonnois & le Valois ; mais ces pays ont été démembrés & unis à l'Île de France. Ses villes principales sont, Amiens capitale, Abbeville, Boulogne, Calais, Montreuil, Dourlens, Saint Quentin, la Fère, Guise, Ham, Péronne & Roie.
   
Pichet, picher, piché
  T. n.m. Les Marchands de vin appellent de ce nom une sorte de petite cruche de terre à bec dont ils se servent pour tirer du vin, & remplir les pièces. Un piché tout neuf, casse, fêlé, &c. Il a vuidé tout le piché. Il a bû un piché de vin.
Dans l'Anjou & les provinces voisines, vaisseau de terre dans lequel on boit. Il porte le nom de Brechet en Champagne, & de Brechie en Bourgogne. Pot à l'eau, petite cruche à mettre de l'eau. Ces pots étant ordinairement de terre, on les a nommés Brechies, parce qu'ils sont sujets à être ébrechés.
   
Picorée
  T. n.f. Petite guerre, pillage que font des soldats qui se détachent de leurs corps.Ce qu'on appelle aussi aller à la maraude. Ce mot est moderne, & n'est en usage que du dernier siécle. On le dit plus ordinairement des Officiers, ou valets qui font des profits injustes sur les choses qui leur passent par les mains. Le Receveur picore sur tout l'argent qu'il donne, ou qu'il reçoit.
   
Picote
  T. n.f. On appelle ainsi en Poitou la petite vérole. De piquer, à cause que le visage en est souvent marqué ; d'où vient qu'on dit picoté de petite vérole : ce que les Toulousains appellent picoutat.
   
Pièce d'archives
  Plus petite unité archivistique indivisible ; elle peut être constituée d'une ou de plusieurs feuilles (un contrat de mariage, une lettre, etc.), d'un cahier, d'un registre.
   

Pied fourché

 

Les droits perçus sur le bétail à pieds fourchés étaient des droits d'aides levée à l'entrée de Paris et diverses autres villes. Plus des 3/4 de ces droits étaient perçus par la ferme générale, le reste étant réparti entre les municipalités et hôpitaux.

   
Pied-sente
  T. n.m. Terme de Coutumes. C'est un chemin privé qui doit contenir deux pieds & demi, par lequel on peut aller seulement à pied, & non mener & ramener des bêtes.
   
Piéton
  T. n.m. Fantassin, soldat qui est à pied. Se dit plus ordinairement de ceux qui marchent à pied, qui font grande diligence. Les Basques sont bons piétons. Les femmes font mauvaises piétonnes, ne sauroient aller bien loin à pied.
     
Pignoratif
  T. adj. Terme de Jurisprudence qui signifie engagement. Un contrat pignoratif est un contrat par lequel on vend, on engage un héritage à faculté de reméré ou de rachat. Toutes les ventes & reventes du Domaine du Roi ne sont que des contrats pignoratifs à faculté de rachat perpétuel.
   
Pillage
  T. n.m. Dégât, ravage, vol qui se fait dans la confusion, dans la licence de la guerre. En termes de mer, se dit de la dépouille des coffres, hardes & habits de l'ennemi pris, & de l'argent qu'il a sur lui jusques à trente livres. Les restes s'appellent butin, qui est le gros de la prise. Ces mots se confondent quelquefois.
   
Pilon
  T. n.m. Condamner au pilon. Le Dictionnaire de Richelet a eu bien de la peine à s'introduire en France. A peine commençoit-on de le tolérer, qu'il fut proscrit & condamné au pilon. Avertissement de l'édit. de 1728. On s'est servi pour cette nouvelle édition d'un exemplaire du Dictionnaire de Richelet imprimé à Rouen en 1719 édition qu'on sçait être aussi mauvaise que celle qui parut en 1709. & dont un grand nombre d'exemplaires furent condamnés au pilon par ordre de la Cour. Les Auteurs du Dictionnaire ne sçavent ce que c'est que Mettre un livre au pilon : ils soupçonnent qu'on a voulu dire billon C'est une erreur : mettre un livre au pilon, c'est ordonner que tous les exemplaires seront saisis par les Ministres de Police, & portés aux moulins à papier, pour être rebattus, & en faire du papier gris, ou de la maculature pour faire du carton.
   
Piloner
  T. n.m. Piloner la laine. C'est la remuer fortement avec une pelle de bois, dans une chaudiére remplie d'un bain plus que tiéde, composé des trois quarts d'eau claire & d'un quart d'urine, pour la dégraisser au sortir de la balle, avant que d'être battue sur la claie.
     
Pilori
  T. n.m. Poteau qu'un Seigneur Haut Justicier fait élever en un carrefour pour marque de sa Seigneurie, où sont ses armes, & quelquefois un carcan. A Paris c'est un petit bâtiment en forme de tour, avec une charpente à jour, dans laquelle est une machine tournante, où l'on attache les infâmes qu'on veut exposer à la risée publique. Il est placé au milieu des Halles, & est du Domaine, & affecté à l'Exécuteur de la Haute Justice. Pilorier est attacher au pilori.
   
Pilot
  T. n.m. Terme de Salines. Tas de sel ramassé dans un endroit des marais salants qui s'appelle le mort. Lorsque ces morceaux de sel sont en rond ils se nomment pilots, quand ils sont en long, on les appelle vaches de sel.
   
Pilotage
  T. n.m. Terme de commerce de mer, qui signifie les droits qui sont dûs aux Pilotes ou Lamaneurs qui aident aux navires à entrer dans les Ports ou à en sortir. C'est la conduite qui se fait d'un vaisseau, pour le faire entrer ou sortir d'un port, de peur qu'il n'aille donner sur des bancs. Les lamanages, touanges & pilotages pour entrer dans les havres ou riviéres, ou pour en sortir, sont menues avaries, qui se payent un tiers par le navire, & les deux autres tiers par les marchandises.
   
Pilote
  T. n.m. Officier d'un équipage qui a l'oeil sur la route du vaisseau, & qui la commande. Il y a deux sortes de Pilote ; l'un Côtier, qui connoît les côtes, les ports & les rades, qui sait gouverner à leur vûe. (On dit qu'il n'y a point de Pilote Côtier en temps de brume ; c'est-à-dire, que son habileté ne sert de rien, quand le temps est obscur, & qu'il ne peut appercevoir les côtes) ; l'autre Hauturier, qui prend les hauteurs, qui sait se servir de l'arbalête & de l'astrolabe, qui sait determiner la latitude du parage. Il y a aussi des Pilotes Lamaneurs, ou Locmans, qui sont Pilotes de havres ou de rivières, qui ont la conduite des vaisseaux entrans & sortans. Le Pilote est toujours la seconde personne dans le bord, soit en guerre, soit en marchandise. Dans les vaisseaux de guerre le Capitaine est le premier, & le Pilote le second. Dans les vaisseaux onéraires le Maître est le premier, le Pilote après lui.
   
Pimprelocher
  T. v. Accommoder les cheveux, coëffer d'une manière bizarre & extraordinaire. "La Martin (fameuse coëffeuse) l'avoit pimprelochée par plaisir comme un Patron de mode. Tous les cheveux coupés sur la tête, & frisés naturellement par cent papillottes qui lui font souffrir mort & passion toute la nuit. Tout cela fait une petite tête de chou ronde... C'étoit la plus ridicule chose que l'on pût imaginer..." Lett. de Madame de Sévigné in-12. 1726. to. 1. p. 43.
   
Pinasse
  T. n.f. Petit bâtiment à poupe quarrée, long, étroit & léger, qui va à voiles & à rames, qui porte trois mâts. Il est léger à la course, & est propre à faire des découvertes, des débarquemens de troupes, & son nom vient de ce qu'on a bâti les premiers avec des arbres de pin. On le met au rang des frégates & des brigantins.
   
Pionnier
  T. n.m. Celui qui est employé à l'armée pour applanir les chemins, faire passer l'Artillerie, creuser des lignes & des tranchées, & à tous les autres travaux. On lève des Pionniers, on fait partir des outils de Pionniers, cela menace d'un siège.
     
Pipage
  T. n.m. Droit sur le vin, c'est-à-dire sur chaque pipe de vin.
   
Pipot
  T. n.m. On nomme ainsi à Bourdeaux certaines futailles ou barils dans lesquels on met les miels, c'est ce qu'on nomme ailleurs un Tierçon.
   
Pique-boeuf
  T. n.m. Chartier qui mène les boeufs, qu'il fait avancer par un aiguillon qui est au bout d'un bâton. On appelle aussi un homme grossier de corps & d'esprit, Un gros pique-boeuf.
   

Piquet

  Droit d'octroi levé dans plusieurs villes de Provence et notamment à Marseille sur les grains et farines, voire même sur la viande et le vin. Il se substituait alors aux capitation, vingtième, dixième...
   
Piquette
  T. n.f. Méchant vin qu'on donne aux valets. C'est de l'eau qu'on a jetté sur le marc de la vendange. Il nous a fait boire de méchant vin, ce n'est que de la piquette.
   
Pirate
  T. n.m. Corsaire, écumeur de mer ; qui fait des courses sur mer, sans aveu, ni autorité de Prince, ou de Souverain. Quand on peut prendre des Pirates, on les pend sans rémission. L'Ordonnance de l'Amirauté de l'an 1584. veut qu'ils soient rompus sur la rouë. Les premiers Pirates connus en France, furent les Normans. Ils n'étoient pas tous de Normandie, les François mécontens de leurs Seigneurs se joignoient à eux, & s'appellerent du même nom.
   
Piscine
  T. n.f. Petit étang ou vivier où l'on pêche, & où l'on garde du poisson. Ce mot n'est en usage qu'en cette phrase de l'Écriture. La Piscine probatique, le Lavoir où se fit le miracle du paralytique. Combien de paralytiques languissent, & meurent sur les bords de la Piscine, faute d'un homme qui les y jette, lorsque l'Ange la remue ?
   
Pistole
  T. n.f. Le mot de pistole ne signifie pas toûjours une piéce de monnoie, il signifie le plus souvent une somme de dix livres, ensorte que par douze ou quinze pistoles, on entend douze ou quinze fois dix livres, c'est-à-dire, 120 ou 150 livres. Cela vient de ce qu'originairement les pistoles d'Espagne avoient communément cours en France après le mariage de Louis XIV & valoient dans ce temps-là dix francs. Et quoique ces mêmes pistoles aient dans la suite valu plusieurs différens prix, que le cours en soit devenu très-rare, & même qu'elles ne soient plus d'usage aujourd'hui, nous avons retenu le terme de pistole, pour signifier dix livres ; & l'on dit aussi-bien 50, 100 & 200 pistoles, que cinq cents, mille, & deux mille francs.