Thèmes A B Ca-Ch Ci-Cy D E F G H IJK La-Li Lo-Ly Ma-Mi Mo-My

N O PA-PI PL-PY Q R S T U V-Z

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

     
Ablais
  T. n.m. Terme de Pratique en quelques Provinces. Dépouille de bleds. La Coutume d'Amiens défend d'enlelever les fruits, & ablais, quand ils sont saisis, sans donner caution au Seigneur de ses droits. Dans les Coutumes d'Amiens & de Ponthieu, sont les bleds coupés qui sont encore sur le champ.
   
Ableret
  T. n.m. Terme de pêche. C'est une espèce de filet carré attaché au bout d'une perche avec lequel on pêche les ables ou autres petits poissons, ce qui est permis en plusieurs coutumes.
   
Aborner
 

T. v. Donner des limites à une terre, un champ.

   
Accolure
  T. n.m. Lien de paille, ou d'autre chose, dont les vignerons se servent pour accoler les vignes. L'accolure n'est pas une marchandise bien chère.
     
Accrue
  T. n.f. Terme de coutume. Accrue de bois, est une espace de terre dans lequel un bois s'est étendu hors de ses limites. Il figure dans les coutumes de Troyes, Sens, Auxerre et Chaumont.
   
Affaneures
  T. n.f.pl. Terme dont on se sert en quelques provinces pour signifier le blé que les batteurs & les moissonneurs gagnent, au lieu de l'argent qu'on leur donne.
   
Airée
  T. n.f. Terme usité à la campagne pour signifier la quantité de gerbes qu'on met à la fois dans l'aire réservée à cet usage ou le nombre de gens qu'on y emploie. C'est de là, à ce qu'on prétend, qu'en Anjou, dans le Poitou, & dans le Diocèse de Nantes, la plupart des noms de maisons de campagne finissent en ière.
   
Alberge
  T. n.f. Espèce de pêche précoce à la chair jaune & ferme. L'alberge-rouge et l'alberge-violette sont d'autres espèces de pêches.
   
Alfange
  T. n.f. Espèce de laitue. Alfanges, chicons et impériales se plantent en avril.
     
Amitié
  En termes de blâtiers & de marchands de blé, signifie la fraîcheur nécessaire au blé pour être de bonne qualité. Le blé doit pour être bon doit être sec é non pas aride. Mais conservant une espèce de fraîcheur que les marchands appellent avoir de l'amitié ou de la main.
   
Anate
  T. n.f. Ou attole. Sorte de teinture rouge qui se trouve aux Indes Orientales. On la jette, comme l'indigo, dans des cuves ou des citernes faites exprès à cette différence qu'on n'emploie que la fleur, qu'on effeuille comme on fait les roses. Lorsqu'elle est pourrie & qu'à force de l'agiter elle est réduite à une substance épaisse et liquide, on la laisse sécher au soleil, & on en forme des rouleaux ou tourteaux.
   
Andain
  T. n.m. Etendue en longueur d'un pré qu'on fauche sur la largeur de ce qu'un faucheur peut couper d'herbe à chaque pas qu'il avance. La plupart des meuniers prétendent avoir droit de faucher un andain de pré le long du biez de leur moulin. Ce mot vient de andare, aller, parce que l'andain se fait en marchant.
   
Anière
  T. n.f. Lieu où l'on élevoit et nourrissoit les ânes. De là tant de villages en France nommés Anière.
   
Aouteron
  T. n.m. Moissonneur qui travaille à la récolte.
   
Araires
  T. n.pl. En Bresse, (et ailleurs), on appelle araires les instrumens de l'agriculture.
   
Arpentage
  T. n.m. Mesurage des terres par arpent. Quand l'arpentage n'est point déclaré par le contrat, il doit être fait suivant la coutune des lieux où les biens sont situés, & non suivant la coutume du lieu où le contrat est passé.
L'arpentage est aussi la science qui enseigne à mesurer la superficie des terres.
     
Arrière-panage
 

T. Terme des Eaux & Forêts, est le temps qu'on laisse les bestiaux dans la Forêt après le temps du panage expiré.

     
Assiette
 

T. n.f. En fait de commerce de bois, s'entend de la descente que les Officiers des Eaux & Forêts font sur les lieux où se doivent faire les coupes, pour marquer aux Marchands les bois qui leur ont été vendus. En ce sens on dit, faire l'assiette des ventes.

   
Aumailles
  T. n.fpl. C'est un nom qu'on donne à des bêtes à corne, ou autres bêtes domestiques. Ce métayer a un troupeau de cent bêtes aumailles. Il en est parlé dans les coutumes de Bretagne, Sens, Loudun, &c.
     
Aurislage
  T. n.m. ou aurillage. Terme de coutume. Ce mot veut dire en quelques lieux le profit des ruches des mouches à miel qui appartient au Seigneur, ou au Roi comme en Provence.
     
Auvernas
  T. n.m. Vin fort rouge & fumeux qui vient d'Orléans, qui n'est bon à boire que sur l'arrière-saison, ce qui fait qu'on l'appelle aussi Vin de cerneau. Les cabaretiers s'en servent à colorer leurs vins blancs.
     
Auvernas de meunier
  T. n.m. Nom d'une sorte de raisin, espèce particulière d'auvernas, qui se nomme ainsi parce que la vigne qui le produit a les feuilles couvertes d'une espéce de duvet qui s'attache facilement aux habits et chapeaux & les blanchit à peu près de la manière que le sont ceux des meuniers. Il est fort commun dans l'Orléanais et produit davantage que le simple auvernas.
     
Auvesque
  T. n.m. Espèce de cidre excellent qui se fait dans le bassin en Basse-Normandie.
   
Avers
  T. Terme de coutume. C'est ainsi qu'on appelle en Normandie les animaux domestiques, & en Dauphiné les bêtes à laine.
   
Avoine
  T. n.f. Plante fromentacée dont les racines sont chevelues & ramassées à leur collet. L'avoine fait partie des petits blés qu'on appelle les Mars. Elle sert à nourrir les chevaux qui vont plus vite le soir lorsqu'ils sentent l'avoine.
   
Bagan
  T. n.m. C'est un mot gascon qui signifie pâtre ou paysan qui garde le bétail dans les Landes de Bordeaux, avec une charrette sur laquelle ils portent ce qui leur est nécessaire pour vivre, ne se retirant dans leurs maisons que rarement.
   
Baillarge
  T. n.m. On nomme ainsi une espèce d'orge qui croît en Angoumois
     
Balançons
  T. n.m. Sorte de bois de sapin débités en petit, dont on fait grand commerce en Languedoc
     
Balin
  T. n.m. On appelle de ce nom à la campagne un grand linceul, ou grand drap qui sert à vanner le grain. Il reçoit le grain dans sa chute, quand on le vanne ou qu'on le crible.
   
Balivage
 

Terme des Eaux & Forêts. Compte ou marque des baliveaux qu'on doit laisser sur chaque arpent des bois qu'on a coupés, ou qui sont à couper, pour les laisser croître en haute fûtaie. Les Officiers des Eaux & Forêts font le balivage des bois avant que d'en faire l'adjudication.

     
Baliveau
  T. n.m. Terme des Eaux & Forêts. Jeune chêne au-dessous de 40. ans. Il est enjoint par les Ordonnances des Eaux & Forêts de laisser seize baliveaux de l'âge du bois dans chaque arpent de taillis qu'on coupe, outre tous les anciens & modernes.
Baliveau sur souche, ou sur brin, est le maître brin d'une souche qui est de belle venue, qu'on a réservée dans les coupes pour croître en haute fûtaie. Les baliveaux doivent être de chêne, ou de châtaignier, ou de hêtre. Ils prennent le nom d'arbre en quittant celui du taillis, & s'appellent Arbres baliveaux, ou lais, ou Arbres réservés ; & plusieurs les appellent Etalons, parce qu'ils repeuplent les ventes, par analogie aux chevaux : ce sont ceux qu'on appelle de l'âge du bois.
On appelle Pérots, ceux qui sont laissés de deux coupes, & Tayons, les baliveaux ou lais de trois coupes, comme qui diroit, fils, père & aieul. Tertia ex c. Les baliveaux modernes sont les réservés des coupes précédentes jusqu'à 60. ou 80. ans. Les particuliers ont permission d'en disposer après 40. ans, & non auparavant.
     
Balle
  T. n.f. C'est la première écorce du grain, une espéce de capsule où il est enfermé. Le grain de l'épeautre est fort difficile à tirer de la balle. Dans quelques provinces, la balle est appelée barboule & borde.
Signifie aussi pour balle ou ballot de chanvre. L'un et l'autre se dit pour signifier une certaine quantité de queues de chanvre réunies par un lien commun.
     
Balottes
  T. n.mpl. Ce sont des vaisseaux de bois dans lesquels on met la vendange & qu'on charge sur des chevaux. Il y en a qui sont percées vers le haut pour y passer des cordes et les attacher à d'autres. Il y a des anneaux de fer, dans lesquels passent des cordes. Les vignerons les portent aussi quelquefois sur leur dos en guise de hottes.
     
Bandée
  T. n.f. Terme de coutume. C'est l'ouverture des vendanges dont la proclamation se fait par ordonnance de justice. Ce mot vient apparemment de ban, qui se dit dans le même sens.
     
Banneton
  T. n.m. Terme de pêche qui se dit d'une espéce de coffre que les pêcheurs construisent dans les rivières, fermant à clef, dont ils font des réservoirs pour y garder leur poisson. Il est percé dans l'eau, comme sont les boutiques dans lesquelles on le transporte.
     
Bannie
  T. n.f. On appelle en termes de coutumes le temps des bannies, celui auquel les prairies sont défendues, où l'on n'y peut mener le bétail. On dit banon en Normandie.
     
Bannier
  T. n.m. Terme de coutumes. C'est dans la coutume de Bresse celui qui est établi à la garde des vignes. Il en est de même en Dauphiné. Il est ainsi appellé parce qu'il dénonçoit les coupables au Châtelain, qui leur faisait payer le ban, ou amende. Quelquefois le Bannier en faisoit lui-même la recette. A cette fonction de Garde des fruits & de dénominateur étoit jointe ordinairement celle de Sergent ; d'où vient peut-être que les noms de Bannier, & de Meinier, se trouvent souvent ensemble. Il y a eu des Nobles qui n'ont pas dédaigné d'exercer ces offices en Dauphiné. Aux environs de Paris, & dans beaucoup d'autres endroits, on dit Messier, & non pas Bannier. Le droit de nommer le Bannier appartient au Seigneur, ou au Châtelain en son absence.
     
Banon
  T. n.m. Terme de coutume. Dans celle de Normandie il y a un titre du banon & défens. On appelle banon, le temps auquel toutes les terres sont ouvertes, de sorte que chacun y peut faire pâturer ses bestiaux. Par la même coutume que les prez, & terres vuides & non cultivées sont en défens depuis la mi-Mars jusqu'à la sainte Croix en Septembre, & en autre temps elles sont communes & en banon, excepté pour les porcs, chèvres & autres bêtes malfaisantes, pour lesquelles elles sont en tout temps en défens.
   
Bapteure
  T. n.m. Terme de coutume. En Bresse, on appelle bapteures les droits & les salaires de ceux qui battent le blé. Ces salaires se payent en blé, & se prennent sur le monceau, avant que le Propriétaire & le Granger, ou le Métayer, partagent.
     
Barge
  T. n.m. Monceau, pile ou meulon de foin que l'on entasse dans les basse-cours quand on n'a pas assez de feuils. Il y a 10 charretées de foin dans cette barge. Aussi, synonyme de barque.
     
Battage
 

T. n.m. Terme d'agriculture, l'action ou le travail de battre le blé. Le battage des blez se fait en deux manières, ou plutôt il y a deux manières de les tirer de leurs épics. L'une est de frapper dessus à grands coups de fléau. C'est là proprement ce que nous appelons battage. L'autre est, comme on fait en bien des pays, de faire courir dessus en tournant des mulets ou des chevaux accoutumés à cette sorte de manoeuvre. L'action de battre le blé dans l'aire s'appelle la batture.

     
Bedats
 

T. n.mpl. Terme de Coutume. Ce sont des garennes & des bois prohibés, ou défendus.

     
Bellon
  T. n.m. En Champagne, c'est un grand cuvier ovale qu'au temps des vendanges on charge sur une charrette pour y mettre les raisins et les transporter de la vigne à la cuve.
En Normandie, c'est le grand cuvier des pressoirs où l'on brasse les cidres & poirés. Le bellon reçoit la liqueur qu'on exprime du marc des pommes ou des poires. C'est ensuite dans le bellon qu'on puise la liqueur pour en emplir les tonneaux. Les enfants boivent volontiers le cidre & le poiré dès le bellon. Les adultes veulent que ces liqueurs aient paré, c'est-à-dire qu'elles aient fermenté dans les tonneaux.
     
Besoche
  T. n.f. Terme d'agriculture & de jardinage. Instrument de fer avec lequel on fait les labours dans les terres pierreuses.
     
Bétuse
  T. n.m. Dans les exploitations rurales, coffre à avoine qui se présente sous la forme d'un tonneau ouvert sur le côté avec fermeture à charnière.
En terme de pêche, il s'agit d'un tonneau servant à transporter du poisson vivant d'un étang à l'autre.
     
Biser
  T. v. Terme d'agriculture. Devenir bis ou noir, se détériorer en parlant des grains. C'est une maxime chez les laboureurs que les blez bisent toujours & que quand on ne semeroit que du pur froment, il deviendra du méteil dans quelque temps.
     
Blache
  T. n.f. Ce mot est en usage en Dauphiné. Il signifie en cette Province une terre plantée de chênes ou châtaigniers, si distants les uns des autres qu'ils n'empêchent pas qu'on n'y laboure.
     
Bleds
  T. n.mpl. Terme générique qui est utilisé pour désigner toutes les céréales et qui englobe parfois même les légumineuses. Le blé au sens actuel était souvent qualifié de "blé froment".
     
Bléer
  T. v. Il signifie ensemencer de blé. On se sert plus communément du mot emblaver mais dans quelques pays on dit bléer.
     
Bluteau
  T. n.m. Instrument à séparer le son de la farine. Il est fait en manière de grand sas ou tamis long & cylindrique composé de plusieurs cercles qui soutiennent une pièce de toile fort fine par où la farine passe quand on le tourne avec une manivelle.
     
Bluter
  T. v. Séparer la farine d'avec le son en la passant par un bluteau.
     
Boqueteau
  T. n.m. Petit bois ou petit bouquet de bois. Se trouve dans l'Ordonnance des Eaux & Forêts.
     
Bottelage
  T. n.m. L'action de celui qui fait les bottes de foin & la grosseur dont il les fait. Le bottelage d'un millier de foin coûte tant.
     
Botteleur
  T. n.m. Homme de journée employé à mettre en bottes du foin, &c.
     
Boucheture
  T. n.f. Qui se dit de tout ce qui sert à fermer & à boucher un pré, une terre labourable, & autre héritages pour les conserver & empêcher que les bêtes n'y entrent.
     
Bouleux
  T. n.m. C'est ainsi qu'on appelle un cheval trapu & propre à des services de fatigue. Ce cheval est un bon bouleux.
     
Bouvart
  T. n.m. C'est le nom d'un jeune boeuf. Il y a des cantons où on l'appelle bouveau, dans d'autres on dit Bouvillon, mais le terme le plus usité dans les lieux où on l'élève & où on l'engraisse, c'est bouvart.
     
Bouverie
  T. n.f. Etable à mettre les boeufs. Les marchands bouchers ont des bouveries où ils mettent les boeufs en attendant qu'ils les tuent. Les marchands forains se plaignirent que les bouchers mettoient les boeufs qu'ils avoient achetés dans ces bouveries découvertes, sales & mal saines, & que cela causoient la mort précipitée de plusieurs boeufs.
     
Bouvier
  T. n.m. Qui conduit & garde les boeufs. On le dit figurément des gens grossiers, mal appris, qui sont sans civilité.
     
Bouvillon
  T. n.m. Jeune boeuf.
     
Brance
  T. n.f. Sorte de froment très pur qui d'après Pline fait beaucoup plus de pain que l'autre froment.
     
Brasser
  T. v. En Normandie on appelle brasser la manière d'exprimer le jus des pommes & des poires pour en faire deux sortes de liqueurs très potables, qui sont le cidre & le poiré.
     
Breuil
  T. n.m. En terme d'Eaux & Forêts, se dit d'un bois taillis ou buisson fermé de murs ou de haies, auquel les bêtes ont accoutumé de se retirer. Ce mot à formé plusieurs noms de lieux.
Le mot de breuil, pour dire bois, forêt est fort commun en Poitou. Il vient apparemment de broilum qui se trouve en ce sens là dans les capitulaires de Charlemagne & de Charles le Chauve.
     
Brisoir
  T. n.m. Terme de chanvrier. C'est un instrument de bois quarré avec des dents, qui sert à briser le chanvre.
     
Brouïr
  T. v. Terme d'agriculture qui se dit de la bruine & de la gelée qui gâte & qui brûle les boutons des arbres, des vignes, des blez. Il y aura disette de grains, les blez sont brouis.

Ce mot se dit des arbres sur lesquels dans les mois d'avril & may quelque mauvais vent à donné, en sorte que les feuilles se sont recroquebillées de sécheresse.
     
Broutilles
  T. n.fpl. Ce sont les menues branches qui restent dans les forêts après qu'on a retranché le bois de corde. Elles servent à faire des fagots. En plusieurs endroits, on dit Bretilles.
     
Bulteau
  T. n.m. Terme des Eaux & Forêts. Mettre des arbres en bulteau ou têtars, c'est-à-dire, couper la tête des arbres.
     
Caables
 

Terme de Jurisprudence. Ce mot dans les Ordonnances des Forêts veut dire, bois versés & abattus par les vents.

     
Calvanier
  T. n.m. Terme d'agriculture. C'est un homme de journée qu'on prend pendant la moisson pour tasser les gerbes dans la grange. Un bourgeois qui donne sa terre à moitié fruits est obligé de fournir des calvaniers à son métayer. Il est aussi appelé aoûteron ou aoûteur
   

Cantonnement

  Droit pour le propriétaire d'une forêt grevée de droits d'usage de s'en réserver une partie en toute propriété abandonnant le reste à la communauté. La seule contrainte était que cette dernière portion soit suffisante pour assurer la subsistance de la communauté.
     
Carabin
  T. n.m. On donne en quelques endroits ce nom au bled noir ou bled sarrasin. Les carabins n'ont pas réussi cette année. Le carabin est fort bon pour nourrir les volailles.
     
Carras
  T. n.mpl. On nomme ainsi en Languedoc les bois de sapin qui sont débités comme nos bois carrés.
     
Carrière
  T. n.f. En termes de coutume, chemin large de 8 pieds où l'on peut mener charrette l'une après l'autre & bétail en cordel & non autrement.
     
Cassaille
  T. n.m. Terme de labourage, qui se dit de la levée des guerets, quand il faut casser & ouvrir la terre pour lui donner son premier labour, sa première façon. La cassaille se fait entre Pâques et la St Jean.
     
Cépées
  T. n.fpl. Terme d'exploitation & de commerce de bois. Ce terme signifie quelquefois des buissons. Mais le plus souvent on le dit des bois qui repoussent d'une même souche, comme le taillis, qui de là sont appellés bois de cépées.
     
Chablis
  T. n.m. Terme de forêts. Ce sont des arbres de haute futaie, abattus, renversés, brisés ou arrachés par les vents. Les Maîtres des Eaux & Forêts sont obligés après les grands orages de se transporter dans les forêts & de faire un procès verbal du nombre des chablis & en faire la vente ensuite.
     
Chaffe
  T. n.f. Terme d'amydonnier. Ceux qui font l'amydon avec du froment en grain appellent la chaffe, l'écorce ou son du grain qui reste dans leurs sacs, lorsqu'avec de l'eau ils en ont exprimé toute la fleur du froment.
     
Chanvre
  T. n.m. Plante d'un grand usage pour les arts. Elle est annuelle & on en sème des champs entiers dans plusieurs endroits du royaume. La récolte de chanvre est d'un grand profit pour certaines provinces & sa culture est beaucoup plus utile que celle du lin.
On s'en sert en médecine principalement pour la semence dont la décoction faite dans du lait est très bonne contre la toux & contre la jaunisse. Les feuilles sont aussi bonnes contre la brûlure. On en tire un suc qui est propre pour la surdité. L'huile de chanvre est recommandée pour les pommages dans les petites véroles. Sa graine, qu'on nomme chenevi sert à nourrir les oiseaux.
Broyer le chanvre, tailler ou tiller le chanvre, c'est séparer tirer la filace de l'écorce. Rouïr le chanvre c'est le faire tremper quelque temps dans l'eau pour le faire ensuite sécher. Il est défendu de faire rouïr le chanvre dans les eaux vives où il y a du poisson car l'eau où a roui le chanvre est très pernicieuse pour la santé. On fait avec le chanvre de la toile & des cordes.
     
Charbonnière
  T. n.f. Est une place qu'on marque dans les bois pour faire le charbon. L'Ordonnance ne permet en coupant les bois qu'un certain nombre de charbonnières.
     
Chariage
  T. n.m. Charroi, action de charier. Peine ou salaire qu'on paye pour une voiture.
n.m. Terme de coutume. Droit de passage avec une charrette sur la terre d'un autre.
     
Charruage
  T. n.m. Terme de coutumes. On appelle en quelques endroits les terres labourables.
     
Chartil
  T. n.m. Grande charrette & longue, dont les paysans se servent pour transporter leurs gerbes en la grange. Chartil est aussi un lieu couvert dans une basse-cour où l'on serre les charrettes, charrues, herses, & autres choses servant au labour qui se pourroient gâter étant exposées à la pluie.
     
Chatepeleuse
  T. n.f. Petit insecte ou vermine qui ronge le blé. On l'appelle aussi calendre ou charançon.
     
Chauler
  T. v. Chauler le bled, est le mêler avec une certaine quantité de chaux vive & d'eau. Il y a des provinces où l'on sème le bled tel qu'il sort de l'aire, sans être chaulé & sans aucune préparation.
     
Chaume
  T. n.m. Partie du tuyau du blé qui reste attaché à la terre quand on l'a scié. On brûle les chaumes en beaucoup d'endroits pour engraisser la terre.
     
Chaumer
  T. v. Couper ou arracher le chaume & le mettre en botte pour servir à couvrir les maisons, des murailles de bauge. On appelle aussi chaumer les arbres quand on y met du feu au pied par malice pour les faire tomber, ou qu'on y fait quelqu'autre maléfice.
   
Chènevière
  T. n.f. Lieu semé de chènevis pour faire venir du chanvre. La chènevière était souvent à proximité de la maison, dans une petite parcelle au sol très fertile. Elle était abondamment fumée, profondément labourée et attentivement surveillée lorsque les graines étaient mûres, pour écarter les oiseaux.
     
Chepteil
  T. n.m. Bail de bestiaux qui se fait lorsqu'un maître donne à un fermier un nombre de boeufs ou de brebis, à condition de les nourrir & d'en rendre pareil nombre à la fin du bail & d'en partager le croît & le profit. c'est un grand trafic qui se fait dans les provinces, que celui des bestiaux à chepteil.
     
Cherpille
  T. n.m. Il y a dans la banlieue de Villefranche capitale du Beaujolois, un usage fort singulier. Lorsque le petit peuple croit que les grains sont mûrs, il va les couper sans la permission du propriétaire ; il les lie, & se paye de sa peine, en emportant la dixième gerbe. Cette manière de moissonner s'appelle la Cherpille, & a toujours fort déplu aux propriétaires ; mais jusqu'à présent ç'a été en vain
     
Chétolier
 

T. n.m. Terme de coutumes. Celui qui prend des bestiaux à chetel.

     
Chèvre
  T. n.m. Animal domestique qu'on nourrit en troupeaux. C'est la femelle du bouc. On se sert de poil de chèvre à faire des chapeaux, de leur lait à faire des fromages & même quelques pauvres gens en mangent la chair. Varron affirme que les chèvres sont si mal saines & qu'elles ont toujours la fièvre. Il est certain du moins que par la plupart des coutumes de France il y a prohibition perpétuelle de laisser aller les chèvres dans les champs, ou dans les prairies d'autrui & qu'elles sont toujours en deffends.
     
Cicerole
  T. n.f. Espèce de pois chiches.
     
Clarine
  T. n.f. Sorte de petite clochette qu'on pend au cou des vaches qui paissent dans les forêts.
     
Closeau
  T. n.m. Petit jardin de paysan qui est clos de haies ou de fagotage où il séme des herbes potagères ou du chanvre. Les curés prétendent les dîmes vertes des clos & closeaux. Les paysans disent closet en Normandie.
     
Closerie
  T. n.f. C'est la même chose que closeau. En quelques lieux on la prend pour une petite métairie.
     
Cognet
  T; n.m. Terme de Fabrique de marchandises de tabac. On appelle cognets en Guyenne, des espéces de rolles de tabac, faits en pain de sucre, dont on se sert pour unir & serrer les rolles quand on en a rempli les boutes & les futailles, afin qu'il ne puisse y entrer aucun air.
     
Colinhou (ou Collinhou)
  T. n.m. C'est le nom qu'on donne à un certain vin qui croît en Normandie dans le Pays de Caux. Le vin de colinhou se tire des vignes qui sont attachées à leurs arbres & ce nom est sans doute le nom propre de celui qui s'avisa le premier de gouverner ainsi ses vignes.
     
Colsa
  T. n.m. Est le nom qu'on donne à une sorte de choux qui croît en campagne dans les blés. On tire une huile de ses semences.
   

Communaux

  T. n.mpl. Landes, friches, jachères ou bois utilisés collectivement par les villageois, en particulier pour la pâture du bétail.
C'est dans les communaux que les habitants les plus pauvres des villages trouvaient leurs moyens de subsistance même s'ils étaient soumis à des redevances seigneuriales, comme en Bourgogne où le seigneur prélève un droit de "bleyrie" (2 raz d'avoine et 2 poulets par an pour avoir droit de mener son bétail bovin paître et aisancer en communes".
     
Complant
  T. n.m. Terme d'agriculture. Lieu planté d'arbres, de vignes. J'ai fait un complant dans ce parc. On dit aussi, donner une terre à complant pour la planter en vignes, cultiver & exploiter moyennant certaines redevances.
Complanter, c'est planter des vignes, des arbres, &c.
     
Composter
  T. v. Terme d'agriculture, mettre une terre en bon compost, en bon état. Le compost signifiant le bon état de la terre.
     
Copeiz
  T. n.m. Terme de coutume. Bois nouvellement coupés.
     
Coudraie
  T. n.f. Lieu planté de coudriers. En quelques lieux on l'appelle coudrette
     
Coupeur
  T. n.m. Vendengeur qu'on loue pour couper & détacher les raisins des seps de la vigne. Il me faut tant de hotteurs & tant de coupeurs.
     
Courtauder
  T. v. Couper la queue. Il n'est en usage qu'en parlant des chevaux.
     
Crêche
  T. n.f. Mangeoire où on met le foion, les fourrages des boeufs, vaches, moutons. On le disoit autrefois des chevaux mais ce mot est maintenant banni des manèges.
     
Crible
  T. n.m. Instrument à vanner, à nettoyer le grain, le blé, l'avoine. Il y a des cribles à pied dans les greniers qui sont composés d'une grande auge élevée où l'on verse le grain qui en coulant sur de petites planchettes de bois & sur plusieurs rangs de fil d'archal, s'évente et se nettoie, tandis que la poudre & les ordures coulent le long d'une peau qui est au derrière.
     
Criquet
  T. n.m. Bidet, petit cheval de peu de valeur. Il a acheté un petit criquet pour monter un laquais.
     
Croît du bétail
  T. n.m. Augmentation d'un troupeau par le moyen des petits qui y naissent. Dans tous les baux à chepteil des bestiaux, après qu'on a remplacé le premier nombre qu'on en a donné d'abord, le maître & le métayer partagent le croît.
     
Croupière
  T. n.m. Longe de cuir qui passe au-dessous de la queue du cheval ou autre bête de somme, qui s'attache à la selle pour la tenir en état.
     
Curoir
  T. n.m. Terme de laboureur. Bâton avec quoi on cure, on nettoie la charrue
     
Cuve
  T. n.f. Grand vaisseau de bois, rond & composé de doëles, ou douvelles, exactement appliquées l'une à l'autre, & entouré de cerceaux qui lient ces doëles, & les serrant l'une contre l'autre, font que ce vaisseau peut tenir la vendange que l'on y apporte de la vigne, que l'on y jette, que l'on y foule pour en tirer la mère-goutte, & que l'on y laisse plus ou moins, selon que l'on veut laisser prendre plus ou moins de couleur au vin. On tient que la cuve de Clervaux tient quatre cents muids. Abbreuver une cuve, c'est y mettre de l'eau, pour la laver, la nettoyer, l'imbiber, & faire renfler le bois, afin que les fentes que la secheresse y a fait depuis qu'elle n'a servi, se bouchent, & que le vin ne s'écoule point.
     
Dangereux (sergens)
  T. En termes d'Eaux & Forêts, on appelle Sergens dangereux, des Sergens traversiers qui alloient autrefois faire des visites de forêts en forêts extraordinairement, pour voir si les Sergens & Gardes ordinaires faisoient leur devoir. Ils avoient l'inspection sur les forêts où le Roi a le droit de tiers & de danger, & c'est de là qu'on leur a donné le nom de dangereux.
     
Débonder
  T. v. Lâcher, ou ôter la bonde d'un étang. Quand on veut pêcher un étang, il faut le débonder & lâcher la bonde, afin de le mettre en cours, & de laisser écouler les eaux. Avec le pronom personnel, il se dit en parlant des eaux qui s'épandent avec violence par les ouvertures qu'elles trouvent. Effluere, diffluere, effundi. Cette chaussée est rompue, les eaux se débondent dans les prairies. Quand les ecluses & les digues de Hollande sont rompues, la mer se débonde dans les campagnes.
     
Déchaumer
  T. v. Terme d'agriculture. Déchaumer une terre, c'est la casser, la mettre hors de friche. Les laboureurs disent, j'ai ce matin déchaumé un quartier de terre.
     
Déchausser
  T. v. se dit des arbres fruitiers & des vignes que l'on laboure au pied où on met du fumier ou dont on change la terre, pour leur faire rapporter plus de fruit.
     
Défaix
  T. n.m. Terme de coutumes. Lieu défendu. Une garenne, un étang qui appartient au Seigneur est un défaix
   
Défends
 

Chose dont l'usage ou l'accès sont interdit. Sous l'ancien régime le terme s'applique plutôt aux bois et terres cultivées dont l'accès était en défends jusqu'à enlèvement de la récolte. Le service des eaux et forêts spécifiait les lieux défensables dont l'accès était interdit aux bestiaux.

     

Défrichement

  n.m. Sous l'ancien-régime les terres incultes étaient particulièrement nombreuses. Différents édits (Henri IV en 1599, Louis XII en 1613...) les ont encouragé et celui de 1766 exemptait de dîme et toute autre imposition les terres défrichées pendant 15 ans.
   
Dépouilles
  Fruits de la terre coupés et moissonnés
     
Dessoler
  T. v. Changer la division des terres de labour & ne les pas cultiver ou ensemencer en la manière accoutumée. Tous les baux des métairies portent à la charge de ne point dessoler la terre & changer la sole, mettre en blé ce qui devoit être en jachère ou en menus grains.
     
Dizeau
  T. n.m. Terme de moissonneur. Amas de 10 gerbes ensemble. On laisse sur le champ les gerbes par dizeaux ou trézeaux jusqu'à ce qu'elle soient dîmées ou champartées.
     
Dresche
 

T. n.f. C'est le nom qu'on donne au marc de l'orge moulu dont se servent les Brasseurs de biére. Par Ordonnance du 4 Novembre 1701. rapportée dans le Traité de la Police de M. De la Mare, liv. 4. tit. 7. p. 576. & 577. il est permis aux Brasseurs de vendre aux particuliers qui nourrissent des vaches laitiéres, le marc de l'orge moulu, vulgairement appellé dresches, & aux particuliers d'en nourrir leurs vaches, pourvû que la dresche ne soit point aigrie. L'expérience nous apprend que la dresche peut germer jusqu'à devenir un épi parfait. Par Sentence de la Police de Paris du 10 Décembre 1743. un vacher fut condamné en 100 liv. d'amende, pour avoir nourri ses bestiaux de dresche corrompue, contre la disposition des Ordonnances de Police.

     
Ecarlatin
  T. n.m. Espèce de cidre que l'on fait dans le Cotentin, pays de Normandie. Les cidres abondent dans le Cotentin & y sont excellens, principalement l'écarlatin qui ressemble en couleur au vin paillé & l'égale presque en bonté.
     
Echalas
 

T. n.m. Morceau de bois en forme de bâton, qui a environ quatre pieds & demi de longueur, & qui sert à soutenir un sep de vigne, ou des treillages, ou des contre-espaliers. Les bons échalas se font de coeur de chêne. On les appelle en plusieurs endroits du paisseau. L'échalas se fait depuis quatre jusqu'à quinze pieds de long Les petits servent aux vignes ; les grands aux berceaux & aux espaliers. Les grands échalas s'appellent autrement perches. . Et même en plusieurs endroits on ne les appelle point du tout échalas, mais toujours perches.

     
Echalier
  T. n.m. Clôture d'un champ faite de fagots liés ensemble, pour empêcher que les bestiaux n'y entrent. Les échaliers diffèrent des haies, en ce que celles-ci sont faites d'arbres vifs, & les autres de bois sec. Les échaliers sont fort communs en Berri. Ce mot se prend aussi pour une manière de petite échelle que l'on met en quelques endroit de ces clôtures, afin que l'on puisse entrer plus commodément dans les champs : ainsi on dit, Passer par les échaliers.
     
Echanvrer
  T. v. la filasse. C'est lui ôter avec l'échanvroir les plus grosses chenevottes qui lui sont restées après qu'on l'a concassée. Ce terme est Picard. En Normandie on dit écousser. Echanvrer vient du chanvre, comme qui diroit, purifier le chanvre en ôtant ce qui le rend grossier & chargé de choses inutiles.
     
Echardonner
  T. v. Oter les chardons d'une terre. Les chardons offusquent les blez si on n'a soin d'échardonner les terres. L'échardonnoir est le petit crochet tranchand qu'on attache au bout d'un bâton pour échardonner les terres.
     
Echauler
  T. v. Terme d'Agriculture & de labourage qui se dit des blez. c'est prendre de la chaux amortie, la mettre dans l'eau, puis en arroser le blé qu'on veut semer. Les Laboureurs prétendent que cette manière d'accommoder le blé l'empêche d'être gâté.
     
Echelette
  T. n.f. diminutif. Petite échelle. On dit ce mot d'une espèce de petite échelle plus large par le bas que par le haut, dont se servent les Charretiers lorsqu'ils charrient du foin, & cette échelle se met sur le devant d'une charrette ridelée.
     
Echemer
  T. v. Faire un nouvel essaim d'abeilles.
   
Eignes
 

T. n.fpl. On appelle ainsi en Champagne les raisins tirés de dessous le pressoir, le marc des raisins. Eignes vient apparemment du mot Latin ignis, feu ; tant à cause de la chaleur des eignes, que parce qu'ordinairement on les brûle dans l'alambic pour en faire de l'eau-de-vie, ou au feu pour en avoir des cendres. Nous avons dans notre Langue le mot Ignée, qui a la même origine. Les eignes éparpillées sur le grenier détruisent les charencons. L'Auteur du Spectacle de la Nature écrit aines, & dit qu'on en tire une eau-de-vie de mauvais goût, mais qui est utile pour les blessures, & pour bien d'autres usages.

   
Elevage
  Même si les cultures céréalières étaient au coeur des préoccupations populaires et administratives, l'élevage revêtait également une grande importance notamment dans les pays de bocage ou de montagne. L'omniprésence du bail à cheptel atteste que les revenus d'appoint générés par quelques têtes de bétail complétaient souvent de maigres revenus agricoles et ce, que les exploitants soient journaliers ou laboureurs.
Des transhumances s'opéraient entre plaines et montages et c'est souvent grâce à elles que les troupeaux pouvaient s'alimenter, les ressources locales étant insuffisantes.
Au XVIe et XVIIe une mutation s'est opérée : si la diversité était jusque là de mise, les nombreuses restrictions qui sont apparues à ce moment (ordonnances des Eaux & Forêts limitant la présence des bêtes dans les bois, l'aliénation des communaux, les défrichements....) ont fait qu'une certaine spécialisation s'est mise en place tenant compte des particularités régionales, en plus des restrictions dues aux insuffisances fourragères.
En Picardie, Lorraine, Ile de France, pays d'openfield la vaine pâture était limitée à 2 ou 3 moutons par arpent d'exploitation. En Auvergne, il était interdit de faire pâturer l'été, plus de bêtes que l'on pouvait en accueillir l'hiver.
Boulonnais excepté,les régions qui élevaient de cheval (Normandie, Gascogne, Bretagne, Franche-Comté, Poitou, Limousin, Auvergne) ne l'employaient qu'accessoirement aux labours car tous les espoirs se portaient alors vers les bovins. A partir du XVIIIe ils servirent aux charrois, mais aussi attelés à la charrue où ils remplacèrent les boeufs.
L'âne fut particulièrement apprécié pour les courtes distances à partir du XVIIe siècle surtout dans les pays accidentés du sud et dans les vignobles tout comme les mulets peu coûteux à élever, qui présentaient des qualités de force, endurance et longévité.
Dans le Charolais, le Brionnais ou le Limousin, c'est la production de viande bovine qui suscita un actif commerce dès le XVIIe siècle tandis que l'élevage laitier se développa en Auvergne (Bleu, St Nectaire, fourme...) et en Savoie (gruyère...)
Le mouton était partout (pays bocagers, marais littoraux, garrigues méditerranéennes, montagnes, et même dans les openfields où parqués dans des enclos mobiles, ils assuraient la fertilisation des terres), et au XVIIIe siècle plusieurs bergeries nationales virent le jour. Il faut dire que les débouchés offerts étaient doubles : laine et viande, la laine alimentant une industrie textile naissante et surtout croissante.
Chèvres et porcs, très nombreux au moyen-âge, ont souffert de la fermeture des forêts et de la restriction de la glandée et à la fin du XVIIIe siècle les effectifs s'étaient considérablement réduits ne subsistant plus que pour un usage domestique.
La production d'animaux de basse-cour, modeste, alimentait surtout les marchés locaux ou ravitaillait les marchands-coquetiers, les abeilles produisaient cire et miel (sucre de l'époque), quant aux lapins ce n'est que bien plus tard (XIXe siècle) qu'ils firent l'objet d'un élevage domestique.
     
Emblaver
  T. v. Semer une terre en blé. On oblige les fermiers à emblaver les terres dans les saisons convenables. Quand ils ont emblavé les terres, il leur faut payer leurs labours & semences. Emblaver est la même chose qu'ensemencer.
Un fermier est obligé de laisser à la fin de son bail les terres emblavées quand on les lui a données en tel état. On disoit autrefois bléer. Plusieurs coutumes portent qu'il est permis à un bourgeois de bléer ou desbléer ses terres toutes les fois qu'il veut. Nicot distingue une terre semée, d'une terre emblavée. Il appelle terre semée, celle dans laquelle le blé est encore en grain & terre emblavée cele dans laquelle le blé est déjà levé.
     
Emblure
  T. n.m. Terme d'agriculture. Champ emblavé. Terre ensemencée de quelque grain que ce soit, de froment, de seigle, d'orge, d'avoine, &c.
     
Emonder
  T. v. Couper les menues branches d'un arbre soit pour en oter le bois nuisible & superflu, soit pour faire des fagots pour brûler. On émonde les arbres fruitiers quand ils jettent trop de bois.
     
Empailler
  T. v. Garnir une métairie de pailles & de fourrages nécessaires pour la faire bien valoir, pour amender les terres. Mon fermier a dissipé les pailles & paillliers de ma métairie, j'avois dépensé 1 200 livres à l'empailler. Une métairie bien empaillée est affermée à plus haut prix qu'une autre qui est sans fourrages.
     
Empellement
 

C'est la même chose que lançoir, vanne, palle, &c. car on l'appelle différemment, selon les divers pays. Il y a des empellemens aux biez des moulins, aux écluses, aux étangs, &c. L'empellement d'un étang ou d'un lac, est la palle ou bonde qui se léve & se baisse, pour faire sortir ou retenir l'eau. Un pêcheur ayant abbaissé les vannes ou empellemens d'un de ces lacs afin de mettre la riviére à sec, pour pouvoir pêcher des truites, & n'ayant pû, étant seul, relever ces empellemens, le lac se remplit tellement, que l'eau emporta les écluses.

     
Empouille
  T. n.m. Les fruits, la récolte, la moisson, la dépouille d'une terre. Ils attestent qu'ils n'ont jamais profité des empouilles qui étoient sur pied à la Saint Jean-Baptiste. Factum. Ce mot ne se dit qu'au Palais, & il ne se dit que des fruits de la terre tandis qu'ils sont sur pied : quand ils sont coupés, moissonnés, fauchés, c'est la dépouille.
   
Enclosure
  Mouvement de clôture des champs visant à passer d’une agriculture communautaire (principe des 3 soles : blé, céréale de printemps, orge ou avoine, et jachère pour troupeaux) à une forme individuelle d’exploitation au bénéfice des grands propriétaires qui ont cherché à rentabiliser leurs exploitations, et à « clore » leurs terres pour les soustraire aux pratiques communes. A entraîné l’élimination progressive des paysans indépendants
     
Encroué
 

T. adj. Terme des Eaux & Forêts. C'est un arbre qui en l'abattant, est tombé sur un autre, & s'est engagé dans ses branches. Il n'est pas permis d'abattre un arbre sur lequel un autre se trouve encroué, sans ordre des Officiers.

     
Engerber
  T. v. Lier le blé, mettre les javelles en gerbe. Ce blé a été longtemps javellé, il est temps d'engerber. Il signifie aussi mettre des gerbes sur le tas, les ranger dans une grange. Voilà une grange dîmeresse qui est commune, le curé engerbe ses gerbes d'un côté & le seigneur gros décimateur engerbe de l'autre.
     
Engrais
  T. n.m. Pâturages où on met des boeufs & autres animaux pour les engraisser. Ce marchand a 50 boeufs à l'engrais : ce qui se dit tant du pâturage, que de la graisse que prend le bétail.
Engrais, signifie aussi la nourriture, & l'action d'engraisser les animaux.
Engrais, signifie encore l'amendement des terres labourables, vignes & prez, comme fumiers, marne, cendres de chaume, &c. Ce mot est sur-tout d'usage quand on parle de boeufs, ou de moutons, ou de volaille. Nous l'avons risqué quelquefois en parlant des terres, au lieu d'employer les termes de fumier, & d'ordures. On en voit bien la raison. L'engrais fait recueillir du vin plus abondamment, mais le vin n'en est pas si bon. Si les engrais augmentent la quantité du vin, constamment ils en diminuent le mérite.
     
Engranger
  T. v. Serrer les blez dans la grange. On laisse sécher les gerbes dans les champs avant que de les engranger.
     
Envélioter
  T. v. Terme de faucheur. C'est mettre en véliotes. C'est à dire en petits tas. Envélioter le foin.
     
Epart
 

T. n.m. Espéce de jonc, dont les Marseillois font des paniers & des cabats, pour mettre & emballer plusieurs de leurs fruits secs, & diverses autres marchandises. Ce jonc croît en Espagne.

     
Epeautre
 

T. n.f. Quelques-uns font ce mot masculin. On nomme épeautre dans quelques provinces du Royaume une espèce d'orge dont l'épi n'a que deux rangs de semences. L'épeautre est une plante qui est fort semblable au froment, mais qui a son tuyau plus mince, plus ferme & plus court. Son épi, qui fleurit environ la fête de S. Jean-Baptiste, est aplati : il n'est point barbu le plus souvent ; & quelquefois il l'est. Ses grains sont disposés seulement de deux côtés, deçà & delà : ils sont joints deux à deux, & enfermés dans leur base, d'où on ne peut les séparer que difficilement. Les Anciens en faisoient la fromentée, qui étoit une bouillie dont ils faisoient grand état. Les Allemands en font à présent du pain, qui n'est pas moins blanc que celui du froment ; mais il n'est pas si nourrissant, il est difficile à digérer, & n'a pas le goût & les qualités du pain ordinaire.

     
Epeautre
 

T. n.f. Quelques-uns font ce mot masculin. On nomme épeautre dans quelques provinces du Royaume une espèce d'orge dont l'épi n'a que deux rangs de semences. L'épeautre est une plante qui est fort semblable au froment, mais qui a son tuyau plus mince, plus ferme & plus court. Son épi, qui fleurit environ la fête de S. Jean-Baptiste, est aplati : il n'est point barbu le plus souvent ; & quelquefois il l'est. Ses grains sont disposés seulement de deux côtés, deçà & delà : ils sont joints deux à deux, & enfermés dans leur base, d'où on ne peut les séparer que difficilement. Les Anciens en faisoient la fromentée, qui étoit une bouillie dont ils faisoient grand état. Les Allemands en font à présent du pain, qui n'est pas moins blanc que celui du froment ; mais il n'est pas si nourrissant, il est difficile à digérer, & n'a pas le goût & les qualités du pain ordinaire.

     
Ergot
 

T. n.m. On appelle ainsi les grains de sègle qui deviennent, dans certaines années, longs, noirâtres & cornus. La farine de ce grain est blanchâtre, & très-pernicieuse. Lorsqu'il est arrivé que les épics du sègle étoient chargés de ce mauvais grain, & qu'on n'a pas été soigneux de le rejetter, on a vû régner à la campagne des maladies qu'on appelle Feu de S. Antoine.

     
Ermes
  T. Vieux terme de coutumes qui se dit des terres non labourées, ni cultivées qui sont vacantes, en friche & en désert. On les appelle aussi terres brehaines. Dans les coutumes de la Marche & du Bourbonnois on appelle terres hermes, des terres en friches.
     
Eshoupper
  T. v. Terme des Eaux & Forêts. Couper les houppes ou cimes des arbres. L'Ordonnace veut que l'on condamne à l'amende ceux qui auront eshouppé, ébranché & déshonoré les arbres.
     
Essarter
 

T. v. Défricher un terre, en arracher les bois, les racines, le taillis, ou le vieux plant qu'on y avoit mis, ou les ronces qui y sont venues faute de culture, pour la rendre disposée à y semer ou planter ce qu'on voudra. Il y a bien de vieilles souches sur cette terre, elle sera difficile à essarter. On appelloit autrefois essars, des brossailles ; d'où vient que plusieurs s'appellent des Essarts Dans les loix des Bourgnignons exartum facere in silva, c'est essarter un endroit d'une forêt.

     
Estouble
  T. n.m. Chaume, ce qui reste du tuyau de blé sur la terre quand on a fait la moisson. Il y a quelques endroits où on dit éteule. En Bourgogne, on dit éteuble.
     
Estraper
 

T. v. Scier le chaume qui reste après le sciage des blez. L'instrument dont on se sert pour cela se nomme estrapoire, qui est un petit faucillon emmanché d'un bâton d'environ deux pieds de long.

     
Etalier
  T. n.m. Les normands appellent étaliers, certaines fascines qui ferment les terres afin que les chevaux n'y puissent pas entrer.
     
Etant
 

T. Terme des Eaux & Forêts, qui se dit du bois qui est en vie, debout, sur pied & sur racine. Il y a dans ce bois tant d'arbres en bois mort, & tant en étant. On disoit autrefois, qu'un homme étoit en son étant, pour dire, debout, comme on dit encore, en son séant, pour dire, qu'il est assis. L'Ordonnance défend de faire des ventes d'arbres en étant avec les chablis.

     
Etouble
  T. n.m. Chaume. Ce qui reste de blé sur la terre après que l'on a fait la moisson. Il y a quelques endroits où l'on dit éteule.
     
Etoupe
  T. n.f. La bourre du chanvre, de la filasse, du lin. On fait des bouchons de bouteille avec de l'étoupe. On mêle l'étoupe avec du goudron pour calfater les vaisseaux.
On appelle aussi étoupe, les toiles qui sont faites avec des étoupes de chanvre ou de lin.
     
Etrape
  T. n.m. Petit instrument de fer qui sert à couper & scier le chaume qu'on appelle autrement faucillon. On dit aussi étraper le chaume pour dire le scier.
     
Etrille
  T. n.f. Espéce de peigne de fer qui a plusieurs rangs de dents en forme de scie avec quoi on panse les chevaux, on les gratte, on les décrasse. Etre logé à l'étrille veut dire en hôtellerie, une hôtellerie où l'on rançonne, où on fait payer trop cher.
   
Exploitation agricole
 

En fonction de sa taille, l'exploitation agricole ne revêtait pas toujours la même signification. Le chemin était long entre l'exploitation partielle, souvent complément de revenu pour un artisan rural ou un journalier, et le gros laboureur des exploitations d'openfield du nord de la France. Entre les deux, une multitude de cas se présentaient
* petites exploitations (souvent de moins de 1 ha) sans attelage,
* exploitations familiales de moins de 20 ha qui formaient une catégorie intermédiaire et où l'on retrouvait la plupart des laboureurs (elles disposaient d'outils de production mais recouraient peu à la main d'oeuvre étrangère, "borderie" de l'ouest et du centre, "closerie" angevine, "locature" berrichonne... domaines pyrénéens exploités en faire valoir direct comme la "ousta" du Gévaudan, ou la "casa" du Capcir en faisaient partie,
* grandes exploitations qui recouraient à du personnel salarié et qui étaient fortement impliquées dans l'économie régionale mobilisant un capital important et diversifié. ("métairies" de l'ouest et du centre, "cense" du nord, "ferme céréalière" de l'Ile de France, "domaine" du Languedoc, de Lorraine ou de Bourgogne.
*Dans le centre, ce sont des communautés familiales parfois appelées frérêches qui tenaient les exploitations importantes du Bourbonnais, Nivernais et Auvergne.

     
Fagotaille
  T. n.f. On appelle ainsi dans quelques endroits la garniture de la chaussée d'un étang parce qu'elle se fait avec des fagots.
     
Fagoter
  T. v. Mettre du bois en fagots.

Terme de Pêcheur. Quand on a vuidé un étang pour le pêcher, il reste toûjours un grand nombre de poissons dans le ruisseau, qui sert à remplir l'étang. C'est pourquoi les pêcheurs font faire des fagots, qu'ils font rouler depuis la queue de l'étang jusqu'à la bonde, en suivant le ruisseau, pour faire descendre tout le poisson qui s'y trouve : c'est ce qu'on appelle fagoter.

     
Faner
 

T. n.m. Étendre l'herbe d'un pré fauché, & la remuer pour la faire sécher, & en faire des veillotes & des meulons. On a été huit jours à faner cette prairie. Il a fait beau faner cette année, le tems a été sec.

     
Fau
  T. n.m. Arbre de haute futaie. C'est la même chose que fouteau ou hêtre.
     
Fauchaison
  T. n.f. Terme d'Eaux & Forêts qui signifie le tems où l'on fauche les prés comme on dit la fanation pour le temps où l'on fane les foins & harengaison pour le temps de la pêche au hareng. Voilà un beau temps pour la fauchaison des foins. Pour avoir du regain dans les prés, il faut interdire l'entrée au bétail jusqu'à la fauchaison qui s'en fait jusqu'à la mi-septembre.
     
Fauchée
  T. n.f. Une fauchée de pré. C'est la quantité de 80 cordes & le travail d'un jour pour un faucheur.
     
Faucher
  T. v. Couper l'herbe des prés ou les avoines avec la faux. Il y a des prés qu'on fauche deux ou trois fois l'année.
     
Fauchet
  T. n.m. Espéce de râteau avec des dents de bois, qui sert aux faneurs à amasser l'herbe fauchée & fanée pour la mettre en meulons. Les batteurs en grange ont aussi besoin d'un Fauchet pour séparer la paille battue d'avec le blé.
     
Faucille
 

T. n.m. Instrument qu'on manie d'une main, & avec lequel on scie les blés. Il est fait en demi-cercle, & emmanché d'un petit manche de bois. Il a de petites dents plus délicates que celles des scies. En Provence la faucille n'a point de dents. Elle coupe comme un couteau bien affilé. C'étoit la saison où les épis tomboient sous les faucilles. Les Moissonneurs ont déja la faucille à la main. Il est tems de mettre la faucille dans la moisson.

     
Fauldes
  T. n.m. Terme des Eaux & Forêts. C'est un nom qu'on donne aux fosses charbonnières où on fait le charbon.
Faulde signifie encore un parc, un lieu fermé où l'on retient le bétail à la campagne.
     
Fayart
  T. n.m. On appelle ainsi le hêtre dans le Lyonnois.
     
Faye
  T. n.f. Vieux qui signifioit un lieu forestier. Il y a plusieurs lieux en France qui se nomment encore aujourd'hui Faye, belle faye. Faye signifioit aussi simplement une forêt.
     
Fayol
  T. n.m. Espèce de légume, de féve.
     
Fenaison
  T. n.m. Le temps où l'on fêne, où on fane les foins & l'action de fener.
     
Fénil
  T. n.m. Galerie, grenier, ou autre lieu où on serre les foins.
     
Fenison
 

T. n.fTerme de Coutumes. C'est le temps où il est défendu de mener les bêtes dans les prés, le temps où les prés sont défensables à l'égard de toutes sortes de bêtes. La fenison dure toute l'année pour les porcs, parce qu'ils gâtent le fonds en fouillant ; mais pour les autres bêtes, elle commence à la Notre-Dame de Mars, & dure jusqu'à ce que les prés soient fauchés, ou que le regain soit coupé & enlevé ; durant ce temps-là on dit que les prés sont en fenison.

     
Feurre
  T. n.m. Paille longue de blé, qui sert à nourrir l'hiver les moutons & autres bestiaux.
     
Filasse
  T. n.f. Filamens qu'on tire de certaines plantes, comme en France du chanvre, du lin, des orties, pour après être battus & préparés, les mettre en une quenouille & en faire du fil.
     
Flaquière
 

T. n.f. Partie du harnois d'un mulet

     
Fléau
 

T. n.m. Instrument propre à battre du blé en grange. Il est composé de deux bâtons, dont l'un est mobile au bout de l'autre : l'un sert de manche, l'autre frappe sur les gerbes. Fléau ne se prononce guère que comme une syllable dans le discours ordinaire. Je dis presque, parce qu'en effet on fait un peu sentir l'e même dans la prose, & pour les vers on fait toujours fléau de deux syllables.
Fléau, est aussi la pièce de fer poli en équilibre, avec une aiguille au milieu, & deux trous à chaque extrémité, où sont suspendus & attachés les deux bassins de la balance ordinaire. On l'appelle aussi le traversin. Le fléau est aussi le bâton marqué de plusieurs divisions, qui fait la balance Romaine.
Fléau, est aussi une barre de fer, qui sert à fermer les portes cochères, qui est mobile par le moyen d'un boulon, & qui donne sur les deux battans.

     
Flottage
  T. n.m. Terme des Eaux & Forêts. Conduite de bois sur l'eau, lorsqu'on le fait flotter. Il est permis aux Marchands de bois de se servir de eaux des étangs pour le flottage du bois. Les Proprietaires des heritages situés sur le bord des ruisseaux sont obliges de laisser un chemin de quatre pieds pour faciliter le flottage du bois à ceux qui le conduisent. Voyez l'Ordonnance pour les Eaux & Forêts.
Þ Le flottage du gros bois de chauffage n'est pas ancien en France : il y est cependant d'une extrême utilite, soit pour le debit des bois qui sont éloignés des grandes rivières, soit pour la provision de Paris, qui sans cela pourroit en manquer. Seront de la compétence des Juges établis pour le fait des Eaux & Forêts, toutes actions concernant les entreprises ou prétentions sur les rivières navigables & flottables, tant pour raison de la navigation & flottage, que des droits de pêche, passage, pontage & autres... Les grands Maîtres visiteront nos rivières navigables & flottables, ensemble les routes, pêcheries & moulins étant sur nos Eaux ; pour connoître s'il y a des entreprises ou usurpations qui puissent empêcher la navigation & le flottage.
     
Foin
  T. n.m. Herbe sèche des prés qui sert de nourriture aux animaux. Le foin nouveau est dangereux aux chevaux. Une botte de foin, un cent de foin,
     
Forestier
  T. n.m.Certain officier qui étoit autrefois dans les forêts. Dans plusieurs coutumes, il se dit d'un sergent qui a la garde des bois & forêts, & y peut faire la prise de bétail ou de gages, & les déférer en justice. C'est ce qu'on nomme aussi gruyer.
     
Fosserée
  T. n.f.Terme de coutumes. Certaine étendue de terre plantée de vignes.
     
Fourrage
  T. n.m. Paille ou herbe sèche qui sert à nourrir bestiaux & chevaux.

Il faut obliger les Fermiers à consommer tous leurs fourrages & pailles dans les métairies, afin d'avoir des engrais. Les fourrages sont, pailles de blé, cosses de pois & de vesces, & les grains qu'on donne aux chevaux & bestiaux, des faisceaux d'herbes dont on nourrit les vaches.
Ce mot vient du Latin far, qui signifioit autrefois toute sorte de blé, ou de grain.
En termes de Guerre, on dit, mettre en quartier de fourrage ; pour dire, Mettre des Cavaliers en un lieu où ils puissent nourrir commodément leurs chevaux. Aller au fourrage. Envoyer au fourrage. En ce sens, les foins & les grains y sont compris. Une trousse de fourrage. On appelle, Ration de fourrage, la portion de foin, de paille & d'avoine, qu'on distribue à chaque Cavalier pour faire subsister son cheval chaque jour, c'est douze livres de foin, autant de paille, & trois picotins d'avoine.

     
Fourrière
 

Terme de Coutumes. Saisie de bestiaux par laquelle on les enlève du lieu où on les met au fourrage, pour les ôter de la possession de celui sur lequel ils sont saisis, jusqu'à ce qu'on puisse les vendre.

     
Fouteau
 

T. n.m. Arbre de haute futaie, qu'on appelle autrement Fau ou Hêtre, qui est commun dans les forêts, dont le bois est fort sec, rempli de plusieurs petits brillans, ou endroits polis, & qui petille fort dans le feu.

     
Fraux
  T. n.mpl. Terme de Coutumes. Terre inculte, pâturage
   
Froment
 

T. n.m. Blé, le meilleur & le plus gros de tous les grains, qui fait la farine la plus blanche. C'est celui qui est le plus estimé, & dont on fait le meilleur pain. Le froment pousse plusieurs chalumeaux à la hauteur de quatre ou cinq pieds, assez gros, droits, entrecoupés de trois ou quatre noeuds, creux en dedans, accompagnés de quelques feuilles longues, étroites, & portant en leurs sommets des épis longs, écailleux, composés de plusieurs balles, qui renferment chacune trois étamines chargées d'un sommet jaunâtre & long Les fromens sont différens suivant les lieux où ils croissent.
On appelle, Terres à froment, les bonnes terres, les terres grasses. Le pain de froment est le pain le plus blanc. Le méteil est moitié froment & moitié seigle.
En quelques Provinces, les Villageois nomment terres fromentales celles qui sont propres à produire le froment, & Pays fromental celui où le froment vient bien.

     
Fromentée
  T. n.f. Farine de froment dont on fait de la bouillie, ou autres mets. Elle se fait particuliérement d'une espèce de froment qu'on appelle Epeautre, ou Epeautre double. Pline dit qu'on y mêloit de la craie & du plâtre. Galien dit que c'est une espèce de blé fort nutritif, que les Anciens faisoient cuire avec de l'eau, du vin & de l'huile. On en faisoit aussi de toutes sortes de blés.
     
Fuie
  T. n.f. Petite volière qu'on ferme avec un volet où on nourrit des pigeons domestiques en petite quantité. Ceux qui n'ont pas droit de colombier peuvent avoir des fuies. Se dit aussi d'un colombier qui n'a point de couverture ; & on prétend que les pigeons de ces sortes de fuies sont beaucoup meilleurs que les pigeons des autres colombiers, parce qu'ils ont quelque chose de plus sauvage. On voit beaucoup de fuies en Beausse.
     
Fumier
  T. n.m. Excrémens des bestiaux qui se mélent dans leur litière, & qui la pourrissent. Le fumier est la paille qui ayant servi de litière sous les animaux domestiques, & particuliérement sous les chevaux, & étant imbibée de leurs excrémens, se trouve toute rompue, & devient propre pour le jardinage ; savoir, à faire des couches & des rechauffemens, quand il est bien chaud, & comme on dit, qu'il est neuf, c'est-à-dire, fraîchement sorti de l'écurie, & sur-tout quand il n'a servi qu'une nuit ou deux de litière, ensorte qu'il n'est nullement pourri ; mais quand il est pourri, soit pour avoir servi longtemps de litière, ou pour avoir été employé en couches, ou avoir été beaucoup mouillé par les pluies & les égouts, il sert pour fumer, amender & engraisser les terres.
     
Futaie
  T. n.f. Grand bois, qu'on a laissé croître au-dessus de quarante ans, & qui n'a pas été coupe en ventes ordinaires, qui sert à faire du bois de charpente, & à brûler. Les bois de haute futaie font partie du fonds, & ne peuvent être coupés par les usufruitiers. Bois est réputé haute futaie quand on a été trente ans sans le couper. Quand le bois a quarante ans on l'appelle futaie sur taillis ; depuis quarante ans jusqu'à soixante, Demi-futaie ; depuis soixante jusqu'à six-vingts, Jeune haute futaie ; & passé deux cens ans, Haute futaie sur le retour. L'âge du bois se connoît par le nombre des cercles qui paroissent sur le pied de l'arbre coupé.
     
Gaaignère
  T. n.m. Terme de Coutumes. Fermier, laboureur.
     
Gagnable
 

T. adj. Terme de Coutumes. Terres gagnables, sont des terres sauvages, ou sauvées de la mer. On entend aussi quelquefois par ce mot des terres qui se cultivent à grand'peine. Dans quelques livres on trouve gaignable pour gagnable.
Ce mot signifie quelquefois simplement, Labourable ; qui peut être labouré.

     
Gagnages
  T. n.mpl. Terres labourées où vont paître les bestiaux. Quelquefois ce mot signifie les fruits qui proviennent de la terre, quelquefois les terres mêmes dont on perçoit les fruits. On trouve quelquefois gaignages pour gagnages.
     
Garance
 

T. n.f. Plante dont la racine est d'un grand usage dans les teintures des laines, sur-tout pour les teindre en rouge ; l'on ne sauroit guère leur donner une belle couleur sans les garancer auparavant. La Flandre fournit à présent la plus grande partie des garances que l'on emploie dans le Royaume. La racine de garance est vivace, grosse au plus comme le doigt, & d'un rouge qui tire sur le jaune. Elle trace & s'étend beaucoup sans s'enfoncer fort avant dans terre, & elle pousse plusieurs tiges carrées, longues, branchues, rudes au toucher, & garnies en espaces assez égaux, de cinq, six, ou sept feuilles longues, étroites, rudes, disposées autour de la tige en manière d'étoile. L'extrémité des branches porte des bouquets de fleurs éparpillées d'une seule pièce, taillées en manière de godet, jaunes. Le calice qui soutient ces fleurs, devient un fruit composé de deux baies qui se touchent, grosses comme celles du genevrier, d'un rouge obscur dans leur parfaite maturité, & qui renferment chacune une semence arrondie & creuse vers son milieu.
La racine de garance est d'usage en Médecine ; elle est apéritive. Elle croît dans des terres médiocrement humides, & se sème en Mars au décours de la lune. On l'arrache 18 mois après, on la fait sécher au soleil, & on la réduit en poudre avec un moulin, puis on l'enferme soigneusement dans des sacs. Les billons de garance sont souvent falsifiés par les étrangers, qui mêlent la terre rougeâtre avec quelque poussière de garance.

     
Garenne
  T. n.f. Bois ou bruyère où il y a beaucoup de lapins. Un Seigneur a droit de colombier & de garenne. Une garenne privée c'est une garenne fermée de murs ou de haies où l'on fait des terriers exprès pour y nourrir des lapins.

On oppose les lapins de garenne à ceux de clapier. Garenne privilégiée, ou jurée, est une certaine étendue de terre où le Roi a donné un droit de chasse à l'exclusion de tous les Seigneurs voisins ou enfermés dans ce territoire.
Cette expression de garenne jurée vient de ce que ces sortes de garennes sont gardées par des Forestiers jurés. Les garennes non fermées de murailles ne sont point permises sans Lettres-patentes, & sans une concession expresse du Roi vérifiée en la Chambre des Comptes.
Dans les Coutumes on dit garenne d'eau, de bois, de forêt, cela signifie une eau, une rivière, un étang où il est défendu d'aller pêcher ; un bois où il est défendu d'aller chasser.
Ce mot dans les vieux livres est ecrit garanne.

     
Garouille
  T. n.f. Drogue propre à la teinture de la couleur fauve. Elle vient de Provence, de Languedoc & de Roussillon. On l'emploie dans la nuance de la couleur gris de rat, où elle réussit fort bien ; son défaut se purgeant dans le foulon, lorsque l'on y fait passer les étoffes pour les dégorger.
     
Gastier
  T. n.m. Terme de Coutumes, qui signifie la même chose que Messier. Celui qui est commis pour la conservation des vignes & des autres fruits, qui doit empêcher qu'ils ne soient gâtés.
     
Gâtine
 

T. n.f. Terre vaine, vague & inculte. On appelle en Poitou, Berri & autres Provinces, gâtine, ce qu'on appelle en Guienne Landes, un pays étendu, désert & stérile. C'est ce qui a donné autrefois le nom au Gâtinoisont on parle au mot gâtinois.

     
Gaude
  T. n.f. Plante dont les teinturiers se servent pour teindre en jaune.
     
Gaule
 

T. n. f. Grande perche menue & longue avec laquelle on abat des noix, ou des pommes, pour faire du cidre. Fustis. En Normandie on fait vendange avec la gaule

     
Gautier
 

T. n. m. Homme de bois, habitant dans les bois, factieux. De-là vient, que les gens de factions & de brigandages sont du nom ordinaire appellés Gautiers, pour montrer que ces factions sont composées de gens de bois, de paysans, de brigands, qui tenant & ravageant la campagne, font leur retraite dans les bois.

     
Genestrolle
  T. n.f. Plante qui vient naturellement & sans culture qui sert aux teinturiers à teindre en jaune.
     
Gerbée
 

T. n.f. Botte de paille à demi-battue, où il reste encore quelque grain propre à nourrir des bestiaux. Gerbée de froment.

     
Germoir
 

T. n.m. L'orge germée doit être portée au cellier, qu'on appelle le germoir, où elle demeure étendue jusqu'à ce que le germe en sorte de chaque grain, de la longueur de quatre à cinq lignes. On la fait sécher ensuite dans un bâtiment couvert qu'on appelle la touraille, sur un plancher à claire voie, & dont les ouvertures sont couvertes de grandes pièces d'étoffe de crin de cheval.

     
Glanage
  Action de glaner, soit ramasser les épis épars & négligés dans un champ moissonné. Les coutumes de Melun & d'Etampes défendent aux laboureurs, fermiers & à tout autre de mettre par eux leurs gens ou serviteurs, leur bétail dans les champs ; ni d'empêcher en quelque manière que ce soit le glanage, sinon 24 heures après que les gerbes auront été enlevées, à peine de confiscation de leur bétail & d'amende arbitraire.
     
Glandée
  T. n.f. Abondance de gland, la recolte du gland. On a vendu cette année 500 écus la glandée de cette forêt. On comprend sous le nom de glandée non seulement le gland, mais aussi les autres fruits des forêts.
     
Glui
 

T. n.m. Grosse paille de seigle dont on couvre les granges, & les maisons des paysans en plusieurs Provinces. Il faut douze nombres de glui pour réparer la couverture de cette bergerie ; c'est-à-dire, douze douzaines de gerbes de cette paille. On se sert aussi de glui pour lier les gerbes dans la moisson. Les Normands & Champenois prononcent glu.

   
Grains
  Ensemble des céréales produites sous l'ancien régime tandis que les "bleds" ne désignent que les céréales panifiables. La part des grains dans l'alimentation des ménages est considérable et le pain peut représenter plus de la moitié de leur salaire. Ils constituent souvent une véritable obsession pour les populations qui craignent les disettes et famines, et pour le pouvoir royal qui lui, craint les révoltes frumentaires si fréquentes sous l'ancien régime.
     
Grainer
  T. v. Terme de Coutumes. Mettre les porcs dans les bois pour la paisson, ou à la glandée.
     
Grairie
 

Terme des Eaux & Forêts. Partie d'un bois qui est possédé en commun. Il en est fait mention en la pluspart des articles de la nouvelle Ordonnance des Eaux & Forêts.

     
Grange
 

Lieu où on serre & où on bat les blés. La travée du milieu de la grange est l'aire où on bat les grains ; les autres sont pour les tas où on les serre.
Grange, en plusieurs Provinces de France, se prend pour toute une métairie. Villa. Je m'en vais à ma grange, c'est-à-dire, à ma maison des champs.

   
Grangeage
 

Manière de donner une terre à ferme, ou à louage. La donner à grangeage, c'est la donner à un laboureur pour la cultiver, à condition de partager avec lui les fruits qu'elle produira.

     
Grangier
 

D'autres disent Granger. Métayer qui a soin de recueillir les grains, & de les serrer dans la grange.

     
Grenier
 

Lieu où on serre, où l'on garde les grains battus ; & on le dit aussi des lieux où on serre les foins & autres provisions.

     
Gribouri
  T. n.m.La vigne a trois dangereux ennemis dont on a bien de la peine à la garantir : ce sont le Gribouri, la bèche & le limaçon. Le Gribouri est un scarabée de la couleur & de la figure du petit hanneton ; mais beaucoup plus petit. Il passe l'hiver en terre, attaché au pied des ceps, sur-tout des jeunes vignes, dont il ronge les racines les plus tendres, & les fait souvent périr. Il sort de terre en Mai, & se jette sur le feuillage. Il s'en nourrit & pique les boutons à fruits & les jeunes jets ; ce qui fait souvent mourir tout le nouveau bois. On donne utilement le change au Gribouri en semant des fèves en plusieurs endroits de la vigne, & en bonne quantité. Il quitte la vigne pour ce nouveau feuillage, qu'il est facile de multiplier en peu de tems....On l'appelle Ecrivain en quelques lieux.
     
Gros fruits
 

Gros-fruits, sont les blés, les vins, les foins & autres choses semblables.

     
Gru
 

T. n.m.Vieux terme des Eaux & Forêts, qui signifie les fruits sauvages qui se trouvent dans les forêts, qui se grugent par les cochons, ou autres bestiaux qu'on y nourrit, comme sont le gland, la faine, les châtaignes, pommes & poires sauvages, qui s'afferment sous le nom de gru par le Gruyer.

     
Gruage
 

T. n.m. Terme de Coutumes. Manière de vendre & exploiter les bois. La coutume de gruage est celle, selon laquelle il faut mesurer, arpenter, laier, crier & livrer le bois.

     
Gruau
 

T. n.m. Farine d'avoine séchée au four, & moulue en certains moulins faits exprès, dont on sépare le son sans bluteau. On fait de la bouillie excellente avec le gruau, en le faisant cuire dans du lait, & fort lentement. Il est fort sain, & il entretient le teint frais.
Il y aussi du gruau d'orge. Le gruau d'avoine est plus nourrissant que le gruau d'orge, ou orge mondée, & il restaure dans les maladies de consumption.
En quelques lieux on dit gruel & grut : & on le prend aussi pour toutes autres choses pilées grossièrement, c'est-à-dire, réduites en grain.
Gruau, est aussi du gros pain bis de Boulanger, fait de farine dont on n'a pas ôté le son.

     
Gruerie
 

T. n.f. Petite Jurisdiction de campagne, où se font les rapports des moindres délits commis dans les forêts, pour les juger en première instance, & qui est subalterne à l'égard des Maîtres particuliers des Eaux & Forêts qui sont dans les villes.
Gruerie, se dit encore de la maison du Gruyer, & du lieu où s'exerce la jurisdiction appellée gruerie.
C'est aussi un droit en vertu duquel le Roi a part à la vente des forêts dans son Royaume ; un certain droit que le Roi prend en quelques forêts de son Royaume, comme le tiers & danger en Normandie, ainsi que dit Chauffour en son Traité des Eaux & Forêts. Mais Chopin dit que c'est seulement une Jurisdiction que le Roi a sur les bois des particuliers, dans lesquels il établit des Juges & des Gardes pour leur conservation ; en sorte que les Maîtres ne les peuvent faire couper qu'avec les solemnités requises pour les bois qui sont en tiers & danger, & que l'amende des délits appartient au Roi qui les fait garder, quoiqu'il ne prétende rien au fonds. Quelques Auteurs appellent aussi cela, droit de gruage.
Le Droit de gruerie dans son origine ne se levoit pas seulement sur les bois, mais aussi sur les terres labourables, sur ce qui vient des forêts, comme le charbon, d'où vient que le droit qui revient au Roi sur le charbon s'appelle gruerie de charbon.

     
Gruyer
 

T. n.m. Est un Officier subalterne qui juge en première instance des délits & malversations qui se commettent dans les forêts. On l'appelle quelquefois Verdier & Forétier, Châtelain, Concierge, Maître-Sergent. Les Gruyers sont établis dans la campagne en des lieux éloignés des maîtrises. Ils ont pouvoir de juger jusqu'à six livres, & l'appel de leurs jugemens se rélève pardevant les Maîtres particuliers. Un Gruyer qui n'avoit guère de pratique, prétendoit que quand on avoit donne des coups de bâton à un homme, il en devoit connoître, parce que le bâton se tiroit des forêts ; & par la même raison, que lorsque l'on jettoit de l'eau sur quelqu'un par la fenêtre sans crier gare, cela le regardoit encore.
Ce mot vient du gru, ou fruit des forêts, dont le Gruyer doit avoir le soin, selon l'avis de Pithou. La Charge de Grand Gruyer de Franche-Comté étoit considérable. Les Seigneurs de Saux étoient Grand Gruyers héréditaires.
Gruyer, se dit figurément d'un homme qui est habile en son métier, en quelque profession. Il faut aller consulter ce vieux Avocat, il est gruyer en cette matière.

     
Guêde
  T. n.f. Plante qu'on appelle autrement Pastel. Elle est de grand usage chez les Teinturiers, qui se servent du suc de cette herbe pour teindre en couleur bleu-brun. Les anciens Bretons s'en peignoient le visage pour être plus terribles en guerre, comme témoigne César.
     
Guéret
 

T. n.m. Terre qu'on avoit laissé reposer, & qu'on a fraîchement labourée pour l'ensemencer en la même année. Les guérets se lèvent en Mars. Un Fermier est obligé de lever les guérets, encore qu'il quitte sa ferme à la S. Jean, avant que les terres se puissent ensemencer.

     
Guimaux
 

T. n.mpl. Ce sont des prés qu'on fauche deux fois l'an, tels qu'il y en a plusieurs en Poitou.

     
Haute futaie
  T. n.f. En termes d'Eaux & Forêts, on appelle haute-futaie, du bois qu'on laisse parvenir à sa plus haute croissance & on l'appelle de haut-revenu quand il atteint l'âge de 40 ans.
     
Hayer
 

T. v. Faire des Haies. Ce terme, presque inconnu dans les plaines, est fort en usage dans les pays couverts, où l'on est obligé d'entourer de haies tous les herbages, pour empêcher les bestiaux d'en sortir. Il est des haies vives, il en est de séches, il en est qui participent des unes & des autres. Les Fermiers sont obligés de hayer : on les y assujettit par les baux : on leur accorde pour cela les émondes des arbres de lisiére qui sont sur la terre, en tout ou en partie. Les paysans ont des moufles pour hayer, parce que le plus souvent on se sert d'épines, ce qui leur déchireroit les mains. La saison de hayer est sur la fin de l'hyver.
Dans la nouvelle coutume de Bretagne ce mot signifie mettre une terre en défense. Dans la coutume de Franche-Comté il signifie chasser.

     
Herbage
  T. n.m. Nom collectif, qui signifie, Toutes sortes d'herbes. Les bons Hermites ne vivent que d'herbages. Ce qui sait le beurre & les fromages meilleurs les uns que les autres, c'est la différence des herbages. Ils sont devenus semblables à l'herbage que les troupeaux paissent. Port-R. Les Jardiniers disent, j'ai semé beaucoup d'herbage, c'est-à-dire, des herbes de toutes sortes.
     
Herborisation
  T. n.f. L'action d'herboriser. Recherche de plantes faite dans les campagnes, Course ou Promenade faite à la Campagne pour y chercher, y examiner des plantes. Les Botanistes doivent avoir égard dans leurs herborisations aux changemens qui peuvent arriver aux terres à raison de la culture, comme lorsque d'un pré l'on en fait une terre labourable, qu'on plante des arbres dans un terroir ci-devant inculte ou couvert de bruyéres. Ces sortes de changemens sont très-capables de déranger la nature dans la production de certaines plantes qui ne naîtront plus dans les lieux où elles se multiplioient auparavant, & qui feront place à d'autres, qu'on n'avoit pas coutume d'y rencontrer.
     
Hersage
  T. n.m. L'action de herser, de fendre & de rompre les mottes de terre.
     
Hêtre
  T. n.m. Arbre de haute futaie, qu'on appelle autrement fau, ou fouteau. Il est grand, gros, branchu. Son bois est blanc & dur. Son écorce est unie, de couleur grise-cendrée, médiocrement grosse. Ses feuilles sont semblables en quelque manière à celles du peuplier, ou plustôt de l'orme, plus fermes, unies, un peu luisantes. Ses fleurs sont ramassées en chatons arrondis, ou pelotons ; mais elles ne laissent rien après elles. Les fruits naissent sur le même pié de hêtre dans des endroits séparés des chatons. Ces semences, ou noisettes, qu'on appelle vulgairement fouènes ou faines, contiennent une moelle blanche, bonne à manger, d'un goût doux avec quelque astriction. On fait de l'huile excellente des faines concassées, & pressées à froid. Quelques-uns assurent qu'ils ont guéri la galle, la gratelle, les dartres & les démangeaisons de la peau, avec l'eau qui se trouve dans les creux des vieux hêtres. Le bois de hêtre est sec, & petille fort dans le feu. Il se débite en planches, poteaux & membrures, qui servent à faire des meubles, & autres ouvrages de ménuiserie. On en fait aussi des goberges pour les faiseurs de coffres & layettes, & des ouvrages de Boisselier, Sélier & Bourrelier, comme ferchers, éclisses, pelles, cuilliers, sabots, arçons, atteloires, &c. Les cotrèts de hêtre sont les meilleurs.
     
Hotes battues
  T. n.fpl. Ce sont les hotes des vendengeurs, battues & serrées de manière que le vin ne passe pas au travers. Il y en a qui sont poissées, d'autres glaisées.
     
Hottée
  T. n.f. Plein de hotte ou ce qu'on porte à chaque voyage dans une hotte. Il faut tant de hottées de raisin pour emplir cette cuve. Il y a tant de hottées de terre en une toise cube. Le hotteur porte la hotte. On loue en vendanges tant de hotteurs & tant de vendangeurs.
     
Houblon
  T. n.m. Plante qui a ses tiges menues, sarmenteuses, fléxibles, rudes, velues. On fait deux espèces de cette plante, qui ne sont que deux individus, dont l'un ne porte que des fleurs, & l'autre des fruits seulement.Le houblon mâle se cultive soigneusement en Allemagne, en Angleterre, en Flandres : on l'appuie sur des échalas, ou des perches, comme les vignes. Ses fleurs & son fruit sont employés dans la composition de la bière. Pendant que le houblon est jeune & tendre, les sommités de ses tiges sont bonnes à manger, étant cuites comme des asperges. On se sert des tendrons & des têtes de houblon pour purifier le sang dans le scorbut, dans les dartres, & dans toutes les maladies de la peau.
     
Houblonnière
  T. n.f. Terre où vient le houblon
     
Houe
  T. n.f. Outil de Pionnier, ou de Vigneron, qui sert à remuer, à labourer la terre. La houe est un instrument de fer large & plat comme une béche qui seroit renversée, & elle a pour l'ordinaire un manche de deux pieds de longeur. La houe diffère du pic en ce qu'au lieu de pointe, elle a un tranchant large par le bout. Les Vignerons ont des houes recourbées pour labourer les fosses des vignes.
     
Houlette
  T. n.m. Baton de Berger qui lui sert à lever des mottes pour jetter à ses moutons, quand ils s'écartent, & à les ramener dans le troupeau. Pastorale pedum. Les parties de la houlette, sont la hampe, le crochet, la douille, & la feuillette, qui est un fer taillé en demi-cylindre.
     
Houssaye
  T. n.f. Lieu où il croît quantité de houx.
     
Indigo
  T. n.m. Pâte qui vient des Indes, qui se fait d'une herbe qu'on sème tous les ans après que les pluies sont passées, & qui ressemble fort à du chanvre. Elle croît comme le genêt, ayant semblables racines longues & étroites, la feuille plus large, approchant de celle du séné. Elle a de petites membrannes, qui sortant du filet du milieu tirent par ondes au bord. Sa tige est de la hauteur d'une aune, & de la grosseur d'un pouce. On la coupe trois fois l'année. La couleur qui se fait de la première herbe est d'un violet bleuâtre, plus brillant & plus vif que les deux autres. On la jette dans des étangs dont le fond est fait avec de la chaux dure comme du marbre. On la brasse tous les jours, jusqu'à ce que la feuille se réduise comme en vase, ou terre grasse. Quand elle est rassise, on laisse couler l'eau, & de cette pâte séchée on fait des petits pains de la grosseur d'un oeuf coupé.
La plante qu'on appelle en François guêde, ou pastel, est celle qui sert à contrefaire l'indigo chez les Teinturiers ; & elle a cette propriété, que quand les laines en sont teintes d'abord, les couleurs qu'on y ajoute ne s'en vont jamais. Elle sert aussi en Peinture, & même en Médecine car elle est sèche & détersive, & guérit les ulcères malins, les tumeurs & les morsures de serpens. La marque du vrai pastel, ou guêde, est, quand il est sec, léger, violet & reluisant ; & quand il est mis au feu, il faut qu'il fasse une fumée violette, & qu'il laisse peu de cendres.
     
Indigoterie
  T. n.m. Lieu où l'on prépare & où l'on fait l'indigo
     
Ive
  T. n.f. Herbe qui rempe & se courbe contre terre, & dont les feuilles sont semblables à la petite Joubarbe, mais plus menues de beaucoup, plus grasses & plus cotonnées. Il y en a un si grand nombre, qu'elles sont comme entassées autour des branches. Elles ont la forme & l'odeur du pin ce qui fait que l'on appelle cette herbe petit pin. Elle a un goût amer, accompagné d'un peu d'acrimonie. Cette plante est chaude, incisive, abstersive & mondificative. Dioscoride dit que ses feuilles prises en breuvage pendant sept jours, guérissent de la jaunisse, que continuées pendant quarante jours, elles sont très-bonnes pour les sciatiques, & qu'on les ordonne particuliérement aux difficultés d'urine, aux défectuosités du foie & des reins, & pour les tranchées du ventre. Il parle de deux autres espéces d'Ive.
     
Jachère
  T. n.m. Terre labourable qu'on laisse en friche, & reposer une ou plusieurs années sans y rien semer, pour la rendre plus fertile. Il y a des terres qu'on laisse en jachère de deux années l'une ; d'autres de trois ans en trois ans, &c.
     
Jachérer
  T. v. Terme de laboureur. C'est donner le premier labour à un champ.
     
Javeau
  T. n.m. Terme des Eaux & Forêts. Île faite nouvellement au milieu d'une rivière par alluvion, ou amas de limon & de sable. L'Ordonnance parle souvent des atterrissemens & javeaux.
     
Javeler
  T. n.m. Mettre le blé sur terre, & le disposer en javelles pour le faire sécher. Il faut laisser javeler le blé pendant trois ou quatre jours, c'est-à-dire, le laisser sécher. Quand le temps est humide, le blé est longtemps à javeler.
     
Javelle
  T. n.m. Mettre le blé sur terre, & le disposer en javelles pour le faire sécher. Il faut laisser javeler le blé pendant trois ou quatre jours, c'est-à-dire, le laisser sécher. Quand le temps est humide, le blé est longtemps à javeler.
     
Joug
  T. n.m. Pièce de bois traversant par-dessus le front, & par-dessus le cou des boeufs, avec laquelle ils sont attelés pour labourer, ou pour tirer quelque voiture. Joug de chariot.
On appelle aussi joug, le sommet, ou le fleau de la balance.
   
Journal
 

n.m. Etendue de terre qu'un homme peut travailler dans la journée. Cette quantité variait considérablement d'un lieu à un autre.

     
Jumart
  T. n.m. Bête de somme, engendrée d'un taureau & d'une ânesse. Le jumart porte aussi pesant que le mulet.
     
Labour
  T. n.m. Remuement de la terre fait à dessein de la rendre fertile. Une terre à blé pour être bien façonnée, doit avoir trois labours. Il faut rembourser au Fermier qu'on dépossède, les labours & semences. Il est défendu de saisir les chevaux de labour, qui servent à la charrue. Cette ferme consiste au labour de trois charrues.
Les Vignerons & les Jardiniers se servent aussi de ce terme, quand ils travaillent, ceux-là avec leurs houes, & ceux-ci avec leurs béches. Donner un labour à la vigne. Donner un labour aux espaliers. Les plus fréquens labours sont d'ordinaire les meilleurs : tout au moins à l'égard des arbres il en faut quatre par an ; savoir, au printemps, à la S. Jean, à la fin d'Août, & immédiatement devant l'hiver. Les labours à proprement parler, ne sont autre chose qu'un mouvement, ou remuement, qui se faisant à la superficie de la terre, pénétre jusqu'à une certaine profondeur, ensorte que les parties de dessus & celles de dessous prennent réciproquement la place les unes des autres. Il s'en fait à la béche & à la houille, & cela dans les terres aisées. Il s'en fait à la fourche & à la besoche, & cela dans les terres pierreuses, & cependant assez fortes. Il s'en fait de plus profonds ; savoir, en pleine terre, & au milieu des carrés, & il s'en fait de plus légers Les labours rendent les terres, non seulement plus agréables, mais encore plus mobiles, ils augmentent leur fertilité dans les terres qui en ont peu, & la conservent dans celles qui en ont suffisamment. Il ne se doit point faire de labours aux terres qui sont entièrement stériles. Les labours se doivent faire en différens temps, & même différemment pour la multiplicité, eu égard à la différence des terres & des saisons ; les terres qui sont chaudes & sèches doivent en été être labourées, ou un peu devant la pluie, ou pendant la pluie, ou incontinent après, sur-tout s'il y a apparence qu'il en doive encore venir ; & l'on ne sauroit les labourer ni trop souvent, ni trop avant, quand il pleut, comme par la raison des contraires, il ne faut guère le labourer pendant le grand chaud, à moins que de les arroser aussitôt : ces fréquens labours donnent passage à l'eau des pluies, & les font pénétrer vers les racines, qui en ont besoin. Au contraire, les terres froides, fortes & humides, ne doivent jamais être labourées en temps de pluie ; mais plustôt dans les grandes chaleurs, & pour lors on ne sauroit les labourer ni trop souvent, ni trop avant, afin d'empêcher qu'elles ne se fendent par dessus, ce qui fait grand tort aux racines, & afin qu'étant amollies par les labours, la chaleur y pénétre plus aisément. Les labours fréquens empêchent qu'une partie de la bonté de la terre ne s'épuise à la production & à la nourriture des méchantes plantes.
     
Laîche
  T. n.f. Espèce d'herbe qui croît dans les prés, & qui se mêlant avec le foin, blesse la langue des chevaux. Ce foin ne vaut rien, il est tout plein de laiches.
     
Lais
  T. n.m. Terme des Eaux-Forêts. Jeune balliveau de l'âge du bois, qu'on laisse quand on coupe le taillis, afin qu'il revienne en haute futaie. Toutes les Ordonnances sur le fait des eaux & forêts, enjoignent de laisser par chacun arpent vingt-six balliveaux de l'âge du bois, qu'on nomme des lais, outre les autres balliveaux anciens & modernes.
Ce mot vient du verbe laisser, parce que lais est un jeune arbre qu'on laisse dans les coupes de bois ; qu'on ne coupe point, comme le reste du bois.
Dans quelques Coutumes le mot de lais signifie la croissance que la rivière donne au Seigneur Justicier. Atterrissement fait par une rivière. On appelle communément lais la croissance que la rivière donne.
Ce mot s'est dit apparemment parce qu'une rivière laisse ces terres, qu'elle ne les couvre plus, qu'elle se retire ailleurs.
     
Las (ou lassière)
  T. n.m. Qui se dit d'une partie, d'un endroit d'une grange. Le las d'une grange est un endroit à côté de l'aire, où l'on entasse les gerbes de blé.
     
Layer
  T. v. C'est marquer les bois qu'on doit laisser dans un bois taillis qu'on coupe, pour les laisser croître en haute futaie. Celui qui fait des laies ou qui marque le bois qu'on veut layer s'appelle layeur.
     
Levée
  T. n.m. Récolte de grains qu'on lève de dessus la terre. Ce Fermier ne me payoit pas, j'ai été contraint de saisir ses levées, de me faire ajuger ses levées, sa récolte.
     
Lieur
  T. n.m. Homme de journée qu'on prend pour lier les gerbes pendant la moisson.
     
Lignage
  T. n.m. Se dit d'un certain vin rouge fait de toutes sortes de raisins. On boit du lignage presque tout le long de la rivière de Loire.
     
Lignette
  T. n.f. Médiocre ficelle dont les Pêcheurs, Oiseliers & autres Ouvriers font quelques-uns des filets qui servent pour la pêche & pour la chasse.
     
Lignier
  T. n.m. Vieux mot inusité, qui signifioit le lieu où l'on met le bois ... Il se dit encore en Champagne.
     
Lin
  T. n.m. Plante dont la tige est ordinairement simple, haute d'environ deux piés, menue, ronde, vuide. Son écorce est pleine de filets qui servent à faire de la toile déliée. Ses feuilles sont oblongues, étroites, pointues, placées alternativement le long de leur tige. Ses fleurs sont belles, bleues, composées chacune de cinq feuilles disposées en oeillet, & soutenues dans un calice à plusieurs feuilles. Cette fleur étant passée, il paroît un fruit gros comme un petit pois, presque rond, renfermant en dix capsules membraneuses dix semences oblongues, polies, douces au toucher, de couleur rougeâtre luisante, remplies d'une moèle ou substance huileuse. Il n'y a que la semence qui soit en usage en Médecine : on la fait infuser entière, & bouillir dans de l'eau pour les mucilages : on la réduit en farine pour les cataplasmes : on en tire aussi une huile dont on fait un grand trafic. On appelle fil de lin, toile de lin, le fil & la toile qu'on fait des filets tirés de l'écorce, rouis, séchés & broyés comme le chanvre. Il y a plusieurs autres espèces de lin.
Lin vif. C'étoit une sorte de lin dont on faisoit de la toile, qui non seulement résistoit au feu, mais qui se nettoyoit plus dans la flamme, que si on l'eût mis à la lessive. On ensevelissoit le corps des Rois dans de la toile faite de ce lin. Cette sorte de lin est perdue, & on n'en sauroit recouvre.
     
Linière
  T. n.f. Terre semée de graines de lin.
     
Locquets
  T. n.mpl. Terme dont on se sert en Normandie, aux environs de Rouen, & dans le pays de Caux, pour signifier la laine que l'on coupe de dessus les cuisses des bêtes à laine. Elle est la moins estimée de toutes.
     
Louchet
  T. n.m. Espèce de hoyau, ou de bèche propre pour fouir la terre, qui est plat & tiré en droite ligne avec son manche, qui ressemble à une pêle
     
Luzerne
  T. n.f. Herbe dont on sème les près, qui est excellente à nourrir les chevaux. On cultive dans la vallée de Ylo un peu de blé & de légumes, mais beaucoup de luzerne, dont il se fait une grande consommation, lorsqu'il y a quelques vaisseaux en rade ; parce que les Marchands qui viennent de plusieurs endroits fort éloignés, sont obligés d'y amener une grande quantité de mules.
     
Luzernière
  T. n.f. Terre où l'on a semé de la luzerne. La graine se vend bien, & il en tombe toujours assez pour garnir de mieux en mieux la luzernière.
     
Machau
  T. n.m. Vieux mot qui est resté dans quelques provinces. Il signifie une grange sans toit.
     
Maïs
  T. n.m. C'est ce qu'on appelle autrement Blé d'Inde & de Turquie. Il y en a de plusieurs sortes, fort différentes par la couleur de leurs épis. Il y en a de blancs, de rouges, de presque noirs, de pourprés, de bleus, & de bigarrés de plusieurs couleurs, le tout par l'écorce, car la farine en est toujours blanche. Il est tempéré, & fort nourrissant. Jamais les Sauvages qui en usent, ne sont travaillés d'obstruction ; ils n'ont jamais mauvaise couleur ; c'est leur meilleur remède contre les maladies aigues, & on en donne sans danger aux malades de toutes les maladies. On en fait un breuvage que les Méxicains appellent atolle, dont ils usent ordinairement, & que les Médecins donnent au lieu de tisanne. Les Indiens se nourrissent de gâteaux de maïs cuits dans une terrine. Ils les mangent tout chauds avec un peu de sel & de poivre long. Quelques-uns en mangent les grains tout verds, & les trouvent fort nourrissans, & d'aussi bon goût que nos poids verds.
Au Méxique, les Prêtres faisoient de longues Processions pour bénir le maïs. Ils l'arrosoient du sang qu'ils tiroient de leurs parties honteuses, & divisoient les gâteaux qu'ils en faisoient comme du pain-bénit, qu'ils donnoient à manger au peuple.
Il y a deux sortes de maïs. L'un est dur, qu'on mange au lieu de pain, grillé, ou bouilli dans l'eau. L'autre est tendre & délicieux. La semence du dur se cultive maintenant en Espagne, & non pas celle du tendre. On fait de sa farine des bignets, de la galette & des biscuits. Les Médecins les plus experts préfèrent la farine du maïs à celle du blé commun. De cette farine & de l'eau simple, les Indiens font leur breuvage ordinaire, qui ensuite se tourne en excellent vinaigre. Des tuyaux de ce maïs qui sont fort doux avant que le grain se murisse, il se fait d'excellent miel. Quand on y mêle quelques ingrédiens, il s'en fait un breuvage qui enivre soudain, c'est pourquoi il est défendu. Ses feuilles & ses tuyaux sont une bonne nourriture pour le bétail. Le son en est assez tendre, & peut faire d'assez bon pain.
     
Maisière
  T. n.f. Vieux mot. Borel croit qu'il vouloit dire une Haie, ou quelqu'autre chose qui faisoit la séparation d'un champ ou d'une vigne.
     
Mancheron
  T. n.m. Qui se dit des parties de la charrue que l'on tient avec les mains, lorsqu'on laboure. Il y a des gens qui se servent du mot de manche, & c'est le mot qu'emploie l'Académie : cependant on dit à Paris & aux environs, tenir les mancherons de la charrue, comme on a remarqué ci-dessus.
     
Manoque
  T. n.f. Rouleau de tabac. Ce tabac est, ou n'est pas d'une bonne manoque. On voit par la signification de ce mot qu'il n'est pas fort ancien dans la langue Françoise.
   
Manse
 

Exploitation agricole familiale qui se compose d'une habitation et des dépendances nécessaires pour vivre

     
Marager
  T. n.m. Jardinier qui cultive un marais, qui est fermier d'un marais. Il y a un grand nombre de maragers dans les fauxbourgs de Paris.
     
Marais
  T. n.m. Terres basses & humides, couvertes d'eaux croupissantes qui n'ont point de pente pour s'écouler. Les villes les plus fortes sont celles qui sont situées au milieu d'un marais, où l'on n'arrive que par des chaussées, à cause de la difficulté qu'il y a de faire des approches.
Ce mot vient de marast, Allemand, qui signifie lieu bourbeux ; ou de maresc, qui vient de mariscetum, à mariscis, c'est-à-dire, des joncs
Marais desséchés, sont des terres autrefois couvertes d'eaux, lesquelles on a fait écouler en leur donnant de la pente & des décharges par plusieurs fossés & saignées.
Marais salans, sont des lieux préparés pour faire le sel. On les laisse couvrir de l'eau de la mer qu'on y fait entrer par des rigoles, la grande chaleur du soleil fait évaporer l'eau, & sa partie la plus crasse demeure sur la terre, qui est le sel marin. Il faut du vent, du soleil, & point de pluie, pour tirer du sel des marais salans ; ces marais sont partagés en plusieurs petits compartimens de dix ou douze piés de largeur, sur quinze de longueur, ou environ. Cela s'appelle des oeillets ; les Paysans qui en ont soin s'appellent Paludiers dans le pays du Crosic & de Guérande en Bretagne, où il y en a beaucoup. Ces oeillets sont d'un grand revenu, & il y en a qui rapportent 15 ou 20 francs par an, & souvent davantage, tous frais faits.
Pour un marais salant, on choisit un terrein bas, & dont on a examiné le fond par des trous que l'on y perce, & on le creuse ensuite beaucoup au-dessous du niveau de la haute mer, en y observant plusieurs compartimens. Les terres que l'on enlève, du plan de ce marais, forment la chaussée, que l'on élève, ou contre la mer, ou pour soutenir les eaux du chenal & les bossis qui le séparent d'avec leurs vivres, & d'avec les autres marais ; voici le détail de toutes ses parties, en commençant par les plus élevées & les plus proches de la mer :
Le jas est le premier réservoir du marais, & n'est séparé de la mer, ou du chenal qui communique à la mer, que par une petite digue de terre gardée par un révêtement de pierres sèches. Il est ouvert en un endroit qui se ferme avec une ventelle, & lui sert d'écluse, & cette écluse de jas se nomme Varaigne ; on l'ouvre dans les grandes malines de Mars pour introduire l'eau dans le jas ; ensuite de quoi dès que la mer commence à baisser, on referme la varaigne, & l'on conserve le jas plein d'eau, pour le temps propre à faire du sel. Et comme il se trouve des marais salans fort avant dans les terres, & qui ont besoin de leur jas, on a conduit par tout ce pays de longs canaux qui viennent de la mer, & au long desquels sont toutes les écluses des jas avancés dans les terres.
Le jas a sa lède & ses branches, ou doues. La lède du jas est le milieu & le plus grand espace, autour duquel on aprofondit une espèce de canal de deux ou trois piés plus creux que le jas, & de douze à quinze piés de large : ces canaux se nomment branches, ou doues, & lorsque l'eau du jas est tout-à-fait évaporée, ils contiennent encore assez d'eau pour en fournir les conches par le gros mats : les élévations de terre, qui paroissent dans le jas, sont formées de celles qu'on tire des doues.
L'eau de ce jas se communique lorsqu'on en a besoin dans un second réservoir partagé en deux, trois, ou quatre séparations, que l'on nomme conches, & elle y est introduite par un gros bout de mats percé dans le milieu, que l'on bouche d'un tapon de bois, lorsqu'on veut empêcher l'eau d'entrer. L'ouverture de ce mats est d'environ six pouces de diamètre.
Quelquefois les conches ne sont séparées du marais que par une vette ouvrée, & l'eau en coule par les trous d'une petite planche. Ces conches ont environ 17 à 18 piés de largeur. On y introduit peu d'eau (car moins il y en a, & plus elle s'échauffe aisément) & les chaussées qui les partagent, n'ont pas plus d'un pié de large, & deux ou trois pouces au plus de hauteur, on les nomme vettes ouvrées. L'eau qui entre du jas dans les conches, est obligée de faire quatre fois le chemin de leur longueur pour entrer dans le réservoir suivant.
Ce réservoir se nomme Mort, plus petit que les autres ; il est terminé d'un côté par le bossis du marais, & de l'autre par un petit chemin large d'un pié, & haut de quatre ou cinq pouces, & l'eau s'y rend par un autre mats percé, qu'on appelle ame d'eau. Ce mats passe sous une élévation de terre dont la figure est souvent assez irrégulière, de 5, 6 à 10 toises de large, & de 5 à 6 piés de hauteur ; on nomme ces élévations Bossis, c'est-là dessus qu'on met le sel par gros tas, que l'on nomme vaches de sel, lorsqu'ils sont longs, & pilots, lorsqu'ils sont ronds. Et entre chacun de ces tas, les Sauniers labourent la terre restante, & y sèment toutes sortes de grains, de légumes, comme blé, froment, aveine, pois, fèves, lentilles, vesce, chanvre, &c. Le salicot, la crête marine, ou percepierre, le santonique & la bointhe, s'y trouvent abondamment, & ce terrein est fort fertile. Du mort l'eau passe dans la table, ou fleur d'eau. La table est le quatrième réservoir ; à peu près de la largeur du mort, & il y a des marais qui en ont deux, une grande & une petite. C'est dans ce réservoir que l'on laisse échauffer l'eau avant de la faire entrer dans les méans, où on l'introduit par le pertus, ou chargette. Ce Pertus est une planchette enfoncée dans la terre du marais, & percée de plusieurs trous que l'on bouche avec autant de chevilles, & quand l'eau commence à manquer dans les méans, on tire les chevilles les plus hautes, & ainsi de suite, jusqu'à ce qu'il en soit entré suffisamment.
Le Méan, ou Muan, est un cinquième réservoir de 22 piés de large, ou environ, séparé d'espace en espace par de petites chaussées de terre qu'on appelle Croisées. On laisse l'eau dans ces muans jusqu'à ce que le temps paroissant propre à faire du sel, on la distribue enfin dans les aires par les brasseaux & par les bouches d'aires.
Les Brasseaux sont les petites rigoles qui sont entre deux aires, & par où l'eau des méans se communique aux aires par les bouches que l'on y fait avec la palette. Ces bouches se coupent obliquement sur la croix simple qui sépare les deux aires, & se referment incontinent après qu'on y a introduit l'eau.
Ces aires que l'on nomme aussi foyers, sont des carrés de 15, 16, 17, à 18 piés, dans lesquels le sel se forme. Le nombre de ces carrés est indéterminé, parce qu'il y a des marais plus grands les uns que les autres : lorsqu'il y a deux doubles rangs d'aires, avec des méans entre deux, on appelle ces marais, Marais de champ double.
Chacun des petits chemins & chaussées qui sont dans ces marais, ont leur nom particulier.
Vettes, sont les deux chemins qui bordent les tables du côté des aires.
L'anterneau, est la petite chaussée qui sépare les méans d'avec les aires, & qui est terminée de chaque côté par les brasseaux.
Vie, ou Vée, est la chaussée qui sépare les deux rangs d'aires, & sur laquelle on met égoutter le sel que l'on tire des aires par petits monceaux, appellés pilots ; ce chemin est un peu plus large que les autres, & peut avoir 2 piés ou 2 p. 1/2.
Croix, sont les chemins qui traversent & divisent les aires.
Lignon, est le double rang de carrés, d'un bout à l'autre du marais.
Demi-Lignon, est un rang de carrés simple.
La livre de marais est composée de vingt aires, & l'on compte la valeur & le revenu des marais par livre.
Lorsque les marais sont inondés par les eaux de pluie, & qu'on veut les dessécher pour les rétablir, il y a une varaigne, ou bien un mats percé, que l'on nomme coy, ou acoyement, & dont l'ouverture donne dans le mort ; on fait écouler par-là toutes les eaux du marais pendant la basse mer.
Il faut observer en construisant un marais, que depuis le jas jusqu'aux aires, il y ait assez de pente pour y conduire l'eau par tous les détours qu'elle fait ; c'est pourquoi le Saunier fait avec le bouguet une rigole qu'il appelle la Jauge, & l'enfonce jusqu'à ce qu'il voie que l'eau le suive, faisant ainsi tout le tour du marais & de ses vivres. La régle qu'ils ont entre eux pour cela, est qu'il faut que chaque vivre en approchant des aires, soit d'un gros de ligne plus bas que l'autre ; ce gros de ligne signifie la grosseur du cordeau dont ils se servent pour tracer leurs marais, ce qui peut être de 9 à 10 lignes.
Plus un marais a de vivres, plus il donne de sel ; parce que ces vivres contenant beaucoup d'eau, qui a le temps de s'achaler (c'est-à-dire, de s'échauffer) & qui outre cela a de grands détours à faire, le marais est toujours près à saumurer, ce qui fait que quand on a de la place, on donne au marais deux ou trois morts, & autant de tables.
D'ailleurs, la situation du marais contribue encore à le rendre abondant, & pour qu'il soit bien orienté, sa longueur doit être dans l'alignement du vent du nord-est, parce que ce vent contribue beaucoup à former le sel.
Il est bon de dire aussi que comme tous les terreins propres à faire des marais ne sont pas réguliers, il ne faut pas s'imaginer qu'ils ayent tous la même figure ; car les uns ont plus, les autres moins de vivres ; leurs morts, tables, méans, &c. sont autrement placés ; les uns mettent des pertus à tous les réservoirs, les autres ferment d'une autre manière. Cependant tout cela revient au même principe.
Le terrein le plus propre à faire du sel, est le chalon, ou terroir gris, & doux, le bleuâtre y est bon aussi, la terre glaise produit le sel doux, le fonds sablonneux mêlé de terre grasse le rend plus âpre, & le sable de bris de couleur jaune & noire n'y vaut rien du tout.
Les outils dont se servent les Sauniers pour former leurs marais, les racommoder, & en tirer le sel, sont la Bogue, le Bouquet, la Ferrée, l'Étole, la Palette, le Roable, le Survion, les Essagoires, & le Panier porte-sel.
La Bogue, le Bouquet, & la Ferrée, servent à enlever les boues amassées pendant l'hiver, & couper les terres inutiles, & enfin à dresser les marais, lorsqu'on en construit un nouveau.
L'Etole, dont le manche est appellé Simoche, sert aussi à tirer la boue, lorsqu'on lime le marais ; sa planche peut avoir 2 piés de long, & 6 pouces de haut.
La Palette sert à couper les bouches d'aires.
Le Roable sert à tirer le sel sur la vie, aussi bien que le survion, avec lequel on tire seulement la fleur du sel, que l'on nomme sel blanc.
Les Essagoires servent à prendre le sel sur la vie, & le charger dans le panier porte-sel, avec lequel il est porté sur les bossis.
Les Sauniers commencent leur travail vers le mois de Mars, par l'écoulement des eaux dont le marais a été couvert pendant l'hiver (&;qu'ils y ont retenues, pour conserver les façons, ou compartimens du marais, & pour empêcher que les terres ne se crèvent & ne s'éboulent) ce qu'ils appellent, mettre le marais à coi, ou le faire égoutter, ces eaux, qui sont presque toutes de pluie, n'étant pas propres à faire du sel.
Le marais étant égoutté, on le laisse sécher pendant 12 ou 15 jours, après quoi on rétablit les façons que les eaux ont gâtées, par de nouvelles terres qu'on y porte ; & comme le séjour de ces eaux a amassé au fond du Marais de la boue & du limon, quelques jours avant que d'introduire l'eau, & vers la fin d'Avril, ou le commencement de Mai, on lime le marais, c'est-à-dire, qu'on le nettoie de ce limon, qui se jette sur les bossis, & leur sert de fumier.
Pendant que le marais se prépare ainsi, il faut penser à remplir son jas d'eau, & cela se fait dans les marées des équinoxes, que l'on ouvre la varaigne du jas pour y laisser entrer l'eau de la mer ; après quoi lorsqu'elle commence à se retirer, l'on ferme la ventelle de cette varaigne, & l'eau reste en bonne quantité dans le jas ; mais comme une partie de cette eau s'évapore, & que l'autre transpire par les terres, il n'en reste ordinairement que ce qu'il en faut pour le marais : ainsi il est de conséquence de ne point manquer ces grandes malines qui fournissent quantité d'eau, vu que c'est de-là que dépend le bon ou le mauvais succès de l'ouvrage.
Le jas plein, on laisse entrer peu à peu l'eau dans les couches, ausquelles le jas en fournit à mesure qu'il s'en évapore, comme les couches en fournissent au reste des vivres du marais jusqu'a la table, dont on laisse le pertus qui communique au méan, bouché jusqu'à ce qu'on s'apperçoive que les méans commencent à manquer d'eau, & alors on leur fournit en tirant les chevilles les plus hautes du pertus, comme on l'a marqué dans la description du marais.
Par cette méthode, le marais est toujours prêt à faire le sel au premier beau temps, & la chaleur du soleil ayant échauffé le fonds, on s'apperçoit qu'il commence à devenir roussâtre, & ensuite rouge comme la mine de plomb.
Alors les Sauniers nettoient les aires avec le roable, en jettant par-dessus les vettes & les anterneaux l'eau échauffée qui étoit dedans, & rendent le fonds de ces aires uni comme une glace. Après quoi ils prennent la palette, & coupent les bouches d'aires, pour y faire entrer l'eau du méan, qui est déja fort échauffée ; & lorsqu'il est entré environ 2 pouces de hauteur, on referme ces bouches ; & alors s'il survient un vent de nord-est, ou un nord-ouest, qui est encore meilleur, avec du soleil, le fond des aires rougit en trois ou quatre heures de temps, & il s'élève une écume sur l'eau ; sous cette écume qui se dissipe, se forme un voile mince, comme quand l'eau commence à se glacer, & ce voile, à l'éxaminer de près, est tout composé de petits carrés, qui sont autant de grains de sel qui commence à se former : plus ce voile reste sur l'eau, & plus les grains grossissent par l'addition des parties qui s'y joignent par-dessous, & quoiqu'il soit plus pesant que l'eau, il ne s'enfonce point, parce qu'il occupe une grande superficie, mais dès qu'il est brisé par le roable, tous les grains tombent au fond.
Lorsqu'on veut avoir du sel fort blanc, on tire ce voile de-dessus l'eau avec le survion, comme quand on écume du lait, & ce sel rend une odeur de violette si agréable & si sensible, qu'il semble que l'on soit au milieu d'un parterre de ces fleurs.
Mais lorsque l'on veut tirer ce sel pour l'entasser, comme à l'ordinaire, les Sauniers viennent rompre chaque jour ce voile de sel, & le brisant avec le roable, font que plusieurs grains se joignent & grossissent par ce mouvement. Ensuite de quoi le Saunier tire ce sel sur la vée, lorsqu'il y en a assez de fait dans l'aire pour l'eau qui y est, que l'on ne laisse pas toute convertir en sel, afin de le tirer plus blanc & plus net ; & que ce qui reste d'eau serve de ferment pour disposer la nouvelle qu'on y introduit à se convertir plustôt en sel.
On dit proverbialement dans le pays où il y a des salines, Il n'est que pois & froment de marais, parce que ces choses, & toutes sortes de légumes, viennent fort bien sur les bossis d'un marais salant, où les Sauniers ne manquent pas d'en semer entre les pilots & les vaches de sel.
Marais, est aussi une terre basse & humide, qu'on cultive soigneusement pour y faire venir des herbes & des légumes. Paris est environné de ces sortes de marais. Le quartier qu'on appelle le Marais du Temple, a été bâti sur un pareil terrein qu'on a élevé depuis.
     
Mardelle (ou margelle)
  T. n.f. Est une grande pierre ronde & percée, posée à hauteur d'appui, qui couvre tout le bord d'un puits, ou son ouverture supérieure.Elle doit être ovale avec languette pour un puits mitoyen. On dit en quelques endroits, Margelle & Margeolle.
     
Marle
  T. n.f. Ce mot vient de marna, de la marne, terre blanche, qu'on tire de bien avant dans la terre, pour en fumer & en améliorer les champs.
     
Marler
  T. v. Améliorer, engraisser une terre, un champ, avec de la marle.
     
Marmentau
  T. n.m. Terme des Eaux & Forêts. C'est un bois de haute futaie, qui est en réserve, & qu'on ne taille point, qu'on appelle quelquefois Bois de touche, lorsqu'il sert à la décoration d'un château, ou d'une terre.
     
Marne
  T. n.f. Terre fossile, grasse & molle, qui sert à engraisser les terres, & à les rendre fertiles. . La marne sert aussi à faire de la chaux, & on la cuit dans des fourneaux comme l'autre pierre. Si on met trop de marne, elle brûle la terre, & la rend stérile. Il y a de la marne blanche, rouge, colombine, & d'autre qui tient de l'argille, du tuf & du sable. Cette manière de terre blanchâtre qui se trouve dans les entrailles de quelques pièces de terre, & qu'on appelle marne, & qui paroît être dans une disposition prochaine à devenir pierre, doit être considérée comme un amendement propre pour aider à la production de certaines choses.
     
Marner
  T. n.m. Mettre de la marne sur les terres, ce qu'il en faut pour les rendre plus fertiles. On oblige les Fermiers à marner les terres, quand il est besoin. Il ne faut marner les terres que tous les 20 ans. Après qu'elles ont été marnées, elles font encore mieux la seconde & la troisième année que la première.
     
Marouchin
  T. n.m. Sorte de pastel de mauvaise qualité que l'on fait de la sixième récolte des feuilles de la plante qui produit cette drogue, si utile pour les teintures en bleu. Le marouchin est le moindre de tous les pastels.
     
Marre
  T. n.f. Espèce de houe qui sert aux vignerons pour labourer les vignes ; qui sert aussi à essarter, à couper les racines des mauvaises herbes, des arbustes, d'où est venu le nom de tintamarre, à cause du bruit que les Paysans font sur leurs marres. Aux environs d'Orléans, les Vignerons qui travaillent le plus près de la ville, & qui entendent l'Horloge, tintent leur marre, pour avertir ceux qui sont plus éloignés, qu'il est temps de quitter le travail.
Prise de marres, dans les Coutumes, c'est la saisie des instrumens qui servent à cultiver la terre.
     
Marsèche
  T. n.f. Est un nom qu'on donne à l'orge en plusieurs provinces de France.
     
Marso
  T. n.m. Dans quelques coutumes signifie un jeune cochon d'un an & au-dessous.
     
Martelage
  T. n.m. Terme des Eaux & Forêts, qui se dit de la marque que font les Officiers avec un marteau sur les arbres, quand ils font l'assiette des ventes, pour en borner l'étendue. Le Garde-marteau doit faire le martelage en personne.
     
Martingale
  T. n.f. Terme de Manège. C'est une large courroie de cuir qui est attachée par un bout aux sangles sous le ventre du cheval, & de l'autre au dessus de la muserolle, pour empêcher qu'il ne porte au vent, & ne batte à la main.
   
Meix
  Terme bourguignon pour "manse", ("mas" en provençal). En Bourgogne, le meix est une unité d'exploitation ou le domaine d'une famille. Il comprend bâtiments, cours, jardins, arbres, passages, quelquefois pré, vigne et culture.
     
Ménagerie
  T. n.f. Lieu destiné à nourrir des bestiaux, & à faire le ménage de la campagne. Il ne se dit qu'à l'égard des châteaux des Princes ou des grands Seigneurs, qui en ont plustôt par curiosité & magnificence, que pour le profit ; & qui y entretiennent souvent des bêtes étrangères & extraordinaires : comme la ménagerie de Versailles, de Vincennes, de Meudon. Il ne se dit point des basses cours & des métairies.
     
Menus-marchés
  T. n.m. Terme des Eaux & Forêts & du commerce des bois. Il signifie la vente des chablis, des arbres de délit, & autres tels bois qui peuvent se rencontrer dans les forêts du Roi, & qui ne font pas des ventes ni des coupes réglées ou entiéres. On y comprend les glandées, les pâcages & les paissons.
     
Mère
  T. adj. Épithète qu'on donne ordinairement à goutte, pour signifier le plus pur du vin qui sort de la cuve par le propre poids du raisin, ou avec une légère pression. Le vin de la mère goutte est bien plus estimé que celui du pressurage. On appelle aussi mère laine, la meilleure laine, celle qu'on prend sur le dos des brebis. On faisoit autrefois à Dijon & en quelques villes de Flandre des fêtes populaires, & de Carnaval, qu'on nommoit la Mère folie.
     
Messeure
  T. n.f. Terme de Coutumes. Salaire qu'on donne en quelques endroits à ceux qui moissonnent les blés du grangeage. C'est ordinairement l'onzième gerbe.
     
Métairie
  T. n.f. Habitation d'un Métayer avec les logemens convenables pour exploiter les terres qu'on lui donne à cultiver, soit pour y serrer les grains, soit pour y faire des nourritures de bestiaux. Il y a tant de terres, de prés, de vignes dépendantes de cette métairie. La chose change de nom suivant les diverses provinces : en plusieurs lieux on l'appelle ferme, domaine ; en d'autres la grange ; en d'autres bastide ; en d'autres chesal, closerie, borde, bouriage. Il y a tant de métairies, de fermes, de domaines dépendans de cette Seigneurie, ou de cette Abbaye.
     
Métayer
  T. n.m. Qui cultive & fait valoir des terres, ou une métairie, soit à prix d'argent, soit à moison, ou à moitié fruits, soit comme domestique au profit du maître. En quelques lieux on les appelle Metays ; en d'autres metiviers. Ces mots viennent de Medietarius & de Medietas, parce que le Fermier prend la moitié des fruits. En Droit on les appelle Fermiers partiaires.
     
Méteil
  T. n.m. Dans les provinces le petit peuple dit metau. C'est du blé, moitié seigle & moitié froment. Le meilleur froment bise toujours d'année en année, & devient enfin méteil. Le blé de dîme est du blé-méteil. On n'est obligé de payer les fermes de dîmes & de champarts qu'en blé-méteil. Le gros méteil, ou bon méteil, est celui qui est plus gras, ou plus fort de froment que de seigle. Le petit méteil, est celui qui est plus maigre, ou plus fort de seigle que de froment.
Le passe-méteil est le bled dans lequel il y a deux tiers de froment contre un tiers de seigle.
     
Meule
  T. n.f. Quelques-uns disent meulon. Richelet prétend qu'il faut dire mule avec tous les gens du métier. L'Académie dit meule, sans faire mention de meulon. C'est un monceau, une pile, un tas de foin qu'on laisse quelque temps dans le pré pour mieux sécher. On fait aussi des meulons, des pailliers dans les bassecours ; & en beaucoup de lieux on laisse les grains en gerbe dans les champs si proprement ajustés en meulons, qu'il ne craignent point la pluie. On fait aussi des meulons de sel, que dans le pays on appelle Vaches
     
Mil (ou millet)
  T. n.m. Plante qui pousse des tiges à la hauteur d'une coudée & demie, assez grosses, noueuses. La graine de millet est employée en quelques endroits à faire du pain, qui est sec friable, & de petite nourriture ; mais qui étant chaud, a assez bon goût. On nourrit des oiseaux de cette graine, & les ortolans en sont fort friands. On se sert en Médecine de la farine de la semence de millet pour faire des cataplasmes anodins & résolutifs.
Cette graine est, dit-on, appellée milium, parce qu'elle porte ses graines en grand nombre & comme par milliers.
     
Milerine
  T. n.f. On appelle ainsi dans quelques pays une terre où on sème du mil.
     
Moissine
  T. n.f. Pampre de vigne où les grapes sont attachées, qu'on pend au plancher pour conserver quelque temps du raisin après les vendanges.
     
Moissonner
  T. v. Recueillir les grains, & les serrer. Les blés se moissonnent avec la faucille, les aveines avec la faux. Il a cent arpens de terre à moissonner. On dit aussi que les blés sont moissonnés, quand ils ont été ruinés par quelque accident, par guerre, ou par grêle. Il ne faut pas laisser passer le temps de moissonner.
     
Molets
  T. n.mpl. C'est le nom qu'on donne en Poitou & aux environs à de certains gouffres de terre dans lesquels un homme & son cheval seroient engloutis s'ils n'étoient secourus promptement. Il faut bien prendre garde de passer par-dessus les molets. On connoît les molets à ce que la terre est un peu plus élevée dans ces endroits-là qu'ailleurs, parce qu'un peu d'eau qui en sort & qu'on voit bouillonner sur ce bourbier le souléve un peu. C'est la même chose que les tartes Bourbonnoises que l'on trouve dans le Bourbonnois.
     
Morillon
  T. n.m. Raisin doux & fort noir, qui fait de bon vin, & qui est le meilleur plant de vignes. A Orléans on l'appelle Auvergnas, & en Bourgogne Pineau.
     
Naiser
  T. n.m. Rouir.
     
Natural
  T. n.m. Terme de Coutumes. Dans le Béarn on appelle naturaux casalés, les jardiniers originaires du pays.
     
Nichet
  T. n.m. C'est le nom qu'on donne à un oeuf qu'on met dans les nids qu'on prépare pour faire pondre les poules. Quand les poules apperçoivent cet oeuf, elles s'assujettissent à venir toûjours pondre au même endroit ; au lieu que si l'on n'avoit pas cette précaution, elles pondroient çà & là, & indifféremment partout, & leurs oeufs se perdroient assez souvent. Il n'est pas nécessaire que le nichet soit absolument un oeuf, il n'en a quelquefois que la figure. Tantôt c'est une pierre blanche, taillée en forme d'oeuf, & tantôt c'est une boule de bois ovale, peinte en blanc. Tout cela fait le même effet que si c'étoit un oeuf véritable.
     
Nicotiane
  T. n.f. Tabac, petun, herbe à la Reine, herbe sainte, herbe sacrée. Ce sont les noms qu'on donne à une plante, qui vient originairement de l'Amérique, qui dessèche le cerveau, & fait éternuer ; à qui on donne diverses préparations pour la prendre en poudre par le nez, ou en machicatoire par la bouche, ou en fumée avec une pipe. Le Président Nicot l'envoya en France pendant qu'il étoit Ambassadeur en Portugal en 1560, & il lui a donné son nom, comme il témoigne lui-même dans son Dictionnaire. Il dit qu'elle a une merveilleuse vertu contre toutes les plaies, dartres, ulcères. Catherine de Médicis l'a voulu faire appeller Médicée de son nom : delà vient qu'on l'appelle encore en plusieurs lieux, herbe à la Reine. Elle étoit venue de la Floride ; où quelques-uns disent qu'on l'appelloit petun. C'est un remède pour la goutte que de manger des feuilles de Nicotiane. Un mauvais usage de cette herbe est mortel. Sa décoction prise en lavement, guérit une épilepsie.
     
Nître
  T. n.m. Voyez SALPÊTRE : c'est la même chose, quoique quelques-uns le tiennent beaucoup différent, & disent que c'est une espèce de sel particulier. Le nître des Anciens étoit tout fossile & minéral. Ils en faisoient de quatre espèces, qui n'étoient différentes que par les noms des lieux d'où on les tiroit, l'Arménien, le Romain, l'Africain, qu'on appelloit autrement aphronitre, qu'Avicenne appelle Baurach ; & enfin l'Égyptien qui étoit le plus fameux, & prenoit son nom de Nitria, certaine région d'Egypte où il croissoit en abondance. Sérapion dit que les mines de nître étoient semblables à celles du sel commun, & que c'étoit de l'eau coulante qui se congeloit, comme une pierre vulgaire, d'où lui a été donné le nom de salpêtre.

La principale vertu que les Anciens attribuoient au nître, est de dessécher, de déterger & d'atténuer. Ils le croyoient utile à guérir les ulcères, les maux des yeux, la galle, la goutte, & l'employoient dans les emplâtres faites pour attirer : ils le faisoient prendre intérieurement pour dissoudre & atténuer les humeurs, & ils s'en servoient contre la morsure des serpens : mais ils n'ont point connu sa vertu réfrigérative, dont la Médecine tire aujourd'hui de grands secours. Dans une fièvre épidémique les Médecins de Breslaw se servirent utilement des médicamens nîtreux donnés dans une quantité proportionnée de breuvage, afin de nettoyer les entrailles d'une matière âcre & bilieuse. Ils sont encore excellents contre les maux de coeur, accompagnés de hoquet, & d'une envie perpétuelle de vomir.
Le nître a aussi ses utilités hors de la Médecine ; au défaut du sel il sert à assaisonner les viandes, comme Pline & Bellon le témoignent. Les Égyptiens l'employoient autrefois à préserver les corps morts de pourriture, & à les conserver. Il ouvre les pores du blé, & les prépare à germer, comme remarque Virgile ; mais bien loin de contribuer à la fertilité des terres, il les rend stériles. Enfin, le nître servoit autrefois aux Blanchisseurs, & à faire le savon & le verre. La soude a pris sa place pour ces deux derniers usages, & la cendre pour le premier.

     
Norrequier
  T. n.m. Terme de Coutumes. Celui qui a des bêtes à laine, qui les nourrit, les élève. On trouve quelquefois norrecquier.
     
Noue
  T. n.f. Terre un peu humide & grasse, qui est une espèce de pré ou pâture. Il en est fort parlé dans les Coutumes de Chartres & Châteauneuf.
     
Novales
  T. n.fpl. Terres nouvellement défrichées et mises en labour.
   
Olivaison
 

T. n.f. Saison où l'on fait la récolte des olives, soit pour en tirer l'huile, soit pour les confite & les mettre dans la saumure.

     
Olive
  T. n.f. Fruit à noyau dont on tire beaucoup d'huile, & dont on fait des salades. Fruit de l'olivier. Olea, oliva. Les olives de Luques sont vertes, douces & menues. Celles d'Espagne sont grosses, charnues & amères. On vend les olives à la chopine, à la pinte, au baril. L'huile d'olive ne vaut rien à peindre, parce qu'elle ne sèche point. Pour tirer cette huile, après avoir ramassé les olives, on les laisse quelque temps sur le pavé afin qu'elles s'égoutent, & qu'elles murissent davantage ; ensuite on les réduit en pâte par le moyen d'une meule de moulin ; on met cette pâte dans de grands cabas, & on verse de l'eau bouillante dessus ; enfin on presse le tout, & on sépare facilement l'huile qui nage sur l'eau. Les olives ont un goût fort amer & fort désagréable au sortir de l'arbre. Afin de les rendre bonnes à manger, on les fait tremper dans l'eau, ou bien dans une lescive faite avec des cendres de chêne, de vigne, ou autre semblable, & de la chaux, jusqu'à ce qu'elles ayent perdu toute leur amertume ; après on les met dans des vaisseaux de terre ou de verre, & on les couvre d'une eau médiocrement salée, y ajoutant du fenouil, ou de l'écorce de citron ou d'orange, ou quelque autre aromat. Les merles, les grives, les étourneaux sont fort friands des olives.
     
Opium
  T. n.m. Larme ou suc qui découle des incisions qu'on a faites aux têtes de pavot, lorsqu'elles approchent de leur maturité, & qui a été ensuite épaissi. Il vient de la Grèce où le pavot croît en abondance. On doit le choisir pesant, compacte, net, visqueux, de couleur noir, tirant sur le roux, amer & un peu âcre au goût. Il diffère du moconium, en ce que celui-ci n'est que le suc du pavot qu'on en tire par l'expression ; l'opium en coule par la seule incision. Les Turcs gardent pour eux le véritable opium, dont ils usent beaucoup, & ne nous envoient que le moconium. Il est propre pour calmer les douleurs, pour exciter le sommeil, pour arrêter le vomissement & les cours de ventre. Sa dose est depuis un demi-grain jusques à deux grains. Il y a des personnes qui étant obligées d'en prendre souvent, y sont si fort accoutumées, qu'elles en prennent jusqu'à cinquante ou soixante grains. Les Turcs en prennent jusqu'à une dragme, lorsqu'ils vont au combat, ou qu'ils entreprennent quelque ouvrage qui demande toutes leurs forces.
L'Opium excite je ne sais quel sentiment de plaisir, & il a la vertu d'arrêter pour un temps les débordemens d'humeurs, les flux, les hémorragies ; apparemment parce qu'il est composé de parties rondes & lissées, qui par une espèce de chatouillement obligent les intestins, & les autres vaisseaux à se replier, & comme à se froncer.
     
Orangiste
  T. n.m. Terme de Jardinage. C'est ainsi qu'on appelle ceux qui élévent des orangers, qui les cultivent, & qui en ont soin. Je n'aurois jamais fait, si je voulois entrer dans le détail des maniéres de chaque Orangiste.
     
Orge
  T. n.m. Il y a quelque difficulté à se déterminer sur le genre de ce mot. Richelet fondé sur de bonnes autorités, veut qu'il soit masculin,. Cependant l'Académie veut qu'il soit féminin, excepté dans cette seule phrase, orge mondé. On croit donc que le plus sûr est de le faire féminin, l'Académie devant être considérée en ces sortes de choses, comme la plus grande autorité que nous ayons. Et certainement on ne dit point les orges sont beaux cette année, comme on dit les blés sont beaux ; mais les orges sont belles, sont grandes, sont bien venues, de même que les aveines sont belles, &c. Il faut néanmoins ajouter encore orge entier à orge mondé. L'orge, hordeum, est une plante qui pousse une tige plus courte que celle du froment ou du seigle, entrecoupé ordinairement de cinq noeuds, & quelquefois de six. Il sort de chacun de ces noeuds une feuille qui environne presque toute la tige ; les feuilles basses sont plus étroites que celles du froment, les autres sont quelquefois aussi larges. Ses fleurs & ses graines naissent dans des épis. Chaque fleur est à plusieurs étamines soutenues par un calice â deux ou trois feuilles. Les graines sont pointues par les deux bouts, grosses vers le milieu, attachées fortement à la bale, qui est souvent terminée par un filet, de couleur blanche tirant sur le jaune, remplies d'une substance moëlleuse, qui se réduit en farine. Sa racine est chevelue.
On fait du pain d'orge. L'orge sert à faire de la ptisane, de la bière. En Espagne, on donne de l'orge aux chevaux, au lieu d'aveine. En plusieurs lieux on l'appelle Marséche, comme en Berri.
     
Orme
  T. n.m. Arbre de haute futaie qui sert à faire des allées dans les jardins, & des avenues. Il y en a de deux sortes ; l'un qui croît dans les champs, & l'autre dans les montagnes. Le premier est un grand arbre fort rameux, dont le bois est dur, jaunâtre, & difficile à fendre. Il pousse premièrement ses fleurs qui sont des entonnoirs à pavillon découpé, & garni de quelques étamines de couleur obscure. Il leur succède des fruits membraneux qui renferment une semence petite, plate, blanche. Après la chute des semences, les feuilles paroissent ; elles sont larges, ridées, dentelées en leurs bords, oblongues. Il vient souvent sur ces feuilles des vessies, où se trouve une liqueur visqueuse & gluante, dans laquelle naissent ordinairement de petits vers. Sa racine s'étend d'un côté & d'autre dans la terre.
     
Osier
  T. n.m. Espèce de saule qui jette beaucoup de verges, ou rameaux menus, plians, couverts d'une écorce rouge noirâtre. Ses feuilles sont oblongues, pointues, sans poil, un peu blanchâtres par-dessous, crénelées en leurs bords. Les rameaux d'osier servent à lier des cercles pour les tonneaux, à faire des panniers, des hottes, & autres ouvrages du métier de Vanier. Des bottes d'osier, des brins, des sions d'osier. Les gerbes d'osier & de ployon, doivent être chacune de quatre piés de lien.
     
Ouaille
  T. n.f. Brebis. En ce troupeau il y a tant de moutons, & tant d'ouailles qu'on a données à chepteil. Il ne se dit plus qu'à la campagne.
     
Ouche
 
T. n.f. Vieux mot François qui est encore en usage en plusieurs provinces, qui signifie une terre labourable close de fossés ou de haies ; en Anjou, dans le Maine, la Touraine, le Berri & ailleurs, c'est un jardin fermé de haies & planté d'arbres fruitiers, sous lesquels on sème quelquefois des légumes ou du chanvre. Dans la Coutume de Nivernois il y a hosche.
     
Oulmière
  T. n.m. Lieu planté d'ormes.
     
Outrepasse
  T. n.m En termes des Eaux & Forêts, est l'abattis qu'on fait des bois au-delà des bornes marquées par les Officiers. L'Ordonnance veut que les Marchands qui font des outrepasses, soient condamnés au double, à raison du prix de leur adjudication.
     
Pacage
  T. n.m. Lieu où l'herbe est abondante, où l'on mène paître les bestiaux. La Hollande est un pays de pâcages, où l'on fait de grandes nourritures de bestiaux.
On appelle Droit de pâcage, le droit d'envoyer son bétail paître dans certains pâturages.
     
Padouan
  T. n.m. ou padoence. Pâturage, terre vaine & vague, bois, ou lande commune de plusieurs ou d'une Paroisse. Padouir étant mettre des bêtes en pâturages communes, ou landes.
     
Paillasson
  T. n.m. Grosse couverture de paille soutenue par des bâtons, & entrelacée avec des cordes, du plion, ou de l'osier, dont se servent les Jardiniers pour garantir leurs couches & leurs espaliers des injures de l'air. Les paillassons & les cloches ont sauvé cette année les melons des Jardiniers.
     
Paille
  T. n.f. Le tuyau de l'épi des gros & menus blés. La paille de sègle est longue, & sert à lier les gerbes. La paille de blé sert de fourrage aux bestiaux. La paille d'aveine est douce & délicate. Les Verriers s'en servent pour faire le transport de leurs verres. On fait des nattes, des chaises, des cordons, des chapeaux & des capelines de paille, même des lits & des broderies. On oblige les Fermiers à conserver les pailles & les pailliers dans les métairies. On dit un brin de paille, ou une botte de paille, & une cabane couverte de paille. On menace un prisonnier mutin de lui faire fouler la paille pour dire, qu'on le mettra au cachot.
On appelle menue paille, la bale des grains, qui est la pellicule qui environne le grain immédiatement, qu'on en sépare, quand il est battu, par le moyen d'un van, ou d'un crible. Les menues pailles sont bonnes pour nourrir les chevaux & les vaches.
     
Paillet
  T. adj. Qui n'est en usage qu'au masculin, & qui signifie, qui est de couleur de paille. C'est une épithète qu'on donne particulièrement au vin, & aux liqueurs qui devroient être rouges, & qui sont néanmoins pâles & claires. Les uns aiment le vin rosé de Baune, les autres le vin paillet de Chablis.
     
Paillier
  T. n.m. Paille fourragée par les moutons, ou autres bestiaux qui ont mangé l'épi & le grain qui étoit resté dedans, ensorte qu'elle ne vaut plus rien que pour faire de la litière, & pour être pourrie ou convertie en fumier.
Paillier, signifie aussi la basse-cour d'une métairie où l'on nourrit des bestiaux, & où l'on porte les pailles & fourrages dont on fait des meulons pour les conserver, jusqu'à ce qu'on en ait besoin pour faire de la litière & du fumier. Les chapons de paillier engraissés dans la basse-cour, sont meilleurs que ceux du Mans qu'on engraisse par artifice. Un Fermier ne doit pas vendre ni divertir les pailles & pailliers.
     
Paisseau
  T. n.m. Ce mot n'est pas dans le Dictionnaire de l'Académie. Aussi ne le dit-on que dans quelques provinces comme en Berry ou en Touraine. A Paris on dit échalas. C'est une manière de bâton carré d'un pouce d'épaisseur, & de cinq ou six piés de longueur. On s'en sert dans les vignes pour y attacher les seps. Il a fallu tant de paisseaux pour rétablir ces vignes qui étoient en friche. On se sert aussi de paisseaux ou d'échalas dans les jardins, pour faire des espaliers ; mais alors on les fait ordinairement plus longs.
     
Paisselure
  T. n.f. Menu chanvre employé par les Vignerons pour lier aux paisseaux les bourgeons des vignes, après les avoir taillées. C'est un terme familier aux Vignerons & autres gens de la campagne.
     
Paisson
  T. n.m. Ce que les bestiaux mangent dans les forêts & à la campagne ; & se dit plus particulièrement de la glandée & autres fruits sauvages pour les porcs. Ce Seigneur a vendu cette année la paisson de gland dans sa forêt cent écus. Les habitans ont droit de paisson, d'envoyer paître leurs bestiaux dans une forêt. On appelle aussi ce droit Panage.
Les herbes qui croissent dans les forêts se nomment Paissons.
     
Palis
  T. n.m. Petit pal pointu dont on fait des clôtures, quand on en arrange plusieurs ensemble, comme sont ceux dont on fait les parcs des Bergers, ou des séparations dans des bois, des cours & des jardins. Le loup est entré dans ce parc, à cause qu'il a trouvé un palis rompu. On ferme de palis l'espace où l'on a coupé des bois dans quelque triage, pour le mettre en défense contre les bêtes.
     
Pantière
  T. n.f. Espèce de filet qu'on tend à des arbres pour prendre de certains oiseaux. Tendre une pantière pour prendre des bécasses.
     
Parc
  T. n.m. Pallissade mobile qu'on fait dans les champs pour enfermer les moutons qu'on mène paître en été dans les lieux éloignés, où ils passent la nuit. Les Bergers changent leur parc de temps en temps pour fumer les terres l'une après l'autre. Les loups n'attaquent pas les moutons dans leur parc, à cause des chiens qui le gardent.
Parc, se dit aussi d'un très-ample filet qu'on tend sur le bord de la mer, lequel n'a qu'une ouverture du côté de terre, qui demeure à sec après le reflus ; de sorte que le poisson qui est entré dedans, ne se peut sauver.
Parc, se dit aussi de ces amples pâturages fermés de fossés, où l'on met les boeufs à l'engrais.
Parc, se dit par extension des grandes enceintes de murailles qu'on fait pour enfermer les bêtes fauves. On tient que le parc de Chambor a sept lieues de tour. Il est allé chasser, se promener dans le parc.
     
Partiaire
  T. adj. Qui n'est guère en usage qu'en cette phrase : Fermier partiaire : c'est un Métayer qui prend les terres à labourer, à la charge d'en rendre au Maître la moitié, ou autre partie des fruits.
     
Passarille
  T. n.f. On nomme ainsi à Frontignan, ville de Languedoc, les raisins secs qui s'y font, & qui avec ses excellens vins muscats, sont le plus grand objet de son commerce.
     
Passe-méteil
  T. n.m. On appelle ainsi le bled dans lequel il y a deux tiers de froment contre un tiers de seigle.
     
Passée
  T. n.f. Se dit en Normandie, d'un chemin, d'un passage qu'on fait autour d'un champ, & qui a des arbres des deux côtés ; une allée.
     
Pastel
  T. n.m. Qu'on nomme autrement guesde. Est une plante dont il y a deux espèces, le cultivé, ou le domestique, & le sauvage. Ce mot vient de pastellus parce qu'après avoir pilé cette plante, on la réduit en tablettes ou en boules. Le pastel vient d'une graine qu'on sème au commencement du printemps, & dont on fait quatre récoltes par an, & quelquefois cinq ou six. Il est d'un grand usage dans les teintures pour préparer les étoffes à recevoir toutes les autres couleurs, & en augmenter le lustre & la durée. Il leur donne d'abord la teinture bleue. Il en croît beaucoup en Languedoc. Le meilleur a la feuille unie & sans poil ; & le mauvais qu'on appelle bâtard, a la feuille velue. Le petit pastel est celui de la quatrième ou cinquième récolte. Le pastel de la dernière récolte s'appelle Marouchin. Le plus vieux pastel est le meilleur. On laisse quelque temps flétrir sa feuille, puis on le met sous la roue pour le piler ; après on en fait de petits pains, qu'on appelle Coq, ou cocaignes, qu'on fait sécher à l'ombre sur des claies, jusqu'à ce qu'on le veuille mettre en poudre ; ce qu'on fait avec des masses de bois. On le laisse tremper pendant quatre mois dans de l'eau fort croupie, où on le remue environ quarante fois, & puis il est en état d'être emballé & employé. Plusieurs le confondent avec le pastel d'Inde, ou l'indigo, qui est bien de différente valeur & vertu. Une forte couleur de pastel est quasi noire, & est la base de tant de sortes de couleurs, que les Teinturiers ont une certaine échelle ou nombre d'étages, avec laquelle ils comptent la clarté & la profondeur de cette couleur.
     
Pâtis
  T. n.m. Grands herbages où l'on mène paître des bestiaux, où on les met à l'engrais. Cette métairie consiste en bois & en pâtis.
     
Pâtre
  T. n.m. Celui qui garde des bestiaux à la campagne, qui les méne paître. Il se dit ordinairement de ceux qui sont les moins considérables d'entre les Bergers, des petits garçons qui conduisent de petits troupeaux
     
Pâtureau
  T. n.m. Terme de Coutumes. En Berri & en Nivernois, c'est un pré destiné à faire pacager les boeufs pendant le temps qu'il n'y a plus de bien dans les granges. En Nivernois, on tient les boeufs aux pâtureaux jusqu'à la S. Martin.
     
Pau
  T. n.m. En plusieurs endroits les laboureurs, vignerons, & autres gens de campagne disent pau, au lieu de pieu
     
Paumillon
  T. n.m. Terme d'Agriculture. Paumillon de charrue. Partie de la charrue qui tient l'épars, où sont ordinairement attachés les traits des chevaux, ou des boeufs qui tirent la charrue.
     
Paysan
  T. n.m. Roturier qui habite dans les villages, qui cultive la terre, & qui sert à tous les ménages de campagne. Les paysans sont ceux qui supportent les charges de l'État, qui payent la taille, qui font les corvées, &c. Les paysans qui sont riches, sont fort malins & insolens.
Ce mot vient du Latin paganus. On les a appellés dans la basse Latinité, paganenses, pagani & pagenses. Servius dit que les paysans logeoient auprès des fontaines : d'où vient que les villages ont été appellés pagi, d'où ils ont été appellés pagani.
     
Peicheras
  T. n.mpl. Dans la coutume du Béarn, ce sont des lieux destinés à faire paître des troupeaux.
     
Pente
  T. n.f. Mettre le tabac à la pente. C'est le pendre par la queue sur des cordes ou sur des perches, après que les feuilles ont été enficelées.
     
Pentière
  T. n.f. Espéce de grand filet fait de mailles quarrées & à losanges, propre à prendre des becasses & autre gibier. Il n'est pas de ces oiseaux qu'on prénd à la pentière. Ceci est dit figurément d'un homme fin & rusé.
     
Perchis
  T. n.m. Terme de Jardinier. Clôture qui se fait avec des perches. On ne peut entrer dans un endroit où l'on a fait un bon perchis.
   

Pérot

  T. n.m. Terme des Eaux & Forêts, est un chêne, ou autre arbre qui a les deux âges de la coupe du bois. Il y a de trois sortes de bailliveaux, les étalons, les pérots & les tayons.
     
Pétricherie
  T. n.f. Terme de Marine, qui se dit de tout l'appareil qui se fait pour la pêche des morues, comme chaloupes, hameçons, couteaux, lignes & autres ustensiles dont ont besoin les Basques & Terreneuviers qui vont à cette pêche.
   

Petun

  T. n.m. Herbe nommée Nicotiane, tabac, ou herbe à la Reine, qui desséche le cerveau. On la prend en fumée, en poudre, & en machicatoire. C'est un nom originaire que les Peuples de la Floride ont donné à cette plante, d'où elle a été apportée en Portugal, & de là en France par Jean Nicod, d'où vient qu'on l'a appellée aussi Nicotiane. Voyez Tabac. Prendre du tabac s'appelle pétuner. Il ne se dit que de celui qu'on prend en fumée avec une pipe.
     
Phaséole
  T. n.m. Espèce de légume, qu'on appelle autrement haricot,
   

Pineau

  T. n.m. C'est un raisin fort noir qui vient en Auvergne, & qui est un des plus doux & des meilleurs à manger. Le vin qu'on en tire s'appelle Auvernas à Orléans, dans d'autres endroits morillon ; & Pineau en Auvergne. Les Poitevins font beaucoup de cas du vin Pineau.
     
Plantat
  T. n.m. Terme d'agriculture. C'est une vigne qui n'est plantée que depuis un an.
   

Pleures

  T. n.fpl. Ce sont les laines qui se coupent sur la bête, après qu'elle est morte. Elles sont d'une tres-mauvaise qualité.
     
Pommé
  T. n.m. Cidre fait de jus de pommes. On estime plus le pommé que le poiré.
   

Ponceau

  T. n.m. Espèce de pavot qui croît dans les bleds, & dont la fleur est d'un rouge foncé. On l'appelle autrement pavot rouge, ou coquelicot. Ponceau, signifie aussi un rouge fort foncé. Puniceus. Le ruban le plus cher est le ruban ponceau, teint en couleur de feu. Ce nom lui a été donné à cause de la fleur du ponceau, ou coquelicot, qui est fort rouge.
     
Porchaison
  T. n.f. Terme de Vénerie. C'est le temps que le sanglier est gros & gras, qu'il est bon à chasser & à manger.
   

Posts

  T. n.m. On nomme ainsi en Languedoc des bois débités de certaine forme & grandeur, & que l'on vend à la botte
     
Prairie
  T. n.f. Grande étendue de terre en pré, étendue de terres basses, grasses & humides, où l'herbe croit, & qui fait des prés. Les petites rivières sont d'ordinaires bordées de prairies, arrosent les prairies, serpentent dans les prairies.
   

Pré

  T. n.m. Terre humide & non labourée, où l'herbe croît naturellement. Les prés se fauchent, & les bleds se scient. Les prés bas manquent moins souvent que les prés hauts. Un pré à regain est celui qui a une seconde herbe, qu'on fauche deux fois. Il faut faire des rigoles, ou saignées dans les prés pour leur conserver l'humidité.
     
Pressoir
  T. n.m. Grande machine propre pour presser de la vendange, ou autres fruits dont on veut tirer ou épreindre le jus, la liqueur, ensorte que le marc demeure tout sec. Le raisin au sortir de la cuve se met sous le pressoir. Il y a aussi des pressoirs à verjus, à cidre, à huile. Ce Seigneur a un pressoir bannal, où tous les habitans doivent porter leur vendange.
   

Probage

  T. n.m. On appelle ainsi en Languedoc ces branches de vigne qu'on couche dans la terre pour leur faire pousser un cep. C'est ce qu'on appelle provin ailleurs. M. Ménage, au mot provigner, nous apprend que les Angevins disent provain. Il le devoit bien savoir, puisqu'il étoit d'Angers.
     
Propolis
  T. n.f. Cire vierge, de couleur rougeâtre ou jaune, dont les abeilles bouchent les fentes & les trous de leurs ruches, comme pour empêcher l'air & le froid d'y entrer. Cette matière est friable, & elle a une odeur approchante de celle des bourgeons du peuplier. On s'en sert pour faire percer les abscès ; on en fait aussi recevoir la vapeur, pendant qu'on la chauffe sur le feu, pour la toux invétérée.
   

Proueil

  T. n.m. Morceau de bois fourchu qui sert à attacher les boeufs à la charrette.
   

Provende

  T. n.f. C'est un boisseau qui contient la mesure de grain qu'on donne à une bête de travail pour sa nourriture ordinaire. En ce sens il n'est en usage qu'à la campagne. A la Ville on le dit de la provision de vivres dans une maison, dans une Communauté. Quand un Religieux va à la quête, on dit qu'il va à la provende.
     
Prunelaie
  T. n.f. Lieu planté de pruniers.
   

Quinquina

  T. n.m. Écorce qui vient des Indes occidentales, qui est un remède admirable pour les fièvres intermittentes ; elle est compacte, de couleur rougeâtre, d'un goût amer. L'arbre d'où on la tire croît au Perou dans la province de Quito, sur des montagnes proche de la ville de Loxa.
Le Quinquina n'est connu des Européens que depuis l'année 1640. Les Jésuites de Rome lui donnerent beaucoup de réputation en Italie & en Espagne en 1649. Le Cardinal de Lugo en apporta le premier en France en 1650. Il y fut d'abord vendu au poids de l'or a cause de la vertu merveilleuse qu'il a de guérir la fièvre. Étant réduit en poudre ou l'appelloit la poudre du Cardinal de Lugo. Les Anglois la nomment la poudre des Jésuites, parce que c'est eux qui l'ont apporté des Indes, & l'ont fait connoître en Europe. Bien des gens ne vouloient point au commencement se servir du Quinquina mais une infinité d'expériences qui ont été faites dans toute l'Europe, & les effets surprenans qu'on en voit tous les jours, ont convaincu les plus opiniâtres que c'étoit un des plus excellens remèdes de la Médecine : desorte qu'il n'y a présentement qu'un fort petit nombre de gens entêtés ou ignorans qui fassent difficulté de s'en servir.
   

Quintau

  T. n.m. Quantité de gerbes, fagots, &c. qu'on assemble dans un champ, dans un bois, pour la commodité du compte ou de la charge.
     
Rabassière
  T. n.f. Instrument de fer en Languedoc servant à arracher.
   

Rabes

  T. n.m. de morue. Ce sont les oeufs de la morue que l'on sale, & qu'on met en barique. Ce terme n'est en usage qu'à la Rochelle ; ailleurs on dit des Raves.
     
Rabéte
  T. n.f. Graine d'une espéce de choux dont on fait de l'huile.
   

Râcloire

  T. n.f. Instrument avec lequel on râcle la mesure de bled en passant une espèce de règle ou bois plat pardessus les bords du minot pour en ôter le blé qu'il y a de trop & le rendre uni & alors on dit vendre, acheter mesure râclée.
     
Raicher
  T. v. C'est un terme dont on se sert en Normandie pour exprimer la recherche qu'on fait dans les arbres des pommes & poires que ceux qui les ont cueillies y ont laissées par mégarde ou négligence. C'est à l'égard des fruits dont les Normans font leur boisson, ce qu'on appelle Glaner par rapport aux grains, & Grapiller par rapport aux raisins. Quelque précaution qu'on prenne en cueillant les fruits, il en reste toûjours à raicher. Il fait bon raicher après de certains Cueilleurs.
   

Ramassée

  T. n.f. Certaine quantité de terre au pays de Bresse & de Bugey.
     
Ramilles
  T. n.m. En termes d'Eaux & Forêts, se disent des bois qui restent dans les forêts, après qu'on en a tiré le bois de corde & les cotterêts.
   

Râpé

  T. n.m. Raisin nouveau dont on remplit le tiers d'un tonneau pour faire repasser dessus le vin gâté ou affoibli, pour lui donner de nouvelles forces. Dans les grandes communautés comme les Séminaires, & dans les grandes Hôtelleries, il y a toujours un râpé qui n'est pas le moindre vin. Dict. des Arts 1731.
Ce mot vient de grape. On trouve dans de vieux Titres du vin grapet ; pour dire, du vin passé sur un râpé, qui est en effet fait de grapes, ou des grains qui en sont tirés.
Râpé de copeaux. C'est ainsi qu'on appelle, le râpé qui se fait avec des copeaux qu'on met dans un tonneau pour éclaircir le vin.
     
Râteleur
  T. n.m. Homme de journée qu'on a loué pour râteler des foins, des orges, des avoines, &c. Il faut tant de râteleurs pour un botteleur, pour un lieur.
   

Râtelier

  T. n.m. Ce qui sert dans les écuries & dans les étables à mettre le foin, ou le fourage, afin que les chevaux ou les bestiaux le tirent au travers des bâtons à claires voies qui le composent. C'est, dans une écurie, une espèce de balustrade faite de roulons tournés, où l'on met le foin pour les chevaux, au-dessus de la mangeoire. Les râteliers des écuries du Roi sont faits en forme de balustrade de Menuiserie.
     
Ravine
  T. n.f. Pluie orageuse & violente, qui est ordinairement cause des torrens. Les ravines arrivent plustôt en été qu'en hiver. Il est venu une ravine qui a emporté tous les foins qui étoient fauchés dans les prés, toutes les gerbes qui étoient liées dans ce champ. Les chemins étoient tous rompus des torrens & des ravines.
Ravine, se prend aussi pour un chemin creusé par les torrens & par les ravines.
   

Rebiner

  T. v. En Berri & en Nivernois, c'est donner un troisième labour à une vigne. Cela s'appelle aussi Tiercer. On rebine les vignes, pour faire mourir les herbes, afin qu'elles n'offusquent pas le fruit, & ne l'empêchent pas de bien mûrir.
     
Recasser
  T. v. Terme d'Agriculture. Donner le premier labour à une terre après qu'elle a porté du bled. La terre recassée s'appelle recassis.
   

Récolement

  T. n.m. Se dit du procès-verbal de visite que font les Officiers des Eaux & Forêts six semaines après le temps des vuidanges, des bois abbattus, pour voir si on aura fait la coupe conformément à leur procès-verbal d'assiète
     
Recurer
  T. v. Terme d'Agriculture. Rebiner, donner un troisième labour à une vigne. Ce terme est en usage dans le Nivernois
   

Regain

  T. n.m. Seconde herbe qui revient dans les prés après qu'on les a fauchés. Les regains sont bons quand l'été a été pluvieux. On ne laisse point entrer les bestiaux dans les prés, avant que les regains soient enlevés.
Ce mot vient de gain, qui en vieux François signifioit recolte. On nommoit aussi l'automne gain, & le regain étoit une espèce de seconde recolte. Les Normands disent revoin, & Ménage dit, que c'est le véritable mot, comme venant de refoin, qui veut dire un second foin. En quelques endroits on dit du Revivre.
     
Reilher
  T. v. Labourer, faire des raies, ou rayons sur la terre avec le soc de la charrue
   

Rejetonner

  T. n.m. Les plantes de tabac. C'est ainsi qu'on appelle l'action qu'on fait en arrachant tous les rejetons, fausses tiges ou feuilles qui naissent tant sur la tige qu'à son extrémité, ou auprès des feuilles
     
Remblaver
  T. v. Resemer de bled une terre. Il y a de si bonnes terres, qu'on les peut remblaver deux années de suite, y semer deux fois du bled.
   

Renfoncer

  T. v. Remettre des fonds à des tonneaux. Quand on est près des vendanges, il faut faire renfoncer ses tonneaux, y remettre les fonds qui y manquent. En ce sens on dit plustôt refoncer, que renfoncer, du moins en certains pays de vignobles.
     
Resépage
  T. n.m. Terme des Eaux & Forêts. Nouvelle coupe d'un bois qui a été mal coupé, ou qui n'est pas de belle venue. L'Ordonnance ordonne le resépage des bois abougris, broutés & avortés.
Reséper c'est recouper de nouveau un bois qui a été mal taillé, qui a été ébourgeonné par les bestiaux, ou qui est de mauvaise venue. Il a fallu reséper ce bois jusqu'à la racine, parce qu'il avoit été mal coupé, qu'on en avoit abattu les plus beaux brins, parce que les bestiaux l'avoient trop endommagé.
   

Rêts

  T. n.m. Se dit de deux longs morceaux de bois d'orme, qui composent en partie la charrue des Laboureurs, & qui servent à la mener & à la diriger.
     
Revivre
  T. n.m. En Nivernois & en Berri, au moins dans la partie du Berri qui touche le Nivernois & qui en est séparée par la Loire, on appelle revivre, le foin que l'on tire d'un pré pour la seconde fois, d'une même année, le regain. Le revivre se coupe, se fauche au mois de Septembre. On dit aussi revoin.
   

Roux-vents

  T. n.m. Nom que les Jardiniers donnent aux vents du mois d'Avril, qui sont froids & secs & gâtent les jets tendres des arbres fruitiers. C'est pourquoi le peuple appelle la lune d'Avril la lune rousse.
     
Ruche
  T. n.f. Panier en forme de cloche, fait d'osier, de paille, de jonc, &c. & destiné à nourrir & serrer des mouches à miel. On fait aussi des ruches de verre, pour avoir le plaisir de voir travailler les abeilles.
On dit, châtrer une ruche, pour dire enlever avec un couteau de fer fait expres, partie de la cire qui est de trop dans une ruche.
   

Ruée

  T. n.f. Amas de litières sèches, chaumes, bruyeres, &c. que l'on fait dans les bassecours, dans les chemins, pour les froisser sous les pieds, & les faire pourrir, afin de les mêler ensuite avec du fumier, & engraisser les terres.
     
Rustique
  T. adj. Qui concerne la campagne, champêtre, qui appartient aux champs. La Maison Rustique est un livre d'Agriculture, qui contient tout le ménage des champs.
   

Rutoir

  T. n.m. Ce terme n'est pas fort connu. Il est des gens des champs d'autour de Paris. C'est le lieu où l'on fait rouir le chanvre. Mon chanvre est au rutoir. Tirer le chanvre du rutoir.
     
Sac
  T. n.m. Quantité de marc qui reste après un pressurage soit de vin, soit de cidre. On dit, couper, lever un sac. C'est encore la portée du pressoir. On dit aussi, un sac de cinq, de six pipes
   

Sapinière

  T. n.f. Forêt de sapins, lieu planté de sapins.
On appelle ainsi sur la rivière de Loire un bateau de sapin, qui à proportion de sa longueur, est plus large qu'un chaland. Les sapinières sont fortes de bords. Ma sapinière portera plus que ton chaland.
     
Sarcler
  T. v. Échardonner, ôter les chardons & les mauvaises herbes d'une terre, arracher les méchantes herbes d'un champ, d'un jardin, avec un instrument propre à cet usage. Il faut sarcler cette terre à bled, sarcler les planches, les allées de ce jardin. Un sarcleur est un laboureur ou jardinier qui ôte les mauvaises herbes des terres & des jardins à l'aide d'un sarcloir, petit fer tranchant en dedans qui fait un angle.
   

Sarfouer

  T. v. Bêcher légérement la terre entre les plantes pour les rafraîchir & les faire mieux pousser après les avoir sarclées avec la main. Nicot met sarfouir : d'autres disent serfouir
     
Sarment
  T. n.m. Le bois qu'on coupe d'un sep de vigne, quand on la taille au printemps. On fait des fagots de sarment, pour faire du feu clair. La cendre du sarment est fort déliée, & sert aux Chymistes & aux Ouvriers à faire des coupelles, des moules & autres ouvrages. L'oeil du sarment est son bourgeon.
Sarment, se dit aussi du petit bout de bois qu'on laisse sur le sep, où vient le nouveau bourgeon.
   

Sarrasin

  T. n.m. Bled-sarrasin, espèce de bled qu'on appelle autrement bled noir. C'est un bled que Daléchamp dit avoir été apporté d'Afrique. Il a la feuille rondelette d'abord, qui prend ensuite la forme de celle du lierre, hormis qu'elle est plus pointue & plus molle. Son tuyau est frèle, rond, vuide, rouge, feuillu, d'où sort une fleur blanche, assez grande, disposée en grape, composée de cinq étamines. Il lui succède une graine de forme triangulaire, ayant la moëlle de dedans blanche, & l'écorce de dessus noire. On le sème en Avril, & on le moissonne en Juillet. En quelques lieux on en fait la moisson deux fois l'année. Les paysans en font du pain qui est fort noir.
   

Sarrette

  T. n.f. C'est une plante dont la feuille sert aux Teinturiers pour teindre en jaune, & qui croît en plusieurs lieux.
     
Sart
  T. n.m. ou sar, ou goëmon. Ce sont des herbes qui croissent au fond de la mer, qu'elle arrache en certain temps, & qu'elle rejète à la côte. On s'en sert à fumer la terre. On nomme ces herbes Goëmon sur les côtes de Bretagne, Varech sur les côtes de Normandie, & Sart sur celles du pays d'Aunis, de Saintonge & de Poitou.
   

Sauf

  T. n.m. Vieux mot. Grange ou Grenier. Lieu où l'on sert les grains.
   

Saussaie

  T. n.f. Quelques-uns disent saulaie ; mais saussaie est le véritable mot. Lieu planté de saules. Les saussaies sont de fort bon revenu.
   
Sécheron
  T. n.m. Terme d'agriculture. Pré situé dans un lieu sec & qui ne peut être abreuvé que par les pluies.
   

Secourgeon

  T. n.m. Espèce d'orge qui est plustôt mûre que les autres. On dit plustôt escourgeon.
   
Ségorage
  T. n.m. ou ségréage. Nom d'un droit sur les forêts. Le droit de ségréage est ainsi appellé de segregare, mettre à part, parce que c'est une chose mise à part pour le Seigneur. Ce droit de ségréage consiste en la cinquième partie des bois qui se vendent par les Vassaux, laquelle est dûe au Seigneur avant la coupe de ces bois ; avant même que de les exposer en vente, le propriétaire est tenu de déclarer à son Seigneur, ou à ses Officiers, le prix qui lui en aura été offert. Le Receveur de ce droit s'appelle Ségrayer.
   

Segrairie

  T. n.f. Bois qui est possédé en commun, ou par indivis, soit avec le Roi, soit avec des particuliers. Il y a plusieurs articles de règlement pour les bois tenus en ségrairie dans l'Ordonnance des Eaux & Forêts. La disposition qui regarde les bois du Roi, a lieu aussi à l'égard de ceux qui sont tenus en ségrairie avec lui.
   
Ségrais
  T. n.m. Terme qui n'est en usage que dans les Eaux & Forêts, & se dit des bois qui sont séparés des grands bois qu'on coupe & qu'on exploite à part.
   

Seigle

  T. n.m. Plante qui a au commencement ses feuilles rougeâtres, mais elles deviennent ensuite vertes comme celles des autres bleds, plus longues & plus étroites que celles du froment. Les épis du seigle sont plus longs, plus grêles, plus fermes & plus applatis que ceux du froment. Ses racines sont déliées & fibreuses. On sème cette plante au commencement de l'hiver. Il y a une autre espèce de seigle qu'on ne sème qu'au printemps, qui est plus petite en toutes ses parties. La paille de seigle sert à faire les liens des gerbes.
Seigle, se dit aussi de la graine de seigle. Le seigle est propre à faire du pain. Il est plus maigre que le froment. Le pain de seigle tient le ventre lâche. Le bled méteil est moitié seigle & moitié froment.
Ce mot vient du Latin secale qui est fait de secare, couper, parce qu'on coupe cette plante au temps de la moisson.
Il y a du seigle qui dégénere, dont les grains sont noirs en dehors, assez blancs en dedans, & quand ils sont secs, ils sont plus durs que les grains naturels. Ils n'ont point de mauvais gout, & ils s'alongent beaucoup plus dans l'épi que les autres. Il y en a quelques-uns qui ont jusqu'à 13 ou 14 lignes de long sur deux de large, & l'on en trouve quelquefois sept ou huit dans un même épi. En Sologne on appelle ces grains des ergots, & en Gâtinois du bled cornu.
On dit proverbialement, quand on a bien battu quelqu'un, qu'on l'a battu comme seigle verd, parce qu'en cet état le seigle sort difficilement de l'épi.
   
Semailles
  T. n.fpl. Le temps où l'on sème les grands bleds. Le bled renchérit toujours pendant les semailles.
   

Serpe

  T. n.f. Instrument de fer qui sert à couper les menues branches des arbres, à tailler quelques ouvrages de bois. Elle est faite d'un fer tranchant. Elle est quelquefois recourbée par le bout, comme celle des Bucherons, & elle a environ un pied de long. La serpe se manie avec une main, & la cognée avec les deux.
   

Sibada

  T. n.f. En langage du Béarn c'est de l'avoine. Ce mot se trouve dans le for du Béarn.
   
Soc
  T. n.m. Instrument, grosse pièce de fer pointue, qui fait la principale partie de la charrue, qui sert à ouvrir & à fendre la terre quand on laboure. Ce Noble est réduit au soc & à la charrue, c'est-à-dire, à labourer lui-même ses terres
   
Soiture
 

En Bourgogne, étendue de pré qu'un homme peut faucher en un jour équivalent au journal. Terme réservé aux terres labourables.

   

Sol

  T. n.m. ou sole. Se dit du partage qui se fait des terres labourables d'une métairie pour les semer diversement, ou les laisser reposer, quand on en veut faire une raisonnable exploitation. En la pluspart des lieux on partage les terres en trois sols ; l'un se sème en bled-froment ; l'autre en menus grains ; & le troisième demeure en jachère. Les sols ne sont pas toujours tout-à-fait égaux. On stipule dans les baux, que les Fermiers ne pourront dessoler les terres, c'est-à-dire, changer les sols accoutumés.
   

Solage

  T. n.m. ou soulange, autrefois solaige. Terroir.
   
Somerots
  T. n.mpl. On nomme ainsi en Languedoc les bois de sapin débités en bois quarrés.
   

Son

  T. n.m. C'est la peau, la partie la plus grossière du bled moulu, qu'on sépare de la farine par le moyen d'un blutoir, ou sas, ou tamis fort déliés. Le son gras est celui où l'on a laissé encore beaucoup de farine, qui n'a pas été bien passée ; son sec, ou maigre, celui d'où l'on a tire toute la farine. Dans les famines on mange du pain de son. On fait de l'eau blanche avec du son pour rafraîchir les chevaux. Le bled mangé des charençons ne rend que du son. On l'appelloit autrefois bran.
   
Sonaille
 

T. n.f. Clochette que portent les bêtes pendue au col en paissant, ou en voyageant. Le cheval, boeuf, ou mulet qui va le premier à la campagne avec cette clochette, s'appelle le sonaillier.

   
Sou
 

T. n.f. ou soue. Signifie en plusieurs lieux le toît, l'étable des pourceaux, le lieu où on les enferme la nuit.

   
Souchetage
 

T. n.m. Visite que font les Officiers des Eaux & Forêts après la coupe des bois, pour visiter & compter le nombre & la qualité des souches abatues.
On appelle aussi souchetage, le compte & la marque des bois de futaie qu'on a permission d'abatre, que l'Ordonnance veut être fait avant l'adjudication.

   

Soudure

 

T. n.m. Période qui précède une récolte

   
Soupeau
 

T. n.m. Terme d'Agriculture. Morceau de bois qui sert à tenir le soc de la charrue avec l'oreille, & qui est tout audessous. On dit, Ce morceau de bois sera fort propre pour faire un soupeau.

   
Sous-ventrière
 

T. n.f. Courroie de cuir qu'on met sous le ventre du cheval pour tenir en état les harnois des chevaux de carrosse & de voiture.

   
Soyer
 

T. v. Couper les bleds avec la faucille, qui est une serpe ronde qui a des dents comme une scie. On dit scier les bleds, bien mieux & bien plus ordinairement que soyer.

     
Spage
  T. n.m. ou sepage. On appelle ainsi le raisin. Le pineau est le meilleur spage blanc. Les bons vignerons arrachent les mauvais spages, & les font marquer en vendangeant, en coupant les branches.
     
Sucre
  T. n.m. Suc extrêmement doux & agréable, exprimé d'une sorte de cannes, qu'on appelle cannes à sucre, qui croissent aux Indes orientales & occidentales. Elles sont noueuses, hautes de cinq à six pieds, ou davantage, garnies de feuilles vertes, longues, étroites, tranchantes. Il s'élève du milieu de la hauteur de ces cannes une manière de flèche qui se termine en pointe, & qui porte en sa sommité une fleur de couleur argentée, en forme de panache. Lorsque ces cannes sont mûres, on les coupe, on les émonde de leurs feuilles ; après quoi on les porte au moulin pour y être pressées & écrasées entre deux rouleaux garnis de bandes d'acier. Le suc qui en sort coule par un petit canal dans une grande chaudière. Il y en a deux autres qui vont en diminuant, & la dernière de ces deux ne tient tout au plus que le tiers de la première. C'est dans celle-ci que l'on échauffe le suc à feu lent. Il n'y fait que frémir, & pousse en haut sa plus grosse écume, qu'on ôte avec soin, & qui ne sert qu'à mettre dans la mangeaille des animaux. Le suc est transporté aussi-tôt après dans la seconde chaudière, où on lui donne un feu plus violent, qui le fait bouillir à gros bouillons, pendant qu'un Nègre s'attache toujours à l'écumer. Pour l'aider à se purifier ou y jète de temps en temps quelques cueillerées d'une forte lessive. Après l'avoir ainsi écumé, on le met dans la troisième chaudière, où l'on fait la même chose. Ensuite on le passe par un linge, & on le verse dans de petites chaudières de bronze, où l'on ne se sert plus de lessive ; mais comme elles sont fort basses, & que le sucre qui y est en consistence de syrop, y bout extraordinairement, on y jète de temps en temps quelques gouttes d'huile d'olive, avec un aspersoir, pour l'empêcher de les surmonter & de se répandre. Quand il est parfaitement cuit, on le met dans le réfrigératoire, où on le remue continuellement avec une spatule de bois, jusques à ce que le grain paroisse dans le syrop, ainsi que le sable blanc, & aussi-tôt on le verse dans les formes qui sont quelquefois de terre, mais pour l'ordinaire on les fait de bois quarrés & en pyramides. Elles sont posées sur de grands tréteaux, & il y a des canots dessous pour recevoir ce qu'elles dégoutent. A l'extrémité de ces formes ou moules est un petit trou, dans lequel on fourre une petite verge de fer ou de bois aussi avant qu'on le peut, jusqu'à ce que le sucre soit tout-à-fait purgé ; après quoi on le fait sècher au soleil dans des caissons. Les écumes des seconde & troisième chaudières, & tout ce qui se répand lorsqu'on remue le suc, tombent dans le glacis des fourneaux, & coulent dans un canot, où on les réserve pour en faire de l'eau-de-vie. Les cannes brisées ne demeurent pas non plus inutiles, puisqu'elles servent à engraisser les porcs, dont elles rendent la viande excellente. Il faut avoir soin de laver souvent le vaisseau qui reçoit le suc des cannes, & le canal par où il passe, de peur qu'il ne contracte quelque aigreur qui empêcheroit que le sucre ne se fît. La même chose arriveroit, si on laissoit tomber du suc de citron dans les chaudières. Il ne pourroit se faire aussi, si on jetoit un peu d'huile dans les grandes chaudières, ou un peu de lessive dans les petites. Les cannes à sucre n'ont pas été inconnues aux Anciens ; plusieurs en ont parlé, & ont appellé le sucre, sel d'Inde, qui couloit de lui-même comme une gomme. Ils savoient tirer le suc de ces cannes, mais ils ne savoient pas l'art de le condenser, de le durcir & de le blanchir : cette invention est nouvelle.
     
Surmoût
  T. n.m. Vin tiré de la cuve, sans être cuvé ni pressuré. Mustum, defrutum. Un muid de surmoût.
     
Sursemer
  T. v. Semer une nouvelle graine sur un champ qui est déja semé. L'Évangile propose une parabole de celui qui avoit semé son champ de bon grain, & de son ennemi qui y vint la nuit sursemer de la zizanie. En plusieurs lieux on sursème des menus grains sur le bon blé.
     
Susin
  T. n.m. Se dit aussi en plusieurs provinces d'une sorte de raisin blanc, fort bon, & qui a le goût un peu musqué
     
Tabac
  T. n.m. Herbe qui fut envoyée de l'Amérique en France l'an 1560, & dont l'on tortille ordinairement les feuilles en manière de corde, pour s'en servir ensuite à divers usages, comme on le peut voir plus bas. Le tabac est le seul encens de Bacchus. On l'appelle aussi petun : c'est le nom qu'elle avoit à la Floride. Une débauche de goinfre est une pinte de bière & une pipe de tabac. On rapporte d'une personne qui s'étoit dessèché le cerveau à force de prendre du tabac, qu'après sa mort on ne lui trouva dans la tête qu'un petit grumeau noir, composé de plusieurs membranes.
On prend du tabac en poudre par le nez. En machicatoire, en le mâchant dans la bouche ; & en fumée par le moyen d'une pipe, ou petit canal de terre, au bout duquel on le met ; & on l'allume. Outre l'usage du tabac en poudre, en fumée & en machicatoire, on le prend encore en petites boulettes longues que l'on met dans les narines, & l'on prétend qu'il a des effets très-salutaires. Le tabac du Brésil est meilleur, dit-on, pour cela qu'aucun autre. Quelques-uns en saupoudrent les feuilles, de sucre, pour qu'il se conserve plus long-temps, d'autres l'enferment dans une boëte de plomb, ou dans un lieu frais & humide, d'autres enfin l'enveloppent d'un linge mouillé de bière. On déplie les feuilles une seconde fois, on les étend, & on en fait de petites boulettes longues que l'on met & qu'on laisse quelque temps dans les narines ; elles attirent beaucoup d'eau & de pituite, déchargent la tête, dissolvent les catarres, & rendent la respiration plus libre. Car les parties les plus subtiles du tabac pénètrent par la respiration dans la trachée-artère & jusqu'au poulmon, elles détachent les humeurs qui y adhèrent & les font cracher plustôt, & avec beaucoup de soulagement. On rapporte plusieurs exemples des effets salutaires de ce remède. Quelques-uns même laissent pendant le sommeil le tabac dans le nez, mais l'on a éprouvé qu'il causoit des vomissemens le lendemain matin.
     
Talagognes
  T. n.mpl. On appelle ainsi en Languedoc des bois de sapins débités en petit. Ils payent les droits forains & la réappréciation comme les balançons.
     
Tarte boubonnoise
  T. n.f. Sont de certains bourbiers dangereux qui sont dans les prés, ou dans les chemins de Bourbonnois, où les hommes & les cavaliers s'abîment tout-à-fait, & d'où on ne les peut retirer sans un prompt secours.
     
Taupier
 

T. n.m. Paysan qui s'attache à prendre des taupes. La taupière est une petite trape ou machine à prendre des taupes. C'est un bâton creux, avec une petite soupape de fer au milieu, qui obéit & se lève à l'entrée de la taupe, & qui s'abaisse & se ferme quand elle est dedans. On la met au trou où les taupes fouillent.

     
Tauraille
  T. n.f. Jeunes taureaux. Troupeau de boeufs.
     
Taure
  T. n.f. Jeune vache qui n'a point encore souffert les approches du taureau ou vache qui n'a jamais eu de veau quoiqu'elle soit pleine. C'est l'usage général des gens de la campagne. Ils étendent même ce nom de taure à toute jeune vache qui a eu un ou deux veaux. S'ils ont une vache de cette espéce en vente, & qu'on s'avise de dire qu'elle est vieille, ils répondent aussitôt que ce n'est qu'une taure, qu'elle n'a jamais mis bas qu'un, que deux veaux.
     
Taureau banal
  T. n.m. Taureau d'un Seigneur qui a droit de faire venir chez lui toutes les vaches de la Seigneurie qu'on veut mener au taureau. On le dit figurément d'un homme débauché, & qui court après toutes les femmes.
     
Tayon
  T. n.m. Terme des Eaux & Forêts. C'est un gros arbre. Comme qui diroit un arbre fort vieil ; car tayon, signifie un aïeul. Un tayon est un chêne qui a les trois âges de la coupe du bois. C'est un chêne réservé depuis trois coupes, qui a trois fois l'âge de taillis. On fait venir ce mot du Latin atavus, parce qu'on a dit autrefois tayon pour signifier grand-père.
     
Teiller
  T. v. Détacher le chanvre, la filasse de l'écorce du bois où elle tient. Les uns teillent le chanvre avec la main en longs filets ; d'autres brisent le bâton de chanvre dans un instrument fait exprès. En Berri & en d'autres provinces, on dit tailler le chanvre au lieu de teiller. C'est une faute.
     
Terroir
  T. n.m. Terre considérée selon ses qualités. Les plantes, les arbres, ne viennent bien que selon que le terroir leur est propre. Les saules, les aunes, les peupliers demandent un terroir humide & marécageux ; la vigne un terroir sec, pierreux & de roche ; le bled un terroir gras & fertile. Le terroir des landes ne se cultive point, parce qu'il est trop ingrat.
On dit que le vin a un gout de terroir, quand il a quelque qualité désagréable, qui lui vient par la nature du terroir où la vigne est plantée.
     
Terser
  T. v. Terme de vigneron. C'est donner un troisième labour, une troisième façon à des vignes. Il est temps de terser les vignes. Il y a des provinces où cela s'appelle rebiner.
     
Tiercer
  T.v. Terme d'Agriculture, qui signifie, donner aux terres le troisième labour, la troisième façon, comme on dit biner de la seconde. On le dit pareillement de la troisième façon des vignes. Il y a quelques Provinces où l'on dit rebiner.
     
Tiers
  T. n.m. Tiers et danger. Terme d'Eaux & Forêts. C'est un droit qui appartient au Roi, & à quelques Seigneurs, & sur tout en Normandie, sur les bois possedés par les vassaux, qui consiste au tiers de la vente qui se fait d'un bois, soit en argent, ou en espèce, & outre cela au dixième. Ainsi de 30 arpens, c'est 13 arpens ; de 3 000 livres c'est treize cens livres. Quelques-uns ne payent que le danger qui est le dixième. La dernière Ordonnance déclare le droit de tiers & danger imprescriptible.
     
Tine
  T. n.f. Petit vaisseau en forme de cuve, dont on se sert en plusieurs lieux pour porter les vendanges de la vigne à la maison ou au pressoir. Le tinet est le gros bâton dont on se sert pour porter les tines.
     
Tirasse
  T. n.f. Grand filet de Chasseur qu'on traîne par la campagne, qui sert à prendre du menu gibier, comme cailles, perdrix, &c
     
Tire-fient
  T. n.m. Terme d'Agriculture. Instrument de Laboureur, espèce de fourche propre à tirer du fumier, & dont les dents, qui sont de fer, au lieu d'être emmanchées droites, sont renversées & courbées un peu : au bout d'en haut de ces deux dents est une douille dans laquelle on met un manche de trois pieds de longueur, & gros de trois pouces de tour.
     
Tocane
  T. n.m. Terme de Gourmets & de Marchands de vin. La tocane se boit après les vendanges, & dure cinq ou six mois. C'est le vin nouveau de Champagne, principalement d'Ay, qui se boit dans la nouveauté, & qui ne peut se garder que six mois. La tocane est fort violente, & porte un goût de verdeur qui la fait estimer.
     
Toison
  T. n.f. La laine qu'on ôte des brebis & des moutons, quand on les tond. Il a vendu les toisons de son troupeau à vingt sols la pièce.
     
Tondaille
  T. n.f. L'action de tondre les moutons.
     
Tonnelle
  T. n.f. Instrument ou filet dont on se sert pour la chasse aux perdrix & cailles.
     
Toraille
  T. n.f. Terme de Coutumes. On appelle Toraille la maison ou l'édifice où l'on fait sècher les grains.
     
Torchis
  T. n.m. Terre grasse détrempée avec du foin ou de la paille, dont on fait les murailles de bauge, les cloisons, les granges de la pluspart des métairies de la campagne, & quelquefois de simples enduits.
     
Torquer
  T. v. C'est en terme des îles où on fait le tabac, faire les cordes du tabac. Le torqueur est celui qui les fait.
     
Tourbe
  T. n.f. Est une matière propre à faire du feu, dont on se sert en Hollande, dans une partie de la Flandre, & aux lieux où il y a disette de bois. On faisoit autrefois des tourbes ou masses de terre dans l'Artois & dans les pays circonvoisins. Ces tourbes servoient pour chauffer les Paysans. Il y a trois cens ans qu'on se sert de tourbes en ces quartiers. Elles sont soufrées, & les personnes qui sont auprès du feu deviennent pâles quand elles sont bien soufrées. En Écosse on se sert d'une espèce de tourbes, mais elles sont puantes. Je ne sache aucuns Anciens qui fassent mention des tourbes. Les pauvres gens ne se chauffent qu'avec du feu de tourbe en divers endroits
     
Touc
  T. n.m. Terme de coutumes. Canal
     
Tourd
  T. n.m. Grive. n'est en usage que dans la Provence & dans le Languedoc.
     
Tramail
  T. n.m. Filet qu'on met au travers des petites rivières où le poisson se prend de lui-même. Il est composé de trois rangs de mailles les unes devant les autres, dont celles de devant & de derrière sont fort larges, & faites d'une petite ficelle. La toile du milieu qui s'appelle la nappe, est faite d'un fil délié. Elle s'engage dans les grandes mailles, qui en bouchent l'issue au poisson qui y est entré.
     
Trémois
  T. n.m. Menus blés qu'on sème en Mars, comme avoine, orge, vesse, mêlés ensemble. On les appelle ainsi à la campagne à tribus mensibus, parce qu'ils ne sont que trois mois en terre. On appelle aussi trémois ou tremail, trois sortes de grains mêlés ensemble comme on appelle méteil, le froment mêlé de seigle.
     
Trentanel
  T. n.m. Plante qui croît dans le Languedoc & dans la Provence qui est d'une odeur forte, & qui sert aux teintures.
   
Très-fonciers
 

T. n.mpl Ce sont des particuliers qui ont des bois sur lesquels le Roi prend le tiers & danger, grurie & grairie & autres ; le fonds desdits bois leur appartient, & néanmoins ils ne peuvent en disposer au préjudice des droits appartenans au Roi. Ces droits appartiennent au Roi, parce qu'ils sont gardés par les Officiers de Sa Majesté, & que lesdits Officiers sont gagés & payés du Domaine de Sa Majesté, & qu'iceux Officiers font justice aux particuliers des delits qui y sont commis.

     
Trézeau
  T. n.m. Trois hommes qui battent du bled dans une aire.
   
Trézeaux
 

T. n.mpl. On appelle ainsi en Normandie des monceaux de gerbes de bled, amassées dans le champ, pour être chargées & comptées plus commodément. Ces amas ont été nommés trézeaux, parce qu'ils étoient composés de treize gerbes, afin que la dixme fût levée plus aisément, particulièrement dans les lieux où les Décimateurs n'avoit droit de prendre que la treizième gerbe : car ce droit n'est pas égal en tous lieux.

     
Triage
  T. n.m. Terme d'Eaux & Forêts. Se dit de certains buissons ou quartiers de forêts qui en font la division. Les Officiers de la Maîtrise sont tenus de faire souvent la visite des forêts de garde en garde & de triage en triage. Par la dernière Ordonnance, les Seigneurs qui ont leur triage, c'est-à-dire leur part, ne peuvent rien prétendre dans les communaux sur la part des habitans.
   
Truffière
 

T. n.f. Lieu où il vient des truffes. Dans les pays chauds où il vient communément des truffes, comme en Provence & en Languedoc, on connoît l'étendue d'une truffiére, à ce qu'il ne croît aucune herbe sur la terre où elle est. La terre se gerce dans ces endroits, & est plus légère, & on y voit voltiger des mouches bleues, formées d'un ver qui a son nid dans la truffe.

     
Turcie
  T. n.f. Levée de terre, ou de pierre, espèce de digue ou de levée en forme de quai, pour résister aux inondations, comme il y en a le long de la rivière de Loire. On disoit autrefois turgie, du Latin turgere, enfler, parce que l'effet de la turcie, est d'empêcher le débordement des eaux enflées. Il y a des Officiers qui sont créés Intendans des turcies & levées. Les turcies de la rivière de Loire. Les vieux manuscrits portent turgies au lieu de turcies : ce qui semble marquer l'origine de ce mot, à cause que cette construction se faisoit ubi turget aqua, où l'eau est sujète à s'enfler, & à faire des inondations. Mais il y a plus d'apparence que l'origine de ce terme est Torchis, & qu'il faudroit dire, Torsie ou Torchies, dont par corruption on a fait Turcie. Car ces levées se font ordinairement de clayes, & de terre, ou de fagots entremêlés, comme les bâtimens de Torchis.
   
Usagier
 

T. n.m. Terme de Coutumes. Usagier de vain pâturage, celui qui en a l'usage, qui peut y mener paître ses troupeaux. On dit aussi, Usagier vain pâturier.

     
Usance
  T. n.f. C'est aussi un terme d'Eaux & Forêts, qui signifie l'exploitation de la coupe d'une vente adjugée à un Marchand.
   
Vacherie
 

T. n.f. Étable à vaches, & le lieu où l'on trait les vaches, où l'on tire leur lait.

   
Van
 

T. n.m. Ce qui sert à nettoyer le grain battu, en le remuant & en le jetant en l'air. C'est un instrument d'osier à deux anses, courbé en rond par derrière, & dont le creux diminue insensiblement jusques sur le devant, ayant à peu-près la forme d'une coquille. On s'en sert aussi à vuider les eaux d'un vivier, d'un bâtardeau.

   
Vanner
  T. v. Secouer, remuer le grain, le jeter en l'air avec un van pour le nettoyer. Voilà du bled bien vanné & bien criblé. Vanner du blé, de l'avéne, des pois. L'agiter, le remuer, le jetter en l'air par le moyen du van, & séparer de cette façon le grain d'avec les paillettes, la bale & les autres ordures.
   
Vanneur
  T. n.m. Paysan loué pour vanner ou nettoyer les grains
   
Vannier
  T. n.m. Artisan qui fait des vans & tous autres ouvrages d'osier, comme paniers, hottes, claies, cages, &c. Il vend aussi des pelles, boisseaux, soufflets, &c.
   
Varenne
  T. n.f. Plaine, étendue de pays uni qui ne se fauche ni ne se laboure ; fond plat entre des coteaux. Les habitans de ce village mènent paître leurs bestiaux dans la varenne où il y a de bons pâturages. La Varenne du Louvre, est une Jurisdiction qui se tient au Louvre, établie pour la conservation de la chasse dans des plaines qui sont à six lieues à la ronde de Paris.
   
Vassive
  T. n.f. ou vassiveau n.m. Terme fort usité en Berri. Il se dit des agneaux qui sont dans leur seconde année. Le premier se dit des fémelles, & le second, des mâles. On les appelle aussi moutonats, mais Vassive & Vassiveaux sont plus communs.
   
Veillote
  T. n.f. Terme d'Agriculture. C'est un petit tas de foin qu'on ramasse avec la fourche, quand il est fané, & qu'on laisse encore quelque temps sur le pré, en attendant qu'on en fasse de gros meulons, & qu'on l'enlève. Parvus foeni cumulus. Il faut douze ou quinze veillotes de foin pour en faire une charretée.
   
Vendange
  T. n.f. Récolte de vin. Signifie aussi le raisin & le vin qui en est sorti. On foule la vendange dans la cuve. On porte la vendange foulée au pressoir.
Au pluriel, se dit de la saison où l'on fait la récolte & de l'action de cueillir et pressurer le raisin.
   
Vendangeoir
  T. n.m. Maison où l'on fait la vendange.
   
Vendangeur
  T. n.m. Gens de journée qui aident à faire la récolte du vin. Il y en a de coupeurs, de hotteurs, de chargeurs, de fouleurs, de pressureurs.
   
Ventier
  T. n.m. C'est le nom qu'on donne aux Marchands de bois qui achètent les forêts, & qui les font exploiter sur les lieux. Les Marchands ventiers doivent fournir aux Bucherons des chaînes & mesures des longueurs de bois, conformes aux Ordonnances du Roi & de la ville.
   
Verderie
  T. n.f. Etendue de bois, & de pays qui est commise à la garde, & à la jurisdiction d'un Verdier. Il y avoit autrefois des Verderies & Sergenteries fieffées, qui étoient des terres données à fief & à cens à plusieurs particuliers, à la charge de garder les forêts du Roi ; elles ont été supprimées par Édit du mois d'Août 1669.
   
Verdier
  T. n.m. Officier des Eaux & Forêts, dont la fonction a été différente selon les temps & les lieux. Car il a été aussi appellé Gruyer, Forestier, Châtelain, Concierge, Segrayer, Maître Sergent & Garde de Marteau, par l'Ordonnance de Henri III. de l'an 1583.
C'est un Officier établi pour commander aux Gardes d'une forêt éloignée des Maîtrises, qui en doit faire la visite de quinzaine en quinzaine en personne. Il a une Jurisdiction pour les moindres délits, qui s'étend jusqu'à soixante sols d'amende. Il fait son rapport des autres délits dans les siéges des Eaux & Forêts. C'est maintenant le même que Gruyer.
   
Verjus
  T. n.m. Raisin encore verd & aigre, qui a été cueilli avant sa maturité. On l'emploie dans les alimens & dans les remèdes.
   
Versenne
  T. n f. Mot Saintongeois qui signifie Sillon. Il est aussi en usage en d'autres provinces, & paroît venir du Latin versare terram, qui signifie Labourer.
   
Vesce
  T. n.f. Plante qui pousse des tiges à la hauteur d'un pied & demi, ou plus hautes, anguleuses, canelées, creuses. On cultive cette plante dans les champs ; on se sert de sa semence pour nourrir les pigeons, on en donne aussi avec de l'avoine aux chevaux. Il y a plusieurs autres espèces de vesce.
     
Vil
  T. adj. Terme de Coutume, synonyme de vilain ou vilein, & l'on appelle dans la Coutume de Normandie, Vils, ou vilains, services, tènement vilein, ceux des bordiers, qui tiennent bordage, & de ceux qui servent à sac & à somme, qui tiennent les vavassouries par sommage & par service de cheval, ou qui doivent curer les mares, marner ou fumer les terres, ou féner les foins de leur Seigneur, ou refaire leurs écluses, fossés & maisons, labourer les terres, cueillir & charroyer les grains, les battre & les vanner. Ce que la Coutume de Bretagne appelle viles corvées.
     
Villenage
 

Terme de Coutumes, qui se dit des tenues de rentes, héritages ou possessions non nobles. Et on dit, Tenir en villenage, lorsqu'un vilain est obligé de rendre de vilains services au Seigneur, comme de charrier ses fumiers, ou faire autres corvées.

   
Vive-pâture
  T. n.m. En termes de Coutume, Vive-Pâture, c'est le temps de Grainer & de Glander ; on bien le temps auquel on peut ramasser le gland dans les forêts, qui est depuis la Saint Michel, jusqu'à la Saint André inclusivement.
   
Vivier
  T. n.m. C'est aussi un bateau dont le milieu est retranché, & l'eau entre dans ce retranchement par des trous que l'on fait aux côtés. On y met le poisson qu'on vient de pecher, pour le transporter. On l'appelle aussi Gardouer en quelques Provinces.