Thèmes A B Ca-Ch Ci-Cy D E F G H IJK La-Li Lo-Ly Ma-Mi Mo-My

N O PA-PI PL-PY Q R S T U V-Z

 

 

 

 

 

 

 

 

 

   
Sabbatine
  T. n.f. Petite thèse que les Écoliers soutiennent le Samedi sans solennité, en forme de tentatives, pour s'exercer, & pour en soutenir d'autres publiquement.
   
Sabler
  T. v. Terme de Buveurs, qui signifie, Avaler un verre de vin tout d'un coup, d'une seule gorgée, & sans le savourer.
   
Sâblonner
  T. v. Écurer la vaisselle d'étain, les ustensiles de cuisine avec du sâblon, menu sable d'ordinaire blanc. La vaisselle d'argent s'useroit trop, si on la sâblonnoit.
   
Sabot
  T. n.m. Chaussure faite d'un bois creusé, dans lequel on met le pied. Le sabot est la chaussure des villageois, des pauvres gens. Les Dames en Limosin portent des sabots mignons & ouvragés pour se tenir chaudement. Les Bouchers mettent l'argent qu'ils reçoivent dans un sabot.
     
Sabotier
  T. n.m. Ouvrier qui fait des sabots. L'Ordonnance des Eaux & Forêts enjoint aux Sabotiers de tenir leurs atteliers à demi-lieue des forêts.

 

   
Sac
  T. n.m. En termes de Palais, se dit de celui où l'on met les pièces d'un procès. Cette partie a chargé un tel Avocat de son sac. Ce Conseiller aime le sac, il ne songe qu'à vuider son sac, c'est-à-dire, à gagner beaucoup d'épices. Ce procès contient tant de sacs, enfermés dans un sac commun. On appelle aussi sac commun chez les Procureurs, celui où sont les pièces de rebut d'une partie qui n'ont pas été produites. On appelle Greffier garde-sacs celui qui a le dépôt du Greffe, qui est chargé des productions.
     
Sac
  T. n.m. Quantité de marc qui reste après un pressurage soit de vin, soit de cidre. On dit, couper, lever un sac. C'est encore la portée du pressoir. On dit aussi, un sac de cinq, de six pipes
   
Sacard
  T. n.m. On appelle à Dijon Sacards ces gens qui en temps de peste enterrent les corps des pestiférés, & qui dans cette occasion volent tout ce qu'ils trouvent sous leur main dans les maisons des malades. On entend par ce mot tous coquins, pendards, gens de néant, & comme on dit, de sac & de corde
     
Sacbéni
  T. n.m. Est un sac ou vètement de toile qu'on donne aux condamnés à mort par l'Inquisition. C'étoit autrefois un habit qu'on donnoit aux pénitens publics en la primitive Église. Plusieurs Conciles en parlent, même avant l'établissement de l'Inquisition. Sa couleur a été déterminée au Concile de Beziers, de couleur jaune safranée, avec deux croix, comme est aujourd'hui celui de l'Inquisition, & l'on peint dessus des Diables & des flammes.
     
Sacerdoce
  T. n.m. Ordre & caractère de Prêtrise, qui donne pouvoir dans l'Église Romaine de dire la Messe, & d'absoudre les pénitens. Combien voit-on de Prêtres indignes du Sacerdoce où ils se sont jetés précipitamment, & sans épreuve.
     
Sacquatier
  T. n.m. Charoyeur de charbon dans les forges.
     
Sacquier
  T. n.m. Terme de Marine, est un petit Officier établi en quelques ports de mer, dont la fonction consiste à charger & décharger les vaisseaux de sel & de grains, en les transportant dans des sacs, comme il y a des Mesureurs de sel, & des Compteurs de poissons,
     
Sacristie
  T. n f. Lieu où l'on serre les reliques, les vaisseaux sacrés & les ornemens d'une Église. C'est au plain-pied d'une Église, une espèce de salle où l'on serre les choses sacrées & les ornemens, & où les Prêtres se préparent & s'habillent pour officier. Elles doivent être revètues d'un lambris avec armoires & tables.
     
Saie
  T. n.f. Sorte de serge ou étoffe croisée très-légère, toute de laine, qui a quelque rapport aux serges de Caen, & dont certains Religieux se servent à faire des espéces de chemises, & les gens du monde des doublures d'habits & de meubles. Ces étoffes se fabriquent en Flandres & en Artois.
   
Saignée
  T. n.f. Opération de Chirurgie qu'on fait avec une lancette pour tirer le sang corrompu ou superflu qui est dans les veines. Les Médecins méthodiques usent de saignée pour remède principal. La saignée étoit fort rare chez les Anciens. Une saignée du bras, saignée du pied. On tient que c'est l'hippopotame qui a enseigné aux hommes l'usage de la saignée, parce qu'étant trop chargé de sang, il se frotte contre un roseau pointu, & s'ouvre une veine : puis se sentant déchargé de sa plénitude, il se veautre dans la boue pour étancher son sang.
   
Saintonge
  T. n.f. Nom propre d'une province de France, bornée au nord par l'Aunis & par le Poitou, au levant par l'Angoumois, & par le Périgord, & au midi par la Guienne propre. On donne à la Saintonge vingt-cinq lieues du couchant au levant, & douze du nord au sud ; c'est un pays très-fertile en bled, en vin & en fruits ; on y fait aussi quantité de sel. Ses villes principales sont Saintes capitale, Saint-Jean d'Angeli, Brouage & Taillebourg. Cette province demeure des anciens Santons, a eu ses Comtes particuliers. Elle appartint ensuite aux Anglois, & enfin elle a été réunie à la Couronne de France.
     
Saintre
  T. n.m. Droit de Saintre, ou de Cheintre, ou de Chambre. Droit qu'ont quelques Seigneurs sur les lieux non cultivés, qui sont en chaume, en friche, en bruyères ou buissons. Ce droit consiste à y faire paître leur bétail à l'exclusion de tout autre, qu'ils peuvent en faire chasser.
     
Saisie
  T. n.f. Acte de Justice, exploit de Sergent par lequel on dépossède un propriétaire de la possession de ses meubles, ou héritages, pour payer ce qu'il doit. On procède quelquefois par voie de saisie qu'on appelle simple gagerie : comme lorsqu'on n'a pour titre qu'une simple promesse non reconnue, on saisit les meubles d'un débiteur sans les déplacer, ni transporter. C'est un privilége accordé aux propriétaires pour les loyers d'une maison : ils peuvent procéder par voie de gagerie sur les meubles de leurs locataires, sans contrat ou obligation autentique, & sans une sentence de condamnation. Car en général on ne procède par voie de saisie & exécution sur des meubles, que quand on a une exécution parée, comme un contrat, obligation, ou sentence scellée, & en bonne forme : autrement la saisie seroit nulle. On peut de même procéder par saisie & arrêt sur les deniers qui sont dûs à son débiteur, dont on n'est point payé, afin que le débiteur ne s'en puisse désaisir que du consentement du créancier saisissant, ou à son prosit.
   
Salacon
  T. n.m. C'est le nom qu'on donne, par proverbe, à ceux qui sont tombés dans une pauvreté honteuse, après avoir dissipé leur bien par le luxe & la débauche, ou, selon d'autres, à ceux, qui quoique tombés dans la pauvreté, font encore paroître des sentimens ambitieux, & ont plus d'orgueil que les plus opulents. Ce nom vient d'un nommé Salacon, qui avoit les défauts dont on vient de parler à un si haut degré, que les Anciens le citoient en proverbe, comme le fait voir Erasme dans ses Adages.
   
Salade
  T. n.f. Espèce d'entremêt qu'on sert sur la table pour accompagner le roti. Il est composé d'ordinaire d'herbes crues, assaisonnées avec du sel, de l'huile & du vinaigre. On y met quelquefois des oeufs durs & du sucre. Une salade d'herbes, de laitue, de céleri, de chicorée, d'estragon & d'autres menues herbes, qu'on appelle de la fourniture. On en fait aussi avec des fruits, des olives, & des câpres ; quelquefois avec des fruits ou herbes confites au vinaigre, comme concombres, côtes de pourpier, percepierre ; quelquefois avec des anchois, &c.
   
Salage
  T. n.m. Action de saler, & la quantité de sel qui s'y consomme. Il faut tant de minôts de sel pour le salage d'un cochon. Le salage ou le sel dont on a besoin pour le saler, coute plus que l'achat de la bête. Il y a aussi en quelques lieux un droit de salage, qui est un droit de prendre du sel sur chaque bateau qui arrive en certains ports.
     
Salage
  T. n.m. C'est le droit de prendre certaine quantité de sel sur chaque bateau de sel qui passe en certain lieu.
   
Salaison
  T. n.f. Saison où l'on a coutume de saler. Au temps de la salaison des harengs, des morues, des cochons, on débite bien du sel.
On le dit aussi des viandes salées, du poisson salé qu'on embarque pour la nourriture des équipages, dans les voyages de long cours. On embarque beaucoup de salaison dans ce vaisseau. L'usage des salaisons donne le scorbut.
     
Salant
  T. adj. Épithète qu'on donne aux marais où l'on fait le sel. Les bords de la mer du bas Poitou sont presque tous marais salans, dont les sources sont salées. Voyez Marais, où l'on a donné une description très-exacte d'un marais salant. On dit aussi le sel noir ; le gros sel est plus salant que le sel blanc, pour dire, qu'il sale mieux, qu'il en faut une moindre quantité pour saler.
     
Saleran
  T. n.m. On nomme ainsi dans les Papéteries une espéce de Maître Ouvrier ou d'Inspecteur. On l'appelle ainsi, parce qu'il est le Maître de la salle où l'on donne les derniéres façons au papier.
     
Saleur
  T. n.m. Celui qui sale le poisson. Saleur de hareng, saleur de morue. Il y a des saleurs en titre d'office.
   
Salignon
  T. n.m. Pain de sel blanc, fait d'eau de fontaine salée, cuit & formé dans une éclisse comme un fromage. Dans les lieux francs de gabelle on met des salignons dans les colombiers, pour y attirer les pigeons.
     
Salin
  T. n.m. Terme de Vendeuse de sel. C'est une sorte de baquet couvert, d'une figure ovale, où les Vendeuses de sel qui sont aux coins des rues de Paris, renferment leur sel. Le salin est vuide, il faut remplir le salin.
   
Salins
 

T. n.mpl. On nommoit autrefois à la Rochelle, la Cour des Salins, une Jurisdiction qui y fut établie vers l'année 1635 pour connoître des différends mûs à l'occasion de la possession des salines ; & il fut mis 19 sols 6 deniers de droit sur chaque muid de sel raz chargé, tant dans l'étendue du Bureau de Brouage, que de celui de Rhé, pour servir au payement des gages des Officiers. La Cour des Salins fut supprimée quelque temps après ; mais le droit subsiste encore presqu'entier, & il se paye à deux particuliers, dont l'un de 5 s. 7 den. 18, & l'autre 9 s. 10 den. 45.

   
Salique
  T. adj. Est une épithète qu'on donne à une Loi ancienne, & fondamentale du Royaume de France, qu'on prétend avoir été faite par Pharamond, ou du moins par Clovis. Il y a eu des Juges appellés Rhatimbourgs dès l'origine des François, expressément destinés pour décider les difficultés qui se présentoient sur la Loi Salique. Du Haillan, après avoir examiné la Loi Salique en Critique, a décidé, que c'étoit une invention de Philippe le Long en 1316, pour exclure la fille de Louis Hutin de la Couronne. Le P. Daniel soutient qu'elle est citée par des Auteurs plus anciens que Philippe le Long, & que Clovis en est l'Auteur. Le style qui n'est presque pas intelligible, & qui est un langage latinisé, est une marque d'antiquité. Cette Loi Salique ne regarde point la Couronne de France spécialement. Elle porte seulement en général : En la terre Salique aucune portion d'héritage ne vient à la fémelle, ains que le sexe viril acquiert la possession. Ainsi c'est une erreur de croire que la Loi Salique fut établie particulièrement pour la succession royale ; car elle étoit faite également pour les particuliers. On appelloit autrefois terres, ou héritages saliques, toutes les terres, tant fiefs, que rotures, de la succession desquelles les femmes étoient excluses par la Loi Salique, ensorte qu'elles n'héritoient que des meubles & acquêts, quand il y avoit des mâles.
   
Salle
  T. n.f. La première partie d'un appartement dans un logis. C'est la plus grande pièce d'un bel appartement : & chez les Ministres d'État & les Magistrats, c'est le lieu où ils donnent audience. Chez le Roi & chez les Princes le lieu de leur appartement où sont leurs Gardes, s'appelle la salle des Gardes. Les appartemens royaux consistent en salle des Gardes, Antichambre, Chambre, Cabinet, & Galerie.
Les salles sont d'ordinaire au bas étage au raiz-de-chaussée. Il y aussi des salles hautes, des salles à donner le bal, à faire noces, des salles à manger, des salles d'audience, &c. d'autres pour les assemblées ou cérémonies. Il y en a aussi dans les Hopitaux où sont dressés plusieurs petits lits de rang pour mettre les malades.
Salle de bain. C'est la principale pièce de l'appartement du bain, où est le bassin ou la cuve pour se baigner.
Salle de bal. Grande pièce en longueur, qui sert pour les concerts & les danses, avec tribunes élevées pour la musique, comme celle du grand appartement du Roi à Versailles. Il y a aussi des salles de balets, des salles de comédie, des salles de machines.
Salle du commun. Pièce près de la cuisine & de l'office, où mangent les domestiques.
Salle d'eau. Espèce de fontaine plus basse que le raiz-de-chaussée, où l'on descend par quelques dégrés, & qui est pavée de compartimens de marbre avec divers jets d'eau, & entourée d'une balustrade
Salle de jardin. C'est un grand espace de figure régulière, bordé de treillage, & renfermé dans un bosquet, pour servir à donner des festins, ou à tenir bal dans la belle saison ; comme la salle du bas du petit parc de Versailles, qui est entourée d'un amphithéatre avec siéges de gazon, & un espace ovale au milieu un peu élevé, & en manière d'arène, pour y pouvoir danser la nuit à la lumière des flambeaux.

On dit proverbialement au Collége, Donner la salle, quand on fouette un écolier en public, pour donner l'exemple aux autres. Cela vient de ce que dans les Colléges il y a un endroit où tous les samedis, se doivent trouver à une certaine heure les petits écoliers, & où l'on punit ceux qui ont fait quelque faute.

   
Saloir
  T. n.m. Vaisseau de bois où l'on garde le sel dans les maisons, qu'il faut tenir en lieu sec.
Saloir, se dit aussi du vaisseau qui sert à saler les viandes, & à les laisser tremper dans leur sel pour s'en imprégner. Il faut ôter les viandes du saloir, quand elles y ont été suffisamment, pour les faire sècher ensuite.
   
Salope
  T. adj. Mal-propre en son manger, en ses habits, en son logement. On n'aime point à se servir de valets salopes, à aller visiter, ou à recevoir chez soi des gens salopes.
     
Salorges
  T. n.m. Amas de sel. Il est défendu par clause expresse des baux des Gabelles, à toutes personnes de tenir salorges à cinq lieues près des limites des greniers contenus en la Ferme.
     
Salpêtre
  T. n.m. Sel artificiel, & lixivial qu'on tire des pierres ou de certaines terres. L'air est plein par tout d'une sorte de salpêtre volatil qui s'attache sur le plâtre, & sur le mortier. La rosée & la pluie en portent beaucoup dans la terre pour la rendre fertile, sans quoi elle ne pourroit produire de végétables. De la terre dont on a tiré le salpêtre, étant bien sechée, on en retirera d'autre au bout de 12, ou de 14 ans. Il y a beaucoup de salpêtre aux environs de Wisbaden, en Podolie, en Moravie, en Valaquie : mais la plus grande quantité vient des Indes, & les vaisseaux Hollandois en une seule voiture au mois d'Août 1706, en apporterent 2175870 pesant. La seule province d'Asner, d'ailleurs stérile, fait au Grand-Mogol, par année, trente-deux ou trente-trois millions qui proviennent du débit du salpêtre.
On appelle aussi salpêtre, le sel qui distille dans les cavernes, qu'on appelle salpêtre de roche, que Pline appelle aphronitre. Sal-nitrum. On appelle aussi salpêtre, le sel de verrerie ou sel de pierre. Les Chimistes l'appellent Dragon, Cerbère, ou sel d'enfer, à cause des effets violens qu'il fait. L'esprit de nitre ou de salpêtre s'appelle par les Auteurs le sang de la salamandre. Les Ouvriers appellent mère de salpêtre, une huile jaune & grasse qu'on en sépare, quand on le rafine. C'est sa partie crue & non mûre.
Le salpêtre a une merveilleuse qualité pour se rarefier. Ce qui fait la force de la poudre à canon, dont il est le principal ingrédient ; jusques-là qu'on dit qu'il occupe dix mille fois plus de place étant enflammé, qu'il n'avoit auparavant. Ses menues parties sont faites en aiguilles, comme celles de l'alun en triangles, & celles du sel commun en cubes. Néanmoins quelques-uns attribuent aux cristaux de salpêtre une figure sexangulaire.

On le tire encore des vieilles masures, des cavernes, des étables, des colombiers & des lieux empreints des urines de plusieurs animaux. Ce sel est acide, c'est-à-dire, composé de parties pointues & pîquantes. Il est répandu dans l'air, & il s'attache aux corps qui sont capables de le recevoir, tels que sont principalement les vieilles murailles bâties de plâtre.

     
Salpêtrier
  T. n.m. Ouvrier qui fait du salpêtre, qui le tire par la lessive, & qui le cuit, ou en fait évaporer l'humidité.
     
Salpêtrière
  T. n.f. Lieu où l'on fait le salpêtre. Il y a une belle salpêtrière dans le petit Arsenal. Ce qu'on appelle communément la Salpêtrière à Paris, est l'Hopital Général, situé hors la ville du côté du Fauxbourg S. Marceau. C'étoit là qu'étoit autrefois la salpêtrière. Une salpêtrière est ordinairement dans un Arsenal, une grande salle au raiz de chaussée, où sont plusieurs rangs de cuves & de fourneaux pour faire le salpêtre, comme la salpêtrière de l'Arsenal de Paris.
   
Saluade
  T. n.f. Révérence qu'on fait aux personnes qu'on veut honorer. Les Juges veulent avoir bien des saluades & des bonnetades. A la campagne on fait des saluades à tous les honnêtes-gens qu'on rencontre, on leur ôte le chapeau. Il ne se dit guère que dans la conversation & avec une épithète.
     
Salvage
  T. n.m. ou sauvelage. Terme de coutumes. C'est un droit qui appartient à ceux qui ont aidé à sauver les marchandises & autres choses périssantes par naufrage. C'est ordinairement la dixième partie de ce que l'on sauve.
   
Salvation
 

T. nf. Terme de Palais, qui se dit des dernières écritures qu'on fournit dans un procès pour répondre aux contredits & aux objections de la partie adverse, & défendre les pièces qu'on a produites, & les inductions qu'on en a tirées. Tout appointement en Droit contient un règlement à écrire & produire, bailler contredits, & salvations. On dit aussi salvations de témoins, quand on détruit les reproches donnés contre les témoins. On dit encore salvation, quand un rendant-compte soutient les articles de son compte contre les débats & contradictions qu'on lui fait.

     
Samoreux
 

T.n m. Terme de mer. C'est un bâtiment extrémement long & plat, qui navigue sur le Rhin, & sur les eaux internes de Hollande, où les Samoreux apportent ordinairement du bois. Le mât en est de deux pièces & fort haut : il est tenu par des cordages à l'arrière & aux côtés.

   
Sancerre
 

T. n.m. Ville qui a titre de Comté. Elle est dans le Berri, en France, sur une montagne auprès de laquelle passe la Loire, à 10 ou 12. lieues de Nevers, du côté du nord. Sancerre est célèbre par le siége que les Protestans y soutinrent l'an 1573. où ils souffrirent les dernières rigueurs de la faim avant que de se rendre. Ses fortifications & son château ont été rasés. Sancerre appartient à la maison de Condé.

   
Sandale
  T. nf. Chaussure de Religieux Réformés, qui ne consiste qu'en des semelles de cuir attachées avec des boucles, le reste du pied demeurant nud. Les Capucins portent des sandales ; les Recolets des socques. Celles-là sont de cuir, celles-ci de bois. Parmi les Capucins & quelques autres religieux, celui qui fait les sandales s'appelle sandalier.
   
Santerre
  T. n.m. Contrée de la Picardie en France. Elle est entre l'Île de France & l'Artois, ayant le Vermandois au levant, & l'Amiénois au couchant. Ses lieux principaux sont Péronne capitale, Nêle, Roie & Montdidier.
   
Saône
 

T. n.m. prononcez Sône. Nom propre d'une grande rivière de France. Elle prend sa source dans la Lorraine, près du Bourg de Darnai, baigne Grai dans la Franche-Comté, Aussonne, S. Jean de Lône, Verdun, Châlons, & Mâcon dans la Bourgogne ; & après avoir séparé la Bresse du Beaujolois & du Lionnois, elle se jète dans le Rhône à Lion. Cette rivière en reçoit plusieurs autres, dont le Doux & l'Ougnon sont les principales.

   
Saoule
  T. n.f. C'est le nom d'un jeu que les Seigneurs de Paroisse proposent à leurs Vassaux dans des jours de réjouissance, comme de fête, de mariage, &c. Ce jeu se fait avec un ballon bien huilé par-dehors pour le rendre plus glissant. On le jette à l'aventure, & chacun cherche à s'en saisir, & à se l'entre-arracher, & celui qui le peut porter sur une autre Paroisse que celle où se fait le jeu, remporte le prix proposé. Ce jeu qui s'appelle la Saoule en Bretagne, se nomme en Normandie la Pelotte ou l'Eteuf.
   

Sapinière

  T. n.f. Forêt de sapins, lieu planté de sapins.
On appelle ainsi sur la rivière de Loire un bateau de sapin, qui à proportion de sa longueur, est plus large qu'un chaland. Les sapinières sont fortes de bords. Ma sapinière portera plus que ton chaland.
     
Sappe
  T. n.f. Il se dit en termes de guerre d'un travail qu'on fait sous terre pour la descente d'un fossé. Prendre par sappe, pousser la sappe, conduire la sappe ; aller à la sappe, user de la sappe, tout cela se dit d'une certaine maniére de pousser, de conduire la tranchée. Quand on ouvre la tranchée, on l'ouvre à découvert, les travailleurs n'ayant rien pour les couvrir. Tout ce qu'on fait, c'est de creuser promprement, &c. de jetter la terre du côté de la place, laquelle avec des fascines qu'on y place forme le parapet de la tranchée. On avance de la sorte jusqu'à ce que le feu, par le voisinage de la place, devenant plus meurtrier, on a recours à la sappe, pour épargner la vie des travailleurs.
Voici comment la sappe se fait. Au débouché de la tranchée le premier Sappeur fait avancer un mantelet pour se couvrir contre le feu de la Place, puis il place de la main, ou avec une fourchette un gabion Alors s'il le remplit lui-même tout-à-fait de terre, cela s'appelle sappe pleine, ou simplement sappe. S'il ne le remplit qu'à demi, pour avancer chemin & pour en placer un autre, laissant au second sappeur le soin d'achever de le remplir, on l'appelle demi-sappe. Que s'il ne jette point de terre dans le gabion, mais qu'il avance toûjours pour en placer un nouveau, c'est ce qu'on appelle sappe volante. Les Sappeurs se suivent à la file ; les premiers ébauchent, les autres perfectionnent la sappe. On remplit les gabions de terre, & l'on met dans l'entre-deux des gabions des sacs à terre, pour fermer le vuide. On met aussi par-dessus les gabions, quand ils sont pleins de terre, des fascines, & sur le tout on continue à jetter de la terre, jusqu'à ce qu'on ait fait un bon parapet à l'épreuve du canon. Quand on a élargi la sappe à dix ou douze pieds, sur trois de profondeur, en taluant, pour-lors elle change de nom, & s'appelle tranchée. Le métier de Sappeur est dangereux, surtout plus on approche du corps de la place, & il demande un apprentissage, pour s'y rendre habile.
On distingue cinq sortes de sappes. La sappe entiére, la demi-sappe, la sappe volante, la double sappe, & la sappe couverte.
La Sappe entiére se faisoit autrefois par un seul homme, qui après avoir fait un trou de trois pieds de profondeur, sur trois de largeur, où il se trouvoit à couvert, continuoit ensuite sur l'alignement qu'on lui prescrivoit, en jettant toûjours les terres du côté de la place. Ce travail étoit extrêmement long, & quand on vouloit s'en servir, on employoit des années entiéres pour un siége.
Aujourd'hui la sappe entiére se fait par des Sappeurs qui posent à couvert des gabions dont ils ferment les entre-deux avec des sacs à terre, ou des fagots de sappe, & qu'ils remplissent de terre à mesure qu'ils les ont posés, faisant une tranchée de trois pieds de largeur sur autant de profondeur, que les travailleurs viennent ensuite aggrandir.
La Demi Sappe est lorsqu'on pose à découvert une certaine quantité de gabions sur un alignement donné, & qu'après en avoir formé les entre-deux avec des sacs à terre ou des fagots de sappe, on travaille à les remplir. Ces deux sortes de sappes sont à présent les plus usitées. La premiére, lorsque le feu de la place est violent, & la seconde lorsqu'on peut éteindre le feu par le moyen des batteries qui ruinent les défenses de l'ennemi, & l'empêchent d'incommoder les travailleurs. L'usage de travailler à la sappe & demi-sappe, lorsque la tranchée est parvenue près du glacis, ou au glacis même, est fort bon. M. de Vauban est le premier Ingénieur qui ait fait travailler à la demi-sappe d'assez loin. La demi-sappe consomme bien moins d'hommes que le travail ordinaire.
La Sappe volante est lorsqu'on trace tout l'ouvrage avec des gabions, & que sans y avoir mis auparavant les Sappeurs pour les remplir, on y fait aller les travailleurs, qui approfondissent & forment la tranchée de la grandeur dont elle doit être. Cette maniére ne peut guère se pratiquer que la nuit, & lorsqu'on est encore loin de la place.
La Double Sappe est lorsqu'on est obligé de se couvrir des deux côtés, pour éviter d'être vû de l'ennemi.
La Sappe couverte est un chemin qu'on fait sous terre pour mettre les Sappeurs à couvert des grenades, à l'approche des ouvrages qu'on veut attaquer. On ne laisse pardessus que deux pieds de terre, qu'on soûtient s'il en est besoin, & qu'on fait tomber quand on veut.
     
Sarcler
  T. v. Échardonner, ôter les chardons & les mauvaises herbes d'une terre, arracher les méchantes herbes d'un champ, d'un jardin, avec un instrument propre à cet usage. Il faut sarcler cette terre à bled, sarcler les planches, les allées de ce jardin. Un sarcleur est un laboureur ou jardinier qui ôte les mauvaises herbes des terres & des jardins à l'aide d'un sarcloir, petit fer tranchant en dedans qui fait un angle.
     
Sardis
  T. n.mpl. Draps assez communs qui se fabriquent à Bourg en Bresse.
   

Sarfouer

  T. v. Bêcher légérement la terre entre les plantes pour les rafraîchir & les faire mieux pousser après les avoir sarclées avec la main. Nicot met sarfouir : d'autres disent serfouir
     
Sarment
  T. n.m. Le bois qu'on coupe d'un sep de vigne, quand on la taille au printemps. On fait des fagots de sarment, pour faire du feu clair. La cendre du sarment est fort déliée, & sert aux Chymistes & aux Ouvriers à faire des coupelles, des moules & autres ouvrages. L'oeil du sarment est son bourgeon.
Sarment, se dit aussi du petit bout de bois qu'on laisse sur le sep, où vient le nouveau bourgeon.
   
Sarot
  T. n.m. ou sarrau. Habit de paysan, & de roulier. On n'eut ni le temps ni les moyens de donner des habits d'ordonnance aux Milices Suédoises. La pluspart de ces Laboureurs vinrent vètus de leurs Sarots de toile, ayant à leurs ceintures des pistolets attachés avec des cordes.
   

Sarrasin

  T. n.m. Bled-sarrasin, espèce de bled qu'on appelle autrement bled noir. C'est un bled que Daléchamp dit avoir été apporté d'Afrique. Il a la feuille rondelette d'abord, qui prend ensuite la forme de celle du lierre, hormis qu'elle est plus pointue & plus molle. Son tuyau est frèle, rond, vuide, rouge, feuillu, d'où sort une fleur blanche, assez grande, disposée en grape, composée de cinq étamines. Il lui succède une graine de forme triangulaire, ayant la moëlle de dedans blanche, & l'écorce de dessus noire. On le sème en Avril, & on le moissonne en Juillet. En quelques lieux on en fait la moisson deux fois l'année. Les paysans en font du pain qui est fort noir.
     
Sarrasine
  T. n.f. Terme de Fortification. C'est une herse qui se met au-dessus des portes des villes, & qu'on fait tomber quand on veut, pour empêcher les surprises.
   

Sarrette

  T. n.f. C'est une plante dont la feuille sert aux Teinturiers pour teindre en jaune, & qui croît en plusieurs lieux.
     
Sart
  T. n.m. ou sar, ou goëmon. Ce sont des herbes qui croissent au fond de la mer, qu'elle arrache en certain temps, & qu'elle rejète à la côte. On s'en sert à fumer la terre. On nomme ces herbes Goëmon sur les côtes de Bretagne, Varech sur les côtes de Normandie, & Sart sur celles du pays d'Aunis, de Saintonge & de Poitou.
   
Sas
  T. n.m. Sorte de tamis, tissu de crin attaché à un cercle de bois mince & large, & dont on se sert pour passer les poudres qu'on veut avoir fort déliées. On passe la farine au sas dans les huches, & il sert de blutoir. Les Parfumeurs passent leurs poudres dans des sas qui ont un couvercle. Les Maçons se servent aussi de plâtre au sas pour les ornemens des cheminées, & autres ouvrages délicats.
     
Satin
  T. n.f. Étoffe de soie polie & luisante, dont la chaîne est fort fine, & fort en dehors, & la trême est grosse & cachée ; ce qui lui donne son lustre. Le plus beau satin est celui de Florence & de Gènes, & puis celui de Lion. Les satins de Bruges sont trèmés de fil, & la chaîne est de soie ; ce qui l'a fait nommer caffard. Le satin plein, est celui qui est brillant & uni. Il y en a d'autre qui est figuré, & diversifié de plusieurs couleurs ou figures, auquel on ajoute de nouvelles chaînes ou trêmes pour faire les façons. On fait des robes, des juppes, des culottes de satin. Les Chinois préparent les satins à l'huile pour leur donner plus de lustre ; mais la poussière s'y attache.
     
Satinade
  T. n.f. Étoffe de satin commune, ou qui imite le satin.
     
Saucier
  T. n.m. Celui qui compose ou qui vend des sauces. C'est une des qualités des Vinaigriers.
     
Saucissier
  T. n.m. Faiseur de saucisse. On nommoit ainsi autrefois les Chaircuitiers, qui dans leurs statuts prennent encore le nom de Chaircuitiers-Saucissiers.
   

Sauf

  T. n.m. Vieux mot. Grange ou Grenier. Lieu où l'on sert les grains.
   
Saugrenée
  T. nf. Assaisonnement de pois avec du beurre, des herbes fines, de l'eau & du sel. Ceux qui disent qu'on les cuit à l'eau & au sel seulement, n'en ont apparemment guère mang
     
Saugue
  T. n.m. Bateau de pêcheur en Provence.
     
Saumée
  T. n.f. C'est ainsi qu'en quelques provinces on appelle une mesure de terre labourable d'environ un arpent
   
Saumure
  T. n.f. Liqueur qui se fait du sel fondu, quand on a salé des viandes, du beurre ou autres choses.
     
Saunage
  T. n.m. Marchandise de sel. Le faux saunage ; c'est le trafic du sel qui n'est point gabellé, qui se fait en fraude des droits du Roi. Il est sévèrement défendu par les Ordonnances. On condamne aux galères pour le faux saunage. Il n'est usité qu'en cette phrase.
     
Saunerie
  T. n.f. Lieu où se fait le sel ; endroit où sont les bâtimens, maisons, sources, puits, fontaines salées, cours, bernes, fonds, & très-fonds & tous les instrumens pour fabriquer le sel, où il y a magazin de sel. Le fermier des gabelles qui succèdera, sera obligé de prendre les sels restans des sauneries. Nous nous reservons la justice des sauneries. La plus belle des sauneries est à Salins. On y fait pour plus de quatre mille francs de sel tous les jours.
   
Saunière
  T. n.f. Grosse salière de bois qu'on pend à un des côtés de la cheminée, où l'on met le sel pour l'usage ordinaire de la cuisine.
   
Saur
  T. adj. Signifie, qui est de couleur jaune tirant sur le brun, ou de couleur dorée & obscure. Hareng salé & sèché à la fumée. On l'appelle aussi hareng sauret, & on écrit plus ordinairement hareng sor, que hareng sauret. Les Fruitières appellent un harengsaur, de l'appétit. Ce mot vient de saur, qui en vieille langue Gothique signifie couleur rousse & enfumée.
   

Saussaie

  T. n.f. Quelques-uns disent saulaie ; mais saussaie est le véritable mot. Lieu planté de saules. Les saussaies sont de fort bon revenu.
     
Sautage
  T. n.m. Terme en usage dans le commerce du hareng blanc, pour signifier l'action de ceux qui foulent le poisson à mesure qu'on l'a pacqué dans les barils.
   
Saurer
  T.v. Ménage dit saurir. Faire sècher des harengs. On saure les harengs à la fumée. Cela les rend un peu jaunes & saurs
     
Sauvage
  T. n.m. Terme de Marine, qui se dit de l'action par laquelle on sauve les marchandises après un naufrage, ou de celles qu'on retrouve après les avoir jetées. Par les Us & Coutumes de mer, le tiers des marchandises sauvées appartient à ceux qui en ont fait le sauvage. Sauvage signifie aussi les frais du sauvement, le payement qu'on donne à ceux qui sauvent quelque chose, ou la part qu'ils ont à ce qu'ils sauvent.
   
Sauve-garde
  T. n.f. Protection que le Roi, ou la Justice donne à ceux qui implorent leur assistance contre l'oppression des plus puissans. Quand un plaideur est menacé, on lui donne une sentence qui le met en la protection & en la sauve-garde du Roi & de la Justice, contre sa partie adverse, c'est-à-dire, que s'il lui est fait quelque violence, on l'impute à cette partie. Les Lettres de Committimus & de Garde-gardienne ne sont accordées qu'à ceux que le Roi a mis particulièrement en sa protection & sauve-garde.
Sauve-garde, est aussi une exemption de logemens & passage de gens de guerre, accordée par Lettres ou Brévet du Roi, ou d'un Général d'armée. L'infraction de sauve-garde est un cas royal dont les Prevôts des Maréchaux connoissent.
On appelle aussi sauve-garde, le soldat ou cavalier que le Général envoie dans un château, ou en une terre ennemie, pour la préserver des insultes des soldats, dans le passage ou le voisinage des troupes.
     
Sauvement
  T. n.m. Terme de commerce de mer. On dit qu'un vaisseau Marchand est arrivé en bon sauvement, pour dire, qu'il est arrivé à bon port, sans aucun accident.
   
Savanne
  T. n.f. C'est le nom que les François du Canada donnent aux forêts composées d'arbres résineux, c'est-à-dire, de pins, de sapins, de mélèses, & dont le fond est humide, & couvert de mousse. Il y a des Savannes fort épaisses, & d'autres qui sont claires. Le Caribou habite dans les Savannes, & quand elles sont épaisses, il s'y fait des routes.
Sur ce mot on lit dans le Dictionnaire que c'est le nom que les François du Canada donnent aux forêts composées d'arbres résineux. Le mot de savanne ne signifie point forêt, il signifie prairie, & vient de l'Espagnol savana, qui veut dire une prairie.
   
Savate
  T. n.f. Vieux soulier fort usé. Les pauvres gens ramassent les vieilles savates qu'on jète dans les rues. On brûle de vieilles savates au nez des femmes qui ont des maux de matrice.
On donne le nom de la savate au Messager qui porte les lettres à pied d'une ville à l'autre dans les postes détournées.
La savaterie est le lieu où l'on trafique de vieille chaussure, où demeurent des savetiers. Il y a à Paris une rue de la savaterie.
     
Savetier
  T. n.m. On disoit autrefois Savatier. Artisan qui raccommode les vieilles chaussures, souliers, bottes, pantoufles. Le Corps des Savetiers est un des plus nombreux de la ville de Paris. Il a fait remonter des bottes par le Savetier. Dans les anciens titres on appelloit un Savetier, Sueur de vieil ; ce qui venoit apparemment de sutor.
Savetier, se dit aussi de tout autre Artisan qui travaille mal proprement, grossièrement, qui salit, qui gâte la besogne.
   
Savoie
  T. n.f. Nom propre d'une contrée de l'Europe. Sabaudia. Savoie propre. Elle est entre le Genevois, le Faucigni, la Tarentaise, la Morienne, le Dauphiné & le Bugei. Chamberi, capitale, Mont-mélian, Aix & Rumilli en sont les lieux principaux.
Les États de Savoie. État souverain de l'Europe. Il est borné au nord par le pays de Gex, la petite République de Genève, & le lac de ce nom, qui le sépare du pays des Suisses ; il a au couchant le Bugei, le Dauphiné & la Provence, au sud la mer Méditerranée, & au levant les États de Gènes, le Montferrat Mantouan, le Duché de Milan & le pays de Valais. Cet État est en partie en-deçà des Alpes, & en partie au-delà des montagnes ; il comprend le Duché de Savoie, la Principauté de Piémont, celle d'Oneille avec ses dépendances, le Comté de Nice, & le Montferrat Savoyard. Il y a dans ces États trois Tribunaux suprêmes de Justice qu'on nomme Sénats, & ils ont leurs siéges à Turin, à Chambéri, & à Nice. Le Duc de Savoie Souverain de cet État, le possède par droit de succession, le gouverne avec un pouvoir absolu, il porte le titre de Vicaire perpétuel de l'Empire en Italie, & celui de Roi de Chipres, quoiqu'il n'ait jamais eu de ce Royaume que le droit sans possession ; & on lui donne à cause de cet ancien droit le nom d'Altesse Royale.
Le Duché de Savoie. C'est la partie septentrionale des États du Duc de Savoie : elle est séparée du Piémont & de ses annèxes par les Alpes, & elle renferme huit petites provinces, les Duchés de Chablais, de Genevois, de Savoie propre & d'Aouste, la Baronnie de Faucigni, les Comtés de Tarentaise & de Morienne, & la partie du Bugei qui est à l'orient du Rhône. L'air de ce pays est assez froid, à cause des hautes montagnes dont il est rempli. Il ne laisse pas d'être bien peuplé, & assez fertile en blé & en vin dans les vallons, & en bon paturages dans les montagnes. La Savoie est baignée par le Rhône, l'Isère, l'Arve & l'Arc, & ses villes principales sont Chambéri capitale, Monstiers, Saint Jean de Morienne, Aouste, Montmélian, Anneci, Évian, Thonon, Aix, &c.
   
Savon
  T. n.m. Pâte ou composition dont on se sert pour blanchir le linge, & à d'autres usages. Elle est faite de cendres de chêne, & de quelques autres végétaux, & de chaux vive. On y mêle de l'huile, du marc d'olives, de la graisse, ou du suif, dont la différente quantité ou qualité fait la différence des savons de Castres, de Gènes, & autres ; du savon blanc & du savon noir. Les Teinturiers ne peuvent employer autre savon que celui de Gènes & d'Alican.
     
Savonnerie
  T. n.f. Lieu où l'on fait du savon. Grand bâtiment en longueur avec réservoir à huile & soude, cuve & fourneaux au raiz de chaussée, pour faire le savon, avec plusieurs étages, où sont les mises pour le figer, & sèchoir pour le sècher. Une des plus belles savonneries de France, est celle de la Napoule, port de mer, près de Cannes en Provence.
     
Sayetterie
  T. n.f. On nomme ainsi la Manufacture des étoffes de laine, ou de laine mêlée avec de la soie ou du poil, établie à Amiens. Sayetteur, se dit des Maîtres de la Sayetterie d'Amiens qui ne travaillent qu'en étoffes de sayetterie.
     
Scapulaire
  T. n.m. Partie du vètement de plusieurs Religieux qui se met par dessus la robe, autrefois sur les épaules, & qui étoit destiné à conserver les habits pendant le temps du travail des mains, à peu près comme le tablier que portent aujourd'hui les femmes & plusieurs ouvriers. Le Scapulaire est aujourd'hui composé de deux petits lés de drap qui couvrent le dos & la poitrine, & qui pendent jusqu'aux pieds aux Religieux Profès, & jusqu'aux genoux aux Convers, en la pluspart des Ordres.
   
Scarificateur
  T. n.m. Instrument de Chirurgie fait en forme de boëte, au bas de laquelle sont dix-huit roues tranchantes comme un rasoir, qu'on bande avec un ressort, & qui se débande avec un autre. Scarificator. Il sert pour faire évacuer le sang épandu sous le cuir, parce qu'il fait dix-huit incisions à la fois qui font moins de douleur, que si on les faisoit l'une après l'autre.
   
Sceau
 

T. n.m. ou scel. C'est un cachet ou un morceau de métal peu épais, & de figure ronde, ou ovale ; un instrument public, gravé & marqué des armes du Prince, de l'État, du Seigneur, ou du Magistrat, dont l'empreinte faite sur la cire, sert à rendre un acte authentique & exécutoire. C'est aussi l'empreinte même que fait le sceau. Le grand Sceau est le Sceau du Roi, qui est entre les mains du Chancelier, ou du Garde des Sceaux, dont on scelle les Édits, les provisions des Offices, les Priviléges, les Graces & Patentes, & tout ce qui se fait au Conseil d'État, ou au Grand-Conseil. Le grand Sceau est exécutoire par tout le Royaume. Il porte empreinte l'image du Roi revètu de ses habits Royaux. Ceux qui ont droit de committimus au grand & au petit Sceau, peuvent indifféremment porter leurs causes aux Requêtes de l'Hotel, ou aux Requêtes du Palais. Mais lorsqu'il s'agit de distraire le procès d'un Parlement à un autre, il faut, pour le grand Sceau, que la somme en question soit de mille livres, & au-dessus. Ceux qui n'ont que le droit de committimus au petit Sceau, ne peuvent faire renvoyer leurs causes que dans l'étendue du Parlement, dans lequel ont été expédiées les lettres du petit Sceau ; & il faut qu'il s'agisse de 200 livres & au-dessus.
Les petits Sceaux sont ceux des petites Chancelleries, qui sont établies près des Parlemens, pour sceller leurs arrêts, & les autres Lettres & expéditions qui servent à l'instruction des procès. Ces Sceaux portent, non l'image du Roi, mais seulement les armes de France. Ils sont seulement exécutoires dans le ressort de leur Parlement, si on n'y joint un paréatis du grand Sceau. Il y a aussi des petits Sceaux dans les Présidiaux pour sceller les Sentences présidiales ; c'est-à-dire, rendues aux deux chefs de l'Édit, les Exécutoires, émanés des Juges présidiaux, & les reliefs d'appel dont ils sont compétens. Ce sceau est exécutoire dans tout le ressort du Parlement où est situé le Présidial ; il porte les armes de France, mais en plus petite forme que le sceau des petites Chancelleries. Il y a encore les petits Sceaux de Justice, qui servent à sceller les sentences, les mandemens & les exécutoires des Juges non présidiaux, & les contrats. Ce sceau porte aussi les armes du Roi, mais en plus petite forme que celui des Chancelleries présidiales. Il n'y avoit même anciennement qu'une fleur de lis. Il est exécutoire par tout le Royaume, pour les contrats, en vertu de l'Ordonnance de 1539 & pour les sentences, il n'est exécutoire que dans le territoire du Juge. Le Scel du Châtelet est attributif de Jurisdiction, en sorte qu'on prétend qu'un contrat passé sous le Scel du Châtelet de Paris y attire les parties de tout le Royaume, quand il s'agit de l'exécution du contrat, ou qu'il y a procès pour cela : il n'y a qu'une fleur-de-lis. Le scel authentique est celui des Seigneurs pour les actes de leurs Seigneuries, que gardent leurs Tabellions.
Les Évêques, les Communautés, & même les particuliers ont aussi des sceaux, pour marquer les provisions qu'ils donnent, ou autres actes ; mais ce ne sont proprement que des cachets.
Les Commissaires & les Juges particuliers ont aussi leurs sceaux, avec lesquels ils scellent & cachètent les portes, serrures, coffres, & même les corps morts, pour les mettre sous la main de la Justice, & en saisir leur jurisdiction, pour empêcher qu'on n'y touche, & pour la conservation des droits des intéressés & des absens.

   
Scédule
  T. n.f. ou cédule. Billet, promesse, ou autre reconnoissance sous seing privé. On dit qu'un homme plaide contre sa scédule, quand il plaide contre son fait, contre son écriture, quand il a mauvaise cause. Nos Coutumes & les Gens du Palais écrivent schédule.
Scédule, en termes de Coutumes, se dit d'un placard & affiche, sur-tout de celui que fait apposer un Seigneur pour la publication des hommages qu'on lui doit rendre. On l'a dit aussi de l'exploit ou rapport d'un Sergent qui fait un ajournement des criées, ou une exécution.
Scédule, se dit aussi des mémoires signés que les Procureurs baillent au Greffe, ou au premier Huissier, pour l'expédition de leurs causes, tant pour les présentations, que pour les défauts & congés, qui contiennent les noms & qualités des parties. En quelques lieux on le dit aussi des brevets d'obligations & minutes des Notaires.
     
Scel (droit du petit)
  T. n.m Droits domaniaux perçus pour le scellement des jugements et arrêts (et jusqu'en 1706 des actes notariés).
   
Scénite
  T. n.m. Qui habite sous des tentes. Qui n'a pour maisons que des tentes. Ce nom se dit de quelques peuples qui n'ont point de demeures fixes, mais qui changent souvent, & qui pour cela, n'ont point d'autres maisons que des tentes qu'ils transportent avec eux.
   
Scénographie
  T. n.f. C'est la description d'une côte, d'un pays, tel qu'il se présente à nos yeux.
     
Scelleur
  T. n.m. Celui qui appose le sceau aux sentences & contrats. C'est un Officier qui a été érigé en 1568 en chaque Jurisdiction pour garder les sceaux, & pour sceller. Le Scelleur du Châtelet. On le dit quelquefois des bas Officiers du Sceau qui appliquent effectivement la cire. Un decret doit être 24 heures entre les mains du Scelleur, pendant lesquelles les oppositions à fin de charge sont encore reçues.
   
Scholarité
  T. n.f. Terme de Barreau. On appelle Droit de Scholarité la faculté que les Écoliers des Universités ont d'évoquer leurs causes personnelles devant le Conservateur de leurs priviléges. Il faut qu'un écolier ait étudié six mois dans l'Université pour jouir du privilége de scholarité ; & en ce cas il ne peut être distrait, tant en demandant qu'en défendant, des Juges des priviléges des Ecoliers, excepté en vertu d'actes passés avec des personnes domiciliées hors la distance de 60 lieues.
   
Scholastique
  T. adj. Qui appartient à l'École. Ce terme n'est pas connu parmi le peuple, il est renfermé dans l'Ecole. Étudier la Théologie scholastique. Ce garçon a encore la mine scholastique, il sent l'écolier.
   
Scorbut
  T. n.m. Maladie qui prend ordinairement sur la mer. Elle est accompagnée d'un grand nombre d'accidens qui surviennent à toutes les parties du corps. Les plus ordinaires sont le saignement, la rélaxation, l'enflure, la puanteur des gencives, l'ébranlement & la chûte des dents, la puanteur de la bouche, les taches rouges ou livides, ou jaunes, & les douleurs des bras & des jambes, les lassitudes, la défaillance, la syncope, la douleur de tête. Le scorbut vient des particules âcres salines qu'on respire, des viandes salées ou gâtées qu'on mange, des méchantes eaux qu'on boit, de mal propreté, de pourriture, des chagrins : il est aussi contagieux. On n'en guérit guère qu'en prenant terre, d'où vient que les Mariniers l'appellent mal de terre, ou en se frottant du sang des tortues de mer, en usant du jus d'oranges, de citrons & de cocos, ou d'une herbe qu'on nomme herbe aux cuilliers.
Les peuples voisins de la mer Baltique sont fort sujets à ce mal. La Norvège produit des mûres qui sont souveraines pour le guérir. On envoie les malades dans les bois où elles croissent, afin qu'ils y en mangent tout leur saoul, & on les y laisse jusqu'à ce qu'ils se portent bien
   
Sebile
  T. n.f. Vaisseau de bois fait en rond & en forme de jatte qui sert en vendanges à tirer le vin de la cuve pour l'entonner. On appelle aussi sebiles, les jattes dont se servent les Sculpteurs & les autres Artisans en diverses occasions et le vaisseau de bois rond et creux, dans lequel les boulangers mettent la pâte quand elle est pétrie.
   
Sécheron
  T. n.m. Terme d'agriculture. Pré situé dans un lieu sec & qui ne peut être abreuvé que par les pluies.
   

Secourgeon

  T. n.m. Espèce d'orge qui est plustôt mûre que les autres. On dit plustôt escourgeon.
     
Séculier
  T. adj. Laïque, qui vit dans le monde. On le dit aussi d'un Ecclésiastique qui n'est engagé par aucuns voeux, ni assujetti aux règles particulières d'une Communauté. Il est opposé à Régulier. Les Réguliers prétendent que leur état est plus parfait que celui des Séculiers. Les Prêtres séculiers peuvent être pourvûs des Abbayes, & des Prieurés, tant simples que conventuels, non en titre, mais en commende. On a mandé à cette cérémonie le Clergé séculier & régulier. Ce Religieux porte maintenant l'habit séculier.
Séculier, se dit aussi d'un bénéfice qui peut être possédé par un Ecclésiastique séculier. Il y a une maxime de Droit qui porte, que les bénéfices séculiers doivent être donnés aux Séculiers, & les réguliers aux Réguliers. C'est aussi une maxime que tout bénéfice est censé séculier, à moins qu'il ne soit justifié qu'il est régulier.
   
Secrétaire
 

T. n.m. Officier qui expédie par le commandement de son maître des lettres, des provisions, des brevets, & qui les rend authentiques par sa signature. Le Roi a quatre Sécretaires d'État, ou de ses commandemens. Ils ont souvent la qualité de Ministres ; ils expédient ses dépêches, ses Lettres de Cachet, ses brevets, les arrets du Conseil d'enhaut, & les provisions qu'ils signent en commandement ; ils gardent & signent les minutes des traités de paix, contrats de mariage, & autres affaires importantes de la Couronne. Ils se font donner le titre d'Excellence, ou de Grandeur. Ils ont chacun trois mois de l'année, pendant lesquels ils doivent expédier tous les dons & toutes les graces que le Roi accorde dans les mois qui leur sont assignés. Le Royaume est partagé en quatre départemens, pour chacun des quatre Sécretaires d'État. Toutes les lettres qui sont écrites au Roi par les Provinces, ou les Parlemens, doivent être adressées à celui des Sécretaires d'Etat dans le département duquel elles sont tombées. Les Sécretaires du Roi étoient anciennement appellés, Clercs & Notaires du Roi.
Sécretaires du Cabinet. Ce sont des Officiers qui écrivent les Lettres particulières du Roi. Il y en a quatre. Ils se qualifient Conseillers du Roi en tous ses Conseils. Sur l'État ils sont qualifiés Sécretaires de la Chambre & du Cabinet. Il y a aussi un Sécrétaire de la Maison du Roi.

Sécrétaire, se dit aussi des domestiques de quelques grands Seigneurs, ou des gens de robe, qui leur servent à faire leurs dépêches & leurs affaires, qui font les extraits des procès qu'ils ont à rapporter, & qui les avertissent, quand ils sont en état. On les appelloit autrefois Clercs de Conseillers, de Maîtres des Requêtes, de Présidens.

   
Secrétairerie
  T. n.f. C'est le lieu où sont déposés tous les acres expédiés par les Secrétaires d'État, comme Brevets, Dépêches, Lettres de cachet, Traités d'alliance, de paix & de commerce, Traités de mariage des Rois & des Princes, Arrêts du Conseil d'enhaut, & généralement toutes les minutes des affaires importantes de l'Etat.
On donne aussi ce nom à la dignité de Secrétaire d'Etat, à celle de Secrétaire du Roi, & même de tout autre Secrétaire. La Secrétairerie d'Etat étoit peu de chose dans son institution. Les Secrétaires ne prenoient même que le titre de Notaires Elle est aujourd'hui très-brillante. La plûpart des Secrétaires d'Etat sont Ministres. La Secrétairerie du Roi fait plus de Gentilshommes que toutes les troupes militaires du Royaume. Dans ce dernier sens on peut dire aussi Secrétariat.
   
Ségorage
  T. n.m. ou ségréage. Nom d'un droit sur les forêts. Le droit de ségréage est ainsi appellé de segregare, mettre à part, parce que c'est une chose mise à part pour le Seigneur. Ce droit de ségréage consiste en la cinquième partie des bois qui se vendent par les Vassaux, laquelle est dûe au Seigneur avant la coupe de ces bois ; avant même que de les exposer en vente, le propriétaire est tenu de déclarer à son Seigneur, ou à ses Officiers, le prix qui lui en aura été offert. Le Receveur de ce droit s'appelle Ségrayer.
   

Segrairie

  T. n.f. Bois qui est possédé en commun, ou par indivis, soit avec le Roi, soit avec des particuliers. Il y a plusieurs articles de règlement pour les bois tenus en ségrairie dans l'Ordonnance des Eaux & Forêts. La disposition qui regarde les bois du Roi, a lieu aussi à l'égard de ceux qui sont tenus en ségrairie avec lui.
   
Ségrais
  T. n.m. Terme qui n'est en usage que dans les Eaux & Forêts, & se dit des bois qui sont séparés des grands bois qu'on coupe & qu'on exploite à part.
   

Seigle

  T. n.m. Plante qui a au commencement ses feuilles rougeâtres, mais elles deviennent ensuite vertes comme celles des autres bleds, plus longues & plus étroites que celles du froment. Les épis du seigle sont plus longs, plus grêles, plus fermes & plus applatis que ceux du froment. Ses racines sont déliées & fibreuses. On sème cette plante au commencement de l'hiver. Il y a une autre espèce de seigle qu'on ne sème qu'au printemps, qui est plus petite en toutes ses parties. La paille de seigle sert à faire les liens des gerbes.
Seigle, se dit aussi de la graine de seigle. Le seigle est propre à faire du pain. Il est plus maigre que le froment. Le pain de seigle tient le ventre lâche. Le bled méteil est moitié seigle & moitié froment.
Ce mot vient du Latin secale qui est fait de secare, couper, parce qu'on coupe cette plante au temps de la moisson.
Il y a du seigle qui dégénere, dont les grains sont noirs en dehors, assez blancs en dedans, & quand ils sont secs, ils sont plus durs que les grains naturels. Ils n'ont point de mauvais gout, & ils s'alongent beaucoup plus dans l'épi que les autres. Il y en a quelques-uns qui ont jusqu'à 13 ou 14 lignes de long sur deux de large, & l'on en trouve quelquefois sept ou huit dans un même épi. En Sologne on appelle ces grains des ergots, & en Gâtinois du bled cornu.
On dit proverbialement, quand on a bien battu quelqu'un, qu'on l'a battu comme seigle verd, parce qu'en cet état le seigle sort difficilement de l'épi.
   
Seigneurie
 

T. n.f. Propriété ; jouissance. On distingue deux seigneuries sur un héritage : l'une directe, c'est celle que le Seigneur féodal se retient, en se faisant payer un cens par le Vassal : l'autre est la seigneurie utile, qui est celle du propriétaire qui tient l'héritage à cens, & comme Vassal.
Seigneurie. Terre d'un Seigneur, dont relèvent d'autres fiefs & censives. La seigneurie est une dignité avec la puissance publique en propriété. Un tel hameau est dans la censive d'une telle seigneurie.
Seigneurie, se dit quelquefois du domaine, du territoire d'un petit État, comme la Seigneurie de Venise, de Gènes.

     
Seigneuriage
  T. n.m. Droit qui appartient au Seigneur. Il ne se dit guère qu'en fait de monnoies, dans la fonte desquelles il en revient au Roi quelque profit pour le droit de Seigneuriage. Sur chaque marc de louis d'or, le droit de Seigneuriage est de sept livres dix sols ; sur le marc d'argent, 12 sols, & 12 deniers pour chaque marc d'argent. On l'appelle quelquefois droit de rendage, que le Maître des Monnoies doit rendre au Roi.
   
Seine
 

T. n.f Nom propre d'une des grandes rivières de France. Elle a sa source dans le Duché de Bourgogne, au bourg de Chanceaux, & après avoir traversé une partie de la Bourgogne & de la Champagne, elle passe dans l'île de France, & de là dans la Normandie, où elle se rend à la mer de Bretagne par une embouchure qui a trois lieues de large. La Seine reçoit plusieurs rivières considérables, qui sont du côté droit, l'Aube, la Marne & l'Oise, & du gauche l'Yonne, le Loing & l'Eure. Elle baigne plusieurs villes, Châtillon & Bar-sur-Seine en Bourgogne ; en Champagne, Troies & Nogent-sur-Seine, où elle commence à porter bâteau ; dans l'île de France, Monterau-Faut-Yonne, Melun, Corbeil, Paris, Poissi, Meulan & Mante ; & en Normandie Vernon, le Pont de l'Arche, Rouen, Caudebec, Harfleur & le Hâvre-de-Grace ; la Marée remonte dans la Seine jusqu'à trente lieues au-dessus de son embouchure.

     
Seine
  T. n.f. C'est une espèce de filet qui se traîne sur les grèves. Il semble qu'il faudroit écrire senne, car on écrit senner, verbe dérivé de senne. On se sert aussi dans les petites rivières d'un rêts à pêcher qui a deux grandes ailes, & une longue nasse, que quelques-uns appellent seine, mais plus ordinairement on l'appelle sème.
     
Seizaine
  T. n.f. Espéce de petite corde, ou grosse ficelle dont les Emballeurs se servent. Il y a de la grosse & de la menue seizaine.
C'est ainsi qu'on appelle dans le commerce des cerceaux qui servent aux Tonneliers, certains paquets qui contiennent seize cerceaux.
   
Seizains
  T. n.mpl. Draps de laine dont la chaîne est composée de seize fois cent fils, c'est-à-dire, seize cents fils en tout.
Richelet, Furetiére & d'autres ont cru que ceux qu'on appelloit Seize, étoient proprement les Quarteniers des seize quartiers de Paris, parce que le Conseil des Seize se nommoit le Conseil des seize quartiers ; mais c'est une erreur, car de ces seize quartiers, il n'y en avoit que cinq qui fussent de la faction des seize, comme ils le montrérent bien à la réduction de Paris. Il ne faut pas croire non plus qu'ils ne fussent que seize : ils étoient plus de quatre mille, dit Cayet en sa Chronologie novennaire.
   
Sel
  T. n.m. Sel-Bouillon. C'est le sel blanc qui se fait dans quelques Elections de Normandie.
Sel sans Gabelle. C'est celui qui est délivré à de certaines personnes qui ont le privilége de n'en point payer la gabelle, mais seulement le prix du Marchand.
Sel gabelé. C'est celui qui a passé dans le grenier ou dépôt public, où l'on met le sel que le Roi vend à son peuple.
Sel par impôt. C'est le sel que l'on oblige chaque particulier de prendre aux greniers du Roi tous les ans, qu'on leur taxe suivant ce qu'ils en peuvent consommer.
Vaches de Sel. On appelle ainsi en Poitou ces monceaux de plusieurs milliers de muids de sel qu'on éléve en forme de meules de foin, pour achever de le sécher en attendant la vente.
   
Selle
  T. n.f. Petit siége de bois où une seule personne peut s'asseoir. Les courtauts de boutiques sont assis sur de petites selles de bois à trois pieds. Les Clercs doivent toujours être le cul sur la selle, être culs-de-plomb. Il y a aussi des selles brisées, ou siéges plians, qui sont d'étoffe ou de tapisserie. Une selle de Sculpteur est un pied sur lequel il pose ses modèles, où il les travaille.

Selle, se dit aussi d'un siége propre à mettre un bassin de chambre, où l'on se décharge le ventre. Ainsi l'on dit, il est sur la selle ; & par extension on le dit de la décharge du ventre. Il est constipé, il ne peut aller à la selle. Cette purgation a bien opéré, elle lui a fait faire plusieurs selles.

On appelle bateau des selles, certains bateaux immobiles, qui sont disposés pour y battre & laver la lessive, & où il y a des pièces de bois qui les divisent en plusieurs quarrés.

Selle, en termes de Manège, est un siége qu'on met sur le dos d'un cheval, pour la commodité du Cavalier. Ainsi avoir le cul sur la selle, c'est être à cheval.

On dit Courir la poste à toutes selles, pour dire, Courir la poste sans avoir une selle à soi ; mais en se servant indifféremment des selles que la poste fournit.

   
Sellette
  T. n.f. Petite selle On le dit particulièrement d'un petit siége de bois, sur lequel on fait asseoir les criminels en prètant leur dernier interrogatoire devant les Juges : ce qui ne se fait que quand il y a contre eux des conclusions des Procureurs du Roi à peine afflictive ; car hors de cela ils répondent debout derrière le Barreau. L'interrogatoire sur la sellette est la pièce la plus essentielle de l'instruction d'un procès criminel.
     
Sellier
  T. n.m. Ouvrier ou Marchand qui fait & qui vend des selles. Il y a deux corps de Maîtres Selliers à Paris, les Selliers Bourrelliers, & les Selliers Lormiers-Carrossiers ; les premiers font des harnois ; & les autres des selles & des carrosses.
   
Semailles
  T. n.fpl. Le temps où l'on sème les grands bleds. Le bled renchérit toujours pendant les semailles.
     
Semainier
  T. n.m. Religieux, ou Religieuse, ou Chanoine, qui a le soin de faire l'Office pendant la semaine, & qui doit assister à toutes les heures. c'est le Semainier qui commence, & qui finit l'Office. C'est le plus souvent le Semainier qui confère les Bénéfices vacans pendant sa semaine.
     
Sème
  T. n.m. En Anjou, c'est un service de sept jours pour les morts
     

Séminaire

 

T. n.m. Lieu où l'on instruit les jeunes Ecclésiastiques des devoirs, des cérémonies & des fonctions des ministères sacrés ; congrégation d'Ecclésiastiques, dont quelques-uns disent que St Augustin a été le premier Instituteur. En ce sens Séminaire est une Maison de Communauté, où l'on instruit pour les Ordres sacrés les personnes destinées à l'Église, & dont les principales pièces, sont les salles pour les Exercitans (ou plustôt pour les Assemblées) & les petites chambres ou cellules où chacun se retire, couche, étudie, prie en particulier. Les Séminaires sont d'une grande utilité à l'Église. Le Concile de Trente ordonne de prendre des enfans au-dessus de douze ans pour les nourrir en commun, & les instruire, & les rendre capables de parvenir à l'état Ecclésiastique ; il est ordonné que dans chaque Église Cathédrale il y ait au moins un Séminaire sous la conduite de l'Évêque. En France l'établissement des Séminaires est un peu différent de l'Ordonnance du Concile. On prend de jeunes gens prêts à étudier en Théologie, & à être ordonnés ; ainsi les Séminaires sont des Maisons de probation, où l'on examine la vocation des Clercs, & où on les prépare à recevoir les Ordres. Pour la subsistance de ces Séminaires, l'on a fait des unions de Bénéfices, où l'on oblige le Clergé du Diocèse à contribuer à les entretenir.

   
Seminial
  T. adj. Qui se dit du pain fait de fine fleur de farine. C'est ce qu'on appelle en Picardie seminiaux
     
Semi-prébende
  T. n.f. Petite Prébende dans une Église, qui est d'un moindre revenu
   
Semonce
  T. n.f. Prière qu'on envoie faire à des parens & amis d'assister à une noce, à un enterrement. C'est un valet de Crieur qui fait la semonce d'un enterrement. Un parent se charge de la semonce des noces.
Ce mot est vieux. On le disoit autrefois de toutes sortes de convocations des personnes & des assemblées qui se faisoient à cri public, comme pour le Ban & Arrière-ban, pour les États, & pour la comparution en Justice.
   
Semonneur
  T. n.m. Crieur d'enterrement, qui envoie des billets par les maisons pour convier les parens & amis d'un défunt de se trouver à son convoi, service & enterrement. On le dit aussi de celui qui invite aux noces.
     
Sénage
  T. n.m. Droit qui se paye en quelques lieux de Bretagne, particuliérement à Nantes, sur le poisson de mer frais, qui s'y améne pendant le Carême.
   
Senéchal
  T. n.m. Officier de robe courte, lequel en quelques provinces est le Chef de la Noblesse, & qui la commande, quand on a convoqué l'arrière-ban. C'est ce qu'on nomme en d'autres lieux Bailli. Le Sénéchal de Lyon, d'Auvergne, de Poitou.
   
Sénéchaussée
 

T. n.f. Étendue de la Jurisdiction d'un Sénéchal. La Sénéchaussée de Nîmes, de Beaucaire. Les Sénéchaux doivent résider dans leurs Sénéchaussées.

   
Sénonois
  T. n.m. Nom d'une petite contrée de Champagne. Elle est autour de la ville de Sens, & elle a conservé le nom des Sénonois, ses anciens habitans. Les anciens Sénonois occupoient une plus grande étendue de pays que les Sénonois d'aujourd'hui
     
Sensiles
  T. n.fpl. C'est le nom que l'on donne en France aux Galères ordinaires, à la différence des plus grosses appellées extraordinaires.
     
Sentine
  T. n.f. Sorte de grand bateau ou chaland dont on se sert en Bretagne pour la voiture des sels sur la riviére de Loire.
   
Septaine
  T. n.f. Terme de Coutumes, particulièrement de celle de Berri. Il se dit non seulement de l'enclos de la ville ; mais aussi de ses environs, de sa banlieue & jurisdiction, qu'on appelle en d'autres endroits la bannière, les quintes, la jugerie, le finage, le détroit, &c. Plusieurs Chartes prouvent que le nom de Quinte a été donné aux Banlieues de plusieurs villes de Poitou, parce qu'elles étoient de cinq mille pas, le mieux seroit peut-être de dire que la Banlieue de Bourges a été appellée septaine, parce qu'elle étoit de 7000.
   
Septentrion
  T. n.m. Partie du globe terrestre qui est depuis l'équateur jusqu'à notre pole. Ainsi on appelle le Septentrion toutes les régions, qui sont du côté de ce pole, & particulièrement la Suède, la Norvège, le Danemarck, &c.
   
Septérée
  T. n.f. Terre qui contient environ un arpent, un septier de semence.
   
Septier
  T. n.m. Mesure qui est différente selon les lieux, ou la nature des choses mesurées. En matière de liqueurs, c'est la même chose que la chopine, ou la moitié d'une pinte. On dit aussi un demi-septier, ou les trois demi-septiers, qui sont des vaisseaux qui tiennent à proportion. Un demi-septier de vin, d'olives. Il paroît qu'autrefois le muid de vin n'étoit que de 16 septiers, & chaque septier de six tasses, & par conséquent l'hémine qui contenoit demi-septier, étoit de trois tasses.
Septier, est aussi chez les Jaugeurs une mesure de huit pintes. .
Septier, est encore une mesure de grains, différente selon les lieux. Il y a douze boisseaux, ou quatre minots, ou deux mines, au septier de bled de Paris, & douze septiers au muid. En Berri il y a seize boisseaux au septier de bled, dont les vingt & un boisseaux font le muid.
Septier, est aussi une mesure de terre, qui contient environ un arpent de Paris, c'est-à-dire, autant de terre qu'il en faut pour contenir un septier de semence.
   
Séquestre
  T. n.m. Dépôt d'une chose litigieuse en main tierce, afin de la conserver à la partie à qui elle appartiendra. Le séquestre a été ordonné d'une terre. Il a demandé le séquestre pour déposséder sa partie. On a mis les fruits de ce Bénéfice en séquestre. On met en séquestre dans des Couvens, ou chez des parentes, les filles enlevées, ou ausquelles plusieurs concurrens prétendent.
   
Sequin
  T. n.m. Espèce de monnoie d'or valant environ sept francs, monnoie de France. Elle a grand cours dans le Levant.
     
Sérans
  T. n.m. Outil à préparer le chanvre ou le lin, à les rendre propres pour être filés. C'est un petit ais chargé de plusieurs aiguilles de fer, qui forment des dents en guise d'un peigne à plusieurs rangs.
   
Serdeau
 

T. n.m. Lieu ou Office de la maison du Roi, où l'on porte ce qu'on relève de sa table, & où mangent plusieurs des Officiers servans près de sa personne. C'est proprement la Salle des Gentilshommes servans. M. le Dauphin a aussi un serdeau. On appelle encore serdeau un Officier chez le Roi qui reçoit tous les plats de la desserte de la table du Roi.

   
Serf
  T. adj. Qui est esclave, qui est en la puissance absolue d'un maître. Ce mot s'est formé du Latin servus, serve, serfe, serf, en changeant l'v consone en f, ce qui est très-ordinaire. Les serfs sont absolument abolis en France, à l'égard de l'esclavage personnel. On appelle serf de peine, celui qui est condamné à une peine afflictive, comme aux galères. Les Romains léguoient souvent à un serf sa liberté. Les serfs ne sont pas esclaves, mais des personnes sujètes à de certaines servitudes. De Laur. En Bourgogne & en quelques autres provinces, ceux qui sont serfs ne le sont qu'à cause de leurs héritages, & ils deviennent francs en les abandonnant. En Champagne & en quelques autres provinces, la condition de serf est différente, selon la nature des terres & seigneuries, à cause desquelles ils sont hommes. Les serfs ou affranchis n'entrent point dans le clergé qu'ils n'aient reçû de leurs maîtres une entière liberté. Il y a encore en Bourgogne des gens de condition serve, & mainmortables, qui sont dans une grande dépendance de leurs maîtres à l'égard des terres qu'ils possèdent, & qu'ils ne peuvent donner ni léguer,
   
Serge
  T. n.f. C'est une étoffe commune & legère, de laine croisée. Les serges se font de laine sèche & dégraissée avec du savon noir. Les pauvres gens s'habillent de grosses serges.
     
Sergeantie
  T. n.f. Terme de Palais, qui se dit en ces phrases. Tenir en grande Sergeantie, tenir en petite Sergeantie. Tenir en grande sergeantie, c'est tenir quelque chose du Roi pour lui faire service en personne, comme de porter sa bannière, sa lance, son épée à son couronnement, mener son ost, être son maréchal. Tenir à petite sergeantie, c'est tenir une terre du Roi à condition de lui donner chaque année quelque chose servant à la guerre, comme un arc, une épée, une lance, des éperons, un cheval, une paire de gants de fer, &c.
     
Sergent
  T. n.m. Huissier, le plus bas Officier de Justice, qui sert à exécuter ses ordres. Ce mot vient de serviens, comme étant le serviteur du Juge. Autrefois le mot de Sergent signifioit simplement serviteur. On appelle la barrière des Sergens, un petit Bureau où l'on va chercher les Sergens dans les places publiques quand on en a besoin. C'est aujourd'hui un petit couvert. Ils étoient autrefois appuyés sur la barrière qui fermoit la porte de la maison seigneuriale ou de la Justice.

Sergent fieffé, est un Sergent qui a la charge de faire les exploits pour la recherche & conservation des droits féodaux du Seigneur.En certains lieux, comme à Senlis, il a quelque jurisdiction, & il peut commettre trois Sergens, deux à cheval, & un à verge. Les Sergens fieffés étoient des gens assujétis à certains devoirs à cause des fiefs & héritages qu'ils possédoient, qu'on appelloit Sergenterie.
Sergent franc, c'est un Sergent que quelques vassaux peuvent avoir pour la garde de leurs bois, ou pour la prise & la garde du bétail trouvé en dommage.
Sergent Messilier, dans la Coutume de Chaumont, est celui qui a charge de garder les bleds ou les vignes avant la dépouille & levée. La dernière Coutume d'Auxerre l'appelle Sergent Blavier ou Messier.
Dans plusieurs Coutumes, il est fait mention des Sergens Prairiers, Messiers ou Messiliers, Blaviers, &c. qui sont gens commis par la Justice pour la garde des prés, des moissons ou des bleds.
Sergent de la paix, dans la Coutume de Valenciennes, Ce sont les Sergens des Jurisdictions ordinaires ; comme Maison de paix signifie l'Auditoire d'un Juge.
Sergent Prairier, qui a soin des prairies, & de les garder.
Sergent de querelle, étoit autrefois celui qui servoit au fait des duels, ou pour le différend des parties. Et le Sergent de la querelle dans la Coutume de Normandie, est selon Beraut, le sergent ordinaire de l'action ou du lieu où est le différend des parties.
On appelle aussi Sergent de querelle, celui qui servoit autrefois au fait des duels ; & on le disoit par opposition à Sergent de paix, qui rendoit service dans les Justices des villes.
Sergent Royal, qui est pourvû de son office par le Roi : Non Royal qui l'est par un autre Seigneur que par le Roi, par un Seigneur subalterne.

     
Sergent
 

T. n.m. se dit d'un bas Officier d'Infanterie qui est dans chaque Compagnie, armé d'une halebarde, & préposé pour faire garder les distances, & dresser les files & les rangs. Le Sergent est le premier des hautes payes. Chaque Compagnie des Gardes a six Sergens. Celles des autres Corps en ont deux. Les Compagnies des Dragons en ont aussi deux.

     
Sergerie
  T. n.f. Se dit tant de la manufacture des serges, que du commerce qui s'en fait.
     
Sergetterie
  T. n.f. On appelle ainsi à Beauvais, ville de Picardie, non-seulement la manufacture des serges, mais aussi le corps & la communauté des Maîtres qui en font profession.
     
Sergier
  T. n.m. Ouvrier qui fait de la serge. La Beauce & la Picardie sont fort peuplées de Sergiers.
   
Série
  Subdivision de classement identifié par une lettre. Ensemble d'archives déterminé de manière conventionnelle soit d'après la matière (ex : série O consacrée à l'administration communale), soit d'après la période (ex: série L consacrée à l'ensemble des fonds administratifs et judiciaires du département pendant la période révolutionnaire), soit d'après la provenance
   

Serpe

  T. n.f. Instrument de fer qui sert à couper les menues branches des arbres, à tailler quelques ouvrages de bois. Elle est faite d'un fer tranchant. Elle est quelquefois recourbée par le bout, comme celle des Bucherons, & elle a environ un pied de long. La serpe se manie avec une main, & la cognée avec les deux.
   
Serpillière
  T. n.f. Grosse toile ou canevas de vil prix, qui sert aux Marchands pour emballer leurs marchandises.Les vieilles serpillières servent à faire des torchons. On le dit de ces grosses toiles que plusieurs Marchands laissent pendre des auvents de leurs boutiques, pour dérober la plus grande partie de la lumière, qui feroit découvrir les défauts de leurs marchandises.
   
serre-tête
  T. n.m. Ruban qu'on met autour du bonnet de nuit, afin d'avoir la tête plus serrée, & d'empêcher les rhumes qu'un air trop froid pourroit causer.
   
Serve
  T. n.f. Lieu où l'on conserve le poisson. C'est ce qu'on appelle Gardoir. En plusieurs endroits du Royaume on se sert du premier terme ; & l'on met cette différence entre serve & gardoir, que serve se dit du lieu où l'on conserve le poisson pour le prendre à mesure qu'on en a besoin, & que gardoir ne se dit que d'un endroit où l'on met le poisson au sortir de l'étang, pour le faire dégorger.
   
Sesse
  T. n.m. Ustensile de bois long de trois à quatre pieds, quelquefois tout d'une piéce, creux en partie, pour ôter l'eau des petits bateaux où il n'y a pas de pompe.
   
Sétine
  T. n.f. Mesure des prés dans le pays de Bugei & de Gex ; étendue ou quantité de prés que six hommes peuvent faucher en un jour. On estime la sétine, au pays de Gex, douze charretées de foin de vingt quintaux, qui font vingt-quatre méaux du pays de Bresse. A Genève la sétine ou sétérée est autant de pré qu'un homme en peut faucher en un jour
   
Sévennes
  T. n.fpl. Nom d'une contrée de France. Elle est dans le Languedoc, ayant le bas Languedoc au midi, le Rouergue au couchant, l'Auvergne & le Forèz au nord, & le Rhône la sépare du Dauphiné vers le levant. Cette contrée renferme trois petits pays, le Gévaudan, le Vélai & le Vivarèz. Mende, le Puy & Viviers en sont les villes principales.
   
Sextant
  T. n.m. Instrument dont on se sert pour mesurer les angles, qui consiste en un arc de soixante degrés, ou en une portion de cercle divisée en soixante degrés.
   
Sexté
  T. adj. Terme de Gabelles. Les Receveurs des Greniers à sel sont obligés d'avoir un Registre Sexté, qui contient le nom & les facultés de ceux qui sont sujets à leur grenier, & sur lesquels ils doivent écrire tout le sel que chaque particulier lève, ce qui s'appelle décharger le Sexté.
     

Sexte

 

T. n.f. Terme de Breviaire. C'est la troisième des petites Heures Canoniales, Prime, Tierce, Sexte & None. C'est un Office Écclésiastique qu'on dit à six heures.

     
Sextelage
  T. n.m. Droit qui se paye pour raison de grains vendus aux halles. Quelques-uns l'ont étendu au bled vendu dans les greniers, & par tout ailleurs. Le sextelage s'appelle ainsi, parce qu'il se paye pour chaque septier de grains. Le sextelage est un droit seigneurial.
   
Sexterée
  T. n.f. Dans la Coutume de Troie en Berri, c'est une mesure de terre contenant huit boisselées. Une sexterée de terre.
   

Sibada

  T. n.f. En langage du Béarn c'est de l'avoine. Ce mot se trouve dans le for du Béarn.
   
Sieur
  T. n.m. Espèce de titre d'honneur dont l'usage ordinaire est renfermé dans les plaidoyers, dans les actes publics, & autres écritures de même sorte.
   
Sigillographie
  Science qui étudie les sceaux et les diverses marques apposées, comme signes authentiques ou personnels sur les actes publics ou privés
   
Signandaire
 

T. n.m. Terme de Palais. Qui sait signer, ou qui a signé. Dans les actes très-importans, comme testamens, donations, criées, &c. il faut des témoins signandaires, qui signent effectivement les actes, & non pas de ceux qui déclarent qu'ils ne savent point signer

   
Simarre
  T. nf. Habillement long & traînant dont les femmes se servoient autrefois.
     
Simbleau
  T. n.m. Terme de charpentier. C'est le nom qu'il donne au cordeau qui lui sert à tracer des cercles qui ont plus d'étendue que la portée du compas.
     

Simonie

 

T. n.f. Crime qu'on commet quand on trafique des choses sacrées, ou des Benéfices. La simonie consiste à vendre ou acheter les Sacremens ; le baptême ; l'absolution ; l'ordination ; la nomination, & la collation des Bénéfices ; l'entrée dans les monastères ; la bénédiction nuptiale, &c. Quelques-uns ont prétendu qu'il suffisoit que l'ordination fût gratuite, & que du reste on pouvoit vendre, ou acheter les revenus, comme une chose temporelle. Les Canons des Conciles ont condamné cette subtile distinction, parce que les revenus sont attachés à un office Ecclésiastique qui est purement spirituel.

   
Sinapisme
  T. n.m. Médicament externe en forme de cataplasme, composé de semence de moutarde pulvérisée, & broyée avec de la pulpe de figues. Le sinapisme excite de la rougeur, & quelquefois des vessies sur la partie où on l'applique. Il étoit fort en usage autrefois ; on s'en servoit d'ordinaire dans les maux de tête invétérés, & dans les longues fluxions.
   
Siquenille
  T. n.f. Sorte de surtout, ou de casaque de toile, que les cochers, laquais, palfreniers, &c. mettent sur leurs habits, de peur de les gâter.
   
Sivadière
  T. n.f. Mesure de grains en usage en Provence, particuliérement à Marseille. Les 8 sivadiéres font une hémine du pays.
   
Soc
  T. n.m. Instrument, grosse pièce de fer pointue, qui fait la principale partie de la charrue, qui sert à ouvrir & à fendre la terre quand on laboure. Ce Noble est réduit au soc & à la charrue, c'est-à-dire, à labourer lui-même ses terres
   
Société
  T. n.f. Assemblage de plusieurs hommes dans un lieu pour s'entre-secourir dans les besoins. Les Sauvages ne vivent point en société. Les hommes ont fait des loix sévères contre ceux qui troublent la société civile. La société humaine n'est bien souvent qu'une troupe de gens mal satisfaits les uns des autres, & qui ne sont unis que par leur intérêt.
Société, signifie encore, Commerce civil du monde ; liaison. Le véritable esprit du monde a trouvé l'art d'introduire une certaine civilité familière, qui rend la société commode & agréable. Sans la sincérité, la société civile est une espèce de brigandage. La société est un commerce de mensonges officieux, & l'on s'y fait une politesse de tromper, & un plaisir d'être trompé.

Société, est aussi une liaison particulière de quelques personnes, formée ou par intérêt, ou pour vivre régulièrement. Les Traitans font ensemble des sociétés, des traités. Les Religieux font des sociétés, des Congrégations pour vivre régulièrement & en commun. Bien des gens appellent les Jésuites, les Pères de la société de Jésus ; mais les Jésuites disent de la Compagnie de Jésus, & non pas de la société de Jésus.

   
Société
  T. n.m. Société, se dit particulièrement de celle qui se fait entre les Marchands. Il y en a de trois sortes.
La première qui se fait sous un nom collectif entre deux ou plusieurs personnes ; & on appelle la raison de la société, les noms de ceux qui paroissent pour en faire le négoce, & signer les Lettres de change, qui souscrivent, par exemple, François & Paul en compagnie.
La seconde, est celle qu'on appelle en commandite, qui se fait entre des personnes dont l'une ne fait que mettre son argent dans la société, sans faire aucune fonction d'associé.
La troisième, qu'on appelle anonyme, est celle qui se fait entre des personnes qui sont associées en secret, dont chacun fait le trafic en son particulier, & s'en rendent compte les uns aux autres, dans laquelle le Marchand vendeur n'a d'action que contre son acheteur, dont le nom seul paroît en public.
Il y aussi une société anonyme, qui s'appelle par participation, qui se fait pour quelque affaire particulière ; par exemple, quand un Marchand de Paris écrit à un autre de Marseille d'acheter la marchandise d'un vaisseau qu'il sait y devoir arriver, lui promettant de payer une partie du prix, à la charge de participer au profit. L'Ordonnance de 1673 veut que l'extrait des sociétés des Marchands, tant en gros qu'en détail, soit enregistré au Greffe de la Jurisdiction Consulaire, ou ordinaire, & mis dans un tableau exposé en public.
Société en Commande, ou Commandite. Terme de Coutume & de Jurisprudence, de Commerce. C'est une Société où l'un des associés fournit l'argent ou les effets, & l'autre sous le nom duquel le commerce se fait, son industrie, à la charge de partager entre eux le profit ; par exemple, Je prète, ou je confie à un Laboureur ou à un Fermier un troupeau de bestiaux estimé une certaine somme, à condition qu'il les nourrira, & les gouvernera, & qu'après un certain temps, il représentera ce même troupeau estimé, afin que je prélève dessus la somme dont nous sommes convenus, & que je partage ensuite avec lui le profit : c'est une société en commande ou en commandite. Dans le pays de Bresse & de Bugei on appelle ce contrat en commande de bestiaux. Les Chetels de Berri sont une espèce de société en commandite.
     
Société
 

T. n.f. Assemblage de plusieurs hommes dans un lieu pour s'entre-secourir dans les besoins. Les Sauvages ne vivent point en société. Les hommes ont fait des loix sévères contre ceux qui troublent la société civile.
En termes de jurisprudence, c'est une Société où l'un des associés fournit l'argent ou les effets, & l'autre sous le nom duquel le commerce se fait, son industrie, à la charge de partager entre eux le profit ; par exemple, Je prète, ou je confie à un Laboureur ou à un Fermier un troupeau de bestiaux estimé une certaine somme, à condition qu'il les nourrira, & les gouvernera, & qu'après un certain temps, il représentera ce même troupeau estimé, afin que je prélève dessus la somme dont nous sommes convenus, & que je partage ensuite avec lui le profit : c'est une société en commande ou en commandite. Dans le pays de Bresse & de Bugei on appelle ce contrat en commande de bestiaux.

     

Socque

 

T. n.f. Espèce de sandale, patin de bois qui a deux ou trois doigts de hauteur, dont se servent les Religieux, & entre autres les Récollets. La sandale differe de la socque, en ce que la sandale a des semelles de cuir, & que la socque est toute de bois. Elles s'attachent toutes deux avec des courroies.

     
Soie
  T. n.f. Fil extrêmement doux & délié, qui sert à faire de belles étoffes de prix. La soie crue est celle qu'on tire sans feu, & qu'on dévide sans faire bouillir le cocon, qu'on incise pour en faire sortir le ver quatre ou cinq jours après qu'il est parfait. On en fait des gâzes & autres étoffes. Cette soie est fort pure, pourvû qu'on en sépare la dernière enveloppe extérieure, & la pellicule qui se trouve joignant le ver. Il est défendu de mêler la soie crue avec la soie cuitte. La soie cuitte est celle qu'on a fait bouillir pour la dévider plus facilement, comme celle dont on fait les velours, satins, taffetas, damas, brocards, crêpes & autres étoffes. La soie étoit si précieuse du temps des Empereurs, qu'on la vendoit au même poids que l'or. Il étoit défendu de porter des habits tout de soie. Mézerai remarque que Henri II. aux noces de la Duchesse de Savoie sa soeur, porta les premiers bas de soie qu'on ait vûs en France. La serge de soie est une étoffe toute de soie, croisée obliquement. Les étoffes toutes de soie, comme les velours, pannes, gros de Tours, ou de Naples, satins, damas, vénitiennes, serges de soie, doivent avoir une demi-aune moins un 24 de largeur. Les soies de Messine sont les meilleures pour les étoffes pleines & unies, parce qu'elles prennent une belle teinture. Les soies de Perse & de la Chine sont blanches & très-fines. Les plus belles soies de Syrie sont celles de Luges, Chouf & Billedun. La soie des Chinois est sans contredit la plus belle qui soit au monde. On en fait en plusieurs provinces ; mais la meilleure & la plus fine se trouve dans celle de Tchekiam, parce que le terroir est très-propre pour les mûriers, & que l'air est à un certain dégré de chaleur & d'humidité, plus conforme à la nature des vers, dont on la tire ; tout le monde s'en mêle, & le commerce en est si grand, que cette seule province en pourroit fournir à toute la Chine, & à une grande partie de l'Europe.
   
Soissonnois
  T. nm. Territoire de Soissons. Contrée de l'île de France sur les confins de la Picardie & de la Champagne.
   
Soiture
 

En Bourgogne, étendue de pré qu'un homme peut faucher en un jour équivalent au journal. Terme réservé aux terres labourables.

   

Sol

  T. n.m. ou sole. Se dit du partage qui se fait des terres labourables d'une métairie pour les semer diversement, ou les laisser reposer, quand on en veut faire une raisonnable exploitation. En la pluspart des lieux on partage les terres en trois sols ; l'un se sème en bled-froment ; l'autre en menus grains ; & le troisième demeure en jachère. Les sols ne sont pas toujours tout-à-fait égaux. On stipule dans les baux, que les Fermiers ne pourront dessoler les terres, c'est-à-dire, changer les sols accoutumés.
   
Sol
  T. nm. Pièce de menue monnoie qui vaut douze deniers. On prononce maintenant sou. Le sol fut jadis la plus grosse & la plus forte espèce de monnoie, dont les vingt faisoient la livre d'argent, comme on voit dans les Capitulaires ; & comme dans les Provinces les sols que l'on forgeoit contenoient plus ou moins d'argent, cela a causé la diversité des sols & des livres. Ainsi le sol Parisis valoit un quart plus que le sol Tournois ; & la livre Bourdeloise ne valoit que demi-livre Parisis. Les sols nerets, c'est-à-dire, noirs, étoient une monnoie dont les soixante valoient trente-six sols Parisis, selon Ragueau. Le sol Mançai, c'est-à-dire, du Mans, valoit un sol Normand & demi, d'où est venu le proverbe, Un Mançais vaut un Normand & demi ; & il valoit, selon Ragueau, le double des Tournois. Il y a eu aussi des sols Viennois, & cent autres qui ont pris le nom des villes où ils étoient battus, & qui sont expliqués dans les livres des monnoies.
   

Solage

  T. n.m. ou soulange, autrefois solaige. Terroir.
   
Soldoyer
  T.v. On dit maintenant, soudoyer. Payer la solde des gens de guerre. Le Roi soudoie cent mille hommes.
   
Sole
  T. n.f. Place publique, ou l'étape. L'Ordonnance des Aides veut que les Marchands de vin en gros mettent tous les vins qu'ils feront venir, dans les soles de l'Hotel-de-Ville, & en la Halle au vin, pour en payer le gros.
     
Sommage
  T. n.m. Terme de Coutume. C'est un droit seigneurial qui se fait par service de cheval & à somme, comme sont plusieurs vavassoreries tenues pour vilains services.
   
Sommé
  T. n.m. Terme de Coutume. Soumis, Tenancier. Ce mot se trouve dans la Coutume de Béarn
     
Sommellerie
  T. n.f. Partie de l'office d'une grande maison, où l'on apprête le dessert & la boisson pour le service de la table. C'est un lieu au raiz de chaussée d'une grande maison & près de l'office, où l'on garde le vin de la table, & qui a ordinairement communication à la cave par une descente particulière.
Sonmelerie, est aussi la charge de celui qui prépare le dessert dans les grandes maisons, qui fournit le pain, le vin & la cire, qui a soin de mettre le couvert, de garder le linge & la vaisselle.
     
Sommelier
  T. n.m. Officier de la table d'un grand Seigneur, qui met le couvert, qui fournit le vin & le dessert, &c. Ce Seigneur tient bonne table, il a de bons Officiers, un bon Cuisinier & un bon Sommelier.
     
Sommier
  T. n.m. se dit aussi des Officiers qui ont soin de fournir les bêtes de sommes pour transporter les bagages, lorsque la Cour fait voyage. Dans l'Etat du Roi, il y a un ou plusieurs Sommiers employés pour la chambre, la garderobe, la cuisine, &c.
En termes de Finances, est un gros registre tenu par les Commis des Bureaux des Aides, sur lesquels ils comptent de leur recette, & on voit les produits des Fermes, & où l'on met à côté leurs décharges. Il y a aussi des sommiers pour les Gabelles, pour les Tailles, & pour les autres droits des Fermes du Roi.
   
Sommier
  T. n.m. Terme de Messagerie, qui se dit d'un cheval, ou d'une autre bête de somme. Ce Messager avoit avec lui tant de sommiers pour porter ses bagages.
En termes de finances, est un gros registre tenu par les commis des bureaux des Aides sur lesquels ils comptent de leur recette & on voit les produits des Fermes & où l'on met à côté leurs décharges. Il y a aussi des sommiers pour les gabelles, pour les tailles, & pour les autres droits des Fermes du Roi.
   

Son

  T. n.m. C'est la peau, la partie la plus grossière du bled moulu, qu'on sépare de la farine par le moyen d'un blutoir, ou sas, ou tamis fort déliés. Le son gras est celui où l'on a laissé encore beaucoup de farine, qui n'a pas été bien passée ; son sec, ou maigre, celui d'où l'on a tire toute la farine. Dans les famines on mange du pain de son. On fait de l'eau blanche avec du son pour rafraîchir les chevaux. Le bled mangé des charençons ne rend que du son. On l'appelloit autrefois bran.
   
Sonaille
 

T. n.f. Clochette que portent les bêtes pendue au col en paissant, ou en voyageant. Le cheval, boeuf, ou mulet qui va le premier à la campagne avec cette clochette, s'appelle le sonaillier.

   
Sonnetier
  T. n.m. Celui qui fait & qui vend des sonnettes. Les Sonnetiers sont réunis au corps des Fondeurs
   
Sonneur
  T. n.m. Qui sonne les cloches, pour avertir le peuple de ce qui se doit faire, ou de ce qui se passe. Payer les Sonneurs. Il y a aussi des Sonneurs de cor pour la chasse. Un tel est un des meilleurs Sonneurs de cor qu'il y ait en France.
     
Soquet
  T. n.m. ou souquet. Aide, ou droit accordé autrefois par nos Rois, aux habitans de Beaucaire, pendant un certain temps, pour être employé aux réparations & à l'entretien de leur ville. Une patente du 29 Février 1472. qui est au Registre de la Sénéchaussée de Beaucaire, dit que le soquet est un appetissement de mesures de vin qui se vend en détail dans Beaucaire, & dans son territoire, c'est-à-savoir, cinq pichiers pour chacun barral de vin, ce qui se montoit à la septième partie du barral. Le même droit fut accordé en 1431 à la ville de Sommes ; & dans la Patente, ce droit est appellé souquet, ou diminution de la pinte de vin vendu en détail en cette ville, & les fauxbourgs ; & il y est dit que cette diminution étoit de la huitième partie. Sur chaque muid de vin conduit en la ville, & aux fauxbourgs on prenoit dix sols pour la réparation du pont.
   
Sorbone
  T. n.f. Maison ou Collége de la Faculté de Théologie, établie en l'Université de Paris. Elle a été fondée en 1252. par saint Louis, ou plustôt par Robert de Sorbon son Confesseur, & son Aumônier, qui fut un Chanoine de Cambrai, & depuis de l'Église de Paris. Il lui donna son nom, tiré du village de Sorbon ou de Serbon, près de Sens, où il étoit né.
La Sorbone a été rebâtie superbement par la magnificence du Cardinal de Richelieu. Il y a logement pour 36 Docteurs, qui se disent de la Société de Sorbone. Ceux qu'on y reçoit sans être Docteurs, s'appellent de l'Hospitalité de Sorbone. Six Docteurs Régens y font tous les jours leçon pendant une heure & demie chacun ; trois le matin, & trois l'après-dinée.
   
Sorcellerie
  T. n.f. Art magique, qui emprunte le secours & le ministère du Diable ; opération de Sorcier ; crime que les Sorciers & Sorcières font parmi les ténébres, en invoquant les Démons. Les ignorans attribuent à la sorcellerie tous les effets dont ils ne peuvent pénétrer les causes. On dit proverbialement, Il n'y a non plus de sorcellerie à cela, qu'à manger un cent de prunes.
   
Sorissage
  T. n.m. Façon que l'on donne au hareng en le fumant à un feu de bois ou de charbon, dans les lieux qu'on appelle Roussables. Ce terme est en usage dans plusieurs endroits de Normandie & de Picardie.
   
Sou
  T. n.m. Pièce de menue monnoie valant 12 deniers tournois. Une livre vaut vingt sous, une écu soixante sous. On dit un pâté, un pain d'un sou. Il y avoit aussi autrefois des sous d'argent. Les sous de fer, autrement de la Rochelle, ont été décriés. C'est un pauvre homme qui n'a ni sou ni double. Il n'a pas reçu un sou de la dot de sa femme. La subvention est l'imposition du sou pour livre sur les marchandises. On prononçoit autrefois sol ; & quelques-uns l'écrivent encore.
Sou
 

T. n.f. ou soue. Signifie en plusieurs lieux le toît, l'étable des pourceaux, le lieu où on les enferme la nuit.

   
     
Souage
  n.m. Droit dû en quelques endroits au roi ou au seigneur, sur chaque feu, maison ou famille. Il se paye en argent ou en grain, suivant la disposition des coutumes
   
Souche
  T. n.f. Terme de commerce en détail. C'est la plus longue des deux petites piéces de bois qui composent ce que les Marchands appellent une taille, sur laquelle ils marquent avec des hoches ou incisions les marchandises qu'ils donnent à crédit.
   
Souchetage
 

T. n.m. Visite que font les Officiers des Eaux & Forêts après la coupe des bois, pour visiter & compter le nombre & la qualité des souches abatues.
On appelle aussi souchetage, le compte & la marque des bois de futaie qu'on a permission d'abatre, que l'Ordonnance veut être fait avant l'adjudication.

     
Soudée
  T. n. f. ou sodée de terre. Dans les anciens titres, c'est un fonds qui produit toutes les années un sou de rente.
Soudée. Vieux mot. Payement, solde, récompense.
   

Soudure

 

T. n.m. Période qui précède une récolte

     
Soufferte
  T. n.f. Droit qu'un Seigneur exige, pour permettre à une personne franche ou libre, de posséder un héritage servile, ou mainmortable.
   
Soufflet
  T. n.m. Instrument qui sert à souffler en tirant le vent, & puis en le comprimant pour le faire sortir par un trou étroit avec violence. Un soufflet domestique, un soufflet de Maréchal, un soufflet d'Émailleur. Les soufflets des forges de fer se meuvent par des moulins.Il y a aussi des pompes qui agissent par le moyen des soufflets.
   
Soufflet
  T. n.m. Espèce de voiture ou de chaise roulante sur deux roues, & fort légère, où il n'y a place que pour une ou deux personnes, dont le dessus & le dedans sont de cuir, ou de toile cirée, qui se lèvent & se plient comme un soufflet, pendant le beau temps, & qui s'étendent pour défendre de la pluie.

Est aussi un coup donné du plat, ou du revers de la main sur la joue. Un soufflet est un affront qu'un Gentilhomme ne peut digérer. Le soufflet est très-injurieux, & rien ne peut deshonorer davantage un honnête homme.

   
Soufreter
  T. v. C'est louer à un autre le navire qu'on a loué, ou freter à un autre le navire qu'on a freté.
   
souffreteux
  T. adj. Miserable qui souffre beaucoup de peine & de nécessité. Il faut avoir compassion des pauvres souffreteux, qui ont froid, qui ont faim, &c. Il est bas & vieillit. Il ne se dit plus qu'en style plaisant.
   

Soufrer

 

T. v. Enduire, frotter quelque chose de soufre, ou l'exposer à la fumée du soufre. On soufre les vins pour les transporter par mer. On soufre les alumettes par les bouts. On met des chemises soufrées aux malheureux qu'on brule.

   
Soufroir
  T. n.m. C'est une petite étuve bien plafonnée en ciment & bien close, pour y blanchir la laine par la vapeur du soufre allumé dans une terrine.
   
Soule
  T. n.f. le pays, ou la vallée de Soule, Petite contrée de France. Elle est dans la Gascogne, au pied des Pyrénées, entre la haute & la basse Navarre, & le Béarn, auquel elle est annexée. Mauléon de Soule en est le lieu principal.
     
Soulège
  T. n.f. On appelle en quelques endroits des souléges, ce qu'on nomme presque par-tout des alléges, & en Bretagne des Gabares.
   
Souleur
  T. n.f. Crainte violente & subite, qui surprend, & qui fait soulever le coeur.
   
Soulier
  T. n.m. Chaussure de cuir pour les gens qui vont à pied. Le soulier est composé de semelles, talon, empeigne, quartiers & oreilles. On a de gros souliers de vache pour la fatigue, des souliers plats à trois semelles, des souliers de paysan. Il y a des souliers mignons de marroquin, de mouton, pour la propreté, à une semelle, à talon de cuir & de bois.
Dans la définition que l'on donne du soulier, supprimez ces mots, pour les gens qui vont à pied, car en bateau, en carrosse, en chaise, en litiére, & même fort souvent à cheval, on porte aussi des souliers.
   
Soupatoire
  T. adj. Du soupé. On a vu pendant un temps qu'on ne parloit à Paris qu'en oire. On disoit l'heure soupatoire ou dinatoire, pour, l'heure du soupé & du diné, & quantité d'autres encore plus ridicules.
   
Soupeau
 

T. n.m. Terme d'Agriculture. Morceau de bois qui sert à tenir le soc de la charrue avec l'oreille, & qui est tout audessous. On dit, Ce morceau de bois sera fort propre pour faire un soupeau.

   
Soupée
  T. n.m. Qui ne se dit qu'en ce mot composé, l'après-soupée ; pour dire, l'intervalle qui est entre le souper & la retraite pour dormir. On se réjouit bien dans une telle maison toutes les après-soupées, on y danse, on y joue, &c.
   
Soupente
  T. n.f. Entresol, ou petite construction pratiquée entre deux planchers pour la commodité d'un appartement, qui sert de dépense, de garde-robe.
   
Souper
  T. n.m. Repas du soir. Se dit aussi de la viande préparée pour faire ce repas. Les bourgeois qui vont souper chez leurs voisins font porter leur souper, leur gigot.
   
Souquenille
  T. n.f. Vètement de grosse toile, ou garde-robe qu'on donne aux valets, pour conserver leurs habits propres, & que les paysans portent aussi par nécessité. Molière dit sequenille.
   
Source
  Unité matérielle distincte (par la date, par le lieu, par l'auteur,…) renfermant un renseignement
     
Sourjouveigneur
  T. n. m. Terme de la Coutume de Bretagne. C'est le cadet d'un cadet, ou d'une branche cadette.
     
Sous-aide
  T. n. f. Dans la Coutume de Normandie, c'est l'aide que les Soutenans & Arrière-Vassaux doivent au Seigneur duquel ils tiennent nu à nu pour payer par lui le droit de loyaux & chevels aides au chef Seigneur du fief chevel, duquel les arrière-fiefs dépendent par moyen.
     
Souscription
  T. n. f. Signature au bas d'une lettre, d'un acte. Cette lettre n'a ni souscription, ni suscription ; on ne sait d'où elle vient, ni à qui elle s'adresse. Autrefois on ménageoit beaucoup plus les termes de civilité dans les souscriptions, qu'on ne fait présentement.
dans le Commerce de la Librairie se dit de la consignation, qu'on fait d'une certaine somme d'argent, que l'on avance pour l'édition d'un livre, à la charge d'en avoir un ou plusieurs exemplaires, quand il sera imprimé, selon que l'on a consigné pour un ou pour plusieurs, & de l'avoir à meilleur marché que ceux qui n'auront pas souscrit.
   
Sous-ventrière
 

T. n.f. Courroie de cuir qu'on met sous le ventre du cheval pour tenir en état les harnois des chevaux de carrosse & de voiture.

     

Soutanelle

 

T. n.f. Petite soutane de campagne qui ne descend que jusqu'aux genoux. La plupart des Abbés vont maintenant en soutanelle.

     
Soute
 

T.n f. Le plus bas étage du château de poupe, où l'on met le magasin des poudres & du biscuit. On enduit la soute de plâtre, afin que le lieu soit plus sec. On l'appelle autrement paillo. Il y a dans un vaisseau la soute du biscuit, & la soute des poudres. La soute au biscuit doit être toute garnie de fer blanc, afin que le biscuit s'y conserve mieux ; & l'écoutille de la soute aux poudres doit être couverte de plomb.

     
Soute
  T. n. f. Supplément de payement qui sert à égaler une chose à une autre. Ces deux lots sont inégaux ; il faut que celui qui aura le premier paye mille écus de soute à celui qui auta le second. Du temps que les échanges d'héritages étoient francs de droits seigneuriaux, on étoit tenu de les payer pour la soute ou le retour d'argent qu'on avoit donné.
Ce mot vient du vieux mot François soudre, qui signifioit payer. Souldre un compte, c'étoit-à-dire, en payer le reliqua. Maintenant il signifie seulement le clorre & l'arrêter.
   
Souteneur
  T. n.m. Pilier des lieux de débauche, qui a soin de faire payer ceux qui les fréquentent, & quelquefois bien au-delà de ce qui est dû. Filou, Coupe-jarret.
   
Soyer
 

T. v. Couper les bleds avec la faucille, qui est une serpe ronde qui a des dents comme une scie. On dit scier les bleds, bien mieux & bien plus ordinairement que soyer.

   
Soyeteur
  T. n.m. Ouvrier qui travaille en étoffe de soie. Il n'y a guère qu'à Lille, Capitale de la Flandre Françoise, où on leur donne ce nom. Ailleurs on les appelle Manufacturiers, Fabricans ou Ouvriers en soie.
   
Spadassin
  T. n.m. Traîneur d'épée, coupe-jarret, qui fait métier de battre, d'assassiner, qui ne porte l'épée que pour mal faire, & non pas pour servir le Roi. L'Italie est pleine de spadassins, de bandits, &c. Paris a aussi ses spadassins, ses breteurs.
     
Spage
  T. n.m. ou sepage. On appelle ainsi le raisin. Le pineau est le meilleur spage blanc. Les bons vignerons arrachent les mauvais spages, & les font marquer en vendangeant, en coupant les branches.
   
Spéculaire
  T. n.f. Science qui traite de l'art de faire des miroirs : ce qu'on nommoit autrefois Catoptrique. Les Modernes ont beaucoup rafiné sur la science spéculaire.
   
Spéculateur
  T. n.m. Qui s'attache à la contemplation, à l'admiration des grandeurs de Dieu & des mystères, des causes naturelles & célestes.
   
Stablat
  T. n.m. C'est une habitation que font les paysans des pays des montagnes dans des étables, où ils s'enferment pendant l'hiver avec leurs bestiaux sous les neiges qui tombent sur leurs toits, & qui les couvrent de plusieurs piques de haut. Ils n'en sortent qu'à la fin du printemps, quand les neiges sont fondues.
     

Stage

 

T. n.m. Terme Ecclésiastique. C'est une résidence actuelle & exacte que doit faire un Chanoine dans son Église pendant six mois, quand il a pris possession d'une Chanoinie, pour pouvoir jouir des honneurs & des revenus de sa Prébende.

     

Stagier

 

T. n.m. Chanoine qui fait son stage, qui assiste régulièrement aux Offices de son Église, pendant six mois ou plus, suivant les Statuts des Chapitres, afin de pouvoir jouir des honneurs & des revenus attachés à la Prébende dont il a pris possession.

     

Stalle

 

T. n.m. On appelle ainsi dans les Églises les siéges de bois qui sont autour du Choeur, dont le fond se lève & se baisse, & sur lesquels sont assis les Chanoines, les Religieux, & ceux qui chantent au Choeur. En telle cérémonie les Compagnies supérieures occupoient les stalles.

     

Stélage

 

T. n.m. Nom d'un droit qui appartient au Duc de Bouillon sur les grains qui se vendent en la halle & ailleurs, à raison d'une écuellée pour chaque septier, & de même sur le sel. Ce droit s'appelle droit de Stelage, minage ou mesurage. Il se nomme aussi hallage. Le fermier du stélage est le stélagier

   
Strapontin
  T. n.m. Quelques-uns disent Estrapontin. C'est un lit suspendu en l'air, attaché à deux arbres, pieux, ou cordages. On s'en sert sur les navires, & dans les pays chauds, où il y a des insectes qui importunent, ou des bêtes venimeuses, comme dans l'Amérique, où les Barbares l'appellent hamac.
   
Strasbourg
 

T. n.m. Nom propre d'une ville de France, située dans la Basse-Alsace, au confluant de l'Ill & de la Brusch, à un quart de lieue du Rhin, & environ à dix au-dessus de Brisac. Strasbourg est grand, beau, fort marchand, fort riche, bien fortifié, orné d'une Université depuis l'an 1538. & d'un Évêché suffragant de Maïence. Entre les choses remarquables de la ville de Strasbourg, il y en a deux principales. Son pont de bois sur le Rhin, qui passe pour un des plus beaux de l'Europe, & qui est défendu par plusieurs forts, dont celui de Kell est le principal. Son Horloge, qui est une tour faite en pyramide, toute à jour, & haute de 574 pieds, où l'on monte par 700 dégrés. L'horloge qui est au haut de cette tour est un ouvrage incomparable pour la quantité de ses machines qui font mouvoir toutes les constellations, & tourner divers cadrans, qui montrent les heures du jour, le cours de la lune, & celui des autres planètes. Strasbourg embrassa la réformation l'an 1529. C'étoit une ville Impériale & libre. Le feu Roi Louis le Grand s'en rendit maître l'an 1681. Il y a fait bâtir une belle citadelle pentagone, qui s'étend depuis la ville jusqu'au Rhin, & il a si fort augmenté les fortifications de la ville, qu'elle peut passer pour une des plus fortes places de l'Europe.

   
Stylet
  T. n.m. Petit poignard fort dangereux, qu'on cache dans la main, & dont on se sert pour assassiner en trahison. . La lame en est ordinairement triangulaire, & si menue, que la blessure qu'il fait est presqu'imperceptible. Les stylets sont fort défendus dans les pays bien policés.
   
Suage
  T. n.m. Terme de Marine. C'est le cout des graisses & des suifs dont il faut de temps en temps enduire le vaisseau, pour le faire couler plus doucement sur les eaux. A Marseille, on le nomme aussi sperme, dont on a fait esparmer ou espalmer. Le suage est compté entre les menues avaries.
     

Suaire

 

T. n.m. Drap mortuaire, dans lequel on ensévelit les morts avant que de les mettre dans le cercueil. On le dit particulièrement de celui de Jesus-Christ. On voit à Besançon, à Turin, à Sarlat, & à Compiegne le Saint Suaire où est imprimée l'image de Jesus-Christ. Le Saint Suaire fut conservé pendant près de trois siècles dans l'Abbaye de Cadoin, & fut transporté de là à Toulouse pendant la guerre des Anglois. On raconte qu'il avoit été retiré des mains d'un Juif d'Antioche en 1098. Il n'y a guère de Relique qui ait plus de preuves de vérité que le Saint Suaire de Toulouse. Il a été confirmé par 14 Bulles des Papes, à compter de celle de Clément III. en 1190. Il s'en faut beaucoup que le Saint Suaire de Turin, & celui de Besançon ne soient aussi autorisés. Il n'y a que quatre Papes qui ayent accordé des Indulgences en faveur de celui de Turin.

     
Subhastation
  T. n. f. Vente solennelle qui se fait à l'encan, & à cri public, au plus offrant & dernier enchérisseur. Il ne se dit qu'en Pratique de la vente des immeubles, & n'a d'usage que dans les pays de Droit écrit. Tout le bien d'un tel est en criées & subhastations ; c'est-à-dire, en decret, criées & subhastations.
   

Subsides

 

T. n.m. Nom général qu'on donne à toutes les impositions qu'on fait sur les peuples, ou sur les marchandises, au nom du Roi, ou de l'État pour subvenir à ses nécessités, à ses charges. La Subvention, les Aides, sont des subsides qui ont été de temps en temps imposés. Le Roi seul peut lever & imposer des subsides sur ses peuples. Le Roi Philippe de Valois en 1349 appella subside gracieux, un subside qu'il leva du consentement du Prevôt des Marchands de Paris, de six deniers pour livre sur les denrées qui y seroient vendues.

     
Subvention
  T. n.f. Terme de Finances. C'est un droit du vingtième denier, ou du sol pour livre, qu'on établit sur les marchandises pour subvenir aux frais de l'État.
Est aussi un droit extraordinaire qu'on demande à quelques provinces dans certaines nécessités.
   

Subvention

 

T. n.f. En Alsace, imposition qui correspond à une taille réelle d'après un cadastre. Elle permettait d'acquitter les abonnements à la capitation, au vingtième, aux différents autres droits royaux tout en assurant les revenus de la province

     
Sucre
  T. n.m. Suc extrêmement doux & agréable, exprimé d'une sorte de cannes, qu'on appelle cannes à sucre, qui croissent aux Indes orientales & occidentales. Elles sont noueuses, hautes de cinq à six pieds, ou davantage, garnies de feuilles vertes, longues, étroites, tranchantes. Il s'élève du milieu de la hauteur de ces cannes une manière de flèche qui se termine en pointe, & qui porte en sa sommité une fleur de couleur argentée, en forme de panache. Lorsque ces cannes sont mûres, on les coupe, on les émonde de leurs feuilles ; après quoi on les porte au moulin pour y être pressées & écrasées entre deux rouleaux garnis de bandes d'acier. Le suc qui en sort coule par un petit canal dans une grande chaudière. Il y en a deux autres qui vont en diminuant, & la dernière de ces deux ne tient tout au plus que le tiers de la première. C'est dans celle-ci que l'on échauffe le suc à feu lent. Il n'y fait que frémir, & pousse en haut sa plus grosse écume, qu'on ôte avec soin, & qui ne sert qu'à mettre dans la mangeaille des animaux. Le suc est transporté aussi-tôt après dans la seconde chaudière, où on lui donne un feu plus violent, qui le fait bouillir à gros bouillons, pendant qu'un Nègre s'attache toujours à l'écumer. Pour l'aider à se purifier ou y jète de temps en temps quelques cueillerées d'une forte lessive. Après l'avoir ainsi écumé, on le met dans la troisième chaudière, où l'on fait la même chose. Ensuite on le passe par un linge, & on le verse dans de petites chaudières de bronze, où l'on ne se sert plus de lessive ; mais comme elles sont fort basses, & que le sucre qui y est en consistence de syrop, y bout extraordinairement, on y jète de temps en temps quelques gouttes d'huile d'olive, avec un aspersoir, pour l'empêcher de les surmonter & de se répandre. Quand il est parfaitement cuit, on le met dans le réfrigératoire, où on le remue continuellement avec une spatule de bois, jusques à ce que le grain paroisse dans le syrop, ainsi que le sable blanc, & aussi-tôt on le verse dans les formes qui sont quelquefois de terre, mais pour l'ordinaire on les fait de bois quarrés & en pyramides. Elles sont posées sur de grands tréteaux, & il y a des canots dessous pour recevoir ce qu'elles dégoutent. A l'extrémité de ces formes ou moules est un petit trou, dans lequel on fourre une petite verge de fer ou de bois aussi avant qu'on le peut, jusqu'à ce que le sucre soit tout-à-fait purgé ; après quoi on le fait sècher au soleil dans des caissons. Les écumes des seconde & troisième chaudières, & tout ce qui se répand lorsqu'on remue le suc, tombent dans le glacis des fourneaux, & coulent dans un canot, où on les réserve pour en faire de l'eau-de-vie. Les cannes brisées ne demeurent pas non plus inutiles, puisqu'elles servent à engraisser les porcs, dont elles rendent la viande excellente. Il faut avoir soin de laver souvent le vaisseau qui reçoit le suc des cannes, & le canal par où il passe, de peur qu'il ne contracte quelque aigreur qui empêcheroit que le sucre ne se fît. La même chose arriveroit, si on laissoit tomber du suc de citron dans les chaudières. Il ne pourroit se faire aussi, si on jetoit un peu d'huile dans les grandes chaudières, ou un peu de lessive dans les petites. Les cannes à sucre n'ont pas été inconnues aux Anciens ; plusieurs en ont parlé, & ont appellé le sucre, sel d'Inde, qui couloit de lui-même comme une gomme. Ils savoient tirer le suc de ces cannes, mais ils ne savoient pas l'art de le condenser, de le durcir & de le blanchir : cette invention est nouvelle.
   
Sucrerie
  T. n.f. Lieu où l'on recueille, où l'on prépare, où l'on affine le sucre. Les plus belles sucreries sont dans les îles de l'Amérique, & entre autres en celles des Barbades : c'est là où sont les moulins à sucre. Les sucreries d'Europe ne sont que pour affiner le sucre, & le former en pains.
   
Sueur
  T. n.m. Ouvrier qui autrefois travailloit les cuirs au sortir de la main du Tanneur. Les Sueurs faisoient une Communauté particuliére.
     
Suffragant
  T. n.m. Qui se dit d'un Évêque particulier à l'égard de son Archevêque, duquel il dépend, & devant lequel se relèvent les appellations de l'Official de l'Évêque. L'Archevêque de Paris a quatre Suffragans ; les Évêques de Chartres, de Meaux, d'Orléans & de Blois.
   
Suif
  T. n.m. Graisse de mouton, de boeuf, de porc dont on fait de la chandelle. En Médecine & en Anatomie, on distingue quatre sortes de graisse dans le corps de l'animal ; & la première qui se fige, & devient tellement dure qu'elle est aisée à rompre, lorsqu'elle est réfroidie, se nomme suif. Elle se trouve en abondance dans les moutons & dans les boeufs, au ventre inférieur, & autour des reins
   
Suint
  T. n.m. Sueur, ou crasse qui s'engendre sur la peau des animaux, & particulièrement des bêtes à laine. On appelle proprement suint, de la laine grasse, telle qu'elle sort de dessus la peau des moutons, avant qu'elle soit lavée.
   
Suisse
 

T. n.f Nom propre d'un pays de l'Europe, situé dans les Alpes, entre la France, l'Allemagne & l'Italie. Elle est bornée au nord, par la Souabe & par l'Alsace ; au couchant, par la Franche-Comté, dont le mont Jura la sépare ; au midi, par le lac de Genève, par le Valais & par le Milanois ; & au levant, par les Grisons & par le Tirol. Ce pays peut avoir quarante-cinq lieues du sud au nord, depuis Mendris jusqu'à Schaffouse ; & soixante du couchant au levant, depuis le mont Saint Claude, aux confins de la Franche-Comté, jusqu'à l'embouchure du Rhin dans le lac de Constance. La Suisse passe avec quelque fondement pour le plus haut pays de l'Europe, parce que les trois plus grands fleuves de cette partie du monde, le Danube, qui coule jusqu'à l'extrémité orientale, le Rhin jusqu'à l'occidentale, & le Rhone jusqu'à la méridonale, ont tous trois leurs sources aux environs de la Suisse. Quoi qu'il en soit, la Suisse est un pays extrêmement montagneux, principalement vers le Tirol, les Grisons, le Milanois & le Valais. Il est fort couvert de bois, que les Suisses conservent pour la sûreté du pays ; & enfin il est peu fertile, si on en excepte quelques contrées, de là vient que les Suisses sont obligés de tirer des grains du Milanois, de la Souabe, de l'Alsace & de la Franche-Comté. Il nourrit cependant quantité de vaches, & de grands haras de chevaux qui sont les meilleurs revenus de la Suisse ; ce pays, si on en excepte Zurich & Bâle, n'ayant point de commerce. On divise la Suisse en trois parties générales, les Cantons, leurs Sujets & leurs Alliés. Leurs Alliés dans l'enceinte de la Suisse, sont l'Abbé de la ville de S. Gal, l'Évêque de Bâle, la République de Bienne, & les Comtés de Neuchatel & de Vallengin ; & hors de la Suisse, les Évêques de Constance, de Coire, de Sion, les Grisons, les Valésiens, & les villes de Genève, de Mulhausen & de Rotweil. Les principaux sujets des Suisses, sont le pays de Vaud, le Comté de Bade, le Thurgaw, le Rhingaw, avec les quatre Gouvernemens, & les trois Bailliages qui étoient autrefois du Milanois. Les Cantons sont au nombre de treize ; ce sont autant de Républiques indépendantes les unes des autres, mais conféderées pour leur conservation mutuelle. Cette confédération commença l'an 1307. par les Cantons d'Uri, de Suitz & d'Underwald, qui ne pouvant souffrir la tyrannie des Gouverneurs, que les Archiducs d'Autriche leur envoyoient, en secouerent unanimement le joug, & ayant gagné une grande bataille contre les Autrichiens l'an 1315. ils en remporterent pour prix leur entière liberté, & le nom de Suisses, au lieu de celui de Helvétiens, qu'ils portoient auparavant. Les Allemans leur donnerent le nom de Suisses, parce, dit-on, que pendant la bataille ils entendirent souvent retentir le nom de Suitz, qui étoit celui d'un des Cantons confédérés. Les autres Cantons s'unirent ensuite à ces trois, les uns plustôt, les autres plus tard, comme nous le marquons dans les lieux particuliers. Les treize Cantons n'ont pas une même espèce de gouvernement : ceux de Zurich, de Berne, de Bâle, de Schaffouse, de Lucerne, de Fribourg, & de Soleure sont Aristocratiques ; les seuls bourgeois des villes capitales peuvent y avoir part au gouvernement. Uri, Suitz, Underwald, Zug, Glaris & Appenzel sont Démocratiques ; tous les habitans des bourgs, & des villages qui les composent, peuvent également prétendre aux Charges ; mais quelque diversité qu'il y ait à cet égard, on peut dire cependant en général, qu'il n'y a point de gouvernement plus doux, ni de peuples moins chargés que les Suisses. Voyez les Délices de la Suisse, livre imprimé en Hollande en 1714. & l'État de la Suisse, traduit de l'Anglois, imprimé à Amsterdam en 1714.

Cent-Suisses. La Compagnie des Cent-Suisses, est une Compagnie de la maison, & de la garde du Roi. La Compagnie des Cent-Suisses a été des premières de la garde ordinaire du Corps, & subsiste depuis que Louis XI. en 1481 les retire à son service. La Compagnie des Cent-Suisses de la garde du Corps est composée de cent hommes de cette nation, y compris les trois Tambours & le Fifre. Outre cela il y a douze Vétérans, qui sont dispensés du service, mais qui ne laissent pas de porter la livrée, & ils sont payés sur la cassette. Les 96 Cent-Suisses sont divisés en six escouades chacune de 16. Dans chaque escouade, le Capitaine en choisit un pour être Caporal. Il y a toujours au moins deux escouades de service, lesquelles sont relevées le Dimanche par deux autres. En certains lieux qui demandent une plus grosse garde, on fait servir trois escouades ensemble. Les Fêtes & Dimanches, & en quelques cérémonies, les six escouades se trouvent auprès du Roi. Des deux escouades de service, chaque jour il y en a une de guet, & douze de cette escouade sont de paillasse, c'est-à-dire, que la nuit ils couchent dans la sale des Gardes du Corps François, entremêlés avec eux. Les Cent-Suisses de l'autre escouade de service qui n'est pas de guet, un peu devant la nuit sortent en ordre de la Maison du Roi, un Officier à leur tête, & vont coucher à leur quartier. Le lendemain à huit heures précises du matin, ils se rendent à la porte du Capitaine, ou autre lieu qui leur est marqué, d'où ils partent en ordre, pareillement un Officier à leur tête, & rentrent ainsi dans la Maison du Roi ; là ils sont reçus par les douze Suisses de guet, qui ont été de paillasse, & qui se mettent en haie sous les armes dans leur sale, pour les recevoir L'Officier qui commande cette Compagnie, s'appelle Capitaine Colonel des Cent-Suisses de la garde ordinaire du Corps de Sa Majesté. Le Capitaine des Gardes du Corps François marche derrière le Roi, & le Capitaine des Cent-Suisses marche devant. En certaines cérémonies, comme lorsque le Roi va à sa Paroisse pour ses dévotions, la Compagnie des Cent-Suisses, tambour battant, marche en deux files, à commencer depuis les petites roues du carosse où est la personne du Roi, les Officiers à la tête de cette Compagnie, & le Capitaine marche à cheval au milieu, entre les deux files, proche le carosse, Tous les soirs, avant que le Roi se couche, le Capitaine prend l'ordre de Sa Majesté, & le donne en sortant à l'Exempt qui est du jour. Il y a deux Lieutenans de la Compagnie des Cent-Suisses, qui servent toute l'année, l'un François, l'autre Suisse ; celui-ci est en possession, de tout temps, d'être Juge de la Compagnie, tant au Civil, qu'au Criminel, comme aussi de celle de M. le Duc d'Orléans, laquelle originairement est un détachement de la Compagnie des Cent-Suisses du Roi. Le Conseil de guerre est composé de tous les Officiers de la Compagnie, & même s'il n'y en avoit pas un nombre suffisant, des Officiers subalternes du Régiment des Gardes ; & quoique le Capitaine n'y assiste jamais, cependant il ne s'assemble jamais sans sa permission. Il y a deux Enseignes, l'un François, & l'autre Suisse, servans par sémestres ; huit Exempts, moitié François, moitié Suisses, servans par quartier ; quatre Fouriers, qui servent par quartier, & sont deux François, & deux Suisses. Le Capitaine des Gardes du Corps, Écossois, ou François, montant dans le carrosse du Roi, le Capitaine des Cent-Suisses y monte aussi. Pour servir auprès du Chancelier, ou du Garde des Sceaux, le Roi fait détacher un de ses Cent-Suisses, lequel est exempt de guet, & des autres fonctions militaires de cette Compagnie. Le Capitaine des Cent-Suisses, a toujours à sa porte un des Cent-Suisses de la Compagnie, qui est censé une Sentinelle qu'il tire de la Garde. Au Sacre du Roi, le Capitaine, le Lieutenant, & l'Enseigne de sémestre, sont vètus de satin blanc, & de la toile, ou drap d'argent dans les entaillures ; les Exempts, de moire blanche, & un manteau de même étoffe ; les Fouriers, de velours blanc ; & les Cent-Suisses aussi de velours.
Les anciens habits sont remis en usage par extraordinaire, depuis l'année 1679. les Cent-Suisses les portent tous les Dimanches & Fêtes, & les jours que le Roi communie, quand il ne seroit pas Fête. Ils ont sur la toque de velours noir un tour de plumes blanches, dont il s'élève une cocarde de quatre brins de pareille couleur. Ils portent la fraise gaudronnée à dentelle, les habits tailladés, & dans ces entaillures du taffetas incarnat, blanc & bleu ; la garde de l'épée fort grosse & dorée, attachée à un porte-épée à l'antique, bordé de franges ; les jarretières bleues & rouges, & sur les souliers des roses de pareilles couleurs ; des gans à frange : la casaque appellée brandebourg, est garnie de boutons à queues rouges & blancs, le tout de la livrée du Roi. Ils tiennent la hallebarde d'une main, & de l'autre une grosse canne, dont la pomme est garnie d'argent. Quand le Roi marche en campagne, il n'y en a que douze, qui portent la hallebarde ; le reste porte des fusils. L'habit ordinaire sont les livrées du Roi. Au festin que le Roi fait à la création des Chevaliers de l'Ordre, le second jour de la cérémonie, les Cent-Suisses leur servent les viandes sur table, & la desserte leur appartient. Voyez l'État de la France, T. I. ch. 5. & au mot Cent-Suisses, ci-devant. Pour parler régulièrement, il faut dire, Un des Cent-Suisses ; mais dans le discours ordinaire on dit, Un Cent-Suisse, comme on dit, Un Chevau-léger.

   
Suisserie
  T. n.f. On donne ce nom à Paris, & dans les villages voisins à une petite chambre destinée pour le logement d'un Suisse. Par le moyen de ces Suisseries qui sont d'ordinaire séparées du reste de la maison, les Suisses n'incommodent point leurs hôtes.
   
Suppositoire
  T. n.m. Terme de Pharmacie. Médicament solide qui tient lieu d'un lavement, & qui produit le même effet. Il est composé de miel commun, ou avec du savon ou de l'huile, dont on fait de petites quilles de la longueur & grosseur du petit doigt, arondies & faites presque en pyramide. Il a été inventé pour la commodité des personnes qui ont de la répugnance à prendre des clystères, ou dont la maladie ne le permet pas. En Latin balanus, ainsi nommé, parce qu'il avoit autrefois la figure d'un gland. Maintenant on le fait en forme d'une chandelle de cire, & pour cela en Languedoc on l'appelle candelette. On y mêle quelquefois de la poudre de scamonée, d'euphorbe, de coloquinte, &c. Quelquefois il est fait simplement d'un lardon, d'un tronc de porée ou autre chose semblable, qu'on met comme une tente, dans le siége pour irriter le muscle sphincter, & l'obliger à pousser dehors les excrémens. On ne peut nier que les suppositoires n'agissent en irritant.
     
Surcens
  T. n. m. Terme de Jurisprudence féodale. C'est une rente noble, foncière, qui est dûe au Seigneur du fief, outre le cens qui y étoit déja imposé, qui portoit des profits de lods & ventes. C'est le second ou dernier cens, ou rente qui est dûe après le chef ou premier cens ou rente, & est tenu d'un Seigneur en censive, & s'appelle sourcens, soucens, soucensier. Dans la Coutume d'Artois surcens se prend pour un arrentement.
     
Surdire
  T. nv. Vieux terme de Pratique, qui signifie, Enchérir en quelque encan ou publication. Il n'est plus en usage que dans les Provinces, & sur-tout en Normandie, où l'on se sert du mot de surdisant, pour encherisseur, & de surdite, pour dire enchère.
   
Surécot
  T. n.m. Dépense qu'on fait au cabaret au-delà de ce qui a été arrêté pour le repas. Il y a deux écus de surécot.
   
Surfais
  T. n.m. ou surfait. Grosse sangle & large, qu'on met par dessus les autres sangles du cheval pour tenir la selle plus ferme.
     
Surge
  T. adj.On appelle Laines surges les laines grasses ou en suint, qui se vendent sans être lavées ni dégraissées. Il en vient beaucoup du Levant.
   
Surhausser
  T. v. Il signifie, Mettre au plus haut prix ce qui étoit déja assez cher. Il a surhaussé sa marchandise, il l'a surhaussée de prix.
   

Surjeter

 

T. v. Terme de Jurisprudence. Enchérir, offrir un plus haut prix.

     
Surmoût
  T. n.m. Vin tiré de la cuve, sans être cuvé ni pressuré. Mustum, defrutum. Un muid de surmoût.
   
Surpoint
  T. n.m. La raclure que tirent les Corroyeurs de leurs cuirs imbibés de suif, quand ils leur donnent la dernière préparation. On se sert de surpoint pour rétablir la corne des pieds des chevaux, quand elle est usée.
   

Surséance

 

T. n. f. Grace, terme, délai qu'on accorde à ceux qui sont obligés de payer quelque dette, ou de faire quelque chose. Les Lettres de répit qu'on expédie en Chancellerie, contiennent des clauses de surséance. Les arrêts de défense qu'on donne en la Cour, portent surséance de toutes poursuites. En connoissance de cause on lève les surséances.

   
Sursemaine
  T. n.f. Ce qui est en-déçà ou au-delà d'une semaine. La provision ordinaire du pain n'a pas suffi, il a fallu en acheter en sursemaine ; & au contraire, il en est resté en sursemaine, pour la semaine suivante.
     
Sursemer
  T. v. Semer une nouvelle graine sur un champ qui est déja semé. L'Évangile propose une parabole de celui qui avoit semé son champ de bon grain, & de son ennemi qui y vint la nuit sursemer de la zizanie. En plusieurs lieux on sursème des menus grains sur le bon blé.
   
Surtout
  T. n.m. Nom qu'on a donné à une grosse casaque, ou justaucorps, qu'on met en hiver par-dessus les autres habits, ou justaucorps. Ce mot est nouveau, & n'a été en usage qu'en l'année 1684. Anciennement on appelloit la même chose souravis, comme qui diroit surhabits.
   
Surtout
  T. n.m. C'est une piéce de vaisselle d'argent ou du moins de cuivre doré, que l'on sert sur la table des Grands, & où l'on place le sucrier, le poivrier, le vinaigrier, les saliéres & le fruit. Le surtout a aussi plusieurs bobêches à proportion de sa grandeur, dans lesquelles on place les bougies. Le milieu de la table étoit occupé par un surtout d'argent de dix mille écus, dont la façon avoit coûté dix mille francs.
   

Survivance

 

T. n. f. Privilége que la Roi accorde à quelqu'un pour succéder à une Charge, ou même quelquefois pour l'exercer conjointement avec celui qui en jouit, ou en son absence : ce qui se peut, lorsqu'il n'y a point de Lieutenant, ou de Collègue, qui ait droit de prendre la place de l'absent, en ce cas, celui qui est reçu en survivance, est une espèce de Coadjuteur. Un premier Gentilhomme de la Chambre obtient souvent la survivance pour son fils, même l'exercice de sa Charge en son absence. Un Conseiller reçu en survivance n'a point besoin de nouvelle réception après la mort de son père. Une survivance empêche que la Charge ne vaque.

     
Susin
  T. n.m. Se dit aussi en plusieurs provinces d'une sorte de raisin blanc, fort bon, & qui a le goût un peu musqué
     

Synagogue

 

T. n.f. Assemblée des Juifs, pour vaquer aux actes de leur Religion, le lieu où ils font leurs prières. Quelques-uns croient que l'usage des Synagogues n'est pas fort ancien parmi les Juifs, & que ce ne fut qu'après le retour de la captivité de Babylone qu'on crut que le service de Dieu n'étoit pas tellement attaché au Temple de Jérusalem, qu'il ne pût être célèbré ailleurs ; ensorte que les Juifs commencerent à bâtir des Synagogues dans toutes leurs villes. D'autres disent qu'il y avoit des Synagogues dès le temps de David. Quoiqu'il er soit, les Juifs en érigeoient par tout : c'étoient comme des chapelles où se faisoit le Service divin. On en comptoit jusqu'à 480 dans la seule ville de Jérusalem. Les assemblées des Juifs n'ont été appellées Synagogues que peu avant la venue de N. S. Jésus-Christ, qui a prêché au milieu de la Synagogue. Quand on parle des Juifs en corps, on les appelle la Synagogue. Ils ont encore des Synagogues à Amsterdam, à Rotterdam, à Avignon, à Metz & en plusieurs villes d'Allemagne & d'Italie.

   

Syndic

 

T. n. m. Officier qui est chargé des affaires d'une ville, d'une Communauté. Les Syndics des États de Languedoc. Les Communautés de Provence envoient faire leurs remontrances par leur Syndic. Il y a aussi un Syndic en Sorbonne, & dans les Facultés de Théologie, des autres Universités. Il y en a aussi du Clergé, d'un Diocèse particulier. Il y a des Syndics pour des corps de métiers.
Syndic, se dit aussi de celui qui se charge de solliciter une affaire commune, en laquelle il a intérêt, après avoir été élû & nommé pour set effet par ses consorts. Quand il y a plusieurs créanciers d'un même débiteur, on élit des Directeurs & un Syndic, pour défendre les intérêts de la Communauté.

   
Syndiquer
  T. v. Blâmer les actions d'autrui, y trouver à reprendre, & les vouloir corriger. Il est difficile de vivre avec cet homme-là, il syndique tout ce qu'on fait. Les faux dévots sont sujets à syndiquer toutes les actions d'autrui.
     

Synode

 

T. n.m. Assemblée de l'Église universelle, qu'on appelle autrement Concile Ecuménique. Les Protestans ne reconnoissent l'autorité des Synodes, & ne s'y soumettent que lorsqu'ils s'imaginent avoir décidé conformément à la parole de Dieu ; de laquelle parole ils n'ont aucune assûrance, ni quant à la lettre, ni quant au sens, que celle de leur esprit particulier.
Synode, est aussi une convocation que fait un Évêque des Curés de son Diocèse, pour y faire quelques règlemens, quelques corrections, pour conserver la pureté des moeurs dans son Diocèse. On les faisoit autrefois deux fois l'année ; au mois de Mai & aux Calendes de Novembre.
Synode, se dit aussi de la convocation qui se fait des Églises Prétendues Réformées, pour entretenir chez eux la réforme & la discipline, & délibérer de leurs affaires & de leur conservation. Ils avoient des Synodes nationaux, & des Synodes provinciaux. Un tel Ministre fut déposé en plein Synode. Le Synode de Dordrecht est un des plus fameux, par la condamnation des Arminiens.