Thèmes A B Ca-Ch Ci-Cy D E F G H IJK La-Li Lo-Ly Ma-Mi Mo-My

N O PA-PI PL-PY Q R S T U V-Z

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Abaque

  T. n.m. Tableau sur lequel on traçait des nombres et on enseignait le calcul et aussi sorte de carré long, évidé, qui était muni de boules passées dans des fils tendus et qui servait à compter.
   
Accessit

 

T. n.m. Terme de collège. Récompense qu'on donne aux écoliers qui ont composé presqu'aussi bien que celui qui a emporté le prix. Un tel a eu le premier prix des vers & un tel le premier accessit, c'est à dire qu'il est celui qui a approché le plus près des prix.
   
Affiche
 

T. n.f. En termes de Collége, est une solennité que font les Ecoliers, où ils exposent leurs compositions au jugement les uns des autres. Elles sont écrites dans des images, ou cartouches qui ont divers ornemens. On propose des énigmes & des prix à ceux qui les expliqueront pendant les affiches. Ce mot en ce sens ne se dit jamais qu'au pluriel. Les affiches sont d'une grande utilité pour donner de l'émulation aux Ecoliers. Il n'y a que les Jésuites qui fassent de ces sortes d'affiches. Il se dit au singulier, quand il se prend en particulier pour une de ces images, ou cartouches, dans lesquels chacun écrit sa composition.

   
Affiquet
  T. n.m. Petit bois percé & proprement tourné, qui sert à tenir les aiguilles à tricoter. Les femmes le mettent à la ceinture.
   
Aisement
  T. n.m. Signifie le lieu où on se décharge le ventre. Signifie encore, ce qui est facile et commode.
   
Aitres
  T. n.m. Terme bas & populaire, dont le Peuple & les Bourgeois se servent pour exprimer les appartemens, les pièces d'appartemens, les chambres & autres endroits d'une maison. Apprendre les aitres d'une maison. Ce mot vient d'atrium, d'où l'on a formé astrum dans la basse latinité.
Aitre, se prend encore pour cour, dans la Bible Atrium. Ce mot est très-vieux en ce sens. A Rouen on dit l'aitre de la Cathédrale, pour exprimer ce qu'on appelle à Paris le Parvis.
   
Almanach
  T. n.m. Calendrier ou table où sont écrits les jours & les fêtes de l'année, le cours de la lune.
   
Ambassade
 

T. n.f. Petit message qu'on fait faire par un ami, ou par un domestique, pour quelque petite négociation, & particulièrement d'amour. Elle a reçu une Ambassade de la part de son galant.

   
Annales
  T. n.f.pl. Histoire qui décrit les événements d'un état par l'ordre des années.
   
Anti-chambre
  T. n.f. Chambre qui est auparavant la chambre du maître du logis ou la principale chambre d'un appartement, où s'arrêtent les domestiques de ceux qui le viennent voir. Un bel appartement doit avoir antichambre, chambre & cabinet.
   
Anti-salle
  T. n.f. Pièce d'appartement, lieu qu'on trouve avant la salle.
   

Antiquaille

  T. n.f. Terme de mépris, qui se dit des pièces antiques, ou vieux meubles qui sont de peu de valeur.
   
Arrière-cour
  T. n.m. Petite cour, qui dans un corps de bâtiment sert à éclairer les appartements de derrière, les escaliers de dégagement.
   
Artien
  T. n.m. Terme de collège qui se dit des écoliers qui sont sortis des humanités & qui étudient la philosophie.
   

Assignal

  T. n.m. En Bourgogne, titre écrit qui assure la propriété d'une censive mais également marque faite par le gruyer des bois délivrés à l'usager.
   
Aumônée
  T. n.f. Distribution de pain aux pauvres après des obsèques.
   
Aune
  T. n.m. Arbre d'une grosseur & grandeur considérable & qui croît le long des ruisseaux & aux bords des rivières. On se sert du tan d'aune pour préparer les cuirs. Son écorce est aussi employée par les teinturiers pour faire le noir. On prétend que son bois ne pourrit point dans l'eau : on croit au contraire qu'il y durcit de telle manière qu'il s'y pétrifie.
   
Autan
  T. n.m. Vent qui souffle du côté du midi. Selon quelques uns, c'est le vent du sud-est, selon quelques autres, du sud-ouest. Il est d'ordinaire orageux & les poètes l'emploient en parlant de tempêtes.
   
Babette
 

T. n.f. Terme de danse. La babette est une danse de ville.

   
Bacler
  T. v. Fermer avec des chaînes, barres, bateaux ou autres obstacles. Il s'est dit originairement des ports & rivières lorsque le passage est fermé & bouché ou par des bacs ou des bateaux ou par les glaces. Il s'est dit ensuite de toutes sortes de passages ou d'ouvertures, comme les portes de boutiques ou fenêtres. En temps de guerre on bacle les ports. En temps de peste on bacle les maisons & boutiques où il y a eu de la contagion. Ce mot est bas et populaire.
   
Baghe
 

T. n.m.Terme de Coutumes. Dans la Coutume de Hainaut, & dans celle de Mons, baghe signifie le bagage qu'on donne à un ladre avant que de le mettre hors d'une Ville : ce bagage consiste en un chapeau, un manteau, une cliquette, & une besace. Baghe, suivant la manière d'écrire de ces pays-là, est la même chose que Bague en François.

   

Bailliage

  Circonscription judiciaire équivalente à la sénéchaussée selon les régions. Ces tribunaux connaissaient les appels des jugements des prévôts et châtelains et en première instance les causes civiles et criminelles des nobles, tutelles, curatelles, inventaires de biens des mineurs... leur limite de territoire, (pour n'avoir jamais été précisément définie) et les inégalités dans l'étendue de leur ressort n'allaient pas sans poser problème et faisait l'objet de nombreuses plaintes (il arrivait que des villages relèvent de deux bailliages différents). De la même manière, bailliages et Présidiaux étaient en perpétuel conflit car la distinction entre les deux était souvent très difficile à percevoir.
   
Baisure
  T. n.f. Endroit du pain qui est le moins cuit & par où il touche à un autre qui est dans le four. A Paris, on l'appelle biseau
   
Balasse
 

T. n.f. Sorte de couette de lit à l'usage des pauvres, formée de balles d'avoine, enveloppée dans de la toile.

   
Ballade
  T. n.f. En quelques provinces, on appelle de ce nom le jour de la fête du Patron d'une paroisse de village. Ce mot vient apparemment de ce qu'on y balloit, c'est à dire qu'on y dansoit, on y faisoit des bals.
   
Ballotte
  T. n.m. Petit bulletin ou petites balles de diverses couleurs, qui servent à tirer au sort dans les élections qu'on remet au hasard.
   
Banal
 

T. adj. Se dit d'un lieu public qu'un Seigneur a droit d'établir pour y faire cuire le pain, moudre la farine, pressurer le vin des habitans de sa Seigneurie. Il y a aussi un droit de taureau banal & en certain lieux des mulets banaux pour fouler les grains.
Le droit de banalité étoit inconnu aux anciens. Il ne date que du 11ème siècle. Les Seigneurs faisoient bâtir des moulins, & obligeoient leurs vassaux à y venir moudre. De là s'est introduit le droit de banalité, qui n'étoit qu'une usurpation dans son commencement.

   
Bandoulier
  T. n.m. Sorte de vagabond. Voleurs de campagne qui volent en troupe & avec armes à feu. Les montagnes des Pyrénées sont pleines de bandouliers, & ce sont les voleurs de ce lieu là qui ont donné le nom à tous les autres. Ils sont nommés ainsi, de ce qu'ils vont en bandes, comme qui diroit, ban de voliers.
   
Banlieue
  T. n.f. Environs d'une ville qui sont dans l'étendue d'une lieue. On le dit aussi des bornes & de l'étendue d'une juridiction, qu'on appelle en quelques lieux, quintaine ou septaine, dans laquelle le Juge ordinaire de la ville peut faire bannie & proclamation. On appelle aussi bnalieue de moulin, l'espace dans lequel s'étend sa banalité.
   
Bannette
  T. n.f. Espèce de panier fait de menus brins de bois de châtaignier, fendus en deux, & entrelacés les uns dans les autres, qui sert à mettre des marchandises, pour les pouvoir faire voiturer & transporter.
   
Barbacolle
  T. n.m. Jeu de hazard appellé autrement hocca ou pharaon. Le jeu du hocca ayant été défendu, pour éluder ces défences on le nomma barbacolle. C'est pourquoi le Roi le défendit sous tous ces noms par un arrêt du 15 janvier 1691.
   
Bard
  T. n.m. Espèce de civière à bras dont on se sert pour porter des pierres, du fumier, & autres fardeaux
   
Barquette
  T. n.m. Sorte de pâtisserie venue du Languedoc. Elle s'appelle barquette parce qu'elle est faite en forme de petite barque. Elle est faite de fine fleur de farine, de sucre, &c. On en vend chez les limonadiers de Paris.
   
Basilicon
  T. n.m. Terme de pharmacie. C'est un certain onguent qu'on appelle basilicon à cause de ses vertus & de ses fréquens usages. On l'appelle aussi tetrapharmacum parce qu'il est composé de quatre médicaments, qui sont la poix, la résine, la cire & l'huile. Les chirurgiens l'appellent ordinairement suppuratif parce qu'ils s'en servent à faire suppurer les plaies.
   
Basque
  T. n.f. Petite pièce d'étoffe qui fait la partie d'en bas d'un pourpoint, qui a la figure d'un Trapèse. Les basques sont faites pour couvrir l'ouverture qui est entre le pourpoint, & le haut-de-chausses. M. Huet, Evêque d'Avranches, croit qu'on a dit basques de pourpoint, parce que la mode des pourpoints à basques est venue de Biscaye. Selon le même Auteur ce mot, pourroit bien venir de tasque, qui signifie bourse ; les basques ayant été premièrement des bourses qui s'attachoient aux pourpoints. On appelle aujourd'hui basques d'un juste-au-corps ou d'une veste, les pans de devant & de derrière. Tirer quelqu'un par la basque de son habit. Les basques des juste-au-corps sont à présent plus amples qu'elles n'ont jamais été.
   
Bassette
  T. n.f. Jeu de cartes qui a été fort commun des dernières années.
   
Bassin
  T. n.m. Vaisseau plat qu'on met sur un buffet, qui sert ordinairement à laver les mains.
   
Bassinoire
  T. n.f. Ustensile de chambre fait de cuivre ou d'argent qui sert à chauffer un lit. C'est une espèce de poële où on met du feu qui a un couvercle à jour.
   
Bastide
  T. n.f. Vieux terme, qui signifioit autrefois une maison. Il est encore en usage en Provence & aux pays voisins. Tout le chemin qui conduit d'Aix à Marseille est plein de bastides ou de maisons de plaisance.
   
Bât
  T. n.m. Selle grossière qu'on met sur le dos des bêtes de somme. On dit proverbialement d'un homme qui est trop vêtu qu'il est rembourré comme bât d'un mulet. On dit de celui qui a quelque affaire domestique fâcheuse, & qu'il cache, qu'on ne saitpas où le bât blesse.
   
Bauge
  T. n.f. Se dit des murs qui ne sont bâtis que de cailloux, dont la liaison est faite de terre grasse humectée & mêlée avec de la paille et du foin. Presque toutes les cabanes de paysans n'ont que des murs de bauge. On l'emploie pour la construction des bâtimens dans les lieux où les pierres communes manquent comme dans les pays du Nord.
   
Bavolet
  T. n.m. Coëffure de jeunes paysannes auprès de Paris qui se fait de linge délié & empesé & qui a une longue queue pendante sur les épaules.
   
Béatilles
  T. n.f. pl. Petites viandes délicates, dont on compose des pâtés, des tourtes, des potages, des ragoûts, comme ris de veau, palais de boeuf, crêtes de coq, truffes, artichaux, pistaches, &c.
   
Beffroi
  T. n.m. Tour, clocher, lieu élevé où il y a une cloche dans une place frontière, où on fait le guet & d'où on sonne l'alarme quand les ennemis paroissent.
Dans les coutumes d'Amiens & d'Artois, c'est une tour où l'on met la ban-cloque, c'est-à-dire la cloche à ban, ou la cloche destinée à convoquer les habitans d'une ville.
   
Beguin
  T. n.m. Coëffe de linge qu'on met aux enfans sous leur bonnet & qu'on leur attache par-dessous le menton. Ce mot vient de bègue, parce que tous les enfans sont bègues quand ils commencent à parler.
   
Beignet
  T. n.m. Certaine pâtisserie qui se fait au Carnaval avec de la farine, des oeufs & des pommes, le tout cuit avec du saindoux.
   
Bère
  T. n.m. C'est un mot normand qui signifie la même chose que cidre ou boisson. On dit communément en Normandie, du bon bère, pour dire, du bon cidre.
   
Berline
  T. n.f. Espèce de carrosse venu de Berlin, ville d'Allemagne. Il y a des ordonnances du Roi pour les postes qui défendent aux Officiers de courir la poste en berline. La berline est une voiture commode pour aller en campagne parce qu'elle est plus légère & moins sujette à verser qu'un carrosse. C'est une machine posée sur deux brancards dans laquelle on entre par des étriers ou marchepieds. Une berline a beaucoup de commodités : des poches, des accoudoirs, une cave, &c.
   
Bigotère
  T. n.m. Brosse de poche enfermée dans un petit étui, qui sert à retrousser la moustache de la barbe.
   
Bigre, esse
  T. n.m&f. C'est le nom qu'on donnoit autrefois à de certains particuliers riverains des forêts qui avoient soin d'y chercher des abeilles & de les rassembler, de les élever dans des ruches, pour y faire du miel & de la cire. Les bigres avoioent le droit de couper & d'abattre les arbres où elles se trouvoient, à leur profit, sans en pouvoir être recherchés. Depuis, en étendant ce pouvoir, ils avoient le droit de prendre dans les forêts tout le bois dont ils avoient besoin pour leur chauffage. Le Roi ayant supprimé tous les droits de chauffage par son édit de 1669, aux exceptions y portées, les bigres qui n'avoient d'autre titre que l'usage furent anéantis.
   
Biguer
  T. v. Echanger, troquer.
   
Bijon
  T. n.m. Terme de pharmacie. Les paysans donnent ce nom à la térébenthine dont on se sert communément & qu'on tire par incision des sapins, pins & mélèzes en Dauphiné. Cependant ce nom convient proprement à la térébenthine qui découle en été sans incision des mêmes arbres. M. Pomet dit que le mot de bijon n'est en usage que parmi les Lyonnois, qui vendent le bijon pour le baume blanc du Pérou, en quoi cependant il avoue qu'ils ne font point tort au public, parce que le bijon, qui est découlé sans aucune incision durant les grandes chaleurs, a autant de vertu que le véritable baume blanc du Pérou.
   
Billonnage
  T. n.m. Trafic illicite de celui qui billonne, soit celui qui substitue des espèces défectueuses en la place des bonnes. Le billonnage est un crime qu'on recherche & qu'on punit, comme celui de fausse monnoie.
   
Bimbelot
  T. n.m. Petit jouet d'enfant, comme poupée, moulinet, carrosse, ou autre petite machine de carte ou de bois qui est propre à réjouir les enfans. Le marchand ou artisan qui vend ou qui fait des bimbelots est le bimbelotier. Il y a à Paris de riches marchands bimbelotiers.
   
Bis
  T. adj. Qui est entre le blanc & le noir. Ce blé est trop bis. Cette farine est trop bise. Les pauvres & ceux qui vivent dans l'austérité ne mangent que du pain bis.
On appelle du pain bis-blanc, ceui qui est mitoyen entre le pain de fine farine de froment & le pain bis où il y a du son & du seigle.
   
Biset
  T. n.m. Pigeon sauvage qui a les pieds & le bec rouges. On fait de bonnes soupes aux choux avec des bisets.
   
Bissac
  T. n.m. Sac double & tout d'une pièce qui a une ouverture par le milieu & deux poches qu'on emplit des deux côtés. Les bissacs peuvent se mettre à l'arçon de la selle. Les paysans portent sur l'épaule un bissac pour les nécessités de leur voyage. Il ne diffère de la besace qu'en ce qu'il est plus petit & fait ordinairement de cuir.
   
Biviaire
  T. adj. Place où deux chemins aboutissent. L'ordonnance des Eaux & Forêts veut que dans les angles des places croisées, biviaires ou triviaires des grandes routes ou chemins royaux des forêts, on plante des croix, poteaux ou pyramides avec une inscription qui enseigne le lieu où ils conduisent.
   
Blanchet
  T. n.m. Sorte de camisole que les paysans appellent blanchet parce qu'elle est d'ordinaire d'étoffe blanche.
   
Blanque
  T. n.f. Espèce de lotterie ou jeu de hasard où l'on achète certain nombre de billets, dans lesquels, s'il y en a quelqu'un noir ou marqué de quelque meuble qui est à l'étalage, on en profite. S'il n'y en a point on perd son argent.
   
Blanquette
  T. n.f. Sorte de vin blanc qui vient de Gascogne & qui a un goût assez délicat. On le dit aussi d'une espèce de bière blanche.
Est aussi une fricassée blanche & faite ordinairement de veau ou d'agneau.
   
Blaque
 

T. n.f. Vessie où l'on met le tabac pour le tenir frais.

   
Bobelin
  n.m. Ancienne chaussure dont se servoit le commun du peuple. Les savetiers de Paris ont conservé parmi leurs titres la qualité de bobelineurs et avoient exclusivement aux cordonniers, la permission de faire des bobelins.
   
Boisson
  T. n.f. On appelle en plusieurs provinces, boisson, de l'eau passée sur le rapé d'une vendange pour donner aux valets.
   
Boite
  T. n.f. Le point, le temps, la saison où le vin est bon à boire.
C'est aussi du petit vin qu'on fait à la campagne pour des valets en mettant des seaux d'eau sur le marc avant qu'il soit entièrement pressuré.
   
Bordeau
  T. n.m. Lieu de débauche où on fait venir des femmes de mauvaise vie pour se prostituer aux hommes & où se retirent toute sorte de filous & coquins. Ce mot est vieux. On dit maintenant bordel & il vient de borde parce que les femmes de mauvaise vie étoient logées dans de petites maisons. D'autres croient que ce mot vient de bord & eau parce que ces maisons étoient autrefois le long de l'eau.
   
Bordier
  T. n.m. Signifie celui qui a des terres qui confinent aux bords des grands chemins. On peut les appeler aussi riverains des grands chemins. Cependant il semble que riverain soit consacré pour ceux qui bordent les rivières ou les forêts selon l'Ordonnance des Eaux & Forêts. Ainsi il faudroit employer seulement bordier pour ceux qui ont des terres au bord des grands chemins.
   
Bordille
 

T. n.f. On nomme ainsi à La Rochelle, ce qu'ailleurs on nomme une poële à frire.

   
Boudoir
  T. n.m. Petit réduit, cabinet fort étroit auprès de la chambre qu'on habite,ainsi nommé apparemment, parce qu'on a coutume de s'y retirer, pour bouder sans témoin lorsqu'àon est de mauvaise humeur.
   
Bougette
  T. n.f. Petit sac ou poche pour les voyageurs qu'on porte à l'arçon, ou sur la croupe.
   
Bougran
  T. n.m. Toile forte & gommée qu'on met dans des doublures du corps des habillemens afin qu'ils se soutiennent & qu'ils gardent mieux leur forme.
   
Boulée
  T. n.f. Les paysans en Bourgogne donnent le nom de boulée à des raisins attachés en boule dont ils font des présents pendant la vendange aux gens de leur connoissance qui n'ont point de vignes.
   
Bouliche
  T. n.f. Grand vase de terre dont on se sert sur les vaisseaux. On enduit les bouliches de goudron & on y met du vin : cela lui donne le même goût que s'il y avoit du quinquina infusée.
   
Boulin
  T. n.m. Petit trou ou logette qu'on dispose tout autour d'un colombier pour y nicher des pigeons. C'est l'endroit où ils font leurs oeufs. Un colombier à pied a quelquefois mille & douze cents boulins.
   
Bourrelle
  T. n.f. Il ne se dit que par le petit peuple, de la femme du Bourreau. Mais pour signifier une femme cruelle, méchante, inhumaine, il se dit, quoiqu'en termes bas, par tout le monde. Cette femme est une vraie bourrelle.
   
Bourriche
  T. n.m. C'est une espéce de panier qui est plus foible & qui a le tissu plus clair que les paniers ordinaires. On se sert de bourriches pour transporter d'un lieu à l'autre quelque chose qu'on ne veut pas qui soit foulé. Les bourriches sont aujourd'hui fort en usage pour transporter du gibier & de la volaille des Provinces à Paris.
   
Bouterame
  T. n.f. On appelle ainsi en Flandre une tranche de pain, sur laquelle on étend du beurre, des pommes cuites, du fromage & de la viande.
   
Braie (ou braye)
  T. n.f. Linge qui couvre depuis la ceinture jusqu'aux genoux, comme caleçons, haut-de-chausses.
Aussi, linges qu'on met au derrière des petits enfans qui ne sont pas nets, pour les changer plus aisément.
   
Braise
  T. n.f. Se dit des charbons que les boulangers tirent de leur four & qu'ils éteignent pour les vendre. Acheter de la braise chez un boulanger.
   
Brandevin
  T. n.m. Eau de vie. Vient du flamand brandewyn qui signifie vin brûlé
   
Brandon
  T. n.m. Flambeau de paille qui sert aux paysans à s'éclairer la nuit.
   
Brassières
  T. n.fpl. Chemisette de femme qui sert à couvrir les bras & le haut du corps.
R. n.f. Espèce de camisole que les femmes & les enfans mettent la nuit.
   
Braverie
  T. n.f. Dépense en habits. Cet homme a dépensé tout son bien en braveries inutiles. Inclination, penchant à se vêtir richement & proprement. Manière affectée de se vêtir. A ne pas confondre avec bravoure.
   
Brenêche
  T. n.f. C'est le nom qu'on donne en Normandie au poiré nouveau dans le temps qu'il est encore doux.
   
Breste
  T. n.f. Chasse aux petits oiseaux qu'on prend à la glu avec un appas.
   
Bridoir
  T. n.m. C'est un morceau de linge, large d'environ 3 doigts que les dames mettent à leur bonnet quand elles se coëffent. Il sert à bander le menton & c'est pour cela qu'on l'appelle aussi mentionnière.
   
Bris de marché
  T. n.m. Vol des marchandises que l'on porte au marché, ou le monopole afin d'empêcher la bonne vente au marché, ou quand quelqu'un avec port d'armes empêche les marchands d'aller au marché ou à la foire, ou bien quand on empêche le payement du péage.
   
Brisque
  T. n.f. Sorte de jeu de cartes qui se joue entre deux personnes, comme le piquet.
   
Brodequin
  T. n.m. Chaussure à l'antique faite en façon de petite botte qui ne va que jusqu'à mi-jambe & qui est ornée & délicate. Il n'y a plus que les comédiens qui s'en servent aujourd'hui.
Est aussi un terme d'Académiste qui signifie une sorte de petits bas à étrier qui sont de laine & que les jeunes Académistes mettent avant que de se botter. Ces brodequins servent à bien remplir la botte qui va bien mieux avec des brodequins qu'avec des coussinets.
Au pluriel, se dit d'une espèce de torture qu'on donne aux criminels par le moyen d'une chaussure de parchemin qui étant approchée du feu, se retire & serrant extraordinairement la jambe fait grande douleur.

R. n.m. Sorte de suplice. J'ai dit qu'il consistoit en trois petis ais, mais j'ai mal dit. Il consiste en quatre. J'ai ajouté qu'on les serroit avec des vis ; autre erreur, C'est avec des cordes. Je n'ai fait ces fautes que parce que j'ai parlé sur la foi d'autrui. Une autrefois je n'y parlerai plus.
   
Brottes
  T. n.m. On nomme ainsi à Lyon & aux environs, les cuillers de buis & de simple bois qui servent à table.
   
Brouet
  T. n.m. Bouillon qu'on portoit autrefois aux nouvelles mariées le lendemain de leurs noces avec solemnité et réjouissance. Il étoit fait d'oeufs, de lait & de sucre.
   
Brune
  T. n.f. On appelle les filles de l'hôpital général les brunes.
Toile qui se fabrique à Rouen.
   
Buire
  T. n.f. Espèce de broc d'argent, ou d'étain dont on se sert aux buffets des bonnes tables.
   
Bulletin
  T. n.m. Ordre que donnent les Echevins ou Magistrats d'une ville pour loger des soldats, pour faire des corvées, ou les obliger à quelque autre charge publique.
   
Buvande
  T. n.f. A la campagne, on appelle ainsi la liqueur qu'on exprime du marc du raisin quand on a tiré le vin. On verse sur le marc de l'eau, on fait agir le pressoir & la liqueur qu'on en exprime s'appelle buvande parce que les gens de la campagne en font leur boisson.
   
Cabaret
  T. n.m. Lieu où l'on vend du vin en détail. On confond aujourd'hui ce mot avec taverne. Néanmoins ils sont fort différens, en ce que le cabaret est le lieu où on donne seulement du vin à pot par un trou pratiqué dans un treillis de bois qui y sert d'enseigne, sans qu'il soit permis d'asseoir ni de mettre de nape. On l'appelle pour cela pot renversé, parce que l'hôte est obligé de renverser le pot si-tôt qu'il a vendu le vin. Au lieu qu'à la taverne on vend le vin par assiette & on y apprête à manger. Il faut fuir ces débauchés qui ne hantent que le cabaret. Le vin de cabaret est presque toujours frelaté, & fait mal à la tête.
   

Cabaret bourgeois

  Maisons dans lesquelles les bourgeois vendaient leur propre production vinicole. Ce vin, qui n'avait donc pas été taxé puisque non transporté, représentait un important manque à gagner pour les villes qui cherchaient à restreindre le droit. Lyon avait par exemple essayé d'interdire aux acheteurs d'entrer dans les maisons de ces bourgeois et la vente devait se faire à travers une ouverture pratiquée dans la porte.
   
Cabinet
  T. n.m. Le lieu le plus retiré dans le plus bel appartement des Palais, des grandes maisons. Un appartement royal consiste en sale, antichambre, chambre & cabinet avec une galerie à côté. Dans les maisons ordinaires, c'est aussi une pièce d'appartement & un lieu retiré où l'on étudie, où l'on se séquestre du reste du monde & où l'on serre ce qu'on a de plus précieux.
   
Cachou
  T. n.m. Petit grain qui se fait d'une composition de musc & d'ambre, qui sert à parfumer l'haleine. Sa base est une gomme qui se tire d'une décoction épaisse d'un certain arbre qui croît aux Indes. Cet arbre, que les Auteurs appellent kais, & qu'au Brésil on nomme caious, est de la grandeur d'un grenadier. Il a la feuille d'un verd clair de charnu. Sa fleur est blanche, & presque semblable à celle de l'oranger. Il porte un fruit de même nom qui est fort estimé, comme étant de bon goût & fort bon pour l'estomac. Il est fait comme une grosse pomme fort jaune & de bonne senteur, spongieux au dedans, & plein d'un suc douceâtre & astringent. On coupe le bois de cet arbre en petits morceaux que l'on fait bouillir ; & l'eau dans laquelle bout ce bois s'étant épaissie, forme une espèce de gomme qu'on fait sécher, & qu'on envoie en Europe, où on la met en petits grains, après y avoir mêlé du musc & de l'ambre.
   
Cadeau
  T. n.m. Grand trait de plume & fort hardi que font les maîtres écrivains pour orner leurs écritures, pour remplir les marges & le haut & le bas des pages. Les écoliers s'enhardissent la main à faire des cadeaux.
Cadeau se dit aussi des repas qu'on donne hors de chez soi & particulièrement à la campagne. Donner un grand cadeau. Le mari, dans les cadeauux qu'on donne à sa femme est toujours celui à qui il en coûte le plus.
   
Cadeler
  T. v. Faire des cadeaux. Nicot avoit dit sous cadeau que c'est une grande lettre capitale, tirée par Maîtrise de l'art des écrivains, à gros traits de plume, & que toute l'écriture est de tels cadeaux, on l'appelle écriture cadelée. Lettre cadelée.
   

Café

  n.m. Introduit au 17e siècle, l'usage du café s'est très vite généralisé et de nombreux établissements obéissant aux mêmes règles que les cabarets ont vu le jour. Les autres boissons étant taxées, très vite le manque à gagner s'est fait sentir et un édit de 1692 a remédié à cet état de fait en instaurant une taxe de 4 livres sur la livre de café, taxe étendue au thé et au chocolat.
   

Cahier de doléances

  Cahiers rédigés par les électeurs à l’occasion de la convocation d’états généraux et contenant leurs doléances et leurs voeux. Rédigés par ordre, il y avait les cahiers du tiers-état, du clergé et de la noblesse, mais aussi ceux des corporations qui rédigeaient les doléances propres à leur activité.
Les plus célèbres sont ceux de 1789 qui reflètent souvent de manière pittoresque les idées et désirs du peuple à la veille de la révolution.
   
Caissetin
  T. n.m. Petite caisse de sapin, plus longue que large, dans laquelle on envoie de Provence cette sorte de raisins en grappes, séchés au soleil, qu'on appelle raisins aux Jubis.
   
Calèche
  T. n.f. Petit carrosse coupé qui a d'ordinaire plusieurs ornemens. Il sert aux jeunes hommes qui veulent marcher en parade.
Manière de petit carosse fort propre & pour deux personnes seulement.
   
Camisole
  T. n.f. C'est la même chose qu'une chemisette. Petit vêtement qu'on met la nuit ou pendant le jour, entre la chemise & le pourpoint pour être plus chaudement vêtu. Elle ne va d'ordinaire que jusqu'à la ceinture.
   
Campos
  T. n.m. Terme de collège. Congé qu'on donne aux écoliers pour sortir, pour aller aux champs se divertir. On le dit aussi de ceux qui sont sujets & attachés à quelque travail. Les clercs n'ont campos que les Dimanches et fêtes.
   
Canole
 

T. n.f. Se dit à Limoges d'un petit pain qui se fait avec la plus pure farine & des jaunes d'oeufs.

   
Capote
  T. n.f. C'est une mante que les femmes mettent par-dessus leurs habits quand elles sortent & qui les couvre depuis la tête jusqu'aux pieds. Il y a des capotes de camelot & il y en a de taffetas.
   
Capse
  T. n.f. Terme usité en Sorbonne ou en faculté de droit. C'est une petite boite de cuivre ou de fer blanc où les Docteurs mettent leurs suffrages afin de recevoir ou de refuser celui qui est examiné pour l'acte de tentative ou pour la licence.
   
Caquetoire
 

T. n.f. Petit fauteuil qui sert à se mettre auprès du feu, & où on caquete à son aise.

   
Caqueux
 

T. n.mpl. Il y a en Bretagne une certaine espèce de gens que le reste du peuple a toujours regardé avec une extrême aversion, prétendant que c'est un reste des Juifs, & qu'ils sont tous infectés de lèpre de père en fils. On les nomme Caqueux, & ils exercent ordinairement le métier de Cordier. Hevin, savant Jurisconsulte, a fait voir de nos jours, que cette aversion étoit mal fondée, & a obtenu un Arrêt de Parlement en leur faveur ; mais il est difficile d'ôter cette prévention de l'esprit de la plupart des Bretons. Il y a même plus de 250 ans que les Evêques dans la même prévention, ont ordonné que les Caqueux se tiendroient au bas des Eglises & leur ont défendu, sous peine de cent sols d'amende, de toucher aux vases de l'autel.

   
Caquerolle
 

T. n.m. Petit pot de cuivre à trois pieds, qui a une longue queue pour l'approcher du feu, & pour secouer les fricassées, ou autres mets qu'on fait cuire ordinairement. On dit aussi Casserolle.

   
Caquetoire
  T. n.f. Petit fauteuil qui sert à se mettre auprès du feu & où on caquete à son aise
   
Carcan
  T. n.m. Vieux mot, qui signifioit autrefois un collier, ou une chaîne de pierreries que les femmes portaient sur la gorge. Ce mot rentre dans l'usage depuis quelques années. Les femmes portent un carcan comme elles faisoient autrefois.
Carcan est maintenant un supplice qui note l'infamie & qu'on fait souffrir aux banqueroutiers ou à d'autres malfaiteurs en les attachant par le cou avec un collier de fer à un poteau dans une place publique afin qu'ils soient exposés à la risée publique.
   
Carnacière
  T. n.f. Petit sac de toile ou de filet que les chasseurs portent à leur ceinture pour mettre le gibier.
   
Carrosse
  T. n.m. Voiture commode pour aller par la ville & par la campagne. Les carrosses de louage sont de deux sortes. Les Carrosses de remise & les Carrosses de places, appellés communément Fiacres. Ces derniers à Paris ne sont pas si propres que les carrosses de remise. On les appelle carrosses de places, parce qu'on les trouve sur les places publiques à Paris, où ils attendent qu'on les loue, & les autres carrosses de remise, parce qu'ils ne sont point sur les places. Pour le nom de Fiacre, il vient du nom de celui qui a établi ces carrosses, & les a le premier fournis au public à Paris : il se nommoit Fiacre.
   
Cartouche
  T. n.m. C'est le nom d'un fameux voleur qui fut exécuté en 1721. De là est venu que pour dire qu'un homme est un scélérat, on dit par un proverbe populaire que c'est un vrai cartouche. Un voleur de la bande de Cartouche s'appelle un cartouchien.
   
Casal
  T. n.m. Maison. En quelques Provinces signifie le lieu où il y a eu une maison.
n.m. Les Languedociens appellent ainsi une maison ruinée, qui n'a point de toit.
Casal peut aussi être employé pour bourg, village, hameau
   
Casau
  T. n.m. En quelques provinces de France voisines de l'Espagne on appelle un jardin casau
n.m
. Jardin. Mot du patois du Béarn qui a cette signification. On le trouve aussi dans la coutume du Labourd.
   
Caserette
  T. n.f. C'est un moule de bois, une forme dans laquelle on fait des fromages. On appelle dans quelques endroits ces sortes de formes ou de moules, des cagérotes, mais dans tout le pays d'Auge, d'où viennent ces excellents fromages que l'on appelle de Livarrot, on ne les nomme point autrement que caserettes
   
Caseux, euse
  T. adj. Epithète qu'on donne aux parties les plus grossières du lait dont on fait des fromages. On les appelle aussi fromageuses. Le lait d'ânesse ne contient que peu de parties caseuses mais celui de la vache en contient beaucoup.
   
Casier
  T. n.m. Vieux mot encore en usage en Picardie. Pour vous donner entendre quelle chose est ung casier, c'est ung garde-mangier en la façon d'une huche, long & estroit pour raison ; & assez profond où l'on musse les oeufs, le beurre, le fromage & autres telles victuailles.
   
Cassette
  T. n.f. Petit coffre portatif où on enferme ce qu'on a de plus précieux.
   
Cassine
  T. n.f. Petite maison à la campagne. Ce qui s'est dit premièrement de l'habitation d'un hermite, ou d'un moine qui s'est retiré en quelque lieu désert pour vivre en solitaire.
n.m. mot provençal qui signifie une petite maison de campagne.
   
Castille
  T. n.m. Qui se dit en Anjou, Bretagne & peut-être en quelques autres lieux pour le fruit qu'on appelle à Paris & dans la plupart de nos provinces, groseille.
   
Castoigneau
  T. n.m. ou casloigneau. Petit panier dans lequel on met quelques espèces de marchandises.
   
Catapelte
  T. n.f. Nom d'un instrument de supplice dont on se servoit autrefois. C'étoit une espèce de pressoir, ou de presse composée de planches entre lesquelles on mettoit & on pressoit le patient.
   
Caudiot
  T. n.m. Le peuple de Basse-Normandie appelle ainsi un feu de joie.
   
Cédule
  T. n.f. Petit morceau de papier où l'on écrit quelque chose pour servir de mémoire.
   
Censeur
  T. n.m. Les Censeurs sont parmi les écoliers ceux que le Régent choisit pour l'aider à maintenir le bon ordre, & la discipline scholastique. Un Régent doit se défier de la probité & de la fidélité des Censeurs, qui agissent souvent par passion. Les Censeurs des leçons, sont ceux qui doivent reprendre ceux qui récitent leurs leçons lorsqu'ils font des fautes.
   
Cervoise
  T. n.m. Boisson faite de blé ou d'orge & de houblon. C'est la même chose que la bière. Comme elle nourrit plus que le vin, elle est de plus grosse substance, & plus difficile à digérer. Etant mal cuite ou nouvellement faite, elle cause des obstructions, le mal de tête, la colique, la gravelle & l'ardeur d'urine. Si elle est trop vieille, ou qu'elle tire sur l'aigre, elle offense les parties nerveuses & l'estomac & engendre un mauvais suc.
   
Chalet
  T. n.m. C'est ainsi que les Suisses nomment certains bâtimens bas qui se trouvent répandus dans les montagnes de Griers, uniquement destinés à faire des fromages.
   
Chalit
  T. n.m. Bois de lit.
   
Chambrière
  T. n.m. 1° Servante qui nettoie la chambre. 2° demi-cercle de fer suspendu par une anse aussi de fer que l'on accroche à la crémaillère d'une cheminée. On se sert de la chambrière pour fricasser plus commodément, parce que l'on pose la poële dessus pour soulager ses bras & laisser bouillir ce que l'on fricasse. On ne lève la poële de dessus la chambrière que lorsqu'on veut tourner ce que l'on fricasse, ce qui fatigue beaucoup moins que s'il falloit toujours supporter la poële à frire avec ses bras.
   
Chambrillon
  T. n.f. Petite servante qui gagne peu de gages.
   
Chantourné
  T. n.m. Piéce d'un lit qui est de bois bien travaillé ou couvert d'étoffe & qui se met entre le dossier & le chevet.
   
Chapel
  T. n.m. On a dit autrefois ce mot pour chapeau.
   
Charge (femme de)
  T. n.f. On appelle femme de charge une femme qui est domestique dans une grande maison & qui a soin ordinairement du linge, de la vaisselle d'argent, &c.
   
Charivari
  T. n.m. Bruit confus que font des gens du peuple avec des poëles, des bassins & des chaudrons pour faire injure à quelqu'un. On fait les charivaris en dérision des gens d'un âge fort inégal qui se marient. On les faisoit aussi à ceux qui passoient a de secondes & à de troisièmes noces. Ces tumultes furent défendus par le Concile de Tours sous peine d'excommunication.
   
Charnage
  T. n.m. Temps où il est permis de manger de la chair, temps opposé au Carême, qui comprend toute l'année, à la réserve des 40 jours de suite où on jeûne & où il est défendu de manger de la chair & des oeufs.
Charnage se dit aussi en fait de dîmes. Cet abbé en toutes ses terres a les dîmes des lainages & charnages, c'est-à-dire, des toisons, des moutons, des agneaux, des cochons, &c.
   
Charretin
  T. n.m. Espèce de charrette sans ridelles, & dons les Bourguignons se servent sur-tout pour charrier du vin. Il paroît que ce mot n'est en usage qu'en Bourgogne
   
Chaudeau
  T. n.m. Bouillon qu'on porte aux mariés le lendemain de leurs noces. Il s'entend souvent de lait bouilli avec du sucre, des jaunes d'oeufs & de la cannelle qu'on donne aux femmes nouvellement accouchées.
   
Chaufferette
  T. n.m. Petit coffret qu'on met sous les pieds pour les tenir chauds. Il est garni de lames de fer entre lesquelles on met le feu. Le dessus est percé de plusieurs petits trous pour lui donner de l'air en laissant sortir la chaleur.
   
Chauffoir
  T. n.m. Linge qu'on chauffe pour tenir chaudement quelques parties du corps. Est aussi une chambre commune où on se va chauffer dans les couvents et les hôpitaux.
   
Chaussage
  T. n.m. Ce qui est nécessaire pour entretenir quelqu'un de souliers.
   
Chausse
  T. n.m. En terme d'université, se dit d'un ornement ou marque distinctive que portent ceux qui ont quelque degré dans une Université. Une chausse de docteur. Ceux qui ont des degrés dans quelqu'une des quatre facultés qui composent une université, ont droit de porter la chausse. Elle est différente ou quant à la maière, ou quant à la couleur, ou quant à la forme dans les différentes facultés, à raison des degrés quo'n y a. La chausse se porte sur l'épaule gauche à découvert & pardessus tous les autres habillemens. C'est une pièce de drap, large par le bout qui pend derrière l'épaule & qui va en diminuant vers l'autre bout, à peu près comme le haut d'un bas ordinaire qui en diminuant par le bas. C'est sans doute cette ressemblance qu'elle a avec le bas ordinaire dont nous nous couvrons la jambe, ou la chausse, qui lui a fait donner ce nom.
   
Chemineau
  T. n.m. Sorte de pain que l'on fait à Rouen durant le Carême. En Picardie, on les appelle seminiaux
   
Chère
  T. n.f. Terme sous lequel on comprend tout ce qui regarde le service de la table, & la quantité, la qualité, la délicatesse des viandes, & la maniére de les apprêter.... On dit chez les Cabaretiers, tant pour la bonne chère, c'est-à-dire, tant pour le couvert & les autres menus frais, dont on ne compte pas en détail.

On appelle Cuère entiére, un grand repas suivi de plusieurs divertissemens ; & chère de Commissaire, un repas où l'on sert chair & poisson.
   
Chétron
  T. n.m. C'est une petite layette en forme de tiroir, qu'on fait au haut d'un des côtés du coffre pour y mettre à part les choses qu'on veut trouver sous sa main en l'ouvrant & les séparer du reste de ce qu'on y serre.
   
Chevet
  T. n.m. Oreiller long & rond rempli de plume sur lequel on met la tête quand on est couché. On l'appelle autrement traversin. Chevet se dit aussi de la partie du lit où on met ce traversin.
   
Chevrette
  T. n.f. Terme d'Apothicaire, qui signifie un pot de fayence avec un goulot, où l'on met les syrops.
   
Chiffreur
  T. n.m. Qui sait bien compter avec la plume. Arithméticien.
   
Choine
  T. n.m. Pain blanc & délicat. Ce mot se trouve dans Rabelais. On le dit en Anjou & en Normandie.
   
Cholagogue
  T. n.m. Médicament qui purge la bile par bas. Il y en a de simples & de composés, & les uns & les autres sont de trois sortes par rapport à leur activité. Il y en a de bénins, de médiocres & de violens. Les bénins sont ceux qui purgent doucement, comme la manne, la casse, les roses, les tamarins, &c. Les médiocres sont, le senné, la rhubarbe, l'aloës, &c. & les violens, le jalap, la scammonée, &c.
   
Chômage
  T. n.m. Sous l'ancien régime, les fêtes chômées étaient très nombreuses. Colbert en supprima 17 mais sans pouvoir faire disparaître les abus. Il arriva même que des ouvriers se plaignent de cet état de fait, car les jours travaillés n'étaient pas assez nombreux pour assurer leur subsistance et payer leurs impôts.
   
Cidrailler
  T. v. Passer le temps dans un cabaret ou ailleurs à boire du cidre. Ce mot est usité à Rouen et dans toute la Normandie.
   

Cimetière

  Jusqu'au XVIIe siècle le cimetière, géré par le conseil de fabrique était un lieu ouvert situé dans et autour de l'église, où les vivants aimaient se retrouver. Peu à peu, le clergé fit en sorte que le lieu devienne clos et surtout à l'abri des profanations.
Au XVIIIe siècle, l'hygiène devient un nouveau critère dont il faut tenir compte, car le manque de place associé au besoin qu'éprouvaient certaines personnes (nobles & notables) à être enterrés dans l'église, font qu'il n'est pas rare de déterrer un corps pour en enterrer un autre. Considérés comme insalubres, certains cimetières furent alors déplacés hors des villes, et en 1776, il devient interdit d'enterrer quelqu'un dans l'église.
   
Claie
  T. n.m. Ouvrage de vannier fait d'osier servant à divers usages. Une claie est faite ordinairement de branches entrelassées les unes dans les autres. Il y a des claies à claires voies, d'autres serrées. On met des claies devant les fenêtres, derrière les lits. Il y a des claies qui servent à nettoyer les habits & d'autres qui servent à faire sécher les fruits.
   
Clayon
  T. n.m. Ouvrage d'osier fait en rond dont se servent particulièrement les pâtissiers pour porter leurs pains bénits & leurs autres pâtisseries. On s'en sert aussi dans les cuisines pour faire égoutter les mets qu'on fait cuire dans l'eau.
   
Clepsydre
  T. n.f. Horloge qui mesure le temps par la chute d'une certaine quantité d'eau. Il s'en est fait aussi avec du mercure. L'usage des clepsydres est très ancien. Elles furent inventées sous les Ptolémées Rois d'Egypte aussi bien que les cadrans solaires. Elles servoient principalement en hiver, comme les cadrans en été, mais elles avoient deux défauts, l'un que l'eau s'écouloit avec plus ou moins de facilité, selon que l'air étoit plus ou moins épais & l'autre, qu'au commencement elle s'écouloit plus promptement qu'à la fin.
   
Coche
  T. n.m.Voiture posée sur quatre roues, qui est en forme de carrosse, à la réserve qu'il est plus grand, On s'en sert pour aller de ville en ville. Il y a des coches de Paris à Lyon, Rouen, Bourdeaux, & pour toutes les grandes villes de commerce. Les Rois de la première Race se faisoient traîner par quatre boeufs attelés à une espèce de coche, & de chariot. On appelle aussi coche d'eau, des batteaux publics & couverts, qui servent à voiturer les personnes, & les marchandises, sur les rivières. Les coches de Melun, de Sens, de Joigny, d'Auxerre.
On appelle coches volans, les coches bien attelés qui font une plus grande diligence que les autres.
   
Coëffe
  T. n.m. On écrit aussi coiffe. Couverture légère de la tête tant pour les hommes que pour les femmes.
   
Collerette
  T. n.f. sorte de petit collet que les femmes portent pour se couvrir la gorge & surtout les paysannes & les femmes de basse condition.
   
Collet
 

T. n.m. Partie de l'habillement qui joint le cou, qui se met autour du cou. On le dit premièrement du haut d'un pourpoint qui entoure le cou. Un collet de chemise. Un collet de manteau, est un morceau de drap qui regne sur le manteau le long des épaules. Dresser des collets montés. On ne voit ni fraises ni collets avant Henri II. son père avoit le cou nud : à remonter jusques à S. Loüis, les autres Rois l'ont eu de même, hors Charles le Sage, qu'on voit par tout représenté avec un collet d'hermine.
Collet, est aussi un ornement de linge qu'on met sur le collet du pourpoint pour la propreté. A l'égard des hommes, on l'appelle rabat. A l'égard des femmes, elles n'en portent plus, mais elles avoient ci-devant des collets montés qui étoient soutenus par des cartes, de l'empois, & du fil de fer. On appelle encore une vieille femme critique, un grand chaperon, un collet monté. Molière a fait un plaisant usage de ce mot dans les Femmes savantes, où il introduit Bélise, disant que le mot de sollicitude est bien collet monté.

   
Colliger
  T. v. Ramasser, recueillir, extraire. Il ne se dit principalement que des livres & des ouvrages. Ce savant a colligé, a ramassé tout ce qu'il a pu trouver. Cet écolier a extrait, a colligé tous les plus beaux passages de St Augustin.
   
Colombin, ine
  T. adj. Espèce de couleur qui est du violet lavé, du gris de lin entre le rouge et le violet.
   
Colombier
  n.m. En principe, le droit d'avoir un colombier n'appartenait qu'aux seigneurs haut-justicier, et en Dauphiné aux nobles. Les volières bâties sur piliers, le bas formant hangar ou étable étaient permises à tout propriétaire d'au moins 50 arpents de terre labourables. Les cahiers de doléances de 1789 sont plein de lamentations sur les dommages faits au récoltes par les pigeons et réclament, pour le moins, qu'ils soient tenus enfermés pendant les semailles.
   
Commode
 

T. adj. Terme qui, sous l'ancien régime désignait quelqu'un d'aisé, vivant sans difficulté financière.

   
Commune
  T. n.m. Le menu peuple. La commune s'émeut facilement. Communes au pluriel signifie le peuple de la campagne.
   
Comput
  T. n.m. Terme de chronologie. Il ne se dit que des supputations qui servent à régler le calendrier & les fêtes de l'église, comme le cycle solaire, le nombre d'or, l'épacte, l'indiction romaine, & le temps des fêtes mobiles aussi bien que des calendes, ides, quatre-temps, bissexte, &c.
   
Computiste
  T. n.m. Celui qui travaille au comput & à la composition du calendrier.
   
Condit
  T. n.m. Terme de pharmacie qui se dit de toutes sortes de confitures tant au miel qu'au sucre. Il y a un condit stomacal, purgatif & corrobatif qui diffère des opiates en ce qu'il y a plus de sucre, moins de poudre & plus de conserve & de syrop.
   
Contéours
  T. n.m. Espèce de farceurs ou bateleurs qui étoient en vogue avant le règne de François I & qui chantoient, jouoient des instrumens & récitoient des vers.
   
Contre-coeur
  T. n.m. Le fond d'une cheminée entre les jambages & le foyer. C'est aussi une plaque de fer ornée de sculpture qu'on met au milieu de la cheminée pour conserver le mur & répercuter la chaleur.
   
Contrebande
 

Acte contraire à la loi qui touchait en particulier le transport et la vente en fraude de denrées dont le commerce était réglementé, tels le sel ou le tabac. La contrebande était très répandue sous l'ancien régime notamment aux limites des pays de grande gabelle où le sel coûtait très cher.
En 1729 les peines étaient :
* peine de mort our contrebande faite par au moins 5 personnes armées
* 5 ans de galères et 1000 l. d'amende pour de la contrebande à moins de 5 et sans armes
* mort en cas de violence ou résistance
* galères perpétuelles en cas de résistance
* pour les femmes : amende, fouet, bannissement, incarcération....
* quant aux commis ou employés de la ferme coupables de complicité, ils étaient condamnés à mort.

   
Copter
  T. v. Faire battre le battant d'une cloche seulement d'un côté
   
Coquemar
  T. n.m. Ustensile de cuisine qui sert à faire bouillir de l'eau & cuire plusieurs choses. Les barbiers portent avec eux leur bassin & leur coquemar. On fait des coquemars de terre, d'étain, de cuivre, d'argent.
   
Corbillon
 

T. n.m. Panier à mettre des oublies, étroit par le milieu, large par les extrémités. On a gagné le corbillon de cet Oublieur. On le dit aussi d'un petit panier d'osier, où on présente les balles dans un jeu de paume. On le dit pareillement sur la mer d'un vaisseau semblable où l'on met le biscuit, qu'on donne à chaque repas pour un plat de l'équipape.
Corbillon, est aussi un petit jeu d'enfans où il faut répondre, & rimer en on. Ceux qui ne sauroient rimer en on, ou qui trouvent une rime qui a déja été dite, donnent un gage ; & à la fin du jeu on tire les gages l'un après l'autre sans choix, & l'on fait deux ou trois commandemens agréables, & capables de divertir la compagnie, à celui à qui est le gage, en disant j'ordonne à celui à qui appartient le gage touché de, &c. Celui à qui est le gage choisit des commandemens celui qu'il lui plaît de faire, & on lui rend son gage.

   
Cornet
  T. n.m. Petit cor de chasse qui est de cuivre, qui n'a quelquefois qu'un demi-cercle. Quelquefois il a plusieurs tours ou cercles pour faire circuler la voix. .
Cornet, se dit aussi d'un petit cor fait de corne qui sert à augmenter le cri, ou le son de la voix. Un cornet de vacher est fait d'une corne de vache. Un cornet de Postillon, lui sert à donner de loin le signal qu'on lui prépare des chevaux. Il faut un cornet pour parler à un sourd, lorsqu'il n'entend point si on ne lui parle à travers un semblable vaisseau de corne qui ramasse la voix.

Cornet
, est aussi un instrument de guerre des Anciens. Végèce, nous apprend que les Légions avoient des trompettes, des cornets & des buccines ; que lorsque les cornets sonnoient il n'y avoit que les enseignes qui obéissent, & non les soldats ; que quand les enseignes devoient marcher seules sans les soldats, on ne sonnoit que des cornets ; comme on ne sonnoit que des trompettes, quand il étoit question de faire marcher les soldats seuls, sans les drapeaux, pour quelque faction ou quelque ouvrage ; que c'étoient les cornets & les buccines qui sonnoient la charge & la retraite ; & que pendant le combat les trompettes & les cornets sonnoient ensemble.

Cornet
a bouquin, Instrument de Musique qui sert à soutenir un grand choeur dans un lieu vaste & étendu, comme dans les Cathédrales. Le cornet à bouquin est une espèce de grande flûte qui a sept trous, dont le septième est inutile. Il y en a de tout droits, faits d'une seule pièce de bois de cornier, ou de prunier. D'autres sont courbés, & de deux pièces. On les couvre de cuir pour les conserver. Le dessus est de deux pieds de long, & la basse de quatre. Le diamètre de sa patte est d'un pouce, celui de son bocal d'une ligne, & celui de chaque trou de quatre lignes. Il a l'étendue d'une octave. On peut jouer sur le cornet jusqu'à cent mesures sans respirer, parce qu'il dépense moins de vent qu'on ne fait avec la bouche, par la respiration ordinaire.

Cornet
, est aussi un des principaux jeux de l'orgue. Il y a le grand cornet qui a cinq tuyaux sur touche, & dix-neuf touches parlantes sans les dièses. Le petit cornet est un jeu qui a un troisième clavier séparé de celui du positif & du grand corps de l'orgue, lequel on appelle aussi cornet séparé, & n'a que dix-neuf touches qui jouent.

On appelle aussi cornets, plusieurs petits vaisseaux qui sont ordinairement de corne. Un cornet pour jouer aux Dez & au Trictrac.

Un cornet d'écritoire, est la partie de l'écritoire où on met l'encre.

On dit aussi des cornets de papier, lorsqu'on tortille du papier en pointe pour y enfermer quelque chose de menu, ou pulvérisé. Un cornet de dragée, un cornet de poivre.

Cornet a vantouser. C'est un instrument dont on se sert pour appliquer des vantouses.
Cornet de fayence, ou de porcelaine. C'est un vaisseau de fayence, ou de porcelaine, qui est fait en forme de cornet à jouer, & dont on se sert pour parer les coins des cabinets, ou ceux des cheminées. Les cornets de porcelaine sont bien plus chers que les autres.

Cornet, est aussi une espèce de pâtisserie faite de farine & de sucre, qu'on cuit entre deux fers comme une gauffre, & qu'on tortille à la manière d'un cornet de dez. On envoie quérir un plat de cornets pour boire du vin d'Espagne. Les cornets de métier pour le peuple se font seulement avec du miel.

Cornet de pourpre, est une espèce de pourpre ou de poisson servant aux teintures, qu'on appelle autrement porcelaine à cause de sa figure.
   
Cornette
 

T. n.m. Ce mot se disoit autrefois de toute sorte d'habillement de tête ; & on appelloit cornette de Moine, leur capuchon, cornette d'Avocats, de Docteur, le chaperon qu'ils portoient autrefois sur leur tête. La partie de devant de ce chaperon, ou bourlet, s'entortilloit sur la fontaine de la tête, c'est-à-dire, sur l'os coronal : & ce nom lui vient de ce qu'après avoir fait quelque tours, les extrêmités formoient sur la tête comme deux petites cornes. C'est encore maintenant une marque de magistrature, & on la porte pendante sur l'épaule, & le chaperon par derrière, comme en usent plusieurs Consuls, ou Echevins. On regardoit comme un grand désordre en 1495. que les Ecclésiastiques commençassent à la manière des Séculiers, de porter des chapeaux sans cornettes. Il fut ordonné qu'ils auroient des chaperons de drap noir, avec des cornettes honnêtes, & que s'ils étoient trop pauvres, ils auroient du moins des cornettes attachées à leurs chapeaux, & cela sous peine de suspension, d'excommunication, & de cent sous d'amende.

   
Cornouille
 

T. n.m. Fruit rouge & acide qui croît sur le cornouillier, & qui murit en Septembre. Les cornouilles sont rafraîchissantes, déssicatives & astringentes. On s'en sert dans la dyssenterie, & dans la diarrhee. On en fait une gelée semblable au cotignac, qu'on confit avec du sucre, & qui est sort bonne pour resserrer. On les confit aussi dans la saumure comme des olives.

   
Cornuau
  T. n.m. Mauvais poisson qui monte en Loire en très grande quantité en même temps que l'alose & si semblable qu'on peut y être trompé, si ce n'est qu'il est plus court. Les paysans et artisans en mangent pendant toute la saison.
   
Correcteur
  T. n.m. En termes de collège, est celui qui châtie & qui fouette les écoliers par l'ordre du régent ou du préfet.
   
Cosse
  T. n.f. Espéce de graine de navette un peu plus grosse que la navette ordinaire. On en tire une huile qui est bonne à brûler.
   
Cotillon
 

T. n.m. Diminutif de cotte. Petite jupe ou cotte de dessous. On le dit particulièrement de celle des enfans, des paysannes, ou des petites gens. On a troussé son cotillon pour lui donner le foüet. On dit qu'un homme aime le cotillon pour dire, qu'il aime les femmes. Il y a une danse qui s'appelle le cotillon.

   
Cotte
  T. n.f. Partie du vêtement des femmes, qui s'attache à leur ceinture, & qui descend jusqu'en bas. Il ne se dit plus qu'à l'égard des paysannes, ou personnes du peuple ; car les Dames de qualité l'appellent jupe, particulièrement celle qu'elles portent dessus, & qui est traînante. On dit encore à l'égard des enfans. levez votre cotte, troussez votre cotte.
   
Cotteron
  T. n.m. Petite cotte qu'on met par dessous les jupes pour être plus chaudement en hiver
   
Couche
  T. n.m. Bois de lit. Couche se prend aussi pour le lit entier mais en ce sens il est peu en usage. Se prend aussi figurément en morale pour le mariage. On dit d'une femme qu'elle a souillé la couche de son mari quand elle a commis adultère.
   
Couchée
  T. n.f. Gîte, lieu où l'on couche particulièrement en voyage. Nous avons plus loin à aller à la couchée que nous n'avons eu à la dînée. Il nous en a tant coûté pour la couchée, pour dire pour le gîte de l'hôtellerie. Le repas du soir y est ordinairement compris.
   
Couloire
  T. n.f. Passoire, vaisseau troué pour faire passer une liqueur, pour faire égoutter ce qui est trop humide.
   
Couperet
  T. n.m. Instrument tranchant, large & pesant, propre à couper des choses dures, comme des os, du bois, &c. Il sert particulièrement à la cuisine & à la boucherie pour couper les viandes, pour faire des hachis. Il sert aussi aux Menuisiers pour fendre du menu bois, pour faire des chevilles, des coins & autres choses
   
Courcelle
  T. n.f. Petite cour.
   
Courtil
  T. n.m. Petite cour ou jardin de campagne qui n'est point fermé de murs mais seulement de haies, de fagotage ou de fossés. On le dit aussi des bassecours où on fait le ménage de la campagne. On le dit aussi en quelques lieux des jardins.
   
Couvet
  T. n.m. Pot de terre ou de cuivre avec une anse, que les pauvres femmes remplissent de feu & mettent sous elles l'hiver.
   
Crachoir
  T. n.m. Sorte de vase qui sert à recevoir les crachats des personnes incommodées. En Hollande, où l'on ne peut souffrir de crachats sur les planchers, ils sont fort en usage. Les Religieux se servent aussi de crachoirs & les mettent en de certains endroits de leur église comme autour des autels & dans le choeur afin que l'on crache dedans & non sur le pavé. mais ces crachoirs ne sont pas comme ceux dont on se sert dans les maisons. Ce sont des espèces de petites auges de bois pleines de chaux vive.
   
Créat
  T. n.m. Terme de manège. Gentilhomme qui est élevé dans une Académie pour se mettre en état d'enseigner l'art de monter à cheval. Il sert aussi de sous-écuyer.
   
Crédence
  T. n.f. Chambre où l'on serre les vivres. D'où vient qu'on appelle quelquefois crédencier, un sommelier.
Se dit aussi du buffet qu'on dresse chez les grands, où on met toute leur vaisselle d'argent en parade, quand ils sont à table.
   
Crémaillère
  T. n.f. Instrument de fer plat & délié d'environ trois ou quatre pouces, ayant plusieurs crans ou hoches, qu'on attache à la cheminée pour y pendre des marmites, des chauderons qu'on veut mettre au feu. On dit proverbialement lorsqu'un homme change de maison ou prend son ménage, qu'on ira pendre la crémaillère chez lui, pour dire, qu'on ira manger & se réjouir chez lui.
   
Crémaillon
  T. n.m. Petit morceau de crémaillère qu'on attache à la grande soit pour l'allonger, soit pour faire cuire quelque chose à côté.
   
Crêpine
  T. n.f. Ouvrage à jour par le haut, par en bas pendant en grands filets ou franges, qu'on travaille avec des fuseaux. On en fait de fil, de laine, de soie, d'or ou d'argent. Crêpine est aussi un terme de rôtisseur & de boucher. C'est une manière de petite toile de graisse qui couvre la panse de l'agneau & qu'on étend sur les roignons, lorsque l'agneau est habillé.
   
Criée
  T. n.f. Publication en justice des choses à mettre à l'enchère ou au rabais. La criée des meubles exécutés se doit faire en place publique & les jours de marché.
Criée se dit plus particulièrement de cette formalité essentielle aux décrets qui consiste en 4 publications qui se font à la porte des églises paroissiales, des immeubles dont on poursuit la vente en justice.
   
Croc
  T. n.m. Ustensile de cuisine qui a plusieurs pointes où on attache de la viande. Le croc d'un juge de campagne est toujours bien garni de volaille, de gibier.
   
Crocans (ou Croquant)
  T. n.m. ou Croquant, nom de faction de paysans révoltés en quelques Provinces au-delà de la Loire pendant la ligue sous Henri IV. Il se fit en 1593. un soulevement de paysans dans le Périgord, le Limousin & le Poitou. Ils s'attrouperent, se firent des Chefs, & des Officiers, refuserent de payer les impots, coururent la campagne, & ne faisoient aucun quartier aux Gentilshommes qui tomboient entre leurs mains, pour se venger, disoient-ils, des violences qu'ils en avoient souffert, & des extorsions des Gouverneurs des villes & des châteaux. On leur donna le nom de Croquants, parce qu'ils croquoient, c'est le terme populaire, c'est-à-dire, qu'ils mangeoient & buvoient tout ce qu'ils trouvoient à manger & à boire dans les maisons des Gentilshommes, & que tout leur butin étoit employé à faire bonne chère.
   
Croisée
 

T. n.m. Fenêtre, grande ouverture qu'on laisse dans une muraille en l'élevant, pour éclairer les appartemens. On ne fait plus de croisée avec des méneaux, parce qu'ils défigurent tout un bâtiment ; c'est cependant de ces méneaux qui formoient une croix dans l'ouverture de la fenêtre d'où est venu le nom de croisée que les fenêtres re tiennent encore aujourd'hui. Une croisée partagée, est celle qui est à 4. à 6. ou 8. jours. Croisée cintrée, est celle dont la fermeture est en plein cintre, ou en anse de panier. On le dit aussi de la croisée de menuiserie.
On appelle croisée, le chassis de menuiserie qui sert à boucher cette ouverture, avec les vitres & volets qu'on y applique

   
Cueilloir
  T. n.m. Petit panier long d'environ un pied, large de cinq à six pouces, n'ayant point d'anses, & fait pour l'ordinaire d'osier verd assez grossièrement rangé. C'est dans ces sortes de cueilloirs que les gens de la campagne apportent au marché leurs prunes, cerises, groseilles, &c
   
Dame
 

T. n.f. Le terme de dame ou madame fut d'abord réservé aux femmes nobles ou aux abbesses pour les distinguer du bourgeois & du peuple, les roturières étant appelées demoiselle ou mademoiselle.
Etre damée signifiait avoir été appelée madame par le roi et conférait le droit de porter ce titre. A la cour, dames d'atour, d'honneur, du palais... étaient nombreuses.

   
Débridée
  T. n.f. Prix qu'on paye à l'hôtellerie pour un cheval lorsqu'on ne s'y arrête que le temps de son dîner. On le dit aussi d'une grande compagnie qui descend chez quelqu'un. Il a eu toute la débridée, c'est-à-dire ils ont tous logé chez lui.
   
Décri
  T. n.m. Défense par un cri public & par autorité du Juge d'exposer certaine monnoie, de porter des dentelles d'or ou d'argent, & de certaines manufactures. On n'oseroit exposer de la monnoie légère après le décri qu'on en a fait. Les manufactures exposées après le décri sont sujettes à confiscation.
   
Défrai
  T. n.m. Payement de la dépense d'une maison, d'un équipage.
   
Degrés
 

Les 4 grades décernés par les universités : Maitrise ès arts ; baccalauréat ; licence ; doctorat. Généralement il fallait 2 ans de philosophie pour atteindre le niveau maitrise, suivis de 3 ans de théologie pour le baccalauréat, deux ans pour la licence, et 4 thèses au doctorat même si selon les universités les usages pouvaient légèrement différer.

   
Déliot
  T. n.m. C'est un petit bonnet de cuir blanc, dont les velineuses couvrent le bout de leur pouce, pour travailler au point de France. On se sert du déliot comme on se sert du dé à coudre, excepté que le déliot se met au pouce, & en couvre environ autant qu'en emporte l'ongle. Il sert à pousser l'aiguille à velin, qui est si fine, que le cul en entreroit dans la chair sans ce secours
   
Démarier
 

T. n.m. Casser ou annuller un mariage. On démarie ceux qui sont mariés, lorsqu'ils sont parens au degré prohibé, ou qu'il y a quelque autre empêchement dirimant. Il y a eu des gens qu'on a démariés par impuissance, qui se sont mariés valablement ailleurs. Il y a bien des personnes raisonnables qui se voudroient démarier, s'il étoit en leur pouvoir.

   
Demoiselle
 

T. n.m. Femme ou fille d'un Gentilhomme qui est de noble extraction.Cette personne est bien Demoiselle, quoiqu'elle soit pauvre, elle est fille de Gentilhomme, elle est veuve d'un Noble de Province. Les femmes d'Avocats tenoient autrefois à grand honneur d'être appellées Demoiselles : maintenant elles se font appeller Madame.
Autrefois on disoit Damoiselle, & on trouve encore ce mot dans des actes, comme contrats, &c.
Demoiselle, se dit aujourd'hui de toutes les filles qui ne sont point mariées, pourvu qu'elles ne soient pas de la lie du peuple, ou nées d'Artisans. Ces deux belles Demoiselles sont filles d'un Marchand, d'un Procureur. Ce nom ne se donnoit autrefois qu'aux filles des Princes & des Grands Seigneurs, des Barons & des Chevaliers, qui n'étoient point mariées. Et ce mot vient du Bas-Breton, ou ancien Gaulois, où on disoit Demoiselle en la même signification.
Demoiselle, se dit aussi d'une fille qui est à la suite ou au service d'une Dame. Les Demoiselles suivantes sont les confidentes de leurs maîtresses.
Demoiselle, est aussi un ustensile qu'on met dans le lit pour échauffer les pieds d'un vieillard. C'est un fer chaud qu'on met dans un cylindre creux, qu'on enveloppe dans des linges, & qui entretient long-temps sa chaleur ; quelques-uns l'appellent moine.

   

Denier

 

Pièce de monnaie jusqu’en 1649 et unité de monnaie de compte valant le 12ème d’un sou et le deux cent quarantième d'une livre. Par extension, argent de quelque espèce et de quelque valeur que ce fût.

   
Denier fort
  T. n.m. Denier fort, ou fort denier, terme usité dans les recettes du Roi, se dit d'un ou deux deniers qu'on donne quelquefois de plus en payant les droits du Roi au Bureau. Un particulier, par exemple, veut faire entrer cinq livres de marchandises, qui doivent cinq deniers pour livre de droits. Sur ce pied il revient au Roi 2 s. 1 d. juste ; mais comme on ne peut pas faire 2 s. 1. d. juste, à cause de la valeur des petites monnoies, le particulier est obligé de donner 2 s. 3 d. qui est 2 d. de plus, c'est ce qu'on appelle denier fort.
   

Denier vingt

 

L’intérêt d’une somme : placer un capital au denier 20 équivaut à le placer à 5 % (rapport d'un denier pour 20 engagés)

   
Département
 

T. n.m. Département, se dit de quelques endroits d'une maison qu'on assigne à quelqu'un pour y loger. Le plus haut étage d'un logis est le département ordinaire des écoliers, des domestiques.

   
Dépense
  T. n.m. Dépense, ou Gardemanger, est un lieu proche de la cuisine, où on serre les provisions de la table, & ce qui y sert ordinairement. Chez les grands Seigneurs on l'appelle office. La dépense est une pièce du département de la bouche.
Dépense, se dit aussi du petit vin qu'on donne à boire aux valets, qu'on fait avec de l'eau qu'on fait cuver sur le marc pressuré : ce qu'on appelle en quelques lieux boire, ou beuvande.
Dépense sur mer. C'est le lieu où le maître valet tient les vivres qu'il distribue. Dans les navires de guerre, on place ordinairement la dépense au fond de cale, proche la cuisine, &;il y a une ouverture par laquelle on donne les vivres ; mais dans les Vaisseaux marchands, la dépense est plus souvent placée à la même hauteur que la cuisine. Dans un vaisseau de cent trente-quatre pieds de long de l'étruve à l'étambord, la dépense doit avoir cinq pieds & demi de long, & cinq de large.
   
Devantière
  T. n.f. Sorte de long tablier ou de jupe fendue par derrière que les femmes portent quand elles montent à cheval jambe de-ça, jambe de-là.
   
Disette
  La disette fut un phénomène assez courant dans la France d'ancien régime du fait de la faible production agricole et de la manière déplorable dont les grains étaient gérés.
   
Doctorat
  Grade le plus élevé qu'il eût été possible d'obtenir dans une faculté.
   
Domestique
  Sous l'ancien régime, il s'agit soit d'un homme faisant partie de la maison (familier du maître du logis), soit d'un homme qui reçoit des gages pour des fonctions d'ordre inférieur. Loin d'être méprisée, la domesticité de la première catégorie a quelque chose de noble et d'envié. Chez le roi et les grands seigneurs, écuyer, chambellan, échanson, page, précepteur sont des domestiques et leurs postes sont avidement recherchés.
Les choses sont un peu différentes pour la seconde catégorie car les domestiques sont parfois vus avec défiance par la police et plusieurs ordonnances tentent de réglementer la profession en leur interdisant de quitter un service sans lettre de congé sous peine d'être accusé de vagabondage ou en leur interdisant d'être armé en ville. Le vol domestique est puni de mort et en cas de grossièreté ou d'insolence envers le maître carcan et bannissement peuvent être prononcés.
   
Drageoir
  T. n.m. Petite boite en forme de montre que les dames portoient autrefois à la ceinture par ornement où elles mettoient les dragées.
   
Drague
  T. n.f. Outil qui sert à tirer du sable des rivières, à curer les puits & à tirer les immondices de quelque endroit. C'est une espèce de pelle de fer ayant une perche ou un long manche de bois, qui a des rebords des trois côtés & plate par le devant pour enlever ce sable & ces ordures.
   
Dressoir
  T. n.m. Espèce de buffet qu'on dresse à côté pour le service de table où on met le vin, les verres, la vaisselle, &c.
   

Ecartèlement

  T. n.m. Supplice en usage dans la jurisprudence criminelle de l'ancien régime. Rare, il ne s'ordonnait que pour un régicide, mais s'accompagnait alors du brûlement de la main, tenaillement, et du versement dans les plaies d'huile bouillante et de plomb fondu...
   
Ecritoire
  T. n.f. Espèce d'étui où l'on serre les choses nécessaires à écrire, & particulièrement le canif, les plumes, l'encre & la poudre. Il y a de grandes écritoires de cabinet, de petites écritoires pour la poche. Les écoliers se battent à coups d'écritoire. Les Nobles appellent par mépris les gens de robe, des gens d'écritoire.
   
Ecuelle
  T. n.f. Ustensile de table, petit plat sans bord qui sert d'ordinaire à prendre un bouillon ou à préparer du potage pour quelqu'un.
   
Emotion
  n.f. Révolte populaire
   
Embouchoir
  T. n.m. Instrument qui sert à élargir des bottes. Il est fait d'un morceau de bois en forme de botte, fendu en deux.
   
Embut
  T. n.m. On s'en sert dans le Languedoc pour dire un entonnoir.
   
Emplacement
 

T. n.m. Ce mot se dit dans les greniers des Gabelles, quand on y décharge du sel. L'Ordonnance veut que les Officiers des Gabelles soient présens à l'emplacement & mesurage du sel.
On dit aussi emplacement, pour l'espace de terre dans lequel on peut faire bâtir. Il y a bien de l'emplacement dans un tel hôtel, dans un tel jardin. L'emplacement coûte souvent à Paris plus que le bâtiment, c'est-à-dire, qu'il en coûte plus d'argent pour avoir un terrain commode & dans un beau quartier, que pour y faire bâtir une maison. Je crois qu'emplacement en ce dernier sens, est un mot différent de celui qu'on emploie dans les greniers à sel, & que l'un doit s'écrire emplacement, comme venant du mot François place, platea, locus ; l'autre, emplassement, dont l'origiine pourroit bien être Grecque, du verbe entre autres choses, entasser, mettre en tas.

   
Encharté
  T. n.m. Prisonnier
   
Encorneter
  T. v. C'est mettre dans un cornet fait de papier. Ces sortes de cornets servent aux épiciers, vendeurs de grains, & d'autres choses.
   
Engageant
  T. n.m. Noeud de ruban de couleur que les jeunes demoiselles portent sur le sein.
   
Engageante
  T. n.m. C'est une sorte de manches de toile ou de dentelle, qui pendent au bout du bras. Elles font partie de l'habillement des femmes.
   
Enger
  T. v. Produire quelque méchante engeance. Embarrasser, charger. Ce lit est tout engé de punaises. Ces vieux meubles nous engeront de vermine.
   
Enfant trouvé
  Si l'abandon d'enfant -ou exposition- est considéré comme un crime par la législation, il n'en reste pas moins très fréquent sous l'ancien régime. On le dépose devant la porte d'un notable, d'une église, à Paris dans un tour, voire même simplement dans la rue afin qu'il soit recueilli.
En campagne, ces enfants trouvés sont en principe à la charge du seigneur haut justicier du lieu mais cette loi est bien mal respectée et ce sont souvent les paroisses qui héritent du fardeau.
Au 17e siècle, un souci humaniste voit le jour et des établissements spécialisés apparaissent imitant celui ouvert en 1638 par Vincent de Paul.
Légitimes ou illégitimes, tous les enfants sont concernés par l'abandon y compris chez les bourgeois, et si nombre d'entre eux semblent l'être avec l'intention (réelle ou pas) de "le reprendre" plus tard (on laisse une marque permettant de l'identifier), cette intention sera rarement suivie d'effet, le taux de mortalité étant extrèmement élevé.
   
Enrôlement
  T. n.m. Action par laquelle on enrôle. Il s'est fait un grand enrôlement de soldats en telle province. Il signifie aussi l'acte, la feuille où l'enrôlement est écrit.
   
Epinette
  T. n.f. Instrument de musique qui tient le premier ou le second rang entre les instrumens harmonieux.L'épinette joue par le moyen d'un clavier composé de 49 touches, qui sont autant de morceaux de bois longs & plats arrangés selon l'ordre des tons & demi tons de musique, qui tandis qu'on les touche par un bout, font de l'autre élever un sautereau, lequel fait sonner les cordes. Les 30 premières cordes sont de laiton, les autres sont d'acier ou de fil de fer.
   
Escoffion
  T. n.m. Terme populaire qui se dit de la coëffure des femmes du peuple ou des paysannes, des femmes coëffées malproprement. Les harangères qui se querellent s'arrachent leur escoffion.
   
Estaminet
  T. n.m. Espéce de cabaret à biére où l'on va boire & fumer à tant par tête. On boit & fume à discrétion dans les estaminets. En Flandres les plus gros Marchands vont à l'estaminet ; ils s'assemblent là pour parler de leur négoce & de leurs affaires. On appelle autrement ces sortes de lieux tabagies.
   
Estorer
  T. v. On se sert de ce mot en Normandie pour dire se pourvoir, faire sa provision.
   
Estrain
  T. n.m. Côte de la mer qui est plate & sablonneuse.
   
Estrapontin
 

T. n.m. Quelques-uns disent strapontin. Petit siége qu'on met au devant d'un carrosse coupé. Quand on mène des personnes que l'on considère, il faut leur donner le fond, & se tenir sur l'estrapontin.

   
Etape
 

T. n.m. Place publique où les Marchands sont obligés d'apporter leurs marchandises pour être achetées par le peuple. A Paris l'étape est à la Grève devant l'Hôtel-de-ville. Les Marchands de vin de dehors sont tenus de faire venir leurs vins sur l'étape ; & les Taverniers qui vendent à hui coupés & pots renversés, sont tenus d'y en faire venir un tiers par l'Ordonnance des Aides.
Étape, en termes de Guerre, est une fourniture & distribution de vivres & de fourrage à des troupes qui sont en marche. L'étape a été établie pour empêcher que les soldats ne foulent le paysan qui les loge. L'étape se fournit pour tant de places & de rations pour chaque compagnie. Une partie de la taille étoit ci-devant imposée sous le nom d'étape.

   
Eteignoir
  T. n.m. Petit morceau de fer blanc tourné en cône qu'on met au bout d'un bâton pour éteindre les cierges.
   

Eteuf

  T. n.m. Balle du jeu de longue paume fort petite, fort dure, remplie de son, & couverte ordinairement de cuir. Celui qui fait les éteufs ou balles à jouer à la paume est un éteuffier.
   
Etudiole
  T. n.m. C'est un petit buffet posé sur une table qui a plusieurs tiroirs & qui est commode aux gens d'étude pour y serrer leurs papiers, ou mémoires.
   
Eventoir
  T. n.m. Gros éventail d'osier dont on se sert pour éventer les charbons quand on fait griller ou rôtir quelque chose.
   
Faculté
 

n. f. Une université se composait le plus souvent de 4 facultés : droit, médecine, arts et théologie.

   
Falot
  T. n.m. Espéce de grande lanterne que l'on porte ordinairement au bout d'un bâton, ou d'un manche de bois. On appelle aussi falots, des lumières qu'on allume pour éclairer dans les cours & lieux spacieux, qui sont dans des vases pleins de suif, ou autres matières combustibles.
   
Fauxbourg
 

T. n.m. La partie d'une ville qui est au-delà de ses portes, & de son enceinte, ou les bâtimens qui sont sur les avenues de la ville. On a déja enfermé plusieurs fois les Fauxbourgs de Paris dans la ville. Les places de guerre ne doivent point avoir de fauxbourgs.
On disoit autrefois forsbourg, comme qui diroit hors le bourg, ou hors de la ville, d'où est venu ce mot par corruption. On trouve forsbourg dans quelques anciens livres.

   
Fayance
  T. n.m. Espéce de poterie fine faite de terre vernissée dont l'invention est venue de Fayence, ville d'Italie auprès de Boulogne. On fait de fort belles fayances à Nevers & en Hollande, qu'on appelle fausses porcelaines & qu'on a quelquefois de la peine à distinguer des vraies. On a établi en France beaucoup de manufactures de fayance. La propreté va jusqu'au point de paver des cabinets de fayance.
   
Fénestra
  T. n.m. Fête fameuse à Toulouse.
   
Ferme
  T. n.f. Petit Domaine de campagne, métairie ou héritage consistant en terres, prés, vignes, bois. Il y a plusieurs fermes, ou métairies qui dependent de cette maison, ou château.
Ce mot vient originairement de firmus. Firma a signifié dans la basse Latinité, un lieu clos & fermé. On appelle encore en certaines Provinces closeries, ce qu'on appelle ailleurs une ferme, c'est le sentiment de Ménage. Spelman & Skinner dérivent ce mot des langues du Nord. Feorm, & feorme, signifie nourriture dans la langue des Anglo-Saxons, & dans la même langue, fearman, & feorman, veut dire fournir ce qui est nécessaire à la vie, & comme autrefois les gens de la campagne payoient leurs Maîtres en denrées, & non pas en argent, on a appellé ferme le lieu qui fournit les denrées à son Maître, ou à son Seigneur.
Ferme, est aussi un bail ou louage qu'on fait d'héritage, ou de toutes sortes de droits, moyennant certains prix ou redevances qu'on paye tous les ans au propriétaire. La ferme d'une telle Seigneurie, d'un tel champart, d'une telle forge.
Ferme a signifié non seulement le domaine qu'on loue, mais la somme qu'on en retire par an, le prix qu'en donne le locataire.
   
Ferrement
  T. n.m. Qui se dit de toutes sortes d'outils de fer qui servent à forcer ou à crocheter des portes. Les voleurs de nuit qu'on saisit avec des ferremens méritent la corde. Ferremens se dit aussi de tous les fers dont se servent les chirurgiens pour trépaner, scier les membres, sonder les plaies, arracher les dents, &c. & même de la plupart des outils des artisans.
   
Ferrer
  T. v. C'est un terme de Conciergerie, qui signifie Donner les fers à un prisonnier. L'Ordonnance se sert du terme d'attacher les fers aux pieds ; mais les Geoliers disent ferrer, qui est plus court. C'est un mauvais préjugé pour un accusé, quand on s'avise de le ferrer pendant l'instruction de son procès.
   
Ferrière

 

 

T. n.f. Sac de cuir, que ceux qui ont équipage portent à la campagne, pour referrer les chevaux qui ont perdu leurs fers, quand cela arrive en des lieux éloignés de Maréchaux. On y met un brochoir, des tricoises, des clous à pointes, & des fers à tous pieds, dont on se sert au besoin.
Ferrière, est aussi une grosse bouteille de métal, & ordinairement d'argent, dans laquelle on porte du vin chez le Roi. Elle est carrée, ou demi-ronde d'un côté, & plate de l'autre. On en orne les buffets, & les Dames en mettent de petites sur leurs toilettes ; elles sont remplies de fleur d'orange. La ferrière n'est differente du flacon que par la figure. Dans Rabelais la ferrière est un flacon de cuir.
   
Feu
 

T. n.m. Feu, signifie quelquefois la cheminée. Il y a tant de feux en cette maison ; c'est-à-dire, tant de chambres à feu, à cheminée. Quelquefois il se dit du feu actuel qu'on entretient dans un atre. Il me faut vingt voies de bois par an, car j'ai toujours deux feux jour & nuit. Quelquefois il se dit des ustensiles qui servent à attiser, détiser, entretenir & souffler le feu, comme grille, pelle, pincettes, tenailles, soufflet. Un feu garni d'argent.
Feu, se dit assez ordinairement d'un ménage de toute une famille. Il y a tant de feux en cette Paroisse. Le beau pere & son gendre ne font qu'un feu ; c'est-à-dire, vivent ensemble, ne font qu'un ménage.

On a souvent tenté de déterminer le nombre moyen de personnes composant le feu, afin de pouvoir dénombrer les habitants d'une localité ou d'une région et le coefficient multiplicateur varie en général de 4,5 et 5,5, même s'il faut ensuite tenir compte des brusques périodes de déclin ou d'essor démographique qui peuvent ponctuellement faire varier ce coefficient.
   
Fiacre
  T. n.m. C'est un nom qu'on a donné depuis peu aux carrosses de louage, du nom d'un fameux loueur de carrosses qui s'appelloit ainsi ; ou plustôt, comme l'atteste M. Ménage, & dont il se dit témoin oculaire, du nom de l'image de S. Fiacre qui servoit d'enseigne à un certain logis de la rue S. Antoine de Paris, où l'on a premièrement loué ces sortes de carrosses. Quoi qu'il en soit, quand on parle d'un carrosse mal-propre, ou mal attelé, on l'appelle par mépris un Fiacre. On dit aussi d'un homme par mépris & par dédain, C'est un Fiacre. Cela est très-bas. On appelle Fiacre, tant le cocher que le carrosse de louage. On ne le dit que des carrosses qui tout le jour sont sur la place ; c'est-à-dire, dans certaines places publiques de Paris : car les carrosses de louage qui sont dans les maisons, s'appellent carrosses de Remise, & non pas fiacres.
   
Fichet
 

T. n.m. Quelques-uns appellent de ce nom un petit morceau de papier pointu, dont on se servoit ci-devant pour cacheter les lettres. On mettoit ce fichet dans le trou qu'on faisoit à la lettre avec la pointe du canif, lorsqu'elle étoit pliée, & puis on le cachetoit. Cette mode est à peu près passée, & n'est restée que dans les Communautés qui gardent leurs anciens usages.

   
Finage
  T. n.m. Etendue d'une jurisdiction ou territoire jusqu'aux confins d'une autre. Cette maison, cette seigneurie est dans le finage de cette élection, de ce présidial, de cette paroisse.
   
Fleuret
  T. n.m. Épée dont la lame est carrée & émoussée, ayant le bout couvert d'un bouton de cuir, qui sert à escrimer, ou à apprendre à tirer des armes. Les parties du fleuret sont la poignée, le pommeau, la soie, la garde, la lame, le bouton. Fleuret de leçon, c'est le fleuret de l'Écolier qui n'a point de garde. Tenir le fleuret de bonne grace. Présenter le fleuret. Faire un coup de fleuret. Il y a bien de la différence de se battre au fleuret, ou avec l'épée blanche.
Fleuret, est aussi le cocon de la soie, l'enveloppe de la vraie soie. Il est blanc, & la vraie soie est jaune.
Fleuret, signifie aussi du fil fait de la bourre de soie, qu'on mêle avec de la soie ou de la laine en beaucoup d'étoffe & de passemens. On appelle aussi du ruban qui est fait de ce même fil.
Fleuret, est aussi le nom d'un pas qu'on fait à la danse ; ou plustôt ce sont trois pas joints ensemble, mais il n'y a qu'un mouvement, c'est la bourrée des Basques.
   
Fouace
  T. n.m. Pain cuit sous les cendres, ou sorte de pain blanc que les Boulangers cuisent à Dijon la veille de Noël, & dont ils font un très-grand débit, parce qu'il n'est pas jusqu'aux plus pauvres gens qui, à l'honneur de la fête, ne veuillent manger de la fouace. Ce qu'on a dit aussi de quelques gâteaux ou galettes, telles qu'on en fait aux villages. On les appelle en quelques lieux Fougasse. Le marchand de fouace s'appelle fouacier
   
Fouailler
  T. n.m. On appelle ainsi en Basse-Normandie ce qu'on appelle ailleurs un bucher, c'est-à-dire, le lieu où l'on met le bois.
   
Fouée
 

T. n.m. Terme populaire qui signifie le feu d'un four qu'on chauffe. Le peuple appelle une galette à la fouée, celle qu'on jette à la gueule d'un four dans le temps qu'on le fait chauffer pour cuire le pain. Les meres des gens du commun qui vont au four, font cuire des galettes à la fouée pour leurs enfans.

   
Fouet
 

Peine prononcée contre des personnes de basse condition, souvent des femmes car les hommes étaient envoyés aux galères. Le fouet se donnait par le bourreau sur la place publique.

   
Fougasse
  T. n.f. se dit en Provence & en quelques autres Provinces, pour ce qu'on appelle ailleurs Fouasse ; & même le mot de fougasse approche davantage de l'étymologie focatia, quasi panis coctus in foco, du pain cuit au feu.
   
Fourgon
  T. n.m. Espéce de charrette dont on se sert pour porter du bagage & des munitions, soit à la campagne, soit à l'armée. Elle est d'ordinaire à 4 roues & chargée d'un coffre couvert de planches en dos d'âne.
Fourgon est aussi une pièce de fer emmanchée qui sert à disposer le bois pour chauffer le four.
   
Fournil
  T. n.m. Le lieu où est le four dans les maisons particulières.
   
Franc
 

T. n.m. Signifie une pièce d'argent qui valoit vingt sols autrefois, ou le tiers d'un écu. Le Franc d'or étoit le même que la livre d'or, 20 sous. A présent c'est une monnoie de compte. Cent francs, c'est autant de vingt sols ou de livres. Un sac de mille francs. Quoique franc & livre soient purement synonymes, l'on ne les emploie pas indifféremment. On ne dit point, Il a vingt mille francs de rente, mais vingt mille livres de rente. Francs ne se met point avec mille & rente. On dit au contraire, Sa maison lui a couté vingt mille francs.
Il faut pourtant remarquer qu'en Lorraine, à Nanci, &c. il y a une grande différence entre franc & livre ; car cent livres valent cent fois 20 sols, mais cent francs ne valent que cent fois huit sols & demi, chaque franc ne valant que 8 sols 6 deniers.

   
Franche de Caen
  T. n.f. C'est ainsi qu'on nomme en Normandie la foire qui commence à Caen le lendemain de Quasimodo & qui dure 15 jours.
   
Frérèche
  Communauté qui rassemblait une famille au sens large du terme (parents, enfants, frères, soeurs, cousins....) ou une association contractuelle d'individus vivant sous le même toit avec pour objectif de tirer leurs moyens de subsistance d'une exploitation agricole.
   
Frison
  T. n.m. Jupe fort courte qu'on met au-dessous des autres pour tenir chaud & qui étoit anciennement de frise, qu'on a fait depuis de ratine, d'ouate, de fourrures & autres étoffes qui conservent la chaleur.
   
Frustratoire
  T. n.m. On appelle ainsi du vin où l'on a mis du sucre, & de la muscade & qu'on boit quelquefois à la fin du repas.
   
Futaille
  T. n.m. Vaisseau où on met le vin ; & se dit particulièrement de celle qui a déja servi. Le peuple appelle par raillerie une vieille femme, une vieille futaille.
   
Gable
  T. n.m. Le bout d'une maison
   
Gagier
  T. n.m. Marguillier d'un village.
   
Gale
  T. n.f. Maladie. Il y a deux sortes de gale, la grosse & la petite. La petite est bien plus dangereuse & plus tenace que la grosse. Elle est très-commune en Bretagne. Quand les Bas-Bretons viennent à Paris, s'ils n'ont pas la gale, ils ne manquent presque jamais de l'avoir quelque temps après qu'ils sont arrives.
   
Galetas
 

T. n.m. Étage pris dans un comble ; grenier ou lieu qui touche à la couverture du logis. Chambre en galetas, est celle dont le plancher n'est pas carré, mais lambrissé pour couvrir les chevrons & les tuiles. Il y a bien des savans logés dans un galetas.

   
Galoche
 

T. n.m. Chaussure de cuir, ou couverture de soulier pour le tenir plus propre, ou pour avoir le pied plus sec.
On appelle encore Galoche une espèce de souliers dont le dessus est de cuir, & dont un même morceau de bois forme la semelle & le talon.

Au Collége, on a appellé Galoches, les écoliers qui ne sont pas logés dans le Collége, parce qu'ils portoient des galoches, pour se défendre du froid & des crottes.
Et même à la Cour on a appellé Galoches, les filles de la Reine qui n'étoient pas logées dans le Louvre.

   
Galvardine
  T. n.f. Sorte d'habillement. Quelques uns disent que c'est une jaquette de paysan. D'autres prétendent que c'est une cape pour la pluie, comme on en porte dans le Béarn.
   
Gamaches
  T. n.f. Bottines ou bas de drap ou de toile cirée qu'on met par dessus les autres pour les garantir des crottes & qui s'attachent avec des boutons ou agrafes.
   
Gazette
 

T. n.f. Petit imprimé, cahier, feuille volante, qu'on débite toutes les semaines, qui contient des nouvelles de toutes sortes de pays. Gazette de France, de Hollande, d'Angleterre, de Flandres, de Brusselles, &c.

La gazette, que la pluspart des gens regardent comme peu de chose, est un des plus difficiles ouvrages qu'on ait entrepris de nos jours. Il demande une connoissance fort étendue de notre langue & de tous ses termes, une grande facilité d'écrire, & de narrer nettement & en peu de mot. Il faut pour bien faire la gazette, sçavoir parler de la guerre sur mer & sur terre, & ne rien ignorer de ce qui regarde la Géographie, l'histoire du temps, & celle des familles illustres, la Politique, les intérêts des Princes, le secret des Cours, les moeurs & les coutumes de toutes les nations du monde. Il n'y a point d'ouvrage qui puisse servir davantage à instruire les jeunes gens qui entrent dans le monde, qu'une gazette bien faite & bien écrite.
On appelle figurément Gazette, une femme qui sait toutes les nouvelles de son quartier, & qui les va débiter en tous les lieux de sa connoissance. En ce sens, il ne se prend qu'en mauvaise part.

   
Genetin
  T. n.m. C'est une sorte de vin blanc qui vient d'Orléans. Nous avons bu de bon génetin
   

Gens sans aveu

  Individus ne disposant pas de personnes respectables capables de se porter garantes pour eux : clochard, vagabond.
   
Gibet
 

T. n.m. Lieu destiné pour éxécuter les criminels, ou le lieu où on expose leurs corps au public. Mener au gibet. Montfaucon est le gibet de Paris. Les fourches patibulaires sont aussi des gibets, qui ont diverses marques, ou nombre de piliers, suivant la qualité des Justices. On appelle la potence particulièrement le gibet. Voilà un méchant homme, qui a la mine de mourir au gibet. La fausse monnoie conduit au gibet.

   
Gimblette
  T. n.f. Petite pâtisserie ronde fait en forme d'anneau, dure & sèche, & ordinairement parfumée.
   
Glacière
  T. n.f. Lieu sous terre & bien fermé où l'on serre l'hiver de la glace pour la conserver pendant l'été.
   
Goître
  T. n.m. Terme de Médecine. Enflure fort grosse qui vient à la gorge, ou grosse tumeur qui se produit au-devant du col ; elle est molle, pendante & mobile. On guérit cette maladie en fondant la tumeur avec l'emplâtre Diabotanum, ou en l'extirpant. Quelques-uns écrivent Goêtre, mais on doit écrire & prononcer goître, gouêtre. Les habitans des Alpes sont sujets aux goîtres, à cause des neiges fondues qui rendent les eaux qu'ils boivent mal-saines.
   
Grégue
  T. n.f. Haut de Chausses qui serre les fesses & les cuisses que tous les hommes portoient au siècle passé. Les pages ont porté plus longtemps que les autres des grégues sous le nom de trousses ou de culottes. Ainsi le mot de grégues n'est plus en usage que dans le style burlesque.
   
Grenier à sel
 

On appelle Grenier à sel, le lieu où on serre, & où on débite le sel au nom du Prince. Il y a des greniers d'impots, & des greniers volontaires. C'est encore la Jurisdiction qui est établie pour juger des différens qui arrivent, & des malversations qui se commettent sur le transport, ou le débit du sel, & pour les droits du Roi. C'est Philippe VI. dit de Valois, qui en 1331. établit les greniers à sel, & qui obligea le premier les peuples de certains pays à prendre du sel en ces greniers.
Grenier se dit aussi d'une armoire où les marchands greniers ou grenetiers mettent leurs grains

   
Grille de feu
 

T. n.f. Se dit des chênets attachés par une barre de fer, qu'on met dans les âtres entre deux chênets, pour soutenir les tisons, & faire mieux brûler le bois.

   
Grimace
  T. n.f. Boite couverte d'étoffe dont les dames se servent à leur toilette & au couvercle de laquelle il y a une pelotte pour mettre des épingles.
   
Grimoire
  T. n.m. Livre, dans lequel on prétend qu'il y a des conjurations propres pour faire évoquer infailliblement les Démons.
Grimoire, se dit aussi de tout livre ou écrit obscur, & en galimatias, où on n'entend rien. Il faudroit être bien habile homme pour entendre le grimoire de ce Chymiste.
   
Guayer
 

T. v. Passer un ruisseau, une rivière ou un marais, qui se peuvent passer à gué & sans bateau.

   
Gué
 

T. n.m. Lieu où l'on peut passer un ruisseau, une rivière, un marais sans bateau, sans nager & sans s'embourber. Un bon Capitaine doit savoir tous les gués d'une rivière qui couvre son camp.
On dit en Normandie, & en quelques autres provinces. Le grand vé & le petit vé, près de Carentan, &c. pour dire, le grand gué & le petit gué.

   
Guêtre
 

T. n.m. Bas de Paysan fait de grosse toile, ou de treillis, qui n'a point de semelle, mais qui couvre seulement la jambe, & tombe sur le soulier. D'autres que les Paysans portent des guêtres. On en prend quand on va à la chasse, soit à pié, soit à cheval, ou même dans un voyage, sur-tout quand il n'est pas long, & qu'il n'y a pas d'apparence de mauvais temps. Il y a des guêtres de coutis, ou de toile, qui sont propres.

   
Guinguette
 

T. n.f. Ce terme est nouveau & bas, mais il est fort en usage. Il a pris naissance avec le siècle. On entend par-là un petit cabaret dans les fauxbourgs & les environs de Paris, où les Artisans vont boire, l'été, les Dimanches & les Fêtes. Les honnêtes-gens appellent quelquefois du nom de guinguette une petite maison simple & propre qu'ils ont dans les fauxbourgs & aux environs de Paris.

Vaugirard est un village tout près de Paris, qui n'est composé presque que de guinguettes & de tavernes. On est surpris du grand concours de petit peuple de Paris, que l'on y voit les Fêtes & les Dimanches, sur-tout le jour de S. Lambert....
Ce mot vient apparemment de ce qu'on ne vend dans ces cabarets que de méchant petit vin verd, que l'on appelle ginguet, tel qu'est celui qui se recueille aux environs de Paris.

   
Halle
 

T. n.f. Place publique où on tient ordinairement les marchés de toutes sortes de denrées dans les villes & dans les bourgs. On le dit plus particulièrement d'un grand couvert où les Marchands mettent à l'abri leurs marchandises. A Paris il y a la halle au blé, la halle aux poirées, & la halle couverte, où on vend le poisson. La halle aux toiles, aux cuirs. On dit aussi les piliers des halles, où demeurent les Frippiers. La halle au vin.
Le hallier est le marchand qui étale aux Halles

   
Haquet
  T. n.m. Charrette qui n'a point de ridelles, & qui fait la bascule. Il sert à charger du vin, du fer & des ballots, dans les villes, & dans les lieux où il n'y a pas de grands cahots à craindre. On s'en sert aussi dans l'Artillerie pour porter les pontons de cuivre. Le conducteur de haquet est le haquetier
   
Harder
 

T. v. Troquer, échanger des hardes, de menus meubles, des chevaux. Il est plus en usage entre Gentilshommes, qu'entre Marchands, & bourgeois. Voulez-vous harder votre cheval contre cette épée d'argent ? Il commence à vieillir.

   
Hardes
 

T. n.mpl. Habits & meubles portatifs qui servent à vêtir, ou à parer une personne, ou sa chambre. J'ai donné à garder à l'hôte ma valise, où il y avoit mon linge, mon habit & toutes mes hardes. Je lui ai donné beaucoup de belles & bonnes hardes en troc. On appelle aussi hardes de nuit, la toilette, ce qui sert pour la nuit.

   
Hart
  T. n.m. Hart, en termes de Palais, signifie la corde d'un pendu, le supplice du gibet. On a défendu à ce criminel de récidiver à peine de la hart. On lui a enjoint de garder son ban à peine de la hart.
Cela vient de ce qu'on attachoit autrefois les criminels au gibet avec ces sortes de liens de bois menus & plians. On écrivoit autrefois hard, d'où vient le diminutif hardeau, qu'on trouve encore dans quelques Auteurs, pour signifier ou un petit lien de fagot, ou un arbrisseau propre à faire de ces sortes de liens.
   
Haut de chausse
  T. n.m. La partie du vêtement de l'homme qui le couvre depuis la ceinture jusqu'aux genoux. On dit proverbialement qu'une femme porte le haut de chausse pour dire qu'elle est la maîtresse & qu'elle a plus de pouvoir que son mari.
   
Havresac
 

T. n.m. C'est un petit sac que les soldats portent sur leur dos quand ils vont à l'armée, où ils mettent leurs petites nécessités. Saccus. Les charretiers s'en servent aussi pour donner de l'avoine à leurs chevaux dans les rues.

   
Hêche
 

T. n.f. Espéce de barriére dont on garnit les côtés d'une charrette, pour charroyer librement, sans occuper les roues

   
Hermitage
 

Petite maison, ou habitation en lieu désert, où un Hermite fait sa demeure.
Hermitage, est aussi un lieu, ou une maison de campagne solitaire & écartée, que quelqu'un a fait bâtir pour y vivre en retraite, & hors du commerce du grand monde. Si vous venez chez moi, vous ne trouverez pas un château, mais un joli petit hermitage.

   

Horsain

  Individu non natif de la ville où il réside
   
Hosche
 

T. n.f. Dans quelques Coutumes, signifie une terre de peu d'étendue qui est autour d'une maison, & sert à ses commodités.

   
Houppelande
  T. n.m. C'étoit originairement une cappe, ou manteau de Berger fait de cuir, dont se sont servis ensuite les Voyageurs contre la pluie. La houppelande étoit fendue, & boutonnée par les côtés. Depuis on s'en est servi comme d'un manteau de parade, qu'on a chargé de broderie le long des coutures, qui descendoient jusqu'en bas aux deux côtés des épaules par-devant & par-derrière.
C'étoit aussi autrefois un habit de femme en forme de manteau à queue traînante, & grand collet, avec des manches renversées, garnies de fin gris ou de riches fourrures, & chargées de jais. Enfin, on a entendu par le mot de houppelande, une sorte de casaque à manches courtes.
   
Houseaux
  T. n.m. Chaussure contre le froid, la pluie & la crotte. Les Anciens disoient chausser les heuses, tirer ses heuses, une grande heuse, une petite heuse. Les Anglois appellent bandes de houseaux hose-gartiers, ce que nous appellons jarretières. C'étoit une espece de botte ou bottine. Les gens de guerre s'en servoient, comme aujourd'hui de bottes On les faisoit d'abord de cuir de vache.
Il y avoit deux sortes de houseaux ; les uns n'avoient que la tige simple, les autres avoient un soulier, & quelquefois le soulier étoit à poulaine avec un long bec recourbé en haut.
On appelloit houseaux sans avoir pied, une espèce de chausses semélées, dont la tige se retournoit comme celle d'un gant. On a appellé Robert Duc de Normandie, Courteheuse, à cause qu'il avoit les jambes courtes étant de petite taille.
Houseaux, se dit aussi en quelques ports de Normandie des grandes bottes que les Matelots qui pêchent le poisson portent dans leurs bateaux & dans l'eau ; elles sont faites d'un gros cuir passé avec de l'huile de poisson. Les Chasseurs qui veulent avoir des bottes qui ne percent point à l'eau en font faire de cuir de houseau apprêté de la même maniere. Mais il ne faut point approcher du feu avec ces sortes de bottes, à cause de la puanteur de l'huile de poisson.
   
Housser
  T. v. Nettoyer avec un houssoir, un balai à long manche, les ordures, les araignées, la poudre des planchers, des murailles, des cheminées. Housser des tapisseries, des appartemens.
On dit ironiquement, qu'un homme a été bien houssé ; pour dire, qu'il a été bien battu.
   
Huche
  T. n.m. Grand coffre de bois dans lequel les bourgeois & les paysans pétrissent le pain. A Paris, les Boulangers disent pétrin.
Huche, se dit aussi d'un coffre qui est dans la dépense, où on serre le pain, & autres choses qui servent sur la table.
Huche de Moulin, est un coffre de bois dans lequel tombe la farine moulue en sortant de-dessous la meule. En quelques lieux on le dit aussi de la trémie, où se met le grain pour le faire tomber sur la meule petit-à-petit.
   
Huguenote
  T. n.m. Petit fourneau de terre, ou de fer, avec une marmite dessus, qui sert à faire cuire secretement & sans bruit quelque chose.
Cet mot vient de ce que les Huguenots s'en sont premièrement servis pour faire cuire leurs viandes les jours défendus, sans faire de scandale.
   
Hydromel
  T. n.m. Breuvage qui se fait avec de l'eau & du miel. L'hydromel vineux se fait avec de l'eau de pluie & du miel de Narbonne, qu'on fait cuire & écumer jusqu'à ce qu'un oeuf y surnage, & après que la liqueur qu'on tire a été exposée au Soleil pendant 40 jours pour la faire bien fermenter, on y mêle du vin d'Espagne ; & si on ne s'en sert que deux ou trois mois après, il aura alors un goût approchant de la malvoisie. On fait aussi de l'hydromel vineux sans y mettre du vin, & en le laissant seulement bouillir au soleil. Les Polonois & les Moscovites en font leur boisson ordinaire. Il est appellé simple, quand il n'y entre rien que de l'eau & du miel, on le nomme aqueux, & il se peut faire en tout temps. Quand on y mêle quelques autres drogues, on l'appelle composé. Et on l'appelle vineux, quand sa force égale celle du vin, laquelle il s'acquiert non seulement par la grande quantité de miel qu'il reçoit, mais aussi par sa grande coction & insolation ; il ne se fait bien que durant les grandes chaleurs de l'été.
   
Indiculus
  T. n.m. Terme de collège. Nom d'un petit livre à l'usage des écoliers. Il contient les noms de différentes choses en latin & en françois rangés par classes.
   
Indienne
  T. n.f. Robe de chambre à la manière des Indiens, qui est venue à la mode, soit qu'elle soit seulement taillée à la manière des Indiens avec des manches fort larges, soit qu'elle soit faite d'étoffes venues des Indes, peintes ou diversifiées de couleurs, ou figures, comme sont les toiles qu'on appelle aussi Indiennes, & que l'on contrefait en France, qui sont faites de laine fort fine, ou de petits fils de coton.
   
Inoculation
  T. n.m. Maniére que les Anglois ont trouvée de donner la petite vérole à une personne qui ne l'a pas ; on appelle aussi cela Insertion de la petite vérole. En France on a été plus sage, & l'on n'a point pratiqué l'inoculation.
Cette opération qui est très-commune en Angleterre, se fait vers le Printemps ou l'Automne. On fait de légères scarifications aux muscles des bras de l'enfant, jusqu'à en tirer quelques gouttes de sang. Puis avec un cure-oreille ou un instrument semblable, on porte dans chacune des plaies une goutte du pus tout chaud qu'on a tiré des pustules des jambes ou des jarrets d'un jeune homme qui a cette maladie : ou bien on y met, en guise de tente, un peu de coton ou de charpie imbibée de ce pus. On couvre chaque scarification d'une coque de noix pendant quelques heures, pour que ce pus ait le temps de communiquer son venin avant que d'être essuyé. Voilà ce qu'on appelle l'inoculation de la petite vérole. Cela fait son effet au bout de sept jours, pendant lesquels on doit s'abstenir de viande & même de bouillons où elle ait entré, ainsi que de vin & de toute liqueur spiritueuse. Le fruit qu'on retire de l'inoculation de la petite vérole, c'est que de cette maniére on est sûr d'être quitte de cette maladie pour toute sa vie, qu'on en est quitte pour trois ou quatre pustules pour quelques sujets, quinze ou vingt pour d'autres, & qu'il est très-rare de les voir aller jusqu'à cent, & aussi rare de voir mourir ceux qui ont gagné cette maladie par cette voie.
   
Ivoire
  T. n.m. Dent ou plustôt défense de l'éléphant, en forme de longue corne, qui naît des deux côtés de sa trompe. Cette dent ou cette défense ne s'appelle ivoire, que quand elle est détachée de la mâchoire de l'éléphant pour être mise en oeuvre. Les Tabletiers, les Sculpteurs emploient, polissent l'ivoire. Dioscoride écrit qu'en faisant cuire l'ivoire avec la racine de mandragore l'espace de six heures, elle s'amollit ensorte que l'on en peut faire tout ce que l'on veut. Dieppe est peut-être la ville du monde où l'on travaille le mieux l'ivoire ; on y fait en ce genre des ouvrages d'une propreté & d'une délicatesse surprenante.
On appelle noir d'ivoire, de l'ivoire que l'on brûle, & que l'on retire en feuille quand il est devenu noir. On le broie à l'eau, & on en fait de petits pains plats dont les Peintres se servent. Ce noir, que l'on appelle autrement Noir de velours, doit être bien broyé, tendre & friable pour être de la bonne qualité.
   
Jacquerie
  T. n.f. Nom d'une faction. qui s'éleva en France durant la prison du Roi Jean & la Régence du Dauphin son fils. Pendant que le Royaume étoit dans la désolation, les Grands Seigneurs & la Noblesse sembloient vouloir triompher des misères publiques, & jamais le luxe & la mollesse n'avoient été poussés si loin. Leurs folles dépenses les obligeant à rançonner les paysans de leurs terres, ils les dépouilloient impitoyablement, & quand ces pauvres gens osoient se plaindre, ils se moquoient encore d'eux. Ils disoient qu'il falloit bien que Jacque bon homme payât tout. Mais Dieu les punit en quelques Provinces du Royaume où les Paysans se revoltèrent, & en firent une horrible boucherie. La révolte commença dans un village auprès de Beauvais. Quelques paysans discourant de la misère du tems en accusèrent la Noblesse, qui faisoit plus de dépense que jamais. Ils l'accusoient aussi d'abandonner le Roi, & s'échauffant dans leurs raisonnemens, la fureur les transporta tout d'un coup, & ils conclurent qu'il falloit exterminer tous les Gentilshommes. Ils s'armèrent dans le moment, & courant au premier château ils massacrèrent le mari, la femme & les enfans. Les paysans des villages voisins grossirent la troupe. La Noblesse de Picardie, d'Artois & de Brie, éprouva leur fureur pendant trois semaines. Dix ou douze mille de ces Jacques bons hommes, (car c'étoit le nom de guerre qu'ils avoient pris) s'approchèrent de Paris, & tous les traîneurs d'épée & coupe-jarets s'étant joints à eux, ils marchèrent vers Meaux, où Gaston Phébus Comte de Foix les défit en 1356. Le Régent en battit aussi plusieurs troupes, & le Roi de Navarre ayant pris & fait mourir Guillaume Caillet, l'un de leurs principaux chefs, ils furent entièrement dissipés.
Du nom de Jacque bon homme, que les Gentilshommes donnoient aux paysans, comme on l'a dit ci-dessus, on forma celui de Jacquerie, qui se donna à toute la faction. Il y en a qui prétendent que Jacquerie vient du nom de Jacque bon homme, qui étoit le chef de ces paysans revoltés.
   
Jale
  T. n.f. Espèce de jatte ; sorte de grand baquet dont on se sert à Paris pour mesurer de la farine, & en d'autres lieux pour transporter la vendange de la vigne à la maison.
   
Jambette
  T. n.f. Petit couteau qui se replie dans le manche pour le porter plus commodément dans la poche sans avoir besoin d'autre étui. Il porte toujours une jambette avec lui. Il n'est jamais sans avoir une jambette dans sa poche.
   
Jaquette
  T. n.f. Robe de petits garçons qu'ils portent jusqu'à ce qu'on leur donne la culotte.
   
Jatte
  T. n.f. Vaisseau rond fait d'une pièce de bois tournée & creusée au tour, qui sert à la cuisine, à la vendange, & le plus souvent à metre les balayures d'une maison. Les vaisseaux où les Relieurs mettent leur colle s'appelle aussi jatte, de même que le vaisseau où les Sculpteurs mettent le grès pilé.
On appelle cul de jatte, un pauvre estropié qui n'a ni cuisse, ni jambes, dont il se puisse servir, & qui est obligé de marcher sur ses fesses enfermées dans une jatte.
   
Jonchée
  T. n.f. Herbes, fleurs, ou joncs qu'on épanche sur la terre & sur le pavé pour le couvrir, quand on veut faire honneur au passage de quelques personnes. Les Juifs firent des jonchées de palmes à l'entrée de Jésus-Christ en Jérusalem.
   
Juc
  T. n.m. Terme de ménage de campagne, qui se dit du lieu où les poules & les volailles se perchent pour dormir.
   
Juiverie
  T. n.f. Quartier d'une ville où demeurent les Juifs
   
Juré
  T. n.m. On appelle en Sorbonne Juré, un étudiant que les Professeurs de Sorbonne nomment pour signer les attestations conjointement avec eux. Une attestation doit être signée par quatre Jurés, autrement elle est de nulle valeur, & le Professeur ne la pourroit pas signer.
   
Ladre
  T. adj. Malade, atteint, & infecté de lépre. On sépare les ladres des hommes sains. Ce qui a donné de la haine aux Orientaux pour les cochons, c'est parce qu'ils sont sujets à être ladres. On a créé des Officiers langueyeurs de cochons, pour visiter ceux qui sont ladres, ou sursemés, qui ont des grains à la langue & à la gorge.
   
Ladrerie
  T. n.f. Se dit des Hôpitaux où on reçoit les lépreux. On les appelle autrement Maladreries, & Léproseries.
   
Lainage
  T. n.m. Qui consiste en laine. Ce Marchand fait grand trafic de lainages, de toison de laine. Cet Abbé a les dîmes des lainages & charnages dans ces trois Paroisses ; c'est-à-dire, la dîme des toisons des moutons, la dîme des agneaux & des cochons.
   
Lansquenet
  T. n.m. Jeu de cartes fort commun dans les Académies de jeu, & parmi les Laquais. Depuis un temps il est devenu le jeu de quelques honnêtes gens. On y donne à chacun une carte, sur laquelle on couche ce qu'on veut ; & si celui qui a la main en tirant les cartes, amène la sienne, il perd ; s'il amène quelqu'une des autres, il gagne. Le Lansquenet est défendu.
   
Latrines
  T. n.fpl. Lieu destiné à se décharger le ventre, à vuider les gros excrémens. Il est défendu de mettre des latrines auprès des puits. On ne se sert guère de ce terme en François ; ce que les Latins appelloient Latrines, nous l'appellons, Privés, garderobe, lieux secrets, & même absolument les Lieux.
   
Lavége
  T. n.f. Sorte de pierre dont on se sert à faire des marmites, & autres pots & ustensiles de cuisine qui se mettent au feu. Il n'y a que trois carriéres d'où l'on tire cette pierre : l'une dans le Comté de Chiavennes, l'autre dans la Valteline, & la troisiéme dans le pays des Grisons.
   
Laveton
  T. n.m. C'est la grosse laine qui demeure dans les moulins, où on foule les draps, la grosse bourre qui en sort par la foulure : c'est dont on fait les mauvais matelas. Le laveton est toujours gris, & sort d'une étoffe grossière. Il est défendu aux Tapissiers de faire des matelats où il y ait de la laine sur les bords, & du laveton au milieu.
   
Layette
 
T. n.f. Petit coffre de bois où l'on serre ordinairement du linge & autres menues hardes. Les femmes grosses préparent leur layette, emplissent un de ces petits coffres de tout le linge nécessaire, tant pour leur couche que pour leur enfant. Quand on met un enfant en nourrice, on lui donne une layette.
Layette, est aussi un tiroir d'une armoire, ou cabinet, ou buffet, où l'on serre plusieurs choses qu'on veut séparer & mettre en ordre. On le dit particulièrement des papiers dans un Trésor : des médailles, des coquilles dans un cabinet de curiosités.
Dans les Archives des Chambres des Comptes, des Chapitres, des Monastères, quand les titres sont bien en ordre, ils sont distingués par layettes, ou tablettes
   
Lazaret
  T. n.m. C'est un bâtiment public fait en forme d'Hôpital, pour recevoir les pauvres, les pestiférés. Il est destiné en quelques endroits à faire la quarantaine par ceux qui viennent des lieux suspects de peste. C'est une grande maison hors de la ville, dont les bâtimens sont séparés & isolés, & où l'équipage des vaisseaux demeure quarante jours, plus ou moins, selon les temps, & l'endroit du départ. Le Lazaret de Milan est un des plus beaux Hôpitaux d'Italie.
   
Lépre
  T. n.f. Maladie contagieuse, qu'on appelle autrement Ladrerie, dont les Juifs & les Orientaux ont été fort affligés autrefois. Galien la définit une effusion de sang trouble, & grossier, qui corrompt toute l'habitude du corps. Avicenne l'appelle une maladie universelle, ou chancre universel. Les Grecs l'appellent , parce que les malades ont leur peau âpre, ridée & inégale, comme les Éléphans. La lépre commence au-dedans longtemps auparavant que de paroître au-dehors. Elle étoit encore fort commune en Europe dans les X. & XIe siècle ; mais elle est maintenant presque tout-à-fait éteinte. Bien des gens croyent que la lépre n'est autre chose que la maladie vénérienne ;
Ce mot vient du Latin lepra, qui a été formé du Grec, écaille, parce que la lépre forme des espèces d'écailles sur la peau.
On avoit autrefois bien de la peine à connoître la lépre, dont voici les signes. Elle rend la voix enrouée comme celle d'un chien qui a longtemps aboyé, & cette voix sort par le nés plustôt que par la bouche. Le pouls du malade est petit & pesant, lent & engagé. Son sang est plein de petits corps blancs & luisans, semblables à des grains de millet qui s'en séparent, & demeurent sur le blanchet, après qu'il a été lavé & filtré. Il n'a qu'une sérosité scabieuse, & dépouillée de son humidité naturelle ; de sorte que le sel qu'on y met, ne se peut dissoudre. Il est si sec, que le vinaigre qu'on y verse, bouillonne : & est si fortement lié par des filets imperceptibles, que le plomb calciné qu'on y jette, y surnage facilement. Son urine est crue, ténue, cendrée & trouble. Son visage ressemble à un charbon demi-éteint, onctueux, luisant & enflé, semé de boutons fort durs, dont la base est verte, & la pointe blanche, & en général, il donne de l'horreur. Ses poils sont courts, hérissés & déliés, & on ne les peut arracher qu'avec un peu de la chair pourrie qui les a nourris. S'ils renaissent à la tête ou au menton, ils sont toujours blonds. Son front forme divers plis, qui s'étendent d'une temple à l'autre. Ses yeux sont rouges & enflammés, & éclairent comme ceux d'un chat. Ils s'avancent en dehors, mais ils ne peuvent se mouvoir à droite & à gauche. Ses oreilles sont enflées & rouges, mangées d'ulcères vers la base, & environnées de petites glandes. Son nés s'enfonce, à cause que le cartilage se pourrit. Ses narines sont ouvertes, & les conduits serrés avec quelques ulcères au fonds. Sa langue est sèche & noire, enflée, ulcérée & racourcie, coupée de sillons, & semée de grains blancs. Toute sa peau est couverte ou d'ulcères qui s'amortissent, & reverdissent les uns sur les autres, ou de taches blanches, ou d'écailles comme le poisson. Elle est inégale, rude & insensible, soit qu'on la pense, soit qu'on la coupe ; & au lieu de sang, elle ne rend qu'une liqueur sanieuse, & souvent on l'arrose d'eau sans la pouvoir mouiller. Il vient à ce degré d'insensibilité, qu'on lui perce avec une aiguille le poignet & les piés, même le gros tendon, qui est le plus sensible, sans qu'il souffre de douleur. Enfin, le nés, les doigts des mains & des piés, & même ses membres, se détachent tous entiers, & par une mort qui est particulière à chacun d'eux, ils préviennent celle du malade. On tient que ceux qui ont la lépre, ont une si étrange chaleur dans le corps, qu'après avoir tenu une pomme fraîche une heure dans la main, elle devient aussi sèche & ridée que si elle avoit été huit jours au soleil.
   
Léproserie
  T. n.f. Hôpital pour les lépreux, qu'on nomme communément Maladrerie. Il y a en France un très-grand nombre de maladreries, dédiées à Saint Lazare, à Sainte Marthe, & à Sainte Magdelène. La maladie de la lépre, qui étoit fort commune autrefois, a presque entièrement cessé depuis deux cents ans, en sorte que le revenu des maladreries & léproseries, étoit très-mal employé. Plusieurs misérables se faisoient passer pour lépreux, afin d'avoir prétexte de mendier des pensions sur ces hôpitaux. C'est pourquoi, par une déclaration de 1612. il fut ordonné qu'il seroit pourvu aux vrais lépreux, & qu'après avoir été visités, & séparés comme tels, du reste du peuple, avec les cérémonies Ecclésiastiques accoutumées, ils seroient reçus dans les léproseries sur les bulletins du Grand Aumônier de France.
   
Lesse
  T. n.f. Sonnerie des cloches pour les morts. Ce mot a cours en quelques endroits de la Province de Champagne. Lesse vient de Lessus, gémissement, cris, lamentations qu'on fait aux funérailles.
   
Liard
  T. n.m. Monnoie qui vaut trois deniers, faite de la même matière que les sols. Elle a cours encore dans le Lyonnois & dans le Dauphiné. On les appelloit petits liards sous Louis XI. En 1467. ils étoient du poids d'un denier, & avoient trois deniers d'alloi, valans trois deniers tournois. Ils portoient une croix entre deux lis, & une couronne ; & au revers un dauphin avec la légende, Sit nomen Domini benedictum. Il s'en est fait depuis de simple cuivre, qui porte le nom de liard de France, & qui est à présent réduit en doubles. Les liards & les hardis furent particulièrement faits pour les Provinces de Guienne & de Dauphiné. Cette monnoie, qui valoit trois deniers, & qui par conséquent partageoit le sol en quatre, étoit appellée hardi en Guienne, & liard en Dauphiné, & dans les autres Provinces qui sont en deçà de la Loire.
La fabrication des liards fut ordonnée par Déclaration du premier Juillet 1654 registrée le 11 du même mois pour être fabriqués de cuivre pur, & sans aucun melange de fin : à la taille de 64 pièces au marc Ces espèces furent depuis réduites à 2 den. par lettres patentes du quatrième Juillet 1658. Alors on les appella doubles, parce que c'étoit de doubles deniers, ou 2 deniers ; depuis le commencement de ce siècle, ils ont été remis à 3 deniers, comme ils y sont encore, & avec leur ancienne valeur, ils ont repris leur premier nom de liard. les Doubles d'aujourd'hui, sont la plus la petite monnoie qui ait cours à Paris & aux environs, les deniers de cuivre ne courant que dans les Provinces.
   
Libelle
  T. n.m. Écrit qui contient des injures, des reproches, des accusations contre l'honneur & la réputation de quelqu'un.
   
Lice
  T. n.f. Champs clos, carrière où combattoient les anciens Chevaliers, soit à outrance, soit par galanterie, dans les joûtes & tournois. On l'appelloit ainsi, parce qu'il étoit fermé de pals, de barrières, ou de pieux, & de toiles. On a inventé en France les lices doubles, afin de faire courir les Chevaliers l'un d'un côté, & l'autre de l'autre, & afin qu'ils ne se pussent rencontrer que du bout de leurs lances ; ce qui étoit moins dangereux. Ce Chevalier se présenta pour entrer en lice.
   
Licol
  T. n.m. Lien de cuir, de corde ou de crin que l'on met autour de la tête des chevaux, des mulets, des ânes pour les attacher. On dit qu'Un homme traîne son licol, pour dire, Que tôt ou tard il sera pendu, à cause de ses mauvaises actions car licol se dit aussi de la corde qui sert à étrangler les pendus.
   
Lilium
  T. n.m. Terme de Pharmacie ou de Confiseur. C'est une liqueur appellée autrement en Latin Camphorata. Elle est fort propre à rappeler les esprits d'un malade très foible.
   
Litière
  T. n.f. Sorte de voiture, ou corps de carrosse suspendu sur des brancarts, & porté ordinairement par des mulets. La plus douce des voitures est celle de la litière. On ne peut aller dans les montagnes qu'en litière. Pline appelle une litiere couverte, une chambre de voyageur.
   
Litre
  T. n.f. Ceinture funèbre. C'est un droit honorifique qu'ont les Seigneurs-Patrons Fondateurs, ou les Seigneurs Hauts-Justiciers dans les Églises qu'ils ont fondées, ou qui sont de leur Seigneurie. Il consiste à faire peindre les Écussons de leurs armes sur une bande noire, en forme d'un lé de velours, autour de l'Église, tant par dedans, que par dehors. Le droit de litre est des premiers droits honorifiques. Il est difficile de déterminer précisément le temps auquel on commença de souffrir des litres, ou ceintures de deuil dans les Églises. M. de Laurière croit que l'usage des litres n'est pas fort ancien, & qu'il ne s'est établi que depuis que les armoiries ont été héréditaires dans les familles : car lorsqu'elles étoient personnelles, & qu'elles ne servoient qu'à distinguer les Chevaliers dans les tournois, il eût été inutile aux familles de les mettre dans les Églises pour se faire connoître, & donner une marque de leurs droits à laquelle on n'eût pu les reconnoître.
   
Livre
 

T. n.f. Terme de compte, & se prend en France pour vingt sols, qui est la valeur d'une monnoie qu'on appelloit autrefois franc, & qui est synonyme. La livre de compte numéraire composée de 20 sols, & chaque sol de douze deniers, dont nous nous servons aujourd'hui avec presque toute l'Europe, commença sous Charlemagne. car les François se servirent de la livre Romaine jusqu'au temps de ce Prince, qui la changea en livre Gauloise. On tailla les sols de telle manière, qu'il s'en trouvoit vingt à la livre de poids : en sorte qu'on fit une livre de compte composée de pareil nombre de pièces. Ainsi depuis ce temps-là, quand il est parlé de livres, cela se doit entendre de la livre de compte, composée de 20 sols, à moins que le mot de poids ou de la matière n'y soit ajouté.
Il n'y a peut-être point de mots François où la bizarrerie de notre langue paroisse davantage, que dans l'emploi de francs, ou de livres. Ils sont purement synonymes, & ont cependant un usage très-différent. On dit, j'ai trente mille livres de rente ; & ce seroit mal parler que de dire, j'ai trente mille francs de rente : on ne met jamais francs avec milie & rente. On ne dit point, cela m'a couté une livre, deux livres, trois livres, cinq livres : ni il me doit cent livres. Mais quand la somme passe cent, il semble qu'on use indifféremment de l'un & de l'autre : il me doit deux cents livres, ou deux cents francs. Il n'y a que l'usage qui puisse apprendre l'usage capricieux de ces deux termes. Voici pourtant quelques règles qu'on doit observer :
1°. En chiffrant, ou en comptant avec des jetons, on peut dire une livre, deux livres, trois livres, &c. Mais dans le discours ordinaire, on dit plustôt vingt sols, quarante sols, un écu, quatre francs, cent sols, six francs, &c. Il en faut excepter quelques nombres rompus ; car on dit plustôt quarante-trois livres que quarante-trois francs, deux mille cinquante-six livres, que deux mille cinquante-six francs.
2°. Il faut se servir du mot de livre toutes les fois qu'on y doit ajouter un nombre de sols, ainsi on dit, trois livres cinq sols, & non pas trois francs cinq sols.
3°. On se sert du mot de livres toutes les fois que le mot de rente suit. Trois livres, dix livres de rente.

   
Livre de raison
 

Registre ou cahier dans lequel un particulier ou plusieurs personnages d'une même famille ont inscrit des comptes personnels et des mentions, parfois fort diverses, se rapportant à leurs intérêts économiques, à leur vie domestique ou à leur vie de famille

   
Livrée
  T. n.f. Couleur qu'une personne aime, & dont elle se sert pour se distinguer des autres. Les livrées se prennent par affection & par fantaisie, ou demeurent par succession dans les familles. Les anciens Chevaliers qui paroissoient dans les tournois, se faisoient distinguer par les livrées de leurs Dames, qu'ils portoient. Les Grands-Seigneurs font porter leurs livrées à leurs domestiques, pour montrer qu'ils leur appartiennent. Aujourd'hui on ne fait porter les livrées qu'aux Pages, Laquais, Suisses, Cochers, Postillons & Palfreniers. On les appelle gens de livrées. La signification du mélange, & l'union des couleurs dans les livrées, sont expliquées en détail par le Père Ménestrier dans son Traité des Carousels & Tournois.
   
Locataire
  T. n.m. Celui qui prend une portion de maison, ou une maison entière à loyer, à Bail. On appelle, Principal locataire, celui qui loue toute la maison, & en reloue les appartemens & les chambres à d'autres particuliers. Les principaux locataires sont tenus des charges de ville, de faire les deniers bons aux maîtres. Il y a plusieurs ménages, plusieurs locataires en cette maison. Les grains & les meubles d'un locataire répondent pour payer le salaire des moissonneurs, & le loyer de la maison.
   
Lochies
  T. n.fpl. Évacuation qu'ont les femmes immédiatement après leurs couches. On les appelle autrement Vuidanges.
   
Lodier
  T. n.m. Grosse couverture de lit, piquée & garnie de bourre, ou de laine, entre deux toiles.
D'autres disent loudier ; mais Lodier est bien plus usité.
   
Longin
  T. n.m. Se dit en plusieurs Provinces, & surtout en Champagne, des gens froids & paresseux, qui sont longs à faire tout ce qu'ils entreprennent.
   
Longuette
  T. n.f. Petit livre couvert de basanne, que les Merciers de Paris vendent, & dont les petits enfans se servent, lorsqu'ils commencent à aller à l'école.
   
Louchette
  T. n.f. Instrument pour empêcher de loucher, & redresser la vûe.
   
Macaron
  T. n.m. Pâtisserie faite de sucre, de farine & d'amandes, taillée en petit pain plat, & de figure ovale.
   
Madre
  T. n.m. Vaisseau à boire, où l'on met du vin pour boire. Ce mot a été fort en usage autrefois.
   
Magister
  T. n.m. Maître d'École de Village, qui enseigne à lire aux jeunes paysans. Il aide aussi à faire l'Office au Curé & au Vicaire.
   
Maigue
  T. n.m. Petit lait, ou lait clair, la partie séreuse du lait, qui en sort quand il se caille. On donne du maigue aux cochons. Ce mot n'est guère en usage que chez les paysans.
   
Maille
  T. n.f. Petite monnoie de cuivre valant la moitié d'un denier. Il y a eu aussi des mailles blanches battues l'an 1303. sous Philippe le Bel. La maille & l'obole êtoient la même chose, & ne valoient que la moitié du denier, c'est pourquoi il y avoit des mailles Parisis, & des mailles Tournois. Il y avoit aussi des demi-mailles. Il est parlé de mailles blanches dans le 13e & 14e siècle.
Ce mot signifie quelquefois une monnoie de peu de valeur. Sur ce marché vous n'y perdrez pas la maille. Cette marchandise ne vaut pas la maille. On ne rabattra pas la maille de ce qu'on vous a dit. Il fait rendre compte à son Facteur jusqu'à la dernière maille.
   
Maillot
  T. n.m. Couches & Langes avec lesquels on enveloppe un enfant à sa naissance, & pendant sa première année. Cet enfant est encore en maillot, on le va vêtir ; on lui va ôter son maillot.
   
Mainade
  T. n.f. Compagnie. On excommunie les pillards Arragonois, & leur mainades ou compagnies, avec ceux qui leur donnent retraite ou protection.
   
Maisnil
  T. n.m. Ce mot vient de masnile, qui dans la basse Latinité a signifié une portion de terre avec une petite maison.
   
Maison
  T. n.f. Logis, demeure, habitation ; lieu où l'on se peut retirer, & mettre à couvert son bien & sa personne, des injures du temps. On bâtit les maisons de pierre de taille, de moîlon, de brique, ou de charpente. Il est défendu de faire des maisons à plus de quatre étages carrés. Les Notaires de campagne appellent, une maison haute, moyenne & basse, celle où il y a trois lieux habitables les uns sur les autres. L'ancienne Rome étoit composée de 48 mille maisons isolées. Paris n'en a environ que vingt mille. Tout le bien de ce bourgeois est en maisons. On dit, faire les honneurs de la maison, des civilités qu'on fait à ceux qui rendent visite, ou qu'on a invités a quelques cérémonies de famille.
Ce mot vient de mansio, & de manere. En vieux Gaulois on disoit mas & masage, d'où viennent encore plusieurs noms des maisons de campagne & de familles.
On dit, Tenir une maison à louage, quand on n'en est pas le propriétaire, quand on la loue à prix d'argent : une maison garnie, quand on la loue toute meublée.
On appelle une maison de plaisance, une maison de campagne, qu'on prend plaisir à embellir & à orner pour s'y aller divertir. C'est ce qu'on appelle bastide en Provence, cassine en quelques en droits, en d'autres lieux, closerie, &c. Chez les bourgeois on les appelle maisons de bouteilles. Maison de bouteille, est une petite maison près de la ville, où l'on va quelquefois, comme l'on dit, boire bouteille, c'est-à-dire, faire de petits repas avec ses amis.
On appelle maison rustique, une ferme ou une métairie, pour faire valoir les biens de la campagne.
Le P. Bouhours prétend que maison de campagne ne se dit que des maisons qui appartiennent à des personnes de qualité ; & que maison des champs ne se dit que des maisons qui appartiennent à des familles bourgeoises.
   
Maisonner
  T. v. Bâtir des maisons.
   
Malmort
  T. n.m. C'est une espéce de lépre ou de gale très-maligne, ainsi appellée parce qu'elle rend le corps noir & livide, & pour ainsi dire, mortifié par des ulcères noirs, sordides, croûteux, sans sentiment, sans douleur & sans pus, se formant spécialement aux hanches & aux jambes, & provenant d'une dépravation excessive du sang & des sucs nourriciers.
   
Maladrerie
  T. n.f. Lieu fondé pour retirer & assister les malades, & particulièrement ceux qui sont entachés de lèpre. Presque toutes les Églises des maladreries sont fondées sous l'invocation de Saint Lazare, de la Magdelène & de Sainte Marthe. On a fait la réforme des maladreries qui étoient usurpées par des particuliers, & par des Communautés, & on en a fait des Commanderies, pour rétablir l'Ordre des Chevaliers de Saint Lazare, qui est très ancien
   
Malle
  T. n.f. Petit coffre ou valise propre à transporter des hardes à la campagne, qu'on met ordinairement sur la croupe du cheval que monte un valet, ou un postillon. Cette lettre ne partira pas par cet ordinaire, la malle du postillon est fermée. Quand on loge en chambre garnie, on n'y apporte guère qu'une malle. Il a fait mettre sa malle dans le magafin du coche.

Malle, se dit aussi de certains paniers que des Merciers de campagne portent sur leur dos, qui sont pleins de cent sortes de menues marchandises. Un Ramoneur a la patience de remuer toute sa malle pour vendre une paire de ciseaux.

   
Manant
  T. n.m. Paysan, habitant en un village, ou en une métairie à la campagne. On a fait assembler les manans & habitans de la Paroisse pour élire des Collecteurs. La pluspart des causes de la Cour des Aides, sont pour des manans & habitans des Paroisses, qui soutiennent les taxes des tailles. Ce Hobereau est si grossier, qu'il passe pour un manant, pour un paysan. On appelle proprement manans, ceux qui sont originaires du lieu ; & habitans, ceux qui y sont venus demeurer.
   
Manchon
  T. n.m. Fourrure qu'on porte en hiver, propre pour y mettre ses mains, afin de les tenir chaudement. Les manchons n'étoient autrefois que pour les femmes ; aujourd'hui les hommes en portent. Les plus beaux manchons sont faits de martes zibellines ; les communs de petit gris, de chien, de chat. Les manchons de campagne des Cavaliers sont faits de loutre, de tigre. Une femme met le nés dans son manchon pour se cacher. Un petit chien de manchon, est un petit chien que les Dames peuvent porter dans leur manchon.
   
Mançois
  T. n.m. Nom d'une monnoie qui avoit cours dans le Maine, & que le Seigneur particulier de cette province faisoit battre. Un ancien registre porte, que les Mansois vaudront vingt deniers moins la livre, que tournois petits, c'est-à-dire, que les treize mansois ne vaudront que deux sols petits tournois.
   
Mannequin
  T. n.m. Ouvrage d'osier. Panier haut & rond où l'on apporte du fruit à Paris.
Homme d'osier ou de paille.
   
Mannette
  T. n.f. Grand panier d'osier à deux anses, qu'on nomme aussi marine & banne.
   
Mante
  T. n.f. Grand voile noir, traînant jusqu'à terre, que portent les Dames dans les cérémonies, & sur-tout dans le deuil. On a appellé les balandrans, capes de Béarn à long poil, & autres couvertures que portoient des Voyageurs, des mantes. Les Bohémiens qui roulent le monde, appellent encore mante, la couverture qu'ils portent sur l'épaule, & qui ne leur couvre qu'un bras. Et les Ouvriers appellent aussi mantes, les couvertures de lit.
   
Manteau
  T. n.m. Habillement de dessus, ample & large, qu'on porte en été par ornement, & l'hiver pour se défendre du froid & de la pluie. Un habit complet consistoit autrefois en pourpoint, haut-de-chausses, & manteau. Maintenant on ne porte de manteau sur le juste-au-corps qu'en hiver, & à la campagne, pour se garantir des injures de l'air. Les gens de robe & d'Église ont des manteaux longs traînans à terre. Les séculiers ont des manteaux courts, qui ne vont que jusqu'aux genoux. Les malades ont de petits manteaux fourrés qui ne vont que jusqu'aux coudes. Les Bourgeois portent des manteaux doublés de panne, de velours. Les gens en grand deuil portent de longs manteaux de drap noir. Les Moines portent aussi des manteaux sur leurs robes, & il y en a eu qu'on a appellés les Blancs-Manteaux, autrement Guillemins. Leur maison qu'ils avoient à Paris, appartient maintenant aux Bénédictins, quoique le nom de Blanc-manteau lui soit toujours demeuré : l'Église des Blancs-manteaux, la rue des Blancs-manteaux. Ce manteau étoit autrefois l'habit des Philosophes, & de ceux qui faisoient profession d'une vie plus austère.
   
Mantelet
  T. n.m. Habillement de femme, depuis quelques années fort en usage : c'est un petit manteau de drap d'écarlate, de velours, ou d'autre étoffe de soie, que les femmes mettent sur leurs épaules pour se garantir du froid. Le mantelet a succédé à la mantille, & il en est différent, en ce qu'il est tout rond, comme les manteaux des hommes, & qu'il n'a pas de pointe.
   
Manteline
  T. n.f. Petit manteau que portent les femmes à la campagne.
   
Mantille
  T. n.f. La mantille que les Dames ont portée pendant l'hyver de 1725. est une espéce de grand fichu à trois pointes dont celle de derriére est arrondie. On les faisoit ordinairement de velours ou de drap écarlate, & elles étoient bordées d'un galon ou d'une broderie d'or. C'est un ornement très-utile pour garantir du froid le cou, la gorge & les épaules.
   
Mappe
  T. n.f. Torchon, espèce de petite serviette de grosse toile, dont on se sert pour torcher les meubles.
   
Marchand
  T. n.m. Ce qui est de bon débit, & de bonne qualité. Après la récolte, le blé n'est pas marchand. Il y en a trop au marché ; il n'est bien marchand qu'à la Pentecôte. Ce blé est germé, il n'est pas marchand, il m'en faut fournir qui soit loyal & marchand. Farines marchandes.
On appelle un vaisseau marchand, un vaisseau qui n'est point armé en guerre, qui ne sert qu'au transport des marchandises.
On dit que la rivière est marchande, quand elle est propre pour la Navigation, quand elle a assez d'eau pour porter les bateaux, quand elle n'est ni glacée, ni débordée.
On a rendu par art & avec des écluses plusieurs rivières marchandes, en des lieux où elles ne l'étoient pas auparavant. La Loire n'est pas marchande une bonne partie de l'année, à cause de ses sables. Les villes sont marchandes, où il y a des ports de mer, ou de grandes rivières qui facilitent le transport des marchandises.
On dit aussi figurément, qu'un homme est en place marchande, quand il est en un lieu où il se peut faire voir, & entendre de plusieurs personnes.
Marchand, ande. Qui sent le Bourgeois, qui a quelque chose des manières d'agir des Marchands.
   
Marmiton
  T. n.m. Valet de cuisine ; qui prend garde à la marmite, qui a soin de la faire bouillir. Il y a des marmitons chez les grands qui couchent dans la marmite.
   
Marrane
  T. n.m&f. Terme injurieux qu'on dit aux Espagnols, ou à ceux d'entr'eux, qu'on ne croit pas bons Chrétiens, qui sont descendus des Mahométans, ou des Juifs.
   
Masure
  T. n.f. Petite maison mal bâtie, ou vieux logis qui est abandonné, & qui tombe en ruine. Ce pauvre Auteur est logé en une petite masure au bout du fauxbourg. La guerre a passé par ce pays-là, tous les logis sont abandonnés, il n'y a plus que des masures. C'étoit-là autrefois un bon Bénéfice, il n'y a plus qu'une masure.
On dit encore mas en plusieurs endroits, pour signifier maison.
   
Matelote
  T. n.f. Manière d'accommoder le poisson frais pêché, avec force sel & poivre, comme le font les matelots. Au sortir du bain, on va manger une matelote chez un Pêcheur au bord de l'eau.
   
Mâtin
  T. n.m. Gros chien de cuisine, ou de bassecour. Les Bergers, les Bouchers, ont des mâtins, pour garder, pour conduire leurs troupeaux.
   
Matrologue
  T. n.m. C'est le nom qu'on donne à un Registre sur lequel on a soin d'écrire tout ce qui regarde & concerne une ville, une compagnie, une communauté. Le Roi Charles IX par ses Lettres du 17 Octobre 1573 enregistrées au Matrologue de la ville.
   
Medaillier
  T. n.m. C'est un tablier comme celui du trictrac, mais moins creux, où un Antiquaire place ses médailles, selon leur ordre, & dans de petites loges creusées, comme on place les poids dans un trebuchet. Médaillier signifie aussi un petit cabinet rempli de tiroirs, dans lesquels on range les médailles. On apprend sans peine dans un médaillier la suite des Consuls, des Empereurs & des Rois, leurs noms, leurs traits & leurs actions.
   
Mendiant
  T. n.m. Gueux qui demande l'aumône. On y a fait un Hôpital général pour y renfermer tous les gueux qui sont effectivement mendians. Les gueux qui sont effectivement mendians ne sont point compris au rolle des tailles. On voyoit des troupes errantes de mendians demander avec plus d'obstination que d'humilité, & importuner le monde du récit indiscret de leurs besoins. Que de peine à contenir ces mendians renfermés, qui regardent leur asyle comme une prison, & qui croient n'avoir rien à ménager, parce qu'ils n'ont rien à perdre.
Mendiant, se dit aussi des Religieux qui vivent d'aumône, qui vont quêter de porte en porte. Il y en a quatre Ordres anciens, qu'on nomme principalement les quatre Mendians, les Carmes, Jacobins, Cordeliers & Augustins. Les Mendians dans leur premier établissement, ne pouvoient avoir des rentes. Les Capucins, Récollets, Minimes & autres, sont aussi Religieux Mendians. On surcharge les villes, en multipliant les Monastères des Mendians.
   
Mendicité
 

Du fait de l'extrème misère, de la contrebande, de l'assiette arbitraire des impôts, nombre de familles étaient fréquemment ruinées et contraintes de recourir à la mendicité, l'un des pires fléaux de l'ancien régime. De nombreux édits l'interdisent, en 1700 il est interdit de faire l'aumône dans les rues et les églises sous peine de 50 livres d'amende, mais aucune mesure n'est efficace et les rangs des mendiants grossissent sans cesse. Circulant souvent en bandes, ils se livrent alors à des violences sur une population terrorisée.

   
Menil
  T. n.m. Vieux mot, qui signifioit autrefois Maison de campagne, & quelquefois village. On appelle le Menil-montant, un village près de Paris. Il y a aussi diverses terres qui se nomment blanc-Menil, grand-Menil, petit-Menil, Menil-piquet, Menil-Simon, &c. Ce qui fait voir que ce terme a été fort en usage. Le nom de du Menil est encore fort commun.
   
Mercuriale
  T. n.m. Ce mot s'emploie aussi pour signifier une assemblée de gens de Lettres, qui se fait tous les Mercredis chez quelque personne savante, & où l'on parle de plusieurs choses, soit de Lettres, soit de nouvelles. On a tenu longtemps des Mercuriales chez M. Ménage. C'est de-là que ce nom est venu, parce que ce Savant homme tenoit chez lui des assemblées tous les Mercredis
   
Mérelle
  T. n.m. Le jeu des mérelles, est une sorte de jeu de petits garçons, qui consiste en une manière d'échelle faite avec de la craie, & où les enfans qui jouent marchent à clochepié, en poussant avec le pié une espèce de palet.
Mérelle, est aussi un jeu qu'on joue sur un tablier distingué par plusieurs lignes, avec des dames, ou autres marques, dont il s'en doit trouver trois en ligne droite. Le jeu de la mérelle ne se joue que parmi les écoliers ; il est fort ancien, Ovide en a parlé.
   
Messier
  T. n.m. Villageois commis à la garde des fruits de la terre au temps de la moisson, & particulièrement en celui des vendanges.
Autrefois il y a eu une dignité dans l'Église de Cambrai sous le nom de Messier : celui qui en étoit revêtu avoit soin de faire garder les blés.
   
Mesuage
  T. n.m. Terme de Coutumes. Maison où on loge, propre à être habitée
   
Métromètre
  T. n.m. Machine nouvellement inventée pour régler la mesure d'un air de musique. Cette machine se fait avec un pendule d'horloge ou de pendule, que l'on fait aller plus vîte ou plus lentement, selon la mesure de l'air.
   
Miche
  T. n.f. Petit pain de grosseur suffisante pour nourrir un homme à un repas. On donne des miches aux écoliers pour leur déjeûner. On donne des miches aux pauvres qui ont assisté aux enterremens.
   
Monarque
  T. n.m. Roi qui a un commandement absolu & despotique sur un pays, dans un Royaume. Dieu est par excellence le Monarque du ciel & de la terre : tous les autres Monarques ne sont rien devant lui. Il est le Monarque de tout le monde, de tous les temps, de tous les siècles, dont le Royaume n'aura jamais de fin.
   
Monaut
  T. n.m. Qui n'a qu'une oreille.
   
Monnoie
  T. n.f. Matière, ou pièce de métal marquée au coin & aux armes d'un Prince, ou d'un État, qui lui donnent cours & autorité, pour servir de prix commun aux choses d'inégale valeur, & faciliter la commodité du commerce. Le droit de battre monnoie est attaché à la souveraineté. M. le Blanc a fait un Traité Historique des Monnoies de France, depuis le commencement de la Monarchie jusqu'à présent. Il a rassemblé toutes les monnoies qui ont été battues en France pendant la durée de la Monarchie, & a montré la suite de ses Rois par celles des monnoies frappées sous chacun d'eux. On a ramassé en France des monnoies qui justifient, depuis 1200 ans, la suite non interrompue des trois Races, & la succession des Rois : ce que n'ont point les autres Monarchies. En Amérique, les amandes de cacao servent de menue monnoie. Aux Maldives & dans toute l'Inde, on se sert de petites coquilles pour le même effet, & on en charge des vaisseaux entiers. Après la prise du Roi Jean, on fut obligé de faire courir dans le Royaume de la monnoie de cuir.
Avant l'invention de la monnoie, on se servoit de trocs & d'échanges. L'inégalité du prix des denrées a fait voir l'utilité de la monnoie pour faire des achats. Il y a des monnoies d'or, d'argent, de cuivre, de billon, &c. Les monnoies ont leur valeur, suivant le titre, carat, ou denier des métaux dont on les fabrique, & suivant le prix pour lequel il plaît au Prince qui les fait battre, qu'elles ayent cours.

La monnoie se divise en monnoie réelle ou effective, & en imaginaire, ou de compte. La réelle, ou effective comprend toutes les espèces d'or, d'argent, de billon, & de cuivre, qui ont cours dans le Royaume. L'imaginaire ou de compte a été inventée pour la facilité du commerce, comme étoit la manière ancienne de compter par parisis ou tournois, ou par écus d'or sol, ou bien celle qui a été observée depuis l'Ordonnance de l'année 1667 de compter par deniers, sols & livres. Cette monnoie de compte est composée de certain nombre d'espèces, qui peuvent changer dans leur substance, mais qui sont toujours les mêmes dans leur quantité. Par éxemple, la somme de 50 livres est composée de 50 pièces appellées livres, qui ne sont pas réelles, pouvant être payées en Louis d'or, ou Louis d'argent, ou autres espèces ayant cours, sans que pour cela la quantité de 50 liv. soit changée. La monnoie imaginaire est un nom collectif qui comprend sous soi un certain nombre de monnoies réelles. Cette monnoie de compte n'est pas sujette au changement ; mais pour la composer, il faut certain nombre d'espèces, qui changent, suivant le temps & les lieux. Ainsi la livre numéraire ne change jamais de valeur ; & depuis le temps de Charlemagne, que l'on s'en sert en France, elle a toujours valu 20 sols, & le sol 12 deniers. On a appellé autrefois en France la monnoie forte, ou monnoie parisis, celle qui étoit plus forte en alloi, ou en titre que celle qu'on appelloit tournois, qui étoit plus foible d'un quart : ce qui fait que les rentes contenues dans de vieux titres, sont stipulées payables en monnoie forte, qui a été réglée de tout temps à un quart plus que la monnoie commune. La monnoie forte étoit appellée alors monnoie Royale ; pour la distinguer de la monnoie de billon, que les Archevêques & principaux Barons avoient alors droit de battre dans leurs terres, qu'on appelloit noire ; au lieu qu'il n'y avoit que le Roi qui en pût faire battre d'or & d'argent à plus haut prix que d'un denier : & parce que c'étoit à Tours qu'on faisoit battre la plus grande quantité de cette menue monnoie, elle fut appellée Tournoise ; au lieu qu'on appelloit la Royale Parisis, celle qui étoit plus forte d'un quart.

   
Monnoyage
  T. n.m. Action de faire de la monnoie, & le droit qu'on prend pour la façon sur la fonte de la monnoie. Le Prince prend le droit de Seigneuriage & de monnoyage. Il y a eu aussi un droit de monnoyage qu'on payoit autrefois au Duc de Normandie, de trois ans en trois ans, de douze deniers pour feu, afin qu'il ne changeât point la monnoie courante. On appelle aussi en termes de Monnoyeurs, denier de monnoyage, une simple espèce de quelque valeur, de quelque poids, ou matière que ce soit. Le sol de monnoyage en vaut douze espèces ; & la livre de monnoyage vaut vingt sols de ces espèces ; c'est-à-dire, 240 deniers, ou espèces.
   
Monocule
  T. n.m. Lunette à un seul verre, qui ne sert que pour un oeil, & qui est plus connue sous les noms de Loupe, & de Lorgnette, A la Cour un Savant qui avoit la vue basse, se servant d'un monocule, en moins de rien non seulement toute la Cour, mais aussi toute la ville & toute la Campagne furent remplies de monocules.... Toute lunette, quelle qu'elle soit, à l'usage de laquelle on n'emploie qu'un oeil, est appellée Monocle dans la nouvelle édition du Dictionnaire des Arts.
   
Monsieur
  T. n.m. Titre de civilité qu'on donne à celui à qui on parle, ou de qui on parle, quand il est de condition égale, ou peu inférieure. Vaugelas a observé que rien ne choque plus que de trouver après le Monsieur, que l'on met par honneur au haut d'une lettre, une autre Monsieur dès le premier mot. Ménage soutient que c'est être dégoûté plustôt que délicat ; car le premier Monsieur n'est que pour la cérémonie. Il vaut mieux pourtant éviter cette répétition.
   
Mont de Piété
  T. n.m. Lieu où l'on prête de l'argent sur gages ; mais ce n'est que dans les pays étrangers que cela est reçû & dans quelques Provinces du pays conquis, comme Arras : en France on a toûjours condamné ceux qui ont entrepris d'introduire un si dangereux commerce. Il est vrai que par l'Edit de création des Offices de Commissaires aux Saisies réelles vérifié au Parlement le 6 Mars 1626 il y a eu un établissement de mont de piété, sous certaines limitations, que l'on croyoit devoir apporter quelque sorte d'utilité ; mais l'effet s'étant trouvé contraire à ce que l'on en attendoit, cet établissement n'a pas subsisté : l'Edit a été révoqué par une Déclaration du 24 Mars 1627 & par un Arrêt du Conseil d'Etat, du dernier Juillet suivant.
   
Mont-joie
  T. n.m. Mont-Joie ne signifioit ordinairement autre chose qu'un petit mont, une petite élévation de terre ; souvent cette élévation de terre étoit artificielle, comme lorsqu'il mouroit un Général, ou un Chef de guerre à l'armée, chaque soldat apportoit une pelletée de terre pour recouvrir la fosse, ce qui formoit une éminence plus ou moins haute, à proportion du nombre des soldats. On ornoit ces petits monts à proportion de la distinction de celui qui étoit enseveli dessous, par des mausolées, des inscriptions, &c. Souvent on n'y mettoit que des monceaux de pierres. On y mettoit aussi souvent des tombes. Ainsi on mit quelque monument sur le tombeau de Saint Denys, qu'on a appellé depuis, Mont-joie St Denys, pour signifier l'endroit où l'on voit le tombeau de St Denys : ce qui les a fait appeller tombes ; mais avant que de se servir du nom de tombes, on les appelloit indifféremment mont-joie, terme qui a toûjours signifié en vieux François une élévation, qui sert à marquer un lieu qu'on veut reconnoître. Comme on a mis sur ces élévations des croix, ou des guides pour reconnoître les chemins, on a appellé ces croix, ou ces guides, ou enseignes, des Mont-joies ; ainsi dites à cause qu'elles étoient sur de petits monts, ou élévations de terre.
   
Mordache
  T. n.f. Tenaille propre à remuer le gros bois dans le feu
   
Mortalité
  T. n.f. État, condition, ou nature des choses mortelles. La mortalité a été une punition du péché du premier homme. La mortalité est une condition attachée à la nature humaine. L'homme sent d'un côté sa mortalité, & de l'autre, la grandeur & l'éternité de Dieu.
   
Moulinet
  T. n.m. Moulinet à faire du chocolate, c'est un petit bâton qui sert à remuer le chocolate.
Moulinet de machine ; c'est un instrument propre pour élever ou pour traîner des fardeaux, comme l'on voit dans les charrettes, pour charger les muids de vin & autres charges, ce sont des leviers passés en croix, qui entrent dans le treuil, c'est-à-dire, dans le pivot que le moulinet fait rouler pour tirer ou lâcher la corde qui tient le fardeau.

Moulinet, terme de Bourreau & d'Éxécuteur. C'est un instrument, qui, avec la tourtouse, étrangle celui qu'on roue, & qui n'est point condamné à expirer sur la roue. On dit apprêter le moulinet.
   
Nantoise
  T. n.f. Cape dont les femmes se couvrent tout le corps, quand elles sont en deshabillé. Cet habillement est appellé Nantoise, parce qu'il vient de Nantes.
   
Nippes
  T. n.fpl. Terme général qui se dit tant des habits que des meubles, & de tout ce qui sert à l'ajustement & à la parure. Son usage le plus ordinaire est au pluriel. Il a fait un troc, partie en argent, partie en nippes. Les usuriers qui prêtent de l'argent, en fournissent une partie en nippes qu'ils font bien valoir. Pour les mille écus restans, il faudra que l'emprunteur prenne les hardes, nippes & bijoux dont s'ensuit le mémoire.
   
Norole
  T. n.f. Brioche, espèce de pâtisserie. C'est un terme de Province qui commence à prendre vogue dans Paris.
   
Nos
  T. n.fpl. Ce sont des tripes de morues salées qu'on apporte dans des bariques.
   
Nouet
  T. n.m. Espèce de grand panier d'osier, très-plat, plus long que large, dont les angles sont arrondis, & les bords n'ont qu'environ deux pouces de hauteur : il a une anse de châtaigner qui le traverse dans sa largeur, & qui sert à le tenir. Les femmes le portent sur la tête, & le posent sur une toile roulée & pliée en rond, qu'elles nomment un tortillon ; les hommes qui s'en servent le tiennent à la main.
   
Olivettes
  T. n.fpl. Espèce de danse de campagne, qu'on fait en courant les uns après les autres, & en serpentant autour de trois arbres, ou de trois autres points fixes qu'on marque exprès. Le vrai moyen de se lasser, c'est de danser les olivettes.
   
Oluse
  T. n.f. Vente de vin en fraude, & sans payer les droits des Aides. Vendre à l'oluse, c'est-à-dire, en cachette, en fraude. Du vin à l'oluse. Ce mot est bas. L'Auteur d'un Poëme manuscrit sur la ville de Vertus en Champagne, grand partisan de l'oluse, étoit si content de ce terme, qu'il a fait aussi oluseur, pour dire, qui vend en fraude.
   
Oméga
  T. n.m. En termes de Collége, on donne le nom d'Oméga à celui de tous les Ecoliers d'une classe, qui dans la composition pour les places se trouve le dernier de tous. Il y a des Régens qui donnent toûjours quelque récompense à celui qui a la premiére place, & qui est Empereur ; & par une raison contraire font fouetter celui qui est l'Oméga. Ce nom est tiré de l'alphabet de la langue Grecque, dont la derniére lettre s'appelle Oméga.
   
Ordinaire
  T. n.m. Ce mot est aussi en usage parmi les Gargotiers de Paris, & signifie une portion de viande ou de poisson, qu'on donne dans les gargotes à ceux qui y vont manger. Prendre un ordinaire de trois sols.
Ordinaire, se dit aussi de cette mesure réglée de vin, de bois, chandelles, foin & aveine qu'on fournit tous les jours aux domestiques, & à l'Écurie. Le Maître-d'Hôtel & le Sommelier ont soin de fournir l'ordinaire aux valets & aux chevaux. Quand les chevaux ont bien travaillé, on leur renforce l'ordinaire.

Ordinaire, se dit aussi au substantif, de la poste ou du Courier qui part réglément en certain jour de la semaine. L'ordinaire de Lyon, de Rome, de Venise. Je vous ai écrit par l'ordinaire. Il a manqué un ordinaire à me faire réponse.
   
Orgeade
  T. n.f. Prononcez orjade. Terme de Limonadier. C'est de l'eau d'orge, où il entre de la semence de melon, du sucre & quelque eau de senteur, L'orgeade se vend vingt sols la pinte. L'orgeade est rafraîchissante. L'usage aujourd'hui est de dire orgeat.
   
Oublie
  T. n.f. Pâtisserie ronde, déliée, & cuite entre deux fers. On la fait avec de la pâte délayée. A Paris les oublies sont insipides. A Lyon on les fait comme des cornets de métier. C'est le profit des garçons Pâtissiers de crier le soir, en hiver, des oublies. Ils appellent une main d'oublies, les sept ou huit qu'ils jettent sur la table.
   
Oubliettes
  T. n.fpl. Lieu qu'on dit être en quelques prisons, où l'on met ceux qui sont condamnés à une prison perpétuelle, qu'on a tout-à-fait oubliés. Du Cange dit qu'on appelloit autrefois oubliette, la prison de l'Évêque de Paris, parce que les Clercs qui avoient failli, y étoient si longtemps, qu'on les tenoit pour oubliés. On ne dit plus ce mot qu'au pluriel.
Il y avoit autrefois en Perse un château que les Grecs appelloient : c'étoit ce que nous appellons oubliette. Ceux qui étoient enfermés dans ce château, devoient être tellement oubliés, qu'il étoit défendu, sur peine de la vie, de prononcer leur nom.
   
Ouille
  T. n.f. Sorte de potage fait de diverses herbes, & sans beurre, qu'on sert quelquefois les jours maigres sur les bonnes tables pour faire quelque diversité.
   
Outarde
  T. n.f. Gros oiseau qui vit dans les campagnes, bon à manger, qui est fait comme une oie. L'Outarde, qu'on appelle aussi Ostarda ou Bitarde, est plus grosse qu'un coq-d'Inde, & qu'une grue. Elle pèse beaucoup, à cause de la quantité de sa graisse ; il y en a grand nombre en Espagne & en Angleterre, l'on en voit en France dans les plaines de la Champagne, elles viennent des Alpes & des pays septentrionaux ; cet oiseau se plait dans les campagnes spacieuses, où il n'y a ni arbres ni buissons, parce qu'il ne se branche jamais, & à cause qu'il craint les Chasseurs, qui le surprendroient avant qu'il fût en état de s'élever, à raison de sa trop grande pesanteur. Les outardes ne fréquentent point les eaux, si ce n'est celles qu'elles rencontrent après les pluies dans les plaines. Les personnes qui en ont voulu nourir, disent qu'elles meurent de déplaisir de se voir privées de leur liberté, & qu'elles s'étouffent elles-mêmes, en retirant leur souffle, & s'empêchant la respiration.
Quelques-uns disent que sa chair a sept sortes de goûts différens. Cet oiseau est si pesant, que si un homme bien monté le surprend avant qu'il se soit levé, il le prendra à la main. L'on prend ces oiseaux avec des filets, en faisant marcher un cheval qu'ils suivent, à cause qu'ils se plaisent grandement à voir des chevaux, & qu'ils ont de la sympathie pour eux.
   
Paillasson
  T. n.m. Nattes qu'on met au-devant des fenêtres pendant l'été. On les baisse autant qu'on veut avec des cordes, & l'on se garantit ainsi des ardeurs du soleil.
   
Palanche
  T. n.f. On appelle de ce nom dans quelques provinces un instrument de bois, long d'environ trois pieds, un peu concave dans le milieu, au bout duquel il y a deux entaillures, pour y accrocher deux seaux d'eau ; qu'on porte ainsi sur l'épaule. En d'autres endroits on appelle ces instrumens Chambalon, mot qui, selon les apparences, dérive de celui de Chambriére, pour la raison qu'il sert aux Chambriéres à porter l'eau, & qu'il les soulage en cela.
   
Palatine
  T. n.f. Fourrure que les femmes mettent sur leur cou en hyver pour couvrir leur gorge, & la tenir chaudement. On a vû acheter une palatine quarante pistoles. Ces palatines sont ordinairement de martes, ou de fouines bien passées, doublées de taffetas, & taillées en forme de mouchoir de cou ; mais il y en a d'une infinité d'espéces... On appelle Palatines à la Reine, celles qui se nouent par-derriére, & dont les pendans naissent des deux côtés du cou, & laissent voir un collier de même que la palatine. On porte de ces colliers sans pendans qui se nouent par dessous le menton, en forme de petits noeuds de cravate, & qu'on appelle les Solitaires.
   
Palot
  T. n.m. Homme grossier & rustique, de la lie du peuple, comme le Paysan, le Batelier, le Crocheteur, &c. Cet homme marche en gros palot. Il est venu crotté comme un palot, & a tout sali ma chambre.
   
Paltoquet
  T. n.m. Homme qui a l'air & les manières grossières, paysannes, qui marche, qui est vêtu, & qui agit grossièrement & en paysan. Ce mot vient de paletot, jaquette de paysan.
   
Panade
  T. n.f. Espèce de soupe ou de potage fait de pain cuit, & imbibé dans le jus de viande, qu'on donne aux malades qui ne peuvent pas encore digérer la viande, & aux personnes délicates, qui en prennent le matin en guise de bouillon pour s'engraisser.
   
Panetière
  T. n.f. Espèce de grande poche ou de petit sac de cuir, de toile, &c. qui sert aux Bergers & aux Bergères pour mettre leur pain, & autres choses pour vivre, & ce qu'ils portent quand ils vont garder leurs brebis dans la campagne. Elle est faite comme une fronde, ils la portent en écharpe. Le mot de panetière se trouve dans les Églogues & dans les Romans qu'on nomme Bergeries. Il est aussi en usage en diverses provinces ; mais les Bergers d'autour de Paris se servent de celui de Gibecière.
   
Papegai
  T. n.m. Le Papegai ou gros perroquet est l'un des plus remarquables de tous les oiseaux ; il ne s'en trouve point qui lui soient semblables pour la diversité, & la vivacité de ses couleurs ; en un mot cet oiseau est très-rare & très-parfait ; il prononce distinctement les paroles comme l'homme, & principalement lorsqu'il est enseigné de quelque perroquet qui parle bien ; il chante des chansons, & apprend facilement à contrefaire toutes sortes d'animaux ; il appelle les personnes qui passent par les rues, & les trompe en contrefaisant le sifflet naturel. Peu de personnes nourrissent de ces oiseaux, parce qu'ils sont de grand prix : on les apporte des Indes où il y en a grande quantité de plusieurs espèces différentes.

Papegai ignifie aussi un oiseau de carte ou de bois qu'on met au bout d'une perche pour servir de but à ceux qui tirent de l'arc & de l'arquebuse, qui donnent un prix à celui de leur compagnie qui l'abat. On l'appelle en quelques endroits le Papegault.

   
Parasol
  T. n.m. Petit meuble portatif, ou couverture ronde qu'on porte à la main pour défendre sa tête des grandes ardeurs du soleil. On le fait d'un rond de cuir, de tafetas, de toile cirée, de bourracan, &c. Il est suspendu au bout d'un bâton. On le plie, ou on l'étend par le moyen de quelques côtes de baleme qui le soutiennent. Tous les Indiens ou Orientaux ne marchent point sans parasols. Ils servent aussi pour défendre de la pluie ; alors ils ne sont faits communément que de toile cirée, & on les appelle Parapluies.
   
Parchemin
  T. n.m. Peau préparée pour écrire, qui sert aussi à quelques autres usages. Il est fait de mouton, ou de belier, quelquefois de chèvre, quand la peau est raturée & bien raclée avec des fers propres, & après avoir été passée en chaux.
Ce mot vient du Latin Pergaminum, qui se trouve dans saint Jérôme, à cause que l'usage du parchemin a été inventé par les Rois de Pergame, n'ayant pas l'usage du papier en ce temps-là, comme écrit Isidore.
Le parchemin vierge, est fait de la peau d'un agneau ou d'un chevreau mort-né. Quelques superstitieux disent qu'il est fait de la coëffe que quelques enfans ont dans le ventre de leur mère.
Parchemin en cosse, est la peau telle qu'elle sort des mains du Mégissier, & telle qu'on la met sur la herse du parcheminier.
Parchemin timbré, est celui dont on se sert dans toutes les expéditions de Justice, qui est marqué d'une marque particulière en chaque Généralité. On dit, écrire en parchemin, ou mettre en peau. On appelle les Clercs & Copistes, des grateurs de parchemin.
   
Parisis
  T. n.m. Territoire d'auprès de Paris. Parisis, se dit aussi par opposition à tournois, du prix de la monnoie qui valoit un quart davantage à Paris, qu'à Tours. Ainsi le sol parisis vaut 15 deniers, & le sol tournois n'en vaut que 12. Quatre-vingt livres parisis font cent livres tournois. Quand on prend des meubles sur le pié de la prisée d'un inventaire, on est obligé d'y joindre le parisis, qu'on appelle autrement la crue. Quand les meubles ne sont plus en nature, on les estime sur la prisée & le parisis. Le parisis chez les Financiers s'appelle le Quart en sus.
   
Paroisse
  T. n.m Église desservie par un Curé, & par ses Vicaires, où s'assemble un certain nombre d'habitans pour assister au service Divin, recevoir les Sacremens, & s'acquitter des devoirs de la Religion. Cette Paroisse est bien desservie, il y a de bons Prêtres & un bon Curé. On est obligé d'assister au Prône & à la Messe de Paroisse, qui est une Messe publique que le Curé doit à ses Paroissiens. On prétend que dans la primitive Église, le mot de paroisse signifioit une seule Église, ou un troupeau renfermé dans une seule Église. Mais dans la suite l'on étendit la signification de ce terme, & l'on entendoit par-là un Diocèse composé de plusieurs Églises. Il n'y avoit d'abord qu'une seule maison dans chaque grande ville où tout le peuple s'assembloit, & cela s'appelloit la Paroisse. Mais depuis, une Paroisse étoit un petit Diocèse. Les Paroisses de la campagne n'ont commencé qu'au quatrième siècle, mais celles des villes sont plus anciennes. Du Cange dit que ce nom s'est donné autrefois à tout le territoire & ressort d'un Évêque, & que ce mot vient de voisinage, à cause que les premiers Chrétiens n'osant pas s'assembler dans les villes, étoient obligés de le faire secretement dans les maisons proches & voisines.
Paroisse, se dit aussi du territoire, soit à la ville, soit à la campagne, sur lequel s'étend la jurisdiction spirituelle du Curé. Cette Paroisse est de si grande étendue, qu'il a fallu lui bâtir une aide, un secours. La France se divise en Généralités, en Élections, & en Paroisses. Il y a 400 Paroisses dans l'Archevêché de Paris. 1400 dans celui de Rouen, & 1800 dans celui de Chartres. Quand on élit domicile, il faut cotter la rue & la Paroisse. On appelle Seigneur de Paroisse, celui qui a la Haute-Justice dans une Paroisse, ou du moins sur les environs de l'Église.
Paroisse, est aussi un nom collectif qui signifie tous les habitans de ce territoire. Toute la Paroisse a député vers l'Intendant pour avoir modération de la taille.
   
Parpain
  T. adj. ou parpaing(ne). Terme de Maçonnerie. On appelle pierre parpaigne, une pierre de taille qui traverse toute l'épaisseur d'un mur, en telle sorte qu'elle ait deux paremens ; l'un en dedans, l'autre en dehors. On appelle cette pierre parpaigne, & on dit qu'elle fait parpain, quand elle fait face des deux côtés ; comme celle des parapets, des ponts, & des quais. La Coutume de Paris & du Bourbonnois on oblige les Bourgeois à mettre des jambes parpaignes sous les poutres qu'ils veulent faire porter à un mur mitoyen.
   
Parpirolle
  T. n.m. Petite monnoie de Savoye, fabriquée à Chambery. Elle est de billon, c'est-à-dire, de cuivre tenant deux tiers d'argent. C'est une espéce de sol. Il y a d'autres parpiroles qu'on nomme, A la petite croix : celles-ci sont frappées à Gex, & n'ont qu'un denier dix grains de fin.
   
Partement
  T. n.m. Action par laquelle on part, & on quitte un lieu pour aller en un autre. Je remets de huit jours mon partement. Voit. Il faut que j'aille dire adieu à mon frère qui est sur son partement pour l'armée. Il ne se dit plus. Il faut dire, qui est sur son départ.
On dit pourtant, Un beau partement de fusées, quand dans un feu d'artifice il y a plusieurs fusées qui s'élancent en l'air en même temps.
   
Passée
  T. n.f. Cette province a eu tant de passées de Gens de guerre, qu'elle en a été fort incommodée. Les passées de gens de guerre enrichissent quelques personnes, & en ruinent une infinité d'autres.
   
Passeport
  T. n.m. Lettre ou brevet d'un Prince, ou d'un Commandant, pour donner liberté, sureté & saufconduit à quelque personne pour voyager, entrer & sortir librement sur ses terres. Le passeport se donne aux amis, & le saufconduit aux ennemis. Pasquier croit qu'on a dit passeport, au lieu de passepartout.
Passeport, se dit aussi figurément des qualités, privilèges, ou caractères des personnes, qui les font passer ou recevoir en plusieurs lieux. Cet homme est galant, agréable, il a son passeport, il passe par-tout. Ceux qui portent les livrées du Roi ne payent rien sur les ponts, ils ont leur passeport
   
Pât
  T. n.m. Repas. Il y a des Hôteliers qui traitent à pât, des auberges où l'on vit à pât, c'est-à-dire, où l'on paye tant pour chaque repas où l'on se trouve.
   
Patac
  T. n.m. Monnoie d'Avignon qui vaut un double. Ce mot est commun dans la Provence & le Dauphiné.
   
Patibulaire
  T. adj. Qui appartient au gibet. Les Seigneurs Hauts-Justiciers mettent des fourches patibulaires dans l'étendue de leur terre. On élève différent nombre de piliers pour faire des fourches patibulaires, selon la qualité de la Seigneurie. Il y a seize piliers à Montfaucon, qui sont les fourches patibulaires de Paris, où l'on portoit autrefois les corps des éxécutés à mort pour être exposés à la vue des passans.
On dit qu'un homme a une mine patibulaire, quand il a quelque chose de sinistre dans le visage qui marque de méchantes moeurs, qui menace d'une triste fin. On appelle une rue Patibulaire, celle où il y a eu quelques gens suppliciés.
   
Patin
  T. n.m. Soulier de femme qui a des semelles fort hautes, & pleines de liège, afin de paroître de plus belle taille. Cette femme en quittant ses patins perd une bonne partie de sa taille.
   
Paume
  T. n.m. Jeu où l'on pousse & repousse plusieurs fois une balle avec certaines règles. On joue à la paume avec des raquettes, des battoirs, des petis bâtons, & avec un panier, &c. La longue paume se dit, quand on joue à ce jeu dans une grande place ou campagne qui n'est point fermée. La courte paume, ou la paume absolument est un jeu fermé & borné de murailles, qui est tantôt couvert, tantôt découvert. Il y a des jeux de paume carrés, & des jeux de dedans. Ce mot vient du Latin palma, parce qu'autrefois on poussoit la balle avec la main. La paume est un exercice honnête & permis par les loix, dont les différens se peuvent régler en Justice.
   
Paysannerie
  Si la paysannerie de l'ancien régime était particulièrement défavorisée en quelques provinces (Marche, Auvergne, Forez...) dans d'autres elle accusait une prospérité de plus en plus marquée (d'ailleurs, la propriété rurale progresse considérablement au XVIIIe siècle). L'agriculture se développe, les marécages sont drainés un peu partout, le rendement agricole augmente, l'élevage bovin progresse, et certaines provinces s'enrichissent grâce à leur agriculture, comme la Provence qui exporte son huile d'olive.
Certes, la différence entre le notable du village et le journalier demeure mais l'on trouve de plus en plus de petits propriétaires, même si les revenus de ces quelques parcelles ne les dispense souvent pas d'également travailler la terre d'autrui pour faire vivre leur famille.
   
Pécule
  T. n.m. C'est l'argent que les esclaves épargnent pour eux. Une partie appartient au Maître, & l'autre appartient à l'esclave.
   
Pédagogue
  T. n.m. Régent ; maître à qui on donne le soin d'instruire & de gouverner un écolier ; de lui apprendre la Grammaire, & de veiller sur sa conduite. Ce garçon est assez âgé pour n'avoir plus besoin de Pédagogue, il se peut conduire lui-même.
   
Peigne
  T. n.m. Petit instrument qui sert à décrasser & à nettoyer la tête, à arranger les cheveux, & à les tenir proprement. Il est fait d'un morceau de bois, d'ivoire, de corne, ou d'écaille de tortue, divise en plusieurs dents, ou petites ouvertures qui donnent passage aux cheveux : les peignes font la principale garniture d'une toilette, d'une trousse. Un étui, une brosse à peignes. Les Dames se coëffent avec les peignes. Les Courtisans fanfarons ont toujours un peigne à la main. Les Tyrans ont eu aussi des peignes de fer pour tourmenter les Martyrs, en leur déchirant la peau. Les grosses dents d'un peigne s'appellent les oreilles.
   
Peignures
  T. n.fpl. Cheveux qui tombent quand on se peigne. Les perruques ne se faisoient autrefois que de peignures.
   
Pelisse
  T. n.f. Robe fourrée de peau. Dans le Nord & dans le Levant on se sert beaucoup de pelisses.
   
Pelisson
  T. n.m. Juppe faite de peaux fourrées, que portent les vieilles femmes. On l'a dit aussi des robes de chambres fourrées qu'on portoit autrefois.
   
Pelote
  T. n.f. Nom d'un jeu, ou de l'instrument avec lequel on y joue. C'est un balon rempli de sable, & bien graissé & frotté d'huile par dehors, afin qu'il soit glissant. On jette cette pelote à l'aventure, & celui qui l'attrape, tâche de l'emporter ; on fait tout ce que l'on peut pour la lui arracher ; s'il la lâche, on en fait autant à celui qui la lui a prise, & ainsi des autres jusqu'à ce que celui qui en est saisi, ait passe dans une autre paroisse que celle où le jeu a commencé. Les Seigneurs de paroisse proposent un prix pour la pelote. En Basse-Normandie ce jeu s'appelle la Pelote, & en Basse-Bretagne la Soule.
   
Penderie
  T. n.m. Pendaison. Action de pendre au gibet. Il y a eu aujourd'hui grande penderie à la Grève.
   
Pendule
  T. n.m. Poids attaché à une corde, ou à une verge de fer, lequel étant agité une fois, fait plusieurs vibrations, jusqu'à ce qu'il se soit remis en repos.
n.f. Horloge de nouvelle invention qu'on fait avec un pendule qui en régle le mouvement égal par le moyen d'une ligne cycloïde, qu'on dit être inventée par M. Huyghens, qui a fait un très-beau Volume De Horologio oscillatorio, imprimé à Paris en 1673.
   
Pénides
  T. n.fpl. Terme de Pharmacie. C'est du sucre cuit avec une décoction d'orge jusqu'à ce qu'il soit cassant : quand il est ainsi cuit, on le jette sur un marbre oint d'huile d'amande douce, puis on le malaxe comme une pâte avec les mains ; & pendant qu'il est encore chaud, on le met en bâtons entortillés en forme de corde. Les pénides sont fort bonnes pour le rhume, pour adoucir les âcretés de la poitrine, pour faciliter les crachats. Le peuple dit du sucre d'orge.
   
Pennonage
  T. n.m. C'est le nom qu'on donne à Lyon aux quartiers de Milice bourgeoise. On compte trente-cinq pennonages ; chaque pennonage est d'environ 500 hommes.
   
Penture
  T. n.f. Prononcez Panture ; quelques-uns même l'écrivent ainsi. Plaque de fer qu'on cloue à une porte, ou à une fenêtre, qui a une ouverture pour y faire entrer un gond sur lequel elle se meut comme sur un pivot pour s'ouvrir & se fermer. Les portes cochères doivent avoir trois fortes pentures.
   
Pénurie
  T. n.f. Ce terme est usité dans les Gabelles & dans quelques autres affaires de Finance. Il signifie Besoin, faute de quelque chose, manque de fourniture ou de provision. Quand on ne fournit point de sel dans les greniers, ou de tabac dans les magasins, & que la fourniture manque, on dit, Le grenier est en pénurie, les magasins tombent en pénurie.
   
Perruque
  T. n.f. Se disoit autrefois d'une longue chevelure, & particulièrement de celle qu'on a soin d'ajuster. Se dit maintenant des cheveux postiches, qu'on appelloit autrefois fausse perruque. L'usage les a autorisés & rendus communs. Ce sont des cheveux frisés, bouclés, & attachés ensemble, qui représentent la chevelure naturelle. On se fait raser la tête quand on prend la perruque. On fait des perruques de cheveux vifs, de cheveux frises qui imitent bien les naturels. Les vieillards cachent leurs cheveux gris d'une perruque blonde. On dit qu'un homme porte bien la perruque pour dire, qu'il a toujours de belles perruques, & qui viennent bien à l'air de son visage, On fait aussi des perruques à calote pour les Ecclésiastiques, des perruques à plaque, où il paroît une tonsure.
On peut dire que l'année 1629 est l'époque des longues en France. Pour les Ecclésiastiques on prétend qu'ils ne l'ont point portée que depuis l'année 1660 & que cette coutume n'est point encore bien autorisée. Le Cardinal Grimaldi en 1684 & l'Évêque de Lavaur en 1688 ont fait défenses à tous Prêtres de porter la perruque sans dispense & sans nécessité. M. Thiers a fait un traité exprès, pour montrer que cette parure mondaine est indécente dans un Ecclésiastique, & qu'une perruque frisée, bouclée & poudrée est directement contre les decrets & les canons des Conciles. La tête d'un Prêtre embellie d'une chevelure artificielle, & ajustée avec beaucoup de curiosité, lui paroît un monstre dans l'Église ; & il ne trouve rien de plus scandaleux qu'un Abbé avec un visage fleuri, & relevé d'une jolie perruque.
   
Persicot
  T. n.m. Liqueur spiritueuse qui se vend chez les Limonadiers, dont la base est de l'esprit de vin avec un extrait de persil, du sucre & autres ingrédiens. Le persicot est très-fort, & des liqueurs ordinaires, c'est une des plus spiritueuses.
   
Peste
  T. n.m. Maladie contagieuse, & ordinairement mortelle. La peste est appellée par Galien bête sauvage, ennemie mortelle de la vie des hommes, des animaux, & même des plantes & des arbres. On l'appelle épidémie, quand la corruption vient de l'air, qui fait mourir en peu de temps une grande quantité de peuple. La peste est accompagnée de fièvre, bubons, charbons, pourpre, flux de ventre, délire, frénésie, douleur mordicante d'estomac, palpitation de coeur, pesanteur de membres, & de tant d'autres accidens, qu'à peine peut-on voir deux malades qui aient les mêmes symptômes : ce qui lui a fait donner divers noms, comme fiévre pestilente, caguesangue, coqueluche, sueur Angloise, troussegaland, bosse, charbon, pourpre, &c. La peste, suivant l'opinion de Willis, est un venin qui se répand en l'air, qui s'attaquant aux esprits, au sang, au suc nerveux, & aux parties solides, les remplit de pourriture, de taches, de pustules, de bubons & de charbons. M. le Duc Mèdecin François, pour se garantir de la peste, s'appliquoit quatre crapaux sèchés sur les aînes & sous les aisselles, qui lui servoient de vésicatoires. Le vrai remède contre la peste, c'est de fuir de bonne heure, & de revenir tard. La peste, la guerre & la famine, sont les trois fléaux de Dieu.
   
Phaéton
  T. n.m. Chaise roulante fort propre, qui n'est ordinairement que pour une personne, qui est tirée par un cheval, & qui va fort vîte. On l'appelle ainsi par allusion à Phaëton qui voulut conduire le char du Soleil, parce que ce sont ordinairement de jeunes gens, ou des petits-maîtres qui se servent de ces sortes de voitures, qui les menent eux-mêmes, & qui courent souvent grand risque.
   
Philtre
  T. n.m. Espèce de drogue par le moyen de laquelle on prétend donner de l'amour. On distingue les philtres en faux & en véritables. Les faux sont ceux que donnent quelquefois les vieilles femmes, ou les femmes débauchées. Ceux-là, dit-on, sont ridicules, magiques & contre la nature, plus capables d'inspirer la folie, que l'amour, à ceux qui s'en servent. Les véritables philtres sont ceux qui peuvent concilier une inclination mutuelle entre deux personnes par l'interposition de quelque moyen naturel & magnétique qui transplante l'affection. Il y a des Auteurs, entre lequels est Van Helmont, qui veulent qu'il y ait des philtres de cette nature ; ils rapportent divers faits pour confirmer leur sentiment. Van Helmont dit qu'ayant tenu une certaine herbe dans sa main durant quelque temps, & pris ensuite le pied d'un petit chien de la même main, cet animal le suivit partout, & quitta son premier maître.
   
Piastre
  T. n.m. C'est un nom qu'on a donné à une monnoie d'argent, qui vaut un écu, comme les réaux, richedales, patagons, ducatons, louis blancs, &c
   
Pichet, picher, piché
  T. n.m. Les Marchands de vin appellent de ce nom une sorte de petite cruche de terre à bec dont ils se servent pour tirer du vin, & remplir les pièces. Un piché tout neuf, casse, fêlé, &c. Il a vuidé tout le piché. Il a bû un piché de vin.
Dans l'Anjou & les provinces voisines, vaisseau de terre dans lequel on boit. Il porte le nom de Brechet en Champagne, & de Brechie en Bourgogne. Pot à l'eau, petite cruche à mettre de l'eau. Ces pots étant ordinairement de terre, on les a nommés Brechies, parce qu'ils sont sujets à être ébrechés.
   
Picorée
  T. n.f. Petite guerre, pillage que font des soldats qui se détachent de leurs corps.Ce qu'on appelle aussi aller à la maraude. Ce mot est moderne, & n'est en usage que du dernier siécle. On le dit plus ordinairement des Officiers, ou valets qui font des profits injustes sur les choses qui leur passent par les mains. Le Receveur picore sur tout l'argent qu'il donne, ou qu'il reçoit.
   
Picote
  T. n.f. On appelle ainsi en Poitou la petite vérole. De piquer, à cause que le visage en est souvent marqué ; d'où vient qu'on dit picoté de petite vérole : ce que les Toulousains appellent picoutat.
   
Pied-sente
  T. n.m. Terme de Coutumes. C'est un chemin privé qui doit contenir deux pieds & demi, par lequel on peut aller seulement à pied, & non mener & ramener des bêtes.
   
Pipot
  T. n.m. On nomme ainsi à Bourdeaux certaines futailles ou barils dans lesquels on met les miels, c'est ce qu'on nomme ailleurs un Tierçon.
   
Piquette
  T. n.f. Méchant vin qu'on donne aux valets. C'est de l'eau qu'on a jetté sur le marc de la vendange. Il nous a fait boire de méchant vin, ce n'est que de la piquette.
   
Pistole
  T. n.f. Le mot de pistole ne signifie pas toûjours une piéce de monnoie, il signifie le plus souvent une somme de dix livres, ensorte que par douze ou quinze pistoles, on entend douze ou quinze fois dix livres, c'est-à-dire, 120 ou 150 livres. Cela vient de ce qu'originairement les pistoles d'Espagne avoient communément cours en France après le mariage de Louis XIV & valoient dans ce temps-là dix francs. Et quoique ces mêmes pistoles aient dans la suite valu plusieurs différens prix, que le cours en soit devenu très-rare, & même qu'elles ne soient plus d'usage aujourd'hui, nous avons retenu le terme de pistole, pour signifier dix livres ; & l'on dit aussi-bien 50, 100 & 200 pistoles, que cinq cents, mille, & deux mille francs.
   
Placard
  T. n.m. Feuille de papier étendue, propre à afficher & appliquer contre une muraille. Les Édits à réglemens qu'on veut publier & afficher se mettent en placards, & non en cahier. Les affiches & publications des enchères se font en placards.
   
Placet
  T. n.m. Tabouret, petit siége de femme ou d'enfant, qui n'a ni bras, ni dossier. Sedecula.
Placet, est aussi une Requête abrégée, ou prière qu'on présente aux Rois, aux Ministres, ou aux Juges pour leur demander quelque grace, quelque audience, pour faire quelque recommandation. Le Roi reçoit gracieusement tous les placets qu'on lui présente. Il distribue, il répond les placets. Il y a des jours où l'on plaide les causes du rôle, & d'autres où l'on plaide les placets. On donne des mémoires succints des affaires dans des placets. Les Lettres de Chancellerie portent cette clause, Sans demander placet, visa, ni pareatis ; pour dire, qu'elles sont exécutoires par elles-mêmes, sans demander aucune permission à des Juges. Ce mot vient du Latin placeat, à cause qu'on les commence par, Plaise au Roi, à Monseigneur le Président, &c.
   
Plat pays
 

T. n.m. Expression en usage sous l'ancien-régime pour désigner les campagnes par opposition aux villes

   
Platine
  T. n.f. Ustensile de ménage, qui sert à étendre, à sècher & à dresser le menu linge. Les rabats, les cravates empesées se sèchent sur la platine. La platine est faite d'un rond de cuivre jaune fort poli. Un pied de platine est ce qu'on met sous les vrais pieds de la platine pour l'élever.
Platine, se dit aussi d'une plaque de fer, ou de cuivre qu'on applique en plusieurs endroits. Une platine d'un verrou, d'un loquet, une platine ou écusson de porte qu'on met au-devant d'une serrure. Une platine de pistolet, de fusil, où s'attachent le ressort & le chien. Une platine de montre qui soutient les roues, les ressorts, les piliers, l'aiguille.
   
Plaude
  T. n.f. Se dit en Normandie pour un habit de toile. On l'appelle en Bourgogne Biaude ou Blaude. M. Aubert dans son Richelet de 1728 dit que Blaude, espèce de surtout fait d'une grosse toile qui descend au-dessous du genou, est un terme fort usité parmi les Paysans des provinces de Bourgogne & du Lyonnois.
   
Plessis
  T. n.m. Est un vieux mot François qui signifioit autrefois maison de plaisance, dont le nom est demeuré à plusieurs Terres & Seigneuries.
   
Pleureuse
  T. n.f. Bande de toile blanche, que ceux qui portent le grand deuil attachent aux manches de leur habit. Il ne se dit guère qu'au pluriel. Ce linge borde le haut du retroussis de la manche, & se renverse sur le parement environ la largeur de deux, trois ou quatre pouces. On met aussi des pleureuses aux manches de la veste, & celles-là sont comme les manchettes des Prêtres.
   
Poche
  T. n.m. Quelques Provinciaux nomment ainsi la cuillier à pot, & disent aussi pochée & pochetée, pour en marquer la contenance ; une pochée de bouillon ; une pochetée d'eau. En Bourgogne Pôche, dont l'o s'allonge, signifie également pêche, Piscatio, & cuillier à pot.
   
Poix
  T. n.f. C'est un suc ou gomme qui se tire des bois gras, comme pins, ou sapins, qui servent de flambeaux pour s'éclairer la nuit dans les pays de montagnes. La poix résine se fait de la même gomme dont on a fait évaporer les parties aqueuses, & qui devient extrêmement sèche. Celle-ci vient des pins & de la pesse. La poix résine liquide vient du térébinthe, mélèze, lentisque & cyprès. Pour tirer la poix, on fend ces arbres en petites buches, qu'on met dans un four qui a deux ouvertures ; par l'une l'on met le feu, & par l'autre on recueille la poix qui coule sur le champ du four, & tombe dans des bassins. La fumée qui est épaisse la rend noire comme on la voit.
On fait de l'huile de poix en séparant l'aquosité qui nage sur la poix, comme le lait clair sur le lait épais. On fait aussi de la suie de poix en brûlant la poix liquide, lorsqu'on veut la convertir en poix sèche. La poix navale se fait de vieux pins qui sont presque tout convertis en torches, qu'on arange en un bucher de la même manière qu'on fait le charbon, & c'est celle dont on enduit les navires. Mais les Médecins appellent poix navale, celle qui est raclée des vieux navires, & qui a acquis une vertu astringente par le moyen de l'eau de la mer. On s'en sert à faire des emplâtres. On y ajoûte quelquefois du sel commun & de la résine ; & quand on y jette des étoupes, ou de vieux cables battus, cela fait le gaudron pour poisser les vaisseaux. La poix Grecque, ou la poix d'Espagne, est de la résine du pin, ou de quelque arbre semblable qu'on fait cuire dans l'eau, jusqu'à ce qu'ayant perdu son odeur naturelle, elle devient sèche & friable.
Poix de Bourgogne, est une poix blanche qui vient de certains arbres résineux croissans dans la Franche-Comté, vers le mont-Jura. Elle est extrêmement tenace : c'est pourquoi on l'emploie à faire des emplâtres dessicatifs.
   
Polacre
  T. n.f. Terme de Tailleur. On dit, un habit à la Polacre, ou absolument une Polacre. C'est un habit dont les deux devants se croisent & s'attachent vers les épaules par deux rangs de boutons, qui vont depuis le haut jusques en bas. Quelquefois on renverse chaque côté de la Polacre, afin d'en découvrir la doublure, qui est ordinairement d'une belle couleur. Ce mot vient des Polaques ou Polacres, qui en ont apporté la mode en France.
   
Police
  T. n.f. Loix, ordre & conduite à observer pour la subsistance & l'entretien des États & des Sociétés. En général il est opposé à barbarie. Police, se dit plus particulièrement de l'ordre qu'on donne pour la netteté & sûreté d'une Ville ; pour la taxe des denrées ; pour l'observation des statuts des Marchands & des Artisans. La connoissance & la direction de la police de Paris appartenoit autrefois au Lieutenant Civil : elle en a été démembree, & elle appartient à un Officier, ou Lieutenant Général de police. Il y a à Paris 48 Commissaires qui vont en police, & qui font des visites de police ; il y a une Chambre de police, ou l'on assigne verbalement ceux qui ont contrevenu aux règlemens de police. La police a deux parties ; l'Agoranomie, qui concerne le réglement des marchandises ; & l'Astynomie, qui est la menue police des villes.
   
Polosum
  T. n.m. Espéce de cuivre rouge que l'on allie avec de l'étain, pour en faire ce métal composé que l'on appelle de la Fonte verte.
   
Pompon
  T. n.m. Les pompons sont de petits rubans longs comme la moitié du doigt, à l'usage des femmes, qu'elles doublent en rapprochant & joignant les deux bouts, ensorte que cela forme une petite boucle ronde qu'elles posent indifféremment à tous les endroits de leurs coeffures, sans ordre ni symmétrie, ensorte qu'il y en a quelquefois douze, quinze, & même davantage.
   
Ponforme
  T. n.m. Nom d'un ancien pont fort long, bâti sur des marais, mais presque ruiné ; il est dans le Languedoc, près de Narbonne, en tirant vers Béziers.
   
Porte-respect
  T. n.m. Dans une assemblée de jeunes gens, un pere, une mere, un vieillard, un précepteur, une gouvernante, est un porte-respect, dont la présence empêche que la jeunesse ne s'émancipe.
Porte-respect se dit aussi d'une marque d'honneur qui oblige les autres à rendre respect à la personne qui en est honorée. Un Laquais porte un ombrello ou parasol devant le carrosse des Cardinaux & des Princes Romains ; c'est un porte-respect devant qui tous carrosses qui ne sont point à des Cardinaux ou à des Princes, doivent céder le pas, & même s'arrêter.
   
Posage
  T. n.m. Le travail & la dépense qu'il faut faire pour poser de certaines choses pesantes. J'ai donné tant pour le posage de cette porte.
   
Pose
  T. n.f. Terme d'Architecture. Le travail qu'il y a à poser une pierre. La pose des grandes pierres est difficile. J'ai payé tant pour la taille de cette pierre, & tant pour la pose.
   
Poste
  T. n.m. Lieu qu'on choisit, où on se pose, où on se plante, où on se campe. La science d'un Général, c'est de savoir bien choisir un bon poste, de bien défendre son poste. Jamais un homme de guerre ne doit quitter son poste, il y doit demeurer tant qu'on le relève, quand il devroit être forcé dans son poste.
Poste, se dit aussi des charges, des emplois, des places qu'on occupe dans l'administration des affaires civiles. La charge de Premier Président est un beau poste. Une place de Commis chez les grands Financiers est un poste avantageux pour amasser beaucoup de bien. Les hommes briguent les grands postes plustôt pour s'enrichir, que pour immortaliser leur nom.
Poste. n.m. Est un lieu choisi sur les grands chemins de distance en distance, où les couriers trouvent des chevaux tout prêts pour courir, & faire diligence.La poste de Ville-Juifve. Le Bureau de la poste a Paris. Le Maître des Postes. Le Général des Postes. La ferme des Postes. Les Postes sont rompues, c'est-à-dire, on ne trouve point de chevaux en ces maisons là.
Il est fait mention des chevaux de poste dans le Code Théodosien mais ces postes n'étoient pas établies de la manière qu'elles le sont en France ; c'étoient seulement des chevaux publics. Le mot de poste vient de ce que les chevaux sont posés (positi) d'intervalle en intervalle, & l'on attribue à Louis XI. d'avoir ordonné le changement des chevaux de deux lieues en deux lieues pour une plus grande promptitude
Poste, se dit aussi de l'espace qui est entre les deux maisons de poste. Chaque poste est d'une lieue & demie, ou de deux lieues. On donne tant par poste pour chaque cheval. Le Courier a fait quatre postes sur un cheval ; il a couru six postes cette nuit. Poste, se dit de la course & de la diligence que fait le Courier, du courier même, & des paquets qui viennent par cette voie. On a envoyé des Couriers en poste, en diligence porter cette nouvelle.
On prend aussi des bateaux de poste pour faire diligence. Vers Montereau il y a une poste aux ânes.
   
Potager
  T. adj. qui appartient au potage. On appelle en un jardin le potager, l'endroit où on cultive les herbes potagères. Les légumes potagers, qu'on met au pot pour faire des potages. Dans la cuisine on appelle le potager, une table de maçonnerie, & le lieu un peu élevé où on dresse les potages, où il y a plusieurs petits fourneaux sur lesquels on les fait mitonner. Il y a aussi chez le Roi des Officiers potagers, qui ont soin des potages ; & des Potagers privilégiés suivant la Cour, qui sont des Cuisiniers & Traiteurs. On appelle grand potager, celui qui aime fort le potage.
Potager. s. m. Nom d'Officier de la cuisine-bouche de chez le Roi. Ce sont ceux qui ont soin des potages. Il y a chez le Roi quatre Potagers servans par quartier, qui ont chacun 400 liv. d'appointemens.
   
Poté
  T. n.f. Titre d'honneur accordé à une terre. Le mot de Poté vient de Potestas, & signifie un territoire qui comprend un certain nombre de bourgades & de familles, qui autrefois étoient de condition servile. Il y a peu de Potés en France. On n'y connoît guère que la Poté de la Magdeléne de Vézelai, la Poté d'Asnois en Nivernois & la Poté de Sully sur Loire. Les vassaux de la Poté d'Asnois furent affranchis de la servitude par une Chartre du Sire d'Asnois, de 1304, confirmée par Philippe le Bel, qui leur accorda le droit de Bourgeoisie.
   
Potence
  T. n.f. Gibet de bois où on pend les malfaiteurs. On dresse des potences dans les carrefours pour faire peur à des séditieux. Ce voleur a été condamné à la potence. Il y a eu des Chefs de Rebelles qu'on a appellés des traînes-potence, qui ont laissé pendre ceux de leur parti. On appelle en termes bas, un voleur, Gibier de potence.
   
Poterne
  T. n.f. Est une fausse porte dans la courtine, ou auprès de l'orillon, qui descend dans le fossé, & qui sert à faire des sorties. On le dit aussi de toutes les portes secrettes & cachées.
   
Poudre de St Jean
  T. n.m. Pour dire qu'une chose est de saison, & qu'on n'en doit point être surpris. On s'en sert encore pour signifier qu'on ne s'étonne pas d'une chose, & qu'on la regarde comme une bagatelle.
   
Pouillerie
  T. n.f. Chambre d'Hôpital où l'on met les habits des pauvres malades qui arrivent. La pouillerie de l'Hôtel-Dieu vaut quatre mille livres de revenu.
   
Poulaine
  T. n.f. Qui s'est dit autrefois de longues pointes de certains souliers qui furent défendus du temps du Roi Charles VI. Cette pointe étoit longue de demi pied pour les gens ordinaires, d'un pied pour les riches, & de deux pieds pour les Princes. Cette chaussure aigue & ridicule fut nommée la poulaine. On fit ensuite d'autres souliers qu'on appelloit becs de canne, qui avoient un bec au-devant de quatre ou cinq doigts de long. Et depuis on fit des pantoufles si larges par devant, qu'elles excédoient la mesure d'un bon pied, comme témoigne Guillaume Paradin. Borel dit que ce mot signifie à la Polonoise, parce que la Pologne s'appelloit autrefois Poulaine.
   
Poupelin
  T. n.m. Pièce de four, pâtisserie délicate, faite avec du beurre, du lait & des oeufs frais, pêtrie avec de la fleur de farine. On y mêle du sucre & de l'écorce de citron. Le poupelin se sert d'ordinaire avec la tourte.
   
Pourpoint
  T. n.m. Habillement d'homme pour la partie supérieure du corps depuis le cou jusqu'à la ceinture. On a fait des pourpoints tailladés, & d'autres fermés ; des pourpoints de peau de senteur, de satin, de drap, de toile. Un pourpoint sans manches se met en été sous la soutane. Des pourpoints à grandes basques, & à petites basques. Les Duellistes mettoient pourpoint bas, pour montrer qu'ils se battoient sans supercherie.
   
Préau
  T. n.m. Petit pré. Il est peu en usage au propre, & se dit au figuré d'une cour de Conciergerie, ou prison, où on laisse aller les prisonniers pour prendre l'air. On a ôté ce criminel des cachots, & on l'a mis sur le préau. Le Parlement va quatre fois l'année au préau, c'est-à-dire, va tenir une séance dans le préau de la Conciergerie pour visiter les prisonniers, & les délivrer, quand il y a lieu. On appelle aussi préau, l'espace couvert de gazon, & environné de portiques dans un Cloître. Il y a un joli préau dans l'avant-cour de cette maison.
   
Prébendier
  T. n.m. Nom que l'on donnoit autrefois à certains pauvres que les Eglises nourrissoient.
   
Précepteur
  T. n.m. Celui qu'on donne à un écolier pour conduire ses études, & pour observer ses déportemens. Les grands Seigneurs donnent à leurs enfans des Gouverneurs & des Précepteurs. M. l'Évêque de Meaux a été Précepteur de M. le Dauphin, & M. l'Archevêque de Cambrai l'a été de M. le Duc de Bourgogne. Les Bourgeois leur donnent des Répétiteurs, & des gens qui les conduisent au Collége, qu'ils appellent précepteurs.
Précepteur, se dit par extension de ceux en général qui instruisent les autres.
   
Prison
  T. n.f. Géole ; lieu fort & gardé pour retenir des criminels, des débiteurs & des captifs. On met les criminels dans les cachots, dans les lieux les plus noirs & obscurs de la prison. On fait expier souvent aux criminels une partie de leurs crimes par le supplice d'une prison plus affreuse que la mort. Les Maturins rachètent les captifs qui pourrissent dans les prisons des Infidèles.
   
Probatoire
  T. adj. On donne ce nom aux Actes qui servent à examiner la capacité d'un Aspirant. Pour être Docteur de Sorbonne, il faut soûtenir trois Thèses, la Majeure, la Mineure & la Sorbonique. Tous ces trois Actes sont probatoires, & si le soûtenant ne répondoit pas bien, il seroit refusé. Après qu'il a soûtenu ces trois Thèses, il fait encore un Acte de Vespéries ; mais celui-ci n'est pas probatoire, il n'est que de pure cérémonie.
   
Province
  T. n.f. Partie d'un Royaume, d'une Monarchie, d'un État, dans laquelle sont comprises plusieurs villes, bourgs, villages, hameaux, &c. sous un même gouvernement, & qui se distingue ordinairement par l'étendue d'une Jurisdiction spirituelle ou temporelle. Les Provinces étoient originairement des Duchés, Comtés, ou autres Seigneuries considérables qui ont été réunies sous un même Chef. Maintenant ce sont des Gouvernemens. L'Eglise a distingué ses Provinces par Archevêchés & Évêchés. Toute la Bretagne est de la Province de Touraine. Les Moines font les divisions particulières de leurs Provinces selon l'ancienneté & le nombre des Couvens, qui sont régis par un même Chef. La Province de Normandie, de Bretagne, d'Anjou, &c. Ce Gouverneur a trois Provinces sous lui.
   
Publication
  T. n.f. Notification qu'on fait dans les assemblées & lieux publics, d'une chose qu'on veut que tout le monde sache. On fait au Prône des proclamations & publications de bans pour les mariages, pour les enchères des decrets, &c. On a fait la publication d'un monitoire. La publication des bans n'est pas nécessaire au mariage, & elle n'en touche point la validité. Il se fait des publications à cri public, à son de trompe, par des affiches, &c. On faisoit autrefois des publications d'enquêtes, lorsqu'on en faisoit l'ouverture, & qu'on les tiroit d'un sac, dans lequel elles avoient été envoyées closes & scellées par le Commissaire-Enquéteur ; & alors on n'étoit plus recevable à donner des reproches contre les témoins.
   
pupitre
  T. n.m. Petit meuble de bois fait d'un ais incliné sur un rebord qui l'arrête par le bas. Il est propre à soutenir un livre, & commode aux étudians. Il y a des pupitres portatifs qu'on peut mettre auprès du feu. Dans les grandes Bibliothèques il y a toujours quelque tablette disposée en pupitre. Il y a des pupitres qui tournent sur des roues, & qui portent trente ou quarante volumes. Les écoliers dans les Classes, les Chantres dans quelques Églises, ont des pupitres devant eux pour mettre leurs livres. Les lutrins d'Église sont de grands pupitres.
   
Putassier
  T. n.m. Homme qui aime, qui cherche les putains ; qui fréquente les mauvais lieux. Sous François I. n'étoit galant qui ne fût putassier indifféremment. Ce putassier s'est retiré de la débauche, & s'est enfin marié ; il est bas.
   
Quadrille
  T. n.f. Petite Compagnie de Cavalerie superbement montée & habillée pour faire des carrousels, des joûtes, des tournois, des courses de bagues, & autres fêtes galantes. Quand il n'y a qu'une quadrille, c'est proprement un tournois, ou course. Les joûtes demandent au moins deux partis opposés. Le carrousel en doit avoir du moins quatre, & au plus douze. Chaque quadrille est composée au moins de trois Cavaliers, & au plus de douze. Les quadrilles se distinguent par la forme des habits, ou par la diversité des couleurs.
   
Quai
  T. n.m. Construction de pierre qu'on fait le long des bords d'une rivière, pour la commodité du chemin, & aussi pour empêcher qu'elle n'inonde quelque terrain, & pour la conserver dans son lit. C'est un gros mur en talud fondé sur pilotis, & élevé au bord d'une rivière, pour retenir les terres des berges trop hautes, & empêcher les débordemens.
   
Quadrivium
 

Groupe des quatre arts libéraux enseignés à l'université : arithmétique, géométrie, musique, astronomie.

   
Quanquam
  T. n.m. Terme de Collége, emprunté du Latin, & qui conserve la prononciation Latine, pour signifier une harangue Latine faite en public, & prononcée d'ordinaire par un jeune écolier, à l'ouverture de certaines thèses de Théologie. Cet enfant a bien prononcé son quanquam.
   
Quarantaine
  T. n.f. Nombre de quarante. Il veut avoir une quarantaine d'écus pour son pot de vin. Cette femme a bien une quarantaine d'années.
On appelle particulièrement la Quarantaine, le Carême composé de 40. jours, pendant lesquels l'Église commande de jeûner. Il a eu bien de la peine à faire la quarantaine, à jeûner jusqu'à Pâques.
La Quarantaine du Roi sont les trèves de quarante jours ordonnées par St Louis, pendant lesquelles il étoit défendu de se venger des parens & amis de ceux qui s'étoient entrebattus, blessés ou offensés de fait ou de paroles.
Quarantaine, se dit aussi du séjour de 40. jours qu'on fait faire aux gens qui viennent des lieux pestiferés, avant que d'être reçus dans d'autres villes, pour savoir s'ils n'apportent point avec eux quelque mauvais air.
   
Quasimodo
  T. n.m. Terme de Bréviaire. C'est le Dimanche de l'octave de Pâques, ainsi marqué dans le Bréviaire. Ce nom lui vient du premier mot de l'Introït de la Messe qu'on dit ce jour-là Quasi modo geniti infantes. On l'appelle aussi, Pâques closes, à claudendo. Au reste, ce terme est autant de l'usage ordinaire que terme de Bréviaire. On dit tous les jours la Quasimodo. Il viendra à la Quasimodo, &c.
   
Quenouille
  T. n.f. Bâton auquel on attache de la filasse, du lin, de la laine pour filer.
   
Question
  T. n.f. Torture qu'on donne aux criminels pour savoir la vérité de quelque crime qualifié. Personne ne peut être appliqué à la question en matière civile. Par l'ordonnance de 1670. Tit. 19. Art. 1. si l'accusé est prévenu d'un crime capital & qui mérite la mort, & si le crime est constant, il peut être condamné à la question, s'il y a preuve considérable contre lui, & que cependant la preuve ne soit pas suffisante pour le convaincre & pour le condamner à mort. Tous Juges tant Royaux que sulbaternes, peuvent condamner à la question, & même le Juge Ecclésiastique. On appelle question préparatoire, celle qui est ordonnée avant le jugement définitif ; & question définitive, celle qui est portée par le jugement de mort. La question préparatoire est ordonnée manentibus indiciis ; desorte que si l'accusé n'avoue rien, il ne peut plus être condamné à mort. La question définitive est celle qu'on donne aux criminels condamnés pour avoir révelation de leurs complices. Il faut qu'il y ait de puissans indices & violens, ou demi-preuve pour appliquer un homme à la quéstion préparatoire. La question ordinaire à Paris se donne avec six pots d'eau, & le petit treteau : l'extraordinaire avec six autres pots & le grand treteau, qui serre & étend davantage le criminel qui est suspendu. On la donne ailleurs avec des coins & des brodequins, & en chaufant les pieds. Il a été appliqué à la question ordinaire & extraordinaire, & n'a rien confessé. On dit aussi, Présenter la question, quand on fait peur seulement à un accusé de lui donner la question, c'est-à-dire, que l'accusé est conduit à la chambre de la question. dépouillé, lié, & attaché & mis en état de souffrir la question. S'il ne confesse rien, il est détaché & remené en prison. Mais ces feintes ne sont permises qu'aux seules Cours souveraines, étant expressément défendu à tous autres Juges (Ordonnance de 1670. Tit. 19. Art. 5.) d'ordonner qu'un Accusé sera présenté à la question, sans y être appliqué. En Angleterre l'usage de la question & des tourmens pour faire confesser les Criminels, même en crime d'État, est inconnu. La question est une invention sûre pour perdre un innocent qui a la complexion foible, & sauver un coupable qui est né robuste.Ceux qui peuvent supporter la question, & ceux qui n'ont pas assez de forces pour la soutenir, mentent également.
   
Quinquennium
  T. n.m. C'est l'espace de cinq ans employé dans une fameuse Université aux études de Philosophie & de Théologie, ou de Droit, ou de Médecine. Il a fait son quinquennium.
   
Quinte
  T. n.m. Maladie qui excite à tousser avec grande violence.
Sorte de toile ainsi nommée de Quintin ville de Bretagne où elle se fait.
T. adj. Epithète qu'on donne à une fièvre qui ne revient que tous les cinq jours. Elle est rare.
   
Rabat
  T. n.m. Pièce de toile que les hommes mettoient anciennement autour du collet de leur pourpoint, tant pour l'ornement que pour la propreté. Un rabat à dentelles. On attache un rabat avec des glands. Il n'y a plus que les gens d'Église & de Robe qui s'en servent. Ceux-ci le portent très-long ; les Ecclésiastiques le portent beaucoup plus court & plus étroit. Lorsqu'il se rabat simplement sur le collet du pourpoint sans descendre sur la poitrine, on l'appelle collet plustôt que rabat.
   
Racoleur
  T. n.m. Homme qui, par adresse, porte de jeunes gens à prendre parti. Les Racoleurs font des hommes à bon marché, & les revendent à des Capitaines. Il y a de ces Racoleurs à Paris, qui ne font point d'autre métier toute l'année.
   
Rafour
  T. n.m. Au pays de Bresse c'est un four à chaux.
   
Raisiné
  T. n.m. Préparation de raisin faite avec du vin doux, qu'on fait cuire & réduire à la moitié, pour le conserver. On l'étend sur du pain pour le gouter des enfans.
   
Ramasse
  T. n.f. Traineau sur lequel les voyageurs se font ramasser, c'est-à-dire, descendre le long des montagnes. Le Roi (Louis XIII.) étant arrivé à Briançon où il y a une montagne qu'on ne descend que sur des ramasses, qui est une espéce de chaise, derriére laquelle est celui qui la conduit & qui la fait descendre & rouler avec une prodigieuse vîtesse par ces chemins escarpés, Sa Majesté me dit que comme j'étois le guide, il falloit que je ramassasse le premier. La fille du Consul du pays se présenta pour me conduire. Le Roi d'abord eut peine de voir qu'une fille entreprit une chose qu'il croyoit si périlleuse : mais quand on l'eut assuré que cette fille entendoit fort bien le métier, il dit en riant : Hé bien nous serons au moins sages à ses dépens. Je me mis donc sur la ramasse sous la conduite de cette fille, & descendis comme un trait cette montagne sur les neiges. Ayant remonté ensuite à pied la même montagne, pour venir dire au Roi qu'il n'y avoit nul péril, il se mit sur une de ces ramasses conduite par le Consul pere de la fille qui m'avoit conduit, & descendit avec autant de vîtesse & de bonheur que j'avois fait. Il récompensa cet homme d'un privilége, & de quelques pistoles qu'il lui donna. Tous ceux qui accompagnoient le Roi, descendirent de la même sorte.... Mém. de Pontis, T. I. p. 509. 510.
   
Ramender
  T. v. Diminuer de prix. La belle montre de l'année fera ramender le bled, le vin, le fourage. Maintenant qu'il y a liberté du commerce, tout va ramender.
Se dit aussi des choses où l'on trouve du profit, de l'avantage. Il faut ramender les terres avec du fumier & de la marne, si on veut avoir une récolte avantageuse. Ce prisonnier n'a pas ramendé son marché ; pour avoir appellé de son premier jugement. Cet homme a été fort malade, mais il commence à ramender, à se guérir.
   
Ramolade
  T. n.f. Terme de cuisine. On appelle ramolade, une espéce de sauce que l'on prépare pour y manger la viande & le poisson. La ramolade est ordinairement composée d'anchois, de persil, de capres, & de ciboules hachées ensemble dans un jus de boeuf ; mais on peut y ajoûter plusieurs autres bons assaisonnemens ; c'est dans cette ramolade qu'on mange des chapons, des pigeons, &c. On y mange de même le poisson, comme la carpe, la tanche, le thon, &c.
   
Rapatriage
  T . n.m. Paix, réconciliation, raccommodement. Ce mari et cette femme se sont brouillés souvent ensemble, je les ai toujours rapatriés.
   
Rapière
  T. n.f. Épée longue, vieille & de peu de prix, telles que celles dont l'on arme d'ordinaire les soldats. On appelle les filoux & les batteurs de pavé, traîneurs de rapière. On dit qu'un homme a pris la rapière ; pour dire. qu'il a pris l'épée, qu'il fait profession des armes.
   
Rapt
  T. n.m. Enlèvement violent & forcé. Le crime de rapt est digne de mort par l'Ordonnance. L'Ordonnance de 1639 a rétabli toute la rigueur du Droit Civil, que les Arrêts des Parlemens avoient un peu adoucie, en permettant au ravisseur d'épouser la personne ravie, lorsqu'elle y consentoit. Cette rigueur s'exerce plus sévérement, même pour le rapt de séduction, contre un Tuteur qui auroit abusé de sa pupille, & contre toute autre personne qui a autorité sur la personne ravie. L'Ordonnance s'étend aussi-bien aux garçons qu'aux filles.
   
Raquette
  T. n.f. Espèce de palette pour jouer à la paûme & au volant. Elle est faite d'un treillis de cordes de boyau, dont les unes s'appellent montans, & les autres travers, fort tendues sur un tour de bois qui a un manche de médiocre longueur. Un de ses côtés s'appelle les droits, & l'autre les noeuds. Pasquier a remarqué qu'anciennement on ne jouoit point à la paûme avec des raquettes : c'étoit avec la paûme de la main, & de-là il conjecture qu'est venu le nom de jeu de paûme. On n'avoit inventé les raquettes qu'un peu avant le temps de Pasquier, à ce qu'il dit.

Raquette, se dit aussi d'une certaine machine que les Sauvages de Canada attachent à leurs pieds pour marcher plus commodément sur la neige, & qui est faite à peu près en forme de raquette à jouer. Cette raquette a la figure d'un losange, dont les deux angles des côtés sont abattus & arrondis, le treillis qui porte sur le tour de bois, est fait de courroies ou aiguillettes de cuir d'orignac, très-étroites & très-déliées, & les mailles en sont beaucoup plus petites que celles de nos raquettes à jouer à la paûme. Au milieu est attaché un soulier, ou plustôt un chausson de cuir bien passé & bien souple, qui est garni en dedans de laine, ou de poil. C'est dans ce chausson que l'on met le pied. Il se ferme & s'attache avec des courroies sur le cou du pied. En ce sens on dit ce mot ordinairement au pluriel, parce qu'il faut une paire de raquettes pour marcher sur la neige. Les raquettes empêchent qu'on n'enfonce dans la neige. Il faut faire de grands pas, de grandes enjambées afin qu'elles ne portent pas l'une sur l'autre ; ce qui fait que l'on avance beaucoup en raquette ou avec des raquettes. Les Missionnaires & les autres François se servent aussi de raquettes comme les Sauvages.
   
Rassade
  T. n.f. Ce sont de petites perles de verre, couleur de Turquoise, dont on fait des grains de chapelet en France. Les Guayannois aiment fort ces petits grains de verre coloré, qu'on appelle rassade : ils en font des colliers & des brasselets de toutes façons.
La rassade est une espéce de verre ou d'émail dont on fait de petits grains percés pour les enfiler. On fait des bracelets, des glands, des colliers, des esclavages & autres ornemens de rassade. En parlant des femmes Caraïbes on dit que leur nudité est couverte d'un morceau de toile de coton ouvragé & brodé avec de petits grains de rassade de différentes couleurs, garnis par le bas d'une frange aussi de rassade, d'environ trois pouces de hauteur. C'est une très-bonne marchandise à porter dans les Isles car les Caraïbes, les Négres & même les femmes blanches en emploient à tous leurs ajustemens. Dans la Guyane les femmes mariées sont entiérement nûes & découvertes. Les filles n'ont qu'un petit tablier de rassade sur leurs parties naturelles.
   
Ratafia
  T. n.m. Sorte de boisson, ou de liqueur forte, composée avec de l'eau de vie, du sucre, & quelque autre chose que l'on met dedans, comme cerises, groseilles, fleur d'orange, noyaux de pêches, d'abricots, &c. Le ratafia est devenu fort à la mode. Ce mot est venu des Indes Orientales.
   
Réchauffoir
  T. n.m. Petit potager près la salle à manger, où l'on fait réchauffer les viandes, lorsque la cuisine en est trop éloignée.
   
Récipé
  T. n.m. Terme de Médecine. C'est une ordonnance qui contient le remède que doit prendre un malade. Il est ainsi nommé, parce que toutes ces ordonnances commencent par ce mot que les Médecins abrègent, & marquent par un R tranchée ainsi .
   
Recru
  T. adj. Fatigué de travail corporel, d'une marche trop longue, d'un combat. Il parut des troupes fraîches à la place de celles qui étoient recrues. Ils avancerent un pas ; mais tout recrus & harassés.
   
Recteur
  T. n.m. Le chef & le premier Officier électif de l'Université. Il porte la ceinture violette tant qu'il est revêtu de cette dignité ; la garniture de ses gans est aussi violette ; son habit de cérémonie est une robe violette, avec une ceinture de soie, avec des pendans d'or, & une bourse à l'antique, appellée escarcelle. Sa fourrure d'hermine blanche descend jusqu'à la moitié du bras. Le Recteur s'élit tous les trois mois ;
   
Redingote
  T. n.f. Mot Anglois, depuis peu francisé. Il signifie un habit de cheval : espèce de casaque. Depuis quelque temps les hommes portent beaucoup de redingotes. C'est une espèce de grand surtout boutonné pardevant, avec un collet & des ouvertures derrière & aux côtés, dont l'origine vient d'Angleterre. La redingote est faite à peu près comme une casaque, mais moins ample, & toutefois plus longue & plus large qu'un justaucorps. Dans les temps de gelée ou de pluie on voit presque tout le monde en redingote. C'est un habit très-peu parant, & qui selon les apparences, fera plus de fortune à la campagne qu'à la ville, où on commence à le trouver désagréable. A la chasse du Roi, quand il fait mauvais temps, tous les Seigneurs sont en redingotes : c'est à la vérité un habit très-propre pour monter à cheval, & pour résister aux injures de l'air.
   
Relais
  T. n.m. Équipage, qu'on envoie devant, ou qu'on a ordonné de tenir prêt pour changer de chevaux, ou de voiture, quand on veut faire diligence. Le Général des Postes se dit Surintendant des postes & relais de France. Ce Prince voyage en relais, il envoie & trouve par tout des relais. A la chasse on a plusieurs relais de chiens & de chevaux, qu'on donne aux cerfs l'un après l'autre aux lieux & refuites où ils ont été envoyés. On appelle la meute de relais, la meute de secours.

Relais, se dit aussi du lieu où l'on pose les chevaux & les chiens de relais, à la chasse, pour soulager les chiens recrus. Il faut aller attendre la chasse au premier, au second relais.

Relais, signifie aussi, Loisir, fainéantise, manque d'emploi ou d'occupation. Tandis que vous êtes de relais, faites pour moi ce petit message. On trouve toujours à Paris des Maçons & des compagnons de toutes sortes d'Artisans, qui sont de relais, qui chomment.
   
Relationaire
  T. n.m. Qui fait ou écrit des relations. On donne ordinairement ce nom à ceux qui écrivent la relation de leurs voyages. On ne doit guère ajoûter foi aux Relationaires. Les Relationaires cherchent à nous en faire accroire ; ou bien, comme ils ne peuvent tout voir, & qu'ils sont obligés de s'en rapporter à ce qu'on leur dit, on leur en fait accroire à eux-mêmes.
   
Relayer
  T. v. Se servir de relais, changer de chevaux, en prendre de frais & qui n'ont point travaillé. Ce Seigneur relaye deux fois de Paris à Fontainebleau. On dit aussi à la chasse relayer, quand on lâche les chiens du relais après la bête.
   
Relevée
  T. n.f. L'après-dinée, ou le temps d'après-midi. On donne des assignations chez des Commissaires à deux ou trois heures de relevée. Il n'est guère en usage qu'au Palais, où l'on appelle aussi les Audiences de relevée, celles qui se donnent après midi. La Cour n'entre point aujourd'hui de relevée. On ne juge point les procès criminels de relevée quand les conclusions des gens du Roi vont à la mort, ou aux galères, ou au bannissement. Ce mot s'emploie aussi de même dans les Actes des Assemblées du Clergé.
Ce mot vient de ce qu'autrefois on faisoit la méridienne sur des lits de sale qu'on nommoit grabats, & on nommoit relevée, le temps où l'on se relevoit pour retourner à son travail.
   
Remener
  T. v. Quand on parle de choses qui se voiturent, ce verbe signifie les Voiturer où elles étoient auparavant. Il avoit mené des marchandises à la foire, il a été obligé de les remener au lieu d'où il les avoit fait partir.
   
Remplage
  T. n.m. Remplissage.
   
Rengrègement
  T. n.m. Augmentation de mal ou de douleur. Il a senti du rengrègement à son mal, depuis qu'on lui a appliqué ce remède. Il se dit aussi au figuré. Rengrègement de mal : surcroît de désespoir.
   
Répétiteur
  T. n.m. Maître qui donne des leçons à des écoliers, & qui les fait répéter.
   
Résumpte
  T. n.f. Terme d'École de Théologie. C'est un acte qui a été rétabli en 1676. par les loix de la Faculté, & qui se doit faire par le nouveau Docteur pour avoir suffrage aux assemblées de la Faculté, & jouir des droits de Docteur. Cet acte se soutient dans une des six années, immédiatement après la licence, avant l'accomplissement desquelles les nouveaux Docteurs ne sont point admis aux assemblées de la Faculté, & ne sont point choisis pour présider aux thèses. La résumpte se soutient depuis une heure jusqu'à six. On soutient cet acte de toute l'Écriture-sainte, de tout ce qui regarde l'histoire de l'ancien & du nouveau Testament, & des passages, qui s'emploient dans les controverses contre les Hérétiques.
   
Rouet
  T. n.m. Petit instrument qui a une roue, qui sert à filer de la laine, de la soie & du fil. On fait plus de besogne en filant au rouet, qu'au fuseau.
   
Royal
  T. n.m. Monnoie d'or battue sous le règne de Philippe le Bel. C'est la plus ancienne monnoie d'or dont il soit fait mention dans les Registres de la Cour des Monnoies. Les petits royaux valoient 11 sols parisis, ou environ 6 livres. Les gros royaux valoient le double des petits. Cette espèce de monnoie a eu long-temps cours en France. On en voit du règne de Charles VII. On l'appelloit royal, parce que le Roi y étoit représenté vètu de ses habits Royaux. Les Comtes de Provence ont eu aussi une monnoie qu'on appelloit royaux d'or couronnés.
   
Royale
  T. n.f. On appelloit ainsi une sorte de culote que l'on portoit il y a plusieurs années. La royale étoit large ; elle avoit, au bas, des canons lacés de rubans, enjolivés de points de France, & enrichis de broderie de drap découpé à jour, & de plusieurs touffes de rubans.
   
Sabbatine
  T. n.f. Petite thèse que les Écoliers soutiennent le Samedi sans solennité, en forme de tentatives, pour s'exercer, & pour en soutenir d'autres publiquement.
   
Sabler
  T. v. Terme de Buveurs, qui signifie, Avaler un verre de vin tout d'un coup, d'une seule gorgée, & sans le savourer.
   
Sâblonner
  T. v. Écurer la vaisselle d'étain, les ustensiles de cuisine avec du sâblon, menu sable d'ordinaire blanc. La vaisselle d'argent s'useroit trop, si on la sâblonnoit.
   
Sabot
  T. n.m. Chaussure faite d'un bois creusé, dans lequel on met le pied. Le sabot est la chaussure des villageois, des pauvres gens. Les Dames en Limosin portent des sabots mignons & ouvragés pour se tenir chaudement. Les Bouchers mettent l'argent qu'ils reçoivent dans un sabot.
   
Sacard
  T. n.m. On appelle à Dijon Sacards ces gens qui en temps de peste enterrent les corps des pestiférés, & qui dans cette occasion volent tout ce qu'ils trouvent sous leur main dans les maisons des malades. On entend par ce mot tous coquins, pendards, gens de néant, & comme on dit, de sac & de corde
   
Saignée
  T. n.f. Opération de Chirurgie qu'on fait avec une lancette pour tirer le sang corrompu ou superflu qui est dans les veines. Les Médecins méthodiques usent de saignée pour remède principal. La saignée étoit fort rare chez les Anciens. Une saignée du bras, saignée du pied. On tient que c'est l'hippopotame qui a enseigné aux hommes l'usage de la saignée, parce qu'étant trop chargé de sang, il se frotte contre un roseau pointu, & s'ouvre une veine : puis se sentant déchargé de sa plénitude, il se veautre dans la boue pour étancher son sang.
   
Salade
  T. n.f. Espèce d'entremêt qu'on sert sur la table pour accompagner le roti. Il est composé d'ordinaire d'herbes crues, assaisonnées avec du sel, de l'huile & du vinaigre. On y met quelquefois des oeufs durs & du sucre. Une salade d'herbes, de laitue, de céleri, de chicorée, d'estragon & d'autres menues herbes, qu'on appelle de la fourniture. On en fait aussi avec des fruits, des olives, & des câpres ; quelquefois avec des fruits ou herbes confites au vinaigre, comme concombres, côtes de pourpier, percepierre ; quelquefois avec des anchois, &c.
   
Salage
  T. n.m. Action de saler, & la quantité de sel qui s'y consomme. Il faut tant de minôts de sel pour le salage d'un cochon. Le salage ou le sel dont on a besoin pour le saler, coute plus que l'achat de la bête. Il y a aussi en quelques lieux un droit de salage, qui est un droit de prendre du sel sur chaque bateau qui arrive en certains ports.
   
Salaison
  T. n.f. Saison où l'on a coutume de saler. Au temps de la salaison des harengs, des morues, des cochons, on débite bien du sel.
On le dit aussi des viandes salées, du poisson salé qu'on embarque pour la nourriture des équipages, dans les voyages de long cours. On embarque beaucoup de salaison dans ce vaisseau. L'usage des salaisons donne le scorbut.
   
Salignon
  T. n.m. Pain de sel blanc, fait d'eau de fontaine salée, cuit & formé dans une éclisse comme un fromage. Dans les lieux francs de gabelle on met des salignons dans les colombiers, pour y attirer les pigeons.
   
Salle
  T. n.f. La première partie d'un appartement dans un logis. C'est la plus grande pièce d'un bel appartement : & chez les Ministres d'État & les Magistrats, c'est le lieu où ils donnent audience. Chez le Roi & chez les Princes le lieu de leur appartement où sont leurs Gardes, s'appelle la salle des Gardes. Les appartemens royaux consistent en salle des Gardes, Antichambre, Chambre, Cabinet, & Galerie.
Les salles sont d'ordinaire au bas étage au raiz-de-chaussée. Il y aussi des salles hautes, des salles à donner le bal, à faire noces, des salles à manger, des salles d'audience, &c. d'autres pour les assemblées ou cérémonies. Il y en a aussi dans les Hopitaux où sont dressés plusieurs petits lits de rang pour mettre les malades.
Salle de bain. C'est la principale pièce de l'appartement du bain, où est le bassin ou la cuve pour se baigner.
Salle de bal. Grande pièce en longueur, qui sert pour les concerts & les danses, avec tribunes élevées pour la musique, comme celle du grand appartement du Roi à Versailles. Il y a aussi des salles de balets, des salles de comédie, des salles de machines.
Salle du commun. Pièce près de la cuisine & de l'office, où mangent les domestiques.
Salle d'eau. Espèce de fontaine plus basse que le raiz-de-chaussée, où l'on descend par quelques dégrés, & qui est pavée de compartimens de marbre avec divers jets d'eau, & entourée d'une balustrade
Salle de jardin. C'est un grand espace de figure régulière, bordé de treillage, & renfermé dans un bosquet, pour servir à donner des festins, ou à tenir bal dans la belle saison ; comme la salle du bas du petit parc de Versailles, qui est entourée d'un amphithéatre avec siéges de gazon, & un espace ovale au milieu un peu élevé, & en manière d'arène, pour y pouvoir danser la nuit à la lumière des flambeaux.

On dit proverbialement au Collége, Donner la salle, quand on fouette un écolier en public, pour donner l'exemple aux autres. Cela vient de ce que dans les Colléges il y a un endroit où tous les samedis, se doivent trouver à une certaine heure les petits écoliers, & où l'on punit ceux qui ont fait quelque faute.

   
Saloir
  T. n.m. Vaisseau de bois où l'on garde le sel dans les maisons, qu'il faut tenir en lieu sec.
Saloir, se dit aussi du vaisseau qui sert à saler les viandes, & à les laisser tremper dans leur sel pour s'en imprégner. Il faut ôter les viandes du saloir, quand elles y ont été suffisamment, pour les faire sècher ensuite.
   
Saluade
  T. n.f. Révérence qu'on fait aux personnes qu'on veut honorer. Les Juges veulent avoir bien des saluades & des bonnetades. A la campagne on fait des saluades à tous les honnêtes-gens qu'on rencontre, on leur ôte le chapeau. Il ne se dit guère que dans la conversation & avec une épithète.
   
Sandale
  T. nf. Chaussure de Religieux Réformés, qui ne consiste qu'en des semelles de cuir attachées avec des boucles, le reste du pied demeurant nud. Les Capucins portent des sandales ; les Recolets des socques. Celles-là sont de cuir, celles-ci de bois. Parmi les Capucins & quelques autres religieux, celui qui fait les sandales s'appelle sandalier.
   
Saoule
  T. n.f. C'est le nom d'un jeu que les Seigneurs de Paroisse proposent à leurs Vassaux dans des jours de réjouissance, comme de fête, de mariage, &c. Ce jeu se fait avec un ballon bien huilé par-dehors pour le rendre plus glissant. On le jette à l'aventure, & chacun cherche à s'en saisir, & à se l'entre-arracher, & celui qui le peut porter sur une autre Paroisse que celle où se fait le jeu, remporte le prix proposé. Ce jeu qui s'appelle la Saoule en Bretagne, se nomme en Normandie la Pelotte ou l'Eteuf.
   
Sarot
  T. n.m. ou sarrau. Habit de paysan, & de roulier. On n'eut ni le temps ni les moyens de donner des habits d'ordonnance aux Milices Suédoises. La pluspart de ces Laboureurs vinrent vètus de leurs Sarots de toile, ayant à leurs ceintures des pistolets attachés avec des cordes.
   
Sas
  T. n.m. Sorte de tamis, tissu de crin attaché à un cercle de bois mince & large, & dont on se sert pour passer les poudres qu'on veut avoir fort déliées. On passe la farine au sas dans les huches, & il sert de blutoir. Les Parfumeurs passent leurs poudres dans des sas qui ont un couvercle. Les Maçons se servent aussi de plâtre au sas pour les ornemens des cheminées, & autres ouvrages délicats.
   
Saugrenée
  T. nf. Assaisonnement de pois avec du beurre, des herbes fines, de l'eau & du sel. Ceux qui disent qu'on les cuit à l'eau & au sel seulement, n'en ont apparemment guère mang
   
Saumure
  T. n.f. Liqueur qui se fait du sel fondu, quand on a salé des viandes, du beurre ou autres choses.
   
Saunière
  T. n.f. Grosse salière de bois qu'on pend à un des côtés de la cheminée, où l'on met le sel pour l'usage ordinaire de la cuisine.
   
Saur
  T. adj. Signifie, qui est de couleur jaune tirant sur le brun, ou de couleur dorée & obscure. Hareng salé & sèché à la fumée. On l'appelle aussi hareng sauret, & on écrit plus ordinairement hareng sor, que hareng sauret. Les Fruitières appellent un harengsaur, de l'appétit. Ce mot vient de saur, qui en vieille langue Gothique signifie couleur rousse & enfumée.
   
Saurer
  T.v. Ménage dit saurir. Faire sècher des harengs. On saure les harengs à la fumée. Cela les rend un peu jaunes & saurs
   
Savon
  T. n.m. Pâte ou composition dont on se sert pour blanchir le linge, & à d'autres usages. Elle est faite de cendres de chêne, & de quelques autres végétaux, & de chaux vive. On y mêle de l'huile, du marc d'olives, de la graisse, ou du suif, dont la différente quantité ou qualité fait la différence des savons de Castres, de Gènes, & autres ; du savon blanc & du savon noir. Les Teinturiers ne peuvent employer autre savon que celui de Gènes & d'Alican.
   
Scédule
  T. n.m. En termes de Collége, est un petit mémoire écrit sur une bande de papier, où l'on marque les écoliers qui ont manqué à leur devoir, qui sont absens, qui n'ont pas donné leur thême, sû leur leçon, ou qui ont causé.
   
Scholarité
  T. n.f. Terme de Barreau. On appelle Droit de Scholarité la faculté que les Écoliers des Universités ont d'évoquer leurs causes personnelles devant le Conservateur de leurs priviléges. Il faut qu'un écolier ait étudié six mois dans l'Université pour jouir du privilége de scholarité ; & en ce cas il ne peut être distrait, tant en demandant qu'en défendant, des Juges des priviléges des Ecoliers, excepté en vertu d'actes passés avec des personnes domiciliées hors la distance de 60 lieues.
   
Scholastique
  T. adj. Qui appartient à l'École. Ce terme n'est pas connu parmi le peuple, il est renfermé dans l'Ecole. Étudier la Théologie scholastique. Ce garçon a encore la mine scholastique, il sent l'écolier.
   
Scorbut
  T. n.m. Maladie qui prend ordinairement sur la mer. Elle est accompagnée d'un grand nombre d'accidens qui surviennent à toutes les parties du corps. Les plus ordinaires sont le saignement, la rélaxation, l'enflure, la puanteur des gencives, l'ébranlement & la chûte des dents, la puanteur de la bouche, les taches rouges ou livides, ou jaunes, & les douleurs des bras & des jambes, les lassitudes, la défaillance, la syncope, la douleur de tête. Le scorbut vient des particules âcres salines qu'on respire, des viandes salées ou gâtées qu'on mange, des méchantes eaux qu'on boit, de mal propreté, de pourriture, des chagrins : il est aussi contagieux. On n'en guérit guère qu'en prenant terre, d'où vient que les Mariniers l'appellent mal de terre, ou en se frottant du sang des tortues de mer, en usant du jus d'oranges, de citrons & de cocos, ou d'une herbe qu'on nomme herbe aux cuilliers.
Les peuples voisins de la mer Baltique sont fort sujets à ce mal. La Norvège produit des mûres qui sont souveraines pour le guérir. On envoie les malades dans les bois où elles croissent, afin qu'ils y en mangent tout leur saoul, & on les y laisse jusqu'à ce qu'ils se portent bien
   
Sebile
  T. n.f. Vaisseau de bois fait en rond & en forme de jatte qui sert en vendanges à tirer le vin de la cuve pour l'entonner. On appelle aussi sebiles, les jattes dont se servent les Sculpteurs & les autres Artisans en diverses occasions et le vaisseau de bois rond et creux, dans lequel les boulangers mettent la pâte quand elle est pétrie.
   
Sel
  T. n.m. Sel-Bouillon. C'est le sel blanc qui se fait dans quelques Elections de Normandie.
Sel sans Gabelle. C'est celui qui est délivré à de certaines personnes qui ont le privilége de n'en point payer la gabelle, mais seulement le prix du Marchand.
Sel gabelé. C'est celui qui a passé dans le grenier ou dépôt public, où l'on met le sel que le Roi vend à son peuple.
Sel par impôt. C'est le sel que l'on oblige chaque particulier de prendre aux greniers du Roi tous les ans, qu'on leur taxe suivant ce qu'ils en peuvent consommer.
Vaches de Sel. On appelle ainsi en Poitou ces monceaux de plusieurs milliers de muids de sel qu'on éléve en forme de meules de foin, pour achever de le sécher en attendant la vente.
   
Selle
  T. n.f. Petit siége de bois où une seule personne peut s'asseoir. Les courtauts de boutiques sont assis sur de petites selles de bois à trois pieds. Les Clercs doivent toujours être le cul sur la selle, être culs-de-plomb. Il y a aussi des selles brisées, ou siéges plians, qui sont d'étoffe ou de tapisserie. Une selle de Sculpteur est un pied sur lequel il pose ses modèles, où il les travaille.

Selle, se dit aussi d'un siége propre à mettre un bassin de chambre, où l'on se décharge le ventre. Ainsi l'on dit, il est sur la selle ; & par extension on le dit de la décharge du ventre. Il est constipé, il ne peut aller à la selle. Cette purgation a bien opéré, elle lui a fait faire plusieurs selles.

On appelle bateau des selles, certains bateaux immobiles, qui sont disposés pour y battre & laver la lessive, & où il y a des pièces de bois qui les divisent en plusieurs quarrés.

Selle, en termes de Manège, est un siége qu'on met sur le dos d'un cheval, pour la commodité du Cavalier. Ainsi avoir le cul sur la selle, c'est être à cheval.

On dit Courir la poste à toutes selles, pour dire, Courir la poste sans avoir une selle à soi ; mais en se servant indifféremment des selles que la poste fournit.

   
Sellette
  T. n.f. Petite selle On le dit particulièrement d'un petit siége de bois, sur lequel on fait asseoir les criminels en prètant leur dernier interrogatoire devant les Juges : ce qui ne se fait que quand il y a contre eux des conclusions des Procureurs du Roi à peine afflictive ; car hors de cela ils répondent debout derrière le Barreau. L'interrogatoire sur la sellette est la pièce la plus essentielle de l'instruction d'un procès criminel.
   
Seminial
  T. adj. Qui se dit du pain fait de fine fleur de farine. C'est ce qu'on appelle en Picardie seminiaux
   
Semonce
  T. n.f. Prière qu'on envoie faire à des parens & amis d'assister à une noce, à un enterrement. C'est un valet de Crieur qui fait la semonce d'un enterrement. Un parent se charge de la semonce des noces.
Ce mot est vieux. On le disoit autrefois de toutes sortes de convocations des personnes & des assemblées qui se faisoient à cri public, comme pour le Ban & Arrière-ban, pour les États, & pour la comparution en Justice.
   
Semonneur
  T. n.m. Crieur d'enterrement, qui envoie des billets par les maisons pour convier les parens & amis d'un défunt de se trouver à son convoi, service & enterrement. On le dit aussi de celui qui invite aux noces.
   
Septaine
  T. n.f. Terme de Coutumes, particulièrement de celle de Berri. Il se dit non seulement de l'enclos de la ville ; mais aussi de ses environs, de sa banlieue & jurisdiction, qu'on appelle en d'autres endroits la bannière, les quintes, la jugerie, le finage, le détroit, &c. Plusieurs Chartes prouvent que le nom de Quinte a été donné aux Banlieues de plusieurs villes de Poitou, parce qu'elles étoient de cinq mille pas, le mieux seroit peut-être de dire que la Banlieue de Bourges a été appellée septaine, parce qu'elle étoit de 7000.
   
Sequin
  T. n.m. Espèce de monnoie d'or valant environ sept francs, monnoie de France. Elle a grand cours dans le Levant.
   
Sieur
  T. n.m. Espèce de titre d'honneur dont l'usage ordinaire est renfermé dans les plaidoyers, dans les actes publics, & autres écritures de même sorte.
   
Simarre
  T. nf. Habillement long & traînant dont les femmes se servoient autrefois.
   
Sinapisme
  T. n.m. Médicament externe en forme de cataplasme, composé de semence de moutarde pulvérisée, & broyée avec de la pulpe de figues. Le sinapisme excite de la rougeur, & quelquefois des vessies sur la partie où on l'applique. Il étoit fort en usage autrefois ; on s'en servoit d'ordinaire dans les maux de tête invétérés, & dans les longues fluxions.
   
Sol
  T. nm. Pièce de menue monnoie qui vaut douze deniers. On prononce maintenant sou. Le sol fut jadis la plus grosse & la plus forte espèce de monnoie, dont les vingt faisoient la livre d'argent, comme on voit dans les Capitulaires ; & comme dans les Provinces les sols que l'on forgeoit contenoient plus ou moins d'argent, cela a causé la diversité des sols & des livres. Ainsi le sol Parisis valoit un quart plus que le sol Tournois ; & la livre Bourdeloise ne valoit que demi-livre Parisis. Les sols nerets, c'est-à-dire, noirs, étoient une monnoie dont les soixante valoient trente-six sols Parisis, selon Ragueau. Le sol Mançai, c'est-à-dire, du Mans, valoit un sol Normand & demi, d'où est venu le proverbe, Un Mançais vaut un Normand & demi ; & il valoit, selon Ragueau, le double des Tournois. Il y a eu aussi des sols Viennois, & cent autres qui ont pris le nom des villes où ils étoient battus, & qui sont expliqués dans les livres des monnoies.
   
Sorbone
  T. n.f. Maison ou Collége de la Faculté de Théologie, établie en l'Université de Paris. Elle a été fondée en 1252. par saint Louis, ou plustôt par Robert de Sorbon son Confesseur, & son Aumônier, qui fut un Chanoine de Cambrai, & depuis de l'Église de Paris. Il lui donna son nom, tiré du village de Sorbon ou de Serbon, près de Sens, où il étoit né.
La Sorbone a été rebâtie superbement par la magnificence du Cardinal de Richelieu. Il y a logement pour 36 Docteurs, qui se disent de la Société de Sorbone. Ceux qu'on y reçoit sans être Docteurs, s'appellent de l'Hospitalité de Sorbone. Six Docteurs Régens y font tous les jours leçon pendant une heure & demie chacun ; trois le matin, & trois l'après-dinée.
   
Sorcellerie
  T. n.f. Art magique, qui emprunte le secours & le ministère du Diable ; opération de Sorcier ; crime que les Sorciers & Sorcières font parmi les ténébres, en invoquant les Démons. Les ignorans attribuent à la sorcellerie tous les effets dont ils ne peuvent pénétrer les causes. On dit proverbialement, Il n'y a non plus de sorcellerie à cela, qu'à manger un cent de prunes.
   
Sou
  T. n.m. Pièce de menue monnoie valant 12 deniers tournois. Une livre vaut vingt sous, une écu soixante sous. On dit un pâté, un pain d'un sou. Il y avoit aussi autrefois des sous d'argent. Les sous de fer, autrement de la Rochelle, ont été décriés. C'est un pauvre homme qui n'a ni sou ni double. Il n'a pas reçu un sou de la dot de sa femme. La subvention est l'imposition du sou pour livre sur les marchandises. On prononçoit autrefois sol ; & quelques-uns l'écrivent encore.
   
Soufflet
  T. n.m. Espèce de voiture ou de chaise roulante sur deux roues, & fort légère, où il n'y a place que pour une ou deux personnes, dont le dessus & le dedans sont de cuir, ou de toile cirée, qui se lèvent & se plient comme un soufflet, pendant le beau temps, & qui s'étendent pour défendre de la pluie.

Est aussi un coup donné du plat, ou du revers de la main sur la joue. Un soufflet est un affront qu'un Gentilhomme ne peut digérer. Le soufflet est très-injurieux, & rien ne peut deshonorer davantage un honnête homme.

   
souffreteux
  T. adj. Miserable qui souffre beaucoup de peine & de nécessité. Il faut avoir compassion des pauvres souffreteux, qui ont froid, qui ont faim, &c. Il est bas & vieillit. Il ne se dit plus qu'en style plaisant.
   

Soufrer

 

T. v. Enduire, frotter quelque chose de soufre, ou l'exposer à la fumée du soufre. On soufre les vins pour les transporter par mer. On soufre les alumettes par les bouts. On met des chemises soufrées aux malheureux qu'on brule.

   
Souleur
  T. n.f. Crainte violente & subite, qui surprend, & qui fait soulever le coeur.
   
Soulier
  T. n.m. Chaussure de cuir pour les gens qui vont à pied. Le soulier est composé de semelles, talon, empeigne, quartiers & oreilles. On a de gros souliers de vache pour la fatigue, des souliers plats à trois semelles, des souliers de paysan. Il y a des souliers mignons de marroquin, de mouton, pour la propreté, à une semelle, à talon de cuir & de bois.
Dans la définition que l'on donne du soulier, supprimez ces mots, pour les gens qui vont à pied, car en bateau, en carrosse, en chaise, en litiére, & même fort souvent à cheval, on porte aussi des souliers.
   
Soupée
  T. n.m. Qui ne se dit qu'en ce mot composé, l'après-soupée ; pour dire, l'intervalle qui est entre le souper & la retraite pour dormir. On se réjouit bien dans une telle maison toutes les après-soupées, on y danse, on y joue, &c.
   
Soupente
  T. n.f. Entresol, ou petite construction pratiquée entre deux planchers pour la commodité d'un appartement, qui sert de dépense, de garde-robe.
   
Souper
  T. n.m. Repas du soir. Se dit aussi de la viande préparée pour faire ce repas. Les bourgeois qui vont souper chez leurs voisins font porter leur souper, leur gigot.
   
Souquenille
  T. n.f. Vètement de grosse toile, ou garde-robe qu'on donne aux valets, pour conserver leurs habits propres, & que les paysans portent aussi par nécessité. Molière dit sequenille.
   
Stablat
  T. n.m. C'est une habitation que font les paysans des pays des montagnes dans des étables, où ils s'enferment pendant l'hiver avec leurs bestiaux sous les neiges qui tombent sur leurs toits, & qui les couvrent de plusieurs piques de haut. Ils n'en sortent qu'à la fin du printemps, quand les neiges sont fondues.
   
Strapontin
  T. n.m. Quelques-uns disent Estrapontin. C'est un lit suspendu en l'air, attaché à deux arbres, pieux, ou cordages. On s'en sert sur les navires, & dans les pays chauds, où il y a des insectes qui importunent, ou des bêtes venimeuses, comme dans l'Amérique, où les Barbares l'appellent hamac.
   
Stylet
  T. n.m. Petit poignard fort dangereux, qu'on cache dans la main, & dont on se sert pour assassiner en trahison. . La lame en est ordinairement triangulaire, & si menue, que la blessure qu'il fait est presqu'imperceptible. Les stylets sont fort défendus dans les pays bien policés.
   
Suif
  T. n.m. Graisse de mouton, de boeuf, de porc dont on fait de la chandelle. En Médecine & en Anatomie, on distingue quatre sortes de graisse dans le corps de l'animal ; & la première qui se fige, & devient tellement dure qu'elle est aisée à rompre, lorsqu'elle est réfroidie, se nomme suif. Elle se trouve en abondance dans les moutons & dans les boeufs, au ventre inférieur, & autour des reins
   
Suint
  T. n.m. Sueur, ou crasse qui s'engendre sur la peau des animaux, & particulièrement des bêtes à laine. On appelle proprement suint, de la laine grasse, telle qu'elle sort de dessus la peau des moutons, avant qu'elle soit lavée.
   
Suisserie
  T. n.f. On donne ce nom à Paris, & dans les villages voisins à une petite chambre destinée pour le logement d'un Suisse. Par le moyen de ces Suisseries qui sont d'ordinaire séparées du reste de la maison, les Suisses n'incommodent point leurs hôtes.
   
Surécot
  T. n.m. Dépense qu'on fait au cabaret au-delà de ce qui a été arrêté pour le repas. Il y a deux écus de surécot.
   
Surfais
  T. n.m. ou surfait. Grosse sangle & large, qu'on met par dessus les autres sangles du cheval pour tenir la selle plus ferme.
   
Surhausser
  T. v. Il signifie, Mettre au plus haut prix ce qui étoit déja assez cher. Il a surhaussé sa marchandise, il l'a surhaussée de prix.
   
Sursemaine
  T. n.f. Ce qui est en-déçà ou au-delà d'une semaine. La provision ordinaire du pain n'a pas suffi, il a fallu en acheter en sursemaine ; & au contraire, il en est resté en sursemaine, pour la semaine suivante.
   
Surtout
  T. n.m. Nom qu'on a donné à une grosse casaque, ou justaucorps, qu'on met en hiver par-dessus les autres habits, ou justaucorps. Ce mot est nouveau, & n'a été en usage qu'en l'année 1684. Anciennement on appelloit la même chose souravis, comme qui diroit surhabits.
   
Surtout
  T. n.m. C'est une piéce de vaisselle d'argent ou du moins de cuivre doré, que l'on sert sur la table des Grands, & où l'on place le sucrier, le poivrier, le vinaigrier, les saliéres & le fruit. Le surtout a aussi plusieurs bobêches à proportion de sa grandeur, dans lesquelles on place les bougies. Le milieu de la table étoit occupé par un surtout d'argent de dix mille écus, dont la façon avoit coûté dix mille francs.
   
Tabagie
  T. n.f. Lieu destiné pour fumer du tabac. Il fait de sa maison une vraie tabagie. On donne aussi ce nom à une sorte de petite cassette dans laquelle on serre du tabac, des pipes, & tout ce qui est nécessaire pour fumer.
C'est aussi un lieu où l'on va fumer à tant par tête. Dans toutes les villes maritimes & autres grandes villes, il y a des tabagies publiques, où l'on fournit des pipes, du tabac & de la biére à discrétion, à un certain prix réglé par tête, ensorte que ceux qui fument & boivent beaucoup, ne payent pas plus que ceux qui font moins de consommation. Ces sortes de cabarets s'appellent autrement Estaminets.
   
Tabarin
  T. n.m. C'est ainsi qu'on appelle ordinairement celui qui fait le métier de Farceur, dans les places publiques.
Bouffon très-grossier, étoit valet de Mondor Charlatan de la Place Dauphine, vers le commencement du dix-septième siècle. Les plaisanteries de Tabarin ont été imprimées plusieurs fois à Paris & à Lion avec privilége, sous le titre de Recueil des Questions & Fantaisies Tabariniques. Elles ne roulent que sur des matières d'une grossièreté insupportable, & qui ne peuvent plaire qu'à la canaille.
   
Tabatière
  T. n.f. Petite boëte qu'on porte en poche, où l'on met du tabac en poudre. On fait des tabatières fort propres avec des fruits des Indes. On en fait d'ivoire & d'écaille, fort ouvragées. On en fait aussi d'argent & d'or, qui s'ouvrent avec des ressorts. M. de la Chaumette, de l'Académie de Bordeaux, a trouvé la manière de faire une tabatière dont le couvercle est formé de deux battans, qui se relèvent & se rejoignent aussi-tôt après qu'on les a abbaissés & séparés pour prendre du tabac, de sorte qu'on peut en prendre sans tirer la tabatière de sa poche, & sans qu'il s'y en répande.
Fille ou femme d'un homme qui distribue, qui vend du tabac. Il y avoit à Bruxelles une Bourgeoise qui avoit usurpé le nom de Belle, & qu'on appelloit la Belle Tabatière, parce qu'elle étoit fille d'un Marchand de tabac.
Ce nom jusqu'à présent n'a été donné qu'aux boëtes où l'on met le tabac en poudre. Mais comme il y a d'autres endroits que Bruxelles, où des femmes sont ainsi nommées, le mot de Tabatière pourroit bien dans la suite prendre faveur pour signifier tout à la fois la boëte à tabac, & la femme ou la fille de celui qui le vend.
   
Tachéographie
  T. n.f. ou tachygraphie. L'art d'écrire vite. On a inventé différentes sortes de Tachéographie. En France & ailleurs la Tachéographie se fait en retranchant des lettres ou des syllabes entières des mots. Ainsi l'on met sdm, pour secundum, aut avec un trait par dessus pour autem ; d pour sed, o pour non. St. pour Saint ; Sacrmt, pour Sacrement ; participaon, pour participation. Les premiers Imprimeurs imitoient ces abbréviations. Aujourd'hui elles ne sont plus en usage que chez les Notaires & les Praticiens, & parmi les Écoliers, qui écrivent ce qu'on leur dicte.
   
Tapabor
  T. n.m. Bonnet à l'Angloise, qu'on appelle aussi sur la mer, Bourguignotte. C'est un bonnet qui sert le jour & la nuit, & dont on abat les bords sur les épaules pour se garantir du vent & du hâle.
   
Taque
  T. n.f. On ne connoît que sous ce nom-là en certains endroits de la Champagne ce que par tout ailleurs on appelle contre-coeur, qui, selon l'Académie, est une plaque de fer qu'on attache contre le milieu du mur de la cheminée pour le conserver.
   
Tarif
  T. n.m. Table ou catalogue de plusieurs choses appréciées chacune selon sa valeur, ou de la taxe qu'on fait des droits qu'elles doivent payer à proportion de leur prix. Quand on fait un décri ou une réformation des monnoies, on en fait un tarif qui contient le poids, le titre & la nouvelle valeur de chacune.
Dans les Douanes il y a un tarif ou évaluation des épiceries & de toutes autres sortes de marchandises, ou de la taxe des droits qu'elles doivent payer. Dans le Roman Bourgeois il y a un tarif ou évaluation des partis sortables pour faire facilement les mariages. La Philosophie a cet avantage de n'employer aucun terme, qu'elle ne l'ait auparavant défini, c'est-à-dire, qu'elle n'en ait marqué le poids & la valeur, comme dans un tarif, que le caprice des particuliers ne peut plus altérer ni changer. Péliss.
   
Tarot
  T. n.m. C'est un instrument à anche, & à vent qui a onze trous, & qui sert de basse aux concerts de Musette. Le tarot s'appelle ordinairement basson.
   
Tarots
  T. n.mpl. Qui se dit d'une espèce de cartes à jouer, dont se servent les Espagnols, les Allemans & autres étrangers, qui sont marquées d'autres figures que les nôtres, comme copas, dineros, espadillas, bastos, &c. au lieu de coeurs, carreaux, piques & trefles. Elles ont d'ordinaire l'envers imprimé de divers compartimens.
   
Tassée
  T. n.f. Plein une tasse. Une tâssée de vin.
   
Taudis
  T. n.m. Petit grenier, ou petit logement étroit, sale & mal-propre, où logent de petites gens. Petit grenier dans le faux comble d'une mansarde. C'est aussi un petit lieu pratiqué sous la rampe d'un escalier, pour servir de bucher, ou pour quelque autre commodité.
   
Taverne
  T. n.f. Cabaret, lieu où l'on vend le vin en détail ; boutique de Marchand de vin, dont la marque est un treillis de bois avec un bouchon. Les tavernes sont proprement les lieux où l'on vend le vin par assiète, & où l'on donne à manger : mais on appelle proprement cabarets, les lieux où l'on vend seulement du vin sans nappe & sans assiète qu'on appelle à huis coupé, & pot renversé. Le mot de taverne emporte avec soi quelque idée plus fâcheuse que celui de cabaret. Par les loix, une taverne & un mauvais lieu sont également infâmes. Les débauchés, les ivrognes sont appellés piliers de tavernes.
Il y a quelques Coutumes qui font mention de tavernes bannales, où les tenanciers des Seigneurs étoient obligés d'aller prendre du vin.
   
Taxe
  T. n.f. voir taux. Prix qu'on met aux denrées par quelque règlement de Police. On doit punir un boulanger qui vend le pain plus cher que la taxe.
   
Teigne
  T. n.f. Galle épaisse qui vient à la tête, avec écailles & croutes, de couleur cendrée, & quelquefois jaune, hideuse à voir, avec une senteur puante & cadavereuse. Il y a trois sortes de teigne. La première est appellée squammeuse, à cause que quand on la gratte, il en sort plusieurs écailles semblables à du son. La seconde a sous sa croute jaunâtre de petits grains de chair rouges comme ceux d'une figue. La troisième est corrosive, qui a plusieurs ulcères & petits trous, d'où sort une sanie sanglante & puante, de couleur plombine ou jaunâtre.
   
Teignerie
  T. n.f. Terme de l'Hopital général de Paris ; pour dire, le lieu de l'Hopital où l'on panse les teigneux.
   
Tenailler
  T. v. Tourmenter un criminel avec des tenailles ardentes : ce qu'on ne fait qu'à ceux qui ont attenté à la personne du Roi. Par arrêt du Parlement de Paris on tenailla Ravaillac aux mammelles, aux bras & aux cuisses, pour avoir assassiné Henri IV Il ne se dit que dans ce sens. On ne dit point tenailler du bois pour le remuer avec la tenaille, ni tenailler du fer.
   
Teston
  T. n.m. Ancienne monnoie de France, qui a eu différens prix. On a commencé à les fabriquer sous Louis XII. en 1513. & alors ils étoient du poids de 7 deniers, 12 grains & demi. On les appelloit testons à cause de la tête du Roi, qui y étoit représentée. On n'avoit point fabriqué en France, sous la troisième race, de monnoie d'argent aussi pesante que celle des testons, & il n'en reste point depuis le commencement de la Monarchie, qui soient de ce poids. Avant les testons on ne faisoit en France que des gros ; qui ne valoient que deux sols.
   
Testonner
  T. v. Accommoder la tête & les cheveux. Les Courtisans sont toujours bien peignés & bien testonnés.
   
Thé
 

T. n.m. Quelques Médecins écrivent Tay. C'est un petit arbrisseau domestique de la hauteur des groseilliers ou grenadiers & myrthes, fort estimé & d'un grand usage chez les Chinois, les Japonois, & dans toutes les Indes orientales. Ils l'appellent Cha ou Theia. Il croît en la Province de Kiagnon, près la ville de Hoicheu, & auprès de Nankin, & presque dans toute la Chine. Il y en a aussi au Royaume de Siam. Le meilleur de tous est celui du Japon. On dit qu'il en vient aussi en Tartarie. Il a la feuille petite comme celle du sumach des Corroyeurs, dont il est une espèce, selon quelques-uns ; mais sa feuille tire davantage sur le jaune, & les branches sont ornées de plusieurs fleurs blanches & pâles, semblables à celles des Cistus dont le milieu est occupé par plusieurs étamines. Sa graine est noirâtre, & l'arbrisseau croît en trois ans malgré les neiges & les rigueurs de l'hiver. Il a des racines fibreuses & dentelées. On fait un breuvage de sa première feuille qui naît au printemps, qu'on cueille feuille à feuille avec les mêmes soins qu'on fait les vendanges en Europe. On la fait chaufer & sécher ; & après l'avoir gardée en des vaisseaux d'étain bien bouchés, si on la jète dans de l'eau bouillante, elle reprend sa première verdure, & donne une teinture verdâtre à l'eau avec une odeur & un goût agréable. Les Chinois ne boivent que l'eau où la feuille a trempé, le plus chaudement qu'ils peuvent. Les Japonois boivent l'eau & la poudre qu'ils y ont laissé infuser. On en met le poids d'un écu sur un bon verre d'eau & on y mêle un peu de sucre pour corriger son amertume.
Elle est si différente en bonté, qu'il y en a dont la livre vaut 100 ou 150 francs ; d'autre qui ne vaut que deux écus. Il y en a même à sept deniers. Les Hollandois la vendent en France 30 livres, & elle ne leur coute que 10 sols. Sa bonne marque est d'être verte, amère & sèche, en sorte qu'elle se brise avec les doigts.
Elle guérit la goutte & la gravelle, & on croit qu'elle est la cause de ce qu'on n'entend point parler de ces maux à la Chine & dans l'Inde, & de ce que les peuples parviennent à une extrême vieillesse. Elle guérit les indigestions de l'estomac. Elle désenivre, & donne de nouvelles forces pour boire, & dissiper les vapeurs qui causent le sommeil. Elle fortifie la raison que le vin affoiblit, & guérit soudain la migraine & les douleurs de ventre. Nous avons dans l'Europe, & sur tout en France, la mélisse qu'on appelle aussi piment, citragon, & en quelques provinces du baruel, qui a les mêmes vertus que le thé & plus sûres, à ce qu'on prétend.
Les Chinois en prennent en toutes rencontres, & sur tout à diner. Ils en offrent aux amis qu'ils veulent régaler. Les plus modérés en prennent trois fois par jour ; les autres dix fois, & à toute heure. Les personnes de la plus grande qualité font gloire de le préparer eux-mêmes dans leurs appartemens les plus magnifiques & ont plusieurs vaisseaux de prix pour cet effet. Nous connoissons maintenant en Europe trois sortes ou espèces différentes de Cha ou de Thé. La première espèce, qui est la plus connue & la plus estimée, est le thé verd, dont la feuille est plus petite, & qui fait l'eau plus verte. Il est digestif, il est même trop corrosif, & les Chinois n'en prennent que par ragoût, comme on se sert en Europe des vins de liqueurs. Il n'est pas usuel ; ceux qui à leur repas ne boivent que du thé, ne se servent point de celui-là. Il est plus agréable au goût. Il a un petit goût de violette. La seconde espèce est le thé noir qui teint l'eau d'une couleur plus foncée, il n'est pas si agréable que le thé verd. Il est d'un meilleur usage. On l'appelle le thé voui, ou boui, & les Chinois le nomment Voui Teha. Le troisième est le thé rouge, ou thé Tartare, Honan Teha ; qui teint l'eau d'un rouge pâle, & qu'on prétend être extrémement digestif. On dit que les Tartares qui mangent la chair presque toute crue, s'en servent pour aider la digestion. Il est le moins agréable de tous. On le vend en boule. Il a un goût de terre, & très-desagréable, quand on n'y est pas accoutumé.

   
Thétière
  T. n.f. Vase à faire bouillir l'eau pour le thé.
   
Tierce
  T. adj. Terme de Médecine. On appelle Fiévre tierce, celle dont les accès reprennent tous les trois jours inclusivement, c'est-à-dire, qu'il y a un jour d'intervalle entre deux accès. Elle est intermittente ou continue, simple, double, ou triple.
   
Timbre
  T. n.m. Cloche sans battans & immobile, qu'on frappe à la main avec un marteau, ou que fait sonner un jaquemart. Dans les Cloîtres il y a un timbre pour appeller les Religieux au Réfectoire. Les horloges, les montres sonnantes ont aussi un timbre qui est frappé par un marteau autant de fois qu'il faut qu'elles sonnent d'heures. On en met aussi dans les beffrois des villes pour faire un signal.
   
Timonnier
  T. n.m. Cheval qu'on met au timon du carrosse, qui est opposé à celui qu'on met à la volée.
   
Tinette
  T. n.f. Petit vaisseau fait de douves, & plus étroit par en bas que par en haut, qui sert d'ordinaire à garder du beurre salé. On fait grand trafic de tinettes de beurre en Hollande. On s'en sert aussi dans les offices & cuisines pour y recevoir les égouts des fontaines, ou pour y laver plusieurs choses. L'Ordonnance de 1639. sur les Gabelles dit : Ne pourront les Marchands faire amener aucuns beurres pour vendre, soit en pots, tinettes, barils, ou autres vaisseaux, où il y ait aucun sel net en nature, & permis de visiter, sonder & fluster lesdits pots, tinettes, barils, ou vaisseaux, &c.
   
Tintamârre
  T. n.m. Bruit que font les Vignerons en frappant sur leur mârre pour se donner quelque signal. Pasquier dit que ce mot vient du bruit que font les Paysans, quand ils font tinta sur leur mârre, pour avertir ceux qui sont éloignés de quitter leur besogne, & que midi est sonné ; car en quelques lieux, & sur-tout à Montpellier, ils quittent à midi. Il dit aussi, que Jean Duc de Berri fit un Règlement sur le travail des Vignerons & Paysans, qu'il limita depuis six heures du matin jusqu'à six heures du soir. Mârre est un instrument de labour qui avoit le même nom chez les Latins. Tintamârre signifie tinte ta mârre. On dit encore en plusieurs lieux, mârrer les vignes, pour dire, les labourer.
   

Tire-tête

  T. n.m. Instrument ainsi nommé par son inventeur M. Dussé, célèbre Accoucheur à Paris, parce qu'il est destiné à tirer l'enfant par la tête dans les accouchemens naturels, mais laborieux. Il est très-lisse & très-poli, n'ayant ni pointe, ni tranchant. Il est si mince, qu'il n'augmente pas d'une ligne la partie de la tête qu'il embrasse. Cependant il est construit de manière qu'il a toute la force nécessaire pour tirer l'enfant sans le blesser, & sans qu'il y ait aucun déchirement à craindre pour la mère.
   

Tisane

  T. n.f. Les Médecins disoient autrefois ptisane. Potion rafraîchissante faite d'eau bouillie avec de l'orge & de la réglisse. On y ajoute quelquefois du chiendent, de l'oseille, du sené, pour la rendre laxative, purgative.
   

Toilette

  T. n.f. Se dit des linges, des tapis de soie, ou d'autre étoffe, qu'on étend sur la table pour se deshabiller le soir, & s'habiller le matin ; l'on dit un coffre de toilette, un miroir de toilette, une toilette de brocard, de satin, de velours, de point de France. Le quarré où sont les fards, pommade, essence, mouches, &c. la pelotte où l'on met les épingles dessus, & les pierreries dedans, la boëte à poudre, les vergettes, &c. sont des parties de la toilette. Les femmes se rassemblent aux Tuileries, pour montrer une belle étoffe, & pour recueillir le fruit de leur toilette. Celle des hommes consiste en une trousse où il y a des peignes, les brosses, &c. Autrefois la toilette étoit simplement faite d'une petite toile. On dit qu'on rend visite à quelqu'un à sa toilette, quand on le vient entretenir pendant qu'il s'habille, ou se deshabille.
   

Tombereau

  T. n.m. Charrette faite en forme de caisse, qui sert à transporter les choses qui tiennent du liquide, comme les boues, le sable, la chaux, les terres, gravois & choses semblables. On mène les criminels de lèze-Majesté, les parricides, &c. au supplice dans des tombereaux.
   

Tonneau

  T. n.m. Vaisseau de bois où l'on met particulièrement des liqueurs. Un tonneau de vin, d'huile, de miel, de cidre. Il faut aller percer le tonneau. Ces goinfres ont mis le tonneau sur le cul. On vuide, on défonce les tonneaux dans les réjouissances publiques.
Tonneau, se dit aussi d'une certaine mesure des liqueurs. Le tonneau de Berri & d'Orléans contient près de deux muids de Paris. Le tonneau de Bordeaux, contient quatre barriques, qui sont trois muids de Paris. Il y a des Jaugeurs établis pour réduire toutes les mesures différentes des tonneaux à une mesure commune.

Le Tonneau de mer tient trois muids de France, ou 28 pieds cubiques de Paris, & pèse 2 000 livres : de sorte que quand on dit qu'un vaisseau est du port de 300 tonneaux, cela veut dire qu'il porte 300 fois la valeur de 2 000 pesant ; c'est-à-dire, 600 000 livres ; & pour cela il faut que l'eau de la mer qu'occupe le vaisseau en s'enfonçant, pèse une pareille quantité.
   

Toquet

  T. n.m. Bonnet d'enfant, & sur-tout de petite-fille, ou de servante. Un toquet de satin. Cet enfant a encore le toquet. Ces paysannes se sont battues, & se sont prises au toquet.
   

Tournois

  T. n.m. Petite monnoie valant un denier. Il y a eu des gros tournois, des doubles tournois, des deniers tournois. Un double tournois, c'est deux deniers. Cet homme n'a pas vaillant un tournois ; c'est-à-dire, Il n'a rien du tout.
Tournois, est aujourd'hui une désignation d'une somme de compte, qui est opposée à parisis.
La monnoie parisis étoit plus forte d'un quart que la monnoie tournois, ensorte que 100 livres parisis, valoient 125. liv. tournois. On s'est servi en France dans les comptes, & dans les contrats de ces deux sortes de monnoie, jusques sous le règne de Louis XIV où la monnoie parisis a été abolie ; on ne se sert plus que de la monnoie tournois. Cette différence vient de celle qui étoit autrefois entre les monnoies de Tours & de Paris. Ménage rapporte qu'il y avoit autrefois de gros tournois, & d'autres parisis, dont la différence se remarquoit par le nombre des fleurs de lis autour de leur légende. Les tournois en avoient douze, & les parisis quinze. Ce mot ne sert plus que pour ôter l'équivoque du mot de livres, afin qu'on ne prenne pas pour un poids, ce qui n'est qu'une monnoie ; car on ne dit pas cent francs tournois, mais cent livres tournois.
Cette monnoie etoit frappée à Tours, & c'est pour cela qu'elle étoit appellée tournois
   

Tourte

  T. n.f. Pâtisserie qui se sert aux entrées, au dessert, à l'entremêt, qui est faite de pigeonneaux, de béatilles, de moëlle, de confitures, &c.
Se dit en quelques provinces d'un gros pain bis fait en rond. Il est fait de seigle, le son pétri avec la farine. On dit parfois tourteau
   

Tourtouse

  T. n.f. Terme de l'Exécuteur de Paris. Cordes qu'on met au cou du patient qu'on pend. Les tourtouses sont bien mises
   

Train

  T. n.m. Ce qui sert à traîner, porter & voiturer. Le train d'un carrosse consiste en quatre roues, la flèche ou les brancards, le timon & les moutons, c'est ce qui supporte un carrosse, ou une calèche, qui les fait rouler. Un chariot a aussi son train.

Se dit aussi de l'allure, de la manière de marcher des hommes & des voitures. Quand on va bon train, on fait de son pied une lieue par heure.
On le dit aussi de la piste ou des ornières qui marquent un chemin. On a suivi le train de cette charrette pour découvrir où l'on avoit porté le bois volé dans la forêt. On a suivi le train des chevaux pour arrêter ces voleurs.

Train, se dit aussi de l'équipage, ou de la suite d'un Chef de famille, d'un Seigneur. Ce Bourgeois n'a pour train qu'un petit laquais & une servante. Ce Seigneur marche à grand train, il a carrosse, chevaux, mulets, pages, laquais, &c.
On dit en mauvaise part, qu'il y a du train dans une maison, qu'il y loge du mauvais train, quand il s'y retire des filous, des garces, & autres gens mal vivans. On a chassé cette servante, parce qu'il y avoit toujours du train après elle, des laquais, des filous, &c.
Train, signifie aussi une espèce de radeau fait de pièces de bois qu'on lie ensemble avec des perches & des rouelles pour le voiturer plus facilement sur des rivières qui n'ont pas assez de fond pour les mettre en bateaux. On dit aussi, un train de bateaux, lorsqu'on en attache plusieurs à la queue les uns des autres pour les remonter.

   
Traite
 

T. n.f. Distance d'un lieu à un autre. Il y a une bonne traite de la porte S Jacques à la porte S. Denys. On va souvent de Paris à Meaux tout d'une traite, sans débrider.

   

Traiteur

  T. n.m. Maître Cuisinier public qui donne à manger proprement, moyennant certain prix par tête, ou dont on convient. Les Traiteurs à Paris font un corps séparé des Rotisseurs, & des Taverniers. Il n'est permis qu'aux Traiteurs d'entreprendre des noces, des festins. Les gens de qualité ne vont point au cabaret ; mais ils vont manger chez les Traiteurs.
   
Trau
 

T. n.m. Chemin étroit, serré, entre des montagnes, par lequel on peut passer d'un pays en un autre. C'est ce qu'on appelle plus communément Pas & Col.

   

Treffeau

  T. n.m. Tison ou souche que les Paysans mettent la veille de Noël. Ils ont beaucoup de superstition là-dessus. Il vient de terfocus, soit qu'il soit trois fois plus grand qu'à l'ordinaire, soit qu'il doive durer trois jours.
   

Treizain

  T. n.m. Monnoie qui valoit autrefois treize deniers, qui étoit faite comme un sol, mais un peu plus large. C'étoit la coutume autrefois de donner un treizain à la messe des épousailles.
   

Trézain

  T. n.m. Sorte de monnoie de France. Dans un Contrat de l'an 1501, je trouve que le payement d'une propriété vendue se fit en doubles, appellés Trézains, & en doubles appellés Carolus. Je ne sçais pas la valeur de cette monnoie. Je sçais cependant que sous Louis XI & Charles VIII il y avoit des sous qui valoient treize deniers, & qui pour cette raison étoient appellé Trézains.
   

Triballe

  T. n.f. Chair de porc frais cuite dans la graisse qui se vend dans les Foires.
   
Triperie
 

T. nf. Lieu à Paris où l'on distribue les tripes aux Tripières. La Triperie de Paris est fort propre.

   

Trousse

  T. n.f. Espèce de haut-de-chausse relevé qui ne pend point en bas, qui sert les fesses & les cuisses, tels qu'étoient ceux qu'on portoit au seizième siècle. On le dit plus ordinairement au pluriel. Les trousses font partie de l'habit de cérémonie des Chevaliers de l'Ordre. Quand on présente les Pages au Roi, ils ont leurs trousses ; & on dit qu'ils ont quitté les trousses, quand ils sont sortis de Page.

Trousse, signifie aussi un faisseau ou paquet qu'on fait de quelque chose qu'on replie, qu'on trousse. Une trousse de fourrage, est ce qu'en peut apporter un Cavalier sur son cheval. Ce cuvier est de tant de trousses ; pour dire, contient de quoi charger un crocheteur d'autant de paquets de linge.

   
Trousseau
 

T. n.m. Linge ou hardes qu'une mère donne à sa fille, quand elle la marie, au-delà de sa dot pour les nécessités de son ménage. On en donne aussi quelquefois aux filles qui entrent en Religion. En quelques Coutumes on l'appelle ferpaut ; & les anciens contrats de mariage passés en Berri disent surpoil au lieu de trousseau.

   

Trucheman

  T. n.m. ou truchement. Interprète nécessaire aux personnes qui parlent diverses langues, pour se faire entendre les unes aux autres. Parler par Trucheman. Les Ambassadeurs sont toujours accompagnés de Truchemans. Une femme Indienne fut le Trucheman de Fernand Cortès en toutes ses expéditions.
   

Usager

  T. n.m. Qui a droit d'usage dans des bois, dans des pâtures. Les usagers ruinent les forêts. Il faut avoir des gardes-bois pour les défendre des entreprises, des dégâts que font les usagers. Par l'Ordonnance de François I, en 1516. il est enjoint aux usagers d'avertir les propriétaires ou verdiers, avant d'abattre le bois dont ils ont besoin.
   
Usoir
  n.m. Particularité Lorraine où les rues étaient très larges avec un axe de circulation bordé de bandes de terre longeant les façades qui sont elles, sans arbre ni jardin. Cet espace libre appartenait généralement à la commune mais était réservé à l'usage des riverains qui s'en servait de dégagement, place à tout faire, lieu pour entreposer les outils ou le fumier.
   
Vagant
 

T. n.m. Terme de Mer. Ce sont des gueux ou valides mendians, qui au temps d'orage courent sur les côtes, pour voir s'il n'y a rien à butiner. Ce mot est employé dans les Us & Coutumes de la Mer. On les appelle autrement Roussiniers, Pinçons de rivière, Truands, & gens qui vivent dans le libertinage. Originairement le mot de Vagans ou de Bagans signifioit en Gascogne Berger ; & Fauchet dit que Vagans étoient des paysans qui autrefois se rebellerent contre leur Prince.

   

Valet

  T. n.m. Serviteur, domestique qui sert dans les bas emplois. Souvent on n'est pas mieux servi pour avoir un grand nombre de valets.
Valet de chiens
, est un valet qui sert à mener les chiens, & à avoir soin de leur nourriture.
Valet de cour, est celui qui a soin de tout le ménage rustique d'une ferme, d'une maison de campagne.
Valet d'écurie, ou valet d'étable, celui qui a soin de panser, de nourrir ou accommoder les chevaux, particulièrement dans les hotelleries. .
Valet a tout faire. C'est un serviteur unique dans la maison, qui sert à toutes choses, comme les Cuistres, les valets de Prêtres.
En plusieurs lieux on appelle valets de Justice, les Sergens ordinaires.
Valet de Bourreau, est la personne la plus infâme de la ville, qui sert sous le Bourreau à fustiger, donner la fleur de lis & autres menus supplices, jusqu'à ce qu'il se rende capable d'en infliger de plus grands.
On dit figurément, qu'un homme est un valet à louer, lorsqu'il n'a plus de charge & d'emploi, qu'il est fainéant, qu'il n'a plus d'occupation, qu'il en cherche.
Le valetage est le service du valet.
   

Vanne

  T. n.f. On nomme ainsi à Lyon, & dans quelques Provinces voisines, ce qu'on appelle ailleurs une couverture ou courte-pointe piquée.
   
Vantail
 

T. n.m. Manteau ou battant d'une porte, qui s'ouvre des deux côtés. On appelle aussi vantaux de fenêtres, les volets qui ferment une fenêtre de haut en bas.

   

Vélin

 

T. n.m. Peau de veau qui a été préparée, & qui a passé par les mains d'un Mégissier & d'un Parcheminier, qui est plus délicate & plus unie que le parchemin ordinaire

   
Vergette
  T. n.f. Ustensile de ménage qui sert à nettoyer les habits & les meubles. Il est fait de plusieurs brins de joncs, de bruyère, de soie de porc, de sanglier, &c. Il faut donner un coup de vergette sur votre chapeau.
   
Vérole
  T. n.f. Terme de Médecine. On écrivoit autrefois vairole. Maladie contagieuse qui couvre le corps de gales, ou de pustules, qui épaissit la peau, & qui y laisse des cicatrices ou des cavités. L'amour est comme la petite vérole, plus on la garde plus on est malade. Les Médecins tiennent que la vérole & la rougeole ont beaucoup d'affinité & de ressemblance, en sorte que les deux ou trois premiers jours on a de la peine à les distinguer l'une de l'autre. Elles viennent toutes deux d'un sang impur, & d'humeurs corrompues. Elles different pourtant : car la vérole est faite d'une matière plus crasse, visqueuse & sanguine ; & la rougeole d'une matière chaude, subtile & bilieuse. La vérole s'élève en pustules pointues & blanchissantes, avec une petite tumeur qui pique & démange, & laisse des marques qui gravent le cuir ; au lieu que la rougeole laisse seulement des taches passagères comme des morsures de puces, le plus souvent rouges, quelquefois vertes & noires, & ne sort guère hors du cuir, mais s'étend en large, & ne démange point. La petite vérole est la maladie des petits enfans. Elle vient quelquefois aux grandes personnes, & elle leur est très-dangereuse. On tient qu'on n'a guère qu'une fois la petite vérole. Cependant il s'en faut bien que la règle ne soit générale.
Un malade qui avoit tous les symptômes de la petite vérole sans qu'elle pût sortir, n'eut pas plustôt été mis dans un bain d'eau chaude, que la petite vérole sortit abondamment : pratique d'autant plus remarquable qu'elle est extraordinaire & hardie. Un Chirurgien ayant conseillé à une jeune personne qui avoit la petite vérole, & à qui elle commençoit à sècher, de froter de graisse de chien la croute qu'elle avoit sur le visage afin de l'amollir & de l'ôter, & que l'humeur qui étoit dessous n'y demeurant point long-temps, ne pût, disoit-il, ronger la chair & y faire des trous, dont la malade seroit marquée ; il la persuada, & la frota deux fois. De plus la malade l'ayant prié de lui couper les cheveux, parce qu'elle avoit de la peine à soutenir la mauvaise odeur qui en sortoit, causée par la sueur & la vérole qu'elle avoit eue à la tête, il lui obéit ; mais la maladie recommença, & l'humeur maligne étant rentrée, la malade, qui étoit auparavant hors d'affaire, fut emportée en deux jours.
On appelle grosse vérole, une autre maladie contagieuse qui se contracte ordinairement par le commerce avec une femme débauchée. On l'appelle en France mal de Naples, parce que les soldats en furent infectés au Royaume de Naples sous Charles VIII. Avant ce temps-là elle étoit inconnue en France. Les Italiens l'appellent mal Francese, parce que les François en furent les premiers atteints, & ont cru qu'ils l'avoient apporté. La vérole n'est point honteuse à Goa ; on fait même gloire de l'avoir eue plusieurs fois. On la guérit là avec de la racine de chine, ou schine.
   
Vertugale
  T. n.f. Gros & large bourrelet, que les Dames avoient coutume de porter au-dessous de leurs corps de robe.
Il les garantissoit de la presse, & étoit fort favorable aux filles qui s'étoient laisser gâter la taille. La mode en est encore demeurée chez les Espagnols, qui l'appellent garde infante.
   
Vésiau
  T. n.m. Terme de Coutume. Voisinage, communauté & corps des voisins, qui demeurent en un même lieu.
   
Vespérie
  T. n.f. Certaine Thèse qu'on soutient dans les Colléges les après-dinées par un simple exercice, & entre les Écoliers, sans cérémonie. C'est aussi le dernier acte que fait dans les Universités un Bachelier la veille du jour qu'il doit prendre le bonnet de Docteur, où trois Docteurs disputent contre lui ; & cette Thèse a pour titre, pro actu vesperiarum.
   
Veste
  T. n.f. Espèce de justaucorps qui va jusqu'aux genoux. En France on porte des vestes légères sous les justaucorps, plus ou moins haut selon les modes. En Orient on porte des vestes qui servent d'habits de dessus, & elles sont un peu plus longues.
   
Vestiaire
  T. n.m. Dépense qu'on fait pour habiller un Religieux, pour le vétir. Quand on donne des pensions aux Moines, il leur faut tant pour leur nourriture, & tant pour leur vestiaire. Ce mot n'est point dans l'Académie. Il se trouve dans Richelet ; mais avec une autre signification, puisqu'il dit que vestiaire est le lieu où les Religieux mettent leurs habits, & l'étoffe pour les faire.
   
Vigordan
  T. n.m. Le Vigordan est la Langue de Bigorre, que les Bigordans parlent. Le Vigordan est ancien, c'est une ancienne Langue.
   
Villain
  T. n.m. Roturier, paysan, villageois.
Ce mot vient de villanus, paysan demeurant dans un village ; Pasquier dit que les Nobles appellerent villains ceux qui habitoient mollement dans les villes, au lieu de s'endurcir comme eux au travail de la campagne, pour être propre à la fatigue des armes. Villain, originairement est un homme de main-morte, ou de serve condition, qui rend des services vils & des peines de corps à son Seigneur ; & il est opposé à l'homme franc & bourgeois. On a appellé villenage, ou terre villaine, & rente villaine, celle qui n'est pas tenue noblement & en fief.
   
Ville
  T. n.f. Habitation d'un peuple assez nombreux, qui est ordinairement fermée de murailles ; assemblage de plusieurs maisons disposées par rues & renfermées d'une clôture commune, qui est ordinairement de murs & de fossés. Il est assez difficile de donner une bonne définition du mot de ville, à cause que l'usage a toujours conservé le nom de bourg ou de village à de certains lieux qui sont pourtant de véritables villes. Le Roi, en parlant de Paris sa capitale, l'appelle sa bonne ville de Paris. Les villes frontières & maritimes doivent être bien fortifiées. Elles sont en même temps villes de guerre, & villes de commerce.
Dans les vieilles Coutumes on appelle villes de paix, les villes où il n'étoit pas permis de vuider ses différends que par la Justice, comme a toujours été la ville de Paris, par opposition à plusieurs autres où les combats étoient en usage.
Ville Métropolitaine, est celle où est le Siége d'un Primat, ou d'un Archevêque. Ville Episcopale, celle où est le Siége d'un Évêque.
Villes d'arrêt sont des villes dont les Bourgeois & habitans par privilége spécial accordé par les Rois de France, peuvent saisir & arrêter les biens & choses appartenantes à leurs débiteurs forains, trouvées en icelles, encore qu'ils ne soient fondés sur aucune obligation ou cédule, telle qu'est la ville de Paris
   
Villette
  T. n.f. Petite ville. Ce n'est quelquefois qu'un village.
   
Vinaigrette
  T. n.f. Petite caléche à deux roues, traînée par un homme. On rappelle aussi Roulette. L'Abbé de Saint Martin, autrement l'Abbé Malotru est l'inventeur de ces petites chaises qu'un homme tire, & qu'on nomme à Paris Vinaigrettes. Il en avoit une où il se faisoit traîner dans les rues de Caën.
   
Visite
  T. n.f. Visite de Matrones, l'examen que des Sages-Femmes font par ordre de Justice, de l'état d'une femme ou d'une fille.
Visite de cadavre, l'examen que les Chirurgiens nommés par la Justice, font d'un mort.
   
Vivre
  T. n.m. Nourriture ou pension suffisante pour se nourrir. Cet Aumonier n'a que son vivre & son logement chez son maître. Vivres, au pluriel, se dit généralement de tous les alimens. Les vivres sont chers à Paris.
   
Voisiné
  T. n.m. Terme populaire qui signifie, les voisins. C'est un mot provincial, qui n'est pas supportable.
   
Voisiner
  T. v. Hanter ses voisins ; les visiter familièrement. Il est bas. Les hobereaux de campagne subsistent en allant voisiner chez les uns, & chez les autres.
   
Voiture
  T. n.f. Transport de personnes ou de choses pesantes, qui se fait par le moyen de chevaux, charretes, bateaux, &c. Les Rouliers, les Patrons d'un vaisseau doivent avoir lettres de voiture, qui contiennent l'état des choses voiturées. On taxe aux Financiers la voiture ou le port des deniers.
Voiture, se dit aussi de la manière de porter les choses. La voiture par litière est la plus commode : celle par eau est de moindre coût, & est la plus douce. La plus rude voiture est celle des chevaux de Messagers, de Chassemarée. Les voitures d'Orient se font par des boeufs, ou des chameaux ; celles des montagnes par des mulets. Quand on voyage, il n'est rien tel que d'aller par les voitures publiques.
Voiture, se dit aussi de la charge des charrettes, des bêtes de somme, des vaisseaux. Ces Rouliers sont partis qu'ils n'avoient que demi-voiture.
   
Volet
  T. n.m. Petit colombier bourgeois & domestique, où l'on nourrit des pigeons, qui n'a qu'une petite ouverture qu'on ferme avec un ais. Il n'est permis qu'aux Seigneurs d'avoir des colombiers à pied ; mais on souffre qu'un bourgeois ait un volet.
   
Volière
  T. n.f. Lieu où l'on enferme plusieurs oiseaux par curiosité, & pour avoir le plaisir de les entendre chanter.
Volière, est aussi un petit colombier où l'on nourrit des pigeons domestiques avec du grain, qui ne vont point à la campagne avec les autres. Les pigeonneaux de volière sont plus estimés que les fuiards.
   
Vuide-bouteille
  T. n.m. Petit appartement dans un jardin, ou autre endroit commode, où les enfans de la joie s'assemblent pour se divertir & faire bonne chère. Ce n'est pas une maison que j'ai à Vaugirard, c'est seulement un vuide-bouteille.