Thèmes A B Ca-Ch Ci-Cy D E F G H IJK La-Li Lo-Ly Ma-Mi Mo-My

N O PA-PI PL-PY Q R S T U V-Z

 

 

 

 

 

 

 

 

 

   
Placard
  T. n.m. Feuille de papier étendue, propre à afficher & appliquer contre une muraille. Les Édits à réglemens qu'on veut publier & afficher se mettent en placards, & non en cahier. Les affiches & publications des enchères se font en placards.
   
Placet
  T. n.m. Tabouret, petit siége de femme ou d'enfant, qui n'a ni bras, ni dossier. Sedecula.
Placet, est aussi une Requête abrégée, ou prière qu'on présente aux Rois, aux Ministres, ou aux Juges pour leur demander quelque grace, quelque audience, pour faire quelque recommandation. Le Roi reçoit gracieusement tous les placets qu'on lui présente. Il distribue, il répond les placets. Il y a des jours où l'on plaide les causes du rôle, & d'autres où l'on plaide les placets. On donne des mémoires succints des affaires dans des placets. Les Lettres de Chancellerie portent cette clause, Sans demander placet, visa, ni pareatis ; pour dire, qu'elles sont exécutoires par elles-mêmes, sans demander aucune permission à des Juges. Ce mot vient du Latin placeat, à cause qu'on les commence par, Plaise au Roi, à Monseigneur le Président, &c.
   
Placier
  T. n.m. Fermier des places d'un marché, celui qui loue les places aux Harangères, Fruitières, ou autres gens qui vendent & étalent leurs marchandises. Le Placier de la Halle en rend tant au Domaine du Roi. Le Placier est tenu de faire nettoyer le marché.
     
Plaict
  T. n.m. Termes de Coutumes. C'est ainsi qu'on a appellé un cheval de service qui étoit dû au Seigneur feodal par le Vassal. Il étoit différent des autres chevaux appellés destriers, roussins & traversans. On l'a appellé plaict de mortemain, quand il étoit dû à la mort du Vassal.
   
Plain
  T. n.m. Terme de Tannerie, est un grand quarré creusé en terre près d'une rivière, où les Tanneurs étendent leurs cuirs, sur lesquels ils mettent le tan & autres drogues pour les préparer suivant leur art. Il y a des cuirs qu'on laisse un an ou dix-huit mois dans le plain. On appelle cuir cru, celui qui n'est ni tanné ni corroyé, ni mis en plain.
   
Plane
  T. n.f. Outil d'acier qui sert à plusieurs Artisans, comme aux Charrons, aux Tonneliers pour applanir leurs bois. Il a deux trenchans, & deux manches. La plane en Dauphiné s'appelle rabot, parce qu'elle unit & polit le bois.
   
Planeur
  T. n.m. Terme d'Orfevre. C'est l'Artisan qui gagne sa vie à planer la vaisselle, à la rendre unie à coups de marteau. Ce que les Orfevres appellent planeur, Les Potiers d'étain l'appellent forgeur.
     
Plantat
  T. n.m. Terme d'agriculture. C'est une vigne qui n'est plantée que depuis un an.
   
Plat pays
 

T. n.m. Expression en usage sous l'ancien-régime pour désigner les campagnes par opposition aux villes

   
Platine
  T. n.f. Ustensile de ménage, qui sert à étendre, à sècher & à dresser le menu linge. Les rabats, les cravates empesées se sèchent sur la platine. La platine est faite d'un rond de cuivre jaune fort poli. Un pied de platine est ce qu'on met sous les vrais pieds de la platine pour l'élever.
Platine, se dit aussi d'une plaque de fer, ou de cuivre qu'on applique en plusieurs endroits. Une platine d'un verrou, d'un loquet, une platine ou écusson de porte qu'on met au-devant d'une serrure. Une platine de pistolet, de fusil, où s'attachent le ressort & le chien. Une platine de montre qui soutient les roues, les ressorts, les piliers, l'aiguille.
   
Plâtre
  T. n.m. Pierre fossile qui est merveilleusement commode pour bâtir. Les plus belles carrières de plâtre qui soient au monde sont celles de Montmartre près Paris. On emploie le plâtre crud, c'est-à-dire, la pierre de plâtre, & on s'en sert comme de moilon pour bâtir, & alors il se vend à la toise. Il se conserve dans terre aussi-bien que le moilon. On l'emploie plus souvent cuit, & il se vend au muid, qui est de 36 sacs de deux boisseaux chacun. Il sert aux enduits, à lier les pierres, & il s'emploie délayé avec de l'eau. On en fait toutes sortes d'ouvrages qu'on jette en moules. La plâtrière est la carrière dont on tire le plâtre.
   
Plaude
  T. n.f. Se dit en Normandie pour un habit de toile. On l'appelle en Bourgogne Biaude ou Blaude. M. Aubert dans son Richelet de 1728 dit que Blaude, espèce de surtout fait d'une grosse toile qui descend au-dessous du genou, est un terme fort usité parmi les Paysans des provinces de Bourgogne & du Lyonnois.
   
Plessis
  T. n.m. Est un vieux mot François qui signifioit autrefois maison de plaisance, dont le nom est demeuré à plusieurs Terres & Seigneuries.
   

Pleures

  T. n.fpl. Ce sont les laines qui se coupent sur la bête, après qu'elle est morte. Elles sont d'une tres-mauvaise qualité.
   
Pleureuse
  T. n.f. Bande de toile blanche, que ceux qui portent le grand deuil attachent aux manches de leur habit. Il ne se dit guère qu'au pluriel. Ce linge borde le haut du retroussis de la manche, & se renverse sur le parement environ la largeur de deux, trois ou quatre pouces. On met aussi des pleureuses aux manches de la veste, & celles-là sont comme les manchettes des Prêtres.
     
Pleuvine
  T. n.f. Terme de Barreau. Caution. Quoiqu'on ne dise plus pleuvir, on dit encore tous les jours la pleuvine.
   
Pli
  T. n.m. On appelle Courts-plis dans la Fabrique & commerce des toiles qui se font en Bretagne, le pliage qui n'est pas conforme aux Réglemens, & dont les plis ont moins d'une aune de longueur.
   
Plica
  T. n.f. Terme de Médecine. Maladie dans laquelle il sort du sang par l'extrémité des cheveux. Parce que les Polonois y sont fort sujets, on l'appelle plica polonica. La plica polonica prouve que les cheveux sont creux, que ce sont des canaux.
   
Plieur
  T. n.m. Qui s'applique à plier. Il y a des métiers de Plieurs de linge & de draps ; des femmes qui gagnent leur vie à être Plieuses de livres. Il y a aussi des Plieurs de soie, qui ne font autre métier que de plier les soies, & les mettre en bottes avec des billes pour les Marchands.
     
Plombateur
  T. n.m. Officier de la Chancellerie Romaine qui plombe les Bulles. Il a droit de porter la soutane violette, & est néanmoins amovible
   
Plombier
  T. n.m. Marchand, ou Artisan, qui vendent le plomb, ou qui le mettent en oeuvre
   
Ployon
  T. n.m. C'est une espèce d'osier qui sert aux Couvreurs en chaume, aux Tonneliers & autres Ouvriers pour lier leurs chaumes, leur cerceaux, &c. Les gerbes de ployons doivent avoir quatre pieds de lien.
     
Pluie
  T. n.f. Espéce d'étoffe de soie ou de laine mêlée avec du sil d'or ou d'argent trait en larme. En été les hommes s'habillent de pluie d'or ou d'argent, aussi bien que les femmes. Cette étoffe s'appelle pluie, parce que l'or ou l'argent y brillent comme s'il étoit tombé une pluie fine dessus, & que le soleil vînt à y darder ses rayons.
   
Plumassier
  T. n.m. Marchand qui vend & qui prépare des plumes pour mettre sur les chapeaux, sur les lits & les dais.
   
Plumée
  T. n.f. Plein la plume d'encre. Quand on prend une trop grosse plumée d'encre, on est sujet à faire des pâtés.
   
Plumet
  T. n.m. de Pilote. Ce sont plusieurs plumes qu'on met dans un petit morceau de liége, & qui voltigeant au gré du vent, font connoître d'où il vient, plus précisément que les girouettes. Les mariniers Hollandois ne s'en servent point, ils ne sçavent ce qu'on leur veut dire quand on leur en parle.
     
Plumette
  T. n.f. Petite étoffe, quelquefois avec de la soie, mais plus ordinairement toute de laine.
     

Plumitif

  T. n.m. Minute qu'un Greffier écrit à la hâte & en abrégé, quand le Juge prononce à l'Audience. Il y a dans les Justices un Greffier en chef qui signe les jugemens, & un autre qui tient le plumitif. Un Greffier est obligé de faire viser & signer son plumitif, ou sa feuille par le Président, avant qu'il en délivre aucun acte. On l'appelle dans les vieilles Coutumes plumetis. C'est un nom qu'on donnoit aussi autrefois à toutes les écritures qu'on fournissoit en Justice.
     
Pluvial
  T. n.m. Grande chappe que portent le Chantre, & le Sous-Chantre à la Messe & à Vêpres, & l'Officiant quand il encense. Il entoure toute la personne, & est attaché par le devant avec deux agraphes. Autrefois c'étoit la chappe ou manteau que les Ecclesiastiques, & sur tout les Religieux, portoient à la campagne pour se défendre de la pluie.
   
Pneumatique
  T. adj. Machine pneumatique se dit particuliérement d'une machine d'un grand usage aujourd'hui dans la Physique. Elle est composée d'un corps de pompe qui communique avec un récipient, posé sur une platine, qui est en forme de dôme, afin qu'il puisse supporter le poids de l'athmosphère. Par le moyen de la pompe & de quelques robinets on tire l'air du récipient, & on l'y fait rentrer, selon qu'on le juge à propos. C'est avec cette machine qu'on fait tant d'expériences sur l'air, qui se voient toûjours avec plaisir. Otto de Guerike, Bourguemestre de Magdebourg en fut l'inventeur, & il commença à la faire connoître à Ratisbonne en 1654 M. Boyle la perfectionna ensuite, & le grand usage qu'il en fit avec succès fit qu'on oublia le Magistrat Allemand, & qu'on donna toute la gloire de l'invention au Philosophe Anglois M. Hombert.
   
Poche
  T. n.f. Sac de Meûnier où il met un septier de grain, de farine. Saccus. Quand le Meûnier va chasser, il porte ses poches. On loue des poches à la Grève pour transporter les grains.
   
Poche
  T. n.m. Quelques Provinciaux nomment ainsi la cuillier à pot, & disent aussi pochée & pochetée, pour en marquer la contenance ; une pochée de bouillon ; une pochetée d'eau. En Bourgogne Pôche, dont l'o s'allonge, signifie également pêche, Piscatio, & cuillier à pot.
   
Pochetier
  T. n.m. Celui qui taille & fait des poches. Les Maîtres Boursiers de Paris prennent la qualité de Boursiers, Calottiers, Pochetiers, &c.
   
Podomètre
  T. n.m. ou Compte-pas. Instrument de Méchanique fait en forme de montre, composé de plusieurs roues dentelées qui entrent l'une dans l'autre, & qui sont dans un même plan, lesquelles par le moyen d'une chaîne ou courroie attachée au pied d'un homme, ou à la roue d'un carrosse, avancent d'un cran à chaque pas, ou tour de roue que font ou l'homme ou le carosse. Le nombre en est marqué sur le bord de chacune de ces roues dentelées : & ainsi on peut savoir combien on a fait de pas, & mesurer exactement un chemin, & les distances qu'on veut,
   
Poëlier
  T. n.m. Artisan qui fait des poëles. Il y a à Angers une rue de ce nom où ces Artisans sont obligés de loger, & ont la faculté d'en faire déloger tous les autres.
     
Poge
  T. n.m. Droit de coûtume qui est dû â l'Evêque de Nantes sur le hareng ou sardine blanc ou soret passant le trépas de St Nazaire, ce droit est de demi-obole par millier
     
Poids de marc
  T. n.m. Celui qui sert à peser les choses précieuses, ou en petit volume. Le poids de marc se dit généralement de tous les poids qui servent à peser avec les balances ordinaires, qui ont deux bras, par opposition au peson de la Romaine. La livre de Paris vaut deux marcs, ou 16 onces, L'once a 8 gros, 16 estelins, 24 deniers, 41 oboles, 82 felins, & 576 grains. On dit aussi, Le poids de l'écu d'or, qui est un gros de la pistole, du quart d'écu, &c. Ce poids a été marqué & étalonné au Greffe.
     
Poids de table
  T. n.m. C'est un poids différent du poids de marc dont on se sert en Provence & en Languedoc. Il est vrai que la livre poids de table est composée de seize onces, aussi-bien que celle poids de marc ; mais les onces n'en sont pas si fortes.
     
Poisse
  T. n.f. Fascine ou petit fagot enduit & trempé de poix, dont on se sert dans la défense des places de guerre.
   
Poitou
  T. n.m. Nom propre d'une Province de France, bornée au nord par la Bretagne & par l'Anjou ; au levant, par la Touraine & la Marche ; au midi, par l'Angoumois, la Saintonge & l'Aunis ; & au couchant, par la mer de Gascogne : sa plus grande étendue du levant au couchant est de cinquante lieues, & sa largeur moyenne environ de dix-sept. Cette Province est fort fertile en bled, elle produit aussi du vin, & nourrit beaucoup de bétail, particulièrement de grands mulets, qui se répandent par toute la France. On la divise en Haut & Bas-Poitou ; le Haut-Poitou est au levant. Ses villes principales sont, Poitiers capitale, Loudun, Thouars, Richelieu, Chatelraud, Mirebeau, Parthenai, Saint-Maixant & l'Île-Jourdain. Le Bas-Poitou est au couchant ; Niort, Luçon, Fontenai-le-Comte & Maillezais en sont les villes principales. Le Poitou a eu autrefois titre de Comté. Les Rois d'Angleterre le posséderent ; il fut aussi l'appanage de quelques fils de France, & enfin il fut réuni à la Couronne de France environ l'an 1416.
   
Poix
  T. n.f. C'est un suc ou gomme qui se tire des bois gras, comme pins, ou sapins, qui servent de flambeaux pour s'éclairer la nuit dans les pays de montagnes. La poix résine se fait de la même gomme dont on a fait évaporer les parties aqueuses, & qui devient extrêmement sèche. Celle-ci vient des pins & de la pesse. La poix résine liquide vient du térébinthe, mélèze, lentisque & cyprès. Pour tirer la poix, on fend ces arbres en petites buches, qu'on met dans un four qui a deux ouvertures ; par l'une l'on met le feu, & par l'autre on recueille la poix qui coule sur le champ du four, & tombe dans des bassins. La fumée qui est épaisse la rend noire comme on la voit.
On fait de l'huile de poix en séparant l'aquosité qui nage sur la poix, comme le lait clair sur le lait épais. On fait aussi de la suie de poix en brûlant la poix liquide, lorsqu'on veut la convertir en poix sèche. La poix navale se fait de vieux pins qui sont presque tout convertis en torches, qu'on arange en un bucher de la même manière qu'on fait le charbon, & c'est celle dont on enduit les navires. Mais les Médecins appellent poix navale, celle qui est raclée des vieux navires, & qui a acquis une vertu astringente par le moyen de l'eau de la mer. On s'en sert à faire des emplâtres. On y ajoûte quelquefois du sel commun & de la résine ; & quand on y jette des étoupes, ou de vieux cables battus, cela fait le gaudron pour poisser les vaisseaux. La poix Grecque, ou la poix d'Espagne, est de la résine du pin, ou de quelque arbre semblable qu'on fait cuire dans l'eau, jusqu'à ce qu'ayant perdu son odeur naturelle, elle devient sèche & friable.
Poix de Bourgogne, est une poix blanche qui vient de certains arbres résineux croissans dans la Franche-Comté, vers le mont-Jura. Elle est extrêmement tenace : c'est pourquoi on l'emploie à faire des emplâtres dessicatifs.
   
Polacre
  T. n.f. Terme de Tailleur. On dit, un habit à la Polacre, ou absolument une Polacre. C'est un habit dont les deux devants se croisent & s'attachent vers les épaules par deux rangs de boutons, qui vont depuis le haut jusques en bas. Quelquefois on renverse chaque côté de la Polacre, afin d'en découvrir la doublure, qui est ordinairement d'une belle couleur. Ce mot vient des Polaques ou Polacres, qui en ont apporté la mode en France.
     
Polemit
  T. n.m. C'est un des noms que les Flamans donnent à une sorte de petit camelot qui se fabrique ordinairement à Lille.
   
Police
  T. n.f. Loix, ordre & conduite à observer pour la subsistance & l'entretien des États & des Sociétés. En général il est opposé à barbarie. Police, se dit plus particulièrement de l'ordre qu'on donne pour la netteté & sûreté d'une Ville ; pour la taxe des denrées ; pour l'observation des statuts des Marchands & des Artisans. La connoissance & la direction de la police de Paris appartenoit autrefois au Lieutenant Civil : elle en a été démembree, & elle appartient à un Officier, ou Lieutenant Général de police. Il y a à Paris 48 Commissaires qui vont en police, & qui font des visites de police ; il y a une Chambre de police, ou l'on assigne verbalement ceux qui ont contrevenu aux règlemens de police. La police a deux parties ; l'Agoranomie, qui concerne le réglement des marchandises ; & l'Astynomie, qui est la menue police des villes.
   
Police
  T. n.f. Billet de change, qui se dit particulièrement sur la mer & sur les côtes.
On appelle aussi police d'assûrance, un traité ou contrat que le Bourgeois ou le Marchand fait avec les Assûreurs pour la sûreté de sa marchandise. Il doit être par écrit, & passé par le Greffier, qui est pour cet effet établi par la Communauté des Marchands. Autrefois il s'en faisoit de parole qu'on appelloit confiance, parce qu'on supposoit que l'Assûreur les écrivoit sur son livre de raison. Ce mot de police est Espagnol, & vient de poliça qui signifie cédule. Ceux de Languedoc ou de Marseille l'ont mis en usage dans le commerce & sur la mer de Levant il signifie toute sorte de convention sur le fait de la Marine ; l'Ordonnance de la Marine de 1681 l'a autorisée.
Police de chargement, signifie la même chose sur la Méditerranée, que connoissement sur l'Océan.
   
Polisseur
  T. n.m. L'ouvrier qui travaille à polir les glaces de miroir
     
Polizeaux
  T. n.mpl. Espèce de toile qui se fabrique en Normandie
     
Polle-davy
  T. n.mpl. C'est ainsi que l'on nomme une espéce de grosse toile de chanvre écrûe, qui a pris son nom de la paroisse de Polle-davy, située dans l'Évêché de Cornouaille en Basse-Bretagne, où elle se fabrique ordinairement.
   
Pollet
  T. n.m. C'est le nom d'un quartier de la ville de Dieppe, qu'on a dit pour Port d'Est. Ce nom s'est communiqué aux habitans du lieu, & à leurs bateaux, qu'on appelle Polletois. Un Polletois. Une Polletoise. Un navire Polletois.
     
Pollicitation
  T. n.f. Terme de Droit. Promesse par laquelle on s'engage à donner ou à faire quelque chose, & qui n'a été suivie d'aucune exécution. Il y a cette différence entre le pacte & la pollicitation, que le pacte est le consentement de deux ou de plusieurs personnes sur une même chose, & que la pollicitation est la promesse du seul pollicitant.
   
Polluer
  T. v. Profaner un lieu saint ; salir, contaminer son corps qui est le temple de Dieu. Une Église se pollue par l'effusion du sang, ou de la semence, il la faut rebénir. Les Juifs se tenoient pollués par l'attouchement d'un corps mort, par les menstrues des femmes.
POLLUTION. s. f. Profanation d'un temple. Les Églises en temps de guerre sont sujettes à pollution, par les désordres qu'y font les soldats, par la retraite qu'y font les paysans. La pollution d'une Église dure jusques à ce qu'elle ait été rebénie.
Pollution, se dit aussi de l'ordure qui se commet sur son propre corps par quelque attouchement impudique. Il y a des pollutions volontaires, d'autres involontaires. Tous attouchemens sont criminels, quand il y a danger de pollution. Nous faisons des prières à Complies, pour être préservés des pollutions nocturnes.
   
Polosum
  T. n.m. Espéce de cuivre rouge que l'on allie avec de l'étain, pour en faire ce métal composé que l'on appelle de la Fonte verte.
     
Polygame
 

Celui qui a épousé plusieurs femmes, soit qu'il les ait eues ensemble, soit qu'il les ait eues l'une après l'autre. Le Polygame ne peut pas prétendre à l'Épiscopat. On le dit aussi en matière canonique de celui qui a épousé une veuve, & qui a besoin d'une dispense pour les Ordres sacrés.

     
Polygamie
 

n. f. Mariage d'un homme avec plusieurs femmes, ou d'une femme avec plusieurs hommes en même temps. La polygamie est défendue chez les Chrétiens : elle étoit tolérée chez les Juifs pour la dureté de leur coeur. Seldenus a prouvé que la pluralité des femmes a été permise presque par tout le monde. Les Empereurs Théodose, Honorius & Arcadius la défendirent l'an 393. par une loi expresse. Avant ce temps-là elle étoit assez fréquente dans tout l'Empire, & sur-tout parmi les Nations de l'Orient. Les Romains, plus sévères dans leurs moeurs, ne l'avoient point pratiquée. Marc-Antoine le premier s'émancipa à prendre deux femmes. L'Empereur Valentinien I. par un Édit permit à tous les sujets de l'Empire d'épouser plusieurs femmes. On ne remarque point dans l'Histoire Ecclésiastique que les Évêques se soient récriés contre cette loi en faveur de la polygamie, que l'Empereur mit le premier en exécution. L'exemple des Patriarches est l'argument le plus pressant pour justifier la polygamie. La prohibition de la polygamie est une loi positive, de laquelle on peut être dispensé, par la souveraine nécessité.

   
Pommade
  T. n.f. Composition faite avec des pommes & des graisses, qui sert à plusieurs usages. La pommade sert à guérir plusieurs maladies du cuir, des élevures, des gersures ; à rendre le teint frais, net & poli : à adoucir les mains ; à mettre sur les cheveux pour les poudrer & friser, &c. On fait des pommades de jasmin, d'orange, de jonquilles, de tubéreuses, c'est-à-dire, on leur donne l'odeur de ces fleurs-là. La bonne pommade se fait avec de la graisse de chevreau, des pommes de courtpendu, & un citron tranché par rouelles, avec un verre d'eau rose & demi-verre de vin blanc bouillis & coulés, & ensuite arrosés d'huile d'amande douce.
     
Pommé
  T. n.m. Cidre fait de jus de pommes. On estime plus le pommé que le poiré.
   
Pompe
  T. n.m. Machine en forme de seringue, pour élever des eaux. Elle est composée d'un tuyau ou cylindre renforcé, qu'on appelle barillet, ou corps de pompe. On appelle le pot d'une pompe, l'endroit ou le tuyau par où s'écoule l'eau pressée par le piston. Il y a au bas une soupape qui s'ouvre pour laisser entrer l'eau lorsqu'on tire le piston, & qui se ferme pour l'empêcher d'en sortir lorsqu'on presse le piston. Elle a aussi un piston ou pièce ronde qui s'abaisse, & qui s'élève dans le barillet par le moyen d'une manivelle qu'on appelle verge ou brimbale. On appelle cette pompe, une pompe foulante, parce qu'elle fait sortir l'eau en la pressant. On peut par cette machine élever l'eau aussi haut que l'on voudra. Il y a des pompes aspirantes qui tirent, & qui élèvent l'eau à 32 pieds par le seul poids de l'air ; d'autres qui agissent par compression, qui l'élèvent à toutes sortes de hauteurs. On les appelle pompes expulsives. La plus belle de toutes les machines hydrauliques est la pompe inventée par Ctesibius, qui lui a donné son nom Latin Organum Ctesibicum. La pompe est de grand usage sur mer pour vuider les eaux d'un navire. On en met deux de chaque côté du grand mât, & quelquefois une vers l'artimon. On dit, être à une, ou à deux pompes ; pour dire, se servir d'une ou de deux pompes. Affranchir la pompe, c'est vuider toute l'eau du vaisseau. Charger la pompe, c'est mettre de l'eau dedans pour attirer celle qui est dans le fond du vaisseau. Ce mot vient de l'Alleman pomp, qui signifie la même chose.
   
Pompon
  T. n.m. Les pompons sont de petits rubans longs comme la moitié du doigt, à l'usage des femmes, qu'elles doublent en rapprochant & joignant les deux bouts, ensorte que cela forme une petite boucle ronde qu'elles posent indifféremment à tous les endroits de leurs coeffures, sans ordre ni symmétrie, ensorte qu'il y en a quelquefois douze, quinze, & même davantage.
     
Ponandé
  T. n.m. Terme de compte. Les Clercs de la Chambre des Comptes de Paris appellent ponandé la première apostille qui se met sur le commencement d'un compte, & cette étiquette de parchemin qu'on met à la liasse des acquits du compte.
   
Ponant
  T. n.m. La partie occidentale du monde opposée au levant. Depuis le levant jusqu'au ponant. Le vent de ponant souffloit dans nos voiles. On ne le dit plus guère qu'en Poësie. Ménage rapporte qu'on se moquoit à la Cour d'un vers de Malherbe, où il avoit employé le mot de ponant, qui se prend par le peuple pour le derrière, comme le vent du ponant pour un pet.
Ponant, en termes de Marine, signifie la mer Océane, Atlantique, par opposition à la mer de levant, qui est la Méditerranée.
   

Ponceau

  T. n.m. Espèce de pavot qui croît dans les bleds, & dont la fleur est d'un rouge foncé. On l'appelle autrement pavot rouge, ou coquelicot. Ponceau, signifie aussi un rouge fort foncé. Puniceus. Le ruban le plus cher est le ruban ponceau, teint en couleur de feu. Ce nom lui a été donné à cause de la fleur du ponceau, ou coquelicot, qui est fort rouge.
     
Pondage
  T. n.m. Droit que les Rois d'Angleterre ont levé longtemps par tonneau sur les marchandises. En 1628 les Communes délibérerent sur le droit par tonneau que les Anglois nomment Tonnage & Pondage, comme si elles eussent eu le dessein d'en ôter le recouvrement à Charles I.
   
Ponforme
  T. n.m. Nom d'un ancien pont fort long, bâti sur des marais, mais presque ruiné ; il est dans le Languedoc, près de Narbonne, en tirant vers Béziers.
   

Pont de Joigny

  Droit sur le vin passant sur ou sous le pont de Joigny en compensation de l'exonération de subvention accordée aux élections d'Auxerre, Mâcon, Bar sur Seine, Joigny, Tonnerre et Vézelay.
     

Pont de Meulan

  Droit d'Aides établi sur toutes les marchandises qui passaient sur ou sous le pont de Meulan.
     
Pontage
  T. n.m. Droits qu'on paye pour le passage de certains ponts.
   
Pontanier
  T. n.m. Celui qui perçoit sur les marchandises un droit de pontenage
     
Pontenage
  T. n.m. Droits que le Seigneur féodal prend sur les marchandises qui passent sur les rivières, sur les bacs & les ponts, qu'on a appellé en la basse Latinité pontaticum, pontagium, & pontonagium.
     
Porchaison
  T. n.f. Terme de Vénerie. C'est le temps que le sanglier est gros & gras, qu'il est bon à chasser & à manger.
   
Porte-aune
  T. n.m. Machine de bois dont se servent quelques Marchands, pour soûtenir leur aune, afin de faire eux seuls l'aunage de leurs draps, étoffes, toiles, rubans & autres marchandises.
   
Porte-balle
  T. n.m. Petit Mercier qui porte sur son dos une balle où sont ses marchandises.
   
Porte-clef
  T. n.m. C'est aussi le nom qu'on donne à ceux qui dans la Bastille servent les prisonniers d'État.
   
Porte-col
  T. n.m. Terme de Gabelle. On appelle ainsi celui qui fait le faussaunage dans des sacs qu'il porte ordinairement pendus au cou.
Porte-col. Terme des Aides. C'est aussi le nom que l'Ordonnance de 1680 donne à de pauvres gens qui gagnent leur vie en revendant à petites mesures, depuis quatre deniers jusqu'à douze, l'eau-de-vie qu'ils ont achetée des Détailleurs au pot ou à la pinte.
   
Porte-respect
  T. n.m. Dans une assemblée de jeunes gens, un pere, une mere, un vieillard, un précepteur, une gouvernante, est un porte-respect, dont la présence empêche que la jeunesse ne s'émancipe.
Porte-respect se dit aussi d'une marque d'honneur qui oblige les autres à rendre respect à la personne qui en est honorée. Un Laquais porte un ombrello ou parasol devant le carrosse des Cardinaux & des Princes Romains ; c'est un porte-respect devant qui tous carrosses qui ne sont point à des Cardinaux ou à des Princes, doivent céder le pas, & même s'arrêter.
   
Porteur de sel
  T. n.m. Officier du grenier à sel créé en titre pour porter le sel aux maisons des particuliers qui viennent faire leur provision au grenier. Autrefois on appelloit ces Officiers Hanouards, & on leur donne encore cette qualité dans leurs Lettres.
     

Portion congrue

 

T. n.f. Portion-congrue, est une certaine pension que le Curé Primitif, ou le gros Décimateur doit à un Vicaire perpétuel, ou à un Curé qui dessert une Cure. Originairement, & suivant la disposition des Canons, les dîmes appartenoient sans partage au Curé qui desservoit l'Église paroissiale. Mais à cause de l'ignorance des Prêtres séculiers, les Moines de Saint Benoît, & les Chanoines Réguliers de Saint Augustin s'étant emparés de la pluspart des Cures, ils y faisoient eux-mêmes le service. Dans la suite s'étant relâchés de leur première ferveur, ils les firent desservir par des Prêtres séculiers, révocables à leur volonté, à qui ils donnoient une pension médiocre pour subsister. Pour remédier à cet abus, le Concile de Latran tenu sous Alexandre III. ordonna, qu'à l'avenir les Religieux qui possédoient des Cures unies à leur mense conventuelle, les feroient desservir par un Religieux capable, ou par un Vicaire perpétuel & irrévocable, en leur assignant une portion congrue sur le revenu de ces Cures. C'est-là l'origine des portions congrues. Les Moines de Saint Benoît ont choisi d'établir des Vicaires perpétuels pour desservir les Cures unies à leur mense : ainsi ils ont retenu le titre de Curés primitifs, avec les dîmes & revenus de ces Cures, & n'ont donné que des appointemens modiques à ces Vicaires perpétuels. On a donc été contraint de fixer la portion congrue que les Religieux ou gros Décimateurs étoient obligés de donner à ceux qui desservoient les Cures. Par un Edit de 1571. elle fut règlée à 120 livres, & par une Ordonnance de 1629. à 300 livres. Par une Déclaration de 1632. il a été ordonné que la fixation de la portion congrue à 300 livres, n'aura lieu qu'à l'égard des Diocèses situés au-deçà de la Loire, & qu'elle demeurera réduite à 200 livres pour les provinces au-delà de la Loire. En 1634. les gros Décimateurs ont obtenu un arrêt du Conseil, par lequel toutes les portions congrues sont réduites sans distinction à 200 livres seulement. Outre cela on laisse au Curé les menues & vertes dîmes, & les novales. La Jurisprudence varie pourtant à l'égard des menues dîmés & des novales. Il y a des arrêts du Parlement qui les ont retranchées aux Curés & Vicaires perpétuels

   
Portoire
  T. n.m. Vaisseau de bois ovale, fait de douves & de cerceaux pour porter la vendange sur des chevaux, de la vigne au pressoir.
   

Ports & havres

 

Droit de traite perçu dans certains ports bretons à l'entrée et à la sortie de certaines marchandises.

   
Portugal
 

T. n.m. Nom propre de Royaume. Le Portugal, sous lequel on comprend le petit Royaume d'Algarve, renferme une grande partie de l'ancienne Lusitanie, ou Espagne Lusitanique, & une partie du pays des Callaïques Braccariens ; & il a pris son nom moderne de la ville de Porto. Il est entre le 37 & le 42 dégrés de latitude, & entre le 9 & le 13 de longitude. On lui donne cent dix lieues de longueur. Ses bornes sont l'Océan Atlantique au couchant, & au midi l'Andalousie ; l'Estramadure d'Espagne, & le Royaume de Léon au levant ; & la Galice au nord. Ce Royaume est le moins étendu de l'Europe ; mais il ne laisse pas d'être fort considérable, tant par lui-même que par ses dépendances. L'air y est tempéré, eu égard à sa situation. On y voit un grand nombre de rivières, dont le Tage, la Guadiane, le Douro, le Minho, le Mondego & le Zadaon sont les plus grandes. Quoique le terroir y soit fort montagneux, il ne laisse pas d'être fertile ; les montagnes produisent de bons paturages, où l'on nourrit quantité de bétail. Les vallées & les plaines sont fertiles en vin, en huile, en mûriers, en citrons & en oranges ; mais elles ne sont pas si abondantes en bled qu'en ces autres fruits. Le sel, les chevaux, & les jambons, plus estimés que ceux de Bayonne, de Mayence & de Westphalie, lui apportent de grands profits. On y trouve aussi des mines d'étain, de fer, de plomb, d'alun de roche, de cristal, des rubis, des émeraudes, des jacinthes, & des carrières de marbre blanc & de jaspe. Il y a aussi des mines d'or & d'argent. Les Romains y venoient chercher autrefois ces précieux métaux, que les Portugais trouvent maintenant avec plus de facilité dans les Indes Orientales & dans l'Afrique, qu'ils ne feroient chez eux. On divise ce Royaume en deux parties générales, le petit Royaume des Algarves, & le Portugal propre ; & celui-ci est encore divisé en cinq provinces. On en trouve quatre dans cet ordre, en remontant du midi au septentrion, l'Alentejo, l'Estramadure de Portugal, la province de Beira, & celle d'entre Douro & Minho ; la cinquième qui porte le nom de Tra-los-Montes, est au levant des deux dernières. Il y a un grand nombre de villes en Portugal ; les principales sont Lisbone capitale du Royaume, Braga & Évora, toutes trois Archiépiscopales, & elles ont des Tribunaux de l'Inquisition. Conimbre, Porto, Guarda, Viseu, Lamégo, Miranda, Elvas, L'Éiria, Portalègre & Faro, qui sont toutes Épiscopales, ausquelles on peut ajouter Bragance & Beja.
Les dépendances du Royaume de Portugal sont fort considérables ; il possède dans l'Océan Atlantique les îles Açores, Madère, Porto-Santo, & celles du Cap Verd ; dans la mer d'Éthiopie, celle de S. Thomas, & quelques voisines ; sur les côtes du Congo, Loanda S. Paolo ; sur celles du Zanguébar, Mélinde, Monbaze, Quiloa, Mozambique ; Sofala sur celles des Caffres. Sur les côtes des Indes, il possède Diu, Damman, Chaul & Goa, places très-importantes. Enfin, il tient dans l'Amérique toutes les côtes du Brésil. Ce sont-là les plus importantes conquêtes du Portugal : il tenoit autrefois l'île d'Ormus, mais elle est maintenant au Roi de Perse ; la ville de Malaca, &;une partie de l'île de Ceylan, qui sont maintenant sous la domination des Hollandois. Le Royaume de Portugal est héréditaire, les fils naturels même y peuvent succéder.

   
Posage
  T. n.m. Le travail & la dépense qu'il faut faire pour poser de certaines choses pesantes. J'ai donné tant pour le posage de cette porte.
   
Pose
  T. n.f. Terme d'Architecture. Le travail qu'il y a à poser une pierre. La pose des grandes pierres est difficile. J'ai payé tant pour la taille de cette pierre, & tant pour la pose.
   
Pose
  T. n.f. Ce sont dans une ville de guerre les sentinelles d'augmentation, que les Caporaux doivent aller poser dès que la retraite est battue, pour la nuit, dans les postes qui leur auront été marqués. Ils doivent les instruire avec exactitude de tout ce qu'ils doivent exécuter, comme de défendre à ces sentinelles de ne plus laisser passer personne sur le rempart, à l'exception des rondes & patrouilles, qui doivent porter du feu. Cette grande pose se reléve à l'ouverture des portes.
   
Poseur
  T. n.m. Terme de Maçonnerie. C'est dans les atteliers un Maçon qui pose & arrête les pierres sur le tas, & la situation qu'elles doivent avoir, & qui les livre au Limousin pour y appliquer le mortier.
     
Possession
  T. n.f. Jouissance ; action par laquelle on posséde de droit ou de fait. La possession de fait est la jouissance effective de la chose. La possession de droit est le titre qu'on a d'en jouir ; quoiqu'elle soit quelquefois usurpée par autrui, ou éloignée.
Possession, est aussi un acte fait avec quelques formalités, qui justifie qu'on s'est mis en jouissance de quelque bien. Autrefois quand on achetoit un héritage, il en falloit prendre possession avec certaines cérémonies : ce qui s'observe encore en plusieurs Coutumes. En Picardie on prenoit possession d'un héritage en prenant un petit bâton, ou rameau, ou brin de paille, que le vendeur mettoit entre les mains de l'acheteur ; ce qui s'appelloit vest ou infestucation, mot tiré du Latin festuca. A Chauni on recevoit ce bâton de la main du Juge, &c. C'est un Prêtre qui met en possession d'un Bénéfice, & un Notaire qui délivre l'acte de prise de possession : il faut entrer dans l'Église, s'y mettre à genoux, baiser l'Autel, sonner la cloche, & entrer au Presbytère. On prend quelquefois possession à la vûe du clocher, quand l'approche en est difficile. On prend aussi une possession simulée dans une autre Église avec une permission des Juges, à la charge de la réïtérer sur les lieux. Les Empereurs mettoient autrefois les Prélats en possession, en leur donnant un anneau & un bâton.
Possession, se prend quelquefois pour le bien & les héritages mêmes. Ce Seigneur est puissant, il a de grands biens & possessions.
Possession, signifie aussi simplement, Garde, dépôt. On a laissé tous les meubles de cet inventaire en la garde & possession de la veuve. Un Bibliothécaire a des livres en sa garde & en sa possession. Un Cellerier a les clefs de la cave en sa possession. Un Intendant a en possession tout le bien de son Maître.
     
Posson
  T. n.m. Sorte de petite mesure contenant la moitié d'un demi-setier. Posson de vin, posson de lait. Ce mot venant de Potio, on devroit toûjours dire posson.
   

Posts

  T. n.m. On nomme ainsi en Languedoc des bois débités de certaine forme & grandeur, & que l'on vend à la botte
   
Poste
  T. n.m. Lieu qu'on choisit, où on se pose, où on se plante, où on se campe. La science d'un Général, c'est de savoir bien choisir un bon poste, de bien défendre son poste. Jamais un homme de guerre ne doit quitter son poste, il y doit demeurer tant qu'on le relève, quand il devroit être forcé dans son poste.
Poste, se dit aussi des charges, des emplois, des places qu'on occupe dans l'administration des affaires civiles. La charge de Premier Président est un beau poste. Une place de Commis chez les grands Financiers est un poste avantageux pour amasser beaucoup de bien. Les hommes briguent les grands postes plustôt pour s'enrichir, que pour immortaliser leur nom.
Poste. n.m. Est un lieu choisi sur les grands chemins de distance en distance, où les couriers trouvent des chevaux tout prêts pour courir, & faire diligence.La poste de Ville-Juifve. Le Bureau de la poste a Paris. Le Maître des Postes. Le Général des Postes. La ferme des Postes. Les Postes sont rompues, c'est-à-dire, on ne trouve point de chevaux en ces maisons là.
Il est fait mention des chevaux de poste dans le Code Théodosien mais ces postes n'étoient pas établies de la manière qu'elles le sont en France ; c'étoient seulement des chevaux publics. Le mot de poste vient de ce que les chevaux sont posés (positi) d'intervalle en intervalle, & l'on attribue à Louis XI. d'avoir ordonné le changement des chevaux de deux lieues en deux lieues pour une plus grande promptitude
Poste, se dit aussi de l'espace qui est entre les deux maisons de poste. Chaque poste est d'une lieue & demie, ou de deux lieues. On donne tant par poste pour chaque cheval. Le Courier a fait quatre postes sur un cheval ; il a couru six postes cette nuit. Poste, se dit de la course & de la diligence que fait le Courier, du courier même, & des paquets qui viennent par cette voie. On a envoyé des Couriers en poste, en diligence porter cette nouvelle.
On prend aussi des bateaux de poste pour faire diligence. Vers Montereau il y a une poste aux ânes.
   
Postillon
  T. n.m. Valet de poste qui conduit les gens qui courent la poste. C'est aussi le courier qui porte l'ordinaire. On dit en ce sens, Un fouet de Postillon, un cornet de Postillon, qui donne avis de son arrivée.
Postillon, est aussi un Palfrenier, ou valet du Coche, qui monte sur le premier cheval d'un attelage, quand il y a six, ou huit chevaux. Le Postillon d'un Seigneur, le Postillon d'un coche.
     
Postulant
  T. n.m. Qui demande à entrer dans un Couvent. Il y a long-tems que cette fille est postulante pour entrer au Val-de-Grace. C'est un postulant pour entrer aux Capucins.
Postuler, c'est demander à être admis dans des Couvens. Les pauvres filles sont long-temps à postuler, avant que d'être reçûes dans une Abbaye bien rentée.
     
Postulant
  T. n.m. Se dit aussi des Procureurs & Avocats qui plaident dans les Justices inférieures. Le Roi par son Édit a créé un tel nombre de Procureurs postulans en un tel Présidial. Il y a des Avocats du Roi en certains Sièges qui ont pouvoir d'être Avocats postulans dans les causes où il n'y a rien de l'interêt du Roi, ni du public.
S'est dit autrefois pour un Avocat.
     
Postulateur
  T. n.m. Officier employé dans le procès de canonisation. C'est celui qu'un état, qu'une ville, qu'un ordre chargent de poursuivre le procès.
     
Postulation
  T. n.m. Terme du Droit Ecclésiastique. La postulation est la nomination à une dignité de l'Église d'une personne qui ne peut être élûe selon les Canons. Ainsi comme l'élection de cette personne seroit vicieuse, l'on procède par voie de postulation, c'est-à-dire, que le Chapitre supplie celui qui a le droit de confirmer l'élection, d'approuver l'élection, bien qu'elle ne soit pas canonique.
   
Potage
  T. n.m. Jus de viandes cuites, dans lequel on fait détremper ou mitonner du pain taillé en menues tranches. On sert les potages à l'entrée du repas. On fait des potages de différentes sortes. Les potages de santé sont les potages ordinaires faits avec un chapon, un jarret de veau, du boeuf & du mouton. Un potage de pigeonneaux, de canard aux navets, de perdrix aux choux, de béatilles, d'écrevisses, ou bisques & demi-bisques : potages aux herbes ou ouilles ; potage à la Jacobine, ou au fromage, à la purée, au lait, à l'oignon
   
Potager
  T. adj. qui appartient au potage. On appelle en un jardin le potager, l'endroit où on cultive les herbes potagères. Les légumes potagers, qu'on met au pot pour faire des potages. Dans la cuisine on appelle le potager, une table de maçonnerie, & le lieu un peu élevé où on dresse les potages, où il y a plusieurs petits fourneaux sur lesquels on les fait mitonner. Il y a aussi chez le Roi des Officiers potagers, qui ont soin des potages ; & des Potagers privilégiés suivant la Cour, qui sont des Cuisiniers & Traiteurs. On appelle grand potager, celui qui aime fort le potage.
Potager. s. m. Nom d'Officier de la cuisine-bouche de chez le Roi. Ce sont ceux qui ont soin des potages. Il y a chez le Roi quatre Potagers servans par quartier, qui ont chacun 400 liv. d'appointemens.
   
Poté
  T. n.f. Titre d'honneur accordé à une terre. Le mot de Poté vient de Potestas, & signifie un territoire qui comprend un certain nombre de bourgades & de familles, qui autrefois étoient de condition servile. Il y a peu de Potés en France. On n'y connoît guère que la Poté de la Magdeléne de Vézelai, la Poté d'Asnois en Nivernois & la Poté de Sully sur Loire. Les vassaux de la Poté d'Asnois furent affranchis de la servitude par une Chartre du Sire d'Asnois, de 1304, confirmée par Philippe le Bel, qui leur accorda le droit de Bourgeoisie.
   
Poteleur
  T. n.m. Terme de Finance, est un nom que les Commis des Aides donnent aux Bourgeois qui vendent leur vin & boissons à pot & à pinte, sans tenir taverne ni cabaret.
   
Potence
  T. n.f. Gibet de bois où on pend les malfaiteurs. On dresse des potences dans les carrefours pour faire peur à des séditieux. Ce voleur a été condamné à la potence. Il y a eu des Chefs de Rebelles qu'on a appellés des traînes-potence, qui ont laissé pendre ceux de leur parti. On appelle en termes bas, un voleur, Gibier de potence.
   
Poterne
  T. n.f. Est une fausse porte dans la courtine, ou auprès de l'orillon, qui descend dans le fossé, & qui sert à faire des sorties. On le dit aussi de toutes les portes secrettes & cachées.
   
Potier
  T. n.m. Qui vend des pots & de la vaisselle, ou celui qui les fabrique. La roue du Potier est souvent citée en exemple dans la Physique. Le Potier de terre fait toutes sortes de vaisseaux & ouvrages de terre ; le Potier d'étain, des pots & de la vaisselle d'étain.
   
Potin
  T. n.m. Métal factice & cassant, composé de l'excrément de cuivre jaune, & de quelque mélange de plomb, d'étain & de calamine. On fait des chandeliers de potin. C'est un métal qui ne se peut dorer. Il est ainsi nommé, à cause qu'on en fait souvent des pots.
On appelle Potin à Rouen, les longs verbiages & les caquets.
   
Poudre de canon
  T. n.f. C'est une composition qui se fait avec du salpêtre, du soufre & du charbon. Il y entre les trois quarts de salpêtre ; & c'est ce qui en cause le grand effet par son étrange raréfaction, qui le résout tout en vapeur & en air. Le soufre est ce qui l'enflamme. Et parce que le salpêtre éteindroit bien-tôt la flamme du soufre qui est fort légère, on y ajoute du charbon, qui est sec & plus solide, pour la soutenir. On fait de la poudre grenue pour charger l'artillerie ; de la poudre fine pour amorcer, & pour charger les fusils. En France il n'y a plus qu'une sorte de poudre pour le mousquet, & le canon. On peut faire de la poudre à canon blanche, rouge, jaune, verte & bleue, suivant la composition qu'en donne Casimir Polonois en sa Pyrotechnie
   
Poudre de St Jean
  T. n.m. Pour dire qu'une chose est de saison, & qu'on n'en doit point être surpris. On s'en sert encore pour signifier qu'on ne s'étonne pas d'une chose, & qu'on la regarde comme une bagatelle.
   
Poudrer
  T. v. Terme de Teinturier. Il se dit d'une certaine poudre qui sort des étoffes après qu'elles ont été teintes en noir, & qui y reste des différentes drogues & ingrédiens qu'on a coûtume d'employer à cette teinture. Les Réglemens enjoignent aux Teinturiers de laver les noirs, quand ils sont achevés, jusqu'à ce qu'ils ne poudrent plus.
   
Poudrier
  T. n.m. Marchand qui fait ou qui vend de la poudre, tant à canon, que de celle qui est parfumée.
     
Pouillé
  T. n.m. Catalogue, inventaire, ou Recueil des Bénéfices, où sont marquées les qualitès des Bénéfices, leurs dépendances, le nom des Collateurs, & leur revenu. Le Pouillé de France est rédigé en VIII volumes, dont chacun contient un Archevêché, qui sont Paris, Sens, Reims, Lion, Bordeaux, Bourges, Tours & Rouen. Les autres Archevêchés ne sont pas faits & il seroit à souhaiter qu'on en fît un général & plus correct. Il y a aussi un Pouillé Royal, qui est un Recueil des Bénéfices & Maladeries dépendantes de la nomination du Roi. Chaque Église à son Pouillé particulier dans ses Archives.
Quelques-uns croient que ce mot vient de poallier. On appelloit ainsi autrefois les clochers, & on nommoit de ce nom la liste & l'inventaire des Églises ou clochers d'un Diocèse, comme a remarqué le P. Monet, à cause que poallier étoit proprement le nom de la pièce de métal, qui entre dans la charpente du clocher, dans laquelle entre le tourillon de la cloche qui la tient suspendue, & sur laquelle elle se meut.
   
Pouiller
  T. v. Vieux mot & hors d'usage à Paris, qui signifioit autrefois, Vêtir un habit. Il est encore en usage dans les provinces, & dans ses composés dépouiller & dépouille. Il signifioit aussi, Chanter pouilles. Ces deux femmes se sont pouillées de la belle manière.
   
Pouillerie
  T. n.f. Chambre d'Hôpital où l'on met les habits des pauvres malades qui arrivent. La pouillerie de l'Hôtel-Dieu vaut quatre mille livres de revenu.
   
Poulaine
  T. n.f. Qui s'est dit autrefois de longues pointes de certains souliers qui furent défendus du temps du Roi Charles VI. Cette pointe étoit longue de demi pied pour les gens ordinaires, d'un pied pour les riches, & de deux pieds pour les Princes. Cette chaussure aigue & ridicule fut nommée la poulaine. On fit ensuite d'autres souliers qu'on appelloit becs de canne, qui avoient un bec au-devant de quatre ou cinq doigts de long. Et depuis on fit des pantoufles si larges par devant, qu'elles excédoient la mesure d'un bon pied, comme témoigne Guillaume Paradin. Borel dit que ce mot signifie à la Polonoise, parce que la Pologne s'appelloit autrefois Poulaine.
   
Poulet
  T. n.m. Poulet, signifie un petit billet amoureux qu'on envoie aux Dames galantes, ainsi nommé, parce qu'en le pliant on y faisoit deux pointes qui représentoient les ailes d'un poulet. On l'appelle encore : Billet doux. Autrefois les prudes faisoient grand scrupule de recevoir des poulets ; maintenant elles en ont de pleines cassettes. J'aurois à présent de quoi vous écrire un beau poulet.
Poulet est aussi un nom que donnent les papetiers au petit papier coupé & doré propre à écrire ces poulets.
     
Poulevrin
  T. n. m. Terme d'artillerie. Poudre fine pour amorcer le canon.
   
Poupelin
  T. n.m. Pièce de four, pâtisserie délicate, faite avec du beurre, du lait & des oeufs frais, pêtrie avec de la fleur de farine. On y mêle du sucre & de l'écorce de citron. Le poupelin se sert d'ordinaire avec la tourte.
   
Poupetier
  T. n.m. Marchand qui fait, ou qui vend des poupées, & autres jouets d'enfans
   
Pourpoint
  T. n.m. Habillement d'homme pour la partie supérieure du corps depuis le cou jusqu'à la ceinture. On a fait des pourpoints tailladés, & d'autres fermés ; des pourpoints de peau de senteur, de satin, de drap, de toile. Un pourpoint sans manches se met en été sous la soutane. Des pourpoints à grandes basques, & à petites basques. Les Duellistes mettoient pourpoint bas, pour montrer qu'ils se battoient sans supercherie.
   
Pourpointier
  T. n.m. C'étoit ci-devant un Maitre dans un Corps des Artisans de Paris, qui ne vendoient que des pourpoints & des manteaux ; & il y avoit un Corps de Drapiers Chaussetiers, qui ne vendoient que des hauts & bas de chausses. Il falloit avoir affaire à ces deux sortes d'Ouvriers pour s'habiller ; parce que le pourpoint & les chausses étoient alors de différente parure. Depuis peu d'années on a fait union du Corps des Pourpointiers à celui des Tailleurs, à cause des différends perpétuels qu'ils avoient ensemble, prétendans que les Tailleurs qui n'étoient pas Marchands, n'avoient pas droit de faire des fournitures.
     
Prairie
  T. n.f. Grande étendue de terre en pré, étendue de terres basses, grasses & humides, où l'herbe croit, & qui fait des prés. Les petites rivières sont d'ordinaires bordées de prairies, arrosent les prairies, serpentent dans les prairies.
     
Praticien
  T. n.m. Celui qui sait bien le style, l'usage du Barreau, les formes, les procédures & les réglemens de la Justice ; qui sait bien dresser un contrat, instruire un procès. La principale qualité d'un Procureur, c'est d'être bon Praticien. On appelle aussi Praticiens, ceux qui ont écrit & donné des formules, des styles, comme Imbert Boyer, Gastier le Brun, qui a écrit du procès civil & criminel : le Praticien François.
   

Pré

  T. n.m. Terre humide & non labourée, où l'herbe croît naturellement. Les prés se fauchent, & les bleds se scient. Les prés bas manquent moins souvent que les prés hauts. Un pré à regain est celui qui a une seconde herbe, qu'on fauche deux fois. Il faut faire des rigoles, ou saignées dans les prés pour leur conserver l'humidité.
   

Préage

 

Droit seigneurial pratiqué en Touraine donnant au seigneur le droit de faire pacager ses bestiaux dans les prés appartenant à ses censitaires.

   
Préau
  T. n.m. Petit pré. Il est peu en usage au propre, & se dit au figuré d'une cour de Conciergerie, ou prison, où on laisse aller les prisonniers pour prendre l'air. On a ôté ce criminel des cachots, & on l'a mis sur le préau. Le Parlement va quatre fois l'année au préau, c'est-à-dire, va tenir une séance dans le préau de la Conciergerie pour visiter les prisonniers, & les délivrer, quand il y a lieu. On appelle aussi préau, l'espace couvert de gazon, & environné de portiques dans un Cloître. Il y a un joli préau dans l'avant-cour de cette maison.
     
Prébende
  T. n.m. La Prébende est un droit qu'a un Ecclésiastique dans une Église Cathédrale, ou Collégiale où il dessert, de percevoir certains revenus Ecclésiastiques, & de jouir de certains droits, ou en argent, ou en espèces. Au lieu que la Chanoinie est simplement un titre, ou qualité spirituelle indépendante de cette prestation, ou revenu temporel : ensorte que la Prébende peut subsister sans le Canonicat, & que la Chanoinie est inséparable de la Prébende : car ce n'est pas à la Prébende que le droit de suffrage & les autres droits spirituels sont annexés, mais à la Chanoinie ; & lorsque la Prébende est jointe au Canonicat, elle devient spirituelle à cause du Canonicat auquel elle est attachée.
   
Prébendier
  T. n.m. Nom que l'on donnoit autrefois à certains pauvres que les Eglises nourrissoient.
     
Précaire
  T. n.m. Terme de Jurisprudence, qui se dit adverbialement d'un fond dont on n'a pas la pleine propriété, dont on ne peut disposer, & qui est presque par emprunt. Dans les contrats de constitution de rente, on met la clause de constitut de précaire, c'est-à-dire, que le propriétaire ne possède plus les héritages qu'il hypothèque, qu'à la charge de la rente ; qu'il s'en dessaisit jusqu'à la concurrence de la valeur de la somme qu'il emprunte. Un douaire, un usufruit ne se possèdent que par précaire. Pour acquérir une préscription, il ne faut posséder ni par force, ni en cachette, ni par précaire. Dans les vieux titres on appelle précaire, ou precaria, un bail d'héritage donné en emphythéose, ou bail à vie. On en a vû dont la jouissance étoit accordée jusqu'au cinquième héritier, ou à la cinquième génération : cela se faisoit d'ordinaire en faveur de l'Église.
     
Précenteur
  T. n.m. Terme dont on se sert en quelques Églises Cathédrales de France, pour signifier le Chantre qui est le Maître du Choeur. Le Chantre de la Cathédrale de Saint-Jean de Lion s'appelle le Précenteur, parce qu'il chante devant les autres.
   
Précepteur
  T. n.m. Celui qu'on donne à un écolier pour conduire ses études, & pour observer ses déportemens. Les grands Seigneurs donnent à leurs enfans des Gouverneurs & des Précepteurs. M. l'Évêque de Meaux a été Précepteur de M. le Dauphin, & M. l'Archevêque de Cambrai l'a été de M. le Duc de Bourgogne. Les Bourgeois leur donnent des Répétiteurs, & des gens qui les conduisent au Collége, qu'ils appellent précepteurs.
Précepteur, se dit par extension de ceux en général qui instruisent les autres.
     
Préciput
  T. n.m. Terme de Jurisprudence. C'est un avantage qui appartient à quelqu'un dans une chose à partager, ou une portion qu'on prélève, & qu'on met à part en sa faveur, avant que de partager le reste. En partage noble l'aîné a toujours le principal fief, ou manoir pour son préciput. Quand il n'y a point de fief, il a le vol du chapon. Le préciput est la même chose que le droit d'ainesse.
Préciput, est aussi un avantage que l'on stipule dans les contrats de mariage en faveur du survivant, qu'il doit prendre sur les biens du prédécèdé avant le partage de la succession, ou de la communauté. En Droit à l'égard des femmes on l'appelle augment de dot.
     
Préclotures
  T. n.fpl. Par ce terme qui se trouve dans quelques Coûtumes, on entend les enclos qui sont donnés par préciput dans le fief aux aînés avec le principal manoir.
     
Préfix
  T. adj. Terme certain, marqué & déterminé. Il a comparu à jour préfix, au terme qu'on lui avoit marqué. Les billets payables à volonté, n'ont point de terme préfix.
Préfix, se dit encore au Palais, d'un douaire, d'une certaine somme fixe que le mari donne à sa femme, pour vivre pendant sa viduité du revenu qui en provient. Il est opposé à douaire coutumier, qui est la moitié du bien qu'a le mari au jour de son mariage. Le douaire préfix est stipulé ordinairement sans retour.
     
Prélation
  n.f. Droit par lequel les enfants sont maintenus, par préférence, dans les charges que leurs pères ont possédées.
Droit qu'avait le roi, en plusieurs endroits du royaume, de retirer une terre seigneuriale en remboursant l'acquéreur, pourvu qu'il n'eût pas fait foi et hommage.
En bail emphytéotique, droit qu'avait le bailleur d'être préféré à tout autre dans l'acquisition des constructions et améliorations que le preneur voulait aliéner.
     
Prélature
  T. n.f. Dignité de Prélat ; Bénéfice qui donne une jurisdiction spirituelle à celui qui en est revétu. Par le Concordat on a accordé au Roi la nomination aux Prélatures.
Signifie aussi le corps des prélats.
     
Prélegs
  T. n.m. Legs dont on ordonne la délivrance avant le partage d'une succession.
     
Prême
  T. n.f. Se disoit en vieux termes de Pratique, pour signifier Retrait lignager.
   
Préolier
  T. n.m. C'est ainsi que sont nommés dans leurs statuts & Lettres parentes, les Maîtres Jardiniers de la ville, fauxbourgs & banlieue de Paris.
     
Presbytère
  T. n.m. Maison proche une Église pour loger ceux qui la desservent. Chaque Église paroissiale doit avoir un Presbytere pour loger le Curé. Il y a des Paroisses qui ont des Presbyteres pour loger une Communauté de Prêtres.
     
Préséance
  T. n.f. Rang ; place d'honneur qu'on a droit d'avoir dans les compagnies, soit pour la séance, soit pour la marche. Il y a une préséance de droit, & une préseance d'honneur. La préséance de droit est celle qui appartient à un Magistrat, au Patron ; & si elle leur est disputée, ils peuvent se la faire céder par une action de Justice. La préséance d'honneur est celle qui appartient à l'âge, à la qualité : la civilité la règle, & non pas la loi. Le Conseil & les Parlemens sont chargés de procès d'Officiers pour être réglés sur les préséances.
   
Préservatif
  T. n.m. Remède qui sert à se précautionner, à se garantir d'un mal qui menace. Au temps de la peste il faut prendre des préservatifs contre le mauvais air. Le vin, les cardiaques sont de bons préservatifs. Ce remède ne guérit pas, mais c'est un préservatif.
Préservatif, se dit aussi de certains remèdes superstitieux, qu'on appelle autrement Phylacteres, & qu'on pend au cou, aux bras, & aux jambes des hommes & des bêtes, pour les préserver de quelque fàcheux accident.
Préservatif, se dit aussi figurément en Morale. La lecture est un préservatif contre une infinité de dérèglemens où l'on tombe quand on ne sait à quoi s'occuper.
     
Présidial
  T. n.m. Tribunal ; Compagnie de Juges établie dans les villes considérables pour y juger en dernier ressort les appellations des Juges subalternes, dans des matières médiocrement importantes. Les Présidiaux ne font qu'une même Compagnie avec les Officiers des Bailliages & des Sénéchaussées où ils sont établis. Les mêmes Officiers jugent à l'ordinaire les causes qui excèdent le pouvoir des Présidiaux. L'Édit de 1551. portant établissement des Présidiaux a deux chefs. Par le premier ils peuvent juger définitivement, & sans appel, jusqu'à la somme de 250 livres, ou dix livres de rente : par le deuxième chef, jusqu'à la somme de 500 livres par provision, & nonobstant l'appel, ou 20 livres de rente. Quand ils jugent au premier chef, ils sont obligés de prononcer en ces termes, Par Jugement dernier ; & quand ils jugent au second chef, par Jugement présidial. Quand ils prononcent en dernier ressort sur les appellations des Juges inférieurs, ils ne peuvent prononcer l'Appellation ou sentence au néant. Cette forme n'appartient qu'aux Cours Souveraines. Ils doivent prononcer simplement, Qu'il a été bien ou mal jugé. Les Juges Présidiaux doivent être au nombre de sept pour juger présidialement, & en dernier ressort. Les Présidiaux jugent aussi en dernier ressort de la compétence des Prévôts des Maréchaux, & des crimes compris dans l'article 12. du premier titre de l'Ordonnance de 1670. c'est-à-dire, des crimes commis par les vagabonds, gens sans aveu, sans domicile, ou par les gens de guerre, dans leur marche, des déserteurs, du port d'armes, des vols faits sur les grands chemins, de la fausse monnoie, &c. Les Juges Présidiaux connoissent des cas prévôtaux par prévention.
   
Presse
  T. n.f. Foule de peuple qui veut entrer en un lieu qui ne le peut pas contenir commodément ; multitude de personnes qui se pressent. Il y avoit une telle presse à cette cérémonie, que je n'y ai pû entrer. Les coupeurs de bourse font bien leurs affaires à la presse.
Presse, se dit de l'empressement qu'on a à faire, ou à voir quelque chose. La presse est au blé, au bois ; chacun en veut avoir. Tout le monde va boire du caffé, mais je n'y ferai pas la presse. Cette affaire est fort ruineuse, il n'y a pas grande presse à s'y fourrer, à y enchérir.
   
Presseur
  T. n.m. Ouvrier dont l'emploi est de presser sous une presse les étoffes, les toiles, les bas, &c.
   
Pressier
  T. n.m. Ouvrier qui est à la presse de l'Imprimeur.
     
Pressoir
  T. n.m. Grande machine propre pour presser de la vendange, ou autres fruits dont on veut tirer ou épreindre le jus, la liqueur, ensorte que le marc demeure tout sec. Le raisin au sortir de la cuve se met sous le pressoir. Il y a aussi des pressoirs à verjus, à cidre, à huile. Ce Seigneur a un pressoir bannal, où tous les habitans doivent porter leur vendange.
   
Pressurier
  T. n.m. Garde ou Fermier du pressoir, ou celui qui fait aller la machine.
     
Prête nom
  T. n.m. Celui qui prête son nom dans quelque acte, où le véritable contractant ne veut pas paroître. Les Fermes générales du Roi s'adjugent à des Prête-noms Le Fermier dénommé dans le bail de cette Terre n'est qu'un Prête-nom. C'est un Étranger qui se propose d'acquérir ce bien, pour le retrait duquel il emploie un Prête-nom, parent du vendeur.
     
Préveil
  T. n.m. Vieux mot. Nom d'une danse de Poitou, ou autre assemblée de villageois ;
     
Prévôt
  T. n.m Juge inférieur. Les Prevôts sont les premiers Juges Royaux, & qui jugent les affaires civiles en première instance. Les Juges qu'on appelle Prevôts dans la plus grande partie des provinces du Royaume, sont appellés Châtelains en Bourbonnois, Auvergne, & lieux voisins ; Vicomtes en Normandie ; Viguiers en Languedoc & en Provence : ensorte que les Prevôts, Châtelains, Vicomtes & Viguiers sont tous Juges de même pouvoir, & ne diffèrent que de nom. Les Prevôts ne connoissent point des causes des Nobles ; mais seulement de toutes sortes de matières civiles, personnelles, réelles, ou mixtes entre roturiers, à l'exception de celles qui sont réservées aux Baillis & Sénéchaux par l'Édit de Crémieu en 1536. Il ne faut pas confondre le Prevôt de Paris avec les Prevôts dont on vient de parler. Car il a la même Jurisdiction que les Baillis ou Sénéchaux. On prétend même qu'il précède les autres Baillis & Sénéchaux du Royaume. Le siége du Prevôt de Paris est au grand Châtelet, qui est présentement la seule Jurisdiction de cette grande ville. En 1674 l'on avoit créé le nouveau Châtelet mais pour éviter la multiplicité des Jurisdictions, le nouveau Châtelet a été réuni à l'ancien en 1684. Avant le règne de St Louis on avoit introduit l'abus de bailler à ferme l'Office de Prevôt, Châtelain, Vicomte, ou Viguier ; les Prevôtés s'affermoient aussi, sous prétexte d'affermer les droits domaniaux. La Prevôté de Paris étoit vénale, ou donnée à louage, comme les autres, & souvent à des Marchands qui en mettoient les profits à l'enchère. Saint Louis tâcha de réprimer cet abus, qui duroit encore du temps de Charles VI.

Prevôt de l'armée. Officier préposé pour avoir l'inspection sur les délits qui se commettent dans l'armée par les soldats. On appelle aussi Prevôt dans quelques Régimens, l'Officier qui a pareille inspection sur les délits qui se commettent dans ces Régimens par les soldats ; & Prevôt des Bandes, l'Officier qui a pareille jurisdiction dans le Régiment des Gardes. On a mis ce soldat entre les mains du Prevôt des Bandes.

Grand Prevôt de la Connétablie, est un Juge d'épée qui instruit les procès des gens de guerre à l'armée. Il a quatre Lieutenans qui sont distribués dans les armées, qu'on appelle aussi Prevôts de l'armée. Il y a aussi des Prevôts particuliers dans plusieurs Régimens.

Grand Prevôt de l'Hôtel, ou Grand Prevôt de France, est un Juge d'épée qui a jurisdiction dans la Maison du Roi, & sur les Officiers commensaux & privilégiés ; qui a soin de la police, & du taux des vivres à la suite de la Cour, qui a un Lieutenant de robe qui tient ses audiences au-dessous du Grand Conseil. On l'a appellé autrefois Roi des Ribauds.

Prevôt de l'Île. Officier préposé dans toute l'étendue de l'Île de France pour veiller à la sûreté des grands chemins, & connoître des délits qui s'y commettent.

Prevôt des Marchands, est un Magistrat populaire qui préside au Bureau de la ville, & qui y juge avec les Échevins, qui a soin de la police des ports, de la taxe des marchandises qui arrivent par la rivière, & de la navigation. Il connoît des causes des Marchands pour fait de marchandises arrivées par eau, sur les ports de Paris ; des causes des Officiers de Police en ce qui concerne leurs charges. Il connoît aussi des rentes constituées sur l'Hôtel de ville, & des différends qui en naissent, &c. C'est lui qui ordonne des cérémonies publiques de la ville. Il représente à la Cour les bourgeois & le peuple. On l'appelle Prevôt des Marchands, parce qu'anciennement il connoissoit avec les Échevins du fait de marchandise, lorsqu'il tenoit sa justice au Parloir aux Bourgeois : d'où il retient encore la connoissance de la marchandise amenée dans Paris sur la rivière entre les quatre tours.

Prevôts des Maréchaux, sont des Officiers Royaux réputés du corps de la Gendarmerie, & Lieutenans des Maréchaux de France, établis pour la sûreté de la Campagne contre les vagabonds, & les déserteurs. On leur a attribué la connoissance des cas Royaux, qu'on a appellés pour cela prevôtaux, comme de tous crimes commis par gens vagabonds, sans aveu ou sans domicile, vol de grand chemin, port d'armes, infraction de sauvegarde, incendie, fausse-monnoie, &c. Voyez l'Ordonnance de 1670 laquelle règle la compétence du Prevôt des Maréchaux. Si sa compétence est contestée, le Présidial a droit d'en décider par jugement dernier ; les Prevôts des Maréchaux ne peuvent juger à la charge de l'appel. Ils prononcent en dernier ressort. Il y a 180 Siéges de Prevôts des Maréchaux en France. En quelques provinces, comme en Lionnois, en Auvergne, &c. il y a des Grands Prevôts des Maréchaux, qui en ont d'autres sous eux. A Paris le Prevôt des Maréchaux est connu sous le nom de Prevôt de l'Isle. La vraie Jurisdiction des Prevôts des Maréchaux regarde les voleurs, & les coureurs de grands chemins. Les Rois ne l'ont fondée que pour la conservation de la sûreté publique.

Prevôt Général de la Marine, est un Officier qui instruit les procès des gens de mer qui ont commis quelque crime, & qui en fait le rapport au Conseil de guerre. Il y a dans chaque vaisseau un Prevôt Marinier, qui est une espèce de Geolier, qui a les prisonniers en sa garde, & qui nettoie le vaisseau.
Sur la mer le Prevôt d'un vaisseau est ordinairement le plus mauvais matelot, que l'on emploie à faire balayer le vaisseau, & à châtier les malfaiteurs.

Prevôt et Garde des Monnoies, est un Juge particulier institué pour la capture des faux-monnoyeurs, qui instruit leur procès, & qui en fait le rapport à la Cour des Monnoies.
Prevôt de Paris, Officier principal, qui est Chef de la Jurisdiction du Châtelet, & qui en cas de convocation de la Noblesse, est à la tête de l'arrière-ban.

Prevôt, est aussi une première dignité dans quelques Chapitres Ecclésiastiques. Comme les Prevôts de Reims, d'Albi, de Mende, de S. Foi de Conques, &c. Au Pui c'est la seconde Dignité ; à Tulles, la troisième, &c. Anciennement les Prevôts étoient des conducteurs préposés sur les Communautés des Clercs ou Chanoines. Les Prevôts ont été abolis dans la pluspart des Chapitres, parce qu'étant saisis de l'administration du temporel, ils étoient trop puissans.
Il y a aussi des Prevôts qui sont des Dignités dont les Bénéfices passent pour simples, comme à Chartres il y en a quatre. Le Prevôt d'Anvers, le Prevôt de Normandie, d'Ingrai & de Mezangei.
Dans les Coutumes il est fait mention de plusieurs sortes de Prevôts. Un Prevôt en garde, un Prevôt forain, un Prevôt vicomtal, un Prevôt hérédital. Il y avoit aussi autrefois des Prevôts Fermiers, qui étoient Fermiers des exploits, des amendes, des épaves, &c. On appelle aussi Prevôts, des Sergens de fief préposés par le Seigneur pour avoir soin des rentes & des affaires féodales.
     
Preyre
  T. n.m. En Albigeois, c'est un Sacrificateur, comme qui diroit Prieur, ou Prêtre.
     
Prié-Dieu
  T. n.m. Accoudoir en forme de pupitre, pour soutenir le livre de prières tandis qu'on est à genoux auprès. On prépare des prié-Dieu couverts de velours aux grandes cérémonies pour les Princes, les Prélats, &c.
     
Prieur
  T. n.m. Directeur ; Supérieur d'un Couvent de Moines ; Supérieure de Religieuses (prieure).
     
Prieuré
  T. n.m. Bénéfice dont est pourvû un Prieur. Un Prieuré simple n'oblige qu'à dire son Breviaire. Il y a des Prieurés qui sont Dignités, & qui ont la puissance de conférer les Bénéfices. Le Prieuré Claustral est au rang des Bénéfices doubles ; il a double fonction, & à l'égard des personnes, & à l'égard des biens. Le Prieuré Claustral ne peut être conféré en commende. Quand les Prieurés sont électifs confirmatifs, tels que sont ceux de l'Ordre de Saint Augustin, ils sont à la nomination du Roi. Les autres sont à la collation des Abbés. Un Prieuré Conventuel oblige à être Prêtre, même quand il est Commendataire. Il ne peut être changé en Prieuré simple. Il y a six Grands Prieurés de l'Ordre de Malte en France : le Grand Prieuré de Provence, d'Auvergne, de France, d'Aquitaine, de Champagne & de Toulouse. Le Grand Prieuré de France s'étend dans l'Île de France, la Normandie, l'Orléanois, le Poitou, l'Auxerrois, le Gâtinois, le Hurepoix, la Champagne, la Brie, la Picardie, l'Artois, le Hainaut, la Flandre, & le Pays de Liége.
     
Primat
  T. n.m. Archevêque qui a une supériorité de jurisdiction sur plusieurs Archevêchés ou Évêchés. L'Archevêque de Lion se dit Primat des Gaules. Les appellations des sentences des Officiaux de Paris, de Sens & de Tours, ressortissent à la Primatie de Lion. L'Archevêque de Bourges se prétend Primat d'Aquitaine. L'Archevêque de Rouen prend la qualité de Primat de Normandie.
     
Prime
  T. n.f. Terme de Bréviaire. C'est la première des Heures Canoniales qui se dit après Laudes. On lit le Martyrologe à Prime.
     
Prime
  T. n.m. Dans la division du marc d'argent, se dit de la 24e partie d'un grain ; ensorte qu'un grain est composé de 24 primes.
   
Primogenit
  Le premier-né ; les primogénits : les premiers engendrés. Synonyme d'aîné, qui s'emploie surtout pour désigner l'héritier légitime d'un prince souverain : on dira que le dauphin était le primogénit de France. Le droit d'aînesse ou de primogéniture, en usage sous l'Ancien Régime, avantageait l'aîné dans une succession.
   
Primogéniteur
  Notre premier ancêtre, fondateur de notre lignée et dont nous ne connaîtrons sans doute jamais l'identité
   
Principauté
 

T. n.f Souveraineté. Les ambitieux aspirent à la principauté, à l'indépendance. Les Principautés d'Orient sont absolues & tyranniques.
Principauté, est aussi la Terre ou Seigneurie qui donne le titre de Prince. Il y a plusieurs grandes Principautés en Allemagne. En France il y a la Principauté de Dombes auprès du Lionnois & du Beaujolois.

     
Prisée
  T. n.f. La valeur d'une chose estimée par autorité de Justice. Une veuve peut prendre son préciput en meubles, suivant la prisée, en y ajoutant la crue. On condamne à restituer des meubles, s'ils sont en nature ; sinon la juste valeur & estimation, suivant la prisée. On a fait faire la prisée de cette terre par des Experts nommés d'office.
On dit proverbialement, qu'une fille est demeurée pour la prisée, lorsqu'elle a refusé de bons partis, & qu'elle a vieilli sans être mariée
   
Prison
  T. n.f. Géole ; lieu fort & gardé pour retenir des criminels, des débiteurs & des captifs. On met les criminels dans les cachots, dans les lieux les plus noirs & obscurs de la prison. On fait expier souvent aux criminels une partie de leurs crimes par le supplice d'une prison plus affreuse que la mort. Les Maturins rachètent les captifs qui pourrissent dans les prisons des Infidèles.
     
Privilège
 

T. n.m. Passedroit, grace, prérogative ; avantage particulier dont jouit une personne à l'exclusion de plusieurs autres, & qui lui vient par le bienfait de son Souverain. Privilegium, praerogativa, jus praerogativum, immunitas. Le Roi ne peut abolir, ou supprimer les priviléges de la nation, ni révoquer les priviléges accordés à ses Sujets. Les plus beaux de tous les priviléges sont ceux des Sécretaires du Roi. Quand on prend une place par capitulation, on conserve d'ordinaire ses priviléges.
Le Prevôt de Paris est Conservateur des priviléges de l'Université. Il y a à Lion un Juge Conservateur des priviléges des foires, dont le tribunal s'appelle la Conservation.
Privilége, se dit aussi de la patente, & des lettres mêmes que l'on obtient. On met toujours le privilége au long, à la tête des livres qui s'impriment avec privilége. Les priviléges du Roi pour l'impression des livres sont accordés, afin que l'Auteur ou le Libraire ne soient point frustrés du fruit de leur travail par les contrefaçons, ou l'introduction des mêmes impressions faites en pays étranger. Les Libraires seuls ont le droit de débiter les livres que les Auteurs font imprimer à leurs dépens : ce n'est qu'à cette condition que l'on accorde des priviléges aux Auteurs. Quand on commença à prendre des priviléges en France, on s'adressoit au Parlement, qui les donnoit pour le Roi.

   

Prixfait

 

n.m. Les cultivateurs, moyennant un prix fait d'avance, se chargeaient de la culture et récolte de la terre. Très usité dans le sud-ouest notamment pour les vignes pour lesquelles le métayage était exceptionnel.
Le prixfait pouvait également être un devis.

   

Probage

  T. n.m. On appelle ainsi en Languedoc ces branches de vigne qu'on couche dans la terre pour leur faire pousser un cep. C'est ce qu'on appelle provin ailleurs. M. Ménage, au mot provigner, nous apprend que les Angevins disent provain. Il le devoit bien savoir, puisqu'il étoit d'Angers.
   
Probans
  Celui qui fait sa généalogie ascendante. Autrefois, il s'agissait d'une personne devant donner des preuves de noblesse. Les généalogistes utilisent de préférence le terme "De cujus".
     
Probation
  T. n.f. Terme de Religion. Épreuve, année de Noviciat qu'on fait faire à un Religieux dans un Couvent pour éprouver sa vertu, sa vocation, & s'il pourra soutenir les austérités de la Règle. L'année de probation d'un Novice ne commence que du jour de sa prise d'habit.
   
Probatoire
  T. adj. On donne ce nom aux Actes qui servent à examiner la capacité d'un Aspirant. Pour être Docteur de Sorbonne, il faut soûtenir trois Thèses, la Majeure, la Mineure & la Sorbonique. Tous ces trois Actes sont probatoires, & si le soûtenant ne répondoit pas bien, il seroit refusé. Après qu'il a soûtenu ces trois Thèses, il fait encore un Acte de Vespéries ; mais celui-ci n'est pas probatoire, il n'est que de pure cérémonie.
     
Procession blanche
  T. n.f. En 1583 les Ligueurs inventerent ce qu'on appelloit alors Processions blanches. On alloit avec croix, banniéres & torches allumées jusqu'à trois ou quatre journées de chemin, les yeux baissés, en bel ordre, deux à deux, & un linge blanc par-dessus les habits ordinaires. Quelques-uns même se mettoient nuds pieds, & tous portoient une petite croix d'une main, & un cierge allumé de l'autre. Un de la bande tenoit une lanterne pour conserver le feu par les champs, & pour fournir de la lumiére dans le besoin, lorsque les cierges venoient à s'éteindre. Les Prêtres suivoient, dont l'un portoit le St Sacrement sous un ciel blanc, soûtenu par les plus honorables de la bande. On chantoit plusieurs Cantiques.
     
Procession
  T. n.f. Cérémonie Ecclésiastique, qui se dit des prières que le peuple fait à la suite du Clergé qui va par dévotion visiter quelque lieu saint, quelque Église. On fait des Processions générales dans les Jubilés, & dans les autres dévotions & nécessités publiques.
     
Procureur
  T. n.m. Se dit aussi d'un Officier créé pour se présenter en Justice, & instruire les procès des parties qui le voudront charger de leur exploit, ou de leur procuration. Procureur au Parlement, au Châtelet, au Grand-Conseil, aux Comptes, &c. On ne peut révoquer un Procureur, qu'on n'en constitue un autre. On ne reçoit personne à plaider que par la voie d'un Procureur. Anciennement chacun étoit obligé de comparoir en personne aux assignations qui lui étoient données en Justice ; & quand l'affaire tiroit en longueur, il lui étoit permis de créer un Procureur en sa cause, encore falloit-il que ce fût par lettres du Prince, qui ne duroient que pendant le cours d'un Parlement. De là vient que les premières Lettres qui se trouvent au Protocole de la Chancelerie s'appelloient graces à plaidoyer par Procureur ; ce qui eut lieu jusqu'en l'an 1528. qu'il fut ordonné que toute procuration seroit continuée jusqu'à sa révocation. Anciennement on appelloit un Procureur, un Atourné.

Procureur Général, est un grand Officier qui est du corps des Magistrats, qui est l'homme du Roi ; la partie publique, qui seul peut conclure à peine afflictive, & qui doit avoir la communication de tous les procès où le Roi, le Public, les Mineurs, l'Église & les Communautés ont intérêt. M. le Procureur Général du Parlement de Paris, de la Chambre des Comptes, du Grand-Conseil, de la Cour des Aides, & de toutes les autres Cours Souveraines.

Procureur du Roi, Substitut de M. le Procureur Général, qui exerce la même charge dans les Siéges Présidiaux, ou Royaux, & subalternes, dans les Commissions particulières.

Procureur Fiscal, ou Procureur d'Office, est celui qui fait la même charge dans une Jurisdiction subalterne, & non Royale, qui a soin des intérêts du Seigneur du lieu, & du public.

Procureur de la Fabrique, ou des Fabriques, & en quelques lieux Procureur Fabricien ; c'est l'Administrateur des Fabriques d'une Église paroissiale. A Paris on l'appelle Marguillier.

Procureur de la Foi. C'est l'Officier qui fait fonction de la partie publique dans le Tribunal de l'Inquisition, comme les Procureurs Généraux dans les Parlemens, & les Procureurs du Roi dans les Siéges Présidiaux. Fidei Procurator. Quand l'Inquisiteur est mort, le Procureur de la Foi doit empêcher que les meubles & immeubles de cet Inquisiteur ne s'éloignent, en devant compter pardevant l'Inquisiteur Successeur & l'Inquisiteur à ses Supérieurs, qui sont les Cardinaux. Jean des Loix en son Inquisit. Ch. I.
     
Profectif
  T. adj. Terme de Palais. Les biens profectifs sont ceux qui viennent de la succession directe du pere, de la mere & des autres ascendans
     
Proficiat
  T. n.m. Certain droit que les Évêques levoient sur les Ecclésiastiques, & qui faisoit partie de ce qu'on appelloit les Louables Coûtumes.
   
Profiteroles
  T. n.m. Ce mot se disoit autrefois d'une pâte cuite sous les cendres. Maintenant les cuisiniers font encore des potages de profiterole avec de petits pains dégarnis de mie, sèchés, mitonnés, & garnis de béatilles.
     
Promoteur
  T. n.m. Ecclésiastique qui est la partie publique dans une Cour Ecclésiastique, en une Assemblée du Clergé, en un Concile, en une Chambre des Décimes, en une Officialité. Il requiert pour l'intérêt public, comme le Procureur du Roi dans les Cours Laïques. Par exemple, il fait informer d'office contre les Ecclésiastiques qui sont en faute, & pour maintenir les droits, les libertés & les immunités de l'Église. Il a soin de faire maintenir la discipline Ecclésiastique, de faire punir & de ranger les désobéissans à leur devoir.
     
Prone
  T. n.m. Annonce publique que le curé fait chaque dimanche à la messe paroissiale, qui récapitule tout ce que les fidèles doivent savoir des fêtes, jeûnes, heures des offices, bans, mandements épiscopaux, etc.
     
Propolis
  T. n.f. Cire vierge, de couleur rougeâtre ou jaune, dont les abeilles bouchent les fentes & les trous de leurs ruches, comme pour empêcher l'air & le froid d'y entrer. Cette matière est friable, & elle a une odeur approchante de celle des bourgeons du peuplier. On s'en sert pour faire percer les abscès ; on en fait aussi recevoir la vapeur, pendant qu'on la chauffe sur le feu, pour la toux invétérée.
     

Proseuque

 

T. n.f. Lieu où les Juifs faisoient leurs priéres, & qui différoit des Synagogues, en ce que celles-ci étoient dans les villes, & étoient des bâtimens complets & couverts, & que les Proseuques étoient dans les campagnes, ordinairement sur le bord des riviéres & sans couverture ; ou quand elles étoient couvertes, elles étoient couvertes par les côtés, comme sont nos halles.

   
Prospectus
  T. n.m. Mot Latin nouvellement introduit dans le commerce de la Librairie, particuliérement dans celui des livres qui s'impriment par souscription. Il signifie le Projet ou programme de l'ouvrage qu'on propose à souscrire, la matiére qu'il traite, le format & la quantité de volumes qu'il doit avoir, le caractère, le papier, soit grand, soit petit, qu'on veut employer dans l'édition ; enfin les conditions sous lesquelles se fait la souscription : ce qui comprend principalement la remise qu'on fait aux Souscripteurs, & le temps auquel l'ouvrage souscrit doit se délivrer.
Les Libraires publient des Prospectus pour avertir qu'ils vont imprimer de certains livres.
   
Prote
  T. n.m. Terme d'Imprimeur. C'est celui qui dans une Imprimerie est chargé du soin de revoir & de corriger le premier toutes les épreuves
     
Protêt
  T. n.m. Terme de Négocians. C'est un Acte de sommation faite par un Notaire ou Sergent à un Banquier ou Marchand, d'acquitter une lettre de change tirée sur lui par un correspondant, avec déclaration qu'à faute de ce, on renvoiera la lettre, & qu'on lui fera payer les changes & rechanges, & tous les dommages & intérêts. Un Négociant qui laisse venir à protêt des lettres de change, a bientôt perdu son crédit. Le protêt ne peut être suppléé par aucun autre Acte public, soit demande, sommation ou assignation.
   

Proueil

  T. n.m. Morceau de bois fourchu qui sert à attacher les boeufs à la charrette.
   
Provence
  T. n.f. Nom propre d'un des douze Gouvernemens généraux de France, & celui qui s'avance le plus vers le midi. Les Romains qui furent maîtres de ce pays, avant qu'ils conquissent le reste des Gaules, l'appellerent la petite Italie, & la Province des Romains, d'où elle a pris le nom de Provence. Elle s'étend depuis les Alpes jusqu'au Rhône ; ce fleuve la sépare du Languedoc, qui est au couchant, & les Alpes la séparent des États de Savoie, qui sont au levant. La mer Méditerranée la baigne au midi, & le Dauphiné avec le Comtat Venaissin, la confinent au nord. On lui donne quarante quatre lieues du couchant au levant, & trente-quatre du nord au sud. A la réserve du Rhône, qui n'en baigne qu'une petite partie, il n'y a point de rivière considérable : la Durance dont le cours est assez long, le Verdon & l'Argents ne sont que de grands torrens, inutiles à la navigation, & nuisibles aux campagnes par où ils passent, & qu'ils gâtent beaucoup par leurs grands débordemens. L'air est fort différent dans cette province ; vers les Alpes & le Dauphiné, il est froid ; le long de la côte, il est si doux, qu'on n'y voit que rarement de la neige & de la glace ; le milieu est un peu plus froid, mais pourtant fort tempéré. Toute la Provence est assez fertile ; vers les Alpes en grains & en pâturages ; & ailleurs en grains, vins, olives, figues, amandes, prunes, grenades, & toute sorte d'autres petits fruits. On y voit même le long de la côte, depuis Toulon jusqu'à Nice, des forêts d'orangers & des citronniers, qui croissent en pleine terre, de même que les autres arbres. Ses villes principales sont Aix capitale, Marseille, Arles, Toulon, Hiéres, Fréjus, Antibe, Grace, Vence, Draguignan, Brigole, Riez, Digne, Sisteron, Forcalquier, Manosque, Apt & Tarascon. Cette province a eu autrefois titre de Royaume, qui étoit le Royaume d'Arles, Elle eut ensuite ses Comtes particuliers & souverains, qui possédoient le Comté de Nice, le Comtat Vénaissin, & la ville d'Avignon. Ces pays en ayant été détachés, elle fut donnée telle qu'elle est aujourd'hui par Charles du Maine, dernier Comte de Provence, à Louis XI Roi de France. qui l'unit pour toujours à la Couronne, l'an 1481. Elle avoit autrefois ses États composés de tout le Haut-Clergé, de toute la Noblesse, & des députés des Vigueries & d'un certain nombre de villes ; mais depuis l'an 1639 on n'y a plus tenu que des assemblées, composées des Députés des villes, & des Procureurs du Clergé & de la Noblesse.
   

Provende

  T. n.f. C'est un boisseau qui contient la mesure de grain qu'on donne à une bête de travail pour sa nourriture ordinaire. En ce sens il n'est en usage qu'à la campagne. A la Ville on le dit de la provision de vivres dans une maison, dans une Communauté. Quand un Religieux va à la quête, on dit qu'il va à la provende.
   
Province
  T. n.f. Partie d'un Royaume, d'une Monarchie, d'un État, dans laquelle sont comprises plusieurs villes, bourgs, villages, hameaux, &c. sous un même gouvernement, & qui se distingue ordinairement par l'étendue d'une Jurisdiction spirituelle ou temporelle. Les Provinces étoient originairement des Duchés, Comtés, ou autres Seigneuries considérables qui ont été réunies sous un même Chef. Maintenant ce sont des Gouvernemens. L'Eglise a distingué ses Provinces par Archevêchés & Évêchés. Toute la Bretagne est de la Province de Touraine. Les Moines font les divisions particulières de leurs Provinces selon l'ancienneté & le nombre des Couvens, qui sont régis par un même Chef. La Province de Normandie, de Bretagne, d'Anjou, &c. Ce Gouverneur a trois Provinces sous lui.
   
Provision
  T. n.m. En termes de négoce, signifie aussi le salaire d'un Commis, d'un Facteur, d'un Commissionnaire, qui ordinairement s'estime à tant par cent de l'achat ou de la vente des marchandises qu'ils font pour le compte du Commettant.
   
Proxénète
  T. n.m. Courtier, entremetteur d'un marché. Ce mot vient du Grec, Courtier. On donne ce nom aux honnêtes Entremetteurs qui vont vendre des Offices, qui font des mariages, ou autres affaires.
   
Prud'homme
 

T. n.m. se dit de certains Artisans jurés & nommés pour visiter des marchandises. Le Roi a créé des Prud'hommes pour la visite des cuirs. Les Savetiers élisent deux Prud'hommes pour faire la visite au défaut des Jurés. Ils font, en ce corps, la même chose que les Bacheliers dans les autres.

Prud'homme. A Marseille on donne ce nom aux Juges des Pêcheurs. Ils connoissent de tout ce qui concerne la pêche. Ils peuvent condamner sans appel à deux sols d'amende.

     
Prud'homme
  T. n.m. Ce mot signifioit autrefois, Homme sage, prudent & expérimenté. Maintenant on ne le dit qu'odieusement en parlant d'un vieillard, d'un bon homme qui vit à l'ancienne mode.
Prud'homme, en terme de Pratique, se dit des Experts qu'on nomme en Justice pour visiter & estimer des choses sur lesquelles on est en contestation. Les rachats de fief se peuvent payer au dire de Prud'hommes, qui font l'estimation de l'année du revenu. On a nommé des Experts & Prud'hommes pour visiter les réparations.
     
Prunelaie
  T. n.f. Lieu planté de pruniers.
     

Psautier

 

T. n.m. Le Pseautier est distribué dans le Breviaire pour l'Office de la semaine. Il y a une infinité de Commentaires & de Paraphrases sur le Psautier. On appelle aussi Psautier, le Livre de l'Église qui contient les Pseaumes.
Psautier, chez les Religieuses, se dit aussi d'un grand chapelet. Cette fille a un Pseautier pendu à sa ceinture. On l'appelle ainsi, à cause qu'il y a 150 grains, qui égalent le nombre des Pseaumes de David. On tient que c'est Saint Dominique qui en a été l'Inventeur.
Psautier Vêtement de Religieuses ; voile dont elles se couvrent la tête & les épaules.

     
Puberté
 

T. n.f. État des filles qui ont atteint l'âge de douze ans, ou des garçons, celui de quatorze. On appelle la pleine puberté, l'âge de dix-huit ans. L'âge de puberté est une majorité naturelle pour contracter mariage.

   
Publication
  T. n.f. Notification qu'on fait dans les assemblées & lieux publics, d'une chose qu'on veut que tout le monde sache. On fait au Prône des proclamations & publications de bans pour les mariages, pour les enchères des decrets, &c. On a fait la publication d'un monitoire. La publication des bans n'est pas nécessaire au mariage, & elle n'en touche point la validité. Il se fait des publications à cri public, à son de trompe, par des affiches, &c. On faisoit autrefois des publications d'enquêtes, lorsqu'on en faisoit l'ouverture, & qu'on les tiroit d'un sac, dans lequel elles avoient été envoyées closes & scellées par le Commissaire-Enquéteur ; & alors on n'étoit plus recevable à donner des reproches contre les témoins.
   
Publicité
  T. n.f. Notoriété. Il n'a guère d'usage qu'en parlant d'un crime commis à la face de tout le monde. La publicité du crime le rend encore plus punissable.
   
Puîné
 

Tout enfant né après l'aîné, à l'exception du benjamin. On disoit autrefois maisné, pour né après, comme on disoit ainsné pour dire né auparavant.

   

Pulvérage

  T. n.m. Droit seigneurial du Dauphiné sur les troupeaux de moutons qui passaient sur les terres d'un seigneur, qui tire son origine de la poussière qu'ils soulevaient et de la nourriture qu'ils prenaient au passage
     
Pupille
  T. n.m. Fille au dessous de douze, ou garçon au dessous de quatorze ans ; impubère ; qui est sous l'autorité d'un Tuteur. Par le Droit, on donnoit un Curateur aux mineurs ; & on cessoit de les appeller pupilles. Une fille pupille ne se peut marier sans l'autorité du Tuteur. Un Tuteur est obligé en son nom de payer les intérêts des deniers oisifs de son pupille. Les Tuteurs peuvent tout pour leurs pupilles, & ne peuvent rien contre eux. Dans les pays coutumiers on appelle les mineurs pupilles, jusqu'à leur majorité.
   
pupitre
  T. n.m. Petit meuble de bois fait d'un ais incliné sur un rebord qui l'arrête par le bas. Il est propre à soutenir un livre, & commode aux étudians. Il y a des pupitres portatifs qu'on peut mettre auprès du feu. Dans les grandes Bibliothèques il y a toujours quelque tablette disposée en pupitre. Il y a des pupitres qui tournent sur des roues, & qui portent trente ou quarante volumes. Les écoliers dans les Classes, les Chantres dans quelques Églises, ont des pupitres devant eux pour mettre leurs livres. Les lutrins d'Église sont de grands pupitres.
   
purée
  T. n.f. Jus ou suc qu'on tire des pois. La première purée se tire des pois, lorsqu'ils cuisent ; la seconde, lorsqu'on les écache, & qu'on les passe dans une passoire. On fait du potage de purée les jours maigres. On fait aussi des purées de féves, de lentilles & autres légumes. Les ivrognes appellent quelquefois le vin, de la purée de Septembre.
     

Puritains

 

T. n.mpl. Les Puritains furent ainsi nommés, parce qu'ils affectoient d'être plus purs que les autres Protestans en tout ce qui regardoit la Religion. C'est pour cela qu'ils refusoient de s'assembler dans les Eglises qui avoient servi aux Catholiques, & qu'ils ne vouloient pratiquer ni retenir aucun de leurs usages ou cérémonies ; de sorte que dans leurs commencemens un de leurs Ministres aima mieux perdre mille écus de pension qu'on lui donnoit, que de porter l'habit clérical, ou le bonnet quarré seulement, comme faisoient les autres
Les Puritains sont aussi nommés Presbytériens, & sont grands ennemis des Evêques, & de l'Eglise Anglicane On les appelle aussi Consistoriaux, parce qu'ils veulent que tout se rapporte aux réglemens des consistoires. Ils soûtiennent que la parole de Dieu étant parfaite, & ayant été donnée par notre Seigneur Jesus-Christ pour unique fondement des choses qui regardent la Religion, tout ce qui s'y fait pour le regard du culte & de l'administration est illicite, s'il n'est appuyé sur cette parole ; si bien que c'est un mal de contraindre un Chrétien à aucun acte de Religion, dont on ne peut montrer la raison dans l'Ecriture ; que tout ce qui a été institué par les hommes doit être rejetté ; que c'est une superstition qu'un homme quel qu'il soit institue aucune cérémonie de Religion, & la mêle avec les cérémonies & les mystères que Dieu a établis ; que la Congrégation des hommes s'assemblant ordinairement pour le vrai service de Dieu, est la véritable Eglise visible de notre Seigneur Jesus-Christ, & que l'on donne improprement ce nom aux Synodes & aux Conciles ; que toutes ces Eglises ou Assemblées sont égales, & de même autorité ; qu'aucune de ces Eglises n'a été assujettie par Jesus-Christ à aucune jurisdiction Ecclésiastique supérieure, mais est seulement sujette à celle qui s'ouvre en elle-même, sans que les autres aient pouvoir sur elles ; que leurs ames sont laissées au jugement immédiat de notre Seigneur, de même que leurs corps au Magistrat civil, lequel seul peut ordonner sur la terre des Eglises, ou des Assemblées ; que chaque Eglise établie doit avoir nécessairement près d'elle ses Ministres & ses Gouverneurs ; que toute Eglise désignée a pouvoir de notre Seigneur J. C. d'élire & d'appeller tous ses Supérieurs Ecclésiastiques & spirituels, & qu'il n'est pas raisonnable qu'un seul gouverne deux Eglises ;

   
Putassier
  T. n.m. Homme qui aime, qui cherche les putains ; qui fréquente les mauvais lieux. Sous François I. n'étoit galant qui ne fût putassier indifféremment. Ce putassier s'est retiré de la débauche, & s'est enfin marié ; il est bas.