Thèmes A B Ca-Ch Ci-Cy D E F G H IJK La-Li Lo-Ly Ma-Mi Mo-My

N O PA-PI PL-PY Q R S T U V-Z

 

 

 

 

 

 

 

 

 

     
Tabac
  T. n.m. Herbe qui fut envoyée de l'Amérique en France l'an 1560, & dont l'on tortille ordinairement les feuilles en manière de corde, pour s'en servir ensuite à divers usages, comme on le peut voir plus bas. Le tabac est le seul encens de Bacchus. On l'appelle aussi petun : c'est le nom qu'elle avoit à la Floride. Une débauche de goinfre est une pinte de bière & une pipe de tabac. On rapporte d'une personne qui s'étoit dessèché le cerveau à force de prendre du tabac, qu'après sa mort on ne lui trouva dans la tête qu'un petit grumeau noir, composé de plusieurs membranes.
On prend du tabac en poudre par le nez. En machicatoire, en le mâchant dans la bouche ; & en fumée par le moyen d'une pipe, ou petit canal de terre, au bout duquel on le met ; & on l'allume. Outre l'usage du tabac en poudre, en fumée & en machicatoire, on le prend encore en petites boulettes longues que l'on met dans les narines, & l'on prétend qu'il a des effets très-salutaires. Le tabac du Brésil est meilleur, dit-on, pour cela qu'aucun autre. Quelques-uns en saupoudrent les feuilles, de sucre, pour qu'il se conserve plus long-temps, d'autres l'enferment dans une boëte de plomb, ou dans un lieu frais & humide, d'autres enfin l'enveloppent d'un linge mouillé de bière. On déplie les feuilles une seconde fois, on les étend, & on en fait de petites boulettes longues que l'on met & qu'on laisse quelque temps dans les narines ; elles attirent beaucoup d'eau & de pituite, déchargent la tête, dissolvent les catarres, & rendent la respiration plus libre. Car les parties les plus subtiles du tabac pénètrent par la respiration dans la trachée-artère & jusqu'au poulmon, elles détachent les humeurs qui y adhèrent & les font cracher plustôt, & avec beaucoup de soulagement. On rapporte plusieurs exemples des effets salutaires de ce remède. Quelques-uns même laissent pendant le sommeil le tabac dans le nez, mais l'on a éprouvé qu'il causoit des vomissemens le lendemain matin.
   
Tabagie
  T. n.f. Lieu destiné pour fumer du tabac. Il fait de sa maison une vraie tabagie. On donne aussi ce nom à une sorte de petite cassette dans laquelle on serre du tabac, des pipes, & tout ce qui est nécessaire pour fumer.
C'est aussi un lieu où l'on va fumer à tant par tête. Dans toutes les villes maritimes & autres grandes villes, il y a des tabagies publiques, où l'on fournit des pipes, du tabac & de la biére à discrétion, à un certain prix réglé par tête, ensorte que ceux qui fument & boivent beaucoup, ne payent pas plus que ceux qui font moins de consommation. Ces sortes de cabarets s'appellent autrement Estaminets.
   
Tabarin
  T. n.m. C'est ainsi qu'on appelle ordinairement celui qui fait le métier de Farceur, dans les places publiques.
Bouffon très-grossier, étoit valet de Mondor Charlatan de la Place Dauphine, vers le commencement du dix-septième siècle. Les plaisanteries de Tabarin ont été imprimées plusieurs fois à Paris & à Lion avec privilége, sous le titre de Recueil des Questions & Fantaisies Tabariniques. Elles ne roulent que sur des matières d'une grossièreté insupportable, & qui ne peuvent plaire qu'à la canaille.
   
Tabatière
  T. n.f. Petite boëte qu'on porte en poche, où l'on met du tabac en poudre. On fait des tabatières fort propres avec des fruits des Indes. On en fait d'ivoire & d'écaille, fort ouvragées. On en fait aussi d'argent & d'or, qui s'ouvrent avec des ressorts. M. de la Chaumette, de l'Académie de Bordeaux, a trouvé la manière de faire une tabatière dont le couvercle est formé de deux battans, qui se relèvent & se rejoignent aussi-tôt après qu'on les a abbaissés & séparés pour prendre du tabac, de sorte qu'on peut en prendre sans tirer la tabatière de sa poche, & sans qu'il s'y en répande.
Fille ou femme d'un homme qui distribue, qui vend du tabac. Il y avoit à Bruxelles une Bourgeoise qui avoit usurpé le nom de Belle, & qu'on appelloit la Belle Tabatière, parce qu'elle étoit fille d'un Marchand de tabac.
Ce nom jusqu'à présent n'a été donné qu'aux boëtes où l'on met le tabac en poudre. Mais comme il y a d'autres endroits que Bruxelles, où des femmes sont ainsi nommées, le mot de Tabatière pourroit bien dans la suite prendre faveur pour signifier tout à la fois la boëte à tabac, & la femme ou la fille de celui qui le vend.
   

Tabellion

 

T. n. m. Qui ne se dit à la rigueur, que d'un Notaire dans une Seigneurie, ou Justice subalterne, pour recevoir les actes qui se passent sous scel authentique, & non royal, & qu'on prétend ne porter point d'hypothèque hors du ressort de la Seigneurie. Les Seigneurs Châtelains, & Hauts-Justiciers ont droit d'établir un Tabellion. Les Greffiers des petites Justices sont aussi Tabellions. Ce mot n'est guère en usage qu'en certaines provinces. Il y en a pourtant encore où les Notaires Royaux sont appellés Tabellions Royaux, pour les distinguer des Tabellions des Seigneurs Hauts-Justiciers, ou subalternes.
Les Tabellions étoient autrefois différens des Notaires, en ce que les Notaires ne faisoient que dresser, & recevoir la minute de l'acte qui ne se délivroit qu'en papier, au lieu que les Tabellions les délivroient grossoiés & en parchemin en forme exécutoire ; & on disoit alors tabellionner, pour dire, grossoyer. C'étoient eux qui apposoient les sceaux aux contrats, & qui les rendoient exécutoires. Les Clercs qui faisoient partie de leur famille, & qui écrivoient sous eux, furent par la suite du temps appellés Notaires, & ont emporté l'avantage sur leurs Maîtres ayant été eux-mêmes érigés en titre d'Office, par Édit de 1542.

     
Tabellionage
  T. n.m. Droit Seigneurial. Le droit de Tabellionage consiste à pouvoir instituer des Notaires, pour instrumenter les contrats & les conventions des parties. En quelques provinces, le droit de Tabellionage est domanial, comme la garde du scel aux contrats. Il y a en Normandie des Tabellionages, où sont des tableaux affichés publiquement, dans lesquels les femmes séparées, sont obligées de se faire inscrire, suivant les règlemens de 1555. & 1600. Le Tabellionage est un droit domanial de la Seigneurie. On le vend, & on l'afferme.
     
Tabis
  T. n.m. Gros taffetas qui a passé sous la calendre. On l'applique sur un cylindre où il y a plusieurs ondes gravées ; ce qui rend la superficie de l'étoffe inégale, & plus enfoncée en un endroit qu'en l'autre, & fait réfléchir à nos yeux la lumière différemment. C'est ce qui y fait paroître les ondes, sans qu'on y ajoute aucune eau ni teinture ; & c'est la principale preuve qu'ont les Philosophes modernes, pour prouver que les couleurs ne sont que des apparences.
   
Table (cadastre)
  Classement alphabétique des propriétaires. Dans les compoix languedociens, les nobles figurent à la lettre N, et les possesseurs encore indivis après décès sont à la lettre H (héritiers).
   
Tables décennales
  Relevé du contenu (alphabétique, décennal) d'après les tables annuelles, Ces tables étaient réalisées au greffe du Tribunal
   
Tables filiatives
  Relevé du contenu des registres d'état-civil avec les filiations
   
Table à couler
  T. n.f. Ce qu'on nomme ainsi dans les Manufactures des glaces de grand volume, est une table de fonte de plus de cent pouces de longueur, & du poids de douze ou quinze milliers, sur laquelle on coule le verre liquide dont on fait les glaces.
   
Tabletier
  T. n.m. Celui qui fait des ouvrages de tabletterie, & des ouvrages délicats de menuiserie, comme des trictracs, des billes, des boules d'ivoire, &c. il fait aussi des crucifix & autres petites figures.
     
Tablier
  T. n.m. Terme usité en Bretagne, particuliérement à Nantes, pour signifier un Bureau ou Recette des droits du Roi.
On nomme aussi à la Rochelle Droit de Tablier & Prevôté, un droit de 4 deniers par livres de l'évaluation des marchandises sortant par mer de ladite ville pour les pays étrangers & la Bretagne seulement.
     
Tablouins
  T. n. m. Terme d'Artillerie. Planches, ou madriers dont est faite la plate-forme où l'on place les canons, que l'on met en batterie. Elles soutiennent les roues des affuts, & empêchent que la pésanteur du canon ne les fasse enfoncer dans les terres. On fait un peu pancher cette plate-forme vers le parapet, afin que le canon ait moins de recul, & qu'il soit plus aisé de le remettre en batterie.
   
Tachéographie
  T. n.f. ou tachygraphie. L'art d'écrire vite. On a inventé différentes sortes de Tachéographie. En France & ailleurs la Tachéographie se fait en retranchant des lettres ou des syllabes entières des mots. Ainsi l'on met sdm, pour secundum, aut avec un trait par dessus pour autem ; d pour sed, o pour non. St. pour Saint ; Sacrmt, pour Sacrement ; participaon, pour participation. Les premiers Imprimeurs imitoient ces abbréviations. Aujourd'hui elles ne sont plus en usage que chez les Notaires & les Praticiens, & parmi les Écoliers, qui écrivent ce qu'on leur dicte.
     
Taffetas
  T. n.m. Étoffe de soie mince & unie. Elle sert d'ordinaire à faire des doublures ou des habits fort légers, des coëffes, des écharpes & des rubans. Le taffetas armoisin vient d'Italie & de Lion. Il y en a de toutes couleurs, Celui d'Avignon s'appelle demi-armoisin, & est le moindre. Le taffetas d'Angleterre est le meilleur. Les taffetas & tabis se distinguent par le nombre des fils en chaque dent de peigne. Il y en a à trois, ou quatre fils d'autres, à six ou à huit fils. Les taffetas qui ont demi-aune demi-quart sont appellés par les Marchands cinq octaves.
   

Taillable

 

T. adj. Qui est sujet à la taille, qui est contribuable aux tailles. Tous les roturiers & gens de trafic sont taillables. Les villes franches se sont rendues taillables par les deniers d'octroi, & les impositions qu'elles ont faites sur elle mêmes. On appelle taillable de poursuite, ceux que l'on peut poursuivre pour leur taille imposée, & abandonnée, quand ils se transportent dans une autre Paroisse. On appelle en Bourgogne des sujets taillables haut & bas : c'est-à-dire, au plaisir & à la volonté du Seigneur : tels sont les hommes de servitude & de main-morte, qui pendant toute leur vie sont taillables, & à leur décès mortaillables. On appelle aussi leurs héritages mortaillables.

   
Taillandier
  T. n.m. Artisan qui fait des instrumens & outils tranchans, qui aiguise de gros ferremens sur la meule. En plusieurs lieux on les appelle oeuvres blanches. Les Taillandiers font des forces pour les Tondeurs, des faux pour les paysans, des haches, des cognées pour les Bucherons, des serpes, rabots, ciseaux, & toutes sortes d'outils pour les Ouvriers. On appelle aussi Taillandiers, les Ouvriers en fer blanc, qui font des lanternes, des entonnoirs, &c. Et que le peuple appelle Ferblantiers.
   

Taille

  T. n.f. Etoit autrefois un droit seigneurial, & l'on voit dans les Coutumes, que plusieurs héritages tenus roturièrement, devoient taille.La pluspart des Seigneurs avoient droit de taille aux quatre cas, ce qu'on appelloit aussi droit de loyaux aides ; savoir quand le Seigneur étoit pris prisonnier en juste guerre ; quand il faisoit son fils aîné Chevalier ; quand il marioit sa fille aînée à un Gentilhomme ; quand il alloit au voyage d'Outremer. Les tailles qui n'excédoient pas sous Charles VI la somme de 40 000 liv. augmenterent sous Charles VII jusqu'à la somme de 1 800 000 liv. au rapport de M. De Sully, & consécutivement sous Louis XI jusqu'à 4 740 000 liv. sous Charles VIII jusqu'à près de six millions. Sous Louis XII jusqu'à 7 640 000 liv.
On appelloit tailles franches, celles qui étoient dûes aux quatre cas par un homme libre & franc, ou tenant héritages affranchis, ou à devoir d'argent ; & tailles serves, celles qui étoient dûes par des hommes de condition servile, ou de morte taille. Elles étoient réelles, ou personnelles. La personnelle s'imposoit sur le corps des taillables, & cette taille suivoit le serf, ou homme de main-morte en quelque part qu'il se transportât. C'est pourquoi la Coutume de Troies les appelle taillables de poursuite. On a beaucoup parlé depuis quelques années de rendre la taille proportionnelle, c'est-à-dire, de trouver un moyen d'éviter les désordres & les injustices qui se font dans l'imposition & la répartition de la taille, & de faire ensorte que chacun en paye à proportion de ce qu'il en peut & doit porter. La taille s'appelle souvent colletage dans les Coutumes, dans les Ordonnances de nos Rois, & dans nos vieux Auteurs.
La taille jurée, étoit celle qui se payoit sans s'enquérir de la valeur des biens des habitans, dont est fait mention en plusieurs anciens Arrêts, que les Seigneurs imposoient sur leurs sujets à volonté, ou selon l'abonnement qui en avoit été fait avec eux.
Taille mortaille, étoit celle qui se levoit par le Seigneur sur les hommes de corps & de servile condition, savoir la taille une fois par chacun an, soit à la volonté du Seigneur, soit selon quelque abonnement ; & la mortaille se payoit au décès seulement de l'homme de serve condition, sur les biens qu'il délaissoit, soit qu'il eût des enfans ou non.
On appelloit la taille du pain & du vin, l'impôt que mettoient les Seigneurs sur ces marchandises.

Taille, se dit maintenant de la grande imposition qu'on fait tous les ans, de la part du Roi, sur le peuple & les roturiers, pour soutenir les charges de l'État. Les tailles se lèvent ordinairement par capitation, & par contribution personnelle. Il y a pourtant des tailles réelles, comme en Languedoc & en Provence, où elles se lèvent sur les héritages roturiers seulement. Il y a des lieux où elles sont mixtes, c'est-à-dire, réelles & personnells, parce qu'elles s'imposent sur les personnes, mais à proportion de leurs biens. Les Nobles, les Ecclésiastiques, & les Officiers du Roi sont exempts de tailles mixtes, ou personnelles. Ceux qui dérogent, qui font trafic, sont imposés à la taille, sont compris dans le rolle des tailles. Les Élûs reçoivent les commissions des tailles, vérifient & arrêtent les rolles particuliers des tailles. Les habitans d'une Paroisse sont obligés de nommer tous les ans des Asséeurs & Collecteurs des tailles. Ceux-ci portent leurs deniers aux Receveurs des tailles.
On appelloit ci-devant grande taille, l'ancienne & la première imposition des tailles, sur le pied de laquelle on règloit la crue, le taillon, la subsistance, & autres augmentations qui y ont été faites depuis. Autrefois on disputoit à qui seroit le plus haut à la taille. Il s'est fait de temps en temps diverses Ordonnances & Règlemens sur les tailles. Les tailles furent mises sur le peuple du temps du Roi St Louis, qui a le premier levé la taille par forme de subsides nécessaires pendant la guerre ; mais les tailles n'étoient d'abord que des levées extraordinaires. On les levoit par capitation. Ce droit est depuis devenu perpétuel. Philippe le Bel, pour lever des impôts avec plus de sûreté, & sans soulever le peuple, fit intervenir le peuple que l'on appella le tiers Etat, dans l'Assemblée générale des États. On y consentoit à des aides, ou subsides, qui étoient reçus par des Généraux des Aides préposés par les États : dans les besoins des Rois, & sur-tout sous la Branche des Valois, les impositions s'accrurent sensiblement : en particulier on inventa le fouage, qui fut levé d'abord par tête, & pour une fois seulement. C'est ce qu'on a appellé la taille. En 1388 Charles VI augmenta ce droit qui n'étoit que de vingt sols par tête sous le Roi Jean, & Charles V & l'appella taille. Le nom est demeuré. Il en excepta les Nobles, les Ecclésiastiques, & les pauvres Mendians. C'est Charles VII qui a rendu les tailles perpétuelles. Le Roi Henri II a imposé le taillon par forme de crue, pour la paye de la Gendarmerie.
Ce mot en ce sens vient de cette taille de bois des Marchands détailleurs, parce que les Paysans qui ne savoient pas écrire, s'en servoient pour marquer ce qu'ils recevoient d'une telle imposition : ce qui est si vrai, que Borel assûre qu'il y a encore des villages en Languedoc, où l'on garde de grosses pièces de bois qu'on appelle des souqs, c'est-à-dire, des souches, qui servent de cadastres, c'est-à-dire, de règle, ou de pied pour faire l'assiète de la taille ; & même on en apporte souvent dans des charettes à la Chambre des Comptes de Montpellier, pour règler quelques différends sur les cadastres ou assiètes des tailles.
Taille, s'est dit pour la septaine & le territoire d'une ville. C'est en ce sens qu'il est pris dans le titre de la Coutume de Lille
   

Taille abonnée

  T. n.f. Taille Seigneuriale imposée dans certaines Coûtumes par le Seigneur aux gens de condition servile, & à laquelle ils se sont soûmis pour se rédimer & affranchir de la taille arbitrale, ou d'autres droits & corvées que les Seigneurs exigent de leurs serfs avec beaucoup de dureté.
   
Taille méche
  T. n.m. Instrument avec lequel les Ciriers coupent de longueur les méches qu'ils emploient aux bougies de table. C'est la même que le couteau à méche des Chandeliers.
   
Taillette
  T. n.f. Espéce d'ardoise que l'on taille sur les carrières d'Anjou
   
Tailleur
  T. n.m. Qui taille, qui façonne. Un Tailleur de pierres de taille ; c'est celui qui équarrit & taille les pierres, après que l'Appareilleur les lui a tracèes. Un Tailleur de diamans. On appelle absolument Tailleur, celui qui fait les habits. Il y a des Tailleurs pour homme, & des Tailleurs pour femme. Sartor.
Tailleur, se dit aussi des Graveurs en fait des monnoies, qui font les poinçons d'effigies, & les matrices qui servent à fraper & à monnoyer les espèces. Il y a des Tailleurs généraux, & des Tailleurs particuliers. Il y a un Tailleur général à Paris, & un en chaque Monnoie. Le Tailleur général a été créé en 1547 & il n'appartient qu'à lui de faire des poinçons d'effigie & des matrices. Le Tailleur particulier s'appelle autrement Graveur, & c'est celui qui frappe les quarrès qui servent dans les autres Monnoies.
   
Tailleur de sel
  T. n.m. On nomme ainsi à Bourdeaux & dans toute sa direction, des Commis préposés à la mesure & visite des sels qui y arrivent.
     

Taillon

  T. n.m. Seconde taille ou imposition faite à la manière de la taille. Les anciens rôles des tailles se faisoient par articles, grande taille, taillon, crue, subsistance, &c. Le taillon a été établi l'an 1549 par Henri II pour l'entretien, vivre & munitions des gens de guerre, sur les plaintes du peuple des désordres que faisoient les gens d'Ordonnance. On levoit le taillon par une commission, & sur un rolle particulier. Il y avoit aussi des Receveurs particuliers du taillon. La solde des Prevôts des Maréchaux étoit assignée sur le taillon.
     
Talagognes
  T. n.mpl. On appelle ainsi en Languedoc des bois de sapins débités en petit. Ils payent les droits forains & la réappréciation comme les balançons.
     
Talanche
  T. n.m. Droguet qui se fabrique dans plusieurs lieux de la Généralité de Bourgogne. Il est fait avec de la laine sur fil, mais dont le fil est filé gros, & la laine est commune & grossiére.
   

Talion

 

T. n. m. Peine égale & semblable au crime commis. Le talion est une rétribution ou punition toute pareille au mal que l'on a fait à un autre, laquelle on exprime par ces paroles, Oeil pour oeil, dent pour dent.

   
Talmelier
  T. n.m. Qui étoit autrefois le synonyme de Boulanger. Ce mot se trouve encore dans les Statuts & Lettres de maîtrise de ce métier, dont les Maîtres sont appellés Boulangers Talmeliers.
   
Talonnier
  T. n.m. Ouvrier qui ne fait que des talons de bois, soit pour hommes, soit pour femmes.
   
Tambour
  T. n.m. Instrument militaire qui sert particulièrement dans l'infanterie, tant pour assembler les soldats, que pour les faire marcher, combattre, & en d'autres occasions. Cet instrument fort en usage dans la guerre, est composé d'une espèce de caisse ronde, aux deux bouts de laquelle sont appliquées deux peaux de parchemin que l'on tend, on bande plus ou moins selon le ton qu'on veut qu'elles expriment, & que l'on bat ou frappe avec deux baguettes ou bâtons pour en tirer le son.
Ce mot vient de l'Espagnol tambor, qui est pris de l'Arabe altambor, parce qu'il vient originairement des Sarrasins.
Tambour, est aussi un soldat destiné à battre la caisse. Il y a un Tambour Major dans chaque régiment. En chaque compagnie d'Infanterie il y a du moins un Tambour. Il y en a aussi dans les Mousquetaires du Roi & dans les Dragons.
   
Tamis
  T. n.m. Sas ; vaisseau rond au milieu duquel il y a un tissu de toile de crin, ou de soie, par lequel on passe les drogues pulvérisées, ou qu'on veut monder & épurer pour en retirer le plus délié. Le tamis sert aux Parfumeurs à passer leurs poudres, il est d'ordinaire couvert. Le tamis simple sert aux Apoticaires à monder la casse, & à d'autres semblables usages. On passe l'émeril par le tamis fin, pour avoir de la poudre à polir les verres de lunettes.
   
Tamiseur
  T. n.m. Terme de Verrerie. C'est celui qui prépare & tamise les charrées qui servent à la fonte des matiéres dont on fait le verre.
   
Tan
  T. n.m. Poudre menue d'écorce de chêne, qui sert à la première préparation des cuirs. Elle est faite d'écorce de jeune chêne battue dans de gros mortiers par la force des roues d'un moulin à tan.
   
Tannerie
  T. n.f. Lieu propre pour tanner les cuirs. Grand bâtiment près d'une rivière, avec cours & angars, où l'on façonne le cuir, pour le tanner & durcir, comme les tanneries du fauxbourg St Marceau à Paris.
   
Tanqueurs
  T. n.m. Terme de Marine. Portefaix qui servent à charger & décharger des navires ou gabarres. On les appelle autrement Gabarriers. Dans les Ordonnances, ce sont ceux qui se mettent en l'eau, & apportent à terre sur leurs épaules les hommes ou leurs hardes, ou qui les portent de terre dans le vaisseau, lorsqu'il ne peut approcher de terre.
     
Tante
  T. n.f. Terme relatif. Soeur de mon père, ou de ma mère. On le dit aussi de la femme qu'a épousé le frère de mon père, ou de ma mère : ce qui fait la distinction des tantes paternelles, ou maternelles. Grande-tante, est celle qui a les mêmes qualités à l'égard de mon ayeul, ou de mon ayeule. Les filles orphelines sont mises à la garde de leurs tantes.
   
Tapabor
  T. n.m. Bonnet à l'Angloise, qu'on appelle aussi sur la mer, Bourguignotte. C'est un bonnet qui sert le jour & la nuit, & dont on abat les bords sur les épaules pour se garantir du vent & du hâle.
   
Tapecul
  T. n.m. C'est la partie chargée d'une bascule, qui sert à abaisser & à lever un pont levis, & qui est presque en équilibre avec lui.
Tapecul, se dit encore d'une poche que les Capucins portent, dit-on, sous leurs habits par derrière, parce qu'elle leur bat les fesses.
     
Tapisserie
  T. n.f. Pièce d'étoffe, ou d'ouvrage, qui sert à parer une chambre, à en cacher les murailles. On fait des tapisseries de haute & basse lice, au métier, avec de la laine, de la soie ; & on les rehausse d'or & d'argent. La manufacture des tapisseries des Gobelins est une chose merveilleuse, aussi-bien que celle de la Savonnerie. Celles de Flandre, d'Oudenarde, d'Auvergne, sont infiniment au-dessous. On fait aussi des tapisseries de cuir doré, de brocard de Venise, de satin de Bruges, de Brocatelle. Les tapisseries des pauvres sont de Rouen, de Bergame, faites de fil, de laine & de coton, & elles se travaillent comme la toile.
   
Taque
  T. n.f. On ne connoît que sous ce nom-là en certains endroits de la Champagne ce que par tout ailleurs on appelle contre-coeur, qui, selon l'Académie, est une plaque de fer qu'on attache contre le milieu du mur de la cheminée pour le conserver.
   
Tarentaise
  T. n.f. Nom propre d'une contrée de la Savoie. Elle a titre de Comté, & elle est située entre le Faucigni, la Savoie propre, la Maurienne & le Duché d'Aouste. Elle est extrêmement montagneuse, & ses lieux principaux sont Monstiers capitale, & Saint Maurice.
   
Tarière
  T. n.f. Outil d'Ouvriers en bois, qui sert pour le percer, & y faire de gros trous. Les Charpentiers font des trous avec des tarières pour y faire passer des chevilles. Les Charrons se servent aussi de tarières pour percer le moyeu des roues, & y faire entrer des aissieux.
   
Tarif
  T. n.m. Table ou catalogue de plusieurs choses appréciées chacune selon sa valeur, ou de la taxe qu'on fait des droits qu'elles doivent payer à proportion de leur prix. Quand on fait un décri ou une réformation des monnoies, on en fait un tarif qui contient le poids, le titre & la nouvelle valeur de chacune.
Dans les Douanes il y a un tarif ou évaluation des épiceries & de toutes autres sortes de marchandises, ou de la taxe des droits qu'elles doivent payer. Dans le Roman Bourgeois il y a un tarif ou évaluation des partis sortables pour faire facilement les mariages. La Philosophie a cet avantage de n'employer aucun terme, qu'elle ne l'ait auparavant défini, c'est-à-dire, qu'elle n'en ait marqué le poids & la valeur, comme dans un tarif, que le caprice des particuliers ne peut plus altérer ni changer. Péliss.
   

Tarif

  T. n.m. Il y a en quelques provinces, un impôt qu'on appelle absolument tarif, comme à Alençon. C'est un droit que les habitans ont imposé sur eux-mêmes, pour tenir lieu de taille, sur les marchandises qui se débitent dans leur ville, dont ils ont fait une taxe & un tarif.
   

Tarif

  T. n. m. Se dit encore d'une évaluation de certains droits que les Récipiendaires sont obligés de payer au Roi, en se faisant pourvoir d'une charge, & en ce sens on dit, le Tarif du marc d'or, le tarif du sceau.
   
Tarot
  T. n.m. C'est un instrument à anche, & à vent qui a onze trous, & qui sert de basse aux concerts de Musette. Le tarot s'appelle ordinairement basson.
   
Tarots
  T. n.mpl. Qui se dit d'une espèce de cartes à jouer, dont se servent les Espagnols, les Allemans & autres étrangers, qui sont marquées d'autres figures que les nôtres, comme copas, dineros, espadillas, bastos, &c. au lieu de coeurs, carreaux, piques & trefles. Elles ont d'ordinaire l'envers imprimé de divers compartimens.
   
Tarotier
  T. n.m. Ouvrier qui fait des tarots. C'est un nom qu'on donne aux Cartiers faiseurs de cartes à jouer, dans leurs statuts de 1594.
     
Tartalane
  T. n.m. Espéce de toile fine qui a beaucoup de rapport à la mousseline. Les femmes font des coëffes, des manchettes & des stinkerques de tarlatane. Lorsque les hommes portoient des cravates, longues, amples, tortillées, elles étoient souvent de tarlatane.
   
Tartane
  T. n.f. Terme de Marine. C'est une barque de pêcheur, ou de voiture, qui n'a ni la poupe, ni la proue élevée, & qui se sert aussi de rames. Sur la Méditerranée, les tartanes sont assez en usage. Elle ne porte qu'un grand mât avec une misaine. Sa voile est à tiers point ; & quand elle est de trait quarré, on l'appelle voile de fortune. Ces vaisseaux sur l'Océan s'appellent traversiers.
     
Tarte boubonnoise
  T. n.f. Sont de certains bourbiers dangereux qui sont dans les prés, ou dans les chemins de Bourbonnois, où les hommes & les cavaliers s'abîment tout-à-fait, & d'où on ne les peut retirer sans un prompt secours.
   
Tassée
  T. n.f. Plein une tasse. Une tâssée de vin.
   
Tata
  T. n.m. Terme enfantin. C'est une lisière qu'on attache au dos des robes des petits enfans à qui on apprend à marcher, par où leurs Nourrices les tiennent, pour empêcher qu'ils ne tombent. Cet enfant est encore au tata, sa Nourrice le tient par le tata.
   
Taudis
  T. n.m. Petit grenier, ou petit logement étroit, sale & mal-propre, où logent de petites gens. Petit grenier dans le faux comble d'une mansarde. C'est aussi un petit lieu pratiqué sous la rampe d'un escalier, pour servir de bucher, ou pour quelque autre commodité.
     
Taupier
 

T. n.m. Paysan qui s'attache à prendre des taupes. La taupière est une petite trape ou machine à prendre des taupes. C'est un bâton creux, avec une petite soupape de fer au milieu, qui obéit & se lève à l'entrée de la taupe, & qui s'abaisse & se ferme quand elle est dedans. On la met au trou où les taupes fouillent.

     
Tauraille
  T. n.f. Jeunes taureaux. Troupeau de boeufs.
     
Taure
  T. n.f. Jeune vache qui n'a point encore souffert les approches du taureau ou vache qui n'a jamais eu de veau quoiqu'elle soit pleine. C'est l'usage général des gens de la campagne. Ils étendent même ce nom de taure à toute jeune vache qui a eu un ou deux veaux. S'ils ont une vache de cette espéce en vente, & qu'on s'avise de dire qu'elle est vieille, ils répondent aussitôt que ce n'est qu'une taure, qu'elle n'a jamais mis bas qu'un, que deux veaux.
     
Taureau banal
  T. n.m. Taureau d'un Seigneur qui a droit de faire venir chez lui toutes les vaches de la Seigneurie qu'on veut mener au taureau. On le dit figurément d'un homme débauché, & qui court après toutes les femmes.
   
Taux
  T. n.m. Prix établi par ordre de Justice aux denrées. Le Grand Prevôt de l'Hôtel, celui de l'armée, mettent le taux aux vivres pour la suite de la Cour, dans les camps. Les Officiers de la suite enlèvent les marchandises, & les payent au taux du Roi.
Taux, se dit aussi du prix que mettent les Marchands de leur propre autorité aux marchandises qu'ils vendent en leur boutique, dans les villes mal policées. Un Libraire en France met le taux à ses Livres, il les vend ce qu'il lui plaît.
Taux du Roi, se dit aussi des règlemens que le Roi fait de temps en temps pour fixer la qualité des intérêts des rentes constituées, ou des sommes qu'on adjuge en Justice, & même du prix des monnoies. Autrefois le taux du Roi des intérêts étoit au denier 16. En 1634 on l'a mis au denier 18, & depuis au denier 20.
Taux, signifie aussi, cottisation ou quote-part que chaque particulier doit porter d'une imposition, qui est faite sur une Communauté. Ce paysan a été surchargé de taille cette année, il lui sera difficile de payer son taux.
     

Tavayole

 

T. n.f. Toilette dont on se sert en quelques cérémonies de l'Église, comme pour rendre le pain beni, ou pour présenter des enfans au Baptême. Elle est faite de toile bordée de dentelle, & quelquefois toute de point, & d'autres ouvrages.
Ce mot vient de touaille, qui s'est dit autrefois pour une nappe ou serviette, de tobalea & tabula, table

   
Taverne
  T. n.f. Cabaret, lieu où l'on vend le vin en détail ; boutique de Marchand de vin, dont la marque est un treillis de bois avec un bouchon. Les tavernes sont proprement les lieux où l'on vend le vin par assiète, & où l'on donne à manger : mais on appelle proprement cabarets, les lieux où l'on vend seulement du vin sans nappe & sans assiète qu'on appelle à huis coupé, & pot renversé. Le mot de taverne emporte avec soi quelque idée plus fâcheuse que celui de cabaret. Par les loix, une taverne & un mauvais lieu sont également infâmes. Les débauchés, les ivrognes sont appellés piliers de tavernes.
Il y a quelques Coutumes qui font mention de tavernes bannales, où les tenanciers des Seigneurs étoient obligés d'aller prendre du vin.
     
Tayon
  T. n.m. Terme des Eaux & Forêts. C'est un gros arbre. Comme qui diroit un arbre fort vieil ; car tayon, signifie un aïeul. Un tayon est un chêne qui a les trois âges de la coupe du bois. C'est un chêne réservé depuis trois coupes, qui a trois fois l'âge de taillis. On fait venir ce mot du Latin atavus, parce qu'on a dit autrefois tayon pour signifier grand-père.
   

Taxation

 

T. n. f. Terme de Finance. Il n'a guère d'usage qu'au pluriel. Droit de tant pour livre, qu'on accorde aux Trésoriers qui ont de grands manimens, outre leurs gages, pour les dédommager des frais qu'ils sont obligés de faire dans l'exercice de leurs charges. On accorde des taxations de quatre ou cinq deniers pour livre aux Trésoriers de l'Extraordinaire de la guerre. On vend les charges avec les gages, droits & taxations y attribuées.

   
Taxe
  T. n.f. voir taux. Prix qu'on met aux denrées par quelque règlement de Police. On doit punir un boulanger qui vend le pain plus cher que la taxe.
   
Teigne
  T. n.f. Galle épaisse qui vient à la tête, avec écailles & croutes, de couleur cendrée, & quelquefois jaune, hideuse à voir, avec une senteur puante & cadavereuse. Il y a trois sortes de teigne. La première est appellée squammeuse, à cause que quand on la gratte, il en sort plusieurs écailles semblables à du son. La seconde a sous sa croute jaunâtre de petits grains de chair rouges comme ceux d'une figue. La troisième est corrosive, qui a plusieurs ulcères & petits trous, d'où sort une sanie sanglante & puante, de couleur plombine ou jaunâtre.
   
Teignerie
  T. n.f. Terme de l'Hopital général de Paris ; pour dire, le lieu de l'Hopital où l'on panse les teigneux.
     
Teiller
  T. v. Détacher le chanvre, la filasse de l'écorce du bois où elle tient. Les uns teillent le chanvre avec la main en longs filets ; d'autres brisent le bâton de chanvre dans un instrument fait exprès. En Berri & en d'autres provinces, on dit tailler le chanvre au lieu de teiller. C'est une faute.
   
Teinturier
  T. n.m. Qui fait métier de teindre Il y a des Teinturiers de grand teint, & d'autres de petit teint. Les Teinturiers de la ville de Rouen sont divisés en trois fonctions, en Guéderons, Garenceurs & Noircisseurs. Il y a de nouveaux statuts des Teinturiers de l'année 1669. qui portent la qualité des drogues qui doivent être employées à la teinture, suivant les diverses couleurs, & selon le mérite & le prix des étoffes. Les Teinturiers du grand & bon teint ne peuvent teindre en petit teint, & ne doivent avoir chez eux que les drogues appartenantes au bon teint : & ceux du petit teint ne peuvent teindre en bleu, à cause du pastel qui appartient au bon teint, & ne doivent avoir chez eux que les drogues qui appartiennent au petit teint. Ils ne doivent teindre que des frisons, tiretaines, petites serges à doubler, &c. qui ne vaudront au plus que 40 sols l'aune en blanc.
   
Télier
  T. n.m. On nomme ainsi dans quelques Provinces de France l'Ouvrier qui travaille en toile, en linge ouvré & en canevas. Il s'appelle ailleurs Tisserand.
     
Telle
  T. n.m. Petit Canton, qui appartient au Vexin & au Beauvaisis. C'est le nom d'une forêt abondante en tilleuls, qui s'est insensiblement communiqué à tout le terrain qu'elle occupoit anciennement
   
Tenailler
  T. v. Tourmenter un criminel avec des tenailles ardentes : ce qu'on ne fait qu'à ceux qui ont attenté à la personne du Roi. Par arrêt du Parlement de Paris on tenailla Ravaillac aux mammelles, aux bras & aux cuisses, pour avoir assassiné Henri IV Il ne se dit que dans ce sens. On ne dit point tenailler du bois pour le remuer avec la tenaille, ni tenailler du fer.
   

Tenanche

  T. n. f. S'est dit autrefois pour tenure.
   

Tenancier

 

T. n. m. Qui tient & possède le domaine utile des héritages, dont la directe appartient au Seigneur. On assigne tous les tenanciers lors de la confection d'un papier terrier, pour faire de nouvelles reconnoissances des droits & devoirs seigneuriaux.
Tenancier, se dit aussi quelquefois des Fermiers d'une petite métairie dépendante d'une plus grosse ferme.

   

Tenans et aboutissans

  T. n. m. Sont les héritages voisins qui bornent une terre de tous côtés, lesquels doivent être exprimés & déclarés en action réelle ou hypothécaire, afin que le Défendeur ne puisse point ignorer pour quel héritage il est poursuivi.
   

Tènement

 

T. n. m. Terme de Pratique. Métairie dépendante d'une Seigneurie. Ce qui est tenu à foi & hommage du Seigneur dominant, & qu'il peut retraire par puissance de fief, lorsque le cas échet.

   
Teneur de livres
  T. n.m. Commis qui tient les Mémoires & charge les Livres des faits de commerce, de crédit & débet. Ce sont des gens fort employés chez les Marchands des villes, comme Lion, Rouen, &c.
Juré Teneur de Livres. C'est celui qui est pourvû par Lettres patentes de Sa Majesté, & qui a prété serment en Justice, pour vaquer à la vérification des comptes & calculs, lorsqu'il y est appellé.
   
Tensement
  T. n.m. Terme de Coutume. Droit imposé tant sur les maisons, que sur les héritages. Le tensement devoit être payé en argent, ou en espèce ; & en plusieurs titres, il est convenu outre le cens.
   

Tenure

  T. n. f. Terme dont on se sert en matière féodale. Mouvance, dépendance, & étendue d'un Fief. Cette terre est dans la tenûre, de la tenûre d'un tel Marquisat, d'un tel Duché. Ac. Fr. Les Seigneur & Vassal communiqueront l'un à l'autre leurs aveux, dénombremens & titres de la tenûre du Fief. Dans l'ancienne Coutume de Normandie, tenûre est la manière pourquoi les héritages sont tenus des Seigneurs ou par hommage, ou par parage, par sommage, ou par aumône.
   

Terceau

  T. n.m. Terme de la Coutume de Chartres. Droit de vin qui se prend par le Seigneur à la cuve, ou autre vaisseau à vin. Le Sujet, avant que de tirer son vin, doit avertir le Seigneur, son Procureur, Receveur ou Commis, de venir prendre le terceau, à peine de 60. sols d'amende.
   
Terjetter
  T. v. Terme de Verrerie. C'est vuider dans les pots à cueillir la matiére propre à faire le verre, qui a été préparée & mise en parfaite fusion dans les deux pots du grand ouvreau, & dans les deux autres pots du derriére du fourneau à verre.
     

Terminaire

 

T. n.m. Les Ordres Mendians ont partagé entre eux depuis très-long temps les bourgs & villages où chaque Couvent doit faire la quête, afin de ne se point nuire les uns aux autres, & de ne point donner occasion à des scandales. Chaque Couvent envoie aussi un Religieux prêcher dans les lieux de son district. Ce Prédicateur s'appelle Terminaire

     
Terrage
  T. n.m. Terme de Coutume, Droit Seigneurial, qui se dit en plusieurs lieux pour signifier la même chose que champart, qui se lève comme la dixme, de dix ou douze gerbes, l'une. On l'appelle aussi en quelques endroits agrier. De là on a appellé Terrageur & Terrageau, le Seigneur auquel appartenoit le droit de terrage.
Le droit de terrage est un droit que les Seigneurs prennent dans leurs Terres sur certains héritages, soit sur les bleds, soit sur les fruits qui en proviennent, comme il est marqué dans la Coutume de Blois. Il est parlé des terrages ou champarts dans les Coutumes de Dun, de Bourbon, de Poitou, de S. Jean d'Angéli, d'Amiens & de la Marche. Les terres soumises au droit de terrage sont appellées terrageries dans la Coutume de Poitou, terre à terrage dans les Coutumes de Berri, & terres terragées ailleurs.
   
Terrage
  T. n.m. On nomme ainsi en Bretagne, particuliérement à Nantes, un droit qui se léve sur les sels qui se déchargent au-dessous des ponts de ladite ville.
   
Terrassier
  T. n.m. Ouvrier qui travaille à des terrasses. Entrepreneur qui enlève ou qui remue des terres ; car on donne ce nom aussi-bien à l'Entrepreneur qui se charge de la fouille & du transport des terres, qu'aux gens qui travaillent sous lui à la tâche, ou à la journée.
   

Terre grade

 

T. n. m. Terme de Coutume. Matière de Terre grade, c'est quand il est question, entre parties, de fins, bornes, limites, ou des chemins

   
Terre-neuve
 

Île de Terre-neuve. C'est une Île du Canada en l'Amérique septentrionale. Elle est à l'entrée du golfe de St Laurent. Sa figure est triangulaire, & son circuit environ de quatre cens lieues. Elle a un grand nombre de bons ports, qui servent de retraite aux vaisseaux François, Anglois, Hollandois, &c. qui vont à la pêche des morues autour de cette Île, dans le golfe de St Laurent, sur le grand Banc, & sur le petit, qui sont à l'orient de cette île. Il y a dans tous ces endroits une si grande quantité de cette sorte de poissons, qu'ils embarrassent quelquefois les vaisseaux, & qu'un bon pêcheur avec ses lignes (car on n'y pêche pas autrement) en prend jusqu'à 3 ou 400 par jour. Cette île a ses habitans naturels, sauvages comme les autres Canadois. Les François y ont deux petites colonies, Plaisance & la Baie des Trépassés. Les Anglois y avoient celle de Ferryland, qui fut ruinée par les François l'an 1696 Au reste, on comprend quelquefois sous le nom de Terre-neuve, toutes les îles qui sont dans le golfe de St Laurent, dont les principales, après celle de Terre-neuve, sont Anticosti, S. Jean & le Cap Breton.

   
Terneuvier
  T. n.m. Vaisseau ou bâtiment de mer destiné & équippé pour aller en Terre-neuve faire le commerce & la pêche des morues.
   
Terrier
  Registre contenant le dénombrement des particuliers qui relevaient d'une seigneurie avec leurs obligations, et leurs redevances. Sous l'ancien régime la grande difficulté était leur mise à jour. Des édit ont tenté de la réglementer en instituant dans certaines provinces une obligation de mise à jour tous les 20 ans (Auvergne, Bourbonnais, Lyonnais, Forez, Beaujolais, Mâconnais). A Paris, et dans les autres provinces la mise à jour ne devait s'effectuer que tous les 30 ans.
     
Terroir
  T. n.m. Terre considérée selon ses qualités. Les plantes, les arbres, ne viennent bien que selon que le terroir leur est propre. Les saules, les aunes, les peupliers demandent un terroir humide & marécageux ; la vigne un terroir sec, pierreux & de roche ; le bled un terroir gras & fertile. Le terroir des landes ne se cultive point, parce qu'il est trop ingrat.
On dit que le vin a un gout de terroir, quand il a quelque qualité désagréable, qui lui vient par la nature du terroir où la vigne est plantée.
     
Terser
  T. v. Terme de vigneron. C'est donner un troisième labour, une troisième façon à des vignes. Il est temps de terser les vignes. Il y a des provinces où cela s'appelle rebiner.
   
Teston
  T. n.m. Ancienne monnoie de France, qui a eu différens prix. On a commencé à les fabriquer sous Louis XII. en 1513. & alors ils étoient du poids de 7 deniers, 12 grains & demi. On les appelloit testons à cause de la tête du Roi, qui y étoit représentée. On n'avoit point fabriqué en France, sous la troisième race, de monnoie d'argent aussi pesante que celle des testons, & il n'en reste point depuis le commencement de la Monarchie, qui soient de ce poids. Avant les testons on ne faisoit en France que des gros ; qui ne valoient que deux sols.
   

Testament

  T. n. m. Acte solennel & authentique, par lequel un homme déclare sa dernière volonté pour la disposition de son bien, & de sa sépulture. Un testament n'a effet qu'après la mort : il est toujours révocable jusques-là. On peut faire des testamens mutuels, aussi-bien que des donations mutuelles. Par une Ordonnance de Louis XIII, tous testamens holographes sont bons & valables par tout le Royaume, sans qu'il soit besoin de plus grande solennité : on les a autorisés à cause de la nécessité du secret & du mystère.
Les testamens holographes sont ceux qui sont écrits, & signés de la main du Testateur. Si le testament est fait devant deux Notaires, il suffit qu'il soit signé du Testateur ; & s'il est fait devant le Curé, ou un seul Notaire, il faut deux témoins avec lui. Ces témoins doivent être âgés de 20 ans accomplis, & non Légataires. Il faut que le testament soit lû & relû au Testateur pour être valable.
Comme les testamens sont les actes les plus exposés aux surprises & aux fraudes, il a été nécessaire d'y apporter toutes sortes de précautions, ou pour empêcher que la volonté des défunts ne fût éludée, ou pour éviter qu'on n'abusât de la foiblesse des mourans. Les testamens holographes ont paru les plus favorables aux Législateurs François parce qu'ils découvrent plus sûrement & plus naturellement la volonté du Testateur. Leur solennité est fort simple, ou plustôt leur simplicité fait toute leur solennité. Le Testateur ne peut avoir été surpris, puisque son esprit & sa main travaillent de concert.
   
Testonner
  T. v. Accommoder la tête & les cheveux. Les Courtisans sont toujours bien peignés & bien testonnés.
   
Têtu
  T. n.m. Terme de maçon. Gros marteau qui sert à démolir.
   
Texier
 

T. n.m. C'est un des noms que l'on donne à l'Ouvrier qui travaille à la fabrication des toiles, des canevas & des linges ouvrés. On l'appelle plus ordinairement Tisserand.

   
Thé
 

T. n.m. Quelques Médecins écrivent Tay. C'est un petit arbrisseau domestique de la hauteur des groseilliers ou grenadiers & myrthes, fort estimé & d'un grand usage chez les Chinois, les Japonois, & dans toutes les Indes orientales. Ils l'appellent Cha ou Theia. Il croît en la Province de Kiagnon, près la ville de Hoicheu, & auprès de Nankin, & presque dans toute la Chine. Il y en a aussi au Royaume de Siam. Le meilleur de tous est celui du Japon. On dit qu'il en vient aussi en Tartarie. Il a la feuille petite comme celle du sumach des Corroyeurs, dont il est une espèce, selon quelques-uns ; mais sa feuille tire davantage sur le jaune, & les branches sont ornées de plusieurs fleurs blanches & pâles, semblables à celles des Cistus dont le milieu est occupé par plusieurs étamines. Sa graine est noirâtre, & l'arbrisseau croît en trois ans malgré les neiges & les rigueurs de l'hiver. Il a des racines fibreuses & dentelées. On fait un breuvage de sa première feuille qui naît au printemps, qu'on cueille feuille à feuille avec les mêmes soins qu'on fait les vendanges en Europe. On la fait chaufer & sécher ; & après l'avoir gardée en des vaisseaux d'étain bien bouchés, si on la jète dans de l'eau bouillante, elle reprend sa première verdure, & donne une teinture verdâtre à l'eau avec une odeur & un goût agréable. Les Chinois ne boivent que l'eau où la feuille a trempé, le plus chaudement qu'ils peuvent. Les Japonois boivent l'eau & la poudre qu'ils y ont laissé infuser. On en met le poids d'un écu sur un bon verre d'eau & on y mêle un peu de sucre pour corriger son amertume.
Elle est si différente en bonté, qu'il y en a dont la livre vaut 100 ou 150 francs ; d'autre qui ne vaut que deux écus. Il y en a même à sept deniers. Les Hollandois la vendent en France 30 livres, & elle ne leur coute que 10 sols. Sa bonne marque est d'être verte, amère & sèche, en sorte qu'elle se brise avec les doigts.
Elle guérit la goutte & la gravelle, & on croit qu'elle est la cause de ce qu'on n'entend point parler de ces maux à la Chine & dans l'Inde, & de ce que les peuples parviennent à une extrême vieillesse. Elle guérit les indigestions de l'estomac. Elle désenivre, & donne de nouvelles forces pour boire, & dissiper les vapeurs qui causent le sommeil. Elle fortifie la raison que le vin affoiblit, & guérit soudain la migraine & les douleurs de ventre. Nous avons dans l'Europe, & sur tout en France, la mélisse qu'on appelle aussi piment, citragon, & en quelques provinces du baruel, qui a les mêmes vertus que le thé & plus sûres, à ce qu'on prétend.
Les Chinois en prennent en toutes rencontres, & sur tout à diner. Ils en offrent aux amis qu'ils veulent régaler. Les plus modérés en prennent trois fois par jour ; les autres dix fois, & à toute heure. Les personnes de la plus grande qualité font gloire de le préparer eux-mêmes dans leurs appartemens les plus magnifiques & ont plusieurs vaisseaux de prix pour cet effet. Nous connoissons maintenant en Europe trois sortes ou espèces différentes de Cha ou de Thé. La première espèce, qui est la plus connue & la plus estimée, est le thé verd, dont la feuille est plus petite, & qui fait l'eau plus verte. Il est digestif, il est même trop corrosif, & les Chinois n'en prennent que par ragoût, comme on se sert en Europe des vins de liqueurs. Il n'est pas usuel ; ceux qui à leur repas ne boivent que du thé, ne se servent point de celui-là. Il est plus agréable au goût. Il a un petit goût de violette. La seconde espèce est le thé noir qui teint l'eau d'une couleur plus foncée, il n'est pas si agréable que le thé verd. Il est d'un meilleur usage. On l'appelle le thé voui, ou boui, & les Chinois le nomment Voui Teha. Le troisième est le thé rouge, ou thé Tartare, Honan Teha ; qui teint l'eau d'un rouge pâle, & qu'on prétend être extrémement digestif. On dit que les Tartares qui mangent la chair presque toute crue, s'en servent pour aider la digestion. Il est le moins agréable de tous. On le vend en boule. Il a un goût de terre, & très-desagréable, quand on n'y est pas accoutumé.

   
Thétière
  T. n.f. Vase à faire bouillir l'eau pour le thé.
   

Thonnieu

  T. n.m. Droit ou Gabelle de Thonnieu. C'est un droit que le Duc de Bouillon prend sur chaque tonneau & poinçon de vin ou autre breuvage vendu en gros, ou qui se transporte par ses Ordonnances,
   
Tic
  T. n.m. Sorte de mouvement convulsif auquel quelques personnes sont sujettes. Moliére avoit un hoquet ou tic de gorge qui rendoit d'abord son jeu désagréable à ceux qui ne le connoissoient pas.
   
Tierce
  T. adj. Terme de Médecine. On appelle Fiévre tierce, celle dont les accès reprennent tous les trois jours inclusivement, c'est-à-dire, qu'il y a un jour d'intervalle entre deux accès. Elle est intermittente ou continue, simple, double, ou triple.
     

Tierce

 

T. n.f. La seconde des Petites Heures du Bréviaire, qu'on appelle Canoniale, Prime, Tierce, Sexte & None. On dit Tierce avant la Grand'Messe.
Terme de Religieuses, qui se dit de la Compagne que la Supérieure envoie pour entendre ce qui se dit au parloir, quand quelque personne du monde vient parler à une Religieuse. La Soeur qui sert de tierce au parloir, sera soigneuse d'écouter tout ce qui s'y dit. Cette Compagne s'appelle aussi Soeur-écoute.

     
Tiercer
  T.v. Terme d'Agriculture, qui signifie, donner aux terres le troisième labour, la troisième façon, comme on dit biner de la seconde. On le dit pareillement de la troisième façon des vignes. Il y a quelques Provinces où l'on dit rebiner.
     
Tiercier
  T. adj. Qui se dit d'un boisseau dans la Coutume de Poitou, Un boisseau tiercier est un boisseau deux fois aussi large qu'il est profond.
   
Tierçon
  T. n.m. Sorte de caisse de bois de sapin, dans laquelle on envoie les savons blancs en petits pains, & les savons jaspés en pains ou briques.
     
Tiers
  T. n.m. Tiers et danger. Terme d'Eaux & Forêts. C'est un droit qui appartient au Roi, & à quelques Seigneurs, & sur tout en Normandie, sur les bois possedés par les vassaux, qui consiste au tiers de la vente qui se fait d'un bois, soit en argent, ou en espèce, & outre cela au dixième. Ainsi de 30 arpens, c'est 13 arpens ; de 3 000 livres c'est treize cens livres. Quelques-uns ne payent que le danger qui est le dixième. La dernière Ordonnance déclare le droit de tiers & danger imprescriptible.
   
Tille
  T. n.f. Instrument dont se servent les Tonneliers, les Couvreurs & les autres Artisans, qui est hache & marteau tout ensemble ; car d'un côté il a un large tranchant en forme de hache, & de l'autre il a une tête plate. La tille est à peu près faite comme la hache d'armes, excepté que celle-ci étoit toute de fer, & que la tille a un manche de bois. La tille se nomme autrement Hachette, Aissette, & Assette.
   
Timbre
  T. n.m. Cloche sans battans & immobile, qu'on frappe à la main avec un marteau, ou que fait sonner un jaquemart. Dans les Cloîtres il y a un timbre pour appeller les Religieux au Réfectoire. Les horloges, les montres sonnantes ont aussi un timbre qui est frappé par un marteau autant de fois qu'il faut qu'elles sonnent d'heures. On en met aussi dans les beffrois des villes pour faire un signal.
   

Timbre

 

n.m. Impôt institué en 1655 qui établissait un droit de marque sur les papiers et parchemins sur lesquels devaient être écrits certains actes. Une ordonnance de 1680 fixa la liste des actes à dresser sur papier timbré : tous les actes judiciaires, notariés, quittances et acquits des droits du roi, passeports, congés, contraintes, diplômes, nominations, provisions, registres d'actes de baptême, mariage et sépultures.
Le parchemin timbré était lui réservé aux arrêts de jugements, contrats de vente, échange, constitutions, obligations, lettres de chancellerie...
Le nombre maximum de lignes par page était également déterminé. Flandre, Hainaut, Cambrésis, Artois, Alsace et Franche-Comté étaient exempts de droit de timbre.

   
Timonnier
  T. n.m. Cheval qu'on met au timon du carrosse, qui est opposé à celui qu'on met à la volée.
   
Timonnier
  T. n.m. En termes de Marine, est le matelot qui tient le timon, ou la barre du gouvernail, qui fait son quart, & qui est posté devant l'habitacle.
     
Tine
  T. n.f. Petit vaisseau en forme de cuve, dont on se sert en plusieurs lieux pour porter les vendanges de la vigne à la maison ou au pressoir. Le tinet est le gros bâton dont on se sert pour porter les tines.
   
Tinette
  T. n.f. Petit vaisseau fait de douves, & plus étroit par en bas que par en haut, qui sert d'ordinaire à garder du beurre salé. On fait grand trafic de tinettes de beurre en Hollande. On s'en sert aussi dans les offices & cuisines pour y recevoir les égouts des fontaines, ou pour y laver plusieurs choses. L'Ordonnance de 1639. sur les Gabelles dit : Ne pourront les Marchands faire amener aucuns beurres pour vendre, soit en pots, tinettes, barils, ou autres vaisseaux, où il y ait aucun sel net en nature, & permis de visiter, sonder & fluster lesdits pots, tinettes, barils, ou vaisseaux, &c.
   
Tintamârre
  T. n.m. Bruit que font les Vignerons en frappant sur leur mârre pour se donner quelque signal. Pasquier dit que ce mot vient du bruit que font les Paysans, quand ils font tinta sur leur mârre, pour avertir ceux qui sont éloignés de quitter leur besogne, & que midi est sonné ; car en quelques lieux, & sur-tout à Montpellier, ils quittent à midi. Il dit aussi, que Jean Duc de Berri fit un Règlement sur le travail des Vignerons & Paysans, qu'il limita depuis six heures du matin jusqu'à six heures du soir. Mârre est un instrument de labour qui avoit le même nom chez les Latins. Tintamârre signifie tinte ta mârre. On dit encore en plusieurs lieux, mârrer les vignes, pour dire, les labourer.
     
Tirasse
  T. n.f. Grand filet de Chasseur qu'on traîne par la campagne, qui sert à prendre du menu gibier, comme cailles, perdrix, &c
     
Tire-fient
  T. n.m. Terme d'Agriculture. Instrument de Laboureur, espèce de fourche propre à tirer du fumier, & dont les dents, qui sont de fer, au lieu d'être emmanchées droites, sont renversées & courbées un peu : au bout d'en haut de ces deux dents est une douille dans laquelle on met un manche de trois pieds de longueur, & gros de trois pouces de tour.
   
Tire-fond
  T. n.m. Est un outil de Tonnelier, qui est fait en façon de cercle ou d'anneau de fer, qui a une pointe tournée en vis. Il sert à élever la dernière douve du fond d'un tonneau pour la faire entrer dans le jabie. Il sert aussi à barrer les portes en dehors par le moyen d'un bâton qu'on passe à travers. Les tire-fonds sont aussi d'un grand usage à l'armée pour les cavaliers qui veulent attacher leurs chevaux à quelque porte ou à quelque arbre qu'ils rencontrent.
   
Tire-pied
  T. n.m. Courroie qui prend depuis le pied jusqu'au genou du Cordonnier, & qui lui sert à tenir ferme le soulier qu'il coud.
   

Tire-tête

  T. n.m. Instrument ainsi nommé par son inventeur M. Dussé, célèbre Accoucheur à Paris, parce qu'il est destiné à tirer l'enfant par la tête dans les accouchemens naturels, mais laborieux. Il est très-lisse & très-poli, n'ayant ni pointe, ni tranchant. Il est si mince, qu'il n'augmente pas d'une ligne la partie de la tête qu'il embrasse. Cependant il est construit de manière qu'il a toute la force nécessaire pour tirer l'enfant sans le blesser, & sans qu'il y ait aucun déchirement à craindre pour la mère.
   
Tirot
  T. n.m. Petit bateau. On dit aussi soustirot qui est encore un petit bateau.
   

Tisane

  T. n.f. Les Médecins disoient autrefois ptisane. Potion rafraîchissante faite d'eau bouillie avec de l'orge & de la réglisse. On y ajoute quelquefois du chiendent, de l'oseille, du sené, pour la rendre laxative, purgative.
   
Tiseur
  T. n.m. Il se dit dans les Manufactures de glaces du grand volume, de celui qui a soin d'entretenir le feu dans le four à couler.
C'est aussi celui qui sert le Gentilhomme Verrier dans la fabrique du verre, & qui tient au feu la felle toutes les fois qu'il faut échauffer la matiére pour la souffler, ou que le Gentilhomme a besoin de prendre haleine. On l'appelle aussi le Fouet.
   
Tisserand
  T. n.m. Ouvrier qui fait de la toile. En quelques endroits on l'appelle texier, telier, & tissier, d'où sont venus plusieurs noms de familles semblables. On le dit aussi des ouvriers qui font du drap de laine ou des étoffes de soie, on dit alors tisserand en drap.
   
Tisseur
  T. n.m. ou tissier. Ouvrier qui travaille sur le métier avec la navette, à la fabrique des étoffes de laine.
   
Tissotier
  T. n.m. On appelle ainsi les ouvriers qui font des rubans, galons, passemens, guipures, &c. au métier. Ce mot vient de tissu.
   
Tissutier
  T. n.m. Rubanier, Artisan qui fait des rubans, des franges, des boutons, de la toile de soie, & autres tissus. Taeniarius. Les Maîtres Tissutiers-Rubaniers font un Corps séparé d'avec les Ouvriers en draps d'or & de soie, & ne peuvent faire d'ouvrages qu'au-dessous d'un tiers d'aune de largeur, ni avoir chez eux des métiers des étoffes de la grande navette, par Arrêt du Conseil du 8 Avril 1666.
     
Titre
  T. n. m. acte authentique créant un droit ou destiné à faire preuve de droits
     
Tocane
  T. n.m. Terme de Gourmets & de Marchands de vin. La tocane se boit après les vendanges, & dure cinq ou six mois. C'est le vin nouveau de Champagne, principalement d'Ay, qui se boit dans la nouveauté, & qui ne peut se garder que six mois. La tocane est fort violente, & porte un goût de verdeur qui la fait estimer.
   
Toilerie
  T. nf. Marchandise de toile. Les Statuts des Maitresses Toilières portent, qu'on élira tous les ans des Jurées de la Marchandise de toilerie & lingerie de Paris.
   

Toilette

  T. n.f. Se dit des linges, des tapis de soie, ou d'autre étoffe, qu'on étend sur la table pour se deshabiller le soir, & s'habiller le matin ; l'on dit un coffre de toilette, un miroir de toilette, une toilette de brocard, de satin, de velours, de point de France. Le quarré où sont les fards, pommade, essence, mouches, &c. la pelotte où l'on met les épingles dessus, & les pierreries dedans, la boëte à poudre, les vergettes, &c. sont des parties de la toilette. Les femmes se rassemblent aux Tuileries, pour montrer une belle étoffe, & pour recueillir le fruit de leur toilette. Celle des hommes consiste en une trousse où il y a des peignes, les brosses, &c. Autrefois la toilette étoit simplement faite d'une petite toile. On dit qu'on rend visite à quelqu'un à sa toilette, quand on le vient entretenir pendant qu'il s'habille, ou se deshabille.
   
Toilette (marchandes à la )
  T. n.f. On appelle Marchandes à la toilette, certaines Revendeuses qui vont de maison en maison porter de vieilles hardes, ou même quelquefois des marchandises neuves que leurs confient les Marchands.
   
Toilier
  T. n.m. Ouvrier qui fabrique la toile, le linge ouvré & le canevas. On l'appelle plus communément Tisserand. La toilière est la lingère qui vend de la toile.
   
Toiseur
  T. n.m. Celui qui toise un bâtiment.
     

Toise

  T. nf. Longueur ou étendue de six pieds. La ligne de défense dans les places doit être de 120 toises, pour être à la portée du mousquet. La face du château du Louvre a 72 toises hors d'oeuvre. Une toise courante, est celle où l'on ne mesure que la longueur. Cette place a tant de toises de face ou sur rue, sur tant de profondeur.
La toise est une mesure de différente grandeur, selon les lieux où elle est en usage. Celle de Paris établie en quelques autres villes du Royaume, est de six pieds de Roi, & son étalon ou mesure originale, est exposée au Châtelet de Paris ; c'est pourquoi elle est appellée toise du Châtelet. La toise de maison est de six pieds. La toise de Charpentier est de cinq pieds & demi. La toise de Mesureurs de terres & de vignes est de cinq pieds seulement. La toise de Mesureurs de bois & forêts est de cinq pieds & demi, selon la Coûtume d'Orléans. Dans celle de Bourbonnois & au Pays de la Marche la toise est de six pieds. On imprima en 1580, un Traité des toises & des mesures.
Toise de Roi. C'est la toise de Paris, dont on se sert dans tous les ouvrages que le Roi fait faire, même dans les fortifications, sans avoir égard à la toise d'aucun lieu.
     
Toison
  T. n.f. La laine qu'on ôte des brebis & des moutons, quand on les tond. Il a vendu les toisons de son troupeau à vingt sols la pièce.
   
Tombelier
  T. n.m. Chartier qui conduit un tombereau pour transporter des terres ou des matériaux. Il a fait marché avec des Terrassiers & des Tombeliers pour enlever ces terres, ces décombres.
   

Tombereau

  T. n.m. Charrette faite en forme de caisse, qui sert à transporter les choses qui tiennent du liquide, comme les boues, le sable, la chaux, les terres, gravois & choses semblables. On mène les criminels de lèze-Majesté, les parricides, &c. au supplice dans des tombereaux.
     
Tonaige
  T. n.m. Impôt nommé autrement Tolaige & Grosselaige, qui se levoit par quelques particuliers, mais sans droit & sans titre, sur les Doriers, qui par ordre du Roi recueilloient & amassoient l'or de paillolle dans quelques rivières & montagnes de Languedoc.
     
Tondaille
  T. n.f. L'action de tondre les moutons.
   
Tondeur
  T. n.m. Artisan qui fait le métier de tondre. Un Tondeur de draps. Les Tondeurs de draps se doivent servir de chardons de Bonnetiers, pour coucher leurs draps & leurs serges, & il leur est défendu de se servir de cardes, & d'en avoir en leurs maisons.
   

Tonlieu

 

T. n.m. C'est un droit Seigneurial qui se lève en plusieurs Coutumes, qui se paye par les vendeurs ou acheteurs de denrées ou marchandises, pour le lieu & place qu'ils occupent dans les Foires ou Marchés pour les exposer en vente. On l'appelle en quelques lieux tonnelieu, tonlieu, ou thonneu, & en d'autres endroits plaçage. On le dit aussi d'un droit qui se paye pour chacune bête chevaline, & boeuf ou vache, ou chacune bête blanche.

   
Tonne
  T. n.f. Grand vaisseau de bois propre à garder du vin de plusieurs feuilles. On voit des tonnes en Allemagne qu'on ne vuide jamais, qui tiennent cent ou deux cens muids de vin. On les appelle au pays foudres. On tient que la tonne ou cuve de Clairvaux tient autant de muids qu'il y a de jours en l'an. Les Vinaigriers font leur vinaigre dans des tonnes vinaigrées ou bien imbibées de l'acide du vinaigre.

Tonne, se dit aussi des autres vaisseaux ronds de la taille des muids ou des pipes, plus ou moins. Les Marchands Merciers, Épiciers, &c. envoient leurs marchandises dans des tonnes. Les morues viennent dans des tonnes. Il lui est venu de Lion une tonne de pièces de quatre sols.

     
Tonne
  En termes de Marine, est un gros tonneau vuide, & bien clos, qui est mis en mer, & qui surnage au-dessus d'un rocher, ou d'un banc de sable, qui sert de signal aux Pilotes pour les éviter. En Hollande on a grand soin de mettre dans les lieux dangereux des tonnes & des balises.
   

Tonneau

  T. n.m. Vaisseau de bois où l'on met particulièrement des liqueurs. Un tonneau de vin, d'huile, de miel, de cidre. Il faut aller percer le tonneau. Ces goinfres ont mis le tonneau sur le cul. On vuide, on défonce les tonneaux dans les réjouissances publiques.
Tonneau, se dit aussi d'une certaine mesure des liqueurs. Le tonneau de Berri & d'Orléans contient près de deux muids de Paris. Le tonneau de Bordeaux, contient quatre barriques, qui sont trois muids de Paris. Il y a des Jaugeurs établis pour réduire toutes les mesures différentes des tonneaux à une mesure commune.

Le Tonneau de mer tient trois muids de France, ou 28 pieds cubiques de Paris, & pèse 2 000 livres : de sorte que quand on dit qu'un vaisseau est du port de 300 tonneaux, cela veut dire qu'il porte 300 fois la valeur de 2 000 pesant ; c'est-à-dire, 600 000 livres ; & pour cela il faut que l'eau de la mer qu'occupe le vaisseau en s'enfonçant, pèse une pareille quantité.
   
Tonneau picard
  T. n.m. Droit d'Aides qui était appliqué à tout tonneau de vin entrant en Picardie
   

Tonnelage

  T. n.m. En 1718 Arrêt du Conseil d'Etat, qui a supprimé le droit de tonnelage, que la Chambre du Commerce de Marseille percevoit dans les Echelles du Levant, & la décharge du payement des appointemens des Consuls
   
Tonneler
  T. n.m. Signifie figurément faire tomber dans quelque piége. Les parens de la fille ont si bien tonnelé le jeune homme, qu'ils la lui ont fait épouser. Ce mot n'est pas du bel usage.
   
Tonnelier
  T. n.m. Artisan qui fait, qui relie des tonneaux, & toutes sortes de futailles, de cuves & de barils, &c. Le lieu où travaille le tonnelier est la tonnelerie. Il y a une place à la halle de Paris qu'on appelle la tonnellerie.
     
Tonnelle
  T. n.f. Instrument ou filet dont on se sert pour la chasse aux perdrix & cailles.
     

Tonsure

 

T. n.f. Action de couper les cheveux, & de raser la tête. Anciennement la tonsure étoit une marque d'infamie en France ; en sorte que lorsqu'on vouloit rendre un Prince incapable de succéder à la couronne, on le faisoit tondre & raser.
Terme Ecclésiastique. C'est l'entrée dans les Ordres Ecclésiastiques ; la première cérémonie qui se fait pour dévouer quelqu'un à l'Église, en le présentant à l'Évêque, qui lui donne le premier dégré de Cléricature, en lui coupant une partie des cheveux avec quelques prières, & bénédictions.
On peut recevoir la tonsure à l'âge de sept ans. Un Bénéfice à simple tonsure, est un Bénéfice qui se peut posséder par un enfant de sept ans qui a seulement la tonsure. La base & le fondement de tous les Ordres, c'est la tonsure. Celui qui ne justifie pas de ses lettres de tonsure, est incapable de tenir Bénéfices.

   
Tontine
 

T. n. f. Ce mot est nouveau ; c'est une espèce de lotterie. La tontine de 1689 consistoit en 1 400 mille liv. de rentes viagères, que le Roi avoit créées sur l'Hotel-de-ville de Paris par un Édit du 2. Décembre 1689. Ces rentes étoient à fond perdu, & assignées sur les Aides, les Gabelles & les cinq grosses Fermes, & constituées sur un pied proportionné à l'âge des Rentiers, qui étoient divisés en 14 Classes, & dont les survivans devoient hériter des morts : de sorte que le dernier demeurant d'une Classe, a reçu seul le revenu du capital des rentes de sa Classe.

   
Toponymie
  Etude linguistique et historique de l'origine des noms de lieux.
   

Toquet

  T. n.m. Bonnet d'enfant, & sur-tout de petite-fille, ou de servante. Un toquet de satin. Cet enfant a encore le toquet. Ces paysannes se sont battues, & se sont prises au toquet.
   

Torage

 

T. n.m. Droit que les Prisonniers payoient autrefois au Tourier ou Géolier.

     
Toraille
  T. n.f. Terme de Coutumes. On appelle Toraille la maison ou l'édifice où l'on fait sècher les grains.
   

Torrelage

 

T. n.m. Redevance ou droit qui est payé au maître de la toraille, par ceux qui y font sécher leurs grains.

     
Torchis
  T. n.m. Terre grasse détrempée avec du foin ou de la paille, dont on fait les murailles de bauge, les cloisons, les granges de la pluspart des métairies de la campagne, & quelquefois de simples enduits.
     
Torquer
  T. v. C'est en terme des îles où on fait le tabac, faire les cordes du tabac. Le torqueur est celui qui les fait.
     
Tortue
 

T. n.f. en termes de Mer, est un vaisseau qui a le pont élevé, comme un toît de maison, pour tenir les soldats ou les passagers & leurs hardes à couvert. On l'appelle aussi poste.

     
Touc
  T. n.m. Terme de coutumes. Canal
   
Touer
  T. v. Terme de Marine. C'est, faire avancer un vaisseau par le moyen d'un cabestan & de la hansière, ou câble attaché à terre, ou à une ancre, sur lequel on hâle, & qu'on fait roidir. On le dit aussi des vaisseaux qu'on tire à terre par de petits vaisseaux ou chaloupes qui ont des rames. C'est ce qu'on appelle sur la mer de levant remorguer.
   
Toulon
 

T. n.m. Nom propre d'une ville de France, située sur la côte de la Provence, à dix lieues de Marseille, vers l'orient. Toulon n'est pas une fort grande ville, mais elle est belle, bien peuplée, marchande & riche. Il y a Viguerie, Sénéchaussée, Évêché suffragant d'Arles ; mais ce qui la rend plus considérable est la bonté de son port, où le Roi tient les vaisseaux de guerre, qu'il arme sur la mer Méditerranée, où l'on voit le plus bel arsenal de mer qui soit sur toute cette côte.

   
Toulouse
 


Le Comté de Toulouse. C'étoit anciennement un petit Etat de la France. Il portoit quelquefois le nom de Province de Saint Gilles, & il s'étendoit depuis la Gascogne jusqu'au Rhône, renfermant presque tout le Languedoc. Il commença l'an 778, sous Charlemagne, & il fut incorporé à la Couronne de France l'an 1361, par le Roi Jean, à cause de l'extinction de la famille des Comtes de Toulouse.

Nom propre d'une ville de France, située dans le Languedoc sur la Garonne, à huit lieues de Montauban, du côté du midi. Toulouse est une ville très-ancienne. On y voit d'anciens Temples, des aquéducs, un amphithéâtre, & quelques autres marques de son ancienne splendeur. Elle passe aujourd'hui pour la plus grande & la plus belle ville de France, & la mieux peuplée après Paris & Lion. On y voit un fort beau pont de pierre sur la Garonne ; une cave dans l'Église des Observantins, qui, dit-on, consume la chair des corps morts sans en gâter la peau, ni déjoindre les membres ; & un pilier dans celle des Jacobins qui soutient cinq ou six voutes l'une sur l'autre. Sa maison de ville est célèbre par le nom de Capitole qu'elle porte, d'où est venu celui de Capitouls que l'on donne à ses Consuls. Toulouse a le second Parlement, & la seconde Université de France, une Académie, une Généralité, des Trésoriers de France, une Sénéchaussée, une Chambre des Monnoies, & un Archevêché.

   
Toupier
  T. v. Faire plusieurs tours & retours inutiles dans une maison, sans savoir ce qu'on fait, ni ce qu'on cherche. Voilà une servante qui ne fait que toupier, & qui ne fait point de besogne.
     
Tour
  T. n.m. Tour de l'échelle, s. m. Terme de Coûtumes. C'est une servitude en vertu de laquelle celui à qui elle est dûe, lorsqu'il fait refaire son mur, ou qu'il fait construire quelque bâtiment, peut poser une échelle sur l'héritage d'autrui, & occuper l'espace de terre qui est nécessaire pour le tour de l'échelle ; ce qui peut aller à cinq ou six pieds, Monsieur le Lieutenant Civil, dans un acte de notorieté qu'il a donné le 23 Août 1701. dit que le tour de l'échelle est de trois pieds de distante. Lorsqu'on vend des héritages joignants immédiatement une maison, ou en faisant des partages, on a soin de retenir le tour de l'échelle, mais quand on n'a point retenu ce droit, le voisin des maisons est obligé de souffrir le tour de l'échelle, quand on ne sçauroit les couvrir autrement, mais alors on lui paye le dédommagement.
     

Tourangettes

  T. n.fpl. Espéces de petites serges qui se fabriquent en quelques lieux de la Généralité d'Orléans, particuliérement au Montoir. Elles sont ou blanches ou grises, & se font toutes de laines du pays.
     
Tourbe
  T. n.f. Est une matière propre à faire du feu, dont on se sert en Hollande, dans une partie de la Flandre, & aux lieux où il y a disette de bois. On faisoit autrefois des tourbes ou masses de terre dans l'Artois & dans les pays circonvoisins. Ces tourbes servoient pour chauffer les Paysans. Il y a trois cens ans qu'on se sert de tourbes en ces quartiers. Elles sont soufrées, & les personnes qui sont auprès du feu deviennent pâles quand elles sont bien soufrées. En Écosse on se sert d'une espèce de tourbes, mais elles sont puantes. Je ne sache aucuns Anciens qui fassent mention des tourbes. Les pauvres gens ne se chauffent qu'avec du feu de tourbe en divers endroits
     
Tourd
  T. n.m. Grive. n'est en usage que dans la Provence & dans le Languedoc.
     
Tourière
  T. n.f. Office claustral chez les Moniales. C'est une Religieuse qui a la charge de parler au tour, d'y négocier les affaires de la Maison, de recevoir ce qu'on y apporte de dehors. On l'appelle Tourière du dedans, ou plustôt Dame du tour.
Est aussi une servante qui assiste au tour en dehors, qui rend au Couvent tous les services dont il a besoin dans la ville & au dehors, & qui reçoit ceux qui viennent y rendre visite. On l'appelle soeur Tourière, ou tourière du dehors. C'est à peu près dans le même sens que le Geolier ou Garde des prisons est appellé Tourier dans le style de Liége
     

Tourillon

  T. n.m. Gros pivot de fer qu'on met au bas des portes cochères, des portes d'écluses, des roues de moulin, des flèches & bascules des pont-levis, qui sert à les faire mouvoir facilement.
   

Tournaisis

  T. n.m. Nom propre d'une contrée des Pays-Bas. Elle est dans la Flandre Françoise, autour de l'Escaut, & aux confins du Hainaut. Tournai & S. Amand en sont les lieux principaux.
   
Tourneur
  T. n.m. Ouvrier qui façonne en rond, ou en autres figures sur une petite machine qu'on appelle tour, le bois, l'ivoire, & toutes autres matières solides. Tornator, toreutes. Les Tourneurs ont dans leurs métiers de fort beaux secrets de fort belles inventions, dont ils sont ordinairement fort jaloux. Il est défendu aux Tourneurs de vendre des ouvrages peints & en couleur, s'ils ne sont peints par les Maîtres Peintres.
   

Tournois

  T. n.m. Petite monnoie valant un denier. Il y a eu des gros tournois, des doubles tournois, des deniers tournois. Un double tournois, c'est deux deniers. Cet homme n'a pas vaillant un tournois ; c'est-à-dire, Il n'a rien du tout.
Tournois, est aujourd'hui une désignation d'une somme de compte, qui est opposée à parisis.
La monnoie parisis étoit plus forte d'un quart que la monnoie tournois, ensorte que 100 livres parisis, valoient 125. liv. tournois. On s'est servi en France dans les comptes, & dans les contrats de ces deux sortes de monnoie, jusques sous le règne de Louis XIV où la monnoie parisis a été abolie ; on ne se sert plus que de la monnoie tournois. Cette différence vient de celle qui étoit autrefois entre les monnoies de Tours & de Paris. Ménage rapporte qu'il y avoit autrefois de gros tournois, & d'autres parisis, dont la différence se remarquoit par le nombre des fleurs de lis autour de leur légende. Les tournois en avoient douze, & les parisis quinze. Ce mot ne sert plus que pour ôter l'équivoque du mot de livres, afin qu'on ne prenne pas pour un poids, ce qui n'est qu'une monnoie ; car on ne dit pas cent francs tournois, mais cent livres tournois.
Cette monnoie etoit frappée à Tours, & c'est pour cela qu'elle étoit appellée tournois
   

Tourte

  T. n.f. Pâtisserie qui se sert aux entrées, au dessert, à l'entremêt, qui est faite de pigeonneaux, de béatilles, de moëlle, de confitures, &c.
Se dit en quelques provinces d'un gros pain bis fait en rond. Il est fait de seigle, le son pétri avec la farine. On dit parfois tourteau
     
Tourteau
 

T. n.m. Terme d'Artillerie. C'est une espèce de flambeau fait de vieille corde, ou de vieille mèche détortillé, que l'on trempe dans de la poix ou du goudron pour éclairer dans les fossés, ou dans les attaques d'une ville assiégée.

   

Tourtouse

  T. n.f. Terme de l'Exécuteur de Paris. Cordes qu'on met au cou du patient qu'on pend. Les tourtouses sont bien mises
   

Tracque

 

T. n.m. On nomme ainsi au Croisic en Bretagne, un certain nombre de cuirs à poil, sur le pied duquel se payent les droits de la Prevôté de Nantes. Il faut dix cuirs pour un tracque ; le droit de chaque tracque est de deux sols monnoie.

     
Trafic
  T. n.m. Commerce, négoce, vente, ou échange de marchandises, de billets, d'argent. La tromperie est la science du trafic. Le trafic en détail seulement, est interdit en France aux Gentilshommes. Par un Édit de 1669. ils ne dérogent point en négociant en gros.
   

Train

  T. n.m. Ce qui sert à traîner, porter & voiturer. Le train d'un carrosse consiste en quatre roues, la flèche ou les brancards, le timon & les moutons, c'est ce qui supporte un carrosse, ou une calèche, qui les fait rouler. Un chariot a aussi son train.

Se dit aussi de l'allure, de la manière de marcher des hommes & des voitures. Quand on va bon train, on fait de son pied une lieue par heure.
On le dit aussi de la piste ou des ornières qui marquent un chemin. On a suivi le train de cette charrette pour découvrir où l'on avoit porté le bois volé dans la forêt. On a suivi le train des chevaux pour arrêter ces voleurs.

Train, se dit aussi de l'équipage, ou de la suite d'un Chef de famille, d'un Seigneur. Ce Bourgeois n'a pour train qu'un petit laquais & une servante. Ce Seigneur marche à grand train, il a carrosse, chevaux, mulets, pages, laquais, &c.
On dit en mauvaise part, qu'il y a du train dans une maison, qu'il y loge du mauvais train, quand il s'y retire des filous, des garces, & autres gens mal vivans. On a chassé cette servante, parce qu'il y avoit toujours du train après elle, des laquais, des filous, &c.
Train, signifie aussi une espèce de radeau fait de pièces de bois qu'on lie ensemble avec des perches & des rouelles pour le voiturer plus facilement sur des rivières qui n'ont pas assez de fond pour les mettre en bateaux. On dit aussi, un train de bateaux, lorsqu'on en attache plusieurs à la queue les uns des autres pour les remonter.

   
Traite
 

T. n.f. Distance d'un lieu à un autre. Il y a une bonne traite de la porte S Jacques à la porte S. Denys. On va souvent de Paris à Meaux tout d'une traite, sans débrider.

     
Traite
  T. n.f. Traite, signifie Trafic, commerce avec les Sauvages. En Canada on fait la traite des castors avec les Iroquois. Il est allé à la traite à Mont-Réal. On va dans le Sénégal à la traite des Nègres. Il y a des peuples si farouches, qu'on ne peut faire de traite avec eux.
Le trafic des Banquiers s'appelle traite & remise d'argent.
Traite, se dit aussi du commerce, du transport des marchandises. On fait de grandes traites de vins de Bordeaux en Hollande, par tout le Septentrion. On a défendu la traite des bleds du Royaume.
   

Traite

 

T. n.f. Traite Foraine, est un droit qui se leve sur toutes les marchandises qui entrent dans le Royaume, ou qui en sortent. C'est une des cinq grosses Fermes. Elle a trois noms synonymes, ou trois Fermes réunies en une ;
* le droit de rêve, qui est le plus ancien ;
* le droit de haut-passage, qui est aussi fort ancien, quoique postérieur ; &
* le droit d'imposition ou traite foraine, qui est un droit de sol pour livre généralement établi sur tout ce qui se vend en France par l'Édit de l'an 1300 & règlé par l'Ordonnance de l'an 1369 lesquels droits ont été réunis en un par des Édits postérieurs des années 1542 à Tonnerre ; & de 1549 à Amiens.
Par Édit de Henri II de l'an 1556 le droit de traite & imposition foraine a été fixé à 12 deniers pour livre ; celui de rêve au Domaine forain à 4 deniers, & celui de haut-passage à 7 deniers. Et par une Déclaration du 30 Juin 1621 il a été ordonné que les Bureaux seroient établis pour le payement de ces droits sur les marchandises qui entrent & sortent des provinces de Bretagne, Poitou, Saintonge, Guienne, Languedoc, Provence, Dauphiné, Lorraine, & autres, où ces droits n'étoient pas perçus ; d'où vient l'établissement des Bureaux d'Ingrande, Montluçon, la traite d'Anjou & autres lieux qui ne sont pas sur les frontières.

Il y a encore une traite domaniale, qui est une nouvelle imposition augmentée sur quatre espèces de marchandises, seulement quand elles sont transportées hors du Royaume, bled, vin, toile & pastel, par l'Édit de Henri III de l'an 1577 qui a été jointe à la traite foraine.

 

   
Traite domaniale de Bretagne
  T. n.f. La traite domaniale de Bretagne était en 2 volets :
* la traite dite "morte" par eau, mer, ou terre sur toutes les marchandises sortant de Bretagne
* la traite dite "vive" appliquée dans le comté de Nantes sur l'entrée/sortie des bestiaux et des grains.
   

Traiteur

  T. n.m. Maître Cuisinier public qui donne à manger proprement, moyennant certain prix par tête, ou dont on convient. Les Traiteurs à Paris font un corps séparé des Rotisseurs, & des Taverniers. Il n'est permis qu'aux Traiteurs d'entreprendre des noces, des festins. Les gens de qualité ne vont point au cabaret ; mais ils vont manger chez les Traiteurs.
     
Transit
  T. n.m. Acquit de transit. Acte que les Commis des Douanes délivrent aux Marchands, Voituriers ou autres, pour certaines marchandises qui doivent passer par les Bureaux des Fermes du Roi sans être visitées, ou sans y payer les droits.
     
Tramail
  T. n.m. Filet qu'on met au travers des petites rivières où le poisson se prend de lui-même. Il est composé de trois rangs de mailles les unes devant les autres, dont celles de devant & de derrière sont fort larges, & faites d'une petite ficelle. La toile du milieu qui s'appelle la nappe, est faite d'un fil délié. Elle s'engage dans les grandes mailles, qui en bouchent l'issue au poisson qui y est entré.
     
Trameur
  T. n.m. Ouvrier dont l'occupation est de disposer les fils des trames, pour être employées à la fabrique des étoffes.
     
Transcript
  T. n.m. Copie d'un acte inséré dans un autre.
   
Trau
 

T. n.m. Chemin étroit, serré, entre des montagnes, par lequel on peut passer d'un pays en un autre. C'est ce qu'on appelle plus communément Pas & Col.

   

Travers & passages

  T. n.mpl. Droit Domanial qui se léve au passage des bois & des riviéres, tant sur les personnes, que sur les denrées & marchandises qui passent d'une Province à une autre.
     
Traversier
  T. n.m. Petit bâtiment de mer qui sert pour de petites traversées, ou pour la pêche. Il n'a qu'un mât, quoiqu'il ait souvent trois voiles, & va quelquefois à rames. Sur la mer du Levant on le nomme Tartane.
     
Traversier (vent)
  T. n.m. C'est le vent qui vient en droiture dans un port, & qui en empêche la sortie.
   

Treffeau

  T. n.m. Tison ou souche que les Paysans mettent la veille de Noël. Ils ont beaucoup de superstition là-dessus. Il vient de terfocus, soit qu'il soit trois fois plus grand qu'à l'ordinaire, soit qu'il doive durer trois jours.
     
Tréflier
  T. n.m. C'est une des qualités que prennent les Maîtres Chaînetiers de la ville & fauxbourgs de Paris. Ce nom, dont aucun d'eux ne sçait présentement l'étymologie, vient apparemment de ces grandes agraffes d'argent, d'étain ou de laiton argenté qu'ils faisoient, & qui se terminoient en une espéce de feuille de tréfle à jour, pour y passer diverses chaînes ou cordons auxquels les femmes d'Artisans & les Paysannes laissoient pendre leurs clefs, leurs ciseaux & autres semblables petits ustensiles de ménage. La mode de ces agraffes à tréfle pour mettre à la ceinture, n'a fini que vers le milieu du dix-septieme siécle.
   

Treizain

  T. n.m. Monnoie qui valoit autrefois treize deniers, qui étoit faite comme un sol, mais un peu plus large. C'étoit la coutume autrefois de donner un treizain à la messe des épousailles.
     
Trémie
  T. n.f. Sorte de grande cage quarrée, fort large par le haut, & fort étroite par le bas ; vaisseau de bois fait en forme de pyramide renversée, qui sert au moulin pour faire écouler peu-à-peu par un auget le blé sur les meules pour en faire de la farine.
     
Trémois
  T. n.m. Menus blés qu'on sème en Mars, comme avoine, orge, vesse, mêlés ensemble. On les appelle ainsi à la campagne à tribus mensibus, parce qu'ils ne sont que trois mois en terre. On appelle aussi trémois ou tremail, trois sortes de grains mêlés ensemble comme on appelle méteil, le froment mêlé de seigle.
     
Trentanel
  T. n.m. Plante qui croît dans le Languedoc & dans la Provence qui est d'une odeur forte, & qui sert aux teintures.
   
Trépas de Loire
  T. n.m. On appelle, en terme de Finance, le Trépas de Loire un Bureau où l'on fait payer le droit de la traite foraine à l'embouchure de la Sarre dans la Loire. Il y a apparence que ce mot est dit par corruption de outrepasser, parce que ce droit se paye par les marchandises qui passent outre la Loire, & qui vont en Bretagne, qui étoit autrefois province étrangère. Et même on disoit autrefois trépasser un commandement ; pour dire, l'enfreindre, passer outre.
   
Très-fonciers
 

T. n.mpl Ce sont des particuliers qui ont des bois sur lesquels le Roi prend le tiers & danger, grurie & grairie & autres ; le fonds desdits bois leur appartient, & néanmoins ils ne peuvent en disposer au préjudice des droits appartenans au Roi. Ces droits appartiennent au Roi, parce qu'ils sont gardés par les Officiers de Sa Majesté, & que lesdits Officiers sont gagés & payés du Domaine de Sa Majesté, & qu'iceux Officiers font justice aux particuliers des delits qui y sont commis.

     
Tresseur
  T. n.m. Compagnon d'un Perruquier, qui lui sert à faire des tresses. Ce Perruquier a toujours de quoi occuper une douzaine de Tresseurs & de Tresseuses.
     
Tréve
 

T. n.f. Suspension d'armes, cessation d'hostilités entre deux partis ennemis. On fait souvent des tréves pour parvenir à la paix. Les tréves de longues années tiennent lieu de paix entre des Princes dont on ne peut terminer les différends.
On appelle Tréve marchande, une tréve durant laquelle le commerce est permis entre deux Etats qui sont en guerre.

   
Trévoux
 

T. n.m. Petite ville de la Bresse, en France. Elle est capitale de la Principauté de Dombes, & située sur la Saone, à trois lieues au-dessus de Lion. Trévoux a Parlement & Chambre des Requêtes, avec une Collégiale. Monseigneur le Duc du Maine Prince Souverain de Dombes transféra son Parlement dans cette ville l'an 1696, & y établit la Chambre des Requêtes. Il y fit bâtir un magnifique Palais pour le siége de la Justice. Il y a établi une belle Imprimerie, d'où sont sortis de fort bons ouvrages, & où ce Dictionnaire-ci s'est imprimé pour la premiere fois ; en sorte qu'il en a retenu le nom. Il a fait tracer aussi sur le terrein le plan d'un grand Collége. Il y a encore à Trévoux une Chambre du Trésor, pour la garde des papiers ; un Hôtel pour la monnoie ; & un Palais pour le Gouverneur. Le Chapitre de la Collégiale y fut érigé en 1523. par Clément VII. sous le règne de Louise de Savoie mère de François I. Ce Chapitre est composé d'un Doyen, qui est aussi Conseiller honoraire au Parlement, d'un Chantre, d'un Sacristain, & de dix Chanoines, tous Concurés de la ville.

   

Trézain

  T. n.m. Sorte de monnoie de France. Dans un Contrat de l'an 1501, je trouve que le payement d'une propriété vendue se fit en doubles, appellés Trézains, & en doubles appellés Carolus. Je ne sçais pas la valeur de cette monnoie. Je sçais cependant que sous Louis XI & Charles VIII il y avoit des sous qui valoient treize deniers, & qui pour cette raison étoient appellé Trézains.
     
Trézeau
  T. n.m. Trois hommes qui battent du bled dans une aire.
   
Trézeaux
 

T. n.mpl. On appelle ainsi en Normandie des monceaux de gerbes de bled, amassées dans le champ, pour être chargées & comptées plus commodément. Ces amas ont été nommés trézeaux, parce qu'ils étoient composés de treize gerbes, afin que la dixme fût levée plus aisément, particulièrement dans les lieux où les Décimateurs n'avoit droit de prendre que la treizième gerbe : car ce droit n'est pas égal en tous lieux.

   
Triage
  n.m. Droit seigneurial institué par une ordonnance de 1669, qui permet au seigneur de s'approprier en toute propriété le tiers des bois et pâturages communaux, ceux ci n'étant réputés qu'usagers. Cette reprise ne pouvait se faire qu'à deux conditions :
* que le communal a été concédé gratuitement aux habitants (il n'est pas grevé de cens)
* que les 2/3 restants suffisent aux besoins de la communauté. Les deux conditions, très difficiles à interprêter, entraînèrent de nombreux procès et finalement beaucoup d'abus surtout en Bourgogne. Ce droit redevient particulièrement en usage à partir de 1760, à la suite de l’enclosure fréquente des terres communales.
     
Triage
  T. n.m. Terme d'Eaux & Forêts. Se dit de certains buissons ou quartiers de forêts qui en font la division. Les Officiers de la Maîtrise sont tenus de faire souvent la visite des forêts de garde en garde & de triage en triage. Par la dernière Ordonnance, les Seigneurs qui ont leur triage, c'est-à-dire leur part, ne peuvent rien prétendre dans les communaux sur la part des habitans.
   

Triballe

  T. n.f. Chair de porc frais cuite dans la graisse qui se vend dans les Foires.
     
Tricoises
  T. n.fpl. Tenailles à l'usage des Maréchaux & Cochers, servant à ferrer & à déferrer un cheval, à couper les clous qu'ils ont brochés, avant que de les river.
     
Trigamie
  T. n.f. Troisièmes nôces, troisième mariage. État d'un homme ou d'une femme qui ont été mariés trois fois. La trigamie n'étoit autrefois permise qu'à ceux qui n'avoient point d'enfans des deux premiers lits, & n'avoient que 40 ans.
   
Triperie
 

T. nf. Lieu à Paris où l'on distribue les tripes aux Tripières. La Triperie de Paris est fort propre.

     
Tripotier
  T. n.m. Le Maître du tripot. Où est le Tripotier ? Plusieurs parlent de la sorte ; mais les honnêtes-gens disent ordinairement, le maître & la maitresse du tripot, du jeu de paume. Il se servent bien aussi du mot de Tripotier, mais en y ajoutant le mot de maître : où est le maître Tripotier ? Pour Tripotier seul, il ne s'emploie que dans le style bas.
     
Trompette
  T. n.f. Terme de Guerre. Instrument de Musique, qui est le plus noble des instrumens à vent portatifs, qui sert à la guerre dans la cavalerie, pour l'avertir du service. On la fait d'ordinaire de laiton, & on en peut faire de fer, d'étain, de bois, ou d'argent.
Le jeu de la trompette dépend de l'adresse de celui qui l'embouche, qui est obligé de mettre les bouts des lèvres dans le bocal. A la guerre il y a huit principales manières de sonner de la trompette. La première s'appelle le cavalquet, dont on se sert quand l'armée approche des villes, ou quand elle passe par dedans durant la marche. La seconde s'appelle le bouteselle, dont on use quand on veut déloger ou marcher, & puis on fait suivre la levée du bouteselle. La troisième est quand on sonne à cheval, & puis à l'étendart. La quatrième est la charge. La cinquième est le guet. La sixième s'appelle double cavalquet. La septiéme la chamade ; & la huitième est la retraite. On fait aussi des fanfares avec la trompette dans les réjouissances.
   

Trop-bu

  n.m. Droit d'aides perçu sur les boissons consommées chez le récoltant au-delà d'une certaine quantité jugée en tant que "consommation personnelle normale". Au-delà, on les considérait vendues en fraude au détriment du droit de gros. Ce trop-bu figurait parmi les impôts les plus impopulaires. En 1762, les plaintes furent tellement vives qu'on a songé à le supprimer, mais les recettes étaient relativement modestes en comparaison de la virulence des plaintes enregistrées et la taxe permettait de décourager les fraudeurs.
   

Trousse

  T. n.f. Espèce de haut-de-chausse relevé qui ne pend point en bas, qui sert les fesses & les cuisses, tels qu'étoient ceux qu'on portoit au seizième siècle. On le dit plus ordinairement au pluriel. Les trousses font partie de l'habit de cérémonie des Chevaliers de l'Ordre. Quand on présente les Pages au Roi, ils ont leurs trousses ; & on dit qu'ils ont quitté les trousses, quand ils sont sortis de Page.

Trousse, signifie aussi un faisseau ou paquet qu'on fait de quelque chose qu'on replie, qu'on trousse. Une trousse de fourrage, est ce qu'en peut apporter un Cavalier sur son cheval. Ce cuvier est de tant de trousses ; pour dire, contient de quoi charger un crocheteur d'autant de paquets de linge.

   
Trousseau
 

T. n.m. Linge ou hardes qu'une mère donne à sa fille, quand elle la marie, au-delà de sa dot pour les nécessités de son ménage. On en donne aussi quelquefois aux filles qui entrent en Religion. En quelques Coutumes on l'appelle ferpaut ; & les anciens contrats de mariage passés en Berri disent surpoil au lieu de trousseau.

   
Trouvaille
  T. n.f. Ce mot est usité en parlant des Coutumes de la Mer. On appelle, Droit de trouvaille, la part qui appartient à ceux qui ont trouvé ou sauvé de la marchandise perdue.
   
Truander
  T. v. Demander l'aumône par libertinage & pure fainéantise. Il y a des gens qui sont nés avec l'inclination de truander. On dit maintenant trucher.
   

Truau

  T. n.m. Mesure qui tient un boisseau & demi, en usage en certains cantons.
     
Truaux
  T. n.m. Filets de pêcheur.
     
Truble
  T. n.f. Petit filet de Pêcheur attaché au bout d'une perche, qui sert à prendre des écrevisses, ou autres petits poissons, & à pêcher les gros dans les canaux & lieux étroits, à les tirer des boutiques & des réservoirs. En quelques lieux les Pêcheurs les appellent des étiquettes, & en d'autres, troubles.
   

Trucheman

  T. n.m. ou truchement. Interprète nécessaire aux personnes qui parlent diverses langues, pour se faire entendre les unes aux autres. Parler par Trucheman. Les Ambassadeurs sont toujours accompagnés de Truchemans. Une femme Indienne fut le Trucheman de Fernand Cortès en toutes ses expéditions.
   
Truffière
 

T. n.f. Lieu où il vient des truffes. Dans les pays chauds où il vient communément des truffes, comme en Provence & en Languedoc, on connoît l'étendue d'une truffiére, à ce qu'il ne croît aucune herbe sur la terre où elle est. La terre se gerce dans ces endroits, & est plus légère, & on y voit voltiger des mouches bleues, formées d'un ver qui a son nid dans la truffe.

     
Trustée
 

T. n.f. Mesure de continence dont on se sert en quelques lieux de Bretagne, particuliérement dans toute l'étendue de la Prévôté de Nantes, pour le commerce des sels qui s'y vendent ordinairement au cent de trustées. Vingt-cinq trustées font environ un muid, mesure Nantoise.

     
Tuilerie
  T. n.f. Lieu où l'on fait des tuiles. Grand bâtiment accompagné de cours, & d'un hâle, qui est un lieu couvert & percé de tous côtés de plusieurs embrâsures, par où le vent passe pour donner du hâle, & faire sècher à l'ombre la tuile, la brique & le carreau, parce que le soleil les feroit gerser & gauchir, avant que de les mettre au four. On l'appelle aussi briqueterie. Le jardin du Louvre s'appelle les Tuileries, parce qu'au même lieu on saisoit auparavant de la tuile. On appelle les Tuileries non seulement le jardin, mais encore le magnifique palais dont la face occupe toute la longueur du jardin. Les Tuileries ont été bâties par Catherine de Médicis, femme d'Henri II & mère de Charles IX. Elle les fit commencer l'an 1564 pendant sa Régence. Henri IV le fit achever, & Louis le Grand l'a orné, & rendu très-magnifique. Le jardin des Tuileries fut commencé l'an 1600 & reçut sous Louis XIII plusieurs des embellissemens qu'on y voit. Depuis que le Roi demeure aux Tuileries, il a été orné de plusieurs belles statues & d'un pont pour passer au Cours & aux belles allées que le feu Roi a fait planter à côté du Cours, & qu'on nomme les Champs Élysées.
     
Tuilier
  T. n.m. Marchand qui vend des tuiles, ou l'ouvrier qui les fait.
     
Turbe
 

Faire enquête par turbe, c'est ouir des Praticiens ensemble & conjointement sur l'explication & usage d'un point de Coutume.

     
Turcie
  T. n.f. Levée de terre, ou de pierre, espèce de digue ou de levée en forme de quai, pour résister aux inondations, comme il y en a le long de la rivière de Loire. On disoit autrefois turgie, du Latin turgere, enfler, parce que l'effet de la turcie, est d'empêcher le débordement des eaux enflées. Il y a des Officiers qui sont créés Intendans des turcies & levées. Les turcies de la rivière de Loire. Les vieux manuscrits portent turgies au lieu de turcies : ce qui semble marquer l'origine de ce mot, à cause que cette construction se faisoit ubi turget aqua, où l'eau est sujète à s'enfler, & à faire des inondations. Mais il y a plus d'apparence que l'origine de ce terme est Torchis, & qu'il faudroit dire, Torsie ou Torchies, dont par corruption on a fait Turcie. Car ces levées se font ordinairement de clayes, & de terre, ou de fagots entremêlés, comme les bâtimens de Torchis.
   
Turin
 

T. n.m. s. m. Nom propre de ville, capitale des États de Savoie. Elle est située dans le Piémont, au confluant du Pô & de la grande Doire, à quatre lieues de Pignerol, vers l'orient septentrional, & environ à sept milles du pied des Alpes Cottiennes. Turin est une assez grande ville, bien bâtie, propre, bien fortifiée & défendue par une bonne citadelle de cinq bastions. Le Duc de Savoie y fait sa résidence ordinaire dans un palais magnifique, & elle est le Siége du Sénat & de la Chambre des Comptes de tous les Pays qui sont compris sous le nom de Piémont. Il y a un Évêché, une Université, un pont sur le Pô ; & aux environs le Paro, le Valentin & Millefleurs, qui sont trois maisons de plaisance des Ducs de Savoie. Maty. On estime que les habitans de Turin tirent leur origine des Liguriens. Voyez Pline, L. III. C. 17. Il est vraisemblable qu'ils furent nommés Taurini, Tauriniens, du mot Taurus, taureau, parce qu'ils en avoient un pour symbole de leur ville, comme ils en ont encore un dans leurs Armes. Annibal ruina Turin. Polybe, L. III. Tite-Liv. L. XXI. César lui donna le droit du Pays Latin, y mena une colonie, & lui donna le nom de Julie. Auguste la nomma Augusta Taurinorum. Dans les Inscriptions antiques, elle est appellée Julia Augusta Taurinorum, & Augusta Taurinorum. Charles-Emmanuël II. a beaucoup aggrandi Turin. Voyez la description qu'en fait le Théâtre de Piémont, pag. 7. &;suiv. En 1536. François I. l'ayant prise, elle fut unie à la Couronne de France. Turin gît sous le 25. d. 20. m. de longitude, & sous le 44. d. 50. m. de latitude. Sa latitude est prise sur des observations Astronomiques.

     
Tuteur
  T. n.m. Qui est élû pour avoir soin de la personne & des biens des enfans qu'un père, ou une mère ont laissés en bas âge. Par la Coutume de Normandie, le père est tuteur naturel de ses enfans. Celui qui est nommé tuteur ou par testament, ou par les parens, se peut faire décharger, s'il a cinq enfans vivans, s'il est chargé d'une autre tutelle considérable, s'il est mineur de 25 ans ; s'il est Prêtre, ou Régent dans une Université ; s'il a des procès avec les mineurs, ou s'il a eu des inimitiés capitales avec le père des mineurs.
   
Tutoyer
  T. v. Traiter quelqu'un avec mépris, ou avec une grande familiarité, en lui parlant par tu, & par toi. Il n'y a que les gens rustiques & incivils qui se tutèyent. Les honnêtes-gens n'aiment point à être tutoyés. Il faut tutoyer rarement, & sur-tout il ne faut pas tomber dans le ridicule de ceux qui tutoient les gens qui sont beaucoup au-dessous d'eux.